- Suggestions d'oeuvres par Marie-Hélène Voyer: Corpus porosité - suggestions
Une première recherche théorique a été menée en août 2013:
Cette réflexion s'est poursuivie dans les ateliers de travail et lors du colloque “Que devient la littérature québécoise?”
Deux textes ont permis de lancer la réflexion (septembre 2014):
« Ainsi l’hétérogène, sous sa forme substantivée, devient le point focalisateur d’une praxis qui reconaît et reconduit à la fois le métissage culturel des sociétés contemporaines, le mélange des formes textuelles canoniques et marginales, l’impureté des styles et des régimes discursifs, la contamination générique – dans sa version identitaire ou littéraire – la fragmentation du sujet et le discontinu historique et diégétique. » (Fortier, “Archéologie d'une postmodernité”, Tangence, no 39, 1993: 30)
Aussi, dans le “Liminaire” du dossier, Fortier donne deux définitions de la postmodernité dont la 2e rejoint les paradoxes de notre concept de “porosité” : • « La postmodernité repose sur un constat : le dogmatisme des avant-gardes n’opère plus, les codes esthétiques modernes sont déboussolées, la pensée du système est devenue inopérante. » (1993 : 5) • « Mais la postmodernité peut aussi s’envisager comme une régularité discursive qui traverse tout autant les pratiques esthétiques que le discours critique qui les examine. Auquel cas il faudrait voir si la postmodernité n’est pas un schème d’intelligibilité autorisant l’homogénéisation de l’hétérogène. La ‘’fiction’’ postmoderne apparaîtrait ainsi comme une récupération totalisante qui vise un nouveau découpage du champ littéraire. » (1993 : 5)
Je crois qu'il serait peut-être nécessaire de voir en quoi l'idée de porosité se démarque de ce que les théoriciens français ont proposé pour définir la littérature française. Je pense au concept d'“impureté” de Scarpetta, celui “d'écarts de la littérature” de Rabaté et celui “de posture dialogique de la littérature” formulée par Viart.
Pour mémoire: Divers schèmes semblent ainsi se dessiner, dont celui des rapports entre (auto)biographie et fiction et ceux des rapports entre sujet et histoire, fiction et critique, fiction et vérité, invention et souvenirs, présent et passé, etc. C’est, je crois, ce que Rabaté nomme les « écarts » de la littérature, lorsqu’il soutient que la question de genre n’est plus prioritaire, car c’est plutôt dans la force de « l’écart », « le travail aux marges, dans les espaces indécidables, ou le refus d’assignation générique » que la littérature contemporaine ne cesse de « remettre en jeu et en mouvement les formes héritées. » (2006 : 80, reformulé par Leppik)
Ajoutons à cela l’impureté et le métissage, ce qui fait qu’il y a un mélange entre récit et discours, fantaisie et réalité, sérieux et non-sérieux, etc. Ce que Viart nomme une « posture dialogique » (entre l’héritage et la modernité, entre le sujet et l’autre, entre la réflexion et la fiction, entre l’histoire et l’imaginaire, entre le présent et le passé) et qui caractérise peut-être le plus la littérature de nos jours (Viart, 2001d). Cette « impureté » (Scarpetta), ce métissage, cette hybridation est aussi celui des formes et des genres littéraires.