Outils pour utilisateurs

Outils du site


fq-equipe:touret_michele_et_francine_dugast-portes_2001_le_temps_des_lettres

Touret, Michèle & Francine Dugast-Portes (dir.), Le Temps des Lettres : quelles périodisations pour l’histoire de la littérature française du 20e siècle

Presses Universitaires de Rennes, 2001.

Dugast-Portes, F. & M. Touret, « Avant propos », p. 11-17.

Blanckeman, B. « Une Axiologie historique pour le vingtième siècle : repérage des pôles », p. 73-80.

Au début des années 80 : « reflux esthétique […] des avant-gardes, […] reflux idéologique […] des représentations téléologiques, appliquées à l’histoire comme à la littérature. […] En même temps s’amorce une relance de l’activité créatrice, dans une direction ouvertement romanesque et autobiographique, selon une dynamique commune, à urgence narrative. […] Le romanesque éprouve ainsi sa pleine puissance : décapé de toute bonne conscience, il n’est pas bloqué par des réflexes qui en contrarieraient le bon plaisir illusionniste. En ce domaine l’interdit est devenu, par décantation, une contrainte, intégrée par la fiction avec un effet roboratif : elle lui permet d’éviter un double conformisme, l’un néo-moderniste (la déprise du roman au nom de ses arbitraires), l’autre académique (l’occultation totale de ses artifices au nom de la transparence du conte). […] Dans cette même dynamique de période, Paul Ricoeur élabore le concept d’identité narrative, appliqué au collectif aussi bien qu’au subjectif. Pour cette raison aussi, la littérature se projette moins en avant […] qu’elle ne s’interroge, parfois avec mélancolie, sur ses sources, les rassemble et les ressasse : aux romans d’introspection générique, qui réactualisent les traditions et les catégories de fiction les plus diverses, correspondent en cela les récits de soi généalogiques, qui convoquent familles et lignages, figures ancestrales et modèles symboliques. » (p.77-78)

Gontard, M. « Le Postmodernisme en France : définition, critères, périodisation », p. 283-294.

Pour Gontard, le postmodernisme commence autour de l’année 80 (disparition des structuralistes, parution de l’ouvrage de Lyotard), pour entrer dans une phase critique autour de 1989 (chute du Mur de Berlin). Selon lui, le postmodernisme n’est pas l’antimodernisime mais plutôt un constat critique des dévoiements du projet moderne, dans le sens d’un dépassement. (p. 284)

« La pensée postmoderne met donc au premier plan, contre l’idée de centre et de totalité, celle du réseau et de dissémination. Tandis que la modernité affirme un universel (unique par définition) la postmodernité se fonde sur une réalité discontinue, fragmentée, archipélique, modulaire où la seule temporalité est celle de l’instant présent, où le sujet lui-même décentré découvre l’altérité à soi, où à l’identité-racine, exclusive de l’Autre, fait place l’identité-rhizome, le métissage, la créolisation, tout ce que Scarpetta désigne, dans le champ esthétique par le concept d’“impureté”. » p. 285-286

« on conviendra d’appeler postmoderne tout discours narratif qui privilégie des dispositifs d’hétérogénéité comme le collage, le fragment, le métissage du texte. » p. 287

« une autre voie largement exploitée par le roman contemporain est celle de la métatextualité. » p. 289

renarrativisation ironique : L’auteur trouve que le terme minimalisme convient mal pour décrire ce qui « se traduit par une modalisation narrative dominée par le principe d’incertitude, comme si la réalité était de l’ordre du virtuel (entre le probable et l’aléatoire). » (p. 290)

Bernard, J. « Le Retour au narratif : le choix de l’esthétisme ludique dans les dernières années du XXe siècle », p. 295-304.

« le narratif […] a trouvé une place originale dans la dernière décennie du vingtième siècle en tressant sans hiérarchie récit et discours, fantaisie et réalité, sérieux et non sérieux. C’est pourquoi je parlerais volontiers de métafiction dont la référence est certainement Romanesques comme le souligne Guy Scarpetta. » (p. 298)

l’esthétisme ludique : 1. « une écriture travaillée d’où naît un plaisir esthétique raffiné » ; 2. « la saisie d’une multitude de fragments du réel, dans la dérision ou l’humour » ; 3. « le plaisir sensuel des mots dont le signifiant est sollicité avec gourmandise pour des descriptions où la finesse s’allie à l’élégance dans une nouvelle version d’un dandysme épicurien » ; 4. « l’intégration de la métatextualité comme procédé usuel de l’écriture, donnant comme admis, oubliées les vaines polémiques, que le texte littéraire est autoréférentiel » (p. 299-300)

Couseau, A. « La Littérature des petits bonheurs et des plaisirs minuscules », p. 305-316.

Cousseau qualifie ce phénomène littéraire (années 90) d’« existentiel », en ce qu’il exprime le désir profond du sujet de se situer dans le monde par la seule relation sensible. Une faculté poétique de recevoir le réel aménage la narration de ces textes, en travaillant, remodelant et questionnant la matière narrative. Aussi la forme discursive se greffe-t-elle à la forme narrative.

Viart, D. « Écrire au présent : l’esthétique contemporaine », p. 317-336.

Afin de comprendre les caractéristiques de l’esthétique contemporaine naissante, cet article examine les changements esthétiques des années quatre-vingt dans le domaine narratif de la littérature française. Selon Viart, ce qui caractérise notre époque est le retour à une littérature « transitive », qui désigne en effet trois « retours » : 1. Retour au sujet ; 2. Retour au réel ; 3. Retour au récit (plaisir de raconter, chronologie moins bousculée, structures narratives moins complexes). « Cette transitivité est le plus souvent une transitivité critique : si le sujet revient c’est comme question, non comme affirmation tonique ; si le réel est objet de littérature c’est avec une conscience lucide des vicissitudes et des déformations de la représentation. » (p. 333) Cette posture dialogique (entre l’héritage et la modernité, entre le sujet et l’autre, entre la réflexion et la fiction, entre l’histoire et l’imaginaire, entre le présent et le passé) caractérise peut-être le plus la littérature de nos jours

fq-equipe/touret_michele_et_francine_dugast-portes_2001_le_temps_des_lettres.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki