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FICHE DE LECTURE

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Jean Barbe

Titre : Le travail de l'huître

Éditeur : Leméac

Collection : -

Année : 2008

Éditions ultérieures : -

Désignation générique : roman (page de grand titre)

Quatrième de couverture :

Dans le Saint-Pétersbourg de la fin du XIX siècle, Andreï Léonovitch est un jeune paysan fraîchement débarqué de sa Sibérie natale. Enflammé par les idées révolutionnaires de son temps, il rêve de se faire un nom en assassinant le tsar Alexandre II. Sauf qu'un jour, au beau milieu d'une réunion de conspirateurs, l'inconcevable se produit: se frappant la tête contre la table, il traverse le miroir des réalités et disparaît du regard des vivants. Non seulement devient-il invisible, mais toute trace de son existence s'évapore, jusqu'aux souvenirs qu'il aurait pu laisser. La question pour lui est troublante: a-t-il déjà existé? 

 À la recherche d'une preuve de sa propre vie, il hantera le monde comme un fantôme traînant le fardeau de son invisibilité. Mais dans les convulsions de la révolution en marche, Andreï sera amené à cohabiter avec une jeune femme blessée, rescapée d'une bande de pillards. Entre la femme brisée et cet homme inapparent, d'étranges liens se tisseront au-delà de l'amour et de la conscience. 

 Roman de l'histoire sans être historique, roman du fantasme sans être fantastique, Le travail de l'huître est un conte philosophique halluciné, une réflexion envoûtante sur les liens qui nous unissent, insaisissables et pourtant indissolubles.

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre :

Vers la fin du XIXe siècle, Andreï Léonovitch un jeune paysan sibérien, décide de quitter sa contrée natale pour se plonger dans l’effervescence saint-pétersbourgeoise. Il devient rapidement obsédé par l’idée d’assassiner le tsar Alexandre II, ce qui l'amène à participer à une réunion de conspirateurs d'opérette. Lors d'une de ces réunions, toutefois, il se frappe la tête contre une table par accident. Pour une raison mystérieuse, Andreï devient alors invisible et toute trace de son existence disparaît: personne ne sait qu'il est là et personne ne sait qu'il a déjà été là.

Après avoir constaté les détails de sa condition (on ne le voit pas, on ne le sent pas ; s'il touche quelqu'un, il provoque de graves écoulements de sang ; il ne peut tuer un être vivant de ses mains ; etc.), il erre de par le monde, d'une part, afin de comprendre le mal dont il est atteint en visitant les expositions universelles et, d'autre part, pour essayer d'être vu, visitant notamment Alexandre Graham Bell avec l'espoir que la téléphonie lui permettra de signaler sa présence et Wilhelm Röntgen en souhaitant que ses rayons X le feront apparaître sur des clichés de squelettes. Il s'attache également à Raspoutine, car celui-ci semble l'apercevoir fugitivement entre deux orgies, avant de décider de vivre encore plus en marge de l'humanité. Tandis que la guerre fait rage entre Blancs et Rouges en Russie, il se construit une cabane camouflée dans la forêt et ne se rend en ville que pour se procurer des clous. Un jour, à son grand désarroi, une jeune femme, prisonnière de pillards, aboutit chez lui pour se cacher et panser ses plaies. Après quelques mois d'une cohabitation partielle où Andreï est véritablement devenu l'ange gardien de la jeune femme, celle-ci accouche d'un enfant issu d'un des viols qu'elle a subis de la part des pillards. La guerre bouleverse ensuite leur vie en autarcie et les conduit sur les routes cruelles de la Russie. Andreï finit par mourir à force de s'être privé pour aider la jeune femme et son enfant à survivre. À sa mort, son corps réapparaît.

Thème(s) : Sens de la vie, marginalité, guerre, Russie, science, invisibilité.

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : De par sa condition d'invisible, Andreï est incapable de nouer des relations “normales” avec les autres et a peine à influencer le cours du monde. Toutefois, même si Andreï est un étranger dans son propre monde, Le travail de l'huître ne contient pas de spécificités poétiques ou narratives.

Appréciation globale : Correct… En fait, j'ai trouvé ça ordinaire, on ne croit pas pas vraiment à la Russie telle que décrite dans le roman et le procédé d'“invisibilisation” d'Andreï est inutilement artificiel.

IV – TYPE DE RUPTURE

Validation du cas au point de vue de la rupture

a) actionnelle : À partir de la fin de l'existence visible d'Andreï, la rupture est consommée. Dès lors, il n'est plus un humain/personnage au même titre que les autres qu'il côtoie. Sa nature est foncièrement différente. Il ne peut qu'agir pour les autres, mais pas interagir ni communiquer avec eux, ce qui l'amène à se demander s'il est toujours un être humain. Son nouveau statut est tellement inusité qu'il que c'est presque comme s'il faisait partie d'un autre monde (La métamorphose de Kafaka ?).

« Jamais encore il n’avait ressenti avec autant d’urgence le besoin de l’autre pour confirmer sa propre existence. » (31)

« La véritable nature de son mal n’était pas d’être invisible, mais d’être condamné à n’exister que par lui-même, en lui-même, sans jamais l’aumône d’un regard ou d’un geste. » (49)

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Narrateur extradiégétique hérérodiégétique qui ne fait aucune intrusion dans le récit. Sa narration est focalisée sur Andreï jusqu'à la page 92 puis, le temps d'un chapitre par-ci par-là, la focalisation se fait sur le personnage de la jeune femme. Enfin, dans le dernier chapitre, il s'agit d'une focalisation externe, il me semble. Andreï est mort, la jeune femme est partie et deux hommes, seuls personnages dont on ne connaît pas les pensées, essaient de faire disparaître la dépouille d'Andreï.

Configuration narrative conventionnelle, linéaire. Le personnage principal finit par s'investir d'une mission, ce qui mène à une résolution.

VI - EXTRAITS

p. 38: « Les mots ne lui en apprenaient pas plus. Les mots ne lui disaient pas pourquoi. Les mots ne lui disaient pas comment défaire ce qui avait été fait. »

p. 51: « À quoi bon [tuer le tsar] ? Andreï ne cherchait plus à se faire un nom. Il voulait simplement exister.

p. 59: « Il avait fallu à Andreï des années pour comprendre que l’univers conspirait pour le tenir à l’écart. […] Il était confiné à un rôle de spectateur, que le spectacle lui plaise ou non. »

p. 125: « Il veillait sur elle comme un ange gardien dénué de pouvoir et sans ailes, incapable de voler. Il se demandait : faut-il avoir conscience de la présence de l’autre pour ne pas être seul ? […] Il avançait dans un monde qui n’était pas pour lui, un monde qui ne le reconnaissait pas. Mais Andreï ne se reconnaissait pas lui-même. »

VII - LIEN

J'insère également un lien vers le compte rendu de Christian Monnin pour Contre-Jour. Il ne fait pas dans la dentelle et suggère même que l'auteur du Travail de l'huître n'est pas un écrivain… Et il décrit ainsi le personnage principal du roman : “L'homme inutile, cette figure littéraire emblématique de la littérature russe du XIX'' siècle, est devenu l'homme invisible.” http://www.erudit.org/culture/cj1001905/cj1004882/2605ac.pdf

Le travail de l'huître - Ancienne fiche

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