Fiche de lecture
1. Degré d’intérêt général
Intérêt plutôt moyen; c'est un roman choral somme toute assez banal, mais l'effet du procédé est intéressant. La narration multiple contribue réellement à nourrir l'attente du lecteur. De plus, le roman tient du « thriller psychologique » et flirte avec les codes du film d'horreur, ce qui est plutôt rare dans la bibliographie du projet il me semble (l'ambiance rappelle un peu celle de L'occulteur (petit village isolé et hostile, avec morts et mystères en prime), mais l'histoire, l'écriture et le style sont plus digestes).
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Marie-Ève Bourassa
2.2 Titre : Par le feu
2.3 Lieu d’édition : Montréal
2.4 Édition : VLB
2.5 Collection :–
2.6 (Année [copyright]) : 2013
2.7 Nombre de pages :326
2.8 Varia : Exergue :
« Je suis extrêmement mal. Et j'espère que cela se voit. Et plus je serai mal, moins vous entendrez ma plainte. » André Gide, Les faux-monnayeurs.
3. Résumé du roman
Quatrième de couverture :
« Ils sont trois. Paumés, amorphes, insomniaques, vaguement alcolos. Ils s'aiment comme des frères, donc se haïssent un peu aussi. Croyant pouvoir échapper à leur sort, ils quittent tout (c'est-à-dire pas grandchose) pour s'installer à Courtval, un trou perdu où ils s'improvisent croque-morts. Mais dans ce monde hostile qui se resserre autour d'eux comme la vigne autour de leur maison, sous le regard malveillant des villageois, les trois amis, incapables de se reprendre en main, suivrons inéluctablement le chemin de leur perdition.
Thriller psychologique et roman choral, Par le feu jongle habilement avec les codes de la série B sans jamais sacrifier la vérité des personnages, si humains dans leurs tares. »
Dimitri vit avec sa copine Hélène et son presque frère Alex chez Christian, un gentil garçon gai un peu amoureux de Dimitri. Ce dernier, qui a passé son enfance dans des familles d'accueil, reçoit un soir un appel d'un résident de Courtval qui lui annonce que son père est mort en lui léguant tous ses biens. Comme il n'a pas grand-chose qui le retient à Montréal, Dimitri convainc ses deux amis de partir avec lui dans le petit village. Là-bas, il rencontre Schreiber, un ami inquiétant de son père, qui lui montre son héritage, une maison délabrée, humide, dans laquelle se trouve un four crématoire : Dimitri est là pour remplacer son père et disposer des corps des villageois. Or, en essayant d'incinérer son père, puis en lisant ses journaux, il réalise que le four ne fonctionne plus depuis longtemps. Alex et lui décident de faire comme le père de Dimitri et enterrent un peu partout, en secret et malgré les reproches de Christian, les dépouilles qu'on leur amène.
La discorde et la déprime règnent dans la maison, surtout lorsque la belle Lorraine devient la maîtresse d'Alex. Au village, les gens sont hostiles, surtout le petit Jojo, le fils de Schreiber, qui devait hériter de la maison et qui ne comprend pas (pas plus que le lecteur) pourquoi c'est Dimitri qui l'a obtenue. Alors que l'hostilité des villageois est de plus en plus affichée, Hélène, dans une tentative désespérée pour ne pas perdre Dimitri, arrive enceinte de Montréal…Les relations entre tout ce beau monde sont de plus en plus difficiles, les secrets s'accumulent et mènent inexorablement tous les personnages à leur perte.
4. Singularité formelle
Le roman est construit par l'accumulation de courts chapitres narrés alternativement par chaque personnage (Alex, Christian, Hélène, Dimitri), sans ordre précis. Les dialogues sont particulièrement nombreux.
5. Caractéristiques du récit et de la narration
Chaque personnage raconte les évènements selon son point de vue et ce qu'il connaît de la situation (comme il y a beaucoup de secrets et quelques mensonges, les versions sont parfois assez différentes). La tension est maintenue par ce procédé, notamment parce que les changements de narrateurs se font souvent durant des épisodes importants. La narration est pleine de non-dits, d'ellipses et de sous-entendus qui y contribuent aussi.
Le discours et le style changent (un peu) selon le personnage, ce qui donne de la personnalité à chaque narrateur.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.2- Multiple : 4 narrateurs, un lieu, un récit.
7. Rapport avec la fiction Rien à signaler.
8. Intertextualité Rien à signaler.
9. Élément marquant à retenir
Le suspense entretenu grâce à la narration multiple.