fq-equipe:pierret_marc_2004_l_attentat_de_la_rue_vaneau_paris_verticales._viviane_asselin

1. Degré d’intérêt général

Roman choisi en partie pour ses premières phrases (« Georges Louvetard est affalé sur les genoux frais d’une consommatrice. Il tète », p. 9), il ne s’est pas montré à la hauteur de mes attentes. Divertissant dans l’ensemble, les stratégies mises en œuvre s’imposaient toutefois avec trop d’insistance. Le malaise ne vient pas tant de ce que l’histoire en était occultée, mais du fait que cette mise en évidence des jeux avait clairement (trop clairement) pour objectif de produire cet effet. Manque de subtilité, autrement dit ; cela dit, il s’agit davantage d’une impression de lecture.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Marc Pierret

2.2 Titre : L'attentat de la rue Vaneau

2.3 Lieu d’édition : Paris

2.4 Édition : Verticales

2.5 Collection : -

2.6 (Année [copyright]) : 2004

2.7 Nombre de pages : 125 pages

2.8 Varia : Le titre fait référence à Gide, la rue Vaneau étant celle où il résidait (il en est vaguement question dans le roman ; j’y reviendrai).

3. Résumé du roman

Georges Louvetard, un écrivain, est mystérieusement retrouvé mort dans son appartement. L’une de ses connaissances raconte sa version des faits du meurtre commis, à la suite de l’enquête policière.

4. Singularités formelles

Le roman est composé de douze chapitres intitulés, suivis d’un épilogue. (Certes, on a déjà vu des singularités formelles plus singulières!)

5. Caractéristiques du récit et de la narration

L’essentiel du roman se joue à hauteur de narration. D’abord, l’identité du narrateur, qui raconte au « je », demeure nébuleuse jusqu’aux dernières pages, au moment de l’épilogue. De maigres indices sont disséminés au fil du récit, dont la relation amicale qui le lie à Georges Louvetard. Devant le luxe de détails livrés par un narrateur qui n’était pas présent lors des scènes relatées, détails relevant aussi bien de faits, de gestes, de paroles, de pensées, de rêves, on en vient à se demander la source et la fiabilité de ces informations. Justement :

« Tout cela est fort bien, s’étonneront certains lecteurs, mais comment pouvez-vous nous parler du rêve de Louvetard et de toute cette forgerie qu’il abrite ? Qui pourrait vous en avoir instruit ? À ces lecteurs, je répondrai d’abord que l’objet de cette enquête n’est pas tant d’élucider un rêve que de prononcer un témoignage sur l’existence de celui qui le fit. J’ajouterai que j’ai suffisamment fréquenté Georges Louvetard pour savoir de qui je parle. Et que les circonstances qui m’imposent de vous entretenir de sa personne ne me poussent pas au bavardage » (p. 35).

La révélation de son identité – barman dans un établissement que Louvetard visitait jusqu’à trois fois par semaine –, si elle doit marquer l’autorité de sa posture et, donc, la vérité de son témoignage, n’interroge pas moins la validité de son récit. Élaboré à partir des conversations partagées avec Louvetard, de son enquête personnelle et de son interprétation des événements, sa version des faits, « finalisé[e] en recourant en partie à [s]on imagination » (p. 125), demeure invérifiable. Le roman se trouve ainsi à jouer sur la question de la vraisemblance et de l’autorité narrative, mais dans un style somme toute convenu.

Par ailleurs, on notera dans la citation précédente que le narrateur s’adresse directement aux lecteurs. En fait, le roman pratique la confusion auteur / narrateur, celui-ci remerciant, en toute fin de parcours, les « éditions Verticales [d’avoir] accepté la publication [de son témoignage] » (p. 125). Le livre joue ainsi de nouveau sur les contours de la vraisemblance et, plus largement, sur les frontières entre fiction et réalité, objet sur lequel je reviendrai plus loin.

La trajectoire du récit est relativement simple. Tout au plus emprunte-t-elle le chemin des flashbacks, lesquels s’organisent néanmoins de façon linéaire. Cela dit, le rythme de la narration varie, alternant entre des descriptions interminables et des scènes de l’action résumées en quelques phrases, ces résumés favorisant un récit elliptique. Aussi, le narrateur commet beaucoup de digressions, de l’ordre tantôt de l’anecdote, tantôt du commentaire plus ou moins pertinent (p. 59, p. 97…). Ces apartés rompent forcément le fil de la narration.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.1- Simple

6.2- Multiple

6.3- Complexe

6.4- Proliférante

6.5- Tramée

6.6- Diluée

6.7- Embryonnaire

6.8- Implicite

6.9- Figurale

6.10- Anti-narrativité

6.11- Instrumentale

6.12- Suspendue

Justifiez :

L’intrigue demeure somme toute simple, assurée par un seul narrateur qui s’en tient généralement à l’histoire de Georges Louvetard. Cela dit, parce que l’intérêt repose avant tout sur les circonstances entourant le meurtre de l’écrivain, les multiples digressions du narrateur, notamment sur les origines du divan acheté par Louvetard, contribuent à diluer le « suspense », pour le rendre presque nul. Ces digressions plus ou moins longues, qui prennent la forme tantôt de commentaire, tantôt d’explication (superflue), ne sont d’aucune utilité pour la compréhension de l’intrigue centrale. Mais, parce que celle-ci est simple, elle ne saurait complètement disparaître ou être noyée par les apartés du narrateur ; tout au plus est-elle retardée, mise entre parenthèses.

7. Rapport avec la fiction

Le livre joue sur les frontières, d’une part entre celles de la réalité empirique et de la fiction. Sous couvert de témoignage soumis aux éditions Verticales, le roman prétend à la vérité. D’autre part, utilise le rêve et la folie pour brouiller les pistes entre réalité fictionnelle et fabulation. Il en résulte un univers trouble, parfois incompréhensible, caractérisé par son excentricité.

8. Intertextualité

Le titre fait référence à la rue où demeurait André Gide, lequel est largement cité dans le roman. On peut donc croire que cette référence intertextuelle joue un rôle de premier plan dans la construction narrative (mon ignorance de l’œuvre de Gide m’empêche d’en affirmer davantage).

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