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FICHE DE LECTURE « Les postures du biographe »

INFORMATIONS PARATEXTUELLES

Auteur : Geoffrey Wall Titre : Flaubert : A life Lieu : Londres Édition : Faber and faber Collection : — Année : 2001 Pages : 413 pages Cote BANQ : 928.41 F587w 2001

Biographé : Gustave Flaubert

Pays du biographe : Angleterre

Pays du biographé : France

Désignation générique : Il s’agit d’une « vie », au sens générique du terme.

Quatrième de couverture ou rabats : Le texte présenté sur le rabat supérieur du livre met l’accent sur le rapport vie/œuvre qui traverse la démarche biographique de Wall : « How is it that Flaubert, the last of the great French romantics, still seems so incredibly modern? In this superb new biography, Geoffrey Wall investigates why it is that the author of Madame Bovary still exerts such a hold upon our imaginations ». […] « Ancient or modern, sublime or ludicrous, Flaubert’s characters are visionaries. They travel towards the dark places of the mind, and their fate prompts our pity, fear and laughter. In this first major biography of Flaubert to be written for many years, Geoffrey Wall brilliantly recreates the life and time of a writer of immeasurable talent and influence […] ». Le texte reproduit sur le rabat inférieur du livre consiste en une brève notice biographique : « Geoffrey Wall teaches French at University of York. He also works as a translator, travel writer and literary biographer. His acclaimed translation of Madame Bovary was published in 1992 ».

Préface : L’ouvrage ne comporte pas de préface.

Autres informations : Des photos et des documents d’époque ont été reproduits à même la biographie, en deux endroits (p. 152 et p. 264). En outre, les annexes occupent un espace assez considérable dans l’ouvrage (elles commencent à la page 349) : appendice (un texte de Flaubert intitulé – en traduction – In Defence of Madame Bovary), chronologie, brèves notices biographiques des personnes qui faisaient partie du « Flaubert’s circle », remerciements, références, bibliographie sélective, index.

Textes critiques sur la biographie :

Auteur inconnu, « Books and Arts : No larger than life ; Literary Biography », The Economist, Londres, Vol. 361, 10 novembre 2001, p. 113.

Auteur inconnu, « Flaubert : A life » (article bref), Publishers Weekly, vol. 249, no 15, 15 avril 2002, p. 54 à 56.

Henry L. Carrigan Jr., « Flaubert : A life » (article bref), Library Journal, vol. 127, no 6, 1er avril 2002, p. 110.

Henry L. Carrigan Jr., « Geoffrey Wall’s Flaubert : a new view of a great writer », Library Journal, vol. 127, no 6, 1er avril 2002, p. 107.

Bryce Christensen, « Flaubert » (article bref), Booklist, vol. 98, no 15, 1er avril 2002, p. 1302.

Don Coles, « Flaubert : la biographie juste », The Globe and Mail, Toronto, 12 janvier 2002, p. D5.

Adam Mars-Jones, « A question of pace », The Observer, 18 novembre 2001.

Andy Martin, « Flaubert : a life by Geoffrey Wall », The Independant, 7 novembre 2001.

Frank McLynn, « Looking for mother », New Statesman, 22 octobre 2001, p. 54.

Stephen Romer, « Passion play », The Guardian, 24 novembre 2001.

Roger Shattuck, « Think like a Demigod », The New York Review of Books, vol. 49, no 10, 13 Juin 2002, p. 25 à 27.

Maya Slater, « Recluse at work : Gustave Flaubert and the dedication to writing », Times Literary Supplement, 12 octobre 2001, p. 4 à 5.

Gillian Tindall, « Bourgeois Values », New York Times Book Review, 26 mai 2002, p. 12.

Judith Thurman, « An Unsimple Heart, The New Yorker, vol. 78, no 10, 6 mai 2002, p. 128 à 134.

SYNOPSIS

Résumé ou structure de l’œuvre : Il s’agit d’une biographie factuelle traditionnelle, dans la mesure où Wall fait chronologiquement le récit de la vie de Flaubert, sans jamais glisser du côté de la fiction – pas même pour combler les blancs laissés par de potentielles lacunes documentaires. Le narrateur-biographe intervient assez régulièrement au sein du récit pour émettre quelques hypothèses ou glisser quelques commentaires, formulés souvent avec humour : « It would surely have dismayed the good doctor if anyone had ventured to tell him that he would be remembered principally as the father of a boy whose only obvious talents were for writing odd, disreputable novels, spending other people’s money, and generally satirising the bourgeois virtues » (p. 3). Ou encore : « No great surprise to discover the rhetorical bourgeoisophobus, author of Salammbô, confortably installed here in the plush new-bourgeois heart of nineteenth-century Paris » (p. 299). Il arrive quelquefois que ces commentaires et ces hypothèses soient mis en bas de page, comme si le biographe était réticent à l’idée de prendre la parole, en son nom propre, au sein de la trame biographique : « There is a small but poignant irony in the fact that Flaubert and Maxime Du Camp were probably among the last Europeans ever to “see” the Sphinx without having already seen its photograph. Du Camp liked to believe he was the first to photograph it » (note de bas de page, p. 168). Cet autre exemple illustre bien l’importance de l’utilisation des notes en bas de page, pour le biographe : « The biographer would like to point out to his subject, in the relative privacy of a footnote, that the heroic compassion of Achille-Cléophas Flaubert might be a significant exception to the rule he has just expounded » (note de bas de page, p. 317).

L’ouvrage est divisé en vingt-six chapitres. Hormis le premier, dans lequel Wall relate sommairement les circonstances de la vie d’Achille-Cléophas Flaubert (père de Gustave), tous sont consacrés à la vie de Flaubert. À l’occasion, la trame biographique est interrompue par de brèves incursions dans la micro histoire de l’époque (par exemple, à la page 28, Wall raconte l’histoire d’Auguste Dutuit, citoyen de Rouen, qui devint prodigieusement riche et dont les héritiers dilapidèrent la fortune – cet homme n’a eu aucun contact avec Flaubert, mais son histoire nous permet de nous représenter Rouen à l’époque où Flaubert y vivait). Il est à noter, par ailleurs, que le rythme de la biographie s’accélère considérablement vers la fin de l’ouvrage (comme si Wall avait préféré consacrer plus de temps aux jeunes années de Flaubert – l’inverse aurait tout aussi bien pu être envisagé, dans la mesure où Flaubert est demeuré actif, sur le plan littéraire aussi bien que sur le plan social, jusqu’à sa mort). Dans le dernier chapitre de l’ouvrage, Wall établit une sorte d’inventaire de ce qu’il est resté de Flaubert dans la maison de Croisset, au moment de sa mort.

En somme, on pourrait dire que cette biographie répond à la conception que Wall a de l’œuvre de Flaubert : « Flaubertian reverie is always this : documented, verified, legitimate reverie » (p. 194). En effet, la biographie de Wall est très documentée; elle est, du même coup, légitimée par cet important souci documentaire (en témoignent les préoccupations dont nous fait part le narrateur-biographe). Et s’il arrive que Wall se permette de rêver, les rêveries auxquelles il se laisse aller ne trahissent jamais les faits – elles prennent racine en eux.

Topoï : Vie/œuvre, essentiellement. À l’occasion, la biographie, ses conventions, ses limites.

Rapports auteur-narrateur-personnage : Ces postures sont très précisément délimitées. La voix du narrateur se révèle, sans conteste, être celle du biographe; son point de vue est externe et extradiégétique. Le biographé est traité comme un personnage, malgré le caractère très « objectif » de ce type de biographie : Wall tente de recréer l’univers de Flaubert – toujours à partir des faits –, univers autant matériel, historique, que sensoriel : « We have to imagine the smell of the place, a rich, warm, damp blend of riverbank, […]. We also have to remember what a plaintive and lugubrious company of family ghosts, the living and the dead, was forever hovering just beyond the spacious charmed circle of Flaubert’s writing table » (p. 202). On perçoit par ailleurs une grande distance entre l’auteur et son personnage, attribuable, sans doute, au respect que Wall témoigne pour Flaubert, mais peut-être également au caractère factuel et « objectif » qui ressortit à la biographie traditionnelle.

I. ASPECT INSTITUTIONNEL

Position de l’auteur dans l’institution littéraire : [Je reprends ici, à peu près mot pour mot, la notice biographique de Wall, accessible via le site web de l’université de York]. Geoffrey Wall est un biographe littéraire (Flaubert : a life est la première biographie qu’il publie), un traducteur, un professeur de littérature (à l’université d’York) et un écrivain de voyage, à ses heures. Il a notamment traduit Madame Bovary, une sélection des lettres de Flaubert, le Dictionnaire des idées reçues, L’éducation sentimentale et Trois contes. Sa biographie de Flaubert a plutôt bien été reçue par les critiques et a été en lice pour le prestigieux prix Whitbread. Voici quelques-unes des critiques positives qui lui ont été adressées : « That great biography is precisely what Wall has succeeded in writing with Flaubert : A life, a lively psychological portrait that was shortlisted for the Whitbread Prize in December 2001 […] » (Henry L. Carrigan Jr., 1er avril 2002). Aussi : « To write the life of Gustave Flaubert, therefore, requires exceptional resources of energy and patience. […] Geoffrey Wall has acquitted himself superbly on both these counts; and, what is more, his new Life of Flaubert is as frankly entertaining as his subjects demands – a tremendous achievement » (Stephen Romer, 24 novembre 2001). Ou encore : Wall […] achieves this with a book that, although it is continuously vivid and lively, never falls into the trap of telescoping complex and subtle periods or attitudes in his subject’s life into slick generalizations which the reader is bound, before long, to recognize. (A trap into which other biographers with similar ambitions all too often fall) » (Don Coles, 12 janvier 2002). Quelques critiques en ont voulu à Wall d’avoir accordé une place importante au commentaire, tout au long de Flaubert : A life. On lui en a également voulu d’avoir employé une langue familière pour écrire sa biographie, et de n’avoir pas suffisamment traité de l’œuvre de Flaubert. L’un d’entre eux est même allé jusqu’à dire que Wall n’avait pas été à la hauteur de son sujet : « Gustave Flaubert’s story is such an extraordinary one – such richness of human themes on the one hand, such emotional anorexia on the other – that it constitutes a bricked-up royal chamber in its own right. We go romping and chattering into such precints at our peril, a possibility of which Geoffrey Wall seems to have been blissfully unaware » (Gillian Tindall, 26 mai 2002).

Position du biographé dans l’institution littéraire : Gustave Flaubert est l’un des plus grands écrivains français de tous les temps. Son œuvre marquerait le début de la modernité littéraire, selon certains critiques.

Transfert de capital symbolique : Si Wall tire peut-être aujourd’hui un certain capital symbolique de son entreprise biographique, notamment grâce au succès d’estime que lui a valu Flaubert : a life, cela ne semble pas avoir fait partie des objectifs qu’il poursuivait au moment où il a formé le projet d’écrire une biographie de Flaubert. À cet égard, il est intéressant d’observer de quelle façon il raconte, dans l’entretien que j’ai fait avec lui, son cheminement vers l’écriture d’une biographie : « to come back to biography was to rediscover an interest that had been there all along, but that had been suppressed in my own intellectual history, I think, for various reasons. […] And also I find a great, an intense intellectual pleasure, in immersing myself in another individual life, of knowing all those small details of somebody’s everyday existence […] ». Enfin, pour définir plus précisément la démarche de Wall, d’un point de vue institutionnel, j’abonderais dans le sens de l’un des critiques de Wall : Flaubert : a life « is, above all, a study in sympathy » (Stephen Romer, 24 novembre 2001).

II. ASPECT GÉNÉRIQUE

Oeuvres non-biographiques affiliées de l’auteur : Aucune.

Place de la biographie dans l’œuvre de l’auteur : Il s’agit de la première biographie publiée par Geoffrey Wall; il a le projet d’en écrire une à propos de Georges Sand, et une autre à propos de Napoléon.

Stratégies d’écriture et dynamiques génériques : À l’occasion, il arrive que la narration devienne omnisciente, de telle sorte que la biographie verse momentanément du côté du récit – et, par le fait même, de la fiction. Par exemple, dans cet extrait, nous avons l’impression d’avoir accès aux pensées de Flaubert, alors qu’il était enfant : « Mother had a sad face and sometimes her head hurt. She stayed in bed all day and that was one of her migraines. His big brother was called Achille, and that was father’s name too. Achille was a very clever boy. He went to the Collège Royal and won lots of prizes. They all said that Achille was a real Flaubert […] » (p. 22). Dans cet autre exemple, l’incertitude documentaire et la précision descriptive font en sorte que nous nous trouvons momentanément plongés du côté de la fiction : « At nine o’clock on a January evening (let the year be 1844) two young men were driving along a French country road in a light-weight two-wheeled cabriolet […] the air was cold on their lips » (p. 79). Ces incartades à l’endroit des conventions de la biographie factuelle sont-elles, pour Wall, une façon de transgresser sciemment (mais avec beaucoup de retenue, tout de même) les limites génériques qu’il s’impose? Je n’en sais rien, mais elles contribuent – au même titre que les incursions du narrateur au sein de la trame biographique – à rendre plaisante la lecture de Flaubert : a life, puisqu’elles fracturent la potentielle monotonie de la chronologie.

La principale stratégie d’écriture de Wall est le commentaire : le biographe prend la parole, tantôt 1) pour tracer différents liens entre la vie et l’œuvre de l’écrivain, tantôt 2) pour inscrire la trame biographique qu’il élabore dans une certaine historicité, ou encore 3) pour questionner la véracité des sources sur lesquelles il s’appuie ou 4) pour interpréter certaines actions posées par son sujet.

1) Les renvois – autant hypothétiques que fondés – de la vie à l’œuvre lui permettent de cerner de plus près la vie de Flaubert et de mieux nous faire comprendre son œuvre : « With the aim of diverting her from her ailments, the family spent a month at the seaside, in Trouville, from the middle of August. Flaubert dedicated himself, if we are to believe his letters, to prodigious feats of eating, drinking and sleeping. He gave particular attention to the smoking of pipes. Was this a serious lethargy, an ominously real symptom of an impending organic crisis? Or was it just a pose, a game that he played with his lean and diligent friend, Ernest Chevalier? With Flaubert we never know, and such sparkling uncertainties are the primary substance of his fictional world » (p. 68).

2) L’intérêt de Wall pour la “grande Histoire” et la micro histoire fait en sorte qu’il accorde beaucoup d’importance à l’analyse du contexte socio-historique dans lequel se situent les épisodes qu’il raconte – Wall rapporte tout autant les faits historiques notoires que les anecdotes qui s’y rattachent. Parfois, certaines de ses interventions font appel à des référents contemporains, comme pour rappeler au lecteur la distance historique qui le sépare de son sujet : « A real cave-black supernatural nineteenth-century pre-electric dark, with only the light of a distant inn to dispel the perfect illusion of nothingness » (p. 79). Ou encore : « The medical remedies of the day could be as fearsome as the afflictions they were supposed to cure » (p. 131).

3) Plusieurs commentaires de Wall sont consacrés à questionner la véracité et la pertinence des informations dont il dispose : « Too good to be true? This anecdote is casually disdained as a piece of fanciful invention. Heroines are not supposed to be born in such crude and dramatic fashion. And Flaubert’s journal for that day makes no mention of Emma Bovary. Confusingly, there are two details of Du Camp’s story which are plausible […] » (note en bas de page, p. 175). Ces interventions nous permettent d’accorder une certaine crédibilité aux faits rapportés dans la biographie.

4) À l’occasion, Wall se permet d’interpréter certaines paroles dites par Flaubert, ou certains gestes qu’il pose. Certaines interprétations sont ludiques, d’autres plus intellectuelles : « The unconscious meaning of his painful “mistake” is all too evident » (p. 82). Ou encore : « Flaubert’s journal for that day places the odd phrase “Welcome to the cellar” next to Louise’s name. I take this to be a piece of cryptic but obvious sexual slang » (note en bas de page, p. 94).

Thématisation de la biographie : La biographie fait assez souvent l’objet de réflexions, dans Flaubert : a life. La plupart du temps, Wall s’attarde à décrire certains problèmes auxquels il a été confronté au fil de son projet : « Madame Bovary is a large fact of our cultural history, and therein lies an interesting biographical problem. Flaubert’s endless difficulty in writing his first great novel – he managed five words an hour, according to the scurrilous estimate of the de Goncourt Brothers – is so well documented and so widely admired that it has acquired the status of a modern legend » (p. 197). La thématisation de la biographie lui permet par ailleurs de questionner quelques-unes des conventions propres au genre biographique : « I would happily relinquish Flaubert here, in the full splendor of his achievement, sporting himself in the river Seine, with the heat of the August sun on his back and pictures of gilded temples still forming in his mind. And yet a stern biographical convention requires us to see it through to the very day of the funeral, to the moment when we must lay down the corpulent personnage whom we have carried so lightly in our imaginations » (339).

Rapports biographie/autobiographie : Cette relation n’apparaît pas dans cette biographie.

III. ASPECT ESTHÉTIQUE

Oeuvres non-biographiques affiliées du biographé : Comme la relation vie/œuvre est tissée serré tout au long de Flaubert : a life, toutes les œuvres de Flaubert, même les moins connues, sont évoquées dans cette biographie : ses premiers textes, composés à l’âge de neuf ans; son journal; ses journaux de voyage; son récit Novembre; son récit Le Garçon; sa première version de L’éducation sentimentale; ses nombreuses correspondances épistolaires (avec Louise Colet, George Sand, etc.); son texte La Bretagne; La Tentation de Saint-Antoine; son projet de roman picaresque sur les opiomanes; Madame Bovary; le Dictionnaire des idées reçues; Salammbô; L’éducation sentimentale (version définitive); sa pièce de théâtre Le Candidat; les Trois contes; Bouvard et Pécuchet.

Oeuvres biographiques affiliées du biographé : Aucune.

Échos stylistiques : Selon Andy Martin, auteur d’un compte-rendu critique à propos de Flaubert : a life, Wall, « adopting his hero’s cult of impersonality, […] reduces his own explicit interventions to […] one short paragraph following Flaubert’s footsteps to the Orient, and one disputatious footnote. In compensation, he indulges his mania for voluptuously exaggerated adverbs and adjectives ». (Andy Martin, 7 novembre 2001).

Outre cela, Wall cite beaucoup Flaubert tout au long de Flaubert : a life – surtout à partir de sa correspondance. Mais il serait périlleux d’affirmer que son écriture s’empreint du style de Flaubert, considérant, d’une part, que Wall écrit en anglais et, d’autre part, qu’il emploie une langue qui ressortit à la biographie factuelle, c’est-à-dire une langue d’une grande efficacité et d’une grande précision, destinée à transmettre des informations, à décrire les faits de telle façon qu’ils correspondent le plus possible à la réalité dont ils sont issus. En revanche, l’humour fin de Wall s’apparente, pourrait-on dire, à celui de Flaubert, et fait honneur au personnage; on pourrait peut-être voir là une certaine affiliation stylistique entre Wall et Flaubert.

Échos thématiques : Il n’y a pas vraiment d’échos thématiques nous rappelant l’œuvre de Flaubert dans la biographie de Wall, même si la relation vie/œuvre est très importante dans sa démarche. En fait, Wall ne s’attache pas à analyser l’œuvre de Flaubert et à rapprocher les éléments de son œuvre à sa vie, mais plutôt à apparenter certains éléments de la vie de Flaubert à certains aspects de son œuvre.

IV. ASPECT INTERCULTUREL

Affiliation à une culture d’élection : L’affiliation de Wall à la culture française n’est jamais évoquée, dans Flaubert : a life. On en prend seulement conscience lorsque l’on constate qu’outre Flaubert, les biographés potentiels de Wall sont également Français (Napoléon et George Sand). Dans l’entrevue qu’il m’a accordée, Wall révèle d’ailleurs à quel point cette culture est importante pour lui : « It’s a second identity, it’s a second self for me – France, to speak French».

Apports interculturels : En raison de la discrète affiliation de Wall à la culture française, il est difficile, voire impossible, de repérer quelque apport interculturel que ce soit dans Flaubert : a life. On y trouve bien quelques référents culturels français d’usage (marqueurs socio-historiques, descriptions des lieux, évocation de personnes aujourd’hui reconnues), mais ils ne font l’objet d’aucun discours d’appropriation ou de distanciation. Même lorsque les cultures anglaise et française se croisent dans le texte, Wall tait son appartenance culturelle et son affection pour sa culture d’élection : « Readers of Byron [en parlant à demi-mot de Flaubert], youthfully sophisticated, knew that such pilgrimages were destined to fail (p. 88)» . Ou encore : « Dickens and Victor Hugo beware. After Flaubert, abundance such as yours will be regarded as the badge of mediocrity » (p. 197). Mais un énoncé comme celui-ci m’apparaît terriblement équivoque : « Madame Bovary is a large fact of our cultural history [je souligne]» (p. 197). Quelle histoire culturelle? Européenne? Occidentale? Mondiale?

Lecteur/lectrice : Audrey Lemieux

fq-equipe/flaubert_par_wall.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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