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FICHE DE LECTURE

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Arsenault, Mathieu

Titre : Vu d'ici

Éditeur : Triptyque

Collection : -

Année : 2008

Éditions ultérieures : -

Désignation générique : roman (couverture, page de grand titre et 4e de couverture)

Quatrième de couverture :

Comment peut-on continuer de vivre au quotidien devant le spectacle répété à chaque soir du chaos mondial au nouvelles télévisées? On peut toujours fermer les yeux, mais lorsque c’est le corps en entier qui se trouve modelé, avalé et recraché par le flot des actualités, il faut se mettre à chercher en soi un peu de cohérence, même langagière, pour recomposer une phrase qui permette de dire quelque chose de sensé. Brillant pamphlet contre la télévision, ce roman satirique agit comme un cri d’alerte et nous permet de prendre conscience des effets pernicieux et dévastateurs de cet écran omniscient braqué sur nos vies. « Il ne se passe rien il n'y a pas d'intrigue pas de salut et ce qui est horrible c'est qu'on apprend plus rapidement à fréquenter les atrocités en changeant de chaîne ou en fixant le vide qu’a douter de tout devant le spectacle de l'effondrement du monde j'aime les sushis le beau temps l'odeur de l'herbe fraîchement coupée l'odeur de l'essence lâcher au bon moment la gâchette de la pompe à essence pour que ça fasse un chiffre exact et pourtant qu'est-ce que cette sourde et minuscule angoisse […] »

À propos d'Album de finissants : « Mathieu Arsenault signe une première œuvre qui devrait, s'il y avait une justice, le situer parmi nos romanciers vedettes. À défaut d'une telle reconnaissance, il pourra se satisfaire d'avoir trouvé, mieux que quiconque, les mots qui disent la souffrance et l'ennui des adolescents que l'école est censée préparer à « “la vraie vie”. » - Réginald Martel, La Presse

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre :

Mathieu, le plus souvent affalé devant sa télé, dans une maison de banlieue, dévoile ses pensées vitrioliques. Le roman est séparé en cinq sections: nouvelles internationales, continentales, nationales, régionales et locales et plusieurs des réflexions décousues de Mathieu proviennent de près ou de loin de ce qu'il contemple à l'écran, comme en témoigne l'abondance de références télévisuelles. Une bonne partie du mode de vie occidental y passe (surconsommation, inégalités sociales, l'humain comme robot, etc.), mais c'est surtout contre la télévision que se déchaîne le jeune homme. Elle est accusée d'encourager tour à tour la servilité, le conformisme et l'inaction en remplissant la tête des téléspectateurs d'images pour les endormir. Mathieu, lui, n'y échappe pas et le roman montre bien comment l'intelligence du jeune homme est constamment attaquée à la fois le trop-plein et l'absence de sens que lui fournit la télévision. Il a conscience de son aliénation, mais ne parvient pas y échapper sauf peut-être lorsqu'il fait la connaissance de Rosemarie, avec qui il semble remonter plus facilement à la surface pour lutter contre son apathie. Bref, un roman du combat de l'action consciente contre l'indolence, des yeux ouverts contre les oeillères.

Thème(s) : Médias, conformisme, révolte.

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Si le personnage principal est déconnecté, j'ai l'impression que c'est d'une manière un peu paradoxale. En effet, malgré qu'il soit extrêmement connecté avec le monde par le biais des médias, qu'il ait conscience de tout ce qui se passe, Mathieu ne peut se résoudre à quitter son fauteuil pour socialiser un peu, connecter avec les autres.

Appréciation globale : Un peu difficile à lire parce qu'un peu redondante, mais la colère et la frustration du narrateur sont si puissantes qu'elles maintiennent l'intérêt de la lecture.

IV – TYPE DE RUPTURE

Validation du cas au point de vue de la rupture

Excentricité interprétative qui dénie tout potentiel actionnel au personnage principal: Pour Mathieu, le monde n'est pas difficile à interpréter. Au contraire, il passe son temps à l'analyser et à le dénoncer, en fonction de ce qu'il voit à la télévision. Mais c'est justement le fait que le monde se livre, se dévoile à chaque seconde grâce aux médias qui empêche Mathieu d'agir. En lui luttent la volonté de prendre conscience et celle de tout ignorer. Difficilement conciliables, des deux façons d'être par rapport au monde déchirent Mathieu qui, dans son acharnement à dénoncer, perd tout espoir pour le monde et ne peut quitter son fauteuil ni “connecter” avec les autres: « […] ils insistent pour me parler des nids de poule des petits voleurs et des prédateurs sexuels en probation quand j’ai de la difficulté à marcher parce que je ne comprends plus mes pieds pendant que les horreurs continuent que les ordures s’accumulent et que la plus petite partie de la population mondiale se magasine un reer pendant que l’autre constate en silence qu’il y a la guerre le chômage et entre les deux j’essaie de connecter mais rien ne semble fonctionner je ne connecte rien avec rien ni personne même si je trouve toujours tout ce que je cherche » (p. 82). Le clivage entre les yeux ouverts et les oeillères entraîne donc Mathieu dans une sorte d'angoisse autant déclamatoire qu'existentielle qui ne le mène pour ainsi dire nulle part.

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Le narrateur, Mathieu, dévide sa pensée en paragraphes d'une à deux pages. Sauf exception, chacun ne contient qu'une seule phrase sans ponctuation hormis la majuscule de départ et le point final. Cela accentue l'impression de lire un flux de conscience empreint de colère et de frustration, une sorte de scansion sans règle et “défoulante”. Car même sans ponctuation et avec une syntaxe parfois douteuse ou minimaliste, un certain rythme s'impose, révélateur d'un discours acharné à dénoncer un écran abrutissant autant qu'un mode de vie abêtissant.

Il n'y a pas vraiment d'intrigue dans le roman, sauf lorsque Rosemarie entre le récit, mais ses effets sur l'action sont somme toute limités et peu développés. La résolution finale est faible: Mathieu semble réussir à lutter contre son apathie grâce à son amour pour Rosemarie qui lui redonne espoir.

V - EXTRAITS

« C'est l'histoire d'un gars comprends-tu qui dans les années quatre-vingt-dix aimait plus que tout les manifs les autobus loués et les nuits blanches à confectionner des pancartes […] je voudrais retrouver cet appart en désordre pour échapper à ces images de ma génération qui s'effondre et pour inviter mes amis à boire de la bière et à ne rien faire en parlant de ce qu'on a vu en écoutant la télé en jouant au super nintendo pour avoir encore quelque chose à leur dire parce que je suis en train de les perdre un par un avec histoires de gagner de l'argent pour payer l'hypothèque et les vacances c'est l'histoire d'un gars comprends-tu qui faisait des pancartes avec pète et répète et moi dans bateau mais pas longtemps après tout le monde est tombé à l'eau qui qui reste ? qui qui reste. » (p. 51-52)

« je ferme ma gueule parce que speak white il est si beau de vous entendre parler du x-box 360 ou de l'augmentation de votre pouvoir d'achat speak white best buy and loud qu'on vous entende de boucherville à beauport pour enterrer le bruit des os qui craquent quand on me passe dessus le rouleau compresseur des privatisations et des baisses d'impôts speak bas prix parlez-nous de choses et d'autres parlez-nous de la semaine où on paie les deux taxes ou du concours gagnez vos achats visa speak grande liquidation nous sommes un peuple peu brillant mais nous sommes capables d'apprécier une offre qu'on ne peut refuser au future shop de mon quartier […] » (p. 63)

Vu d'ici - Ancienne fiche

ranx/vu_d_ici.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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