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ranx:le_denouement

L’auteur utilise une figure repérée dans Dondog, de Volodine, pour identifier une idée propre à l’époque contemporaine, du moins c’est son hypothèse, l’idée de la fin.

« Que peut alors dire cette figure qui se présente ″au bord du rien″, les jambes ballant ″dans le vide″, réfléchissant ″à ce qui allait suivre″? Et que peut dire sa répétition? […] Qu’ils soient devant le gouffre, situés aux confins géographiques, ou face contre sol, les personnages ainsi décrits ont tous un point commun. Leur corps est une fin. Et la fin est cette idée. Mais cette représentation est plus complexe. Leur corps est une frontière entre un avant et un après. Il se développe une histoire, après la fin, qui la prolonge ou la renouvelle. Ce sont ces deux termes conjoints, fin et début, qu’il faut tenter de saisir. (9-10).

« les romans minimalistes mettent eux aussi en œuvre la fin ou, pour être plus précis, cette posture terminal initiale. Les romans minimalistes contiennent donc beaucoup de fins, par lesquelles ils commencent; ils contiennent eux aussi des fantômes, des morts, des confins géographiques, historiques. […] des départs […], des morts […], des héritages […], des no man’s land […], des communautés isolées […], des décisions irrémédiables […], des formes de spectralité […]; à bien y regarder la quasi-totalité des personnages du minimalisme possèdent cette caractéristique spectrale […]. » (Qui, cependant, n’engendre pas l’arrêt ou l’immobilité, au contraire). (81-82).

L’auteur remarque également deux figures récurrentes, qu’il compare à des modèles de résistance politique telle que l’involontarisme et l’inadaptation, soit les figures de Bartleby et de Don Quichotte.

La première, repérable chez Chevillard, Redonnet, Gailly, Toussaint et Volodine. « Pourquoi évoquer Bartleby? Parce qu’un bon nombre de ces personnages possèdent un rapport à l’écriture fait souvent d’attente, d’échec » (92). Ils sont passifs et attendent toujours le moment d’écrire. Chez eux, « la passivité est active » (93). Elle témoigne d’une forte résistance. « Bartleby est un pur exclu social. Chez lui, comme chez Monsieur, de Toussaint, on assiste non pas à une volonté de néant mais à la croissance d’un néant de volonté. […] Il y a donc, à l’origine de bien des livres, une résistance absolument passive, liée à la certitude de la défaite, qui manifeste une forme de nihilisme. On en s’étonnera pas qu’elle entre en résonance avec une autres des figures deleuziennes, celle de ″l’épuisé″ qui, à la différence du fatigué, n’″épuise″ pas la réalisation mais le possible. Et les textes […] cessent de se raccrocher à un acte à réaliser mais entrent dans une sorte de circularité active et passive qui est une forme de résistance à la clarté des narrations, des significations […].»

Pourquoi par ailleurs Don Quichotte? Parce qu’alors qu’ils habitent le présent, ces anti-héros sont rétifs à l’air du temps. Parce que ce sont pour la plupart de grands inadaptés sociaux, dont l’inadaptation passe par une forme d’inactivité militante. […] Ce sont souvent des idiots, à l’idiotie choisie contre le monde. Ils partagent une vocation à l’échec, une morale de l’échec […]. » (92 à 95).

« Leur choix de l’immobilisation, et non de l’immobilité, révèle une opposition au mouvement du monde, à sa cinétique. » (96).

ranx/le_denouement.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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