Chaque jour est un arbre qui tombe
Quatrième de couverture
«Le dernier jour fut gris et rose, d'un gris d'ombre plate, d'un rose chancreux. L'année, minime fragment temporel, est maintenant éparpillée en un mouvement centrifuge d'étoile, en un motif qui ne peut être saisi que par la force de sa propre dispersion. […]
1er janvier. Chaque jour est un arbre qui tombe. Comme si une voix m'avait éveillée par ces mots. Ma propre voix, celle de mes plus secrètes cellules, celles des oracles et des rêves, celle qui clame dans les ivresses et chuchote dans les agonies. Chaque jour est un arbre qui tombe. Et j'ai vu le déclin du jour et la chute de l'arbre…»
Ce journal imaginaire tenu par une femme, Hippolyte, entremêle souvenirs d'enfance, d'amours, de voyages (en Inde, dans les îles de Krakatoa, Sumatra ou Java) et réflexions sur le Temps. Autoportrait d'une individualité exceptionnelle dont l'existence se déploie entre la naissance et la mort – ces deux bornes qui la limitent et lui ouvrent paradoxalement l'espace infini d'une vie superbe et éphémère. La cruauté froide et luxueuse qui anime l'écriture de Gabrielle Wittkop est dans Chaque jour est un arbre qui tombe à sa plus haute mesure.
Justification
« Chaque jour est un arbre qui tombe prend la forme d'un journal imaginaire à deux voix, celui d'une femme, Hippolyte, et de son double critique, tandem narratif qui ne va pas sans rappeler le dédoublement
de Nathalie Sarraute dans son autobiographie Enfance. Dans le récit de Wittkop, la première voix relate au « je » ses expériences passées, en regard du temps et de la mort ; l'autre voix, qui emploie la troisième personne, observe et juge Hippolyte d'un œil inflexible et philosophe. » (Patrick Bergeron, Nuit blanche, n° 105 (2006-2007), p. 19. URL : http://id.erudit.org/iderudit/20028ac)
Dans cette extrait de compte rendu, on peut facilement voir la question de l'intériorité et du regard sur soi qui s'articulent dans le roman par cette double narration et par la forme du journal intime. Le Matricule des Anges a même suggéré que le roman, « un livre qui tient de l'autoportrait rêvé et anamorphosé », laissait entrevoir « une inlassable interrogation sur la nature du moi » (http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=52056).