Va et nous venge
Quatrième de couverture/Présentation de l'éditeur
La femme rêve de l’adolescente. Elle la voit nue. Un homme ni trop jeune ni trop âgé va lui prendre son trésor, cet instant de tous les instants est mémorable. L’homme jeune déflore, pénètre. Il apparaît le premier, le seul, l’unique, il sera le fiancé, le mari, le père, le grand-père, celui qui est venu, qui vient, qui viendra. Elle ne pense qu’à ça la grand-mère, au con, à la fille qui sera déflorée. Elle ne parle que de ça tout en parlant d’autre chose. Elle dirige le discours qui s’oriente vers ça, la possession, le cul, non pas de l’homme de passage, mais de celui qui reste, qui s’installe, qui s’incruste, qui dure, qui promet de donner son nom, son sperme, sa bourse et son sac d’argent.
France Théoret nous présente un portrait de société à travers les destinées de quatre femmes.
Il y a d’abord Suzie, la jeune vierge de quinze ans, qui sera violée par un ami de la famille. C’est l’histoire sexuelle d’une enfant gâtée et d’un prédateur presque prudent.
Viendra ensuite Élisabeth, dont la bonté est suspecte dans ce milieu de travailleurs en gériatrie. Comment peut-elle aimer cet emploi qui, pour ses collègues, est un enfer ? Elle apprendra que « toute différence s’expie ».
Le troisième destin sera celui de Louky, écrivaine féministe décédée, l’amie à qui la narratrice rend un vibrant hommage. Celle qui, dans son œuvre, invitait le monde à l’égalité, n’a pas eu la reconnaissance qui lui revenait.
Quant à Zoé, professeure d’université et fille de la liberté, elle est celle qui s’affirme malgré une relation éphémère avec un ancien maître dominateur. Elle ne sera ni proie ni victime.
France Théoret nous offre ici un magnifique concentré d’expériences. Ces quatre femmes, nous les connaissons, nous les reconnaissons. Leur histoire est inscrite dans l’actualité. Tous les jours, d’autres femmes marchent sur leurs traces. Et certaines élèvent la voix.
Tout entier fondé sur le thème de la prédation, ce roman propose une réflexion originale, portée par une écriture singulière.
Justification
Le classement de cette oeuvre pourrait se faire à la fois dans la sous-section 'en rupture' et 'en cohésion'. Explorant les thèmes de la prédation, elle met évidemment en scène des chocs interpersonnels, des relations humaines - surtout entre les hommes et les femmes - où il y a domination, soumission, violence, valeurs difficilement réconciliables. Les thèmes eux-mêmes semblent donc placer cette oeuvre avec celles qui dépeignent des personnages en rupture avec leur monde, une communauté brisée.
Toutefois, la structure du roman pousse quant à elle à considérer la sous-section 'en cohésion'. La quatrième de couverture propose « un portrait de société à travers les destinées de quatre femmes ». La mise en commun de quatre voix de femmes pour dresser un portrait de la prédation laisse croire à une communauté des femmes, de qui l'expérience du monde et des hommes se recouperait et les unirait.