ranx:un_soir_au_club

FICHE DE LECTURE

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Gailly, Christian

Titre : Un soir au club

Éditeur : Minuit

Collection : -

Année : 2002

Éditions ultérieures : Minuit, coll. « double », 2004

Désignation générique : roman (couverture)

Quatrième de couverture :

« Sait-il, vraiment, Simon Nardis, qu’il rate son train pour ne pas laisser passer sa chance ? Une chance double, celle de retrouver la musique qu’il avait perdue et la femme qu’il n’espérait plus. Seulement voilà, qui dit train dit horaire, qui dit horaire dit morale, qui dit morale dit vie conjugale. Simon Nardis était déjà marié. »

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre :

Ancien pianiste de jazz renommé qui a renoncé à cette musique parce qu'elle le détruisait à petit feu, Simon Nardis est désormais un homme rangé, sobre, qui répare des appareils de chauffage industriel quand il est appelé dans une petite ville au bord de la mer pour régler le problème de la chaudière d'une usine. Une fois le travail complété, l'ingénieur qui a fait appel à Nardis lui propose, en attendant le train, de faire un tour dans un petit club de jazz. Il est d'emblée secoué par la performance d'un trio de musiciens américains, particulièrement le pianiste qui reproduit à la perfection son style à l'époque où il jouait toujours. Après quelques vodkas qui le plongent dans une douce euphorie, Nardis profite de la pause pour se glisser derrière le piano et se mettre à jouer. La patronne du club, Debbie, le reconnaît à sa façon de jouer, le rejoint sur scène et chante sur les mélodies jouées par Nardis. Évidemment, celui-ci manque son train, puis le suivant, se lie de plus en plus intimement avec Debbie, décide de rester pour la nuit dans la petite ville au bord de la mer, au grand dam de sa femme. Car il a une femme, Suzanne, folle d'un mélange d'inquiétude et de jalousie, qui comprend bien vite que son mari est retombé dans le jazz et, donc, dans ses mauvaises habitudes. Le lendemain, voyant que Simon ne revient toujours pas et qu'il continue à manquer un train après l'autre, soupçonnant (avec raison) qu'il la trompe avec Debbie, elle décide d'aller chercher son mari en voiture, fait un accident et meurt. Simon peut ainsi renouer à loisir avec le jazz et épousera Debbie.

Thème(s) : Jazz, musique, adultère, nostalgie

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Rupture actionnelle intéressante: gestes en apparence dénués de sens, sans justification de la part de celui qui les pose.

Appréciation globale : Intéressant. J'imagine que ceux qui aiment le mélange de la littérature et de la musique y trouveront largement leur compte.

IV – TYPE DE RUPTURE

Validation du cas au point de vue de la rupture

a) actionnelle : Remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.

Simon ne semble pas apte à prendre conscience de la gravité des gestes qu'il pose. Il aime sa femme, mais il la trompe en sachant pertinemment qu'il devra lui dire la vérité (il est incapable de lui mentir, selon le narrateur). Une fois qu'il est envoûté par le jazz, plus rien ne compte, les conséquences les plus graves deviennent des bagatelles dont il faudra s'occuper plus tard.

La posture passive de Simon donne l'impression (et le fait que la narration soit prise en charge par un témoin indirect accentue cette impression) qu'il a simplement renoncé à influer sur le monde, qu'il laissera aller les choses jusqu'au bout. Il aime le jazz ? Il joue du jazz. Il aime Suzanne ? Il aime Suzanne. Il aime aussi Debbie ? Il aimera aussi Debbie. Que va-t-il dire à Suzanne et quelles en seront les conséquences ? La vérité, puis on verra. Comme si le jazz endormait son jugement et le paralysait. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, dix ans plus tôt, Simon a expulsé le jazz de sa vie. Cette musique était incompatible avec une bonne santé et une vie normale. Il a alors pu devenir monsieur Tout-le-monde et s'est, en quelque sorte, créé un rôle de spécialiste du chauffage industriel, amateur de musique classique (“à défaut de swing il se gavait de beauté”), sobre, bon père de famille, bon mari. Or, lorsqu'il replonge dans le jazz et la vodka, ce rôle devient impossible à assumer et il retourne à sa vie de “débauche” où les femmes, l'alcool et le peu de responsabilité sont normales.

De plus, plusieurs chapitres commencent par Simon qui renonce une fois de plus à prendre le train. Il ne peut se résoudre à retourner chez lui, à sa vie rangée. Soit il reporte volontairement sans se soucier des conséquences, soit ça lui sort simplement de la tête.

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Le narrateur est un ami de Simon Nardis, à qui celui-ci a tout raconté, et que Suzanne a appelé pour avoir des conseils sur la conduite à adopter face au comportement de Simon. Debbie et le fils de Simon se sont aussi probablement confiés à lui pour certaines parties du récit. Ce narrateur témoin indirect se permet quelques digressions, notamment pour commenter son “écriture” et préciser ses relations avec Simon et Suzanne, mais la narration est somme toute chronologique, sauf pour quelques passages ici et là ou le narrateur indique brièvement, avant le temps (comme s'il ne se souciait pas d'une quelconque intrigue), que, par exemple, Simon va épouser Debbie (p. 123) ou que Suzanne a eu un accident de voiture.

Un soir au club - Ancienne fiche

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