I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : Patrick Sénécal
Titre : Contre Dieu
Éditeur : Coups de tête
Collection : Aucune
Année : 2010
Éditions ultérieures : Aucune
Désignation générique : Roman
Quatrième de couverture : Que se passe-t-il dans la tête d'un homme lorsqu'il perd toutes ses raisons de vivre, quand tout ce qu'il a construit s'effondre ? Que se passe-t-il quand on ne comprend pas pourquoi le sort s'acharne sur nous ? Qu'est-ce qui nous retient alors de ne pas devenir monstrueux ? Sur quoi construit-on sa vie lorsque plus aucune morale ne trouve prise sur nous ? Ta maison devient trop grande, tes amis commencent à t'énerver, tu disparais, tu te caches, tu coupes les ponts avec ta réalité, tu n'as même plus envie de voir ta propre famille. Tu ne cherches aucune aide, tu ne cherches personne. Tu ne veux plus rien. Tu as des idées noires, très noires. Et tu te mets à chercher un responsable. Et finalement, tu le trouves… Patrick Sénécal nous livre ici un roman fulgurant, un Coup de tête au sens le plus strict du terme !
Patrick Sénécal est né en 1967. Jusqu'à tout récemment, il a surtout publié des briques très noires avec beaucoup de dialogues. À 42 ans, il a décidé de relever de nouveaux défis. Il a donc publié deux romans pour enfants, et maintenant il publie un roman très court, avec très peu de dialogues. Mais encore très noir. On ne peut pas tout changer d'un coup…
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre : Un homme perd brusquement sa famille : sa femme, sa fille et son garçon meurent tous dans un accident de voiture.
Thème(s) : dépression, folie, vengeance
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :
Appréciation globale :
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.
“tes jambes ne peuvent plus te supporter, tout à coup tu t'effondres, tu tombes, tu chutes, genoux au sol” (9-10) “le regard désorienté” (11), “tu t'en sens tout simplement incapable” (11), “ton air zombie” (12), “tu te laisses faire” (13), “tu y restes jusqu'à tard dans la nuit, inerte” (16), “ton regard empli d'incompréhension” (20), “impassibilité” (22), “puis [tu] ne fais plus rien” (22), “inertie totale” (22), “tu demeures immobile” (22), “[tu] erres” (23), “tu renonces” (23), “[tu] fixes cet écran noir, tu tombes dedans, tu fermes les yeux, et tu rêves à ce noir, à ce néant” (23), “rocher immuable au centre de cette mer déchaînée” (32), “confusion” (33), “tes yeux sont maintenant dans le vague” (34), “lassitude” (34), “[tu] fixes le vide” (47), “tu acceptes nonchalamment, pressque distraitement” (52), “tu ne fais rien, tu attends” (52)
“les enfants qui reviennent de l'école, tu ne te lèves pas pour aller regarder par la fenêtre, tu t'étends dans le divan, tu te recroquevilles, tu fermes les yeux, tu les recouvres de tes poings et tu pleures” (22)
“Tu veux plus aller à la Zone, tu veux plus retourner chez vous… Tu effaces tout, c'est ça ? Tu veux plus garder aucun lien avec ton ancienne vie… Tu penses que c'est la solution ?” (53)
errance perdu dans tes pensées glauques et lourdes, une heure, deux heures, rues animées en ce samedi midi, foule qui te croise et se fend contre toi, te contourne comme l'eau contre un débris à contre-courant“ (70)
“tu ne cherchers aucune aide, tu ne cherches personne” (72) “Je me crisse de ce que je fais.” (73) “tu hausses les épaules, tu dis que peu importe ce que tu cherches, tu ne le trouveras peut-être pas, ce qui est supposé d'arriver n'arrive pas nécessairement” (75-76) “tu n'es pas en état de choc, tu n'erres pas, tu es en guerre” (79) “Je fais quoi, là ? Je reste ici pis je bois jusqu'à ce que j'aie plus une cenne ? Je sors pis je tire sur quelqu'un au hasard ? Je me crisse en bas d'un pont ? Je fais quoi, ostie !” (92)
“Non, vous n'êtes pas l'instrument du chaos. Vous le créez. C'est totalement différent.” (94)
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)
Le texte est rédigé en une seule et longue phrase. Il n'y a pas de point, ce qui laisse comprendre comme tout se déchaîne sans jamais prendre une pause dans la tête du personnage. Le narrateur étant Dieu, la narration est au “tu” plutôt qu'au “il”, ce qui fait en sorte que le narrateur n'a pas accès aux pensées du personnage, seulement à ses gestes et aux émotions qu'il exprime clairement (par des pleurs, par exemple).