Fiche d’analyse
1. Informations éditoriales
1.1. Auteur(s) : Michel Biron, François Dumont et Élisabeth Nardout-Lafarge
1.2. Références bibliographiques complètes : BIRON, Michel, François DUMONT et Élisabeth NARDOUT-LAFARGE, Histoire de la littérature québécoise, Montréal, Boréal, 2007.
1.3. Type de publication : Monographie sur l’histoire de la littérature québécoise
1.4. Varia :
2. Résumé du document
C’est une mise en situation des textes littéraires québécois des origines à nos jours (2007). Les auteurs ont pour intention de réévaluer la littérature québécoise à la lumières des travaux et des œuvres récentes et de « proposer des lectures critiques ; marquer les changements entre les conjonctures qui distinguent chacune des périodes (p.11).
3. La question du contemporain, comment est-elle abordée?
On considère cette littérature comme étant « décentrée »
« Tous ces décentrements (par rapport à la nation, à l’Histoire, à la France, à la religion catholique, à la littérature elle-même) se ramènent peut-être au fond à un seul, qui est celui du sujet individuel lui-même, lequel doit reconstruire son identité dans un monde où la nation et la famille se sont décomposées (p.534). »
En 1980, la littérature entre dans une ère de pluralisme. Ce changement se fait sans réelle rupture : « Il n’y a pas de révolution comme en 1960, il n’y a pas de manifeste comme en 1948, il n’y a pas d’école littéraire comme en 1895. Pour plusieurs, cette absence de symboles ou de « grands auteurs » définit en creux la période qui s’ouvre vers 1980. Celle-ci ne parvient pas à se représenter positivement, comme si elle était privée de repères ou ne se voyait que sur un mode négatif, en accumulant les signes de ce qu’elle a perdu, de ce qu’elle n’est plus (p.531). »
« Toute synthèse paraît vouée à l’échec, tant les nuances d’écriture sont nombreuses Comment rendre compte de l’éclatement contemporain sans tomber dans la simple énumération? Comment parler en détail d’écrivains singuliers si aucun d’entre eux ne se démarque franchement, si l’effet dominant demeure « l’égalité des voix » dont parle Andrée Brochu à propos de la poésie (p.535)? »
L’idée de transgression s’est transmise au point d’être banalisée « D’où la lassitude et la fatigue qui reviennent comme des leitmotive dans la littérature contemporaine, épuisée de toujours se lancer à la quête du nouveau (p.533-534). »
« Ces chapitres font ressortir l’imprécision des frontières génériques en régime contemporain, ce que confirme le dernier chapitre, qui reprend la question de la subjectivité à partir des fictions de soi qui apparaissent au tournant des années 2000 (p.535). »
4. Date de début :
1980
5. Événements cités
5.1. Historiques
1989 - Chute du Mur de Berlin et fin de la Guerre froide 2001 – Attentats terroristes du 11 septembre
5.2. Sociaux
« C’est dire que d’une époque à l’autre, l’histoire littéraire du Québec s’accompagne inévitablement de la référence nationale, peu importe si on parle de littérature canadienne, de littérature canadienne-française ou, comme ce sera l=e cas à partir du milieu des années 1960, de littérature québécoise (p.12). »
« Pour bon nombre d’écrivains et de critiques québécois nés après 1960, l’initiation à la littérature s’est faite au moins en partie à travers la lecture des œuvres de Nelligan, d’Anne Hébert, de Gabrielle Roy ou de Réjean Ducharme. Ces œuvres, parmi quelques autres, occupent ainsi, dans l’imaginaire contemporain québécois, le statut de classiques au sens le plus courant du terme, à savoir que ce sont des œuvres découvertes en classe, depuis l’école secondaire jusqu’à l’université (p.13-14). »
« Autre décentrement majeur, l’écrivain québécois né vers 1960 et formé dans les tout nouveaux cégeps n’a plus du tout le même rapport à la France que l’écrivain né en 1940 net formé dans les collèges classiques (p.533). »
5.3. Politiques
1980 – Référendum sur la souveraineté, victoire du Non
1982 – Rapatriement de la Constitution sans l’accord du Québec
1987 – Accord du Lac Meech
1990 – Rejet de l’Accord du Lac Meech
1992 – Rejet de l’Accord de Charlottetown
1995 – Second référendum sur la souveraineté, victoire du Non.
6. Auteurs et œuvres déterminants :
1980 – La Vie en prose de Yolande Villemaire
1981 – Vie et Mort du Roi boiteux, Jean-Pierre Ronfard
Le Matou – Yves Beauchemin
1982 – Les Fous de Bassan – Anne Hébert
1983 – Maryse – Francine Noël
La Québécoite – Régine Robin
1984 – Agonie – Jacques Brault
Volkswagen blues – Jacques Poulin La Détresse et l’Enchantement – Gabrielle Roy
1985 – Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer – Dany Laferrière 1986 – Le Souffle de l’harmattan – Sylvain Trudel 1987 – Les Heures – Fernand Ouellette
Le Désert mauve – Nicole Brossard
1988 – Vamp – Christian Mistral 1989 – La Rage – Louis Hamelin
Le Vieux chagrin – Jacques Poulin Copies conformes – Monique LaRue
1990 – Dévadé – Réjean Ducharme
L’Hiver de pluie – Lise Tremblay
1991 – Le Bruit des choses vivantes – Élise Turcotte
L’Obéissance – Suzanne Jacob
1995 – L’Ingratitude – Ying Chen
Soifs – Marie-Claire Blais
1997 – Barney’s Version - Mordecai Richler 1998 – La Petite fille qui aimait trop les allumettes – Gaétan Soucy
Pas pire – France Daigle
1999 - Mille eaux – Émile Ollivier 2001 – Life of Pi – Yann Martel
Putain – Nelly Arcan
2005 – Le Siècle de Jeanne – Yvon Rivard
Nikolski – Nicolas Dickner
7. Institution littéraire:
« […] de 1960 à1970, la littérature québécoise s’expose sur la place publique et se situe par rapport aux autres littératures nationales ; de 1970 à 1980, on assiste à une série de ruptures (esthétiques et idéologiques) incarnées notamment par les avant-gardes. À partir de 1980, sans qu’il y ait de rupture à proprement parler, une cinquième période commence, caractérisée par le décentrement de la littérature et marquée à la fois par un pluralisme exacerbé et par l’expansion phénoménale de la production littéraire (p.15-16). » « C’est plutôt la place de la littérature et la définition de la nation qui sont devenues problématiques, alors même que l’institution littéraire québécoise est plus solidement établie que jamais (p.628). »
7.1. Maisons d’éditions
1978 – La courte échelle
7.2. Revues
1979 – Spirale 1982 – Nuit blanche 1983 – Vice versa (problématiques transculturelles) 2000 – L’Inconvénient 2003 – les cahiers littéraires Contre-jour
7.3. Prix
7.4. Autres événements du monde littéraire
1985 – Première édition du Festival de la poésie de Trois-Rivières 1996 - Décès de Gaston Miron, organisation de funérailles nationales. 2005 – Ouverture de la Grande Bibliothèque (Montréal) « Si les activités littéraires se multiplient (lancements, festivals littéraires, salons du livre, etc.), elles ne semblent guère laisser de trace dans l’imaginaire collectif (p.532). »
8. Courants littéraires émergeants
- Les best-sellers (Tremblay, Beauchemin, Noël), une forme renouvelée de la chronique, une certaine parodie de la littérature réaliste. « La prolifération de best-sellers constitue certainement l’un des traits dominants de la littérature contemporaine, et de plus en plus au fur et à mesure qu’on avance dans la période (p.542). » - Littérature en mode mineur : « Par ses thématiques intimistes comme par son écriture retenue, Jacques Poulin appartient plus aux années 1980 qu’à la Révolution tranquille (p.544). » Fin de l’Âge de la parole - Roman baroque : Entre le roman minimaliste et le roman d’action, on trouve quantité de fictions à l’architecture complexe, marquées à la fois par le goût des jeux formels et par une interrogation sur l’identité subjective sur fond de violence et de chaos. […] ce roman « postmoderne » cherche moins à rompre avec des modèles anciens qu’à s’ouvrir aux formes narratives les plus diverses, celles qui s’accordent avec le pluralisme contemporain et qui n’excluent pas un certain retour au réalisme traditionnel (p.552). » - L’écriture migrante : « L’émergence de ce que l’on appellera, à la suite de Robert Berrouët-Oriol, « l’écriture migrante », est l’une des transformations les plus visibles de la littérature québécoise des années 1980 (p.561). » « La remarque vaut d’ailleurs pour l’ensemble du corpus migrant, qui inclut des écrivains dont les esthétiques sont souvent si radicalement étrangères les unes aux autres qu’on peut se demander ce que ces écrivains ont en commun, en dehors du fait d’être nés ailleurs (p.564). »
9. Prospectives :
Les fictions de soi apparaissent au tournant des années 2000… Est-ce un tournant? « La « littérature migrante » devient ainsi l’objet des mêmes critiques que la « littérature nationale » (p.567). ». « Aux cours des années récentes, ces frontières de la littérature se sont encore davantage brouillées, pour des raisons qui touchent moins à l’histoire du Québec qu’à un phénomène plus large de marginalisation de la littérature, observable dans l’ensemble des culture moderne (p.629). »