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ranx:traumatisme

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-Les personnages qui peuvent être associés au type du Traumatisé partagent, bien plus que des caractéristiques psychologiques ou socio-économiques, un parcours semblable qui a un impact majeur sur leur façon d’êtreÀ la suite d’un évènement de coupure, le personnage dit traumatisé perd ses repères habituels et le contrôle sur son existence. Cet évènement de coupure peut se manifester de plusieurs façons – accident, dépendance, nouveau milieu, accusation, mort d’un proche, rejet – et modifie de façon brusque le rapport que le personnage entretient avec son univers. Il conçoit d’une nouvelle façon son environnement, le découvre hostile, hypocrite ou insignifiant, ce qui influence grandement sa façon d’y évoluer. Il n’y est plus maître de son propre destin, celui-ci est désormais contrôlé à distance par ces Autres, dont il se retrouve soudain le jouet. En quelques cas, le regard qu’il voit les autres poser sur lui se colle progressivement à la façon dont il se perçoit lui-même, jusqu’à se questionner sur ce qu’il est véritablement.+{{ :ranx:traumatisme.docx |Version Word (avec mise en page et couvertures)}}
  
-Des exemples notables :+**[Traumatisme]**
  
-Un homme effacé – Alexandre Postel ;+//Noir sur blanc, tout fout le camp.//
  
-À la suite d’une accusation de pédophilieDamien North, un professeur d’université qui mène une vie triste et solitairetire sa vulnérabilité du doute qui suivra cette accusation. Les gens devenant méfiants face à luil’isolement le rendra véritablement fragile. Le traumatisme lui fait perdre la notion de vérité et de mensongece qui brouille les piste quant à son regard sur lui-même et la question de sa culpabilité ou son innocenceL e doute est constamment présent : « Il avait failli tuer un homme en prison[…] il était semblable aux autres : violeurspédophiles […]Était-il un homme dangereux ? De quoi était-il capable ? »(Page 207)+Bien plus que des caractéristiques psychologiques ou socio-économiques, c'est un parcours particulier qui caractérise [Traumatisme] et qui influe sur sa façon d'être. À la suite d’un évènement de rupture (parexemple, un accidentune accusation, la mort d'un proche, un rejet ou un nouveau milieu), ses repères habituels s'effritent et le contrôle de son existence lui échappe. Le rapport que [Traumatisme] entretenait avec son univers se modifie brusquement. Se développe une nouvelle façon de voir son environnement, qui se révèle hostile, hypocrite ou insignifiant, et cela force une renégociation de sa façon d’y évoluer[Traumatisme] n’y est plus en contrôle de son propre destin, celui-ci est désormais sous l'emprise des autresParfois, cet empire peut aller jusqu'à influencer sa façon d'être, le regard des autres se collant progressivement à sa perspective introspectivejusqu’à questionner sa véritable nature.
  
-Les Affreux – Chloé Schmitt ;+**Des exemples notables :**
  
-Un accident cardio-vasculaire fait basculer la vie du personnage narrateur. Dépendant des autresil doit vivre les péripéties que ces autres personnages décident de vivre. L’isolement devient très pesant quand ses proches l’abandonnentIl sera alors logé par son frère alcoolique et violentConfiné à son rôle d’observateur, le personnage vit constamment le traumatisme de l’immobilité.+__Damien North dans //Un homme effacé// d'Alexandre Postel ;__ 
 +Damien North, un professeur d’université qui mène une vie solitaireest injustement visé par une accusation de pédophilie. Les gens deviennent méfiants envers lui. L’isolement et le rejet de son entourage le rendront vulnérableIncapable de prouver son innocence, il sera emprisonné jusqu'à ce que le véritable coupable se rende à la policeMême une fois innocenté et repris par ses proches, il n'arrive plus à vivre de la même façon, désormais conscient de l'hypocrisie de son entourage. Le traumatisme lui fait perdre la notion de vérité et de mensongece qui brouille le regard qu'il pose sur lui-même et la question de sa culpabilité ou de son innocence. Le doute est constamment présent : « Il avait failli tuer un homme en prison. […] il était semblable aux autres : violeurs, pédophiles […]. Était-il un homme dangereux ? De quoi était-il capable ? » (p. 207).
  
-Au piano – Jean Echenoz ;+Alexandre Postel, //Un homme effacé//, Paris, Gallimard, 2013, 256 p.
  
-Maxpianiste est tué violemment. Lévènement traumatique est en fait la mort. Il sera dirigé vers une espèce de purgatoireLe personnageune fois mortne peut plus décider de son sortCette rupture a lieu dans la deuxième partie du roman. Il ressuscite et se retrouve à Paris, barman dans un hôtel de passeÀ la fin, il comprend qu’il est en enfer. [Lors de son meurtre] « il lui vient à l’idée de crier, oh pas crier vraiment, crier juste un petit peu, sait-on jamais, pour la forme, si cela pouvait faire venir quelquun », « puis d’ailleurs à vrai dire voici qu’il s’abandonnequ’il aime mieux prendre le parti de se laisser aller, de se laisser faire, enveloppé soudain par une résignation presque confortable, presque honteusement voluptueuse, dans le renoncement à tout et la vanité de tout» (84)+__Nadia dans //Un cœur à l'étroit// de Marie Ndiaye ;__ 
 +Nadia et son mariAnge, sont professeurs dans une école primaire d’une petite communautéDu jour au lendemainle regard que leur entourage porte sur eux change drastiquement. On les insulte et on les rejette. Pour Nadiace revirement soudain - le comportement incompréhensible de ses proches et le regard qu'ils portent tout à coup sur elle - est l'événement de rupture qui changera son existence et son rapport au mondeTous ses repères habituels ne fonctionnent plus : elle perd la notion du temps et de l’espace, comme si elle se trouvait en plein cauchemarElle est en proie à un grave processus de défamiliarisation ; ses sens détectent toutes sortes de modifications autour delle (créant une impression d’inquiétante étrangeté). Si elle ne reconnaît plus sa ville ni son marielle a également du mal à reconnaître son fils
  
-Un cœur à l'étroit – Marie Ndiaye ;+Marie NDiaye, //Mon coeur à l'étroit//, Paris, Gallimard, 2007, 298 p.\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/mon_coeur_a_l_etroit|Documentation critique]]
  
-Nadia et son mari, Ange, sont professeurs dans une école primaire d’une petite communautéTrès soudainementle regard que leur entourage porte sur eux change drastiquementTout à coupon les insulte et les rejettePour Nadiale comportement insaisissable du corps social est en quelque sorte l’évènement traumatiqueLe regard que les autres portent sur elle et leur comportement influent alors grandement sur la vie du personnagequi perd possession de ses moyensElle ne se rendra même pas compte quelle est enceinte.+__Alphonse dans //Les Affreux// de Chloé Schmitt ;__ 
 +Un accident cardio-vasculaire fait basculer la vie d'Alphonse qui se retrouve du jour au lendemain complètement paralyséTraumatisme violent s'il en est uncet événement change du tout au tout son existence et son rapport au mondeIl est toutefoispar sa condition, extrêmement dépendant des autresSource de malaise chez ses proches qui ne parlent plus de lui qu'au passéil devient de plus en plus isolé au fur et à mesure que ceux-ci l'abandonnentAprès que sa femme ait découvert qu'il la trompait avant son accident et qu'elle abandonne du même coup son rôle d'aidanteil sera logé chez son frère alcoolique et violentDésormais confiné à un rôle dobservateur, l'homme paralysé vit constamment la douleur nouvelle de l’immobilité, de l'impuissance et de l'isolement.
  
-Compression – Nicolas Bouyssi ;+Chloé Schmidt, //Les affreux//, Paris, Albin Michel, 2012, 188 p.
  
-Traumatisme : La disparition de la sœur du personnage, un aveugle anonyme, dépendant de celle-ci par le fait de sa cécité, le plongera dans une grande détresseEn effet, celle-ci devait le rencontrer dans un café, mais elle n’est jamais venue. Commence alors une enquête dans laquelle le personnage n’a que peu de pouvoirétant donné sa situation physique. La recherche de sa sœur est en quelque sorte une expérience traumatisantebien que la réelle rupture vienne de l’évènement qu’est sa disparitionÉtant complètement subordonné au personnage de la sœurl’aveugle vit la rupture dans la perte de son seul repère : « Autant l'admettre : compte tenu de mon âge, de mes essais, de leur avortement, je ne serai jamais quelqu'un d'autonome. Ou bien c'est autre choseIl y a des habitudes que je n'ai pas acquises dans mon enfanceet les limites de mon émancipation dresseront toujours des bornes à l'existence des gens qui sont d'accord pour partager la mienne» (page 23)+__La jeune femme dans //Espaces// d'Olivia Tapiero ;__ 
 +Une jeune femme retrouve sa colocataire pendue dans sa chambreCet événement marque le début d'une longue errance; elle abandonne ses coursquitte son logement sans en chercher un autre et se réfugie en divers endroitsau gré de ses rencontres et de ses fuitesHantée par le visage de son ancienne colocataireelle vagabonde dans la ville en cherchant « un point d'ancrage » (quatrième de couverture) auquel s'accrocherCet événement la laisse comme dépossédée d'elle-mêmeelle finit par ne devenir qu'un regard (p96).
  
-Espaces – Olivia Tapiero ;+Olivia Tapiero, //Espaces//, Montréal, XYZ, 2012, 130 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#espaces|Orion]]
  
-Une jeune femme retrouve sa colocataire pendue dans sa chambrePar la suiteelle se réfugie un peu partout, chez qui veut bien la voirelle est constamment en fuiteombre d’elle-même. La vision traumatique mène directement le personnage vers un errance symptomatique de la rupture.+__Max dans //Au piano// de Jean Echenoz ;__ 
 +L'événement qui fait basculer l'existence de Max est plutôt radical : la mort, violente, qui plus estPianiste alcoolique dans la vie qu'il vient de quitteril se réincarne en Amérique du Sud puis se retrouve barman dans un hôtel de passe à Paris. Cette deuxième vie est gérée par Béliard qui prend toutes les décisions et fait appliquer les règles de la réincarnation. Lorsquereconnu par son ancien assistant, il se remet au piano (alors qu'il est interdit de reprendre une ancienne occupation)il se fait immédiatement ramener dans l'au-delà, entièrement soumis aux régulations de Béliard. Max soupçonne être en fait en enfer, pris dans cette réitération cruelle sur laquelle il n'a aucun contrôle
  
-Pour une dernière foisje m’abaisserai dans tes recoins – Patrick Drolet ;+Jean Echenoz//Au piano//, Paris, Éditions de Minuit, 2003, 224 p.\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/au_piano|Documentation critique]]
  
-Un homme est habité d’une phobie de sa propre mémoire qui n’est pas justifiée par un quelconque évènementSon comportement violent et impulsif n’est alors pas explicablebien qu’il soit probable qu’il suive un certain traumatisme. L’homme semble être contrôlé par une force invisible qui lui dicte ses actesbien que cette entité ne soit pas définie non plusLe traumatisme n’est pas décritles symptôme seuls le sont : “j'avais un acouphène qui dictait mes pas […]. Je ne sentais plus mes jambesje n'avais aucun contrôle sur celles-ci.” (p95), “Il y a quelques nuits… Ma nausée me dirigeait… ou ma mémoire… Il y avait quelqu'un qui me dictait mes actions… Je me souviens des gestes, mais pas de la personne qui les déclenchaient…” (p66)+__Blanche dans //Corps perdu// de Laurent Chabin ;__ 
 +Blanche est devenue enceinte à la suite de son initiation à la sexualité. Depuis cet événement déjà lointain, elle vit cloîtrée dans sa chambre, dans la maison de ses parents âgésCeux-ci l'y ont enfermée à l'adolescence dans l'espoir de dissimuler sa grossesse au voisinage et, subséquemmentde réfréner ses pulsions sexuelles malsainesEnferméela femme, d'un âge incertaincherche surtout à subvenir à ses besoins immédiats (nourriture, sexe, caresses...), condamnée à cette vie solitaire depuis l'incident adolescent.
  
-Le jour des corneilles – Jean-François Beauchemin ;+Laurent Chabin, //Corps perdu//, Montréal, Triptyque, 2008, 150 p.
  
-Coupé très jeune de la civilisationle personnage est handicapé par ce fait. Sa capacité langagière est extrêmement limitéeÀ la suite de l’accident de son père, qui le contrôle, il devra faire face au monde et se rendre dans le village le plus prèsou il sera incapable de communiquer avec les autres.+__L'homme aveugle dans //Compression// de Nicolas Bouyssi ;__ 
 +La disparition de la sœur de l'hommedépendant d'elle par le fait de sa cécité, le plongera dans une grande détresseCelle-ci devait le rencontrer dans un café, mais elle n’est jamais venueDe prime bord, cette absence inattendue lui fait perdre ses repères et l'abandonne dans un monde qui est difficile pour lui à interpréter. Cette disparition lui fait aussi connaître un aspect insoupçonné de sa sœur : la colocataire de cette dernière, engagée pour prendre soin de lui, la police qu'il alerte et l'ex-copain de sa soeur lui révèlent tour à tour les travers de son aînée qu'il avait pourtant toujours perçue comme un exemple de dévouement et de générosité. Peu à peu, l'hypocrisie et la sourde violence de leur relation fait surface. Non seulement l'homme se trouve-t-il soudain confronté à son mondemais il se voit en plus forcé de repenser la relation qu'il a entretenue avec sa soeur
  
-Vu d’ici – Mathieu Arsenault ;+Nicolas Bouyssi, //Compression//, Paris, P.O.L., 2009, 176 p.
  
-En suspens+__La mère dans //L'inconsolable// d'Anne Godard ;__ 
 +L'inconsolable, c'est une femme dont le fils s'est suicidé. Complètement refermée sur elle-même et sur son chagrin, ne pouvant ni oublier ni accepter cette mort, elle vit entièrement tournée vers le passé, au point de se couper de tous ceux qui l'entourent, y compris son mari et ses autres enfants toujours vivants. Elle se déconnecte du monde présent. Son action et son interprétation du monde sont constamment biaisées par le drame qu'elle vit et le chagrin qui en découle. La mère éplorée se complaît dans le malheur : « Tu as aimé sa mort tout de suite, tu t'y es sentie bien, comme si c'était enfin ta place, enfin le rôle qui t'attendait. Tu as aimé sa mort qui te le donnait tout entier, plus que tu n'aurais jamais pu aimer sa vie. […] il devait mourir pour que toi, sa mère, tu puisses le pleurer » (p. 134).
  
-Faire l'amour – Jean-Philippe Toussaint+Anne Godard, //L'inconsolable//, Paris, Éditions de Minuit, 2006, 160 p.
  
-La rupture relationnelle entre le narrateur et Marieson amoureuse, est clairement lévènement traumatique du romanL’errance du personnage en découlera. Se sentant impuissant, on pourra assister à une rupture actionnelle, le personnage a désormais un comportement inexplicable et incohérent, souvent très passif, contemplatif. Il démontre à plusieurs reprise son incapacité de passer à l’action : « Marie […) approchait ses lèvres très près de ma bouche et me demandait en tremblant pourquoi je ne voulais pas l’embrasser, et, la gardant dans mes bras, je répondais à voix basse en lui caressant les épaules et les cheveux pour l’apaiser que je n’avais jamais dit que je ne voulais pas l’embrasserque je n’avais jamais dit ça […] Mais je ne l’embrassais pasje ne me penchais pas vers elle pour l’embrasserpour la caresserla calmer et l’empêcher de pleurer […] Mais pourquoi tu ne m’embrasses pas alors? Et je ne répondis pas, je ne savais que répondreje me souvenais très bien de la réponse que je lui avais faite alors, mais je ne pouvais pas lui dire maintenant que je ne voulais ni l’embrasser ni ne pas l’embrasser après les instants dramatiques que nous venions de vivre [] Et pourtant Dieu sait combien j’avais envie de l’embrasser maintenant… » (p. 88-89)+__L'homme dans //Pour une dernière foisje mabaisserai dans tes recoins// de Patrick Drolet ;__ 
 +Ce cas en est un particulier dans le type du [Traumatisme]Si l'on soupçonne vraisemblablement un parcours correspondant à celui évoqué plus haut, le roman ne donne accès qu'à l'homme une fois changé par l'événement de rupture. Il est habité dune phobie dévorante de sa propre mémoiresans jamais justifier son origine. Puisqu'il est question d'une mémoire qui poursuitil ne semble toutefois pas exagéré de présumer un événement traumatisantde rupture : « Elle détourne la situationma mémoire détourne tout. C'est elle… c'est elle qui m'humilie… C'est à elle de demander pardon… Elle doit cesser de… Elle s'amuse à me réanimer des passages oubliés… […] je ne suis pas certainmais elleELLE le sait… VOUS COMPRENEZ… » (p. 53). Cette terreur a entraîné chez lui un comportement violent et impulsif; son projet est d'abattre sa mémoire, de la tuer.
  
-Visages retrouvés- Wajdi Mouawad+Patrick Drolet, //Pour une dernière fois, je m'abaisserai dans tes recoins//, Montréal, Druide, 2013, 128 p.
  
-Le jeune Wahad rentre chez lui le jour de son quatorzième anniversaire et ne reconnait plus les lieuxni l'aspect physique de sa soeur et de sa mère. À partir de cet évènementil soupe chez sa voisine et décide de ne plus rentrer chez lui, ayant peur de se faire gronder. L'errance du personnage découle de cette fugue initiale. Il a des visions d'une femme de bois qui pourrait représenter sa mère. Les symboles sont nombreux dans le récit. L'incohérence actionnelle du personnage est attribuable à ce nouveau milieuou au fait qu'il ne se souvienne plus du milieu dans lequel il a grandi car cela n'est pas expliqué clairement dans le récit« Qui est-elle? Est-ce que c’est ma sœur? Wahab ne pouvait pas tout à fait dire oui, mais le contraire aurait été surprenantSi cette femme n’est pas ma sœur, si l’autre, dans la cuisine, n’est pas ma mère, alors tout serait bouleversé dans la logique des choses : on laisserait une invitée seule à broder pendant que mon père, le chef de la famille, serait là, à regarder la télévision? Et ma mèrecensée s’occuper dun mari et de trois enfants, où est-elle passée? Que se passe-t-il? » (p.43)+__Émilie dans //Fugueuses// de Suzanne Jacob ;__ 
 +Émilie, mère de deux adolescentesest submergée par l'émotion lorsqu'elle aperçoit les attentats du 11 septembre 2001 à la télévision. Dès lorsune étrange maladie la frappe : elle semble absente et s'évanouit régulièrementCela l'oblige par la suite à quitter le foyer familial pour se rendre en clinique. Le moindre petit changement risque de la déstabiliser. Elle fuit la réalité en vivant par procuration grâce à la série télé //General Hospital//qu'elle écoute sans cesse. Elle dit d'ailleurs souvent que la vie est un cinéma duquel on ne peut pas se sortir. Suite au traumatisme causé par les attentats, Émilie s'enfonce de plus en plus et se coupe du réel.
  
-La société - Dan Franck+Suzanne Jacob, //Fugueuses//, Montréal, Boréal, 2005, 328 p.\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/fugueuses|Documentation critique]]
  
-Off vit dans un local à bicyclettes et parle de sa vie d'avantparfaitement normaleIl fait mention d'un accident qui a bouleversé sa vie: la mort de sa femme et ses enfants. Errant, oisif et malheureux, il se promène, par exemple, dans la ville avec un caddie. Il finit par se suicider à la fin du récit.Tout ces évènements sont attribuables au traumatisme de qu'a occasionné la mort de sa famille: « Peut-être aussi ne suis-je plus monté dans les étages du bâtiment D parce que les sous-sols me conviennent mieux, m’enferment dans une solitude sans ombresme réduisent à la portion congrue d’une existence défaite contre laquelle je ne peux rien» (p.92)+__Le fils Courge dans //Le jour des corneilles// de Jean-François Beauchemin ;__ 
 +Le fils Courge a vécu toute sa vie dans l'isolement totalvivant seul avec son père violent dans une cabane coupée de toute civilisationUn jour, son père a un accident et ils doivent se rendre au village. Ce premier contact avec le monde sera un point tournant de l'existence du fils Courge (ce n'est d'ailleurs qu'à ce moment qu'il apprendra son nom). Il apprend que sa capacité langagière ne lui permet pas de communiquer adéquatement avec le reste des gens et il découvre le sentiment amoureuxDe retour dans la forêt après le rétablissement de son père, il est pourtant irréversiblement transformé. Son amour l'attire vers la ville et déclenche chez lui une réflexion sur le sens de sa vie et sur la signification des sentiments. Incapable de recevoir de son père des réponses à ses questions concernant les émotionsle fils en vient à le tuer et à le dépecer dans l'intention de trouver où se cachent ses sentiments
  
-Le travail de l'huître - Jean Barbe+Jean-François Beauchemin, //Le jour des corneilles//, Montréal, Les Allusifs, 2004, 160 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#le_jour_des_corneilles|Orion]]
  
-Au XIXe siècle, Andrei, un jeune paysan sibérien qui avait préalablement le dessein de tuer le tsar Alexandre II, devient invisible suite à une blessure à la tête lors d'une réunion de conspirateursÀ partir de ce traumatisme, le personnage devient complètement coupé du reste du mondeIl ne peut plus communiquer avec personne et sa vie change en ce sens qu'il n'est plus un personnage à proprement parlerSans interactions possiblesil s'isolemais rencontre une jeune femme qu'il suit sans qu'elle ne s'en rende compteIl n'a plus aucune prise sur son existence, si ce n'est que « d’être condamné à n’exister que par lui-mêmeen lui-mêmesans jamais l’aumône dun regard ou d’un geste. » (49)+__La femme dans //Écoute la pluie// de Michèle Lesbre ;__ 
 +Une femme attend le métro pour rejoindre son amoureux. Elle pense à lui et a hâte d’être à ses côtésUn événement imprévu se produit alors : un vieil homme sur la quai lui souritpuis se jette sous le métroComplètement bouleversée, la femme s’enfuit et abandonne son rendez-vous amoureux. Seule, marchant dans les rues, elle se remémore plusieurs moments de sa relation amoureuse qui commence à battre de l'aile. Elle cherche à savoir qui est l'homme du métro ; elle a l'impression de porter en elle la vie de cet homme, entré dans la sienne pour en ressortir aussitôtUne chose est sûreelle ne l'oubliera jamaiscar elle sent que cet événement doit transformer sa vie, reconfigurer son existence : « Ce fou rire incongru n'était sans doute que l'effet de ma sidération devant la béance qu'avait ouverte l'homme du métroTu [son amoureux] étais sur l'autre riveinatteignable et cependant si proche. Je tenais de trouver une passerelle entre lui et toientre nous troisquelque chose d'infiniment ténu mais qui tisserait un lien que je pressentais confusément » (p. 83).
  
-Corps perdu - Laurent Chabin+Michèle Lesbre, //Écoute la pluie//, Montréal, Héliotrope, 2013, 102 p. 
  
-Une femme dont l'âge est incertain, nommée Blanche, vit cloîtrée dans la chambre de la maison de ses parents âgés. Ceux-ci l'y ont enfermée à l'adolescence dans l'espoir de dissimuler sa grossesse au voisinage et, subséquemmentde réfréner ses pulsions sexuelles malsainesBlanche est enfermée dans sa chambre pendant une bonne partie du roman et ses actions visent uniquement à satisfaire des besoins sensibles: nourrituresexecaressesodeursSon traumatisme vient probablement de cet enfermement et de son initiation malsaine à la sexualité par cet amant souvent évoqué.+__L'homme dans //Faire l'amour// de Jean-Philippe Toussaint ;__ 
 +La rupture du couple que formaient le narrateur et Marie crée une coupure difficile à vivre pour l'homme et il entamera dès lors une errance qui sera l'occasion de ruminer longuement ses pensées. La rupture le fait sentir impuissant et entraîne un comportement inexplicable et incohérentsouvent très passifcontemplatif, puis violentC'est l'événement qui le tétanise et brouille son rapport au monde et à lui-mêmealors qu'il passe d'une envie de jeter une fiole d'acide au visage de Marie à la simple constatation quepeut-êtreil ne l'aimait plusAprès la rupture, vient la remise en question : « Le jour se levait, et je songeais que c’en était fini de notre amour, c’était comme si je regardais notre amour se défaire devant moi, se dissiper avec la nuit, au rythme quasiment immobile du temps qui passe quand on en prend la mesure » (p. 83)
  
-Le cas Sneijder - Jean-Paul Dubois+Jean-Philippe Toussaint, //Faire l'amour//, Paris, Éditions de Minuit, 2002, 180 p.\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/faire_l_amour|Documentation critique]]
  
-Paul Sneijder est l'unique survivant d'un dramatique accident d'ascenseur dans lequel sa fille (issue d'un précédent mariage) a perdu la vieÀ la suite de cet évenement traumatiqueil se retire alors du monde (professionnel, social et conjugal)passant ses soirées enfermé dans son bureauen compagnie de l'urne funéraire de sa filleà lire des magazines sur les ascenseurs pour tenter de comprendre ceux-ciMalgré tout ce qu'il apprend sur leur fonctionnementil n'arrive toutefois pas à comprendre “pourquoi” sa fille est mortene trouvant aucun réconfort dans les statistiques et les probabilitésSon détachement des autres est lié au drame qui le hante. Il en vient à briser continuellement les codes de la sociabilité. Un schisme existe entre le personnage d'avant l'accident et celui d'après: « En vérité, je crois que ce sont les gens bien plus que les immeubles qui me posent problème[…] Depuis l’accident, depuis que je suis sorti du comaj’ai le sentiment d’avoir une perception plus affinée de la réalité. Comme si durant mon sommeil quelqu’un avait monté le son du vacarme du monde. Il me semble quil y a dans l’air quelque chose d’enfiévréd’hystérique. » (p. 61)+__Amy Duschenay dans //Le ciel de Bay City// de Catherine Mavrikakis ;__ 
 +Hantée par la mort, Amy sent que le passé de sa famille cache une tragédieElle la découvrira par hasard, trouvant au sous-sol les fantômes de ses grands-parents. Une fois le secret révélésa tante Babette lui révèle ses racines juives. Sa soeur Denise et ellecachées dans une famille catholiqueont échappé aux camps, mais quarante-huit membres de leur famille y sont morts. Amy comprend alors qu'elle porte en elle le souvenir de ses ancêtres ; sa douleurson obsession pour la mort lui viennent de son passé familialÀ partir du moment de la découvertesa tante charge Amy de sauver l'âme de ses grands-parents. Elle décide alors de brûler la maison pour que le passé disparaisse totalement. Toutefoiselle échappe malgré elle aux flammesAmy est en quelque sorte touchée d'un traumatisme transmémoriel : « seuls les corps dans les camps de concentration me semblent réelsJe sais bien que je répète le passé, qu'il s'inscrit dans mon corpsà même ma chairJe rejoue lamentablement l'holocauste » (p. 252).
  
-L'inconsolable - Anne Godard+Catherine Mavrikakis, //Le ciel de Bay City//, Montréal, Héliotrope, 2008, 204 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#le_ciel_de_bay_city|Orion]]\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/le_ciel_de_bay_city|Documentation critique]]
  
-L'inconsolablec'est une femme dont le fils s'est suicidé. Complètement refermée sur elle-même et sur son chagrin, ne pouvant ni oublier ni accepter cette mortelle vit entièrement tournée vers le passéau point de se couper de tous ceux qui l'entourenty compris son mariy compris ses autres enfants qui vivent encore. En étant entièrement refermée sur elle-même et tournée vers son passéce personnage se déconnecte du monde présent dans lequel elle vit. Son action et son interprétation sont constamment biaisées par le drame qu'elle vit et le chagrin qui en découle. On note la présence d'une complaisance dans le malheur de la traumatisée: “Tu as aimé sa mort tout de suitetu t'y est sentie biencomme si c'était enfin ta placeenfin le rôle qui t'attendaitTU as aimé sa mort qui te le donnait tout entier, plus que tu n'aurais jamais pu aimer sa vie[…] il devait mourir pour que toi, sa mèretu puisses le pleurer toujours.” (p134)+__Wahad dans //Visages retrouvés// de Wajdi Mouawad ;__ 
 +Le jeune Wahad rentre chez lui le jour de son quatorzième anniversaire et ne reconnait plus les lieuxni l'aspect physique de sa soeur et de sa mère :  « Qui est-elle? Est-ce que c’est ma sœur? Wahad ne pouvait pas tout à fait dire ouimais le contraire aurait été surprenant. Si cette femme n’est pas ma sœursi l’autredans la cuisinen’est pas ma mèrealors tout serait bouleversé dans la logique des choses : on laisserait une invitée seule à broder pendant que mon père, le chef de la familleserait làà regarder la télévision? Et ma mèrecensée s’occuper d’un mari et de trois enfants, où est-elle passée? Que se passe-t-il ? » (p43)À partir de cet évènementil soupe chez sa voisine et décide de ne plus rentrer chez luiayant peur de se faire gronderDe cette fugue initiale, Wahad commence son errance dans un monde qu'il ne reconnaît plus et remet tout en question
  
-Fugueuses - Suzanne Jacob+Wajdi Mouawad, //Visage retrouvé//, Paris / Montréal, Actes Sud / Leméac, 2002, 216 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#visage_retrouve|Orion]]\\ 
 +[[http://wikiauteurs.contemporain.info/doku.php/oeuvres/visage_retrouve|Documentation critique]]
  
-Émilie, mère de deux adolescentes (environ 13 et 16 ans), est submergé par l'émotion lorsqu'elle aperçoit les attentats du 11 septembre 2001 à la télévision. Dès lorsune étrange maladie la frappe: elle semble absente et s'évanouit régulièrement. Cela l'oblige par la suite à quitter le foyer familial pour se rendre en cliniqueLe moindre petit changement risque de la déstabiliser.Elle fuit la réalité en vivant par procuration grâce à la série télé General Hospitalqu'elle écoute sans cesseElle dit d'ailleurs souvent que la vie est un cinéma duquel on ne peut pas se sortir. Ainsi, cause de son traumatisme, le personnage d'Emilie s'enfonce de plus en plus.+__La jeune femme dans « Les mots des gorges » dans //Un renard à mains nues// d'Emmanuelle Pagano ;__ 
 +Une jeune femme est seule au bord de la mer. Elle regarde les baigneurs et repense à une rupture récente. Les perceptions de la jeune femmeainsi que sa compréhension du monde, sont brouillées. Elle est incapable de vivre le moment présent, ni même de le comprendre, car c’est l’homme qui l’a quittée qui accapare ses pensées. La vie se déroule devant elle, mais elle n'arrive pas à s'en saisir, toute entière à sa peine : « Je n’arrive pas à voir qui ils sont. De qui ils parlentPeut-être de luiPeut-être est-il làparmi ceux du bordJe pense si souvent à lui qu’il a le droit inouï de se trouver au centre de chaque conversation, parmi tous les riverains » (p. 17).
  
-Que la paix soit avec vous - Serge Joncour+Emanuelle Pagano, //Un renard à mains nues//, Paris, P.O.L., 2013, 352 p.
  
-Depuis un accident de travail qui l'profondément traumatiséle personnage principal s'est enfoncé dans l'oisiveté, passant le plus clair de son temps devant la télévisionmais cela ne suffit pas à lui redonner contact avec la réalité: « Parfois j'ai du mal à suivre, à cause de ce recul énorme que je prends en me couchant tard, la réalité s'assimile de plus en plus à une sphère inconnueComme sidu mondeje n'avais que les images et pas le son» (p.113Désoeuvrén'ayant pas payé son loyer depuis plusieurs moisl'homme s'intéresse particulièrement à la Guerre en Irak qui couve et se déroule sur l'écran comme un spectacle à grand déploiement.L'homme finit par être expulsé pour cause de défaut de paiement.+__Off dans //La société// de Dan Franck ;__ 
 +Off vit dans un local à bicyclettes et parle de sa vie d'avant. L'accident qui bouleversé sa viela mort de sa femme et ses enfants, ne lui plus jamais permis de retourner à une vie dite normaleErrantoisif et malheureuxil se promène dans la ville avec un caddie. La perte de sa famille l'a déconnecté de son existence et de son identité : « Qui suis-je si je n’y suis pour personne ? » (p. 201), dit-il. Depuisil se laisse aller à l'errance, incapable de trouver un sens à sa vie : « Si je fuis, je me fiche pas mal de l’endroit où j’atterriraiLe plus important, c’est de partir. Dans mon cas, arriver ne mène à rien. Et surtout, nulle part » (p.165).
  
-Écoute la pluie - Michèle Lesbre+Dan Franck, //La société//, Paris, Grasset, 2014, 240 p.
  
-Une femme attend le métro pour rejoindre son amoureux. Elle ne pense qu’à luielle a hâte d’être avec lui. Mais un événement imprévu se produit : un vieil homme sur la quai lui sourit, puis se jette sous le métro. Complètement bouleversée, le personnage s’enfuitabandonne son rendez-vous amoureux et se comporte de façon irrationnelle. Seule, marchant dans les rues, elle se remémore plusieurs moments de sa relation amoureuse qui d'ailleurs, commence à battre de l'aileElle cherche à savoir qui est l'homme du métro; elle a l'impression de porter en elle la vie de cet hommeentré dans la sienne pour en ressortir aussitôtUne chose est sûre, elle ne l'oubliera jamais, car elle sent que cet événement doit transformer sa vie. Elle parle en ces termes à son amoureux: « Ce fou rire incongru n'était sans doute que l'effet de ma sidération devant la béance qu'avait ouverte l'homme du métro. Tu étais sur l'autre riveinatteignable et cependant si proche. Je tenais de trouver une passerelle entre lui et toientre nous troisquelque chose d'infiniment ténu mais qui tisserait un lien que je pressentais confusément, quelque chose d'étrange provoqué par sa chute […]. » (p. 83).+__Andreï dans //Le travail de l'huître// de Jean Barbe ;__ 
 +Au XIXe siècle, Andrei, un jeune paysan sibérien qui avait préalablement le dessein de tuer le tsar Alexandre IIdevient invisible suite à une blessure à la tête lors d'une réunion de conspirateursÀ partir de cet événement on ne peut plus inusitéle personnage devient complètement coupé du reste du mondeIl ne peut plus communiquer avec les autres et sa vie change donc du tout au toutIl n'a plus aucune prise sur son existence, si ce n'est que « d’être condamné à n’exister que par lui-mêmeen lui-mêmesans jamais l’aumône dun regard ou d’un geste » (p. 49). 
  
-Le jeu continue après ta mort: Les carnets secrets de Thout' Nielsporteprince des jeux en ligne - Jean-Daniel Magnin+Jean Barbe, //Le travail de l’huître//Montréal, Leméac, 2008, 152 p.\\ 
 +[[http://orion.crilcq.org/#le_travail_de_l_huitre|Orion]]
  
-En 2039, Thout’ Nielsporte, un gamer prodigieux, est parvenu à créer la Pangée, un monde en ligne où la liberté est reine et la connection permanenteJalousie, envies de vengeance et enjeux financiers menacent la Pangée. Des gamers tombent dans le coma (dans la vraie vie) alors que leurs avatars sont “piratés” par d'étranges entités. Thout' Nielsporte est atteint, ce qui entraîne, à terme, la destruction de Big PizzaDans la vraie vieà laquelle il n'est pas du tout habitué ou adapté, Nielsporte essaie de comprendre ce qui à fait s'écrouler son rêve, sa création. La destruction de la plateforme Big Pizza a rendu Thout' Nielsporte complètement hagarddésemparé, démuni devant le monde réel et l'avenir qui s'étendent devant lui: « Mais ici bas, qui suis-je ? Où est passé mon caractère flamboyant qui avait pris de court tant de mes adversaires ? »+__Paul Sneijder dans //Le cas Sneijder// de Jean-Paul Dubois ;__ 
 +Paul Sneijder est l'unique survivant d'un dramatique accident d'ascenseur dans lequel sa fille a perdu la vieÀ la suite de cet événement traumatique, il se retire du monde professionnel, social et conjugal, passant ses soirées enfermé dans son bureau, en compagnie de l'urne funéraire de sa fille, à lire des magazines sur les ascenseurs pour tenter de comprendre ceux-ciMalgré tout ce qu'il apprend sur leur fonctionnement, il n'arrive toutefois pas à comprendre //pourquoi// sa fille est mortene trouvant aucun réconfort dans les statistiques et les probabilités. Un schisme existe entre l'homme d'avant l'accident et celui d'après : « En véritéje crois que ce sont les gens bien plus que les immeubles qui me posent problème. […] Depuis l’accident, depuis que je suis sorti du coma, j’ai le sentiment d’avoir une perception plus affinée de la réalité. Comme si durant mon sommeil quelqu’un avait monté le son du vacarme du monde. Il me semble qu’il y a dans l’air quelque chose d’enfiévré, d’hystérique » (p. 61).
  
-Le ciel de Bay City - Catherine Mavrikakis+Jean-Paul Dubois, //Le cas Sneijder//, Paris, Éditions de l'Olivier, 2011, 228 p.
  
-Amy Duschenay a grandi sous le ciel mauve de Bay City, et honte d'exister. Elle vit avec son onclesa tanteson cousin, sa mère - qui ne s'en occupe pas trop et lui préfère Angiesa soeur morte-née - et son petit frèreAmy, à sa naissance, a échappé à la mort de justesse et est depuis « condamnée à la vie » (p. 16). Les manies de sa mère et de sa tante, venues en Amérique après la Seconde Guerre mondiale, la forcent à vivre par procuration la guerre et les tragédies survenues avant sa naissance. Hantée par la mort, Amy sent que le passé de sa famille cache une tragédieUn jour de ménageelle découvre dans un cagibi au sous-sol deux vieillards, les fantômes de ses grands-parents. Bouleversée parce que sa nièce vient de découvrir son secret, sa tante Babette lui révèle ses racines juives. Babette et sa soeur Denise, cachées dans une famille catholique, ont échappé aux camps, mais quarante-huit membres de leur famille y sont morts. Amy comprend alors qu'elle porte en elle le souvenir de ses ancêtres; sa douleur, son obsession pour la mort lui viennent de son passéMalgré qu'elle soit née en Amérique bien après Auschwitz, les cadavres la hantent. Sa tante charge Amy de sauver l'âme de ses grands-parents. Elle décide alors de purifier sa vie par le feu et de brûler la maison pour que le passé disparaisse totalementToutefoiselle échappe malgré elle aux flammes. Malgré ce qu'on pourrait penser du souvenir que le personnage n'pas vécuelle est toutefois hantée par celui-ci à la manière d'un traumatisme postmémoriel: « Mon végétarisme cache aussi ma perte d'appétit. Avec le temps, je mange de moins en moins. Je suis devenue une vieille anorexique. Il y en a tant. Mastiquer est honteux et seuls les corps dans les camps de concentration me semblent réelsJe sais bien que je répète le passé, qu'il s'inscrit dans mon corpsà même ma chairJe rejoue lamentablement l'holocauste. » (p.252)+__L'homme dans //Que la paix soit avec vous// de Serge Joncour ;__ 
 +Un accident de travail profondément affecté l'homme quidepuis, s'est enfoncé dans l'oisivetépassant le plus clair de son temps devant la télévisionCela ne suffit pas à lui redonner contact avec la réalité : « Parfois j'ai du mal à suivre, à cause de ce recul énorme que je prends en me couchant tard, la réalité s'assimile de plus en plus à une sphère inconnueComme sidu mondeje n'avais que les images et pas le son » (p113)Désoeuvré, n'ayant pas payé son loyer depuis plusieurs moisl'homme s'intéresse particulièrement à la Guerre en Irak qui couve et se déroule sur l'écran comme un spectacle à grand déploiement. L'homme finit par être expulsé pour cause de défaut de paiementL'accident a placé l'homme dans une situation où il ne sait plus agirni interpréter le monde.
  
-Full of love - Richard Morgiève+Serge Joncour, //Que la paix soit avec vous//, Paris, Flammarion, 2006, 238 p.
  
-Gérard, âgé de quarante ans, est un grand timide. Il semble être traumatisé par des événements de son enfance dont il n'a jamais su se libérer : la mort de sa mère et le suicide de son pèreAinsiGérard est prisonnier de « son cinéma », soit des souvenirs et surtout des fantasmes qui surgissent à tout bout de champ dans son esprit: sexeadultère, sadomasochiste, scatophilie, viol, inceste, zoophilie, nécrophilieetc. À cause de son traumatismeGérard est prisonnier de ses fantasmes qui lui font sans cesse et de plus en plus perdre contact avec la réalité et foncièrement mésadapté aux relations humaines et amoureuses.+__Thout' Nielsporte dans //Le jeu continue après ta mort// de Jean-Daniel Magnin ;__ 
 +En 2039, Thout’ Nielsporte, un gamer prodigieux, est parvenu à créer la Pangée, un monde en ligne où la liberté est reine et la connection permanenteJalousieenvies de vengeance et enjeux financiers menacent la Pangée. Des gamers tombent dans le coma (dans la vraie vie) alors que leurs avatars sont « piratés » par d'étranges entités. Thout' Nielsporte est atteintce qui entraîne, à terme, la destruction de la Pangée. Dans la vie réelleà laquelle il n'est pas du tout habitué ou adaptéNielsporte essaie de comprendre ce qui a causé l'écroulement de son rêve, de sa création. La destruction de la plateforme a rendu Thout' Nielsporte complètement hagard, désemparé, démuni devant le monde réel et l'avenir qui s'étendent devant lui: « Mais ici bas, qui suis-je ? Où est passé mon caractère flamboyant qui avait pris de court tant de mes adversaires ? »
  
-Rouler Christian Oster+Jean-Daniel Magnin, //Le jeu continue après ta mort. Les carnets secrets de Thout' Nielsporte, prince des jeux en ligne//, Paris, publie.net, 344 p. [[https://www.publie.net/livre/le-jeu-continue-apres-ta-mort-i-jean-daniel-magnin/|L'oeuvre]].
  
-Le personnage de Jean erre un peu au hasard vers le Sud de la France parce qu'il a besoin de sentir que le monde autour de lui bougechangeCe sentiment que l'immobilité est intolérable semble provenir d'un événement traumatisantsoit la mort d'une femme qui, après l'avoir quitté, est décédée.+__L'homme dans « Tomber d'elle » dans //Un renard à mains nues// d'Emmanuelle Pagano ;__ 
 +Depuis sa rupture amoureuse, l'homme est incapable de recommencer sa vie et passe son temps à fouiller dans les poubelles, parfois pour vivre, mais souvent pour chercher des objets ayant appartenu à son ex-femme. Il erre dans cet état désastreux. Lorsqu’il dit avoir fini de « tomber »il travaille dans une usine de tri des déchetsNon seulement l'homme a perdu prise sur sa vie, mais surtout, il ne semble pas désirer autre chose que d’être parmi les déchets. Il ressasse sans arrêt ses souvenirs amoureux : « Je fais ce que personne ne veut faireparce que je ne sais pas quoi faire d’autre. Je n’ai envie de rien. J’ai envie de ce que personne ne veut. [...] J’ai toujours su merveilleusement écrirec’est ce qu’elle disait, mais dès que j’ouvrais la bouche je gâchais tout, ça tombait à plat, ça tombait n’importe comment et même l’embrasser je n’ai jamais su » (p. 118).
  
-Les mots des gorges (Nouvelle (Un renard à mains nues)) - Emmanuelle Pagano+Emanuelle Pagano, //Un renard à mains nues//, Paris, P.O.L., 2013, 352 p.
  
-Une jeune femme est seule au bord de la merElle regarde les baigneurs et repense à une rupture récente. Les perceptions de la jeune femme, ainsi que sa compréhension du monde, sont floués. Elle est incapable de vivre le moment présent, ni même de le comprendre, car c’est l’homme qui l’a quittée qui accapare ses pensées. La vie se déroule devant elle, mais elle ne pense qu’à sa peine: «Je n’arrive pas à voir qui ils sont. De qui ils parlent. Peut-être de lui. Peut-être est-il là, parmi ceux du bord. Je pense si souvent à lui qu’il a le droit inouï de se trouver au centre de chaque conversation, parmi tous les riverains. » (p.17)+.
  
-Tomber d'elle (Nouvelle (Un renard à mains nues)) - Emmanuelle Pagano+**C'est un peu trop extrapoler la catégorie, il me semble... Le traumatisme semble plus anecdotique que fondateur du parcours ?**
  
-Depuis sa rupture amoureusele narrateur est incapable de recommencer une nouvelle vie et passe son temps à fouiller dans les poubellesparfois pour vivremais souvent pour chercher des objets ayant appartenu à son ex-femmeMalgré ses études en lettresil erre dans cet état désastreux. Lorsqu’il dit avoir fini de «tomber»il travaille dans une usine de tri des déchets. Le narrateur ne semble pas avoir de prise sur sa vie, mais surtout, ne semble pas vouloir faire autre chose qu’être parmi les déchets. Il est complètement démotivé et se sent incapable.Il ressasse sans arrêt ses souvenirs avec son ancienne flamme«Je fais ce que personne ne veut faireparce que je ne sais pas quoi faire d’autreJe n’ai envie de rien. J’ai envie de ce que personne ne veut. […] J’ai toujours su merveilleusement écrirec’est ce qu’elle disait, mais dès que j’ouvrais la bouche je gâchais tout, ça tombait à plat, ça tombait n’importe comment et même l’embrasser je n’ai jamais su.» (p.118)+__Gérard dans //Full of love// de Richard Morgiève ;__ 
 +Gérard, âgé de quarante ans, est un grand timide. La mort de sa mère et le suicide de son pèretous deux vécus pendant son enfanceont marqué son imaginaire et il n'a jamais su s'en libérerAinsiGérard est prisonnier de « son cinéma », des souvenirs et surtout des fantasmes qui surgissent constamment dans son espritsexeadultère, sadomasochiste, scatophilie, viol, inceste, zoophilie, nécrophilie, etcÀ cause de son traumatismeGérard est prisonnier de ses fantasmes qui lui font sans cesse et de plus en plus perdre contact avec la réalité et foncièrement mésadapté aux relations humaines et amoureuses.
  
-Dondog - Antoine Volodine +Richard Morgiève//Full of love//ParisDenoël2004144 p.
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-La mort n'est qu'un passagedisent les chamanes. Après le décèsl'existence se poursuit comme avant. Simplementle monde paraît plus crépusculaire. Les gestes ralentissentl'intelligence décroîtla mémoire devient confuse. C'est ce qui arrive à Dondog, qui ne se rappelle que de quelques bribes de son enfance, durant l'extermination des Ybürs, la race dont il est issu. Dondog erre dans une ville futuriste anonyme, sombre, insalubre et mal famée à la recherche de Jessie Loo, une chamane qui devrait pouvoir l'aider à retrouver la mémoire et à comprendre pourquoi il veut se venger. La mort du personnage est ici l'évènement traumatique qui influe sur le récit.+
ranx/traumatisme.1482412582.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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