I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : Nathalie Léger
Titre : Supplément à la vie de Barbara Loden
Éditeur : P.O.L
Collection : Aucune
Année : 2012
Éditions ultérieures : Aucune
Désignation générique : Roman
Quatrième de couverture : Elle voudrait tout y mettre… une âme lucide et apeurée se dissimulant dans une autre, le grand jeu héroïco-comique du désastre intérieur, l'incapacité à dire non, à se fâcher, à refuser, un paysage de charbon, quelques larmes, une grande actrice.
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre : La narratrice est engagée pour écrire la notice du film Wanda, dans lequel joue Barbara Loden. Son intérêt s’avérera néanmoins grandissant, ne serait-ce pour le cas du personnage de Wanda, pour la vie de Barbara Loden et pour l'acte commis par Alma Malone, celle dont le film s'inspire.
Thème(s) : crime, mort, mal de vivre, jeu d'acteur, investigation
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Les personnages dans ce roman ne sont pas des personnages typiquement déconnectés, mais s'en approche. Les descriptions que l'on fait d'elles les montrent souvent comme des personnes ayant abandonnées ou ne se laissant guider que par un homme.
Appréciation globale : Un bon livre, très bien écrit.
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
On définit les personnages comme passifs. Leurs décisions sont plus souvent des indécisions.
LA MÈRE DE LA NARRATRICE
- La mère a des rêves, mais ne veut en vérité pas les réaliser : “qu'il ne fallait pas réveiller ces désires-là, il faut les laisser profondément ensevelis, loin de toute capacité, de tout risque de réalisation, il faut prendre soin de leur impossibilité” (p. 123)
BARBARA LODEN
- “Barbara Loden, à travers Wanda, ne montre qu'une seule chose : une femme qui fait la femme à fond, […] absente à elle-même, fuyante, ou cherchant à esquiver la contrainte, […] simulant pour s'échapper. Une femme à fond, une actrice. […] elle se constitue comme personne à travers Wanda. “J'ai été comme Wanda, sans direction dans ma vie. J'étais anesthésiée, injustifiée. Heureusement, Wanda n'était pas un rôle difficile pour moi parce qu'elle est tellement passive et que je me sens émotionnellement très proche d'elle.” (p.84)
WANDA
- Elle s'oppose au projet de son conjoint. Puis, on dit “il la prend contre lui, mais ça, vous allez le faire, comme s'il lui demandait d'accepter de vivre, jamais rien, peut-être, mais ça, oui” (p.114). Elle finit par laisser tomber ses propres intentions et plie.
- On parle encore de consentement, comme si la seule décision que ce personnage pouvait prendre était de consentir : “Wanda, son aptitue, la nôtre sans doute, notre folle capacité à craindre, à cesser de désirer et, sous couvert de consentir à l'amour, consentir à l'ennui et à l'amoindrissement, à la honte, consentir à la mort.” (p.117)
- Les critiques que Wanda reçoit, à sa sortie : “Une femme passive, soumise au désir d'un autre, et qui a l'air de prendre plaisir à son asservissement ! […] Elles voyaient dans Wanda une femme de l'indécision, de l'assujettissement, incapable d'affirmer son désir, qui ne portait aucune revendication, ne créait même pas de contre-modèle militant, pas de prise de conscience, pas de nouvelle mythologie de la femme libre. Rien.” (p.145)
ALMA
- La narratrice fait le lien entre Alma Malone et le Malone de Samuel Beckett en citant ces phrases : “Je serai quand même bientôt tout à fait mort.” et “Je serai neutre et inerte. Cela sera facile.” (p.91)
- On dit que son mari la divorce pour désertion : “elle était là, Monsieur le juge, mais elle n'était pas là” (p.91).
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)
Le protagoniste se sépare en trois figures : celui de Barbara Loden, l'actrice, celui de Wanda, le personnage de fiction, et celui d'Alma, la responsable du crime réel. Or, ces trois figures s'entremêlent pour souvent ne faire qu'une. La narration alterne constamment entre leurs vies et l'on en sait en fait très peu de celles qui est le seule personnage réellement présent (et vivant) : la narratrice. Elle est un personnage, certes, mais d'abord et avant tout le support de l'histoire de ces trois femmes.