Wiki – Laboratoire Ex situ / René Audet

Auteur : Laurent Chabin

Titre : Speranza

Éditeur : Coup de tête

Collection : –

Année : 2008

Éditions ultérieures : –

Désignation générique : Roman (sur la page de garde)

Quatrième de couverture :

« Robinson n'est pas seul sur son île. Il y traîne encore ses chaînes d'animal social, dont seules la peur et la démence parviendront à le libérer. Alors, roi absolu parmi les rats et les biques, il pourra devenir carnivore et redécouvrir le sexe. Mais les fantômes insouciants et torrides qu'il a créés, s'ils lui tiennent provisoirement compagnie, finiront par prendre sa place au soleil et par le reléguer dans l'ombre. Après Les territoires du Nord-Ouest, Laurent Chabin signe ici un autre Coups de tête d'une force fabuleuse. Reprenant le mythe de Robinson, il place la seule possibilité de survie dans le retour du naufragé à l'état sauvage, dans l'absence de tout désir de civilisation et dans la puissance corrosive du rêve.»

Résumé de l’œuvre : Un naufragé (que nous appellerons, comme le fait la quatrième de couverture, Robinson) vraisemblablement seul sur son île s'accomode très bien de la solitude : roi incontesté de la plage, de la forêt et d'un troupeau de chèvres, il se la coule douce. Toutefois, il lui est (comme au lecteur) parfois difficile de démêler la réalité et les hallucinations causées par le soleil. Quand un navire (réel ou non, je n'en suis pas tout à fait sûre) accoste sur son île et y laisse un homme, seul avec un fusil et une caisse, la haine l'aveugle et il le tue. Puis, le chasseur se sent chassé quand il aperçoit, sur la plage, une empreinte de pied… Il se terre pendant des jours dans sa caverne par peur des indigènes. Sa retraite prolongée le libère de ce qui lui collait au corps depuis son arrivée sur île : le regard de l'Autre. L'homme n'a plus aucune contrainte et, une fois la peur passée et la caverne délaissée, il glisse dans une débauche solitaire qui atteint son apogée lors de l'arrivée (probablement imaginaire) de Vendredi, jeune indigène qui devient l'esclave de Robinson. Puis apparaît Vendredie, une créature de rêve que Robinson veut garder pour lui seul. Mais Vendredi et Vendredie le narguent : leurs ébats constants confinent Robinson dans sa caverne et les deux créatures imaginaires finissent par prendre le contrôle de l'île.

Thème(s) : solitude, pouvoir, domination, folie.

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Le glissement du personnage dans la folie en fait un cas intéressant, mais pas extraordinaire, de rupture interprétative.

Appréciation globale : Vraiment pas la découverte de l'année… Le roman est vaguement scabreux, et l'incertitude constante (est-il seul? est-il fou?)rend son analyse un peu hasardeuse.

a) actionnelle :

- Logiques cognitives/rationnelles ou sensibles : le personnage perd par moments sa capacité à penser de façon rationnelle. Ses actions sont soit motivées par la peur (rester terré dans sa grotte, tuer les étrangers, etc.) ou par le désir de combler des besoins primaires(manger, dormir, copuler, etc.) Toutefois, il reste, même dans certains de ses délires, très analytique et se sert de sa logique, notamment pour garder Vendredi sous son autorité.

b) interprétative :

À quelques reprises, le personnage semble mal interpréter ce qu'il voit, par exemple une trace de pied dans le sable (vraisemblablement la sienne) qu'il croit être celle d'un indigène. Une scène de délire hallucinatoire vient aussi troubler sa perception du monde, mais est assez isolé du reste du récit.

Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)

Deux voix se relaient dans le roman : la première est celle du naufragé, la seconde semble être celle d'un narrateur hétérodiégétique (focalisation interne). Cette seconde voix est plus analytique, tandis que la première tombe visiblement dans le délire à de nombreuses reprises.