I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : Michel Houellebecq
Titre : Soumission
Éditeur : Flammarion
Collection : Aucune
Année : 2015
Éditions ultérieures : Aucune
Désignation générique : Roman
Quatrième de couverture :Dans un France assez proche de la nôtre, une homme s’engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l’enseignement, il s’attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu’à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.
Le talent de l’auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant; son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste.
Ce livre est une saisissante fable politique et morale.
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre : Le personnage de François, professeur de littérature à Paris, nous expose en tant que narrateur sa vision de la France de 2022. Le Front National de Marine Lepen et le parti Musulman sont aux côtes à côtes dans le deuxième tour de l’élection présidentielle. Les enjeux politiques, en filigrane du récit premier, serviront de toile de fond au quotidien banal de François. Le roman débute sur la description que se fait le personnage du métier et de la discipline littéraire, de l’université, de ses collègues. Il décrit aussi très exhaustivement les relations sexuelles et vaguement amoureuses qu’il entretient avec ses étudiantes au fil des semestres. Autour de lui, des ses collègues et de ses rares amis, se déroulent des évènements grandioses, dangereux et spectaculaires. (manifestations monstres, vandalisme, terrorisme…) Qui influeront un peu sur son comportement (il fuira brièvement la ville) mais pas sur son caractère impassible. Le roman met en contraste, jusqu’aux dernières pages, le gigantisme de la politique nationale avec le banal du quotidien individuel, avec pour seul lien entre les deux, le personnage de François. À la victoire du parti musulman, ce dernier perd son emploi, les institutions étant devenues religieuses et n’employant plus d’athées, mais il accepte sa situation très vite et de bonne grâce.
Thème(s) :Sexualité, fatalisme contemporain, politique, racisme, anti-sémitisme, islamisation, littérature, etc.
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix : L’impassibilité déconcertante du personnage, dès les premières pages, peut mettre sur la voie d’une analyse de la rupture. Le fait qu’il suive aussi à quelques reprises des pulsions parfaitement inexplicables confirme le choix.
Appréciation globale :J’ai adoré le roman. La projection temporelle est extrêmement bien réussie. Le personnage, malgré tout, est attachant. Ce sont surtout les thèmes, inspirés des préoccupations de société actuelles, qui m’ont plu.
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
Errance:
Le personnage semble suivre certaines pulsions, spécialement dans ses déplacement géographiques, qui restent nébuleux. Souvent, ces déplacements ont la fuite comme motif, mais les motivations sont quelques fois complètement inconnues. Le personnage décrit des intuitions « très vagues » ou parle d’instinct:
« Je n’avais aucun projet, aucune destination précise; juste la sensation, très vague, que j’avais intérêt à me diriger vers le Sud-Ouest. »
Indifférence:
Si un seul aspect devait décrire François, son impassibilité passerait avant tous les autres. Devant Paris, à feu et à sang, il reste de marbre et se déplace dans les rues avec un apparent sentiment de sécurité qu’on ne peut s’expliquer. Les bouleversements politiques majeurs n’ont pas plus d’effet sur lui. Devant la nouvelle de la fin de sa carrière, ou de la victoire du parti musulman, il garde une déconcertante sérénité. Il en va évidemment de même pour ses aptitudes relationnelles, amoureuses ou amicales.
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.
La rupture est résolument plus actionnelle qu’interprétative, étant donné que le personnage semble avoir une sur-compréhension du monde qui l’entoure. L’énigme réside dans son comportement, puisque celui-ci découle du fait que le personnage est constamment au dessus de la mêlé, peut-être à cause de sa connaissance des mécanismes de société.
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)
La forme est assez traditionnelle, mise dans le cadre du roman contemporain où le narrateur est personnage principal. Rien dans la poétique du roman ne laisse entrevoir une quelconque rupture dans le sens ou le temps.