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ranx:somnolences

Notice bibliographique : LAMONTAGNE, Patricia, Somnolences, Montréal, Triptyque, 2001, 125 pages.

Résumé de l’œuvre :

Quart de couverture (plus explicite que ne l'est le roman lui-même): « Alice travaille dans un camp de jour pour jeunes autistes. L'atmosphère y est souvent tendue, mais les liens qui se nouent tissent un univers hors du commun. Alice divague entre le rêve et l'action sans jamais accéder à l'un ni à l'autre. Qu'est-ce qui la maintient ainsi dans cet état de somnolence chronique ? Qu'est-ce qui la fige pour ainsi dire entre sa réalité immédiate et le désir de s'y soustraire ?

À la suite d'un évènement inattendu, Alice partira pour le « nord du nord », où elle confrontera ses délires insomniaques à la beauté du paysage. Héroïne du pays « vermeil », Alice évoluera alors sur un territoire fabulé, inédit. »

Alice nous raconte ses longues journées au camp Clic Clac et l'état de torpeur - qui ressemble à un état dépressif - dans lequel elle est plongée dès le matin. Quand Clara, une des enfants autistes dont elle s'occupe, tombe de la glissade et se rompt le cou, l'imagination d'Alice ne cesse de la tourmenter, ce qui semble la sortir un peu de son état de somnolence.

Narration : Autodiégétique

Explication : Alice nous raconte ses journées et nous livre ses réflexions sur la vie et sur le monde. Quelques passages semblent être des rêveries.

Personnage(s) en rupture : Alice

La narratrice se sent isolée du monde et fait tout ce qui est en son pouvoir pour conserver cette distance; elle ne laisse pas ces émotions prendre le dessus sur elle et ne laisse pénétrer aucune histoire extérieure dans sa tête. Elle n'a prise ni sur le monde ni sur elle-même ; ses pensées et ses gestes ne s'accordent pas. Dans un chapitre (« La maudite machine », p. 75-79), elle rêve même qu'un homme jouant à la console prend possession d'elle. Elle est alors réduite à un personnage de jeu vidéo. Sa vision du monde, du travail, des gens qui l'entourent, etc. est très négative.Elle relate essentiellement les moments désagréables de ses journées.

Le fait qu'elle travaille avec des enfants autistes est paradoxal. On ne comprend pas pourquoi quelqu'un qui cherche à s'isoler voudrait d'un travail aussi exigeant, qui implique d'établir des relations avec des individus difficiles d'accès…

Durant la majeure partie du roman, Alice s'identifie à l'épinette noire qui pousse au creux des parois rocheuses dans le Nord, isolée, et qui se nourrit avec très peu. Après la mort de Clara,la voix de fillette la hante. Rongée par ce qui ressemble à du remords, elle entreprend un voyage dans le Nord qui ouvre ses horizons. L'épilogue reprend le début d'Alice au pays des merveilles, au moment où Alice est assise dans un arbre. Dans le roman, cet arbre est une épinette dont Alice veut s'éloigner. On peut comprendre que le roman raconte le parcours de la narratrice vers une ouverture au monde..

A) Nature de la rupture : interprétative, actionnelle

Explication :

Interprétative : dans son travail auprès d'enfants autistes, Alice se trouve souvent incapable d'interpréter les gestes et les attitudes des enfants…

Actionnelle : …pourtant, Alice agit de façon parfois incompréhensible ou imprévisible (comme lorsqu'elle se penche sur les rails du métro ou qu'elle exhorte Clara à se lever alors que la fillette vient de se casser le cou en tombant d'une glissade..).

B) Origine de la rupture : psychique

Explication :

Psychique : L'isolement volontaire d'Alice, la somnolence qui s'empare d'elle dès son réveil et la scène au-dessus des rails du métro sont des indices qui me laissent penser que la narratrice est peut-être en dépression. Toutefois, un problème de santé mentale n'est jamais explicitement mentionné dans le texte.

C) Manifestations : affectives, postures passives

Explication :

Affectives : Alice évite de ressentir toute émotion et de se lier affectivement aux autres. La mort de Clara prouve qu'elle n'est toutefois pas à l'abri de la peine ou du remords. De plus, elle a de la difficulté à communiquer des émotions; elle copie les mimiques des enfants autistes (ce qui est plutôt paradoxal…)

Postures passives : Alice ne se sent pas en contrôle d'elle-même (voir citations). Elle rêve d'ailleurs qu'un homme prend le contrôle d'elle grâce à la manette d'un jeu électronique.

D) Objets : relation aux autres

Explication : Alice limite volontairement son lien affectif avec les autres, ses proches comme les enfants avec qui elle travaille.

E) Manifestations spatiales : ...

Lieux représentés : le parc. le camp de jour, l'appartement d'Alice, le Nord.

Explication : Mis à part le voyage dans le Nord, très bref, qui semble être une révélation pour Alice, les lieux ne jouent pas un rôle particulièrement important dans le récit.

F) Citations pertinentes :

p. 15 : « Tous ceux qui ont une emprise sur leur entourage me fascinent. Comment font-ils pour manier quelque chose ou dealer avec quelqu'un ? Moi, je ne sais pas comment, j'arrive à peine à déposer le matin les racines d'un corps réfractaire à ce qui, en même temps que le soleil, s'annonce. […] Je suis le résultat insensé d'une équation où une pensée et un geste ne donnent plus aucune congruence. Un décalage entre les deux - auquel s'ajoute un absence totale de conviction - m'éloigne toujours davantage de mon point de départ. »

p. 24 : « Une émotion, ça me fait penser à un grand bol au fond duquel il y aurait plein de vers de terre qui grouillent et qui s'empilent les uns par-dessus les autres pour survivre. Ouach! c'est dégueulasse, et ça ne me donne rien de plus que de la fragilité. […]Je ressemble à un ancien cellophane qui n'adhère plus à la surface du monde. J'installe de constantes doses d'écart entre moi le reste. Et le reste, c'est ce qui reste sans moi.»

p. 67 : « Lorsque je me réveille, c'est toujours pareil, mes yeux s'ouvrent très grands pour regarder au loin le plus loin possible; il y a le ciel, des nuages, il y a surtout un horizon. Avides, mes yeux se projettent au-delà de cette mince ligne. […] L'horizon est dorénavant bien en deçà de mes attentes. Mon regard s'éteint, il se vide. Je me laisse aller vers cette gravité qui semble être l'unique moi. […] [Mes paupières]réinscriront la même lassitude; mes yeux, mi-clos mi-ouverts, pendant toute la journée, demeureront incapables de reconnaître ce qui se trouve devant moi. »

ranx/somnolences.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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