Fiche de lecture
1. Degré d’intérêt général
Un roman monologué fort bien maîtrisé et d’une subtile profondeur. C’est le fin observateur des consciences humaines et de leurs drames que l’on (je, en tout cas) apprécie chez Mauvignier.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Laurent Mauvignier
2.2 Titre : Apprendre à finir
2.3 Lieu d’édition : Paris
2.4 Édition : Minuit
2.5 Collection : —-
2.6 (Année [copyright]) : 2000
2.7 Nombre de pages : 127 pages
2.8 Varia : deuxième œuvre de l’auteur avec mention générique roman.
3. Résumé du roman :
Le roman est un long monologue intérieur qui raconte, du point du vue d’une femme mère de famille, l’obsédante tentative de reconquête d’un mari qui revient affaibli à la maison. De la scène initiale du retour de l’homme en ambulance jusqu’à sa réhabilitation, c’est la pensée d’une femme jalouse, offerte et nostalgique d’un passé défunt qui dévoile les faits. Deux types d’éloignement entre les personnages forment la prémisse du récit féminin : l’amante soupçonnée du mari et la guerre vécue par ce dernier qui ne sera jamais racontée. Mais l’éloignement est plus profond, plus violent. Pour réapprendre à vivre sans l’homme qui repartira sans doute, on comprend avec peine qu’il faudra apprendre à finir, et ce malgré la peur de l’abandon et Philippe, le fils aîné, qui comprend trop la tromperie de son père. Apprendre à finir cette relation trouble que l’on connaîtra progressivement à travers les réminiscences de la narratrice, fragilisée devant la perte, non pas d’un amour, mais d’une sécurité qu’elle conçoit comme essentielle.
4. Singularité formelle : Des marques de césure – quelques-unes seulement, mais qu’on remarque – pour insérer du discours rapporté à l’intérieur du monologue. Forme moderne (monologue, césure, ellipse…) mais retour du récit (on raconte quand même une histoire).
5. Caractéristiques du récit et de la narration : Le mode monologique forme l’entièreté du roman – un seul monologue, celui d’une femme – sans toutefois tomber dans l’incompréhension propre à l’immédiateté des perceptions (comme exploré par les nouveaux romanciers). Les phrases sont souvent longues : utilisation de la virgule. Le ton est intime. La narration est soit rétrospective soit prospective, mais jamais au présent. La narration est très visuelle : utilisation de la focalisation interne dans la description spatiale.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple
6.2- Multiple
6.3- Complexe
6.4- Proliférante
6.5- Tramée
6.6- Diluée : L’intrigue est noyée dans l’univers textuel. Il s’agit essentiellement d’un long monologue intérieur formé d’analepses et de prolepses. On en dit plus que ce qui se passe. Type de texte qui présente un degré de narrativité moindre.
6.7- Embryonnaire
6.8- Implicite
6.9- Figurale : Certains éléments de l’histoire ne sont jamais mentionnés (ex : le personnage est éboueur), il sont suggérés soit par des successions de gestes, soit par des hypothèses sur ce que pense la narratrice (de ce qu'elle pense qu'il pense…), soit par une courte description des lieux.
6.10- Anti-narrativité
6.11- Instrumentale
6.12- Suspendue : Le roman se termine sur une supposition. En vélo sur le chemin du retour, la femme se disait : «je vais le voir, lui, à la maison, je ne dirai rien, rien, on ne parlera pas, je poserai les courses dans les placards, le frigo […] Je n’aurai pour lui que le regard qu’on traîne sur les photos quand on passe le chiffon dessus, c’est tout.» Nous ne connaissons pas le dénouement de l’histoire, nous ne savons pas si l’homme est resté ou la femme bien rentrée. On suppose un retour normal à la banalité du quotidien comme le souhaite la narratrice. Soulignons le c’est tout comme une fatalité, comme si jamais il n’y avait eu d’histoire notable à raconter.
7. Rapport avec la fiction
Nous sommes plus dans le virtuel que dans la fiction. Le quotidien et la mémoire occupent une place centrale dans le récit. Pas de marques autobiographiques non plus.
8. Intertextualité
9. Élément marquant à retenir