Notice bibliographique : Paule Mackrous, Patty O’Green, [En ligne]. http://patty0green.wordpress.com/(site consulté le 9 juillet 2012).
Résumé de l’œuvre :
Blogue qui raconte des anecdotes sur la vie d'une jeune cowgirl urbaine. Le personnage de Patty est une fille qui a le sens de l'humour et de l'auto-dérision et qui se dévoile à moitié. Patty est un personnage, quoique l’auteure semble s’inspirer de sa propre vie. Dans la description de son projet, l'auteure se présente comme une avatar. Il est difficile de déterminer ce qui relève de la fiction, mais le recours aux codes du country-western donne une teinte plus proche de l’invention aux récits (tout est country dans l'univers de Patty, ce qui est peu vraisemblable en soi à moins que l'on habite sur un ranch – cette teinte country tend à s'estomper dans les derniers billets). On semble être en présence d’un univers fantasmé. Les brèves aventures de Patty vont de l'excursion de camping à l'achat d'une brosse qui fait pousser les cheveux, de l'allaitement au malaise social de marcher dans la rue, des difficultés de rédaction d'une thèse à l'habitude d'adresser des clins d'oeil à des inconnus dans le métro. Ces anecdotes sont transmises au lecteur sous forme de textes courts, agrémentés d'animations plutôt rudimentaires (par exemple, le mot “huge” tournoie sur lui-même au beau milieu d'un texte) servant à créer une accentuation et à dynamiser le texte. Le style employé est simple, souvent vernaculaire et humoristique. Les textes sont archivés par mois, mais aussi par catégories («fait de l'auto-dérision», «feel country», «ne veut pas de toi», «remixe la culture», etc.). L'esthétique du blogue reprend l'apparence des anciens interfaces internet avec de gros pixels, les couleurs dans les tons de gris. Cela donne au blogue un côté à la fois vintage et geek, puisque l'on revisite la vieille esthétique (!) d'internet.
Présentation du blogue : «Une célébration de la vie (tout en résistant un peu à l’abandonnement des valeurs transcendantes). Un rythme, une mélodie, une chanson in progress. Une avatar qui recherche désespérément un peu de sensualité et de romantisme dans le creux de votre oreille. Une exploration, un prolongement, un essai. Une image, malgré le texte, avant toute chose. Une fascination pour tout ceux que les gens ne désirent pas. Une prothèse, une anamnèse, une étude. Un intérêt marqué pour les jeux de séduction entre les grandes personnes. Les couleurs de la jalousie, de la guérison et de l’Irlande. Un dégoût profond pour les situations dans lesquelles il n’y a pas d’amour. Un blog, du Media Litteracy, de la remix culture. Un amour fou mais conditionnel (ou conditionnel à la folie) pour la culture numérique. Un banjo, des bottes de cowboys et des films cultes. Un penchant naturel pour l’auto-dérision. Des histoires avortées, une théorie de la déclaration d’amour et…la cosmologie d’une avatar.» («À propos de Patty»)
Narration : autodiégétique (autofiction)
Explication : Personnage-auteur qui raconte ses propres aventures, qui se raconte et s'intéresse au quotidien
Personnage(s) en rupture : Patty O'Green
A) Nature de la rupture : fictionnalisation de soi
Explication : Paule Mackrous s'est créé un personnage inspiré du dessin animé Rainbow Brite, Patty O'Green. Cela peut témoigner/expliquer la teneur ludique de l'univers de la blogueuse. À cela, il faut ajouter la teinte country qui est donnée à ce même univers de fiction. Cela passe l'habillement de la narratrice (bottes, chapeau, franges), par son instrument de musique (le banjo), par son attrait pour la nature, les voyages sur la route, le franc parler (une cowgirl est un peu rustre par moments – à la Calamity Jane : Patty affirme fréquemment qu'elle se fiche de la mode «Fuck la mode»). Tous ces éléments contribuent à romancer le personnage et de son univers un espace cohérent, esthétisé et orienté en vue de créer un monde à part entière.
B) Origine de la rupture : mondaine
Explication : Le personnage se présente souvent en rupture avec le monde dans lequel il évolue : sur le plan des valeurs, des idées, des tendances. Elle cherche à se re-définir, à se penser autrement : «je fais partie d’une race particulière, et beaucoup plus répandue qu’on ne pourrait le croire, de COWGIRLS modernes qui ne luttent pas pour prendre possession d’un territoire. Leur combat perpétuel repose plutôt sur la réappropriation de leur corps de manière intime et singulière, mais aussi sociale et politique. Leur lutte ne peut pas être la revendication d’un droit, parce qu’un droit, c’est une “permission”. Leur pouvoir sur leur corps ne repose pas, comme le territoire, sur une juridiction! C’est un duel avec la nature humaine pour la reconnaissance de leur propre humanité» (16 avril 2012).
C) Manifestations : assimilation fictionnelle de soi
Explication : La narratrice se représente par l'entremise d'un personnage de bande-dessinée et ajoute une autre couche de fictionnalisation en se empruntant les traits de la cowgirl moderne.
D) Objets : identité
Explication : C'est principalement l'identité qui est visée puisqu'elle se soumet à une transfiguration identitaire.
E) Manifestations spatiales : contraste ville/campagne
Lieux représentés : ville, campagne, route Explication : la narratrice vit principalement en ville et elle raconte ses escapades en campagne (voir cette bande-dessinée où la narratrice fait la rencontre d'une vieille doctorante alors qu'elle s'arrête près d'une grange: http://patty0green.wordpress.com/2011/08/31/un-set-de-granges-etranges-partie-1/