Fiche de lecture
1. Degré d’intérêt général
Quête: nada.
Diffraction: oui, Récits de Médilhault pourrait tout aussi bien être un roman éclaté qu'un recueil de nouvelles.
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Legault
2.2 Titre : Récits de Médilhault
2.3 Lieu d’édition : Québec
2.4 Édition : L'instant même
2.5 Collection : -
2.6 (Année [copyright]) : 2007 [1994]
2.7 Nombre de pages : 157 p.
2.8 Varia : Aucune indication générique, ce qui n'est pas exceptionnel pour les recueils de nouvelles de L'instant même.
3. Résumé du roman
La Troisième Guerre mondiale a eu lieu, cette fois entre les pauvres et les riches. Ces derniers l'ont emporté et imposent leur loi au reste de la population, dont la plus grande partie est cloîtrée dans les villes, interdite de lecture et de référence au passé, condamnée à exercer les métiers “traditionnels” (restaurateur, teinturier, menuisier, etc.). Les rares hors-la-loi à posséder encore des livres sont traqués et plus personne n'écrit à la main, tout se passe sur des écrans contrôlés par le Protecteur, autorité suprême de cette société proche du Moyen Âge par sa structure, mais imprégnée de technologie. D'un texte à l'autre, dans les Récits de Médilhault, le lieu et l'époque changent (du début à la fin du XXIe siècle) de manière désordonnée, un personnage en croise un autre, disparaît, revient quelques textes plus loin où il rencontre un nouveau personnage, jusqu'à former une véritable “communauté de destins” (Judy Quinn, “Fiction”, dans Nuit blanche, no 107 (2007), p. 14), bref un recueil de nouvelles très homogène ou bien un roman très éclaté.
4. Singularité formelle
Le recueil est divisé en 13 textes dont les titres sont tous très courts et formés uniquement du nom d'un personnage (à l'exception du dernier: “Cent”).
5. Caractéristiques du récit et de la narration
Hétérodiégétique dans la plupart des récits, homodiégétique dans quelques-uns. À un seul endroit, le narrateur hétérodiégétique s'immisce étrangement dans l'histoire avec une phrase un peu sortie de nulle part (à mon avis): “Ou du moins, c'est ce que je veux croire. ”(p. 84).
Les Récits de Médilhault, que François Belleau, dans Lettres québécoises, qualifie d'“elliptiques”, participent tous à la création d'un univers commun oppressant et primitif, ils s'imbriquent de façon volontairement imparfaite, laissant entre eux des interstices considérables qui font travailler notre imagination. Les différentes trames narratives partagent aussi certains personnages, ce qui augmente la tentation de les considérer comme un tout plutôt qu'individuellement. Toutefois, l'absence d'ordre chronologique entre les récits complique un peu cette tâche et rend nécessaire un réassemblage des différentes générations de personnages, une certaine reconstitution événementielle qui demeurera forcément incomplète.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.5- Tramée
Justifiez : Même si le cadre temporel varie, ce sont les mêmes personnages qui se croisent d'un récit à l'autre, à différents moments de leur vie. Le premier texte raconte Big enfant, à la ville. Le troisième raconte Kin et Kiev jeunes, eux aussi habitant la ville mais ne connaissant pas Big. Dans le dernier, Big et Kiev, devenus adultes sont tous deux des compagnons d'exil au bout du monde.
7. Rapport avec la fiction
Même phrase qu'au point 5: “Ou du moins, c'est ce que je veux croire.” Et je n'ai toujours aucune explication.
8. Intertextualité
Même s'il est souvent question de la lecture et de l'écriture dans Récits de Médilhault, peu de livres sont mentionnés. Notons tout de même Germinal, Capital et Kamouraska. Les films de Chaplin font aussi quelques apparitions récurrentes, c'est d'ailleurs grâce à eux qu'un des personnages atteint d'une grave malformation apprend à rire.
9. Élément marquant à retenir
L'hybridité entre recueil de nouvelles et roman ; l'univers parcellaire ainsi créé.