Chez Paul Ricoeur la mise en intrigue constitue en fait l'opération de configuration de l'expérience temporelle vive (donc l'expérience temporelle en tant que phénomène perçu par la conscience d'un sujet donné). Cet acte est étroîtement lié au concept de Mimesis, lequel opère en trois étapes bien distinctes (préfiguration, configuration, refiguration). La mise en intrigue est davantage étudiée dans le second tome de Temps et Récit, où l'on apprend que c'est notamment par grâce à elle que le récit de fiction diffère du récit historique, puisqu'elle permet l'élaboration d'un « monde du texte », lequel constitue une expérience fictive du temps. La mise en intrigue dans et par le récit de fiction permet par conséquent de juxtaposer, lors de l'acte de lecture, deux strates, deux expériences temporelles bien distinctes : l'expérience temporelle vive (donc « réelle », c'est-à-dire telle que perçue par le sujet) et l'expérience temporelle fictive (celle qui, grâce à la mise en intrigue, est configurée en un « monde du texte »). Notons cependant que, selon Ricoeur, ces deux strates temporelles ne s'opposent en rien, mais se comlpètent plutôt l'une l'autre et constituent chacune un aspect spécifique du Temps.
Fiche de lecture
Temps et Récit 2. La configuration du temps dans le récit de fiction