1. Propriétés du personnage
Ses caractéristiques physiques
Tess: Elle a 32 ans, mesure environ 5 pieds et 4 pouces, a les cheveux bruns et les yeux bruns (questionnaire de la page 28 à 30). Selon sa propre description, à la page 54, elle a un look qui plaît aux intellos et aux artistes: « Je suis plutôt anguleuse et j'ai l'air bête…» Pour les inconnu, comme le voisin, elle « a toujours l'air en criss…» (p. 122)
Jude: Il a lui aussi 32 ans, il mesure un peu moins de 6 pieds, a les cheveux et les yeux bruns et possède un style vestimentaire « Armée du Salut » (questionnaire de la page 115 à 118).
Ses caractéristiques psychologiques
Les deux personnages principaux sont lâches et l'assument totalement. Tess, bien qu'elle ne se décrive pas énormément, est une narratrice qui livre beaucoup de ses caractéristiques psychologiques à travers ses commentaires et ses digressions : « si le lecteur nous connaissait un peu mieux, il saurait que de notre point de vue une décision est grave par définition, que c'est quelque chose qu'on évite comme la peste […] On n'a jamais accompli quoi que ce soit, on n'est jamais allés nulle part et la plus légère dérogation à nos petites habitudes nous amène au bord du désespoir […] On ne se refera pas, il est trop tard rendu à nos âges, même que ça devrait aller en empirant. » (p. 25)
Elle a l'humour noir et jette un regard plutôt blasé sur le monde : « Et je me connais assez pour savoir qu'avec mes vingt-cinq heures je suis à l'extrême limite de ce que je peux supporter. […] Je sais, je suis une petite nature et au moment où on se parle il y a des Chinois en Chine qui bossent dix-huit heures par jour à cinquante cennes de l'heure pour qu'on ait des belles cochonneries dans nos dollorama, mais c'est complètement hors sujet. » (p. 41)
Malgré que la partie écrite par Jude soit courte, le questionnaire suffit pour exposé son flagrant manque d'ambition et son besoin de routine:
« 23. Où te vois-tu dans dix ans ? Ici. 24. Quels sont tes buts dans la vie ? Aller passer deux mois en Pennsylvanie. […] 45. Que regrettes-tu le plus ? Je ne fais pas assez de choses pour avoir l'occasion d'en regretter. » (p. 116-117)
Tess répond elle aussi que dans dix ans, elle se voit à la même place et que son but dans la vie est d'aller à Bird-in-hand.
Ses caractéristiques relationnelles
Tess et Jude sont liés. Ils ne se présentent pas comme des amoureux, ni comme des frères et soeurs, mais tout simplement comme faisant partie l'un de l'autre : « Là où je voulais en venir c'est que Jude fait partie de moi autant que mon oreille droite, que mon nez et que mes cinq-six gallons d'eau…» (p. 74) Leur relation est fusionnelle au point où Tess, dans son énumération de personnages, compte leur duo comme une seule personne: «ce récit ne compte que 3 personnages : 1. Jude et moi ; 2. Sébastien Daoust ; 3. le voisin (et encore là, c'est plutôt un figurant). » (p. 94) Avec tous les autres personnages du roman, par contre, Tess exprime un assez grand détachement. Elle écrit parfois ressentir de la culpabilité par rapport à Sébastien Daoust, mais cela ne dure pas : « J'ai affirmé plus haut que je ne me tenais pas pour la dernière des salopes, mais à ce moment précis j'avais de sérieux doutes à ce sujet. De manière tout à fait irrationnelle, j'ai pensé que je me sentirais un peu moins minable face à Sébastien si je donnais une autre chance à son oeuvre. […] Oh! Et puis zut! Je n'y arrive pas. Il semble bien, après out, que je vais demeurer la dernière des salopes. » (p. 108-109)
Jude ne s'exprime pas beaucoup par rapport à ses relations. La majorité de celles-ci se font à distance. Il a des connaissances à travers son jeu en réseau, ce qui finit par lui faire rencontrer son voisin. Et il est amoureuse d'une fille au manteau blanc, qu'il observe à distance.
Le cadre dans lequel il évolue
Au début, ce cadre est extrêmement restreint dans le cas de Jude, qui ne travaille pas et reste dans son appartement de Grand-Mère toute la journée. Pour Tess, le cadre s'étend jusqu'au Subway où elle travaille à temps partiel. L'ordinateur leur offre une illusion d'ouverture sur le monde, grâce à Google. « Faire du tourisme en pantoufles convenait parfaitement à notre nature. » (p. 24) À partir du moment où ils achètent une voiture, ils vont de plus en plus loin et voient leurs déplacements comme des aventures audacieuses: « On en revenait tout simplement pas de se trouver en train de boire dans un établissement dont on ignorait l'existence en se levant le matin. On n'avait pas tout à fait ajouté cent kilomètres au compteur de la Monte Carlo, et pourtant cela nous étonnait presque que les gens parlent notre langue et acceptent notre argent. En tous cas, on se trouvait audacieux quelque chose de rare. » (p. 137)
Son rôle dans l'action
Tess s'affirme clairement comme auteur et elle le précise à plusieurs reprises. Jude, lui, a un rôle moins assumé. Il écrit un texte de 4 pages, parce que le mandat lui a été donné. Il suis plutôt Tess et fait ce qu'elle lui dit de faire. C'est elle qui trouve l'argent et qui la dépense. Malgré sa lâcheté, elle est la plus active des deux protagonistes.
Son discours
Le niveau de discours n'est pas particulièrement soigné, on remarque plusieurs marques d'oralité ou des expressions anglaise comme « anyways » (p. 114)Pour la partie de Jude, Tess donne des indications sur le ton de discours à employer « j'ai pris l'habitude de dire “on” à la place de nous, ce qui est limite fautif et me cause toutes sortes de problèmes d'accord, mais enfin ça m'est venu naturellement, alors continue comme ça, pour le meilleur et pour le pire. » (p. 113) Par contre, la structure du discours est régie par les indication de Fisher dans son livre de conseils pour les romanciers, que Tess essaie de suivre. Son discours est ainsi coupé de digressions, de commentaires humoristiques ou de commentaires précisant la fonction romanesque d'un extrait de texte particulier. Elle s'adresse également à un lecteur fictif.
Constante dans son comportement
La plus grande constante dans leur comportement est la paresse assumée et l'abandon au moindre obstacle. « Ma soeur dit que si le mot “velléitaire” n'avait pas existé, il aurait fallu l'inventer spécialement pour nous. » (p. 37) « moi, qui suis si paresseuse que c'en est invraisemblable.» (p. 59) « On est trop lâches pour donner un coup de collier, on est trop impatients pour économiser, on est trop pleutres pour dévaliser une banques et on est trop cons pour monter une arnaque, ça fait qu'on a décidé de se tourner vers l'État…» (p. 75) « (au mot “effort” j'ai vu son visage se décomposer, mais je ne me suis pas laissé attendrir) » (p. 78) « Voilà qui ne m'aide pas beaucoup, mais de toute façon je n'ai jamais aimé qu'on me mâche l travail. (Je n'oserais jamais répéter cette dernière phrase branchée à un polygraphe.) » (p. 99) « pour du monde comme nous autres qui n'a pas coutume de se projeter dans le futur (à quoi bon ? notre vie est aussi répétitive que les motifs d'un papier peint)… » (p. 104) « On a toujours géré les problèmes comme ça : on les ignore en espérant qu'ils finissent par se régler d'eux-mêmes. » (p. 173) « Je pense qu'elle [Steve]commence à nous connaître : elle sait qu'on ne fera jamais rien. » (p. 180)
Identité et désignations
Les deux narrateurs (Tess et Jude) écrivent au «on» ou au «je». Tess se désigne comme auteur du livre à plusieurs reprises. Ils bâtissent leur identité rapidement à l'aide du questionnaire, malgré que Tess ne donne que les réponses et pas les questions.
Passé/hérédité
Le lecteur connaît peu de chose à propos des familles et du passé des personnages. Tess a une soeur. Jude, lui, a un frère et un père, qui n'était pas fier de ses résultats scolaires quand il était jeune.
Situation, classe sociale, métier
Tess travaille à fabriquer des sous-marins chez Subway. Jude ne travaille pas, il est sur le bien-être social.
Psychologie fixe ou évolutive
La psychologie de ces deux personnages est plutôt fixe. On croit voir une évolution lorsqu'ils achètent la voiture, mais ils sabotent eux-même leur plan. La réponse de la soeur de Tess m'apparaissait assez révélatrice du caractère fixe de la psychologie de Tess et Jude:
«- Parce c'est vrai. Vous ferez pas de voyage en Pennsylvanie, ni ailleurs, et vous ferez rien d'autre non plus. Comment je te dirait ça?… Jude pis toi, pris individuellement, vous seriez un boulet pour n'importe qui, mais ensemble vous êtes comme deux boulets attachés l'un à l'autre, tu comprends?[…] - si je saisis bien tu acceptes de nous rendre service parce que t'es certaine que t'aura pas à le faire ? - Ça ressemble à ça.» (p. 155)
2. Textualisation des procédés de caractérisation
Focalisation
Focalisation interne du point de vue de Tess et, très brièvement, de Jude.
Narration
Il s'agit d'une narration autodiégétique, assumée, chacun leur tour, par Tess et Jude.
Discours
Direct
Niveaux de langue
Le niveau de langue est familier. On retrouve des marques de l'anglais, du régionnalisme et de l'oralité.
Identification
Les personnages son en général désigné par leur prénom, à l'exception du voisin qui est identifié comme «le voisin».
Introduction (première occurrence)
Tess apparaît avant même que le texte commence, lorsqu'il est écrit que la première partie sera «par Tess». Le lecteur sait alors le nom de la narratrice. Jude est alors nommé dès la première phrase. Une description beaucoup plus étoffée de Tess est donnée au chapitre 4 «Présentation de l'auteure (parce qu'il faut faire les choses correctement)» (p. 27 à 31).
Scène de révélation/dissimulation/travestissement, qui mène à une identification normale, fausse, empêchée, différée
Les questionnaires «Aidez vos amis à mieux vous connaître en cinquante questions » sont particulièrement révélateurs au sujet de Tess et de Jude. Par contre, celui de Tess ne comprend pas les questions. La compréhension du questionnaire est alors retardée, puisque les questions ne sont écrite que 90 pages plus tard.
À part de ces questionnaires, les personnages de Document 1 se donnent carrément. Ils se cernent facilement et ne changent pas. Tess va beaucoup se livrer à travers ses commentaire entre parenthèses ou entre crochets. Ces passage permettent de comprendre la vision de Tess sur les autres et sur elle-même. Les dialogues mis en scène, notamment avec la soeur de Tess permettent, eux, de saisir la perception extérieur des deux personnages principaux.