Outils pour utilisateurs

Outils du site


fq-equipe:kim_leppik_bilan_2.2_juin_2008

Différences

Ci-dessous, les différences entre deux révisions de la page.

Lien vers cette vue comparative

Les deux révisions précédentesRévision précédente
Prochaine révision
Révision précédente
fq-equipe:kim_leppik_bilan_2.2_juin_2008 [2010/06/29 13:38] manonfq-equipe:kim_leppik_bilan_2.2_juin_2008 [2018/02/15 13:57] (Version actuelle) – modification externe 127.0.0.1
Ligne 22: Ligne 22:
 Vu le statut « éclaté » des genres narratifs, il est très difficile de parler de sous-genres majeurs. Je crois qu’il serait beaucoup plus prudent de parler d’enjeux majeurs que de sous-genres majeurs. Qu’est-ce que « genre » veut dire quand il s’agit du contemporain ? On pourrait certainement prétendre que   l’ « autofiction », la « nouvelle fiction » et le « nouveau, nouveau roman » constituent des sous-genres. Cependant, que faire des « fictions critiques » ? Des « vies imaginaires » ? D’ailleurs, ce dernier se promène dans le discours critique sous plusieurs noms différents (« biographies imaginaires », « biofictions », « biographie, roman », « fictions biographiques », « biographies imaginaires », « essais-fictions », « romanesques sans roman », « vies imaginaires contemporaines », « récits transpersonnels »).  Vu le statut « éclaté » des genres narratifs, il est très difficile de parler de sous-genres majeurs. Je crois qu’il serait beaucoup plus prudent de parler d’enjeux majeurs que de sous-genres majeurs. Qu’est-ce que « genre » veut dire quand il s’agit du contemporain ? On pourrait certainement prétendre que   l’ « autofiction », la « nouvelle fiction » et le « nouveau, nouveau roman » constituent des sous-genres. Cependant, que faire des « fictions critiques » ? Des « vies imaginaires » ? D’ailleurs, ce dernier se promène dans le discours critique sous plusieurs noms différents (« biographies imaginaires », « biofictions », « biographie, roman », « fictions biographiques », « biographies imaginaires », « essais-fictions », « romanesques sans roman », « vies imaginaires contemporaines », « récits transpersonnels »). 
  
-Pour les questions de nature analytique, je me permets d’en faire la synthèse, et cela, parce qu’encore une fois il n’est pas facile de démêler les réponses. Prenons encore une fois l’exemple de la fiction critique : représente-t-elle une certaine relation de la littérature contemporaine avec l’Histoire et/ou la Modernité? Ou bien s’agit-il un concept que la critique a construit afin d’expliquer cette relation? Un sous-genre? Un mode narratif? Il me semble que cette impossibilité de catégoriser la littérature contemporaine représente l’une de ses spécificités. Ces questions seraient intéressantes à creuser dans la prochaine étape de la recherche.+Pour les questions de nature analytique, je me permets d’en faire la synthèse, et cela, parce qu’encore une fois il n’est pas facile de démêler les réponses. Prenons encore une fois l’exemple de la fiction critique : représente-t-elle une certaine relation de la littérature contemporaine avec l’Histoire et/ou la Modernité? Ou bien s’agit-il d'un concept que la critique a construit afin d’expliquer cette relation? Un sous-genre? Un mode narratif? Il me semble que cette impossibilité de catégoriser la littérature contemporaine représente l’une de ses spécificités. Ces questions seraient intéressantes à creuser dans la prochaine étape de la recherche. 
 + 
 +=== Relations à la modernité ===
  
 Bien que la critique littéraire s’inquiète de l’avenir de la littérature française narrative (Forest, P.  Le Roman, le réel : un roman est-il encore possible ? ;  « L’Avenir de la fiction », Nouvelle Revue Française n°561 ; « Où va la littérature française ? », La Quinzaine Littéraire n°s 532, 711 & 712, etc.), la littérature elle-même se penche plutôt sur son passé et, plus spécifiquement, sur ses relations avec la modernité. Alors que plusieurs chercheurs avancent l’argument peut-être trop aisé que, par définition, il ne peut y avoir de fin à la modernité (le principe qui conduit la modernité est celui de la rupture, la rupture que constitue la postmodernité ne serait donc que la continuation paradoxale de ce principe...), force est de constater qu’au début des années 1980, la littérature française se transforme profondément. Les derniers critiques structuralistes disparaissent, l’avant-garde voit sa fin. Il semble que tout se joue pour défaire le travail de la modernité, afin de sortir de l’impasse créative qu’a entraînée la dénonciation de la représentation par les Telqueliens, parmi d’autres (Lebrun et Prévost : Nouveaux territoires romanesques). Ainsi le sujet, le récit et le réel réapparaissent au sein de textes des mêmes écrivains qui ont éveillé le soupçon à leur endroit (plusieurs Nouveaux Romanciers — Sarraute, Duras, Simon, Robbe-Grillet — ainsi que Philippe Sollers, fondateur de la revue Tel Quel, publient des textes de nature autobiographique dans les années 1980...) Mais ce n’est pas contre la modernité que travaillent les écrivains contemporains, ni avec la volonté de retourner à un état prémoderne ou d’oublier l’ère de soupçon de la transitivité de la littérature. Ils travaillent plutôt avec la modernité, ils entrent en dialogue avec elle (Viart). Autrement dit, entre la fiction de la modernité et la fiction contemporaine, il ne s’agit pas d’interdit, mais d’interface.  Bien que la critique littéraire s’inquiète de l’avenir de la littérature française narrative (Forest, P.  Le Roman, le réel : un roman est-il encore possible ? ;  « L’Avenir de la fiction », Nouvelle Revue Française n°561 ; « Où va la littérature française ? », La Quinzaine Littéraire n°s 532, 711 & 712, etc.), la littérature elle-même se penche plutôt sur son passé et, plus spécifiquement, sur ses relations avec la modernité. Alors que plusieurs chercheurs avancent l’argument peut-être trop aisé que, par définition, il ne peut y avoir de fin à la modernité (le principe qui conduit la modernité est celui de la rupture, la rupture que constitue la postmodernité ne serait donc que la continuation paradoxale de ce principe...), force est de constater qu’au début des années 1980, la littérature française se transforme profondément. Les derniers critiques structuralistes disparaissent, l’avant-garde voit sa fin. Il semble que tout se joue pour défaire le travail de la modernité, afin de sortir de l’impasse créative qu’a entraînée la dénonciation de la représentation par les Telqueliens, parmi d’autres (Lebrun et Prévost : Nouveaux territoires romanesques). Ainsi le sujet, le récit et le réel réapparaissent au sein de textes des mêmes écrivains qui ont éveillé le soupçon à leur endroit (plusieurs Nouveaux Romanciers — Sarraute, Duras, Simon, Robbe-Grillet — ainsi que Philippe Sollers, fondateur de la revue Tel Quel, publient des textes de nature autobiographique dans les années 1980...) Mais ce n’est pas contre la modernité que travaillent les écrivains contemporains, ni avec la volonté de retourner à un état prémoderne ou d’oublier l’ère de soupçon de la transitivité de la littérature. Ils travaillent plutôt avec la modernité, ils entrent en dialogue avec elle (Viart). Autrement dit, entre la fiction de la modernité et la fiction contemporaine, il ne s’agit pas d’interdit, mais d’interface. 
 +
 +=== Posture dialogique ===
  
 C’est en effet cette posture dialogique (entre le présent et le passé, entre l’héritage et la modernité, entre la réflexion et la fiction, entre l’histoire et l’imaginaire, et aussi bien entre le sujet et l’autre) qui caractérise peut-être le mieux la littérature de nos jours (Viart : « Écrire au présent : l’esthétique contemporaine »). Ces multiples « retours » qu’on y remarque en sont indicatifs : retours « au sujet », « au récit » ou « au narratif », « au réel », « à la représentation », « à la fiction », « à la transitivité ». Mais il n’est surtout pas question d’un retour naïf : « Cette transitivité est le plus souvent une transitivité critique : si le sujet revient c’est comme question, non comme affirmation tonique ; si le réel est objet de littérature c’est avec une conscience lucide des vicissitudes et des déformations de la représentation. » (ibid., p. 333)  C’est en effet cette posture dialogique (entre le présent et le passé, entre l’héritage et la modernité, entre la réflexion et la fiction, entre l’histoire et l’imaginaire, et aussi bien entre le sujet et l’autre) qui caractérise peut-être le mieux la littérature de nos jours (Viart : « Écrire au présent : l’esthétique contemporaine »). Ces multiples « retours » qu’on y remarque en sont indicatifs : retours « au sujet », « au récit » ou « au narratif », « au réel », « à la représentation », « à la fiction », « à la transitivité ». Mais il n’est surtout pas question d’un retour naïf : « Cette transitivité est le plus souvent une transitivité critique : si le sujet revient c’est comme question, non comme affirmation tonique ; si le réel est objet de littérature c’est avec une conscience lucide des vicissitudes et des déformations de la représentation. » (ibid., p. 333) 
Ligne 36: Ligne 40:
 Ce désir et cette urgence narratifs naissent alors du lieu même de leur mise à mort, contre la défense de raconter qui a atteint son apogée avec les écritures expérimentales et formalistes des années 1970. Mais le narrateur ne revient pas innocemment : il garde le souvenir de sa mort et, par conséquent, sa fonction change profondément. Le narrateur ne raconte plus, il enquête : les écrivains semblent montrer une volonté d’interroger le passé comme origine et/ou repoussoir du présent. Ce renouvellement d’intérêt historique revitalise le récit et valorise la fonction narrative. Comme le souligne Viart, la fonction narrative n’est plus désormais une « fonction » : elle devient « le lieu même de questionnement, non seulement le lieu à partir de quoi le questionnement procède, mais aussi bien souvent celui sur lequel il s’exerce. » (« Fictions en procès ») Cette pression et cette « indécidabilité » narratives  font éclater la configuration du romanesque, qui dorénavant « semble porteur d’une légère schizé : simultanément, il produit de la fiction et surligne cette production, énonce du romanesque et le dénonce comme tel. »  (Blanckeman : Les Récits indécidables, p. 17) Ce désir et cette urgence narratifs naissent alors du lieu même de leur mise à mort, contre la défense de raconter qui a atteint son apogée avec les écritures expérimentales et formalistes des années 1970. Mais le narrateur ne revient pas innocemment : il garde le souvenir de sa mort et, par conséquent, sa fonction change profondément. Le narrateur ne raconte plus, il enquête : les écrivains semblent montrer une volonté d’interroger le passé comme origine et/ou repoussoir du présent. Ce renouvellement d’intérêt historique revitalise le récit et valorise la fonction narrative. Comme le souligne Viart, la fonction narrative n’est plus désormais une « fonction » : elle devient « le lieu même de questionnement, non seulement le lieu à partir de quoi le questionnement procède, mais aussi bien souvent celui sur lequel il s’exerce. » (« Fictions en procès ») Cette pression et cette « indécidabilité » narratives  font éclater la configuration du romanesque, qui dorénavant « semble porteur d’une légère schizé : simultanément, il produit de la fiction et surligne cette production, énonce du romanesque et le dénonce comme tel. »  (Blanckeman : Les Récits indécidables, p. 17)
  
-Accusée de narcissisme et de nombrilisme, et déclarée morte, la littérature française narrative cherche, me semble-t-il, à se relégitimer. Elle révèle une quête d’origines qui se joue à plusieurs niveaux : le personnage, le narrateur, le genre romanesque, la littérature française, l’écrivain et l’être humain font enquête pour reconstituer – ou pour faire advenir par le seul acte d’écrire, de raconter –  leurs origines. +Accusée de narcissisme et de nombrilisme, et déclarée morte, la littérature française narrative cherche, me semble-t-il, à se relégitimer. Elle révèle une quête d’origines qui se joue à plusieurs niveaux : le personnage, le narrateur, le genre romanesque, la littérature française, l’écrivain et l’être humain font enquête pour reconstituer – ou pour faire advenir par le seul acte d’écrire, de raconter –  leurs origines. 
 + 
 +=== Valeur === 
  
 Sur la question de la valeur de cette littérature, il n’y a bien sûr pas d’accord dans la critique. Pour cela, j’ai choisi de citer Littérature et mémoire du présent de Tiphaine Samoyault, un petit essai traitant de cette question d’une manière que je trouve très juste : Sur la question de la valeur de cette littérature, il n’y a bien sûr pas d’accord dans la critique. Pour cela, j’ai choisi de citer Littérature et mémoire du présent de Tiphaine Samoyault, un petit essai traitant de cette question d’une manière que je trouve très juste :
fq-equipe/kim_leppik_bilan_2.2_juin_2008.1277833112.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

Donate Powered by PHP Valid HTML5 Valid CSS Driven by DokuWiki