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Différences
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Grand Prix du Journal de Montréal 1996 (La Démarche du crabe ) | Grand Prix du Journal de Montréal 1996 (La Démarche du crabe ) | ||
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+ | LECLERC, Rachel, Noces de sable, Montréal, Boréal, 1995, 224 p. (Roman) ; Boréal compact, 2011, 222 p. (Roman) | ||
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+ | Baie des Chaleurs, 1835. Gabriel Foucault va mourir dans sa belle demeure anglo-normande. Il dévoile à son fils, Victor, sa jeunesse dans ce village de pêcheurs où la dette envers les maîtres se transmet d’une génération à l’autre. Mais il y a surtout le souvenir de Catherine, la fille de Richard Thomas, le riche marchand dont l’esprit et la loi règnent sur le village. Venue là pour un été, elle a lié son destin au jeune Gabriel, le plus insoumis des garçons de la place. | ||
+ | |||
+ | « L’écrivain a su, dès son premier roman, faire naître et vivre un monde issu de sa vision singulière de la condition humaine. Les ‘‘noces de sable’’ sont celles qui unissent les humains et la mort. Elles ont leur terrible beauté. » | ||
+ | Réginald Martel, La Presse | ||
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+ | « Excellente, l’histoire ; riches, les personnages et le rythme narratif : envoûtant. » | ||
+ | Jacques Allard, Le Devoir | ||
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MAJOR, André, La vie provisoire, Montréal, Boréal, 1995, 240 p | MAJOR, André, La vie provisoire, Montréal, Boréal, 1995, 240 p | ||
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Un homme a laissé sa femme, son métier de journaliste, | Un homme a laissé sa femme, son métier de journaliste, | ||
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+ | MONETTE, Hélène, Unless, Montréal, Boréal, 1995, 190 p. (Roman) | ||
+ | MONETTE, Hélène, Unless, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2004, 202 p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | Dans le monde en marche, dans la ferveur sans motif, autour du sourire de la misère, dans l’auréole des colères, au bord de l’inacceptable, | ||
==== 1996 ==== | ==== 1996 ==== | ||
ARCHAMBAULT, | ARCHAMBAULT, | ||
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Bourse Thyde Monnier de la Commission des Prix de la Société des Gens de Lettres de France 1996 (La Vie entière ) | Bourse Thyde Monnier de la Commission des Prix de la Société des Gens de Lettres de France 1996 (La Vie entière ) | ||
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+ | RICARD, François, Gabrielle Roy. Une vie, Montréal, Boréal, version reliée ; cahiers, photos, 1996, 648 p. (Biographie) / | ||
+ | RICARD, François, Gabrielle Roy. Une vie, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2000, 680 p. (Biographie) | ||
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+ | «Tout écrivain devrait avoir la chance de trouver un François Ricard pour raconter sa vie, et pour la raconter avec un tel sens de la dignité et de l' | ||
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+ | Prix Drainie-Taylor 1999 (Gabrielle Roy. Une vie) | ||
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+ | Prix Jean-Éthier Blais de critique littéraire 1997 (Gabrielle Roy. Une vie) | ||
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+ | Prix Maxime-Raymond 1999 (Gabrielle Roy. Une vie) | ||
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RIVARD, Yvon, L’Ombre et le Double, Montréal, Boréal, 1996, 240 p. (Roman) | RIVARD, Yvon, L’Ombre et le Double, Montréal, Boréal, 1996, 240 p. (Roman) | ||
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Il faut lire sans hésiter Les Aurores montréales. Pour apprivoiser l’atrocité. Pour attiser la fureur. Pour savourer le bonheur d’une écriture souveraine aux portes de la barbarie. Enfin parce que ces nou¬velles s’ajustent de manière à former un livre, ce qui n’est pas toujours évident quand on rassemble des ¬histoires dont chacune soutient si facilement sa propre unité. | Il faut lire sans hésiter Les Aurores montréales. Pour apprivoiser l’atrocité. Pour attiser la fureur. Pour savourer le bonheur d’une écriture souveraine aux portes de la barbarie. Enfin parce que ces nou¬velles s’ajustent de manière à former un livre, ce qui n’est pas toujours évident quand on rassemble des ¬histoires dont chacune soutient si facilement sa propre unité. | ||
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+ | HÉBERT, Bruno, C’est pas moi, je le jure ! Montréal, Boréal, 1997, 198 p. (Roman) | ||
+ | HÉBERT, Bruno, C’est pas moi, je le jure ! Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2008, 200 p. (Roman) | ||
+ | C’est pas moi, je le jure ! étonne par sa fraîcheur et sa verve, par sa vision du monde de l’enfance, | ||
+ | Marie-Claude Fortin, Voir | ||
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+ | On a peine à croire que C’est pas moi, je le jure ! est un premier roman, tant la langue est sûre, agile, l’action bien conduite, les personnages convaincants. Bruno Hébert ne l’a pas écrit à la sortie du cégep. Il a lu, il a vécu. C’est pas moi, je le jure ! n’est pas seulement un remarquable premier roman ; c’est l’un des meilleurs romans de la saison. | ||
+ | Gilles Marcotte, L’actualité | ||
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+ | Prix des libraires du Québec 1998 (C'est pas moi, je le jure!) | ||
+ | Prix littéraire Association France-Québec Philippe-Rossillon 1998 (C'est pas moi, je le jure!) | ||
==== 1998 ==== | ==== 1998 ==== | ||
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Une troupe de comédiens sillonne la Nouvelle France au milieu du XVIIIe siècle. L' | Une troupe de comédiens sillonne la Nouvelle France au milieu du XVIIIe siècle. L' | ||
+ | |||
+ | SEGURA, Mauricio, Côte-des-Nègres, | ||
+ | SEGURA, Mauricio, Côte-des-Nègres, | ||
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+ | Leurs parents sont nés en Haïti, au Chili, au Vietnam. Eux sont nés ici, portés par des rêves qui ne sont pas les leurs. Ils parlent français avec un accent du Québec, mais leur vie n’est pas celle des autres enfants de Montréal. Ce premier roman de Mauricio Segura va au-delà de l’aspect documentaire pour rendre la musique de la langue de ces jeunes, pour exprimer la détresse de ces adolescents, | ||
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==== 1999 ==== | ==== 1999 ==== | ||
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+ | BISMUTH, Nadine, Les gens fidèles ne font pas les nouvelles, Montréal, Boréal, 1999, 236 p. (Nouvelles) | ||
+ | BISMUTH, Nadine, Les gens fidèles ne font pas les nouvelles, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2001, 240 p. (Nouvelles) | ||
+ | Y a-t-il des gens fidèles? Qui n’a jamais trahi de sa vie? Qu’il s’agisse de nos premières amours ou de nos plus grandes passions, de l’amour que l’on doit à ses parents ou d’une aventure d’une nuit, on a tous un jour oublié, cessé d’aimer, menti. On a tous vécu cet instant impondérable où l’amour s’éclipse ou s’évanouit à jamais. Ces nouvelles sont autant d’instantanés qui captent le moment précis où le conte de fée dérape, où la belle histoire se met à fausser, où la réalité tourne en dérision nos illusions et nos idéaux. Nadine Bismuth donne ici une première œuvre qui révèle un étonnant tempérament d’écrivain, | ||
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+ | « Une réussite spectaculaire. Nadine Bismuth a un talent fou. On ne peut que saluer l’arrivée d’une jeune écrivaine qui a une telle richesse d’écriture, | ||
+ | Robert Lévesque, Radio-Canada | ||
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+ | Prix Adrienne-Choquette 2000 (Les gens fidèles ne font pas les nouvelles ) | ||
+ | Prix des libraires du Québec 2000 (Les gens fidèles ne font pas les nouvelles ) | ||
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CARPENTIER, André, Gésu Retard, Montréal, Boréal, 1999, 256 p. (Roman) | CARPENTIER, André, Gésu Retard, Montréal, Boréal, 1999, 256 p. (Roman) | ||
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La Fuite immobile est un roman grave et beau, où le je domine totalement. Un roman qui, du même souffle, fait réfléchir et émeut. Un roman qui, à un autre niveau, est aussi une tentative de réhabilitation de l’individu, | La Fuite immobile est un roman grave et beau, où le je domine totalement. Un roman qui, du même souffle, fait réfléchir et émeut. Un roman qui, à un autre niveau, est aussi une tentative de réhabilitation de l’individu, | ||
Réginald Martel, La Presse | Réginald Martel, La Presse | ||
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+ | COURTEMANCHE, | ||
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+ | Bernard Valcourt est journaliste. Il a été témoin de la famine en Éthiopie. Il a vu la guerre au Liban. Il n’a plus rien à apprendre au sujet de l’horreur dont les hommes sont capables. Et c’est par désœuvrement qu’il accepte, au début des années 90, de se rendre au Rwanda pour mettre sur pied un service de télévision. Un dimanche à la piscine à Kigali retrace de façon saisissante l’histoire récente du Rwanda et parvient à faire comprendre les mécanismes du génocide mieux que tous les bulletins de nouvelles. | ||
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+ | Prix de la Cadière d'Azur 2004 (Un dimanche à la piscine à Kigali) | ||
+ | Prix des libraires du Québec 2001 (Un dimanche à la piscine à Kigali) | ||
+ | Prix Hommage du public du Prix des libraires du Québec 2008 (Un dimanche à la piscine à Kigali) | ||
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FRENETTE, Christiane, La terre ferme, Montréal, Boréal, 2000, 152 p. | FRENETTE, Christiane, La terre ferme, Montréal, Boréal, 2000, 152 p. | ||
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À la fois œuvre de poète et de romancière accomplie, La Nuit entière offre des personnages admirablement dessinés, un récit étonnant. Enfin, surtout, une extraordinaire intelligence du cœur et du verbe. | À la fois œuvre de poète et de romancière accomplie, La Nuit entière offre des personnages admirablement dessinés, un récit étonnant. Enfin, surtout, une extraordinaire intelligence du cœur et du verbe. | ||
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+ | LABERGE, Marie, Gabrielle, Le Goût du bonheur I, Montréal, Boréal, 2000, 614 p. | ||
+ | Boréal Compact, 2006, 616 p. (Roman) | ||
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+ | Québec, 1930. Gabrielle est mariée avec Edward depuis bientôt dix ans. Entre la maison de l’île d’Orléans et celle de la Grande-Allée, | ||
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+ | De toute évidence, il s’agit d’un mariage heureux. Mais cette chose qui devrait être si simple fait pourtant froncer bien des sourcils dans l’entourage de Gabrielle. Décidément, | ||
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+ | Dans le premier volet de cette grande trilogie romanesque, qui a connu un succès sans précédent au Québec, Marie Laberge brosse une large fresque de la société d’avant-guerre. Elle nous fait partager le destin de personnages si vrais qu’ils semblent bondir de la page. Grâce à son art de traduire les mouvements du coeur les plus subtils ou les plus inavouables, | ||
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+ | Prix du public Le Nouvelliste/ | ||
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MARCOTTE, Gilles, Le lecteur de poèmes, Montréal, Boréal, 2000, 216 p. | MARCOTTE, Gilles, Le lecteur de poèmes, Montréal, Boréal, 2000, 216 p. | ||
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Grand Prix du livre de Montréal 1998 (L' | Grand Prix du livre de Montréal 1998 (L' | ||
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+ | VIGNEAULT, Guillaume, Carnets de naufrage, Montréal, Boréal, 2000, 270 p. (Boréal Compact), 2001, 272 p. (Roman) | ||
+ | Quand Marlène le quitte, Alex sombre. Sans doute aurait-il préféré y rester. Mais, au lendemain du naufrage, il refait surface, parmi les êtres et les choses, dans un océan dont il ne reconnaît plus la houle étrange. | ||
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+ | Ni en fuite ni en quête, Alex est à la dérive; douce dérive qui l’emportera vers le Sud, vers un pays baigné par l’océan. C’est là que, arc-bouté à son orgueil, s’entêtant à affronter des vagues indomptables, | ||
==== 2001 ==== | ==== 2001 ==== | ||
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« Étonnant et délicieux, à savourer d'un seul trait, Coeurs braisés, le nouveau livre de Louise Desjardins, permet à l' | « Étonnant et délicieux, à savourer d'un seul trait, Coeurs braisés, le nouveau livre de Louise Desjardins, permet à l' | ||
Renée Labonne - Écho | Renée Labonne - Écho | ||
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+ | HAMELIN, Louis, Le Joueur de flûte, Montréal, Boréal, 2001, 228 p. (Boréal Compact), 2006, 228 p. (Roman) | ||
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+ | Si Ti-Luc Blouin est si pressé de se rendre sur la côte ouest, c’est qu’il est à la recherche de son père, un écrivain américain mythique qui vit reclus dans l’île de Mere, au large de Vancouver. Mais il trouvera là bien plus que ce qu’il avait escompté. Hier encore le royaume de la forêt vierge, l’île est aujourd’hui le théâtre de vifs affrontements entre la multinationale qui détient les droits d’exploitation de la forêt et tout ce que l’Amérique compte d’écologistes et de militants. | ||
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+ | « Un roman résolument américain, qui s’inscrit dans la lignée des Annie Proulx ou Russell Banks, ces auteurs du Nord états-unien pour qui la nature et le climat prédominent et forgent les caractères. Une pièce maîtresse. » Marie-Claude Fortin, Voir | ||
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+ | « Le Joueur de flûte est un livre formidablement intelligent, | ||
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JACOB, Suzanne, La Bulle d’encre, Montréal, Boréal, 2001, 150 p. (Essai) | JACOB, Suzanne, La Bulle d’encre, Montréal, Boréal, 2001, 150 p. (Essai) | ||
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Marie Laberge aborde ici le monde de l' | Marie Laberge aborde ici le monde de l' | ||
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+ | LABERGE, Marie, Adelaïde, Le Goût du bonheur II, Montréal, Boréal, 2001, 656 p. Boréal Compact, 2006, 656 p. (Roman) | ||
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+ | Avril 1942. Où seront-ils tous quand cette guerre prendra fin ? Où seront les enfants de Gabrielle et d’Edward : Adélaïde, la sauvage attachante, Fabien, Béatrice, Rose et Guillaume ? Qu’est-ce qui restera de ce monde à jamais bouleversé ? Qui aura gagné ou perdu ? Hitler semble si fort et les combats si vains… | ||
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+ | La fureur qui parcourt ce deuxième volet de la grande trilogie du Goût du bonheur n’est pas seulement celle des nations qui se lancent l’une contre l’autre, c’est aussi celle du désir. Et Marie Laberge sait comme personne trouver les mots pour décrire ce désir, impérieux, complexe, contradictoire. Avec une audace et une lucidité qui n’appartiennent qu’à elle, elle nous fait pénétrer, les yeux grands ouverts, dans ces abîmes qui s’ouvrent au cœur de ses personnages. | ||
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+ | LABERGE, Marie, Florent, Le Goût du bonheur III, Montréal, Boréal, 2001, 768 p. Boréal Compact, 2006, 768 p. (Roman) | ||
+ | Avec Florent, Marie Laberge réussit à boucler chaque destin amorcé dans Gabrielle. Elle ne néglige aucun de ses personnages. Elle donne à chacun leur pleine mesure de vie, grâce à cette écriture reconnaissable entre toutes, qui fait entendre, avec une justesse éblouissante, | ||
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+ | C’est sur la toile de fond du Québec des années 50 et 60, un Québec en pleine mutation, que la saga s’épanouit. La romancière reprend ici avec force son sujet majeur, le courage des êtres humains bousculés, maltraités par la vie, écartelés, | ||
+ | |||
LECLERC, Rachel, Ruelle Océan, Montréal, Boréal, 2001, 180 p. (Roman) | LECLERC, Rachel, Ruelle Océan, Montréal, Boréal, 2001, 180 p. (Roman) | ||
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==== 2002 ==== | ==== 2002 ==== | ||
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+ | BOUCHARD, Gérard, Mistouk, Montréal, Boréal, 2002, 520 p. | ||
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+ | Il y a plusieurs façons de faire revivre l’histoire. Gérard Bouchard s’est acquis une réputation internationale pour ses travaux savants sur la société québécoise et les collectivités neuves. Fondateur du projet Balsac, ce vaste fichier de la population du Québec, il recevait il y deux ans le Prix du Gouverneur général pour Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde. Aujourd’hui, | ||
+ | |||
+ | CARON, Louis, Il n’y a plus d’Amérique, | ||
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+ | Bonne chère, confort douillet, maison de banlieue, amour familial, prospérité, | ||
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+ | CARPENTIER, André, Mendiant de l’infini. Fragments nomades, Montréal, Boréal, 2002, 248 p. | ||
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+ | En territoire tibétain, sur un plateau de 4500 mètres d’altitude, | ||
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+ | CHASSAY, Jean-François, | ||
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+ | C’est une histoire de famille qui se perd dans un dédale, un labyrinthe de miroirs, souvent déformants. Nous sommes le 19 janvier 2001. Stéphane, Camille et Dominique parlent. L’une au téléphone, | ||
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+ | L’important consiste à ne pas perdre le fil. Parce que le jour où on perd le fil, non seulement on ne raconte plus d’histoire, | ||
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+ | CHEN, Ying, Le Champ dans la mer, Montréal, Boréal, 2002, 120 p. (Roman) | ||
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+ | Une jeune femme franchit sans cesse la frontière entre la vie et la mort, entre le présent et le passé. C’est ainsi que la vaste étendue qui jouxte l’auberge où elle dort est parfois la mer, parfois un champ de maïs. Elle vit parfois au milieu du monde moderne, de notre «société des loisirs», parfois dans le village où elle a un jour, dans une autre vie, été une enfant solitaire. Ying Chen poursuit ici son exploration du temps et de la mémoire. Cette fois, c’est le monde de l’enfance qu’elle évoque dans une prose dépouillée à l’irrésistible pouvoir d’envoûtement. Publié en coédition avec le Seuil. | ||
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+ | DAIGLE, France, Pas pire, Montréal, Boréal, 2002, 210 p. | ||
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+ | Partant ici d’un tableau de Bruegel, là d’une médaille de saint Christophe ou des entrelacs de la langue acadienne, Pas pire raconte les égarements drolatiques d’une agoraphobe coincée entre la rivière de son enfance et les méandres de la vie d’artiste. | ||
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+ | DAIGLE, France, Petites difficultés d’existence, | ||
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+ | «J’ai décidé de t’aimer à mort.» Voilà ce que Carmen lit sur le billet que Terry lui a écrit (mais est-il possible de décider d’aimer quelqu’un? | ||
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+ | DIONNE, Germaine, Le fils de Jimi, Montréal, Boréal, 2002, 144 p. | ||
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+ | Quand, à dix-sept ans, Nastassia accouche de son fils, Jimi, l’expression « politiquement correct » n’existe pas encore. Et il ne faudra pas compter sur eux pour l’inventer. | ||
+ | Portrait d’une femme, de son fils et des liens indénouables qui les unissent, ce roman en coup de poing dégage une émotion qui n’a d’égale que sa concision. | ||
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+ | « Une initiation singulière, | ||
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+ | FRENETTE, Christiane, Celle qui marche sur du verre, Montréal, Boréal, 2002 (Boréal Compact, 2005, 152p.) (Nouvelles) | ||
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+ | Une femme, un écrivain, en séjour au bord du fleuve, entre le clocher du village, qui sonne l’angélus à contretemps, | ||
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+ | LABRÈCHE, Marie-Sissi, | ||
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+ | Je ne suis pas de son monde, un maestro de la poésie et sa ritournelle, | ||
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+ | Émilie-Kiki a vingt-six ans et aime Tchéky K., cinquante-six ans, son professeur de littérature, | ||
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+ | LALONDE, Robert, Un jardin entouré de murailles, Montréal, Boréal, 2002, 198 p. (Roman) | ||
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+ | Automne 1957. Accompagnée de Grace Frick, Marguerite Yourcenar quitte Petite Plaisance pour effectuer à Montréal une tournée de conférences. Il arrivait alors à celle qui commençait à peine à goûter à la gloire, avec le succès tout récent des Mémoires d’Hadrien, | ||
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+ | MORENCY, Pierre, À l’heure du loup, Montréal, Boréal, 2002, 240 p. (Roman) | ||
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+ | En relisant La Chèvre de Monsieur Seguin, je me suis souvenu du grand loup de l’enclos. Un épisode du conte me parlait particulièrement, | ||
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+ | PROULX, Monique, Le cœur est un muscle involontaire, | ||
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+ | Florence n’aime pas les écrivains, ces êtres névrosés, et encore moins leurs livres, ces choses corpulentes qui ne sont même pas vraies. Florence, par contre, aime Zéno, et Zéno, lui, aime Pierre Laliberté, ce romancier mythique dont personne n’a jamais aperçu le visage. Et c’est à cause de Zéno que Florence découvre un jour que Pierre Laliberté lui a volé la phrase la plus précieuse qu’on lui ait jamais dite. La voilà donc sur une piste pouvant la mener à cet imposteur qui pille la vie des autres pour construire ses livres. Dans ce roman mené à la manière d’un polar, Monique Proulx rend un superbe hommage à la littérature et à ceux qui la font. « Il y a cette ardeur aérienne dans l’écriture de Monique Proulx, comme si l’ironie était le sentiment le plus bouleversant qui soit ». Mathieu Lindon, Libération « Un livre époustouflant, | ||
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+ | RACINE, Rober, L’Ombre de la Terre, Montréal, Boréal, 2002, 276 p. (Roman) | ||
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+ | Une œuvre déroutante, | ||
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+ | Prix Ringuet 2003 (L' | ||
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+ | SAINT-MARTIN, | ||
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+ | Lori Saint-Martin s’adonne ici à une relecture de l’œuvre de Gabrielle Roy, y compris le très important corpus des inédits, dans la perspective de la critique au féminin. Elle oriente cette relecture selon trois axes liés au féminisme de Gabrielle Roy: ses dénonciations et ses revendications en faveur des femmes; sa remise en cause des valeurs symboliques qui sous-tendent leur oppression; enfin, ses liens avec l’écriture au féminin. | ||
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+ | SOUCY, Gaétan, Music Hall, Montréal, Boréal, 2002, 396 p. | ||
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+ | Le retour attendu de Gaétan Soucy au roman, après le succès de La petite fille qui aimait trop les allumettes. Une œuvre magistrale, un très grand roman. | ||
+ | Le nouveau roman de Gaétan Soucy, très attendu au Québec et en France, est un éblouissement. Œuvre aussi forte que vaste, Music Hall! reprend les grands thèmes que l’auteur explorait dans ses romans précédents – le mystère des origines et de la filiation, l’irréparable solitude des êtres –, mais en leur donnant leur incarnation la plus achevée. Dans Music Hall!, Gaétan Soucy a construit un monde crépusculaire et envoûtant et il donne, en Xavier X. Mortanse, un personnage qui comptera désormais parmi les figures inoubliables de notre littérature. | ||
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+ | Œuvre à la fois savante et bouleversante, | ||
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+ | Nous sommes à New York, dans les années 20. Des équipes de démolisseurs transforment peu à peu la ville en un champ de ruine, jetant des centaines de gens à la rue. Xavier X. Mortanse, apprenti-démolisseur, | ||
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+ | ==== 2003 ==== | ||
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+ | BILLON, François, L’Ogre de Barbarie, Montréal, Boréal, 2003, 208 p. | ||
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+ | Sur fond de carte postale : un village suisse perché sur un coteau ensoleillé. Au loin, le lac Léman ; alentour, les montagnes. Derrière les montagnes, la France occupée. Dans le village, un cimetière trop grand, un hospice pour vieillards, une école silencieuse, | ||
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+ | Un roman qui ne se prend pas pour un autre, un humour qui se pique de tendresse, un mouvement d’horlogerie qui remonte le temps, un son de cloche qu’on n’a pas souvent entendu. | ||
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+ | CHASSAY, Jean-François [dir.], Anthologie de l’essai au Québec depuis la Révolution tranquille, Montréal, Boréal, 2003, 272 p. (Essai) | ||
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+ | Cette anthologie de l’essai québécois propose des textes contemporains, | ||
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+ | CHEN, Ying, Querelle d’un squelette avec son double, Montréal, Boréal, 2003, 168 p. (Roman) | ||
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+ | Une jeune femme mène une vie qu’elle voudrait normale entre son mari et l’enfant qu’elle lui a donné. Tandis qu’elle devrait vaquer tranquillement à ses tâches quotidiennes, | ||
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+ | CHUNG, Ook, L’expérience interdite, en coédition avec Le serpent à plumes Montréal, Boréal, 2003, 198 p.(Roman) | ||
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+ | S’inspirant des techniques mises au point au début du XXe siècle pour produire des perles de culture toujours plus proches de la perfection, un homme au fond d’une jungle a inventé une méthode lui permettant d’exploiter les écrivains pour en obtenir, à partir de l’humeur noire que sécrète leur foie, cette chose aussi rare qu’une perle parfaite : un manuscrit génial. Mais la révolte gronde, car qui pourrait accepter de telles conditions de vie, quel que soit son amour de l’art ? Œuvre noire, grinçante, ironique, qui donne naissance à un monde imaginaire inoubliable, | ||
+ | |||
+ | CÔTÉ, Jacques, Wilfrid Derome, Expert en homicides, Montréal, Boréal, 2003, 448 p. Boréal (Boréal Compact), 2013, 448 p. (Biographie) | ||
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+ | Dans le Montréal des années folles, Wilfrid Derome fonde un laboratoire de recherches médicolégales ultramoderne, | ||
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+ | SEGURA, Mauricio, Bouche-à-bouche, | ||
+ | Nayla et Johnny ont à peine trente ans. Mais ils sont déjà vieux, dépassés, dans le monde qui est le leur, celui des grandes agences de mode. Maintenant qu’ils ne tiennent plus le haut du pavé, l’agence qui les paie leur confie des missions d’un autre genre. Ils sont désormais chargés de recruter des êtres plus jeunes, de nouveaux visages, de nouveaux corps, qui seront les top models de demain. Tous les moyens sont bons pour s’attacher ces êtres : le sexe, la drogue, la comédie des amours. Entre Montréal, Londres et Milan, avec le plaisir comme seule boussole, ils s’inventent des jeux cruels, dans lesquels on ne sait plus où commence le fantasme et où s’arrête la réalité. Dans ce deuxième roman, Mauricio Segura adopte une manière tout à fait différente de celle qui était la sienne dans le premier. Tandis que Côte-des-Nègres était une vaste fresque réaliste et sociologique, | ||
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+ | JACOB, Suzanne, Wells, Montréal, Boréal, 2003, 88 p. (Roman) | ||
+ | Suzanne Jacob reprend ici Plages du Maine, texte paru à l’origine en 1989, en y ajoutant une importante suite inédite. Un frère et une sœur se donnent rendez-vous sur une plage du Maine. La première fois, c’était après la mort de leur mère. La seconde, vingt ans plus tard, c’est leur père qui vient de mourir. | ||
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+ | LABRÈCHE, Marie-Sissi, | ||
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+ | "Je suis borderline. J’ai un problème de limites. Je ne fais pas de différence entre l’extérieur et l’intérieur. C’est à cause de ma peau qui est à l’envers. C’est à cause de mes nerfs qui sont à fleur de peau. Tout le monde peut voir à l’intérieur de moi, j’ai l' | ||
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+ | ==== 2004 ==== | ||
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+ | ARCHAMBAULT, | ||
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+ | Louis Audry a été romancier, mais il a cessé d' | ||
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+ | ARCHAMBAULT, | ||
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+ | Les trois, ce sont : Henri, petit professeur au lycée français, Anne, sa femme, noctambule et alcoolique, et leur fille, Dominique, dont la vie sera marquée par la mésentente radicale qui oppose ses parents. Mais pourquoi ce conflit entre Anne et Henri ? Pourquoi cette incapacité de s’entendre, | ||
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+ | BRAULT, Emmanuelle, Le Tigre et le Loup, Montréal, Boréal, 2004, 256 p. (Roman) | ||
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+ | Dans le quartier chinois d’une ville qui ressemble à Montréal, une jeune femme occidentale au passé mystérieux est choisie par un étranger parce qu’il a reconnu en elle l’incarnation du Loup. Il l’introduit dans un réseau secret d’Asiatiques qui cherchent à sauver leur Terre détruite par la guerre. Après une première formation qui lui fait découvrir ses pouvoirs paranormaux, | ||
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+ | CARON, Katerine, Vous devez être heureuse, Montréal, Boréal, 2004, 292 p. (Roman) | ||
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+ | Une jeune femme vit avec son enfant et son mari, souvent absent, au bord d’une rivière près de laquelle elle fait des promenades quotidiennes ou qu’elle regarde depuis la fenêtre de sa vieille maison entourée d’arbres fruitiers. Les jours s’écoulent sans histoires : cette femme « doit être heureuse », elle a tout pour ça. Mais attention, ce calme, cette absence de remous, cachent un mouvement d’une grande violence. Quel est ce mouvement, quel est ce repos auxquels l’héroïne se livre corps et âme à l’abri de tous, qui ne voient qu’une jeune femme qui fait des promenades, des confitures, ou qui ne défait son sapin de Noël qu’en février ? Qu’est-ce qui se passe quand il ne se passe rien ? Il se passe que le temps passe et ne passe pas. Chaque instant dont nous sommes conscients nous enracine dans la réalité inextricable de la vie et de la mort. Le roman de Katerine Caron est un roman d’amour, si on entend par amour non pas le désir qui nous porte vers un être dans l’espoir de s’y reposer, mais bien au contraire ce désir qui dit oui au pardon et à l’instant présent, ce désir en nous qui dit oui à ce mouvement qui nous donne à la fois la vie et la mort. La rivière, les arbres, les maisons, les êtres. | ||
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+ | CHEN, Ying, Quatre mille marches, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2004, 128 p. (Essai) | ||
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+ | Romancière avant tout, Ying Chen a tout de même rédigé, au fil des ans, des textes dans lesquels elle tente de réfléchir simplement, modestement, | ||
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+ | D’AMOUR, Francine, Le Retour d’Afrique, | ||
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+ | Charlotte n’accompagnera pas Julien dans le voyage en Afrique qu’ils avaient pourtant depuis longtemps planifié. Elle préfère se réfugier dans une petite maison au bord d’une rivière, où personne, ni sa famille ni ses amis, qui la croient partie pour plusieurs mois, ne risque de la tirer de son isolement. Mais Charlotte vit difficilement en l’absence de Julien dont elle n'a reçu aucune nouvelle. Commence alors pour elle une descente aux enfers, son délire éthylique l' | ||
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+ | LECLERC, Rachel, Visions volées, Montréal, Boréal, 2004, 288 p. (Roman) | ||
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+ | Frank possède un don, celui de pénétrer l’esprit des autres et d’en visiter les zones les plus secrètes, y lire le passé ou l’avenir, y voir la laideur comme la splendeur, y débusquer autant de complots que de rêves. Tout commence à Montréal, où Frank vit et travaille, alors qu’une étrangère, | ||
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+ | LEFEBVRE, Louis, Table rase, Montréal, Boréal, 2004, 186 p. (Roman) | ||
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+ | Une fille fait du pouce sur le bord d’une route déserte de l’île d’Orléans. Une voiture s’arrête. Le chauffeur, Marc-André Nadeau, se promène à la recherche d’idées pour un roman sur ses ancêtres. Au fil des heures, la fille prend de plus en plus de place dans la vie de Marc-André, | ||
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+ | Louis Lefebvre donne ici un troisième roman qui se distingue par un art consommé de la narration, par la capacité de faire naître l’inattendu de la réalité la plus quotidienne. | ||
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+ | NEPVEU, Pierre, Lectures des lieux, Montréal, Boréal (Papiers collés), 272 p. (Essai) | ||
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+ | «La force de la littérature, | ||
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+ | OLLIVIER, Émile, La brûlerie, Montréal, Boréal, 2004, 256 p. (Roman) | ||
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+ | À la terrasse de La Brûlerie, dans la Côte-des-Neiges, | ||
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+ | ROY, Alain, Gabrielle Roy : l’idylle et le désir phantome, Montréal, Boréal (Cahiers Gabrielle Roy), 2004, 276 p. (Essai) | ||
+ | |||
+ | Dans la vie et dans l’œuvre de Gabrielle Roy, les années 1947-1950 marquent un véritable tournant. Après le succès sans précédent de Bonheur d’occasion, | ||
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+ | THÉORÊT, France, Les Apparatchiks vont à la mer noire, Montréal, Boréal, 2004, 250 p. (Roman) | ||
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+ | La rencontre de Mathieu Lord et de Louise Aubert annonce l’époque où les femmes pensent que leurs espoirs et leurs désirs sont permis. L’ascension de Mathieu dans le milieu universitaire a été fulgurante. À trente ans, il promet de devenir le maître à penser de la prochaine génération d’étudiants. Professeur d’histoire de l’art, il s’attribue les fonctions de théoricien, | ||
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+ | ===== Années 2005-2010 ===== | ||
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+ | ==== 2005 ==== | ||
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+ | BLAIS, Marie-Claire, | ||
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+ | Marie-Claire Blais donne ici le troisième volet de la grande trilogie romanesque inaugurée par Soifs, en 1995, et qui comprend également Dans la foudre et la lumière (2001). Cet ensemble constitue sans conteste le plus important projet littéraire du Québec contemporain. | ||
+ | Dans une île du golfe du Mexique vit une galerie de personnages qui résument l’humanité entière : riches, pauvres, humbles ou puissants, artistes, criminels. Toutes ces destinées s’entrecroisent pour former une enivrante polyphonie. Dans ce troisième volet, la spirale ascendante de ces voix atteint son sommet. Bien peu d’écrivains auront, dans quelque littérature que ce soit, réussi à ce point à traduire la complexité du monde et des liens qui unissent les êtres. Portée par le souffle d’une phrase inépuisable, | ||
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+ | BOUCHARD, Gérard, Pikauba, Montréal, Boréal, 2005, 576 p. (Roman) | ||
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+ | Les lecteurs de Mistouk se rappelleront que Senelle, l’amie indienne de Méo Tremblay, avait accouché d’un fils qu’on avait baptisé Léopaul. C’est le destin de ce fils qui est au coeur de Pikauba, le deuxième roman de Gérard Bouchard. Dès l’enfance, | ||
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+ | BROUILLET, Chrystine, Rouge secret, Montréal, Boréal (Polar), 2005, 504 p. (Roman policier) | ||
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+ | Les années 1970. Un vent de liberté souffle sur le Québec. Les vieilles contraintes s’écroulent. On découvre une nouvelle façon de vivre, où chacun a l’impression qu’il est permis de chercher le bonheur et de l’atteindre. Pourtant, cela n’est pas vrai pour Irène Pouliot. Issue d’un milieu modeste, Irène a appris à aimer les livres et les arts. Elle se découvre même d’indéniables dons de peintre. Mais, peu à peu, sans jamais s’en douter, elle tombe sous le pouvoir d’un homme jaloux, abusif. Il tissera une toile pour y enfermer Irène. Il lui tendra un piège que seul un monstre pouvait imaginer. Il réussira à la faire enfermer en prison. Il lui aura volé sa vie. Dans sa solitude, Irène n’aura pour s’accrocher à l’existence que l’image de sa fille et le souvenir de son travail de peintre. Et aussi Frédéric Fontaine, cet enquêteur qui ne peut se résoudre à croire à la culpabilité d’Irène. En tentant l’impossible pour lui rendre sa liberté, c’est également sa propre enfance marquée par la honte qu’il tente de racheter. Tableau d’une époque minutieusement reconstituée, | ||
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+ | CARON, Louis, Tête heureuse, Montréal, Boréal, 2005, 368 p. (Récit) | ||
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+ | Bérénice, surnommée Tête heureuse, n’a jamais rien fait comme tout le monde. Elle s’est mariée avec l’homme qu’elle aimait, en dépit de la désapprobation de sa famille. Si elle a été une épouse et une mère dévouée, conformément au modèle qui régissait le comportement des femmes à son époque, c’est sans jamais se défaire de la fantaisie qui marque chacun de ses gestes d’une poésie bien personnelle. Depuis que son mari est mort, elle révèle de plus en plus sa nature originale, excentrique. Elle s’est construit une maison tout droit sortie d’un conte de fée, elle s’est mise à se promener toute seule, la nuit, sous la lune. Elle a même appris à manier Internet et envoie des courriels sans majuscules ni ponctuation à ses enfants médusés. | ||
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+ | Le jour où elle disparaît tout à fait, son fils aîné commence à trouver qu’elle pousse un peu loin l’originalité. Faut-il s’inquiéter? | ||
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+ | CARPENTIER, André, Ruelles, jours ouvrables. Flâneries et ruelles montréalaises, | ||
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+ | Aux premiers jours du printemps 2000, André Carpentier entreprend ce qu’il appelle ses « flâneries en ruelles montréalaises ». Loin d’être un guide touristique, | ||
+ | Second volet des Fragments nomades – le premier racontait un voyage au Tibet (Mendiant de l’infini, Boréal, 2002) –, ces fragments ont été écrits durant trois ans et en toutes saisons. André Carpentier nous transmet magnifiquement sa fascination pour ces ruelles, son « promenoir », lieu de spontanéité et d’improvisation. Montréal en dissimulerait quelque 475 kilomètres ! | ||
+ | Enfant élevé à la très montréalaise formule du « va donc jouer dans la ruelle ! », Carpentier nous entraîne dans ses errances, celles des pas et celles de l’esprit. Les fragments proposés ici peuvent se lire par bribes et par secousses, laissant le lecteur libre de son parcours, ébloui le plus souvent par la grâce de l’écriture. | ||
+ | Et peut-être dorénavant déambulerez-vous à votre tour plutôt côté ruelle. | ||
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+ | DESJARDINS, Louise, So long, Montréal, Boréal, 2005, 168p. (Roman) | ||
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+ | C’est l’anniversaire de Katie McLeod. Elle a cinquante-cinq ans et ses filles lui préparent une fête de familles reconstituées… Avant, pendant et après le brunch, Katie fait le bilan de sa vie et de ses amours. Donnera-t-elle sa chance à François, son correspondant internaute, de la rencontrer en chair et en os à la fin de cette journée particulière? | ||
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+ | FRENETTE, Christiane, Après la nuit rouge, Montréal, Boréal, 2005, 176 p. (Roman) | ||
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+ | 1955. Thomas revient chez lui. Thomas n’est pas un jeune homme comme les autres. Il ne sort que pour promener son chien. Trois jours après l’incendie qui dévaste son quartier, des hommes l’emmèneront loin, dans un hôpital dont il ne sortira que cinq ans plus tard. Il retrouvera alors Romain, son ami d’enfance, | ||
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+ | JACOB, Suzanne, Rouge, mère et fils, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2005, 288 p. (Roman) [Seuil 2001 pour l’original] | ||
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+ | Montréal. An 2000. Quelques mois dans la vie de Delphine. Delphine et son fils, Luc. Son fils et les autres. Car ils sont nombreux à entrelacer leurs vies dans ce livre qui s’apparente à un tissage, à une mosaïque remplie de va-et-vient, | ||
+ | Il faudra une mort, celle de Lenny, et l’arrivée d’un étranger, le Trickster, pour que Luc trouve sa place en ce monde et que Delphine consente enfin à rendre les armes. | ||
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+ | « Suzanne Jacob nous livre ici un récit polyphonique, | ||
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+ | LEFEBVRE, Louis, Le Troisième ange à gauche, Montréal, Boréal, 2005, 280 p. (Roman) | ||
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+ | Jean-François est généticien et se rend à Bologne pour participer à un congrès. Mais il s’en lasse vite et prend le train pour une destination inconnue. Il s’arrête à Sienne et y passe quelques jours. Cela lui permet de partir à la recherche d’un femme mystérieuse dont l’existence lui a été révélée par des lettres qu’elle a écrites à son père mais qu’il n’a découvertes qu’après la mort de celui-ci. Jean-François fait également la connaissance de Nathalie et Sébastien, jeune couple de Québécois. Imperceptiblement, | ||
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+ | Avec cet art unique du récit qui est le sien, tout en finesse, Louis Lefebvre nous entraîne dans l’Italie des années 80, celle des Brigades rouges, manifestations, | ||
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+ | MARCOTTE, Gilles, Le manuscrit Phaneuf, Montréal, Boréal, 2005, 224 p. | ||
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+ | Il peut arriver, dans une maison d’édition, | ||
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+ | MEUNIER, Stéfani, L’Étrangère, | ||
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+ | Je croyais que je n’avais plus de coeur quand j’ai rencontré le vieil artiste. Peut-être qu’en effet je n’en avais plus. Ou bien que j’avais voulu l’endormir, | ||
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+ | Elle est jeune. Elle aime être seule. Elle aime les bars. Elle se croit incapable d’aimer. Parfois, elle se sent habitée par une chanteuse, la chanteuse qu’elle aurait voulu être. | ||
+ | Il est vieux. Dans ses yeux, il y a une douceur, un peu comme une résignation. La peau de ses mains est parsemée de marques de vieillesse. Il est chanteur. Il a déjà eu du succès. | ||
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+ | Dans ce premier roman, Stéfani Meunier trace avec une extrême délicatesse la rencontre improbable de deux êtres que tout semble séparer. Roman d’apprentissage, | ||
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+ | MONETTE, Pierre, Dernier automne, Montréal, Boréal, 2005, 216 p. | ||
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+ | En septembre, Diane apprend qu’elle est atteinte d’un cancer incurable : elle a de deux à trois à mois devant elle. Elle décide d’affronter la réalité et de préparer sa mort. Son courage, sa lucidité, son refus du drame étonneront ses proches et ses médecins. Et quand il s’agira de faire ses adieux à la mer – à Martha’s Vineyard -, rien ne pourra arrêter Diane. | ||
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+ | «Touchant aux larmes, et pourtant magnifique, frémissant (…), Dernier automne est aussi une réflexion sur la mort et sur l’humilité à laquelle elle nous contraint.****» Marie-Claude Fortin, La Presse | ||
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+ | «Avec ce livre sur la mort, Pierre Monette signe probablement les plus belles pages qu’il m’ait été donné de lire sur l’amour.» Michel Vézina, Ici | ||
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+ | PETROVSKI, Nathalie, Maman last call, Montréal, Boréal, 2005, 144 p. (Roman) | ||
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+ | Pour souligner la sortie du film Maman Last Call, le Boréal lance une nouvelle édition du désopilant récit de Nathalie Petrowski. On y suit les tribulations d’une femme, issue du baby-boom, de celles qui ont tant contesté l’esclavage de la maternité. Cette femme raconte qu’elle a conçu – malgré elle – un enfant et dit pourquoi elle l’a gardé – malgré Oriana Falacci. Mettant en vedette Anne-Marie Cadieux, Stéphane Demers, Patrick Huard et Sophie Lorain. Réalisation : François Bouvier Production : Christian Larouche et Pierre Gendron | ||
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+ | RICARD, François, Chroniques d’un temps loufoque, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2005, 186 p. (Chroniques cataloguées sous la rubrique « Essai ») | ||
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+ | Art mineur, la chronique mise sur la spontanéité. Il s’agit d’un exercice d’improvisation, | ||
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+ | C’est ainsi que Ricard s’attaque tranquillement, | ||
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+ | RIVARD, Yvon, Le milieu du jour, Montréal, Boréal, 2005, 334 p. | ||
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+ | Écrite avec une sincérité impitoyable, | ||
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+ | ROY, Gabrielle, Femmes de lettres. Lettres de Gabrielle Roy à ses amies (1945-1978), | ||
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+ | Ce recueil rassemble les lettres que la grande romancière à adressées à huit de ses amies qui toutes, à un titre ou à un autre, étaient des femmes de lettres : Simone Routhier, Jeanne Lapointe, Cécile Chabot, Simone Bussières, Michelle Le Normand, Adrienne Choquette, Claire Martin et Alice Lemieux-Lévesque. S’échelonnant entre 1945 et 1978, cette correspondance brosse ainsi, autour de Gabrielle Roy, le portrait d’une petite communauté littéraire féminine, centrée sur Québec et sa région. Dans cette correspondance, | ||
+ | |||
+ | ROY, Gabrielle, Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy 1947-1979, Montréal, Boréal (Les cahiers Gabrielle Roy), 2005, 272 p. (Essai) | ||
+ | |||
+ | À la différence de bien des écrivains de son époque ou de la nôtre, Gabrielle Roy ne s’est guère livrée au jeu de la publicité et des entrevues journalistiques. Sauf au tout début, lorsque l’immense succès local et international de Bonheur d’occasion l’a précipitée dans le tourbillon de la célébration médiatique, | ||
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+ | Ce volume rassemble seize de ces rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, qui s’échelonnent de 1947 à 1979. Ces entrevues ont été réalisées par Dorothy Duncan, Rex Desmarchais, | ||
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+ | Ces textes ne sont donc pas à proprement parler des textes de Gabrielle Roy, puisqu’ils n’ont pas été écrits ni même, sauf exception, revus par elle. Ils ont tout de même le mérite d’éclairer, | ||
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+ | ==== 2006 ==== | ||
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+ | ARCHAMBAULT, | ||
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+ | Telle que la pratique Gilles Archambault, | ||
+ | Les vingt-trois nouvelles contenues dans ce recueil sont ainsi comme autant d’aperçus, | ||
+ | L’on retrouvera ici la voix, l’univers, | ||
+ | « L' | ||
+ | Mario Cloutier - La Presse Lire la critique de Radio-Canada | ||
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+ | BISMUTH, Nadine, Scrapbook, Montréal, Boréal, 2006, 400 p. | ||
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+ | Aux éditions Duffroy, qui publient son premier roman, Annie Brière fait la connaissance de Laurent Viau, correcteur d’épreuves de son métier. Laurent Viau n’est pas insensible au charme d’Annie Brière, et une idylle se noue. Mais, après une nuit de passion, Annie apprend que Laurent Viau, s’il ne porte pas d’anneau à la main gauche, n’est pas pour autant célibataire. Elle devra donc trouver de façon urgente ce que signifie, pour elle, l’engagement amoureux. Devenue joueuse compulsive de Tetris, convertie aux vertus curatives de Leonard Cohen, du lac Champlain jusqu’à Paris, en passant par les cocktails littéraires de la maison Duffroy au Ritz-Carlton, | ||
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+ | CHASSAY, Jean-François, | ||
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+ | Entre astrophysique et littérature, | ||
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+ | Jean-François Chassay réussit le tour de force de donner à ce roman la précision d’une mécanique parfaitement huilée tout en emportant le lecteur grâce à une écriture qui fuse avec une vitalité irrésistible. | ||
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+ | CHEN, Ying, Le mangeur, Montréal, Boréal, 2006, 140 p. (Roman) | ||
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+ | Ying Chen poursuit ici le cycle entrepris avec l’Ingratitude et nous offre un splendide roman de la pérennité des origines, de la mémoire qui ne veut pas mourir. Si, dans l’Ingratitude, | ||
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+ | « Cependant, au moment où je fus brusquement soulevée et vite transportée jusque dans la gorge de mon père, en regardant sans tristesse ni frayeur l’intérieur de mon père où bougeaient les veines et la chair rouge, je ne pus m’empêcher d’éprouver un dégoût envers cette bourdonnante vie interne que mon père considérait comme l’essence de la peinture. Je ressentis un bref regret du rendez-vous manqué, me reprochai de ne pas aimer assez mon ami, de manquer de courage pour me lancer dans un avenir qui m’était maintenant à jamais fermé, suspendu dans l’air frais du dehors, loin de toute vibration corporelle — mon ami et moi nous n’avions pas encore eu de contact physique. Je glissai la tête en bas dans un des tubes paternels, au bout duquel je serai, selon mon père, doucement dissoute et assimilée. Au cours de ma descente vers l’intérieur d’un corps si vibrant et si vrai, que je n’avais pas pu imaginer, devant cette révélation, | ||
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+ | CORBEIL, Normand, Ma reine, Montréal, Boréal, 2006, 168 p. | ||
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+ | Des romans, déjà classiques, racontaient l’histoire un homme d’âge mûr perdant la raison pour une jeune beauté. On songe à La Femme et le Pantin, de Pierre Louÿs, ou à Lolita, de Nabokov. Mais ces dernières années, féminines et autofictionnelles, | ||
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+ | HAMELIN, Louis, Sauvages, Montréal, Boréal, 2006. Boréal Compact, 2013, 296 p. (Nouvelles) | ||
+ | |||
+ | Poètes qui se meurent de désir, débroussailleurs qui ont vu l’ours, informaticien pris entre deux feux : qu’ils soient indiens cris ou écrivains, les personnages qui traversent ces dix histoires sont aux prises avec la complexité du monde. Ils ont des désirs simples ou compliqués, | ||
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+ | HÉBERT, Bruno, Alice court avec René, Montréal, Boréal, 2006, 184 p. | ||
+ | Septembre 1969, Léon Doré entre en cinquième année à l’école Saint-Matthieu. Il a de bonnes raisons d’être un brin déprimé. L’école, ce n’est vraiment pas fait pour lui. Et, en plus, il y a Thibault, Lefebvre et Raton, le trio infernal qui s’est juré de lui casser la gueule. | ||
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+ | Prix du public Le Nouvelliste/ | ||
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+ | LABRÈCHE, Marie-Sissi, | ||
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+ | Léa a vingt-trois ans et veut devenir la «plus grande peintre que la terre ait portée ». Mais la vie ne la laisse pas tranquille, et la mort de sa grand-mère viendra chambouler ses idées de grandeur. En guise d’héritage, | ||
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+ | Marie-Sissi Labrèche nous offre un roman porté par la figure maternelle, où l’histoire de Léa est entrecoupée par une suite de lettres à la mère. Étrange et heureux mélange de haine, de tendresse et d’amour, ce roman ne laissera personne indifférent. | ||
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+ | La romancière de Borderline et de La Brèche se révèle encore une fois une fine observatrice des états limites. | ||
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+ | Léa se réfugiait dans un autre monde pour ne pas que les monstres dans la tête de sa mère sautent dans la sienne.Parce qu'il faut se méfier de la folie, elle vous guette et sans crier gare elle se jette sur vous pour vous projeter des films d’horreur à longueur d' | ||
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+ | « Aiguisée comme un scalpel, la plume de Marie-Sissi Labrèche pique au cœur de la douleur... » | ||
+ | Elsa Pépin – Ici | ||
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+ | « Marie-Sissi Labrèche a les pieds bien ancrés dans la réalité, réalité qu’elle ose questionner brillamment par une écriture littéraire. » | ||
+ | Stéphane Despatie – Voir | ||
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+ | « Très inspiré, très imagé, très personnel, très audacieux. » | ||
+ | Pascale Navarro – Radio-Canada/ | ||
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+ | « Voici quelqu’un de vrai, qui fait entendre une vraie voix. Quelqu’un qui nous secoue. Nous émeut, aussi. Et nous fascine. » | ||
+ | Danielle Laurin – Le Devoir | ||
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+ | « D'un chapitre à l' | ||
+ | Marie-Claude Fortin — La Presse **** | ||
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+ | « Marie-Sissi Labrèche met sans cesse de la drôlerie dans son tragique : ses mots tranchants transportent des images saisissantes, | ||
+ | Véronique Rossignol – Livre Hebdo | ||
+ | |||
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+ | LAFERRIÈRE, | ||
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+ | Après vingt ans passés à l’étranger, | ||
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+ | Mais au fil des jours, des silences de ses proches, des mots chuchotés dans la rue, c’est à une enquête sur les morts que cet homme se livre, zombis et fantômes installés dans le quotidien de chaleur et de bruit de la ville. | ||
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+ | Un recensement en Haïti, tu parles… Les gens disent n’importe quoi. « Combien d’enfants avez-vous, madame? Seize. – Où sont-ils ? – Tous les neuf à l’école. – Et les autres ? – Quels autres ? – Les autres sept enfants. – Mais, monsieur, ils sont morts. – Madame, on ne compte pas les morts. – Et pourquoi ? Ce sont mes enfants. Pour moi ils sont vivants à jamais.» | ||
+ | |||
+ | LAFERRIÈRE, | ||
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+ | Le Sud. Haïti. Lumineux. Sensuel. Séduisant. Tous les personnages de ce roman en subissent l’attrait. Ils en rêvent, ils s’y rendent. Les voici, Occidentaux prisonniers de valeurs utilitaires, | ||
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+ | Dany Laferrière élabore depuis une vingtaine d’années une oeuvre unique et personnelle, | ||
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+ | LEVESQUE, Robert, Récits bariolés, Montréal, Boréal (Papiers collés), | ||
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+ | Récits bariolés, c’est-à-dire aussi colorés que variés, débordants de personnages et de scènes inoubliables, | ||
+ | |||
+ | Publiées d’abord dans le journal montréalais Ici, cette soixantaine de chroniques, quel qu’en soit le sujet ou le prétexte, portent toujours la même marque, celle d’un esprit auquel sa culture apporte une liberté et une aisance parfaites. | ||
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+ | MONTPETIT, Caroline, Tomber du ciel, Montréal, Boréal, 2006, 128 p. (Nouvelles) | ||
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+ | Attendre. La mort, la libération, | ||
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+ | POLIQUIN, Daniel, La Kermesse, Montréal, Boréal, 2006, 336 p. | ||
+ | POLIQUIN, Daniel, La Kermesse, Montréal, Boréal (Compact), 2008, 336 p. | ||
+ | En automne de 1914, alors qu’il défile avec le régiment Princess Pat qui va défendre l’Empire, Lusignan ne se doute pas que les choses sont sur le point de changer à tout jamais. Il reviendra de la guerre sain et sauf, mais on ne peut en dire autant du monde dans lequel il a vécu jusque-là. | ||
+ | |||
+ | Sur la terre française, labourée par les tranchées et par les bombes, il verra sa vie transformée. Non pas à cause de la mort de ses camarades, non plus à cause de son devoir, à titre d’interprète du régiment, d’annoncer cette mort aux familles éplorées. Ce qui bouleversera sa vie, ce sera de découvrir qu’il y a sur cette terre un homme qui exerce un tel ascendant sur lui qu’il sera prêt à s’agenouiller devant lui et à remettre sa vie entre ses mains. | ||
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+ | De retour à Ottawa, la figure de cet homme, Essiambre d’Argenteuil, | ||
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+ | Dans la même veine picaresque qui avait nourri, L’Homme de paille, le précédent roman de Daniel Poliquin, l’auteur s’attache ici encore à saisir l’esprit d’une époque charnière dans l’histoire de ce pays. Cette Kermesse fait revivre toute une société et nous montre comment elle se transforme de la manière la plus étonnante qui soit. C’est également, et surtout, un romancier au sommet de sa forme qui nous entraîne à la suite de personnages inoubliables. | ||
+ | |||
+ | « Composé autour de personnages en quête d’un accomplissement malgré les brûlures de la vie et celles de l’Histoire, | ||
+ | Suzanne Gigère — Le Devoir | ||
+ | |||
+ | RIVARD, Yvon, Personne n’est une île, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2006, 264 p. (Essais) | ||
+ | |||
+ | Par sa manière, ses thèmes, la variété de ses formes, la patiente recherche esthétique et morale dont elle est à la fois le lieu et la manifestation, | ||
+ | |||
+ | C’est dans l’attention aux choses et aux êtres, c’est dans l’exploration des grandes oeuvres qui le sollicitent (Jacques Brault, Gaston Miron, Virginia Woolf, Peter Handke, Rilke), c’est dans la perte ou l’agrandissement de soi, en somme, que l’écrivain finit par trouver sa propre forme et la voix unique qui lui appartient. | ||
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+ | Après Le Bout cassé de tous les chemins (Boréal, 1993, collection « Papiers collés »), ce nouveau recueil illustre non seulement le trajet d’une aventure littéraire et spirituelle unique, mais aussi la beauté et l’efficacité d’une prose qui, sans jamais s’alourdir, | ||
+ | |||
+ | THÉORET, France, Une belle éducation, Montréal, Boréal, 2006, 152 p. (Roman) | ||
+ | Saint-Henri, | ||
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+ | « Une belle éducation de France Théoret est un roman triste et beau, tout simplement magnifique. » **** | ||
+ | Pierre Monette – Entre les lignes | ||
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+ | « Roman intimiste, dur et émouvant. […] France Théoret use d’une langue sobre, magnifiquement maîtrisée, | ||
+ | Marie-Claude Fortin – La Presse | ||
+ | Pour lire la critique | ||
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+ | « Un portrait on ne peut plus fidèle d’une réalité pas si révolue. » | ||
+ | Nuit Blanche | ||
+ | |||
+ | Prix Athanase-David pour l' | ||
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+ | ==== 2007 ==== | ||
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+ | ARCHAMBAULT, | ||
+ | ARCHAMBAULT, | ||
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+ | Jeunesse et vieillesse, amour et abandon, joie et souffrance, souvenir et oubli. Entre ces rives de l’existence, | ||
+ | |||
+ | Marcel a soixante-neuf ans. Il a tout connu de l’amour et se sait parvenu au-delà de toute aventure. Pourtant, il retrouve Marie-Ange, l’amie d’autrefois, | ||
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+ | On aura reconnu, dans cette thématique, | ||
+ | |||
+ | BIRON, Michel, DUMONT, François et NARDOUT-LAFARGE, | ||
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+ | La première grande histoire de la littérature québécoise depuis plus de quarante ans. Une synthèse de près de cinq cents ans de littérature, | ||
+ | |||
+ | Prix Gabrielle-Roy 2007 (Histoire de la littérature québécoise) | ||
+ | Prix Jean-Éthier-Blais 2008 (Histoire de la littérature québécoise) | ||
+ | |||
+ | |||
+ | BROUILLET, Chrystine, Zone grise, Montréal, Boréal, 2007, 400 p. | ||
+ | |||
+ | En 1982, Montréal est témoin d’une série d’enlèvements étranges. Des hommes, des femmes sont kidnappés puis relâchés quelques jours plus tard, inconscients mais indemnes, sauf pour quelques entailles au cou. Chaque fois, à côté d’eux, une pile de vieilles chaussures. Pourquoi enlever des gens, si ce n’est pas pour les faire disparaître ou demander une rançon ? Qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un à commettre de tels méfaits, à la fois criminels et innocents ? | ||
+ | |||
+ | Le bien, le mal. Chacun sait les distinguer, ou croit le savoir. Il y a des êtres qui se placent résolument de l’un ou de l’autre côté. Des êtres animés par une pulsion de mort, ou bien d’autres passionnément attachés à la vie. Mais n’est-ce pas là l’exception ? N’y a-t-il pas beaucoup plus d’êtres torturés par leur conscience, qui n’arrivent pas à démêler la part d’ombre ou de lumière en eux ? C’est le cas du peintre Dan Diamond, qui voit soudain son succès si chèrement acquis menacé par des révélations surgies de son passé. | ||
+ | |||
+ | Dans cette deuxième enquête de Frédéric Fontaine, Chrystine Brouillet se fait encore une fois fine psychologue pour passer au crible la conscience de ses personnages. Tout en déroulant avec brio une intrigue complexe qui distille le mystère, elle nous donne de fascinants portraits de personnages, | ||
+ | |||
+ | « Un polar de haute voltige. […] Je vous conseille ce roman. Des atmosphères formidables. Quelle réussite et quel travail ! » | ||
+ | Raymond Cloutier - Radio-Canada/ | ||
+ | Pour écouter l’entrevue à 6:40 min | ||
+ | |||
+ | « Chrystine Brouillet nous invite sur les sentiers très fréquentés du mensonge… parce que tout le monde ment, à commencer par l’écrivaine ! » | ||
+ | Jade Bérubé - La Presse | ||
+ | |||
+ | CHASSAY, Jean-François, | ||
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+ | Deux décembre, huit heures le matin, dans un parc de Montréal. Des maîtres promènent leur chien. Neuf maîtres, dix chiens. | ||
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+ | À sa manière, le parc urbain joue souvent de nos jours le rôle de l’agora grecque. Lieu de débats, d’échanges, | ||
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+ | Pour Jean-François Chassay, tout est prétexte à la réflexion, aux questions, sur le temps, sur le passé, sur la filiation, qu’elles soient sérieuses ou saugrenues. Depuis Obsèques jusqu’aux Taches solaires, il se fait l’implacable commentateur de la condition humaine. Mais, dans Laisse, le point de vue est parfois celui du chien. | ||
+ | |||
+ | |||
+ | GAGNON, Robert, La mère morte, Montréal, Boréal, 2007, 272 p. | ||
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+ | Paillard, rabelaisien, | ||
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+ | Tout a commencé par les atomes du Christ, quand la querelle qui a opposé au xviie siècle Galilée à un obscur jésuite au sujet de la véritable nature du Fils de Dieu s’est soudain mise à obséder François Cournoyer, professeur d’histoire des religions, au moment même où il honorait, à sa manière, les charmes de la sulfureuse Simone Grenier, sa collègue au Département des sciences, au fond, pas si religieuses. | ||
+ | |||
+ | Ensuite ce sont les atomes de l’alliance que porte sa mère, six pieds sous terre dans le cimetière de la paroisse Saint-Elzéar, | ||
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+ | Toujours est-il que, convaincu de la réalité de phénomènes absolument irréconciliables avec la raison, après avoir reçu la visite d’une secte millénariste, | ||
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+ | « Vous cherchiez un livre rigolo comme premier livre de vacances? Ou mieux un roman qui vous donne envie de ne pas encore complètement fermer la porte sur votre dernière session universitaire? | ||
+ | Pour lire la critique en entier, cliquez ici | ||
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+ | « Un roman foisonnant de pensées originales, parfois cru mais surtout toujours débordant d' | ||
+ | Florence Meney - Radio-Canada/ | ||
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+ | GIRARD, Simon, Dawson Kid, Montréal, Boréal, 2007, 192 p. | ||
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+ | Si je mourais d’un accident, tantôt, en sortant du gymnase, ce serait dommage. Franchement. Je me fâche juste à y penser. N’importe qui dans sa voiture, passant dans la rue à quelques mètres de moi, aura cette possibilité. Tous des petits Dawson en puissance. Il y a peut-être juste deux classes de personne : celles qui se reproduisent, | ||
+ | |||
+ | Elle s’appelle Rose Bourassa. Elle a vingt ans. Il y a deux choses qui ne la quittent jamais. L’idée de la mort, sa propre mort, et une sourde envie de cogner. Que ce soit au Gold, où elle danse autour des poteaux et aux tables, ou dans les couloirs du métro. Jusqu’au jour où elle commence son entraînement à la boxe et où elle fait la connaissance de Coach. Coach qui lui enfonce ses gants comme une mère met sa tuque à son enfant, en la brassant un peu, parce qu’elle est dans la lune, au paradis, entre des mains aimantes. | ||
+ | Elle se dit alors qu’elle a peut-être réussi à faire reculer sa mort | ||
+ | |||
+ | Simon Girard donne ici un premier roman audacieux. En s’attachant à rendre la moindre sensation avec une précision obsessionnelle, | ||
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+ | GORROZ, Anne-Rose, L’Homme ligoté, Montréal, Boréal, 2007, 176 p. | ||
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+ | J’ai poussé fort la porte et je l’ai refermée derrière moi. Il faisait sombre chez toi. Dans l’entrée, | ||
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+ | À chaque rencontre, elle ne sait jamais comment exactement elle retrouvera son nouvel amant. Que portera-t-il ? Bas résille, porte-jarretelles, | ||
+ | |||
+ | Elle joue le jeu. Son jeu à lui, qui devient aussi son jeu à elle. Lui, maître de la mise en scène ; elle, actrice fascinée par le pouvoir qui lui est accordé. Jusqu’où iront-ils dans cette folie à deux ? Qui aura peur le premier ? | ||
+ | |||
+ | Ni description clinique de conduites extrêmes, ni œuvre de moraliste, L’Homme ligoté est l’exploration mesurée et sensible d’états limites. Sans fermer la porte à l’émotion, | ||
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+ | LABERGE, Marie, Sans rien ni personne, Montréal, Boréal, 2007, 444 p. | ||
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+ | Qu’y a-t-il de plus déchirant à vivre pour les proches d’une victime qu’un meurtre demeuré non résolu, la mort violente restée inexpliquée et impunie ? Trente-cinq ans après le meurtre d’une jeune Française à Montréal, le père de la victime réussit à convaincre le commissaire Durand de Paris de rouvrir l’enquête sur la mort de sa fille, Isabelle Deschamps. C’est donc un Patrice Durand déterminé à connaître le fin mot de l’affaire qui débarque à Montréal. Mais trente-cinq ans séparent les faits de l’enquête, | ||
+ | |||
+ | Mettre au jour la face cachée d’une vie, découvrir les secrets que des personnages avaient, croyait-on, emportés avec eux dans la tombe, voilà des thèmes qui parcourent toute l’oeuvre de Marie Laberge. Que l’on songe, par exemple, à Quelques Adieux ou au Poids des ombres. Mais le polar permet à la romancière de les aborder selon un angle tout neuf. D’une part, le lecteur se retrouve emporté par un suspense irrésistible. D’autre part, le travail des policiers, ce tandem parfois grinçant formé d’un français et d’une québécoise, | ||
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+ | Avec Sans rien ni personne, Marie Laberge nous revient au sommet de sa forme, en renouvelant sa manière, mais plus que jamais fidèle à elle-même. | ||
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+ | LARUE, Monique, De fil en aiguille, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2007, 232 p. | ||
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+ | Même si ses romans occupent le centre de son œuvre, Monique LaRue se consacre aussi, depuis de nombreuses années, à cet autre art de la prose qu’est l’essai, occasion pour elle de méditer sur son travail de romancière, | ||
+ | |||
+ | Écrits « de fil en aiguille » au cours des dix ou douze dernières années, les essais rassemblés ici composent le portrait d’une romancière profondément attachée à son art, aux grandes valeurs qui le définissent (les mots, la langue, la liberté, le privilège de la distance et du doute, la compassion), | ||
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+ | Ainsi, entre la romancière, | ||
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+ | MAJOR, André, L’esprit vagabond, Montréal, Boréal, 2007, 328 p. (Carnets) | ||
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+ | Au confluent du journal intime, de l’autobiographie et de l’essai, les carnets d’écrivain, | ||
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+ | MEUNIER, Stéfani, Ce n’est pas une façon de dire adieu, Montréal, Boréal, 2007, 216 p. | ||
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+ | New York, les années 1970. Une ville qui est encore le centre du monde, mais qui commence à douter d’elle-même. La guerre du Vietnam s’enlise, et si l’engouement pour le rock’n roll ne se dément pas, il vient maintenant d’Angleterre, | ||
+ | |||
+ | Sean est musicien. Pour le plaisir de faire de la musique, pour cette merveilleuse camaraderie de la scène, pour l’amour de cette vie d’errance entre Montréal, sa ville natale, et les innombrables bleds où il doit jouer. Quand il revient à New York, il vit chez son ami Ralf, qui a un appartement à Brooklyn et un chien qui s’appelle Lennon. Les seules attaches qui donnent à Sean le sentiment d’être chez lui quelque part. | ||
+ | |||
+ | Pendant que Sean est en tournée, Ralf fait la connaissance d’Héloïse. C’est le bonheur, tout de suite, un voyage en Bretagne, des soupers où se conjuguent amour et amitié. Et, tout à coup, le précaire équilibre ne tient plus. | ||
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+ | Dans ce second roman, Stéfani Meunier se révèle plus que jamais une magicienne des atmosphères. En quelques traits aussi sûrs que retenus, elle sait donner un relief extraordinaire au quotidien de ses personnages. Un regard capté en passant, quelques accords de musique, les paroles d’une chanson aimée qui nous montent aux lèvres, et voilà que notre cœur chavire en même temps que celui des personnages. | ||
+ | |||
+ | MISTRAL, Christian, Sylvia au bout du rouleau ivre, Montréal, Boréal, 2007, 132 p. | ||
+ | |||
+ | Max Cockrell vit à New York, dans un coquet appartement de Greenwich Village. Il a troqué le français pour l’anglais. Il écrit des articles. Il en vit bien. Pourquoi revient-il à Montréal ? Bien sûr, pour faire un dernier adieu à son père, mais surtout pour s’expliquer avec Sylvia. | ||
+ | Max n’a pas oublié Sylvia. Elle lui a fait un enfant qu’il ne voulait pas. Il a beau s’éclater, | ||
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+ | MISTRAL, Christian, Léon, Coco et Mulligan, Montréal, Boréal, 2007, 152 p. | ||
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+ | « Entre la rue Sherbrooke et l’avenue des Pins, entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Denis s’étend un quartier, un quartier de fruit trop mûr, à l’écorce appétissante, | ||
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+ | Léon est un écrivain qui n’a jamais publié. Coco est un vieux schizo qui récite de la poésie, surtout des vers de Mulligan, ce poète mythique. Ils vivent ensemble depuis des années, itinérants. Léon protège son vieux pote en attendant de se trouver un endroit où il sera enfin capable d’écrire. Ils s’installent pour un été au carré Saint-Louis et font la connaissance de la faune qui y gravite. Jusqu’à la tragédie... | ||
+ | |||
+ | Léon, Coco et Mulligan s’inscrit dans la lignée des grands romans de Mistral, avec cette écriture lyrique dont l’auteur a fait sa marque. On y retrouve, rendu avec une acuité fabuleuse, le Montréal jubilatoire des années 80, bariolé, traversé d’originaux et de détraqués, | ||
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+ | ROY, Gabrielle, Heureux les nomades et autres reportages 1940-1945, Montréal, Boréal, 2007, 448 p. (Essai) | ||
+ | |||
+ | Au printemps 1939, l’esprit encore habité par son séjour de dix-huit mois en Europe, Gabrielle Roy, qui vient juste d’avoir trente ans, loge dans une chambre du centre de Montréal — « la plus misérable petite chambre qui se puisse trouver en dehors des prisons », se souviendra-t-elle une quarantaine d’années plus tard. Elle a choisi de ne pas retourner au Manitoba, où l’attend pourtant un poste d’institutrice, | ||
+ | |||
+ | Plus qu’un simple gagne-pain, la collaboration au Bulletin peut être envisagée comme le point de départ du parcours littéraire de Gabrielle Roy, c’est-à-dire à la fois comme un apprentissage décisif et comme une « première consécration […] qui l’oriente définitivement vers l’écriture ». Ayant reçu le mandat de rédiger des reportages sur différentes régions du Québec, elle va s’y consacrer avec beaucoup d’application et mettre au point durant ces cinq années, une vision du monde, une sensibilité et un ensemble de valeurs qui seront par la suite indissociables de son oeuvre : la compassion, l’intérêt pour les minorités culturelles et les colonies, mais aussi la fascination pour le nomadisme et les personnages solitaires ainsi que le goût des paysages et de la géographie. Du point de vue de l’écriture, | ||
+ | |||
+ | Il n’y a guère d’autre exemple, dans le Québec et le Canada de cette époque, d’une femme pratiquant avec autant de détermination et d’audace l’exigeant métier de reporter, que ses conditions d’exercice réservaient généralement aux journalistes hommes. | ||
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+ | En tout, Gabrielle Roy a rédigé, entre 1940 et 1945, quarante reportages pour le Bulletin des agriculteurs, | ||
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+ | ==== 2008 ==== | ||
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+ | BLAIS, Marie-Claire, | ||
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+ | Marie-Claire Blais s’inscrit dans la grande tradition de Virginia Woolf et de William Faulkner, poussant à leurs extrêmes limites les innovations qui avaient fait éclater la forme romanesque au siècle dernier. | ||
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+ | Nous retrouvons ici les personnages que Marie-Claire Blais nous a fait connaître dans ses plus récents romans de la série inaugurée avec Soifs (Boréal, 1995). À la différence des précédents titres, où le monde était une vaste arène où s’affrontaient le bien et le mal, ce combat maintenant se déroule au plus intime de chacun des êtres. Comme seuls les très grands artistes arrivent à le faire, Marie-Claire Blais montre comment l’ombre est indissociable de la lumière, la vie de la mort. Comment, à chaque naissance, c’est le sort du monde qui se joue encore une fois. | ||
+ | |||
+ | L’écriture acquiert également un rythme nouveau, bondissant, électrisant. Tout est musique, tout est danse, pour traduire l’inépuisable jaillissement de la vie. Un rythme irrésistible, | ||
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+ | Par son audace formelle, par son intransigeance, | ||
+ | |||
+ | Prix du Gouverneur général 2008 (Naissance de Rebecca à l'ère des tourments) | ||
+ | |||
+ | CHEN, Ying, Un enfant à ma porte, Montréal, Boréal, 2008, 160 p. | ||
+ | |||
+ | « La peur de perdre cet enfant me hantait. C’était une peur de moi-même, de mon manque de mérite en tant que mère, du manque d’instinct maternel en moi, je suppose, qui, ordinairement, | ||
+ | |||
+ | Une femme trouve un enfant sur le pas de sa porte. Recroquevillé, | ||
+ | |||
+ | Ne se trouve-t-elle pas condamnée, comme la femelle du ver à soie, à mourir, épuisée, après avoir assuré la survie de l’espèce ? | ||
+ | |||
+ | Renversant la perspective qui était celle de son troisième roman, L’Ingratitude, | ||
+ | |||
+ | En montrant l’impossibilité d’être mère, elle révèle au grand jour la tragédie qui se cache au creux de chacun de nos gestes, même les plus banals. En démontrant, | ||
+ | |||
+ | |||
+ | CHUNG, Ook, Contes butô, Montréal, Boréal, 2008, 160 p. (Nouvelles) | ||
+ | |||
+ | Chacun des personnages de ces nouvelles est irrémédiablement unique, irrémédiablement seul, un «monstre de solitude». Cette solitude est parfaitement symbolisée par une image qui couronne tout le recueil, celle de ces stragglers, ces soldats japonais qu’on a retrouvés dans les îles du Pacifique et qui ne savaient toujours pas que la Seconde Guerre mondiale était terminée vingt-cinq ans après l’armistice.Ces personnages sont donc condamnés à occuper tant bien que mal le centre du monde qu’ils ont construit autour d’eux, mais n’est-ce pas là le sort de chacun d’entre nous? «L’écriture acerbe de Ook Chung se nourrit de multiples influences sans pour autant s’égarer sur les chemins de l’hommage ou de l’hermétisme grandiloquent. Voilà peut-être ce qui le distingue de tant d’œuvres publiées au Québec et ailleurs depuis les vingt dernières années et qui, en outre, confirme son effroyable nécessité.» | ||
+ | Antoine Tanguay, Le Soleil | ||
+ | «… un virtuose de la fabrication littéraire.» | ||
+ | Jules Nadeau, La Presse | ||
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+ | |||
+ | DAUNAIS, Isabelle, Des ponts dans la brume, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2008, 184 p. (Essai) | ||
+ | |||
+ | Ce livre réunit plusieurs essais, à mi-chemin entre le littéraire et le sociologique, | ||
+ | |||
+ | DESJARDINS, Louise, Le fils du Che, Montréal, Boréal, 2008, 176 p. | ||
+ | |||
+ | Alex a presque quatorze ans. Il n’a jamais rencontré son père, ne sait même pas qui il est. Il a été élevé par ses grands-parents, | ||
+ | |||
+ | Comme dans ses romans précédents, | ||
+ | |||
+ | DOMPIERRE, Frédéric, Presque 39 ans, bientôt 100, Montréal, Boréal, 2008, 272 p. (Récit) | ||
+ | |||
+ | « C’est mon anniversaire demain au milieu des écueils naissants de ma nouvelle vie amoureuse. Assis dans mon salon, au beau milieu de cette vague d’optimisme et en attendant l’inévitable asphyxie, je suis à la veille d’avoir trente-neuf ans, et, ce soir, j’ai eu une manière d’épiphanie de début de fin de vie. | ||
+ | |||
+ | « Je suis d’une génération qui n’a pas su prendre sa place, et qui laisse la sienne quand il en a une. Pas à dire, pour ceux et celles qui sont nés après la mort de Kennedy et avant la première crise du pétrole, on ne peut pas parler d’un groupe qui passera à l’histoire. Ma génération. La X. | ||
+ | |||
+ | Celle qui a aussi fabriqué les pires enfants du monde. » | ||
+ | |||
+ | Ce premier récit de Fred Dompierre est marqué au sceau de la lucidité contagieuse. Faut-il en rejeter la faute au syndrome de la Tourette, dont, paraît-il, souffre le protagoniste ? Toujours est-il qu’il a une extraordinaire propension à appeler un chat un chat. | ||
+ | |||
+ | Portrait d’une génération, | ||
+ | |||
+ | DORAIS, David, Marie-Êve Mathieu, Plus loin, Montréal, Boréal, 2008, 312 p. | ||
+ | |||
+ | Un livre écrit à quatre mains, roman drôle autant que drôle de roman. | ||
+ | David et Marie quittent un jour leur maison et partent sur le pouce. Qui sont-ils, quelle relation les lie, quelle raison les incite à partir, que cherchent-ils, | ||
+ | |||
+ | Mais qu’est-ce donc qui les pousse ainsi, chaque matin, à se mettre au bord de la route, à lever le pouce, et à se livrer corps et âme au premier venu, dans un monde qui tout ensemble les fascine et les remplit d’effroi ? Qu’espèrent-ils, | ||
+ | |||
+ | Don Quichotte, Jacques le Fataliste, Sur la route, Volkswagen blues : les meilleurs romans ne racontent souvent rien d’autre que des voyages sans but, entrepris sans raison précise, par des personnages dont on ne sait ni d’où ils viennent ni où ils vont, ni qui ils sont, ni pourquoi ils ont pris la route. Leur errance les conduit à travers un monde rempli de péripéties et de rencontres inattendues, | ||
+ | |||
+ | |||
+ | |||
+ | FOLCH, Ribas, Jacques, Les pélicans de Géorgie, Montréal, Boréal, 2008, 152 p. | ||
+ | |||
+ | Savannah, la plus belle ville des États-Unis. Le secret le mieux gardé du Deep South. On se croirait au temps jadis : vérandas fleuries, palmiers couverts de lierre et de fleurs, magnolias géants, grands chênes coulants de mousse jusqu’au sol. | ||
+ | |||
+ | Le protagoniste de ce roman y a rendez-vous avec un client important, un puro, un véritable amateur, un amoureux, un collectionneur, | ||
+ | |||
+ | Il y retrouve aussi Marie, connue ici sous le nom de Maary. Il a rencontré Marie à la fac d’architecture, | ||
+ | |||
+ | Celle avec qui il n’avait pas rendez-vous, | ||
+ | |||
+ | JACOB, Suzanne, Histoires de s’entendre, | ||
+ | |||
+ | «Être est une activité de fiction, ça veut dire qu’on ne peut penser et parler, penser et transmettre, | ||
+ | |||
+ | D’où viennent les histoires? Comment naissent-elles? | ||
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+ | "Un livre brillantissime! Un hybride entre essai et récit absolument passionnant. C'est une démarche très cérébrale, | ||
+ | Christine Brouillet - Radio-Canada/ | ||
+ | |||
+ | « Suzanne Jacob, tout au cours de cet essai, fait ressortir la force inconnue de cette capacité à s’enrichir d’histoires. Les exemples sont nombreux, personnels, à décrire des interprétations tout à fait différentes d’événements similaires. » | ||
+ | Manon Guilbert - Journal de Montréal | ||
+ | |||
+ | |||
+ | LALONDE, Robert, Que vais-je devenir jusqu’à ce que je meure ?, Montréal, Boréal, 2008, 160 p. | ||
+ | |||
+ | « Si Robert Lalonde ouvre un peu les portes du collège de son adolescence, | ||
+ | ouvrir grandes celles de la zone fragile qui sépare l’enfance de l’âge adulte […]. Il signe l’un de ses meilleurs titres, qui remue le lecteur dans les profondeurs de ce qu’il est.» | ||
+ | |||
+ | Tristan Malavoy-Racine, | ||
+ | |||
+ | « Robert Lalonde, avec une écriture volontairement malaisée qui traduit bien la difficulté de vivre, a écrit les pages qui fondent l’histoire de tous ses personnages. Voici donc la pierre angulaire, tard venue, de son œuvre romanesque. » | ||
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+ | Réginald Martel, La Presse | ||
+ | |||
+ | KATTAN, Emmanuel, Nous seuls, Montréal, Boréal, 2008, 232 p. | ||
+ | |||
+ | Les femmes qu’il avait connues, celles dont il aurait voulu être aimé, lui paraissaient maintenant sans vie, sans saveur. Il se demandait comment il avait pu les trouver belles, comment il avait pu les croire si séduisantes. Il tentait de se rappeler leurs visages et se rendait compte maintenant à quel point ils étaient fades, figés dans l’anticipation du plaisir. Le visage de Judith, au contraire, était toujours changeant, il ne se laissait pas absorber par le regard. Antoine l’observait, | ||
+ | |||
+ | |||
+ | LAFERRIÈRE, | ||
+ | |||
+ | Il vit à Montréal, il lit Mishima et Basho, il drague des japonaises, il passe sa journée au café, il projette d’écrire un roman ou de faire un film, mais plus particulièrement un roman ou un film à la manière des maîtres japonais. | ||
+ | |||
+ | C’est ce qu’il raconte à une journaliste japonaise en tournée dans la métropole québécoise, | ||
+ | |||
+ | Dany Laferrière est ici plus que jamais fidèle à lui-même. Fête de l’intelligence et des sens, Je suis un écrivain japonais est une célébration de la littérature et du plaisir, des femmes et des écrivains, dans l’ordre et dans le désordre. | ||
+ | |||
+ | |||
+ | LEPAGE, François, Le Dilemme du prisonnier, Montréal, Boréal, 2008, 160 p. | ||
+ | |||
+ | | ||
+ | |||
+ | Il y a des réponses faciles à ces questions, comme la religion, qu’embrasse aveuglément Ahmed Morghad, ou l’écologie, | ||
+ | |||
+ | Martin Benoît, jeune et brillant universitaire a, pour sa part, choisi une voie plus complexe. Après avoir découvert la puissance de la théorie des jeux et le fascinant «dilemme du prisonnier», | ||
+ | |||
+ | Mais pour comprendre le comportement humain, il y a aussi l’art romanesque, que François Lepage pratique ici avec un plaisir communicatif, | ||
+ | |||
+ | Quant à savoir comment il est possible qu’une représentante officielle de Douanes Canada soit chaussée de telle manière pendant l' | ||
+ | |||
+ | |||
+ | MEUNIER, Stéphani, Et je te demanderai la mer, Montréal, Boréal, 2008, 184 p. | ||
+ | |||
+ | Depuis Au bout du chemin (Boréal, 1999), Stéfani Meunier construit une œuvre dont chaque livre marque un approfondissement de son art. En 2007, Ce n’est pas une façon de dire adieu, retenu parmi les finalistes du Prix des collégiens, | ||
+ | |||
+ | Après avoir quitté sa femme et son fils, Dan fait l’acquisition d’un motel. Il voit arriver un jour deux êtres étonnants : une femme marquée par la vie et manifestement sous l’emprise de l’alcool, et son fils, à peine un adolescent, pour qui Dan se prend d’une soudaine affection. Entre l’homme et le garçon se tisse une profonde complicité au fil d’étonnantes conversations sur les monstres marins : mégalodons, | ||
+ | |||
+ | Avec ce nouveau roman, Stéfani Meunier franchit une étape majeure dans sa carrière d’écrivain. Jamais encore n’avait-elle été si à l’aise dans le développement d’un récit. Jamais n’avait-elle réussi, avec l’économie de moyens qui caractérise son écriture, à donner vie à des personnages si nuancés, si vrais. Des personnages qu’elle ne juge jamais, mais qui déploient tranquillement sous nos yeux toute leur humanité. Malgré la retenue de son style, on ne peut véritablement parler de minimalisme au sujet de Stéfani Meunier, car elle n’a jamais peur de faire appel à l’émotion. Mais il s’agit d’une émotion qui n’est jamais facile, toujours dosée avec une extraordinaire maîtrise. | ||
+ | |||
+ | Dans Et je te demanderai la mer, elle se permet même quelques digressions, | ||
+ | |||
+ | |||
+ | PAPINEAU, Véronique, Petites histoires avec un chat dedans (sauf une), Montréal, Boréal, 2008, 184 p. (Nouvelles) | ||
+ | |||
+ | Ils s’étaient rencontrés de la manière la plus dangereuse qui soit. Ils s’étaient rencontrés à 120 km/h sur l' | ||
+ | |||
+ | L’art de la légèreté. Le coup de griffe qu’on n’a pas vu venir, la caresse qui déchire, le don de toujours retomber sur ses pattes. Un écrivain qui écrit des nouvelles se doit de partager de nombreuses qualités avec le chat. | ||
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+ | Dans ce premier livre, Véronique Papineau révèle une maîtrise hors pair. | ||
+ | Qu’elle raconte l’histoire d’amants qui rompent par la poste, la solitude de la vie de bureau, la fugue de deux adolescents dans la grande ville, chacune de ces scènes de la vie contemporaine prend un relief inattendu. Rien ici de banal : tout comportement est soumis au regard de cette fine observatrice et raconté avec un ton unique qui fait les vrais écrivains | ||
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+ | PROULX, Monique, Champagne, Montréal, Boréal, 2008, 400 p. | ||
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+ | Dans Les Aurores montréales, | ||
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+ | Avec cette écriture ferme, exacte, chatoyante qu’on lui connaît, Monique Proulx fait éclater sous nos yeux la magie d’un royaume épargné par le développement. Autour d’un lac mythique, au coeur d’une forêt inaltérée, | ||
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+ | Il y a Lila Szach, venue d’un autre âge et d’un autre continent, qui possède la quasi-totalité du territoire et la défend farouchement contre les prédateurs. Il y a Claire, qui tente de tenir en équilibre la réalité et l’imaginaire. Il y a Simon, résolu à aimer tout ce qui est vivant. Il y a le petit Jérémie, sur qui plane les menaces, et d’autres qui viendront joindre leur pas à cette chorégraphie cosmique – la jeune Violette, qui fuit l’horreur suprême, les Clémont, prédateurs de père en fils, Marianne, la citadine irréductible, | ||
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+ | La beauté réussira-t-elle à sauver le monde ? Voilà la question, pressante, qui résonne à travers tout ce roman. Quelle qu’en soit la réponse, la sagesse ne nous ordonne-t-elle pas de goûter sans tarder la salutaire ivresse que procure cette beauté, comme le font les personnages de ce roman et comme Monique Proulx sait si bien nous la faire partager ? | ||
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+ | QUIVIGER, Pascale, La maison des temps rompus, Montréal, Boréal, 2008, 240 p. | ||
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+ | «Ma maison est aussi proche de la mer qu’une maison peut l’être avant de devenir un bateau. » | ||
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+ | Par un lumineux jour de printemps, une jeune femme trouve la maison de ses rêves. Entourée d’un petit jardin luxuriant d’une effarante beauté, la maison regarde la mer de son unique fenêtre semblable à un œil écarquillé. | ||
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+ | Elle décide d’y emménager. Mais comment se fait-il que le paysage se transforme et que ses proches n’arrivent pas à trouver le sentier qui y mène ? | ||
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+ | Dans sa solitude, la jeune femme se remémore une histoire d’amitié intense unissant deux êtres aux noms de lumière : Lucie et Claire. Entremêlant la vie quotidienne à l’imaginaire, | ||
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+ | ROY, Alain, L’impudeur, | ||
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+ | Qu’est-ce que l’impudeur? | ||
+ | Chose certaine, elle est liée à la beauté. Ici, la beauté sublime du corps de Vanessa, autour de qui s’allument les désirs de tous. À tous, cependant, Vanessa échappe immanquablement, | ||
+ | Qu’est-ce que l’impudeur? | ||
+ | |||
+ | Chose certaine, elle prend à notre époque, dans le petit milieu que fréquentent et dont se moquent allégrement les amis Antoine et Xavier, des couleurs particulières, | ||
+ | |||
+ | Dans une prose élégante et limpide, Alain Roy compose un roman plein de surprises et de rebondissements, | ||
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+ | ==== 2009 ==== | ||
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+ | ARCHAMBAULT, | ||
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+ | Un homme. Une femme. Un défunt. Leur jeunesse est loin derrière eux. L’homme s’appelle Pierre-André; | ||
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+ | AWUMEY, Edem, Les pieds sales, Montréal, Boréal, 2009, 160 p. | ||
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+ | Askia erre dans les rues de Paris au volant de son taxi. Une nuit, il cueille une jeune femme, Olia, qui croit reconnaître sur son visage les traits d’un homme qu’elle a photographié autrefois. Et si c’était Sidi Ben Sylla, son père ? | ||
+ | Ce père qui a précédé Askia dans le Nord, il y a si longtemps. Ce père à qui il rêvait toutes les nuits, enfant, et dont il voudrait tant faire la connaissance. | ||
+ | Askia continue, même à Paris, de subir la malédiction, | ||
+ | Le voyage trouvera un terme pour Askia, mais pas avant de l’avoir ramené au dépotoir des Trois-Collines, | ||
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+ | BISMUTH, Nadine, Êtes-vous mariée à un psychopathe?, | ||
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+ | « Nous sommes partout. Au bureau, à l’épicerie, | ||
+ | même jolies, nous sommes drôles et intelligentes, | ||
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+ | BOUCHARD, Gérard, Uashat, Montréal, Boréal, 2009, 328p | ||
+ | |||
+ | Étudiant d’origine modeste, sans le sou, Florent Moisan a accepté une offre de stage parmi les Indiens de Uashat, tout près de Sept-Îles. Il s’y retrouve un jour d’avril 1954, avec le mandat de dresser un tableau des familles de la Réserve. Il s’attend à un été studieux et paisible qui convient à sa nature fragile et timide. Mais dès son arrivée, c’est le choc. Quel étrange milieu ! Qui sont donc ces gens ? Ils ne ressemblent en rien aux « Sauvages » dont on lui a parlé à la petite école, et encore moins aux Blancs qui viennent peupler la ville industrielle voisine alors en plein essor. | ||
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+ | Chaque porte que Florent réussit à ouvrir dévoile une réalité insoupçonnée, | ||
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+ | À travers le regard attentif et innocent de Florent, Gérard Bouchard met en scène dans ce roman la rencontre tragique de deux sociétés. Celle du Québec des années 1950, aux prises avec des tensions qui l’obligeront à se réinventer. Et celle de Uashat, menacée de disparition, | ||
+ | |||
+ | CHARRETTE, Nicolas, Jour de chance, Montréal, Boréal, 2009, 232 p. (Nouvelles) | ||
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+ | La vie n’est pas tendre pour les protagonistes de ces nouvelles. On dirait qu’il y a toujours quelque chose qui leur glisse entre les doigts. C’est pourquoi ils rêvent tous de leur jour de chance. Ce jour, c’est celui où les bonnes cartes tomberont entre les mains du joueur de poker, ou sur la table de la diseuse de bonne aventure, c’est le jour où on pourra dire adieu à celui ou à celle qui nous a quitté, le jour où on se fera faire le tatouage dont on rêve depuis si longtemps, où on verra la mer pour la première fois, le jour où on cessera de prendre des résolutions, | ||
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+ | COURTEMANCHE, | ||
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+ | Il s’appelle Claude. Il est né à Montréal, pas très longtemps après la crise d’Octobre. Il a grandi loin de la grande rumeur du monde, soucieux seulement de répondre aux attentes de ses parents qui voulaient son bien. Pourtant, le monde a réussi à l’atteindre. À la télé, à l’école, il a entrevu l’injustice, | ||
+ | |||
+ | Et Claude est devenu juriste, analyste à la Cour pénale internationale de La Haye. Il contribue par son travail à instruire un procès criminel contre un chef de guerre congolais qui embrigade des enfants pour en faire des tueurs, des violeurs. Jusqu’au jour où ce Kabanga, à cause d’un vice de procédure, est relâché et renvoyé dans son pays. | ||
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+ | Claude démissionne et entreprend de traquer l’homme, dont il sait la culpabilité. Ce rêve de justice qui l’obsède depuis l’enfance, | ||
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+ | Dans ce troisième roman, Gil Courtemanche montre plus que jamais un styliste hors pair, trouvant toujours le mot, le rythme, la couleur exacte, cet équilibre entre détachement et compassion qui nous permettent de partager avec ses personnages leurs moindres émotions. Un roman bouleversant. | ||
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+ | D’AMOUR, Francine, Pour de vrai, pour de faux, Montréal, Boréal, 2009, 192 p. (Nouvelles) | ||
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+ | « Démêler le réel de la fiction » : tel est, entre autres, le propos de ces nouvelles, toutes précédées ou suivies de préambules ou d’apostilles qui tentent de raconter pourquoi et comment elles ont été écrites, « si tant est que faire se peut », bien entendu. Une reconstitution de la genèse de l’écriture, | ||
+ | |||
+ | Dix nouvelles qui interpellent six personnages, | ||
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+ | Peur de l’abandon. Des attentats terroristes. De la souffrance. De la mort. Grosses peurs. Et petites peurs. Peur des chiens. Des chauffards. Des trottoirs verglacés. Peurs et combats. Contre la maladie, les fous d’Allah, les matous envahissants | ||
+ | |||
+ | HAMELIN, Louis, Betsi Larousse ou l’ineffable eccéité de la loutre, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2009, 316 p. (Roman) [XYZ, 1994] | ||
+ | |||
+ | Il suffit d'un rien pour que notre vie soit changée. Par exemple, qu'un orignal atterrisse sur la banquette avant de notre auto après avoir fracassé le pare-brise. Imaginez que, la fois suivante, ce soit Betsi Larousse, la starlette du clip, l' | ||
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+ | HAMELIN, Louis, Cowboy, Montréal, Boréal, 2009, 480 p. | ||
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+ | Quand Gilles a quitté Montréal pour les régions nordiques du Québec, c’était la tête pleine de clichés et de paysages baignant dans l’innocence originelle. Mais Grande-Ourse, | ||
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+ | « Avec cet authentique roman d’action, ce trépidant western made in Québec, on ne peut plus en douter : la carrière de Louis Hamelin est partie au galop. Et bien malin qui saura l’arrêter. » Marie Claude Fortin, Clin d’œil | ||
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+ | « Cowboy est une œuvre puissante, comme il en paraît peu. M. Hamelin […] s’affirme encore une fois comme romancier de premier plan, capable de soutenir un rythme et un style percutants, capable aussi d’absorber des réalités ethnographiques complexes et de leur donner un sens.» | ||
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+ | |||
+ | LALONDE, Robert, Iotékha, Montréal, Boréal, 2009, 168 p. (Carnets) | ||
+ | |||
+ | Dans ces carnets, Robert Lalonde saisit un souvenir d’enfance, | ||
+ | Chantal Jolis, Radio-Canada | ||
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+ | Tout au long des pages d’Iotékha’, | ||
+ | Marie-Claude Fortin, La Presse | ||
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+ | LALONDE, Robert, Un cœur rouge dans la glace, Montréal, Boréal, 2009, 248 p. (Nouvelles) | ||
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+ | Avec le merveilleux Espèces en voie de disparition, | ||
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+ | «Un cœur rouge dans la glace regorge de petits bijoux d’écriture. J’ai été totalement hypnotisée. J’ai retrouvé le Robert Lalonde que j’aime depuis longtemps. Je suis ravie. C’est une nécessité de lecture !» | ||
+ | Lorraine Pintal, Radio-Canada/ | ||
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+ | «Robert Lalonde explore les chemins sinueux de la quête à travers trois novelles. Outre la déviation des trajectoires propre aux personnages de Lalonde, la poésie se fraie ici une place de choix, laissant au lecteur le soin de découvrir une nouvelle et jouissive facette de l’écrivain.» | ||
+ | Jade Bérubé, La Presse | ||
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+ | En 2009, il nous offrait deux novellas réunies dans Un cœur rouge dans la glace | ||
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+ | LARUE, Monique, L’œil de Marquise, Montréal, Boréal, 2009, 384 p. | ||
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+ | Voici le roman de Marquise Simon, née Cardinal. Sa naissance entre deux frères ennemis, envers qui elle se sent également liée et étrangère, | ||
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+ | Voici, également, le roman du monde où nous vivons : situé au Québec, à Montréal, dans les années qui vont de ce que Marquise appelle le DRIPQ (Deuxième référendum sur l’indépendance politique du Québec) à aujourd’hui. Voici le tableau le plus précis, le plus coloré et le plus juste de l’extraordinaire métamorphose par laquelle une société jadis si tranquille et si homogène s’est transformée en cette vaste tour de Babel où les langues, les cultures, les moeurs, les valeurs se mêlent, se heurtent, se défont et se refont pour composer cette humanité nouvelle, pleine de surprises, de conflits et de synthèses inattendues. | ||
+ | |||
+ | Voici, en somme, un roman d’amour qui est en même temps un roman familial, un roman d’aventures qui est en même temps un roman social, un roman de l’existence qui est en même temps un roman de l’époque. Bref, voici un roman d’une richesse, d’une diversité et d’une beauté telles qu’il ne s’en écrit que quelques-uns au cours d’une décennie. | ||
+ | |||
+ | |||
+ | LAFERRIÈRE, | ||
+ | |||
+ | Un jeune homme de vingt-trois ans a quitté son pays de façon précipitée. Un homme épuisé y retourne, trente-trois ans plus tard. Le jeune homme est passé de l’étouffante chaleur de Port-au-Prince à l’interminable hiver de Montréal. Du Sud au Nord. De la jeunesse à l’âge mûr. Entre ces deux pôles se trouve coincé le temps pourri de l’exil. | ||
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+ | |||
+ | |||
+ | MARCOTTE, Gilles, La littérature est inutile, Montréal, Boréal, 2009,240 p. | ||
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+ | « Les œuvres dont il sera question dans ce livre font partie de la littérature québécoise. Il ne s’agit ici ni d’une “deffense et illustration”, | ||
+ | - Extrait de la préface | ||
+ | |||
+ | MONTPETIT, Caroline, L’enfant, Montréal, Boréal, 2009, 136 p. (Nouvelles) | ||
+ | |||
+ | L’enfant nous bouleverse toujours. Qu’il soit à nous ou à quelqu’un d’autre. Qu’il soit entouré des soins inquiets de ses parents ou qu’il soit abandonné. Qu’il nous arrive ou qu’il nous soit arraché. Dans tous les cas, l’enfant nous bouleverse. | ||
+ | Dans ces nouvelles, Caroline Montpetit nous parle des enfants d’ici et d’ailleurs, | ||
+ | | ||
+ | Ce n’était pas la première fois que Leila abordait l’épineuse question de l’identité de son père avec Hélène. En fait, cette interrogation avait surgi entre elles dès que Leila avait eu l’âge de raison, et qu’elle avait compris, en discutant avec ses amies d’école, que le fait de ne pas connaître son père était une situation d’exception. Hélène, de son côté, avait préparé le terrain depuis longtemps. Année après année, elle lui avait expliqué qu’à la fin de la trentaine, elle n’avait toujours pas d’âme sœur en vue, et que son désir d’enfant avait alors pris une telle ampleur qu’elle avait décidé d’en faire un seule. Et Leila était née, petit paquet de chair et de sang, de la rencontre d’un ovule d’Hélène et d’une flaque de sperme d’un donneur inconnu, sous les hospices d’un gynécologue obstétricien de garde ce jour-là, d’ailleurs pas trop mal de sa personne. | ||
+ | |||
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+ | TREMBLAY, Lise, La sœur de Judith, Montréal, Boréal, 2009, 180 p. | ||
+ | Lise Tremblay brosse un tableau du Québec rural d’après la Révolution tranquille, un Québec en pleine effervescence, | ||
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+ | C’est du grand art […]. Jamais l’écriture de Lise Tremblay ne nous a paru aussi sobre, minimaliste, | ||
+ | Danielle Laurin, Le Devoir | ||
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+ | ==== 2010 ==== | ||
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+ | BEAULIEU, Victor-Lévy, | ||
+ | Victor-Lévy Beaulieu raconte l’histoire de l’Irlande, | ||
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+ | Biographie, leçon de traduction, livre d’images, dialogues schizophrènes ou mise en scène de lui-même : James Joyce, l’Irlande, | ||
+ | Christian Desmeules, Le Devoir | ||
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+ | BEAULIEU, Victor-Lévy, | ||
+ | - Mémoires d’outre-tonneau, | ||
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+ | BIRON, Michel, La conscience du désert, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2010, 216 p. (Essai) | ||
+ | |||
+ | Si la littérature québécoise des années 1960 et 1970 a pu accompagner l’esprit de renouveau et de fondation ayant marqué la Révolution tranquille et l’entrée du Québec dans une modernité si longtemps attendue, que nous disent de notre société et de nous-mêmes les œuvres qui s’écrivent et se publient aujourd’hui ? Et inversement, | ||
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+ | Prix Victor-Barbeau de l' | ||
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+ | BLAIS, Marie-Claire, | ||
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+ | Tous les soirs, au Saloon, quand la nuit tombe, une bande de garçons se métamorphosent en créatures de rêve. Ils se parent de robes colorées, de perruques invraisemblables, | ||
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+ | À la fois hommes et femmes, triomphants et menacés, à la fois libres et enchaînés, | ||
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+ | Dans ce nouveau roman au lyrisme bouleversant, | ||
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+ | CHASSAY, Jean-François, | ||
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+ | Un ami se présente à vous en déclarant qu’il a pris la décision de se suicider à minuit, le jour-même. Voilà votre ultime chance d’aller au bout. De l’amitié et des devoirs qu’elle vous impose. Au bout des raisons qui font que vous avez choisi de ne pas vous tuer et de continuer à vivre. Au bout de ce que la parole est capable d’exprimer. | ||
+ | À partir de cette prémisse extrême, Jean-François Chassay compose un roman à la fois ludique et désespéré. | ||
+ | « Et le voilà maintenant de nouveau seul. | ||
+ | « A-t-il appris quelque chose ? | ||
+ | « Que le temps passe aux yeux des humains parfois trop vite et parfois trop lentement. Il le savait déjà. Aussi bien qu’il a conscience que la pluie mouille. Et qu’on n’a pas à être croyant pour sentir l’Apocalypse. Il ne peut garantir cependant ce qui se déroule entre le tic et le tac d’une seconde. Si on peut se glisser entre les deux, s’y lover et attendre, éternellement au besoin. Une solitude qui irait jusqu’ à la perte de conscience. Tic et Tac. À minuit, le changement surviendra, nous serons après le tac. » | ||
+ | |||
+ | |||
+ | CARPENTIER, André, Extraits de cafés, flâneries en cafés montréalais, | ||
+ | |||
+ | Après ses flâneries dans les ruelles montréalaises (Ruelles, jours ouvrables, 2005), André Carpentier s’est plongé quelques années dans l’ordinaire quotidien des cafés, carnet à la main, y consignant ses observations, | ||
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+ | « Ces notes ont été prises à l’ombre de l’Amérique, | ||
+ | A. C. | ||
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+ | CHEN, Ying, Espèces, Montréal, Boréal, 2010, 216 p. | ||
+ | |||
+ | Quel soulagement de n’avoir plus rien à faire que de jouer, de contempler, de paresser, de faire une sieste à midi, de vivre comme au commencement de la vie et aussi comme à la fin du monde, sans projet d’aucune sorte, sans jamais de hâte, l’air clochard, dans l’abandon, | ||
+ | |||
+ | Votre mari s’intéresse à une jeune femme qu’il voit tous les jours au bureau. L’enfant qui était apparu inopinément à votre porte est disparu aussi rapidement et inexplicablement. Maintenant que les rôles d’épouse et de mère n’ont plus aucun sens pour vous, pourquoi ne pas vous la couler douce ? Pourquoi ne pas passer vos après-midi dans un fauteuil, à surveiller la lumière qui poudroie à la fenêtre, le tremblement des feuilles dans les arbres ? Pourquoi ne pas occuper vos nuits à vous balader en toute liberté pendant que tout le monde dort ? Pourquoi ne pas éprouver la plus grande indifférence devant le passé comme devant l’avenir ? Pourquoi donc ne pas tout simplement mener la vie d’une chatte qui partage la maison de son maître sans être troublée par tout ce qui inquiète habituellement les humains ? | ||
+ | |||
+ | C’est littéralement ce qui se produit chez la protagoniste de ce roman, soudain métamorphosée en chatte sans que cela suscite trop d’émoi autour d’elle. Avec une ironie mordante, en poussant jusqu’à l’absurde les règles qui régissent nos vies, Ying Chen réussit à nous faire toucher ce qui se trouve au cœur de toute vie. | ||
+ | |||
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+ | COURTEMANCHE, | ||
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+ | Un homme apprend la même semaine que sa femme le quitte et qu’il est atteint d’un cancer. Laquelle de ces deux morts annoncées est la plus redoutable ? Quelles raisons aurait-il désormais de se battre pour sa vie ? Ce livre, le plus personnel que Gil Courtemanche nous ait donné, nous montre un homme seul devant la mort, seul devant la vie, qui lance un bouleversant cri de douleur, un pressant appel à ne pas laisser échapper cette vie. C’est aussi, surtout, une fabuleuse déclaration d’amour. | ||
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+ | Ce n’est jamais la première, la première femme, c’est souvent la dernière. Elle est la première dans le sens de naissance, de découverte, | ||
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+ | COURTEMANCHE, | ||
+ | Noël. Le repas du réveillon. Toute la famille est réunie autour du père et de la mère. Hier encore figure imposante qui terrorisait ses enfants, le père, victime du parkinson rigide, est aujourd’hui prisonnier de son corps. Les paroles qui résonnent dans sa tête n’arrivent plus à franchir ses lèvres. Les mouvements qu’il veut faire le trahissent. | ||
+ | André, l’aîné de la famille, approche la soixantaine. Il n’a jamais aimé son père, celui-ci ayant trop abusé de son pouvoir, trop menti, trop manipulé ses proches pour sauvegarder son image de toute puissance. Pourtant, il ne peut s’empêcher d’être profondément touché en étant le témoin de la déchéance de cet homme. | ||
+ | Que faire quand on est en présence de quelqu’un à qui désormais tous les plaisirs sont interdits ? Faut-il prolonger sa vie, ou plutôt l’aider à l’abréger ? Autour de la table, les avis sont partagés. Gil Courtemanche nous fait vivre encore une fois une expérience humaine bouleversante. En mettant merveilleusement en scène ce drame qui interpelle chacun de nous, il pose de façon nouvelle mais tout aussi magistrale la question qui était au coeur de son premier roman : Pourquoi vivre ? Pourquoi mourir ? | ||
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+ | DELISLE, Michael, Tiroir no 24, Montréal, Boréal, 2010, 132 p. | ||
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+ | Pourquoi l’ont-ils choisi, lui ? Peut-être parce qu’il aime chanter, mais certainement pas à cause de sa tignasse rousse, qui brille comme du cuivre quand sœur Dionne l’enduit de lotion. Il était le « Tiroir numéro 24 » de l’Orphelinat catholique. Il sera désormais le gars des Cyr. Il a six ans. C’est juste avant l’Expo 67. | ||
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+ | Pendant douze ans, il travaille à la Boulange, l’entreprise familiale, où on vend du pain et des gâteaux. | ||
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+ | Mais les temps changent et la Boulange ferme ses portes. Les bourgeois du quartier délaissent les mokas, les pains Weston et les pâtés au saumon et préfèrent désormais le lapin aux pruneaux, le céleri rémoulade et les nouilles d’Alsace. Il va travailler pour l’Européen qui vient d’ouvrir boutique de l’autre côté de la rue. Pour les Cyr, c’est une trahison. Mais pouvait-on attendre autre chose d’une engeance comme lui. Après tout, ce n’est pas leur sang qui coule dans ses veines. | ||
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+ | Michael Delisle sait évoquer toute la part de mystère qui se cache dans chaque destin. À travers l’errance du gars des Cyr, c’est une étape charnière de la conscience québécoise qu’il nous fait revivre. Le passage de la tradition à la modernité, qui cache bien des périls. | ||
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+ | HAMELIN, Louis, Ces spectres agités, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2010, 312 p. (Roman) | ||
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+ | Voilà donc Montréal transformée en phytophage corps callipyge grâce à Dorianne sortie tout droit d’un roman de Marcel Proust : fugitive égérie que le vin fait halluciner, tous les moteurs de la ville — vrombissantes voitures phalliques — se lançant à sa poursuite pour l’écraser définitivement sur l’asphalte chaud de la nuit. | ||
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+ | Un temps, la triade que forment Pierre, Vincent et Pietr la sauvera de la mécanique nocturne mais, dès les premières pages du roman, la chose était déjà entendue : bien que s’agitant dans le labour et le débours de la nuit, les spectres, pareils aux vampires si chers à Pietr, ne sauraient résister à la remontée inéluctable du jour, Montréal redevenant l’infamie de la misère sociale, sa luminosité fourbe s’étalant comme une énorme main sale sur les choses et le monde. | ||
+ | |||
+ | Dans Ces spectres agités, on est dans l’univers atomisé du Grand Morial où les affinités électives demandent encore à venir vraiment — ce choix nouveau de sa véritable parentèle, et dont le roman de Louis Hamelin pose un jalon essentiel dans notre littérature. | ||
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+ | HAMELIN, Louis, La Constellation du lynx, Montréal, Boréal, 2010, 600 p. | ||
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+ | Des fois, Sam, j’ai l’impression que la lumière des faits nous parvient de très loin, comme celle des étoiles mortes. Et que nous nageons en plein arbitraire quand nous essayons de relier les points pour obtenir une figure plausible… Peut-être que les explications que nous cherchons ne sont jamais que des approximations, | ||
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+ | En 2001, à la mort de son ancien professeur, l’éditeur-poète Chevalier Branlequeue (un nom de plume !), l’écrivain Samuel Nihilo décide de poursuivre les recherches de ce dernier sur la crise d’octobre 1970. Chevalier y a toujours vu l’aboutissement d’une conspiration politique. De Montréal, où commence son enquête, jusqu’au village mexicain de Zopilote, où les chemins de Nihilo et d’un ex-felquiste se croiseront, en passant par l’Abitibi des grands espaces – si somptueusement décrits –, les recherches de Samuel vont rapidement se concentrer sur le rôle joué en 70 par les services secrets, l’escouade antiterroriste et toute une panoplie de personnages pas nets, dont le spectre quasi shakespearien du ministre assassiné ! Dans cette extraordinaire fresque, premier grand roman sur la crise d’Octobre, | ||
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+ | JACOB, Suzanne, Un dé en bois de chêne, Montréal, Boréal, 2010, 184 p. (Nouvelles) | ||
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+ | C’était une femme et un homme qui avaient cultivé l’habitude de s’entendre. Le jour pouvait tomber, la neige, puis le vent, et enfin la nuit, l’entente entre la femme et l’homme ne tombait pas. Quand ils avaient un différend sur la direction à emprunter, ils faisaient appel à un dé en bois de chêne qu’ils avaient trouvé au bord du fleuve, un matin de leur premier voyage le long du fleuve. Quel drôle de dé que ce dé qu’ils avaient trouvé par hasard, un dé qui avait six côtés mais une seule face, celle du trois, avec deux yeux tout ronds et la bouche qui faisait « oh ! ». On gagnait si le dé tombait face contre ciel, on perdait si le dé tombait face contre terre. C’était l’usage et la règle que l’homme et la femme avaient décidés. | ||
+ | Suzanne Jacob écrit comme d’autres pratiquent la divination. Ses textes sont des sortes d’oracles. Ce sont des énigmes qu’elle nous propose, mais des énigmes qui ouvrent le réel et nous donnent accès à son sens le plus profond. | ||
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+ | LAFERRIÈRE, | ||
+ | Ce manifeste d’amour adressé par l’auteur à sa grand-mère raconte une jeunesse haïtienne en une succession de brefs tableaux. Un roman initiatique de l’adolescence sur fond de crise politique. Dany Laferrière fait de la joie de vivre une épine plantée dans le pied des dictatures. | ||
+ | Le Magazine littéraire | ||
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+ | Les paradoxes décapants pullulent dans la dérive mythologique de Laferrière, | ||
+ | Patrick Grainville, Le Figaro | ||
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+ | LANGELIER, Nicolas, Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles, Montréal, Boréal, 2010, 232 p. | ||
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+ | Ce n’est pas ainsi que les choses devaient se passer, n’est-ce pas? La modernité nous a laissés tomber. Vous a laissé tomber. | ||
+ | |||
+ | Et un jour, sans doute, vous en aurez assez. Ce sera l’aube, peut-être au printemps. Votre père sera mort, la fille de votre vie sera partie, vos rêves se seront effilochés les uns après les autres. S’il vous en reste la force, avant qu’il ne soit trop tard, vous déciderez alors de sauver ce qui reste de votre vie. | ||
+ | |||
+ | En suivant les 25 étapes faciles décrites dans ce livre, vous trouverez réponse à des questions comme : | ||
+ | |||
+ | • Comment survivre à ce début de XXIe siècle, à ses impasses, ses mirages? | ||
+ | • Avec qui la fille de votre vie a-t-elle dormi la nuit dernière? | ||
+ | • Que faire contre la peur continuelle de manquer quelque chose, de ne pas vivre assez fort? | ||
+ | • Comment réagir en apprenant que votre père est atteint du cancer? | ||
+ | • Quel sera l’héritage de votre génération? | ||
+ | • Passez-vous trop de temps sur les réseaux sociaux d’internet? | ||
+ | • Comment espérer devenir véritablement adulte, à une époque où tout contribue à vous maintenir dans une adolescence prolongée? | ||
+ | • Et bien plus encore! | ||
+ | |||
+ | Prêt pour le changement? PARTEZ! | ||
+ | Justification : Porosité formelle. Utilisation d’icônes donc porosité qui relève de la culture numérique. Cohabitation avec de dessins qui renvoient à une porosité des savoirs artistiques, | ||
+ | Il introduit le terme d’« hypermodernité » voulant dire par là les excès, l' | ||
+ | Dans une interview paru sur le site officiel de l’auteur, Langelier parle de références culturelles, | ||
+ | La critique le classifie comme « roman-essai » (http:// | ||
+ | L’auteur est lui-même qualifié de « hipster ». | ||
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+ | LABERGE, Marie, Revenir de loin, Montréal, Boréal, 2010, 624 p. | ||
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+ | RICARD, François et al., Gabrielle Roy et l’art du roman, suivi de Les Vacances texte inédit de Gabrielle Roy, Isabelle Daunais, Sophie Marcotte et François Ricard [dir.], Montréal, Boréal (Les Cahiers Gabrielle Roy), 2010, 334 p. (Essai) | ||
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+ | Les vingt textes réunis dans ce volume ont été écrits à l’occasion d’un colloque tenu à Montréal en octobre 2009 pour marquer le centenaire de la naissance de Gabrielle Roy. | ||
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+ | Rassemblant les contributions de critiques et de chercheurs venus de pays et d’horizons divers, spécialistes de Gabrielle Roy ou, plus simplement, lecteurs de son œuvre, ce volume vise d’abord à favoriser l’ouverture de nouvelles pistes de lecture, d’interprétation et de recherche dans l’œuvre de la grande romancière. Mais, de manière plus précise, il vise aussi à mettre en lumière la poétique romanesque de Gabrielle Roy et ce qu’on pourrait appeler sa « conscience du roman », c’est-à-dire sa manière de concevoir et de pratiquer le roman, dans ses dimensions aussi bien formelles et stylistiques que thématiques et philosophiques, | ||
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+ | En ce sens, ces études sont une invitation à lire l’œuvre de Gabrielle Roy dans un cadre plus vaste que celui où on l’inscrit généralement, | ||
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+ | À titre de document complémentaire, | ||
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+ | Ont participé à cet ouvrage : Mathieu Bélisle, Michel Biron, Antoine Boisclair, Isabelle Daunais, François Dumont, Madeleine Frédéric, Lambros Kampéridis, | ||
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+ | RIVARD, Yvon, Une idée simple, Montéal, Boréal (Papiers collés), 2010, 246 p. (Essai) | ||
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+ | « Depuis des années, j’entends qu’il faut se méfier des idées simples, du rêve, du bonheur, car le réel est complexe (aucune idée ne peut y être un chemin sûr), opaque (aucun rêve ne peut l’éclairer ou l’élargir) et fatal (aucun bonheur ne peut résister à la mort). Il est difficile de s’opposer à cette prudence lorsqu’on sait à quelles aberrations religieuses, | ||
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+ | |||
+ | QUIVIGER, Pascale, Pages à brûler, Montéal, Boréal, 2010, 264 p. | ||
+ | |||
+ | Une jeune femme, Clara Chablis, est portée disparue. L’inspecteur Bernard Lincoln est responsable de l’enquête. Il ne trouve aucun antécédent à cette disparition, | ||
+ | |||
+ | Pascale Quiviger semble avoir donné naissance à un genre nouveau, celui du « thriller poétique », juste pour raconter cette histoire au charme incantatoire | ||
+ | |||
+ | RIVARD, Yvon, Le siècle de Jeanne, Montréal, Boréal, 2010, 408 p. | ||
+ | |||
+ | Alexandre est écrivain. Il a cinquante ans et, derrière lui, un passé jonché d’amours tumultueuses. Le voici seul à Paris, à attendre Clara, son amante qui ne viendra pas, et à habiter par la pensée le monde de Jeanne, sa petite-fille, | ||
+ | Comme tout vrai roman, celui-ci est l’histoire d’une lutte. Lutte tendre et déchirante entre des êtres qui s’aiment, lutte d’un homme avec lui-même et avec le temps qui l’emporte, | ||
+ | Histoire d’une découverte à la fois existentielle, | ||
+ | |||
+ | SEGURA, Mauricio, Eucalyptus, Montréal, Boréal, 2010, 176 p. | ||
+ | |||
+ | Après avoir passé toute sa vie à Montréal, un homme rentre au Chili. Son père est mort. Il vient lui rendre les derniers hommages. Très vite, il se rend compte que ceux qui ont fait le choix de partir ne sont pas nécessairement les bienvenus quand ils rentrent au pays des ancêtres. Entre les enracinés et les déracinés plane un malentendu qui rend le retour impossible. Surtout dans cette famille juive qui, d’Andalousie en passant par Thessalonique, | ||
+ | personnages, | ||
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+ | ===== Années 2011-2015 ===== | ||
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+ | ==== 2011 ==== | ||
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+ | ARCHAMBAULT, | ||
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+ | « Je sais que je suis détruit », se dit un vieil homme qui se promène dans les rues de Montréal un jour de novembre. « Détruit, on le devient peu à peu. Pour cela, il suffit de vivre. » | ||
+ | |||
+ | Les dix-sept nouvelles qui composent ce recueil sont autant de variations sur cet unique thème, cette unique vérité que l’auteur emprunte à Miguel Torga : « Exister, c’est perdre, petit à petit. » Et perdre, c’est être seul, de plus en plus. Pourtant, nul désespoir dans ces pages, pas même de révolte ni de cynisme. Plutôt, l’acceptation lucide et modeste de l’inévitable, | ||
+ | |||
+ | ARCHAMBAULT, | ||
+ | |||
+ | Vingt ans après le très touchant Un après-midi de septembre, où Gilles Archambault évoquait la disparition de sa mère, le romancier renoue avec le genre autobiographique pour tracer cette fois-ci une bouleversante chronique de la mort de sa compagne, celle qui a partagé sa vie pendant plus de cinquante ans. | ||
+ | |||
+ | Ce bref récit, qui prend la forme d’un journal tenu l’espace de quelques mois, nous parle du couple et de la solitude, de la vie et de la mort. Avec la pudeur qu’on lui connaît, Gilles Archambault arrive, comme dans ses oeuvres de fiction, à nous faire toucher l’essence même de la vie, de l’amour, à travers le quotidien le plus attentivement traduit. | ||
+ | |||
+ | AWUMEY, Edem, Rose déluge, Montréal, Boréal, 2011, 216 p. | ||
+ | |||
+ | Rose est morte après un interminable combat — contre son corps qui se désagrège, | ||
+ | |||
+ | Mais pour arriver jusque-là, Sambo devra emprunter l’identité d’un ami d’enfance qui vit au Canada et faire en autocar le long périple à travers les États-Unis. Dans la petite gare routière de Hull, entre les poètes vaticinateurs et les bourgeois méfiants, il fait la rencontre de Louise, qui ne rêve aussi que d’ailleurs et de départs, et pendant la longue attente pour ce car qui refuse de se pointer, peu à peu, leurs deux mondes se rencontreront, | ||
+ | |||
+ | Après Les Pieds sales (Boréal et Seuil), finaliste du prix Goncourt 2009, Edem Awumey nous revient avec un troisième roman où souffle un lyrisme puissant. Roman des êtres en transhumance, | ||
+ | |||
+ | BEAULIEU, Victor-Lévy, | ||
+ | |||
+ | La Grande Tribu, c’est la faute à Papineau, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 880 p. (Grotesquerie) ; La Nuit de Malcomm Hudd, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 222 p. (Roman); Monsieur Melville, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 576 p. (Lecture fiction) | ||
+ | |||
+ | CHASSAY, Jean-François, | ||
+ | |||
+ | Professeur de littérature québécoise, | ||
+ | |||
+ | COURTEMANCHE, | ||
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+ | C’est à Camus que Gil Courtemanche emprunte cette idée du « juste » pour décrire la position qu’il veut être la sienne quand il aborde l’actualité politique. Le « juste », c’est celui qui fait passer l’humanité avant les idées, les personnes avant les dogmes, politiques ou autres. | ||
+ | C’est la position la plus pénible, la plus complexe, la plus vulnérable. Car le « juste » se retrouve avec de curieux compagnons qu’il n’aime pas nécessairement. Puis il est confronté à la douloureuse question de la responsabilité, | ||
+ | |||
+ | DAIGLE, France, Pour sûr, Montréal, Boréal, 2011, 752 p. (Roman) / DAIGLE, France, Pour sûr, Montréal, Boréal (Boréal Compact), | ||
+ | |||
+ | Pour sûr est, entre autres choses, une somme encyclopédique, | ||
+ | |||
+ | C’est aussi l’histoire de personnages attachants, Terry et Carmen, que l’on a connus dans les précédents romans de l’auteur, leurs enfants Étienne et Marianne, et toute cette humanité qui gravite autour du bar Le Babar, à Moncton – les Zablonski, Zed, Pomme –, artistes, gens ordinaires, qui, tout en vaquant à leurs activités quotidiennes, | ||
+ | |||
+ | Devant la savante architecture du roman, suite de fragments agencés selon une implacable structure mathématique, | ||
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+ | FOLCH-RIBAS, | ||
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+ | Paco vit dans la Grande Maison au milieu d’un village qui ressemble au chaos. S’y mêlent ouvriers et paysans, pêcheurs et commerçants. Les mots de la langue du pays y résonnent, et aussi ceux d’une autre, brutale, sèche, que l’on enseigne du bout des lèvres à l’école. Heureusement qu’il y a les gros dictionnaires de Grand-Père où on peut découvrir ce que les mots veulent dire. | ||
+ | |||
+ | Quand la famille quitte le village pour la ville, c’est un chaos encore plus grand que Paco découvre. C’est un bouillonnement continu duquel fusent les cris « Vive la République! » et « Proletaris Unitat! » Une chance qu’il y a Concha, pour lui expliquer la politique, et lui révéler quelques autres mystères aussi. Et quand le chaos de la guerre emporte même ce chaos-là, Paco se retrouve jeté sur la route qui monte vers le nord, vers la montagne. Où l’attendent l’âme et le corps de Margarita. | ||
+ | |||
+ | Jacques Folch-Ribas donne ici un roman de guerre, qui est également un roman d’apprentissage, | ||
+ | |||
+ | GAGNON, Katia, La réparation, | ||
+ | GAGNON, Katia, La réparation, | ||
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+ | La journaliste Marie Dumais apprend dans les actualités le suicide d’une élève du secondaire, Sarah Michaud. Il semble que l’enfant était victime d’intimidation. On lui confie une série de papiers sur l’affaire. | ||
+ | |||
+ | Elle interroge les professeurs et les autres élèves. Elle rend visite aux parents. Ce sont de pauvres gens qui n’ont pas su défendre leur fille perdue parmi les petits bourgeois fréquentant le collège privé où Sarah n’a été acceptée que grâce à ses dons exceptionnels pour les mathématiques. Tout le monde voudrait tant qu’on cesse de parler de cette affaire, mais Marie veut savoir la vérité. Pourquoi Sarah Michaud est-elle morte ? | ||
+ | |||
+ | Dans ce premier roman mené comme un suspense, Katia Gagnon nous tient en haleine jusqu’au bout. Elle nous fait partager le destin d’êtres marqués, mais elle célèbre aussi tout le bien que peut apporter un regard qui réchauffe, une main tendue, l’amour et la compassion d’inconnus que la vie place sur notre chemin. | ||
+ | |||
+ | La Réparation est un hommage à ceux qui survivent et à ceux qui leur permettent de le faire. | ||
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+ | GRUDA, Agnès, Onze petites trahisons, Montréal, Boréal, 2011, 296 p. (Nouvelles) | ||
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+ | Peut-on vivre sans commettre de trahison ? Sans se trahir soi-même ou ceux qui partagent notre vie ? N’est-ce pas inévitable, | ||
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+ | LAFERRIÈRE, | ||
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+ | Je ne sais pas trop comment qualifier ce livre. J’hésite entre un roman des idées et un essai lyrique. En tout cas, j’essaie de brasser ensemble mes réflexions, | ||
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+ | Si mes romans sont une autobiographie de mes émotions, ce livre, dans la même veine, est une autobiographie de mes idées. Ce que je pense n’est jamais loin de ce que je sens. Comme si toute cette philosophie me venait de la petite galerie de ma grand-mère, | ||
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+ | En mettant en scène ses idées, Dany Laferrière nous invite à regarder le monde comme lui, c’est-à-dire avec la naïveté de l’enfant et la roublardise de l’écrivain. Mais cet art de penser est aussi, et surtout, un art de vivre : l’art de rester immobile, l’art de ne pas oublier, l’art de capturer l’instant, | ||
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+ | LALONDE, Robert, Le Seul Instant, Montréal, Boréal, 2011, 120 p. Boréal Compact, 2013, 120 p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | « On peut comprendre une chose en un seul instant, mais on la perd dans les longues heures qui suivent avec leurs semelles de plomb », écrit Oscar Wilde, enfermé dans sa prison. C’est de ce « seul instant » qu’il sera question dans ces pages. Pour ce qui est des « semelles de plomb » — la prison —, chacun sait à quoi s’en tenir. Mais qu’en est-il de cet instant qui oblige à sortir de soi, de cette courte illumination qui fait s’ouvrir l’œil , frissonner la nuque, trembler nos certitudes et nous amène à douter de notre âge ? On a de nouveau sept ans et le monde redevient une énigme merveilleuse. » | ||
+ | R.L. | ||
+ | Robert Lalonde nous entraîne dans sa campagne l’espace de tout un été. Il nous ouvre les portes du laboratoire de l’écriture, | ||
+ | |||
+ | |||
+ | LECLERC, Rachel, La patience des fantômes, Montréal, Boréal, 2011, 264 p. | ||
+ | |||
+ | Nous sommes une chaîne interminable dans laquelle, devant comme derrière, se trouvent des maillons plus faibles et d’autres bien plus forts que nous. Tantôt la chaîne est menacée de se rompre par la faute d’un seul, et tantôt elle contient une suite de maillons tout à fait sains, propices aux bonds de géant. Alors, sois celui qui consolide son bout de chaîne. | ||
+ | |||
+ | C’est dans une misère en bardeaux gris, du côté nord de la péninsule gaspésienne, | ||
+ | |||
+ | Si Émilie, son arrière-petite-fille, | ||
+ | |||
+ | Rachel Leclerc nous donne ici beaucoup plus qu’une grande saga familiale sur cinq générations. Elle nous propose une lumineuse méditation sur la tragédie qui se cache au milieu de toute vie. Pouvons-nous nous libérer du passé sans renoncer à notre héritage ? | ||
+ | |||
+ | LEVESQUE, Robert, Déraillements, | ||
+ | |||
+ | « C’est la nuit, dans mon enfance, entre veille et sommeil, que m’est venu l’attrait des trains. À chaque nuit, au passage du train venant des provinces maritimes, le charme agissait toujours autant à mes oreilles, comme à celles d’Ulysse le chant des sirènes. Je l’écoutais naître au loin, et mourir au loin, cette grande plainte sifflante qui m’était une invitation au voyage, la séduction extatique d’un train traversant une ville en perçant l’air de la nuit, une cavatine, le médianoche du dormeur éveillé. » | ||
+ | |||
+ | Robert Lévesque ne savait pas, lorsqu’il écoutait siffler les trains de son enfance, à quelles aventures cet appel le conduirait plus tard : appel du lointain, de l’étranger, | ||
+ | |||
+ | L’univers ferroviaire – rails, locomotives, | ||
+ | Magistrale leçon de lecture et d' | ||
+ | Gilles Dupuis - Spirale, numéro 140, Printemps 2012 | ||
+ | |||
+ | « Déraillements se révèle une lecture riche, érudite, qui comblera les amoureux des mots, de l' | ||
+ | Élizabeth Marineau - Revue Art Le Sabord, numéro 91, Mars 2012 | ||
+ | |||
+ | « Depuis son enfance à Rimouski, Robert Lévesque aime les trains et les gares. Le critique dramatique et chroniqueur littéraire a fait de l' | ||
+ | Pierre Cayouette – L’actualité | ||
+ | |||
+ | « Brillant trompeur, le critique fait mine de ressasser des anecdotes quand il illumine, en fait, certaines des œuvres les plus importantes des derniers siècles. » | ||
+ | Dominic Tardif – Voir | ||
+ | |||
+ | « Robert Lévesque écrit très bien. C’est très intéressant. C’est un très beau voyage dans la littérature de partout au monde. C’est foisonnant. Il élève l’anecdote au rang d’art. C’est vraiment fascinant. Une fois qu’on referme ce livre, on a envie d’aller lire plein d’autres choses. » | ||
+ | Matthieu Dugal – Radio-Canada / Ça me dit de prendre le temps | ||
+ | Pour écouter l' | ||
+ | |||
+ | « Toute l' | ||
+ | Christiane Charette – Radio-Canada / Christiane Charette | ||
+ | Pour écouter Robert Lévesque discuter de son livre avec Christiane Charette, cliquer ici. | ||
+ | |||
+ | « Le voyage. C’est le thème central de ce recueil de textes du plus doué des chroniqueurs québécois. Pas de doute, Robert Lévesque est bel et bien l’héritier d’Arthur Buies. Dans ce recueil, on croise des gens comme Jack London, Michel Butor, Paul Léautaud, Jacques Ferron... On jurerait que Robert Lévesque était l’un de leurs plus proches intimes. Brillantissime ! » | ||
+ | Didier Fessou – Le Soleil | ||
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+ | MOUAWAD, Wajdi, Le Poisson soi, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2011, 112 p. (Essai) | ||
+ | |||
+ | Wajdi Mouawad signe, avec Le Poisson soi, un texte à la fois fantomatique et intime, allusif et intense sur la recherche des origines. Il renoue ainsi avec les thèmes qui ont marqué son théâtre, et plus particulièrement le cycle « Le Sang des promesses » (Incendies, Littoral, Forêts, Ciels). Enfant du Liban, vieillard en devenir, il s’inquiète de la route à poursuivre et plonge le lecteur dans les notions, par lui subtilement embrouillées, | ||
+ | |||
+ | « Un récit intime où prose et poésie s' | ||
+ | Sympatico.ca | ||
+ | |||
+ | NEPVEU, Pierre, Gaston Miron, La vie d’un homme, Montréal, Boréal, 2011, 904 p. (Biographie); | ||
+ | |||
+ | Le 21 décembre 1996, dans la modeste église de Sainte-Agathe, | ||
+ | |||
+ | C’est tout simplement que Gaston Miron incarne mieux que quiconque le Québec moderne. Miron est notre «contemporain capital». Écrire la biographie de Gaston Miron, c’est faire davantage que retracer la vie d’un homme, c’est raconter le Québec de la Grande Noirceur et des communautés religieuses, | ||
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+ | À l’étranger aussi, le Québec, c’était Gaston Miron, tant parmi la confrérie des poètes que sur les plateaux de la télévision française. | ||
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+ | Après de nombreuses années de recherche qui l’ont amené à rencontrer les proches de Miron et à traverser d’abondantes archives, le poète, romancier et essayiste Pierre Nepveu arrive à embrasser l’empan de cette vie hors du commun. Il sait bien sûr faire ressortir toute l’envergure du poète, mais il réussit également comme nul autre à peindre l’homme, sa rudesse, sa fragilité, son grand rire franc, ses coups de gueule, sa misère natale qu’il portait comme un stigmate, son espoir indomptable. | ||
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+ | ==== 2012 ==== | ||
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+ | ARCHAMBAULT, | ||
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+ | Il existe, dans les domaines français et anglo-saxon, | ||
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+ | Pourtant, le roman constitue ici comme ailleurs une forme artistique majeure et il n’échappe en rien aux grandes questions – sur sa spécificité, | ||
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+ | C’est pour répondre à cette lacune que l’équipe de recherche TSAR («Travaux sur les arts du roman») de l’Université McGill a tenu, en mars 2011, une journée consacrée à la « La pratique du roman ». Ont participé à cette journée Nadine Bismuth, Trevor Ferguson, Dominique Fortier, Louis Hamelin, Suzanne Jacob et Robert Lalonde. S’ajoutent dans ce volume les contributions de Gilles Archambault et de Monique LaRue. Il était entendu que la réflexion des romanciers invités à cette journée serait la plus libre possible et qu’elle pouvait porter sur n’importe quel aspect de l’art romanesque, du plus singulier au plus général, la seule condition étant que cette réflexion soit celle non d’un critique, mais d’un praticien. | ||
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+ | BEAULIEU, Victor-Lévy, | ||
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+ | BIRON, Michel, Le Roman québécois, | ||
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+ | Dans cette synthèse, qui remplace celle parue dans la même collection il y a plus de vingt ans, Michel Biron embrasse du regard la production romanesque québécoise depuis 1837 jusqu’à aujourd’hui. L’auteur se penche également sur le rôle joué par la critique et sur le dialogue qu’elle a établi avec les romanciers. | ||
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+ | BLAIS, Marie-Claire, | ||
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+ | Un homme, un écrivain, dans un aéroport d’une île du Sud dont les fenêtres laissent voir la mer, est retenu captif à cause du retard de son vol. Un adolescent musicien, ancien enfant prodige, vivant dans la rue en compagnie de son chien, se demande de quoi sera fait son repas du soir. Petites Cendres, qui ne danse plus et ne chante plus avec les autres travestis comme autrefois, refuse de sortir de son lit pour assister au couronnement de la reine des nuits. | ||
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+ | En superposant ces trois univers, Marie-Claire Blais poursuit son ambitieux projet de déchiffrement du monde que constitue la suite romanesque intitulée Soifs. | ||
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+ | À mesure que l’immense fresque s’approche de son achèvement, | ||
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+ | BLAIS, Marie-Claire, | ||
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+ | Grand écrivain de l’américanité, | ||
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+ | BOUCHARD, Serge, C’était au temps des mammouths laineaux, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 232 p. (Essai) (Boréal Compact), 2013, 232 p. | ||
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+ | « Je suis un grand-père du temps des mammouths laineux, je suis d’une race lourde et lente, éteinte depuis longtemps. Et c’est miracle que je puisse encore parler la même langue que vous, apercevoir vos beaux yeux écarquillés et vos minois surpris, votre étonnement devant pareilles révélations. Cela a existé, un temps passé où rien ne se passait. Nous avons cheminé quand même à travers nos propres miroirs. Dans notre monde où l’imagerie était faible, l’imaginaire était puissant. Je me revois jeune, je revois le grand ciel bleu au-delà des réservoirs d’essence de la Shell, je me souviens de mon amour des orages et du vent, de mon amour des chiens, de la vie et de l’hiver. Et nous pensions alors que nos mains étaient faites pour prendre, que nos jambes étaient faites pour courir, que nos bouches étaient faites pour parler. Nous ne pouvions pas savoir que nous faisions fausse route et que l’avenir allait tout redresser. Sur les genoux de mon père, quand il prenait deux secondes pour se rassurer et s’assurer de notre existence, je regardais les volutes de fumée de sa cigarette lui sortir de la bouche, par nuages compacts et ourlés. Cela sentait bon. Il nous contait un ou deux mensonges merveilleux, | ||
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+ | Avec sa manière inimitable, sur le ton de la confidence, Serge Bouchard jette un regard sensible et nostalgique sur le chemin parcouru. Son enfance, son métier d’anthropologue, | ||
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+ | BRAULT, Jacques, Chemins perdus, chemins trouvés, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 304 p. (Essai) | ||
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+ | L’essai, chez Jacques Brault, a toujours accompagné l’écriture poétique, comme en ont déjà témoigné superbement Chemin faisant (1975) et La Poussière du chemin (1989), parus tous deux dans la collection « Papiers collés », et comme en témoigne de nouveau le livre que voici, ultime volet de ce qui se découvre aujourd’hui comme une longue méditation ininterrompue dans laquelle un praticien réfléchit à son propre métier et s’efforce, | ||
+ | |||
+ | Écrits au cours des deux dernières décennies, les vingt-huit essais qui composent ce recueil se présentent comme autant d’explorations à travers lesquelles peu à peu se forme et s’approfondit une pensée, ou mieux : une conscience de la poésie, comme art, certes, mais aussi, et surtout, comme l’expérience à la fois obscure et lumineuse à la source et au terme de cet art. Ces explorations se font tantôt par le souvenir, l’autoportrait en « bricoleur » ou en professeur de poésie, tantôt par la réflexion philosophique, | ||
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+ | « Ses propos, toujours intéressants, | ||
+ | Le Libraire | ||
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+ | « [Jacques Brault] renoue avec le souvenir de son frère Gilles, mort au champ d’honneur lors de la Deuxième Guerre mondiale. Dans un style somptueux, il imagine maintenant Gilles, " ce grand sauvage blond et plus taciturne que les pierres ", encore avec lui. […] Les textes de Saint-Denys Garneau, de Roland Giguère ou de Gaston Miron, Brault les interroge avec une telle intensité que le seul fait de les remuer dépasse l’exégèse. » | ||
+ | Michel Lapierre – Le Devoir | ||
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+ | CARPENTIER, André, Dylanne et moi, Montréal, Boréal, 2012, 140 p. (Roman) | ||
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+ | « J’étais sans faim ni autre soif que d’ajouter de l’inédit à ma vie, ou de la réorienter. N’était-ce pas, inconsciemment bien sûr, pour cette raison que j’avais accepté cette aventure artistique à deux ? | ||
+ | Pour me retrouver, moi, dans une nouvelle expérience de vie, comme on se retrouve soi et soi seul en voyage, en relation de front à front avec la multitude. Mais cela je le dis avec le recul. Sur le coup, je pensais à fuir. » | ||
+ | |||
+ | Après ses flâneries dans les ruelles montréalaises (Ruelles, jours ouvrables, 2005) et dans les cafés (Extraits de cafés, 2010), André Carpentier revient au roman avec une l’histoire envoûtante d’une improbable rencontre. | ||
+ | |||
+ | Un homme répond à une petite annonce parue dans un hebdo culturel. Il est médecin et il est en convalescence à la suite d’un cancer. Ladite annonce propose « une expérience artistique à deux – galants s’abstenir ». Après quelques échanges de courriels, il se rend à l’atelier d’artiste de Dylanne, et il est déconcerté devant l’originalité du projet qu’on lui propose. L’homme de raison se plie néanmoins aux directives de l’artiste et accepte de la suivre, même s’il ne comprend dans quelle voie elle l’engage. | ||
+ | |||
+ | Quelques mois plus tard, au retour d’une mission humanitaire, | ||
+ | |||
+ | André Carpentier propose ici une réflexion sur l’intériorité, | ||
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+ | « Quel beau texte et quelle belle leçon ! » | ||
+ | Aurélien Boivin - Québec français | ||
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+ | « Regards et jeux dans l' | ||
+ | Marie-Claude Fortin – La Presse | ||
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+ | « C'est avec sensibilité qu'il [André Carpentier] nous raconte l’histoire d’une improbable rencontre. À travers cette rencontre, il nous invite à une réflexion sur l’intériorité, | ||
+ | Carole Payer – Journal de Montréal | ||
+ | |||
+ | CHARETTE, Nicolas, Chambres noires, Montréal, Boréal, 2012, 160 p. (Roman) | ||
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+ | Photographe de son métier, Victor préfère considérer le monde à travers l’objectif d’un de ses Leica. Il arrive parfois que la soif le force à sortir de chez lui. Dans la rue, il trouve d’autres êtres qui semblent partager cette soif qui le taraude, mais il ne reconnaît plus le visage que lui renvoient les vitrines des magasins. Et, de plus en plus, il est fasciné par ce fusil que lui a donné un de ses amis et dont il rêve de tronquer le canon. | ||
+ | |||
+ | Dans ce premier roman, Nicolas Charette traduit dans une langue d’une prenante sobriété l’envers du réel, l’horreur qui se cache derrière les décors les plus familiers. Qu’il soit provoqué par l’alcool ou la drogue, ou simplement par les faux-semblants du monde qui nous entoure, le malaise qu’il décrit nous saisit à la gorge pour ne plus nous quitter. | ||
+ | |||
+ | CHUNG, Ook, La Trilogie coréenne, Montréal, Boréal, 2012, 448 p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | Le français est ma langue d’adoption, | ||
+ | |||
+ | Si j’écris en français, ce n’est pas tant parce que je trouve la langue française belle que parce que j’ai « quelque chose à dire ». Et, paradoxalement, | ||
+ | |||
+ | Le Japon, la Corée, le Canada, les trois lieux, les trois temps de la vie d’Ook Chung font l’objet des trois volets de cette trilogie. Le romantisme sombre d’un Japon encore en proie aux fantômes de la guerre, l’optimisme d’une Corée, pays du matin calme, à l’orée d’une ère nouvelle, le patchwork multiculturel des ruelles de Montréal, où retentit l’écho de tant d’accents. Ils sont le théâtre chaque fois d’un retour sans cesse ajourné, tandis que peu à peu s’érige le seul lieu habitable qui est, au fond, le plaisir de raconter, la magie du récit héritée des ancêtres. | ||
+ | |||
+ | « À l’aube de la cinquantaine, | ||
+ | Danielle Laurin – Le Devoir | ||
+ | |||
+ | « En refusant de tomber dans les ornières du passé, La Trilogie coréenne marque le triomphe de la littérature sur la tentation de la nostalgie. » | ||
+ | Martine Desjardins – L’Actualité | ||
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+ | DESJARDINS, Louise, Rapide-Danseur, | ||
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+ | Après une rupture définitive avec sa famille, mère et fils, Angèle s’est exilée au Nord, Chisasibi d’abord, puis Rapide-Danseur, | ||
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+ | Après Le Fils du Che, dont l’action se déroulait à Montréal, Louise Desjardins poursuit son exploration des relations mère-enfant sur fond de paysage nordique. L’univers si particulier de Louise Desjardins trouve toute sa force dans son regard sur la nature, où l’humain est si petit. | ||
+ | |||
+ | « On ressort de cette lecture, le cœur et l’âme brassés, heureux de ce dur voyage qui révèle nos peurs les plus secrètes. Un récit démontrant avec poésie que nos faiblesses sont une part entière de notre humanité. » | ||
+ | Tania Massault - Cousins de personne | ||
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+ | « D'un côté, cette légèreté de ton. Et ces petits riens du quotidien, ces petits gestes d' | ||
+ | Danielle Laurin - Le Devoir | ||
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+ | GRAVEL Soublière, Alexandre, Charlotte before Christ, Montréal, Boréal, 2012, Boréal Compact), 2013, 224 p. (Roman) | ||
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+ | acha et Charlotte sont amoureux. Amoureux fous. Il perd son temps à l’université. Elle étudie la danse. Lui est fils de riches et souffre de la maladie de Still, sorte d’arthrite qui l’empêche parfois de bouger tant la douleur est grande. Elle a des cicatrices sur le coeur : jamais connu son père, pas un sou, une fille brisée. | ||
+ | |||
+ | Dans leurs temps libres, ils squattent des maisons, font du vandalisme, écoutent beaucoup de musique, écrivent sur Facebook. Ils ne passent jamais plus de douze heures sans se texter Je t’aime. Mais surtout, ils partagent un journal intime, le Black Book: | ||
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+ | « Choses à essayer ensemble : | ||
+ | Faire une overdose, faire des photos porno, partir sur le pouce (pas dans l’Ouest), avoir juste des amis chats (de race), des bengales surtout, tuer quelqu’un, | ||
+ | BB — Entrée 18. » | ||
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+ | « Son livre est important. Je le comparerai à Vamp de Mistral. Une langue surprenante. Très contemporain. C'est très bien écrit. Un livre important qui gagne à être lu. » | ||
+ | Biz - Radio-Canada / Plus on est de fous, plus on lit | ||
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+ | ISSENHUTH, Jean-Pierre, | ||
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+ | Poète, professeur, critique, petit-fils d’un charpentier alsacien, Québécois depuis des lustres, plus paysan qu’homme de lettres, Jean-Pierre Issenhuth a publié des carnets (Chemins de sable, Le Cinquième Monde) qui rassemblent ses réflexions de jardinier et de promeneur, débusquant dans la littérature et la physique contemporaine les voix qui ouvrent des pistes, lisant le monde tel qu’il va, ruminant ses humeurs humanistes et misanthropes dans une cabane construite de ses mains. L’auteur est paradoxalement un ennemi de la littérature se nourrissant de littérature, | ||
+ | De la curiosité la plus hétéroclite aux méditations philosophiques et mystiques, son écriture nous fait pénétrer, non sans pudeur, dans les occupations d’un esprit exceptionnel d’humilité et de sagesse. | ||
+ | Luba Markovskaia - | ||
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+ | KATTAN, Emmanuel, Les Lignes de désir, Montréal, Boréal, 2012, 256 p. (Roman) | ||
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+ | C’est à Jérusalem que Sara décide de poursuivre ses études d’archéologie. Elle quitte Montréal pour s’installer dans un pays à l’histoire complexe qui l’amène sans cesse à s’interroger sur ses origines et sa propre identité. Née d’une mère musulmane et d’un père juif, comment peut-elle réconcilier les deux visages si opposés de ses racines familiales ? Comment peut-elle vivre, aimer, dans un pays où les questions de foi et de religion sont inextricablement mêlées à la politique, instaurent des frontières invisibles au cœur même des êtres ? | ||
+ | |||
+ | Elle se lie d’amitié aussi bien avec des étudiants juifs à l’Université hébraïque qu’avec sa colocataire musulmane, Samira. Elle rencontre Avner, un amant de passage, puis tombe amoureuse d’Ibrahim. | ||
+ | |||
+ | Quelques mois après son arrivée, Sara disparaît brusquement. Inquiet, Daniel, son père, débarque à Jérusalem pour tenter de la retrouver. Entre les amis de Sara, ses professeurs et le commissaire chargé de l’enquête s’installe une angoissante attente. Daniel essaie de retracer les faits et gestes de sa fille au cours des semaines qui ont précédé sa disparition. | ||
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+ | |||
+ | LAFERRIÈRE, | ||
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+ | Sorte de « compagnon » à L’Énigme du retour, ce roman, dont la première édition est parue à Montréal en 1994, raconte l’arrivée d’un jeune Haïtien dans la métropole québécoise au milieu des années 1970. Poursuivant son projet de réécrire son oeuvre en l’approfondissant, | ||
+ | |||
+ | Quand il s’est installé à Montréal, Dany Laferrière n’allait pas tant au devant de nouveaux horizons qu’il fuyait sa patrie où sa vie était en danger. Cette contrainte colore violemment la manière dont il voit le monde, et c’est cette vision chaotique qu’il partage ici avec nous. Le roman est composé de 360 fragments — qui prennent la forme de proses ou de vers libres, un peu à la manière de L’Énigme du retour —, à partir desquels le lecteur peut se former un portrait de la première année que le romancier a passée au Québec. Chacune des pièces de ce puzzle s’ajuste parfaitement aux autres pour souligner l’incertitude et la crainte qui taraude ceux qui ont quitté une terre bien-aimée pour sauver leur peau. | ||
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+ | Chronique de la dérive douce est le premier « roman du Québec » de Dany Laferrière, | ||
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+ | LALONDE, Robert, Un jour le vieux hangar sera empôrté par la débacle, Montréal, Boréal, 2012, 192 p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | Il y a d’abord, bien sûr, Stanley, l’Indien, le visage à deux faces, qui attire le narrateur comme un soleil noir. Il y a Serge, le fils de bourgeois, le bouc émissaire de toutes ses incertitudes et de toutes ses faiblesses. Éloi, l’ivrogne, | ||
+ | |||
+ | Et puis il y a Clément, l’ami vrai enfin trouvé, qui permet au narrateur de retourner dans le vieux hangar, où peut-être le pardon l’attend. | ||
+ | |||
+ | Le périlleux passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte se trouve au cœur de toute l’œuvre de Robert Lalonde. Le sourd travail du désir, l’élan vers la lumière, la fascination des ténèbres, la passion pour les êtres et les mots, la terrible sagesse de la nature, tous ces thèmes sont ici transfigurés par une manière nouvelle chez Lalonde de tisser plusieurs histoires, de les heurter les unes contre les autres pour en faire retentir toutes les harmoniques. | ||
+ | |||
+ | MAJOR, André, Prendre le large. Carnets 1995-2000, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 232 p. (Essai) | ||
+ | |||
+ | « Comme tout un chacun, je ne suis pas un homme comme les autres », écrit André Major en présentant ce nouveau volume composé à partir des carnets personnels qu’il a tenus entre 1995 et 2000. Ne pas être tout à fait comme les autres et ressembler à tout un chacun : si paradoxale qu’elle paraisse, n’est-ce pas là, au fond, la définition la plus exacte de l’écrivain, | ||
+ | |||
+ | Chez André Major, c’est avant tout aux lectures (des romanciers nordiques, en particulier), | ||
+ | |||
+ | Au début de ces carnets, l’auteur arrive au milieu de la cinquantaine. C’est l’âge du détachement et de l’ouverture. Détachement de soi-même et des ambitions de jadis ; retraite à l’écart de la comédie sociale; repli sur l’essentiel; | ||
+ | |||
+ | Écrit dans une prose aussi limpide que dépouillée, | ||
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+ | « Je vous ai déjà dit tout le plaisir que je prenais aux Carnets d' | ||
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+ | Pierre Foglia, La Presse | ||
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+ | |||
+ | PAPINEAU, Véronique, Les Bonnes Personnes, Montréal, Boréal, 2012, 224 p. (Roman) | ||
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+ | Montréal. Les années 2010. À la suite de leur rupture, Charlotte et Paul tentent de continuer leur vie. Charlotte espère trouver l’amour et le bonheur auprès de Lecoq, un collègue de travail. Paul essaie de reprendre sa vie conjugale et familiale là où il l’avait laissée. Cependant, la réalité les rattrape. | ||
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+ | Véronique Papineau renoue ici avec le ton incisif de ses nouvelles, et nous retrouvons son regard lucide et parfois amusé sur l’amour et la trahison. Surtout, elle nous donne accès autant au point de vue de Charlotte qu’à celui de Paul, qui n’ont pas toujours la même version de leur histoire... | ||
+ | |||
+ | |||
+ | POLIQUIN, Daniel, L’Histoire de rien, Montréal, Boréal, 2012, 184 p. (Roman) | ||
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+ | Au tournant du xxe siècle, une jeune institutrice quitte son village pour voir enfin l’Europe à laquelle elle rêve depuis si longtemps, elle qui n’est jamais allée plus loin que le bout de la terre familiale. Au début des années 60, trois garçons au seuil de l’adolescence visitent clandestinement l’« ex » d’Ottawa et en gardent un souvenir plus ébloui que s’ils avaient accompagné Sinbad au cours de ses voyages fabuleux. De nos jours, un ci-devant avocat travaille comme vendeur dans une grande quincaillerie, | ||
+ | |||
+ | S’il vous est arrivé de douter que l’Ontario francophone est un pays de magie et de merveilles, il vous faut lire L’Historien de rien. Roman en trois « époques », il apporte la preuve que la vie n’est jamais aussi riche que lorsqu’elle échappe aux grands bouleversements de l’Histoire. Que reste-t-il à raconter alors à l’« historien de rien » ? Il lui reste à faire l’inventaire des milliers de petites choses essentielles que contient ce rien. | ||
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+ | |||
+ | RACINE, Robert, Les Vautours de Barcelone, Montréal, Boréal, 2012, 304 p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | Parce qu’elle était sensible à l’effondrement des êtres, Gabriella sentit le besoin d’aller se recueillir devant la cage des vautours du zoo de Barcelone. Quelques mois plus tôt, son père Giotto s’y était écrasé à bord de l’avion Spica. Les charognards, | ||
+ | |||
+ | Quel que soit le médium auquel il s’intéresse, | ||
+ | |||
+ | Les Vautours de Barcelone, sans doute son œuvre littéraire la plus accomplie à ce jour, est une étonnante méditation sur la création, le tragique, la place de l’homme dans le cosmos. C’est surtout une célébration de l’art sous toutes ses formes, et un hommage poignant à l’œuvre du compositeur Claude Vivier, dont la musique et le destin hantent le roman. | ||
+ | |||
+ | « Les Vautours de Barcelone compose une mécanique romanesque, sinon parfaitement huilée, à tout le moins étonnante et ample comme une immense caisse de résonance. Une histoire de création et de destruction. » | ||
+ | Christian Desmeules – Le Devoir | ||
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+ | RIVARD, Yvon, Aimer, enseigner, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2012, 208 p. (Essai) | ||
+ | |||
+ | Après trente-cinq ans d’enseignement de la littérature, | ||
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+ | VÉZINA, France, Osther, le chat criblé d’étoiles, | ||
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+ | ==== 2013 ==== | ||
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+ | ARCHAMBAULT, | ||
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+ | Vient un temps dans la vie où le présent n’a presque plus de poids et où l’être ne possède rien de plus précieux ni de plus sûr que le souvenir de ce qu’il a été, de ce qu’il a vécu et de ce qu’il a perdu. Ghislain, un vieux comédien solitaire et à peu près oublié, a décidé de réunir quelques-uns de ses amis de longue date pour un repas au restaurant. Il y aura là Marie-Paule, | ||
+ | |||
+ | Cinq personnages différents qui prennent tour à tour la parole ; huit séquences échelonnées sur une seule journée, de dix heures du matin à minuit ; une attente qui se met progressivement en place : ce roman est construit avec la rigueur et la simplicité d’une pièce de théâtre. | ||
+ | |||
+ | AWUMEY, Édem, Explication de la nuit, Montréal, Boréal, 2013. | ||
+ | |||
+ | Ito Baraka va mourir. À Gatineau, loin du soleil, dans l’obscurité humide de ce minable appartement qu’il partage avec sa compagne, Kimi, autochtone et junkie. | ||
+ | Mais, avant de mourir, il a ce livre à finir. Ce roman où il raconte des événements qui se déroulent dans un pays où le soleil brûle, brûle la peau, brûle le cerveau, brûle la rétine de ceux qu’on oblige à le regarder sans ciller. Dans un pays où brille également un autre soleil, celui d’un dictateur en proie à la peur. | ||
+ | Et quand un dictateur a peur, il ratisse large. D’abord, il y a ces jeunes, à l’université, | ||
+ | La magie n’est-elle pas la plus dangereuse forme de sédition? | ||
+ | C’est ainsi que Ito, dans sa cellule, fera la connaissance de Koli Lem, l’aveugle qui ne se sépare jamais de ses livres. Au milieu de la nuit la plus noire, dans les paroles échangées, | ||
+ | Dans ce quatrième roman, Edem Awumey propose une œuvre d’une force inouïe, qui explore impitoyablement cette obscurité que l’humanité porte en elle. | ||
+ | |||
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+ | BOCK, Raymond, Atavismes, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 234 p. (Histoires) [édition originale : quartanier, 2011] | ||
+ | |||
+ | Réalistes, fantastiques ou spéculatives, | ||
+ | |||
+ | Dans ce recueil d’histoires, | ||
+ | |||
+ | BOUCHARD, Hervé, Parents et amis sont invites à y assister. Drame en quatre tableaux avec six récits au centre, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 234 p. (Roman) [edition originale: Le Quartanier, 2006] | ||
+ | |||
+ | BOURQUE, Guillaume, Jérôme Borromée, Montréal, Boréal, 2013. | ||
+ | |||
+ | Dans la paisible banlieue de Boucherville, | ||
+ | |||
+ | Toutes les manières sont bonnes de marquer sa supériorité, | ||
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+ | Cette première œuvre de fiction de Guillaume Bourque propose une variation étonnante sur le thème du roman d’apprentissage. | ||
+ | |||
+ | |||
+ | CHEN, Ying, La Rive est loin, Montréal, Boréal, 2013, 144 p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | Un couple fait vie commune depuis de nombreuses années. Ils sont presque devenus étrangers l’un à l’autre. Elle est une femme mystérieuse, | ||
+ | |||
+ | On découvre un cancer à l’homme. Il va mourir. La femme, soudain, vit cette mort comme la fin du monde et découvre combien elle tenait à cet homme, à cet amour. | ||
+ | |||
+ | Dans La rive est loin, Ying Chen rattache ses œuvres précédentes dans un ensemble parfaitement cohérent. Pour la première fois, on entend la voix de A., le mari, dans ce cycle romanesque qui donnait jusqu’ici toute la place à la voix féminine. Ce roman, admirable dans son ampleur apocalyptique en même temps que par le côté si intimiste et si humain de la tragédie que vit ce couple, est une réaffirmation de la vie, de son caractère irréductible, | ||
+ | |||
+ | COURTEMANCHE, | ||
+ | |||
+ | Un homme apprend la même semaine que sa femme le quitte et qu’il est atteint d’un cancer. Laquelle de ces deux morts annoncées est la plus redoutable ? Quelles raisons aurait-il désormais de se battre pour sa vie ? Ce livre, le plus personnel que Gil Courtemanche nous ait donné, nous montre un homme seul devant la mort, seul devant la vie, qui lance un bouleversant cri de douleur, un pressant appel à ne pas laisser échapper cette vie. C’est aussi, surtout, une fabuleuse déclaration d’amour. | ||
+ | |||
+ | DUCHESNE, Christiane, Mensonges, Montréal, Boréal, 2013. | ||
+ | |||
+ | Violette et Parmélie. La plus jeune dépasse la plus vieille d’une bonne tête. Violette a douze ans et Parmélie quatre-vingt-deux. Violette a perdu ses parents, Parmélie perd tous les siens, ils s’effacent les uns après les autres. Il lui reste Violette, son arrière-petite-fille qui n’a plus qu’elle au monde. | ||
+ | |||
+ | Le temps presse pour que Parmélie résolve l’énigme que renfermait le testament de son père, le boucher de Sainte-Marie. Que veut donc dire cette phrase codée que contenait son ultime clause : « Et pour le reste, IOEL FR ZNCCHH » ? Et si ce « reste » était une fortune qui permettrait à Parmélie de savoir que Violette sera à l’abri du besoin, au moins jusqu’à ce qu’elle soit assez vieille pour gagner sa vie ? | ||
+ | |||
+ | Mais il arrive que les trésors que nous lèguent nos parents aient leur part d’inavouable. Et il est des choses qu’on ne peut révéler, même à nos arrière-petits-enfants. | ||
+ | |||
+ | C’est ainsi que, à quatre-vingt-deux ans, on se met à raconter des mensonges. | ||
+ | |||
+ | GAGNON, Madeleine, Depuis toujours, Montréal, Boréal, 2013, 432 p. (Récit autobiographique) | ||
+ | |||
+ | Née à Amqui, Madeleine Gagnon se souvient avec enchantement de son enfance entourée d’une nature rayonnante, au sein d’une vaste famille qui œuvre dans la forêt et sur la terre, gens droits et fiers, mais sur l’esprit desquels règne encore indûment tout ce qui porte soutane. | ||
+ | |||
+ | L’entrée au pensionnat marque le début des grandes aventures intellectuelles et la naissance d’un profond refus qui commence à creuser ses sillons. Refus qui tranquillement remontera à la surface pendant les études en Europe, pour éclater quand la jeune femme rentrera dans un Québec méconnaissable. Marx a remplacé Claudel. La psychanalyse accompagne et favorise la venue à l’écriture, | ||
+ | |||
+ | Madeleine Gagnon raconte aussi les amitiés, primordiales, | ||
+ | |||
+ | Prix Arthur-Buies du Salon du livre de Rimouski pour l' | ||
+ | |||
+ | Prix Athanase-David pour l' | ||
+ | |||
+ | GRUDA, Joanna, L’enfant qui savait parler la langue des chiens, Montréal, Boréal, 2013, 264 p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | Il y a des vies qui sont si étonnantes qu’on n’aurait pu les inventer. C’est le cas de celle de Julian Gruda, alias Jules Kryda, alias Roger Binet. Comment, à quatorze ans, un garçon peut-il déjà avoir emprunté autant d’identités ? Avoir vécu avec autant de familles différentes sans se faire démasquer ? Avoir servi d’agent secret de la Résistance ? Comment peut-il avoir grandi à l’orphelinat même s’il a deux mères, au moins ? Et surtout, où a-t-il appris à parler la langue des chiens, ce qui fait tant l’admiration de ses camarades ? | ||
+ | |||
+ | En nous racontant sous forme romanesque l’histoire véridique de son père, Joanna Gruda dépeint une enfance hors du commun, qui commence à Varsovie à l’orée de la guerre et qui s’achève dans Paris libéré. À travers les yeux de Julek, ce sont les heures les plus sombres du siècle dernier qu’on voit défiler, mais rendues avec une vérité et une vivacité hors du commun. C’est la guerre – inhumaine, trop humaine –, comme si nous y étions. | ||
+ | |||
+ | La nécessité, | ||
+ | |||
+ | Mais ce récit captivant est d’abord l’histoire d’un enfant qui garde sa capacité d’étonnement devant les tours et les détours du destin. Animé d’un espoir inextinguible, | ||
+ | |||
+ | KATTAN, Emmanuel, Le portrait de la reine, Montréal, Boréal, 2013. | ||
+ | |||
+ | Lorsqu’un inconnu vous aborde dans la rue, d’emblée, | ||
+ | |||
+ | Ainsi s’amorce une étrange et invraisemblable relation dans un New York magnifiquement rendu. | ||
+ | |||
+ | LALONDE, Robert, C’est le coeur qui meure en dernier, Montréal, Boréal, 2013. | ||
+ | |||
+ | Robert Lalonde évoque de façon bouleversante celle qui fut sa mère, femme piégée par le destin et qui d’outre-tombe continue d’entretenir avec son fils un rapport de tendresse et de bataille. | ||
+ | |||
+ | LEBLANC, Perrine, L’homme blanc, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 180 p. (Roman) [edition originale: Quartanier, 2010] | ||
+ | |||
+ | L’homme blanc, c’est Kolia, né dans les monts K. en Sibérie orientale, élevé dans les prisons de Staline. Là-bas, enfant encore illettré s’habituant à la faim et au froid, il fait la rencontre de Iossif, un prisonnier originaire d’Europe de l’Ouest qui le prend en charge et lui donnera le goût de l’art, du français, du monde libre. | ||
+ | |||
+ | Gagnant du Combat des livres 2011 (L' | ||
+ | Grand Prix du livre de Montréal 2010 (L' | ||
+ | Prix du Gouverneur général 2011 (L' | ||
+ | |||
+ | LECLERC, Rachel, Le chien d’ombre, Montréal, Boréal, 2013. | ||
+ | |||
+ | Richard Levasseur, le narrateur de La Patience des fantômes, roman paru en 2011, nous revient dans ce nouveau livre de Rachel Leclerc. Diminué par un accident vasculaire cérébral, il croit encore user de son libre arbitre quand il sort de sa maison un soir d’automne pour assister à la migration des oies sauvages, dont les cris ne cessent de l’appeler. Prisonnier du dehors, il passera une nuit envoûtante et initiatique avec le fantôme de son grand-père, | ||
+ | Au fil des pages, on retrouve Bianca, l’amoureuse de Richard, ainsi que Joseph, leur fils adoptif. Surtout, on s’attache à Georges et à la vie qu’il s’est inventée dans un village au bord du Saint-Laurent. Au sujet de l’homme discret et tourmenté qu’est Richard Levasseur, on se dit qu’il a enfin trouvé le repos de l’esprit et du cœur. Puis on s’aperçoit qu’on ne sait presque rien et qu’on n’est pas grand-chose… | ||
+ | Avec l’écriture envoûtante qu’on lui connaît, alimentée par les paysages grandioses du Bas-du-Fleuve, | ||
+ | |||
+ | |||
+ | LÉVESQUE, Robert, Digressions, | ||
+ | |||
+ | Digression : « développement écrit qui s’écarte du sujet » (Robert) ; « développement étranger au sujet » (Larousse) ; bref : hasard et liberté, bifurcations, | ||
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+ | Dans la prose pétillante qu’on lui connaît, Robert Lévesque nous fait entrer ici dans le laboratoire intime de sa pensée et de son écriture. Une pensée qui, à la ligne droite et sévère, préfère les méandres, les allusions, l’imprévu, | ||
+ | |||
+ | Qu’est-ce que la littérature, | ||
+ | |||
+ | MAJOR, André, À quoi ça rime ? Montréal, Boréal, 2013, 192, p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | Que peut-il arriver à un homme une fois qu’il est parvenu au bout de son aventure, qu’il a quitté la route de son destin et qu’il ne se reconnaît plus d’autre patrie que l’humilité du monde tel qu’il est, plus d’autre souci que la simple possession de l’instant présent ? À quoi rime alors son existence et que peut-elle encore lui réserver ? | ||
+ | |||
+ | Veuf depuis quelques années, Antoine vient en outre de perdre le vieil oncle à qui tout son passé l’attachait. Il part vivre son deuil au bord du Tage, à Lisbonne, avec pour seuls compagnons ses souvenirs et l’ombre toujours vivante de Pessoa. De retour au pays, il entreprend de déserter pour de bon en se construisant un ermitage au milieu des bois, où il pourra tout recommencer à neuf, se dépouiller de ses vieux désirs et réapprendre l’amitié des choses, la beauté de la nature, la lenteur du temps qui passe, le repos de la solitude et du silence. Mais ce qu’il ignore, c’est que la vie n’en a pas fini avec lui… À quoi tout cela rime-t-il exactement ? | ||
+ | |||
+ | Depuis La Vie provisoire (1995), André Major avait délaissé la fiction pour se concentrer sur l’écriture (et la réécriture) de ses carnets. Fort de cette expérience, | ||
+ | |||
+ | MAZIERRI, Julie, Le Discours sur la tombe de l’idiot, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 258 p. (Roman) [édition originale : Josée Corti, 2008] | ||
+ | |||
+ | Scandalisés par l’idiot du village, le maire de Chester et son adjoint conspirent sa mort. Un matin de printemps, les deux hommes l’enlèvent et vont le jeter dans un puits. Or, au bout de trois jours, l’idiot se met à crier au fond de sa fosse. | ||
+ | |||
+ | Si le récit possède une « essence policière » incontestable, | ||
+ | |||
+ | Rarement la figure de l’idiot a été aussi bien saisie que dans cette incarnation de la candeur. Mazzieri prouve qu’elle est une lectrice profonde de Dostoïevski et de Faulkner. | ||
+ | Jean-Philippe Rossignol, Le Monde | ||
+ | |||
+ | Prix du Gouverneur général 2009 (Le Discours sur la tombe de l' | ||
+ | |||
+ | MEUNIER, Stéfani, On ne rentre jamais à la maison, Montréal, Boréal, 2013, 160 p. (Roman) | ||
+ | |||
+ | Oublie-t-on jamais la maison qui a abrité notre enfance ? Ses odeurs, sa lumière, le vieil érable qui se dresse devant la porte, le bout de rue qu’on aperçoit de la fenêtre ? | ||
+ | |||
+ | La maison de notre enfance est un lieu magique, où rêves et cauchemars sont autant de pièces secrètes qu’on ne se lasse pas de revisiter. Chaque marche de l’escalier, | ||
+ | |||
+ | Pour Pierre-Paul, | ||
+ | |||
+ | Avec ce don inimitable pour évoquer les atmosphères qui est le sien, Stéfani Meunier nous amène à revivre les abandons qui marquent la fin de l’enfance pour chacun de nous. Son écriture est un instrument d’une extraordinaire sensibilité qui révèle, sous la surface lisse de nos vies, les gouffres ouverts en nous par les lieux et les êtres que nous avons perdus. | ||
+ | |||
+ | |||
+ | SAINT-MARTIN, | ||
+ | Philippe et Catherine. Ils sont peintres tous les deux. Il fait de grandes toiles, elle des petits formats. Il est riche, célèbre. Elle est connue d’une poignée d’admirateurs et de connaisseurs. | ||
+ | |||
+ | Il s’enferme tout le jour dans son atelier pour travailler. La porte close, elle ne la franchit jamais. C’est une convention tacite entre eux. Elle fait marcher la maison. C’est elle qui a élevé leurs trois filles. Il reçoit les modèles qu’il peint. Des jeunes femmes qu’il ne revoit plus jamais ensuite. | ||
+ | |||
+ | Quel est ce mystère qui fait que deux personnes traversent la vie ensemble ? Est-ce que cela s’appelle toujours l’amour ? Malgré les trahisons, les rapports de force, les jeux de séduction, la manipulation, | ||
+ | |||
+ | Avec une lucidité impitoyable, | ||
+ | |||
+ | « J’ai regardé sa main sur la table, une main longue et fine mais aujourd’hui tavelée, parcheminée, | ||
+ | Et encore, qui sait ? Je regarde vers la porte, vers le vaste monde, mesure la distance qui m’en sépare, un chat prêt à bondir. » | ||
+ | |||
+ | TREMBLAY, Emmanuelle, Je suis un thriller sentimental, | ||
+ | |||
+ | Anthony est un poète de réputation internationale ; Amy enseigne la littérature à Miami ; Caroline est traductrice en Ontario. Les trois sont emportés dans un tango qui met la raison à rude épreuve sur le territoire commun de leurs désirs. | ||
+ | |||
+ | Cuisinier mais aussi philosophe à ses heures, George est le témoin du désarroi amoureux et des hasards de l’existence dont il cherche à trouver la clé. | ||
+ | |||
+ | Quant à l’inspecteur Wallerstein, | ||
+ | |||
+ | Tous éprouvent des vertiges sur la corde raide des sentiments. Entre les conversations menées dans un sushi bar de Toronto et le drame se déroulant dans un appartement de Hamilton, comment le mensonge étend-il son empire ? De quelle violence l’amour est-il le frisson ? | ||
+ | |||
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