Table des matières
Éditions du Boréal
Dernière mise à jour: automne 2013
Note: cette page wiki ne contient que les oeuvres québécoises publiées chez Boréal pour la période de 1980 à 2011. Les éditions “Compact” (sauf erreur) n'ont pas été retenues.
Informations générales
Année de fondation: 1963 (Voir l'Historique plus bas)
Nombre de publications (toutes catégories confondues)
• Tous (633) sous le thème “Littérature” • Critique littéraire (15) • Écrivains (16) • Histoire littéraire (5) • Littérature canadienne-anglaise (30) • Littérature étrangère (14) *Pas fait parce qu’il s’agit d’essais qui portent sur la littérature étrangère. • Littérature franco-canadienne (30) • Littérature jeunesse (219) • Littérature québécoise (168) • Poésie (22) • Théâtre (31
Genres:
• Biographies (52) • Cinéma (17) • Essais et Documents (446) • Essais Littérature (96) • Histoire (149) • Jeunesse (324) • Livres Illustrés (23) • Livres pratiques (15) • Nouvelles (79) • Poésie (18) • Romans et récits (456) • Théâtre (31)
Note: cette page wiki ne contient que les oeuvres québécoises publiées chez Boréal pour la période de 1980 à 2011. Les éditions “Compact” (sauf erreur) n'ont pas été retenues.
Notre équipe
Comité littéraire
• Pascal Assathiany, directeur général • Jean Bernier, directeur de l’édition • Jacques Godbout, président du conseil d’administration • François Ricard Conseillers littéraires • Catherine Germain (Junior et Inter) • Hélène Girard • Paul-André Linteau (histoire) • Lori Saint-Martin • Danielle Simard (Maboul) Administration et promotion • Diane Pugliese Communication et promotion • Lucile de Pesloüan Comptabilité • Maryse Richard Direction artistique • Christine Lajeunesse Export et droits • Sandra Gonthier Assistance à l’édition • Francesca Roy Réception • Céline Comtois Production • Stéphanie Mallette Révision • Christophe Horguelin Responsable des stocks et webmestre • Laurent Harmel Typographie • Agnès Peyrefort Service de presse • Johanne Paquette, directrice et attachée de presse, fiction • Gabrielle Cauchy, attachée de presse, essais
Ligne éditoriale
Le Boréal, une histoire à suivre
Les Éditions du Boréal sont une maison d’édition canadienne, basée à Montréal, qui publie en langue française de la littérature générale. La maison a été fondée à Trois-Rivières en 1963 par un groupe d’historiens. Ne publiant d’abord que des essais, le Boréal s’est développé au cours des années 1980 en éditant de la littérature pour adultes et pour jeunes. Il est devenu au fil des ans l’une des principales maisons indépendantes, respectée pour la qualité de ses publications. Nombre de ses auteurs ont reçu des prix tant au Canada qu’à l’étranger. Le Boréal publie de 60 à 70 nouveautés par année, et son catalogue comptera bientôt 2 000 titres. La maison entretient des relations actives avec des éditeurs du monde entier, ce qui a permis la circulation en langues étrangères de nombreuses œuvres ainsi que des coéditions en langue française avec des éditeurs hexagonaux. Les livres du Boréal sont distribués au Canada par Diffusion Dimedia (Montréal) et dans le reste du monde par Volumen (Paris). [source: site internet]
Historique
Les pères fondateurs 1963-1976
C'est à Trois-Rivières, le 18 mars 1963, que Gilles Boulet, prêtre, Pierre Gravel, libraire, Jacques Lacoursière, professeur, Denis Vaugeois, historien, et Mgr Albert Tessier, cinéaste et historien, fondent les éditions du Boréal Express. La maison atteint vite la célébrité avec son journal d'histoire du Canada, qui marque une date dans l'enseignement de l'histoire au pays. Quelques années plus tard, les éditions du Boréal Express, dont Denis Vaugeois est le seul timonier, publient des livres sur des sujets historiques. En 1976, quand Denis Vaugeois quitte le poste d'éditeur, la maison compte 54 titres à son catalogue. Elle s'est fait connaître d'un vaste public et a été le lieu de l'affirmation d'une nouvelle historiographie québécoise. Elle se trouve donc en phase avec l'évolution des mentalités, car c'est l'époque où les Québécois, avant de construire l'avenir que leur a laissé entrevoir la Révolution tranquille, veulent sonder leur passé. Jacques Lacoursière et Denis Vaugeois, 1963
Nouveaux horizons 1976-1987
Élu député, puis nommé ministre, Denis Vaugeois quitte le Boréal Express et en confie les destinées à Antoine del Busso, à qui se joignent d'abord Pascal Assathiany, puis François Ricard et Jacques Godbout. La maison s'ouvre alors aux sciences humaines et aux sciences politiques en particulier, tout en conservant un important secteur historique sous la gouverne de Paul-André Linteau. Paraissent donc des ouvrages qui rendent compte non plus seulement du Québec d'hier, mais du Québec contemporain.
En 1981, le Boréal Express publie une première oeuvre de fiction. Il s'agit du Canard de Bois, de Louis Caron. Et les années suivantes voient le Boréal Express accueillir des romans ou des essais de Gilles Archambault, de Jacques Brault, de Jacques Godbout, de Jacques Savoie ou de Fernand Ouellette. En 1984, François Ricard fonde sa collection d'essais Papiers collés, qui rassemblera au cours des ans, entre autres noms, ceux de Jean Larose, d'Yvon Rivard et de Pierre Vadeboncoeur. La même année paraît l'extraordinaire autobiographie de Gabrielle Roy, La Détresse et l'Enchantement. Jusqu'en 1987, les éditions du Boréal Express ont fait paraître 200 titres tout en gardant une structure très légère. Les moyens sont encore modestes, mais les réalisations éditoriales n'en sont pas moins nombreuses et éclatantes. Pensons à l'Histoire du Québec contemporain, de Linteau, Durocher et Robert, en 1979, qui fait encore aujourd'hui figure de référence et d'autorité dans le domaine, aux Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent, de Jean Provencher. C'est à cette période que la maison inaugure la pratique des coéditions, d'abord avec La Découverte, pour la série des état du monde, pratique qui va s'étendre à des maisons françaises comme le Seuil, Phébus, Flammarion, Christian Bourgois et Grasset.
Les éditions du Boréal en douze jalons
Novembre 1962: parution du premier numéro du journal historique Le Boréal Express, consacré à l’actualité de l’année 1524.
18 mars 1963: création de la société Le Boréal Express, qui signe l’acte de naissance juridique des futures éditions du Boréal.
1967: mort du journal Le Boréal Express, victime de l’essoufflement de l’équipe rédactionnelle et de la hausse des tarifs postaux.
1968: parution d’un premier titre aux éditions du Boréal Express : L’idée d’indépendance au Québec. Genèse historique, de Maurice Séguin, dans la collection « 17/60 ».
1974: création de Diffusion Dimédia, société de distribution et de diffusion dirigée par Pascal Assathiany et qui diffuse, entre autres éditeurs, les ouvrages des éditions du Boréal Express
1978: départ du fondateur, Denis Vaugeois, nommé ministre des Affaires culturelles dans le gouvernement Lévesque ; Antoine Del Busso, directeur des éditions depuis 1977, devient actionnaire majoritaire et s’associe à Pascal Assathiany.
1980: entrée en littérature des éditions du Boréal Express avec le roman Maria Chapdelaine, de Louis Hémon, dans l’édition critique de Ghislaine Legendre.
1987: abandon de l’adjectif « Express » ; participation minoritaire des éditions du Seuil au capital des éditions du Boréal ; mise sur pied du comité éditorial ; Jacques Godbout est nommé président du conseil d’administration.
1989: départ d’Antoine Del Busso ; Pascal Assathiany devient directeur général des éditions du Boréal.
1990: Jean Bernier est directeur de l’édition ; installation au 4447 de la rue Saint-Denis à Montréal.
1993: retrait des éditions du Seuil du capital des éditions du Boréal, redevenues entièrement propriété québécoise.
Avril 2010: virage numérique des éditions du Boréal à la suite d’un accord entre Diffusion Dimédia et l’entreprise De Marque, qui prévoit la commercialisation en format numérique d’un certain nombre de titres des éditeurs diffusés ; en 2013, 300 titres du catalogue Boréal sont offerts dans ce format ainsi que toutes les nouveautés.
Et un 13e jalon, pour faire bonne mesure :
Mai 2013: 50e anniversaire ; environ 2000 titres au catalogue et 1000 auteurs.
(source : http://www.ledevoir.com/culture/livres/377839/la-subjectivite-au-rang-des-beaux-arts)
L'édition en comité (3e période?)
À partir de 1987, la maison abandonne le qualificatif d’«Express» pour s'appeler tout simplement «le Boréal». Jean Bernier et Hélène Girard se joignent au comité éditorial. Cette époque voit également une augmentation sensible de la production, qui dépasse les 70 nouveautés dès 1990. Le Boréal publie désormais dans tous les genres, sauf celui du manuel scolaire, et compte aujourd'hui plus de 1200 titres à son catalogue. Cela s'est traduit par la multiplication des collections : en 1988, la maison lançait la collection de rééditions en format intermédiaire Boréal compact, qui compte aujourd'hui près de 150 titres et où figurent l'ensemble des oeuvres romanesques de Marie-Claire Blais et de Gabrielle Roy. Dès 1989, on inaugurait un important secteur jeunesse, sous la gouverne de Raymond Plante, à qui succédera Rémy Simard, en 1995, lequel créera la collection «Boréal Maboul». Catherine Germain, à partir de 2002, est l'éditrice des romans jeunesse.
Aujourd'hui, à près de cinquante ans, le Boréal est au coeur de la littérature et de l'édition québécoises. Avec les poésies d'Anne Hébert ou les romans de Marie-Claire Blais, la maison défend le travail des grands créateurs de notre littérature, tandis que toute une nouvelle génération d'écrivains donne forme à la sensibilité contemporaine : Suzanne Jacob, Robert Lalonde, Marie Laberge, Monique Proulx, Hélène Monette, Louis Hamelin, Gaëtan Soucy, Ying Chen, Dany Laferrière. Le Boréal accueille également en traduction plusieurs écrivains du Canada anglais, dont Neil Bissoondath, Margaret Atwood, Alistair MacLeod, Michael Ondaatje et Charles Taylor. En même temps, la maison continue de publier des essais qui font date, que ce soit des biographies ou des études qui marquent leur domaine, comme Genèse de la société québécoise de Fernand Dumont, ou Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde de Gérard Bouchard.
Prix Littéraires (Lauréats)
2011
• Agnès Gruda, Prix Adrienne-Choquette : Onze petites trahisons
• François Ricard, Médaille de l'Académie des lettres du Québec pour l'ensemble de son oeuvre
• Louis Hamelin, Prix littéraire des collégiens: La Constellation du Lynx
• Louis Hamelin, Prix des libraires du Québec: La Constellation du Lynx
• Louis Hamelin, Grand prix littéraire de La Presse Québécoise: La Constellation du Lynx
• Louis Hamelin, Prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec: La Constellation du Lynx
• Marcel Martel, Prix de la Présidence de l'Assemblée nationale: Langue et politique au Canada et au Québec
• Michel Biron, Prix Victor-Barbeau de l'Académie des lettres du Québec: La Conscience du désert
2010
• Andrée Dufour, Prix de distinction de carrière de l’Association canadienne d’histoire de l’éducation
• Christiane Duchesne, Prix Alvine-Bélisle: La Vengeance d'Adeline Parot
• Dany Laferrière, Grand Prix littéraire international Metropolis bleu
• Dany Laferrière, Prix des libraires du Québec: L' Énigme du retour
• Éric Bédard, Prix de la Présidence de l’Assemblée nationale: Les Réformistes
• Éric Bédard, Prix Clio: Les Réformistes
• Gilles Marcotte, Prix Jean-Éthier-Blais: La Littérature est inutile
• Manuel Kak’wa Kurtness, Lauréat, concours de livres culinaires canadien: PachaMama
• Manuel Kak’wa Kurtness, Prix La Mazille international du Festival du livre gourmand de Périgueux: PachaMama
• Michel Lavoie, Prix du Gouverneur général: C'est ma seigneurie que je réclame
• Michel Seymour, Prix Jean-Charles-Falardeau : De la tolérance à la reconnaissance
2009
• Alice Munro, Prix international Man Booker pour l'ensemble de son œuvre
• Dany Laferrière, Grand Prix du livre de Montréal: L' Énigme du retour
• Dany Laferrière, Prix Médicis: L' Énigme du retour
• Edem Awumey, Sélection Prix Goncourt: Les Pieds sales
• Hélène Monette, Prix littéraire du Gouverneur général: Thérèse pour Joie et Orchestre
• Louise Dechêne, Prix Lionel-Groulx: Le Peuple, l'État et la guerre au Canada sous le régime français
• Marie Laberge, Grand prix littéraire Archambault: Sans rien ni personne
• Michel Seymour, Prix du livre de l'Association canadienne de philosophie: De la tolérance à la reconnaissance
• Monique LaRue, Prix Jacques Cartier du roman de langue française: L' Oeil de Marquise
• Neil Bissoondath, En sélection pour le prix Femina étranger: Cartes postales de l'enfer 2008
• Allan Greer, Prix Maxime-Raymond de l'Institut d'histoire de l'Amérique française: Catherine Tekakwitha et les jésuites
• Anne-Rose Gorroz, Prix Anne-Hébert: L' Homme ligoté
• Élisabeth Nardout-Lafarge, Prix Jean-Éthier-Blais: Histoire de la littérature québécoise
• Gil Courtemanche, Prix Hommage du public du Prix des libraires du Québec: Un dimanche à la piscine à Kigali
• Margaret Atwood, Prix Prince des Asturies de littérature pour l'ensemble de son œuvre
• Marie-Aimée Cliche, Prix des Fondateurs de l'Association canadienne d'histoire de l'éducation: Maltraiter ou punir ?
• Marie-Claire Blais, Prix du Gouverneur général: Naissance de Rebecca à l'ère des tourments
• Suzanne Jacob, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son oeuvre
2007
• Daniel Poliquin, Prix du Consulat général de France à Toronto pour l'ensemble de son œuvre
• Daniel Poliquin, Prix des lecteurs de Radio-Canada
• Daniel Poliquin, Prix littéraire Le Droit
• Daniel Poliquin, Prix du livre d'Ottawa
• Élisabeth Nardout-Lafarge, Prix Gabrielle-Roy: Histoire de la littérature québécoise
• Jacques Godbout, Médaille de l'Académie des lettres du Québec pour l'ensemble de son œuvre
• Margaret Atwood, Grand Prix littéraire international Metropolis bleu pour l'ensemble de son œuvre
• Marie-Aimée Cliche, Prix Jean-Charles-Falardeau: Maltraiter ou punir ?
• Marie-Claire Blais, Prix Matt-Cohen du Writer’s Trust of Canada pour l'ensemble de son œuvre
• Yvon Rivard, Prix Jean-Éthier-Blais: Personne n'est une île
2006
• André Carpentier, Mention spéciale Prix Littéraire du Lycée Jean de La Fontaine: Ruelles, jours ouvrables
• Andrée Dufour, Prix des Fondateurs de l'Association canadienne d'histoire de l'éducation: Brève histoire des institutrices au Québec de la Nouvelle-France à nos jours
• Christiane Duchesne, Prix littérature jeunesse des bibliothèques de Montréal pour l'ensemble de son œuvre
• Christiane Frenette, Prix de création littéraire de la Ville de Québec: Après la nuit rouge
• Francis Dupuis-Déri, Prix J. I. Segal: Identités mosaïques
• Jocelyn Létourneau, Prix de la Fondation Trudeau, pour sa contribution exceptionnelle aux sciences humaines au Canada et dans le monde
• Pierre Godin, Grand Prix du public de la Montérégie – catégorie « autre genre littéraire »: René Lévesque, l'homme brisé (1980-1987)
2005
• Andrée Dufour, Deuxième prix catégorie « autres genres littéraires » de l’Association des auteurs de la Montérégie: Brève histoire des institutrices au Québec de la Nouvelle-France à nos jours
• Gilles Archambault, Prix Fleury-Mesplet pour l'ensemble de son œuvre
• Kevin Bazzana, Prix du Gouverneur général pour la traduction de l'anglais (Canada) par Rachel Martinez: Glenn Gould, une vie
• Marie-Claire Blais, Prix Gilles-Corbeil pour l'ensemble de son œuvre
• Maude Barlow, Prix Right Livelihood Awards: L' Or bleu
• Neil Bissoondath, Prix Hugh-MacLennan (Édition originale anglaise): La Clameur des ténèbres
• Pierre Nepveu, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
• Yvon Rivard, Grand Prix du livre de Montréal
2004
• Gil Courtemanche, Prix de la Cadière d'Azur: Un dimanche à la piscine à Kigali
• Jean-Claude Picard, Prix de la Présidence de l'Assemblée nationale: Camille Laurin
• Jean-Philippe Warren, Prix Clio: L' Engagement sociologique
• Miriam Toews, Prix du Gouverneur général pour la fiction en langue anglaise sous le titre A Complicated K: Drôle de tendresse
• Neil Bissoondath, Quebec Writers' Federation literary Prize pour la traduction: Un baume pour le coeur
• Nicole Leroux, Prix du Gouverneur général jeunesse (texte): L' Hiver de Leo Polatouche
• Ook Chung, Prix littéraire des collégiens: Contes butô
• Serge Denis, Prix Trillium: Social-démocratie et mouvements ouvriers : la fin de l'histoire ?
2003
• Christiane Frenette, Prix Adrienne-Choquette: Celle qui marche sur du verre
• Gaétan Soucy, Prix Nessim Habif de l’Académie royale de la langue et de la littérature françaises de Belgique pour l'ensemble de son œuvre
• Gaétan Soucy, Prix des libraires du Québec: Music-Hall!
• Gaétan Soucy, Prix France-Québec/Jean-Hamelin: Music-Hall!
• Judith Cowan, Prix Clément-Morin: La Loi des grands nombres
• Louise Bienvenue, Prix Raymond-Klibansky: Quand la jeunesse entre en scène
• Louise Bienvenue, Prix Michel-Brunet: Quand la jeunesse entre en scène
• Marc Tremblay, Prix relève Télé-Québec : Donovan et le secret de la mine
• Rober Racine, Prix Ringuet: L' Ombre de la Terre
2002
• Daniel Poliquin, The Writers' Trust of Canada's Shaughnessy Cohen Prize for Political Writing: Le Roman colonial
• Gérard Bouchard, Prix des lecteurs Alcan: Mistouk
• Guillaume Vigneault, Prix France-Québec/Jean Hamelin: Chercher le vent
• Guillaume Vigneault, Prix littéraire Association France-Québec/Philippe Rossillon : Chercher le vent
• Guillaume Vigneault, Prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec.: Chercher le vent
• Lori Saint-Martin, Prix Gabrielle-Roy: La Voyageuse et la Prisonnière
• Lori Saint-Martin, Prix Raymond-Klibansky: La Voyageuse et la Prisonnière
• Marc Tremblay, Prix Cécile-Gagnon: Donovan et le secret de la mine
• Marie Laberge, Prix du grand public La Presse/Salon du livre de Montréal
• Marie Laberge, Grand Prix littéraire Archambault
• Marie Laberge, Prix du public Le Nouvelliste/Salon du livre de Trois-Rivières
• Marie-Claire Blais, Prix littéraire de la Fondation Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre
• Monique LaRue, Prix du Gouverneur général: La Gloire de Cassiodore
• Neil Bissoondath, Prix Hugh-MacLennan: Un baume pour le coeur
• Pierre Godin, Grand Prix du livre de la Montérégie: René Lévesque, l'espoir et le chagrin (1976-1980)
2001
• Alistair MacLeod, The International IMPAC Dublin Literary Award: La Perte et le Fracas
• François Ricard, Grande Médaille de la Francophonie de l'Académie française pour l'ensemble de ses travaux
• Gérard Bouchard, Prix Gérard-Parizeau pour l'ensemble de son œuvre
• Gil Courtemanche, Prix des libraires du Québec: Un dimanche à la piscine à Kigali
• Jacques Côté, Grand Prix La Presse de la biographie: Wilfrid Derome
• Jocelyn Létourneau, Prix Spirale: Passer à l'avenir
• Marie Laberge, Prix du grand public La Presse/Salon du livre de Montréal
• Pierre Morency, Grand Prix de poésie Guillevic/Ville de Saint-Malo
• Renée Dupuis, Prix du Gouverneur général Études et Essais: Quel Canada pour les Autochtones?
• Victor-Lévy Beaulieu, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
2000
• Alistair MacLeod, Prix de la fiction de la Canadian Authors Association: La Perte et le Fracas
• Alistair MacLeod, Prix Libris du « Livre de l'année » et de l'« Auteur de l'année » de la Canadian Booksellers' Association: La Perte et le Fracas
• Christiane Duchesne, Prix Ringuet: L' Homme des silences
• Christiane Duchesne, Prix France-Québec Philippe-Rossillon: L' Homme des silences
• Dany Laferrière, Prix Carbet des Lycéens: Le Cri des oiseaux fous
• Gérard Bouchard, Médaille François-Xavier-Garneau de la Société historique du Canada: Quelques Arpents d'Amérique
• Gérard Bouchard, Prix du Gouverneur général: Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde
• Judith Cowan, Prix de littérature Gérald-Godin: Plus que la vie même
• Louis Caron, Prix Mémoire du Salon du livre de Trois-Rivières pour l'ensemble de son œuvre
• Louis-Bernard Robitaille, Prix France-Québec/Jean-Hamelin: Le Zoo de Berlin
• Marie Laberge, Prix du public Le Nouvelliste/Salon du livre de Trois-Rivières: Gabrielle
• Marie-Claire Blais, Grand Prix littéraire international Metropolis bleu pour l'ensemble de son œuvre
• Marie-Claire Blais, Prix W. O. Mitchell pour l'ensemble de son œuvre
• Michael Ondaatje, Prix Kiriyama: Le Fantôme d'Anil
• Michael Ondaatje, Prix Médicis étranger: Le Fantôme d'Anil
• Nadine Bismuth, Prix des libraires du Québec: Les gens fidèles ne font pas les nouvelles
• Nadine Bismuth, Prix Adrienne-Choquette: Les gens fidèles ne font pas les nouvelles
• Neil Bissoondath, Prix des Amériques insulaires et de la Guyanne: Tous ces mondes en elle
• Pierre Morency, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
• René Hardy, Prix Clio, région de Québec .: Contrôle social et mutation de la culture religieuse au Québec;1830-1930
1999
• Alistair MacLeod, Prix Trillium (édition originale anglaise): La Perte et le Fracas
• Anne Hébert, Prix France-Québec / Jean-Hamelin pour l'ensemble de son œuvre
• Caroline Merola, Prix “Coup de coeur” du Festival international de la bande dessinée du Québec: Le Rêve du collectionneur
• Daniel Jacques, Prix Victor-Barbeau de l'Académie des lettres du Québec: Nationalité et Modernité
• France Daigle, Prix Antonine-Maillet-Acadie vie: Pas pire
• François Ricard, Prix Maxime-Raymond: Gabrielle Roy. Une vie
• François Ricard, Prix Drainie-Taylor: Gabrielle Roy. Une vie
• Gaétan Soucy, Prix du grand public La Presse/Salon du livre de Montréal: La Petite fille qui aimait trop les allumettes
• Gaétan Soucy, Prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec: La Petite fille qui aimait trop les allumettes
• Marie Laberge, Prix des libraires du Québec: La Cérémonie des anges
• Marie Laberge, Prix du public Le Nouvelliste/Salon du livre de Trois-Rivières: La Cérémonie des anges
• Marie-Claire Blais, Prix international de l’Union latine des littératures romanes pour l'ensemble de son œuvre
• Neil Bissoondath, Prix du meilleur roman de la QSPELL: Tous ces mondes en elle
• Pierre Nepveu, Prix Gabrielle-Roy: Intérieurs du Nouveau Monde
• Pierre Nepveu, Prix Jean-Éthier-Blais: Intérieurs du Nouveau Monde
• Yan Muckle, Premier Prix de la Société des écrivains canadiens: Le Bout de la terre
• Ying Chen, Prix Alfred-DesRochers de l'Association des auteurs des Cantons-de-l'Est: Immobile
1998
• Bruno Hébert, Prix littéraire Association France-Québec Philippe-Rossillon: C'est pas moi, je le jure!
• Bruno Hébert, Prix des libraires du Québec: C'est pas moi, je le jure!
• Christiane Frenette, Prix du Gouverneur général
• Daniel Poliquin, Prix Trillium: L' Homme de paille
• France Daigle, Prix France-Acadie: Pas pire
• France Daigle, Prix Éloize: Pas pire
• Gaétan Soucy, Grand Prix du livre de Montréal: L' Acquittement
• Laurent Laplante, Prix Genève-Montréal: Pour en finir avec l'olympisme
• Michel Morin, Prix Jean-Charles-Falardeau pour le meilleur livre en sciences sociales: L' Usurpation de la souveraineté autochtone
1997
• Francis Back, Prix du livre M. Christie: Jean-Baptiste, coureur des bois
• François Ricard, Prix Jean-Éthier Blais de critique littéraire: Gabrielle Roy. Une vie
• Gérard Bouchard, Prix Sir John A. MacDonald: Quelques Arpents d'Amérique
• Gilles Marcotte, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son oeuvre
• Marie Laberge, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son oeuvre
• Marie Laberge, Prix des libraires du Québec: Annabelle
• Marie Laberge, Prix du grand public La Presse/Salon du livre de Montréal: Annabelle
• Marie Laberge, Prix du public Le Nouvelliste/Salon du livre de Trois-Rivières: Annabelle
• Nathalie Collard, Deuxième Prix de la Société des écrivains canadiens: Interdit aux femmes
• Neil Bissoondath, Prix du Gouverneur général pour la traduction: Arracher les montagnes
• Roland Viau, Prix du Gouverneur général: Enfants du néant et mangeurs d'âmes
• Suzanne Jacob, Prix de la revue Études françaises: La Bulle d'encre
1996
• Christiane Duchesne, Prix Québec/Wallonie-Bruxelles: La Bergère de chevaux
• Francine D’Amour, Prix Québec-Paris: Presque rien
• Gérard Bouchard, Prix Lionel-Groulx de l'Institut d'histoire de l'Amérique française: Quelques Arpents d'Amérique
• Jacques Brault, Prix Gilles-Corbeil pour l'ensemble de son œuvre
• Jane Jacobs, Prix du Gouverneur général pour la traduction: Systèmes de survie
• Jean Provencher, Prix littéraire des abonnés de la Bibliothèque de Québec: C'était l'automne
• Marie-Claire Blais, Prix du Gouverneur général: Soifs
• Monique LaRue, Grand Prix du Journal de Montréal: La Démarche du crabe
• Pierre Morency, Bourse Thyde Monnier de la Commission des Prix de la Société des Gens de Lettres de France: La Vie entière
• Rachel Leclerc, Grand Prix Henri-Queffélec: Noces de sable
• Yvon Rivard, Grand Prix du livre de Montréal: Le Milieu du jour
• Yvon Rivard, Grand prix du livre de Montréal: Le Milieu du jour
1995
• Christiane Duchesne, Prix du livre M. Christie: La Bergère de chevaux
• Daniel Poliquin, Prix littéraire Le Droit: L' Écureuil noir
• Daniel Salée, Prix du Gouverneur général pour la traduction: Entre l'ordre et la liberté
• Fernand Dumont, Grand Prix du livre de Montréal: Raisons communes
• Gilles Bibeau, Prix Jean-Charles Falardeau de la Fédération canadienne des sciences humaines et sociales: Dérives montréalaises
• Jean-Pierre Davidts, Prix littéraire Desjardins: Contes du chat gris
• Louise Dechêne, Prix Lionel-Groulx: Le Partage des subsistances au Canada sous le Régime francais
• Neil Bissoondath, Prix Spirale: Le Marché aux illusions
• Neil Bissoondath, Gordon Montador Award pour l'édition originale, Selling Illusions: Le Marché aux illusions
• Pierre Morency, Prix littéraire de l'Institut canadien de Québec: Les Paroles qui marchent dans la nuit
• Raymond Plante, Prix M.Christie: L' Étoile a pleuré rouge
• Robert Lalonde, Prix France-Québec/Jean Hamelin: Le Petit aigle à tête blanche
1994
• Daniel Poliquin, Prix Le Signet d'or, écrivain hors Québec: L' Écureuil noir
• Esther Croft, Prix littéraire Desjardins
• Fernand Dumont, Prix Le Signet d'or de Plaisir de lire: Genèse de la société québécoise
• Fernand Dumont, Prix France-Québec/Jean-Hamelin: Genèse de la société québécoise
• Fernand Dumont, Prix du Signet d'or: Genèse de la société québécoise
• Michelle Allen, Grand Prix du Journal de Montréal: Morgane
• Monique Proulx, Prix des libraires du Québec: Homme invisible à la fenêtre
• Pierre Vadeboncoeur, Prix littéraire Canada-Communauté Française de Belgique pour l'ensemble de son œuvre
• Raymond Plante, Prix Brive-Montréal (12-17ans): L' Étoile a pleuré rouge
• Robert Lalonde, Prix du Gouverneur général (romans et nouvelles): Le Petit aigle à tête blanche
• Yvon Rivard, Prix Gabrielle-Roy: Le Bout cassé de tous les chemins
1993
• Anne Hébert, Prix Gilles-Corbeil pour l'ensemble de son œuvre
• Anne Hébert, Prix Alain-Grandbois de l'Académie des lettres du Québec: Le Jour n'a d'égal que la nuit
• Colette Beauchamp, Prix Victor-Barbeau: Judith Jasmin
• Marco Micone, Prix des Arcades de Bologne: Le Figuier enchanté
• Marie Laberge, Grand Prix des lectrices de Elle Québec: Quelques Adieux
• Monique Proulx, Prix Québec-Paris: Homme invisible à la fenêtre
• Pierre Nepveu, Prix Canada-Suisse: L' Écologie du réel
• Raymond Plante, Prix Monique-Corriveau de la littérature jeunesse: Les Dents de la poule
• Robert Walshe, Prix du Gouverneur général pour la traduction: L' Oeuvre du Gallois
1992
• André Cellard, Prix du livre Jean-Charles-Falardeau de la FCSS: Histoire de la folie au Québec de 1600 à 1850
• André Major, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
• Colette Beauchamp, Prix Maxime-Raymond de l'Institut d'histoire de l'Amérique française: Judith Jasmin
• Lise Gauvin, Prix des Arcades de Bologne: Fugitives
• Lucia Ferretti, Prix Michel-Brunet de l'Institut d'histoire de l'Amérique française: Entre voisins
• Paul-André Linteau, Prix de « La petite bibliothèque du parfait Montréalais »: Histoire de Montréal depuis la Confédération
• Paul-André Linteau, Prix Lionel-Groulx: Histoire de Montréal depuis la Confédération
• Pierre Morency, Prix France-Québec/Jean-Hamelin: Lumière des oiseaux
• Pierre Morency, Prix littéraire de l'Institut canadien de Québec: Lumière des oiseaux
• Robert Lalonde, Prix des lectrices Elle Quebec: L' Ogre de Grand Remous
1991
• André Cellard, Prix Michel-Brunet: Histoire de la folie au Québec de 1600 à 1850
• Bernard Arcand, Prix du Gouverneur général
• Bruce G. Trigger, Prix Léon-Guérin: Les Indiens, la Fourrure et les Blancs
• Bruce G. Trigger, Prix Victor-Barbeau: Les Indiens, la Fourrure et les Blancs
• Christiane Duchesne, Prix Alvine-Bélisle: La Vraie histoire du chien de Clara Vic
• Christiane Duchesne, Prix du livre M. Christie: Bibitsa ou l'étrange voyage de Clara Vic
• François Gravel, Prix du livre M.Christie: Zamboni
• Gilles Marcotte, Médaille Lorne-Pierce de la société royale du Canada
• Pierre Morency, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
1990
• A.M. Klein, Prix du Gouverneur général pour la traduction: Le Second Rouleau
• Christiane Duchesne, Prix du Gouverneur général
• Christina McCall, Prix du Gouverneur général (en anglais): Trudeau : l'Homme, l'Utopie, l'Histoire
• Jacques Folch-Ribas, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
• Lucie Papineau, Prix de l'ACELF: La Dompteuse de perruche
• Marie-Claire Blais, Prix Nessim Habif de l’Académie royale de la langue et de la littérature françaises de Belgique pour l'ensemble de son œuvre • Pierre Morency, Prix François-Sommer: L' Oeil américain
• Raymond Plante, Prix du livre de la revue Protégez-vous: Le Raisin devient banane
• Roger Cantin, Prix Jeune Public La Presse/Salon du Livre de Montréal: Matusalem
1989
• Fernande Roy, Prix Lionel-Groulx: Progrès, harmonie, liberté
• Jean Provencher, Prix de l’Union des éditeurs de langue française: Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent
• Lise Noël, Prix du Gouverneur général
• Marie-Claire Blais, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
• Philippe Chauveau, Prix de l'ACELF: Robots et Robots inc.
• Pierre Nepveu, Prix Victor-Barbeau de l'Académie des lettres du Québec: L' Écologie du réel
1988
• Anne Hébert, Prix littéraire Canada-Communauté Française de Belgique pour l'ensemble de son œuvre
• Luc Chartrand, Prix Michel-Brunet: Histoire des sciences au Québec
• Michèle Mailhot, Grand Prix du Journal de Montréal: Béatrice vue d'en bas
• Northrop Frye, Prix du Gouverneur général pour la traduction: Shakespeare et son théâtre
• Robert Lalonde, Grand Prix du livre de Montréal
1987
• Anne Hébert, Prix Fleury-Mesplet pour l'ensemble de son œuvre
• Francine D’Amour, Prix Molson de l'Académie des lettes du Québec: Les dimanches sont mortels
• Gilles Archambault, Prix du Gouverneur général
• Heather Robertson, Prix du gouverneur général pour la traduction: L' Homme qui se croyait aimé
1986
• Denys Delâge, Prix Lionel-Groulx: Le Pays renversé
• Hélène Pelletier-Baillargeon, Prix Maxime-Raymond: Marie Gérin-Lajoie
• Jacques Brault, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son oeuvre
• Raymond Plante, Prix du Conseil des Arts du Canada: Le Dernier des raisins
• Yvon Rivard, Prix du Gouverneur général: Les Silences du corbeau
1985
• Fernand Ouellette, Prix du Gouverneur général
• Jacques Godbout, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
• Robert Lalonde, Prix Québec-Paris: Une belle journée d'avance
1984
• Jacques Brault, Prix du Gouverneur général
• Joseph Rudel-Tessier, Prix Champlain: Roquelune
• Louis Caron, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
1983
• Marie-Claire Blais, Prix Anaïs-Ségalas de l'Académie française: Visions d'Anna
• Suzanne Jacob, Prix du Gouverneur général: Laura Laur
1982
• Louis Caron, Prix France-Québec Jean-Hamelin: Le Canard de bois
• Marie-Claire Blais, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
• Raymond Plante, Prix de l'ACELF: La Machine à beauté
1981
• Gilles Archambault, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
• Marie Laberge, Prix du Gouverneur général: C'était avant la guerre à l'Anse-à-Gilles
• Paul-André Linteau, Prix MacDonald: Maisonneuve ou comment des promoteurs fabriquent une ville, 1883-1918
• René Hardy, Prix Lionel-Groulx: Les Zouaves
• Victor-Lévy Beaulieu, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
1979
• Marie-Claire Blais, Prix du Gouverneur général: Le Sourd dans la ville
1947-1978
1978
• Anne Hébert, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
• Jacques Brault, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
• Jacques Godbout, Prix Canada-Belgique pour l'ensemble de son œuvre
1977
• Gabrielle Roy, Prix littéraire du Gouverneur général: Ces enfants de ma vie
1976
• Anne Hébert, Prix littéraire de la Fondation Prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son œuvre
• Marie-Claire Blais, Prix littéraire Canada-Communauté Française de Belgique pour l'ensemble de son œuvre
• Pierre Vadeboncoeur, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
1975
• Anne Hébert, Prix du Gouverneur général: Les Enfants du Sabbat
1973
• Jacques Godbout, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
1971
• Pierre Vadeboncoeur, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
1970
• Gabrielle Roy, Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre
1968 • Marie-Claire Blais, Prix du Gouverneur général: Manuscrits de Pauline Archange
1966
• Marcel Trudel, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
• Marie-Claire Blais, Prix Médicis: Une saison dans la vie d'Emmanuel
• Marie-Claire Blais, Prix France-Québec: Une saison dans la vie d'Emmanuel
1958
• Anne Hébert, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
1956
• Gabrielle Roy, Prix Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean-Baptiste pour l'ensemble de son œuvre
1947
• Gabrielle Roy, Prix Femina: Bonheur d'occasion
Collections
• Boréal Compact (228)
Des rééditions de textes importants—romans, nouvelles, théâtre, poésie, essais ou documents —dans un format pratique et à des prix accessibles.
• Boréal Express (24)
Propose aux étudiants et aux professeurs, à un prix abordable, des ouvrages de synthèse et d'introduction dans des domaines variés.
• Boréal Inter (59)
Des romans passionnants, un peu plus corsés, qui s'adressent aux jeunes adolescents. De genres aussi divers que le roman historique et le roman d'anticipation, ils feront sortir le lecteur du quotidien en lui ouvrant de nouveaux horizons.
• Boréal Junior (107)
Propose aux jeunes une première approche de la littérature tout en les incitant à lire pour le plaisir. Les auteur s’y abordent les thèmes de l’amitié, de la famille, des relations humaines, de la découverte de soi, de la puberté, de la mort… Cette collection offre des romans de genres variés – policier, aventure, science-fiction, fantastique, humour – écrits dans une langue simple et directe avec quelques illustrations qui aident les jeunes lecteurs dans leur nouvelle approche de textes suivis.
• Dominique (11)
Créée par Jean Gervais, orthopédagogue. Chaque livre expose aux lecteurs du primaire, ainsi qu'à leurs parents, un problème vécu par de nombreux enfants. Chaque situation est exposée avec beaucoup de doigté à l'aide d'une histoire réaliste à laquelle les enfants sont sensibles. Elle est suivie de conseils pratiques destinés aux parents. Illustrés en couleurs et en noir et blanc, les «Dominique» sont l'amorce d'un échange familial sur des thèmes délicats.
• Les Carcajous (15)
Écrite par Roy MacGregor et adaptée de l'anglais, cette série relate les aventures d'une équipe de hockey pee-wee. Mélant l'humour et le suspense à des descriptions de matches vivantes, elle ravit les amateurs de hockey de neuf ans et plus.
• Maboul (102)
Composée de séries captivantes aux héros sympathiques, cette collection est destinée aux débutants lecteurs du premier cycle du primaire. Ses mini-romans pleins de fantaisie, de poésie ou de drôlerie, ont pour mandat d'amener les enfants à la lecture par le plaisir. Une mise en page aérée et amusante marie à merveille les nombreuses illustrations et un texte d'une grande lisibilité. Commencer à lire, c'est parfois difficile. Avec Maboul, ça devient facile!
• Papier collés (69)
Dirigée par François Ricard, cette collection présente des recueils de textes, souvent inédits, appartenant à des genres divers, mais qui se distinguent par la qualité de l'écriture.
• Pour en finir avec (10)
Cette collection, dirigée par Richard Martineau, accueille des pamphlets qui remettent en question les idées reçues touchant à la culture et à la société québécoises.
Romans et récits (résumés)
Notes: sont exclues ici les rééditions dans Boréal Compact (qui sont dans le document word)
Années 1980-1989
1983
ARCHAMBAULT, Gilles, À voix basse, Montréal, Boréal (Boréal Express), 1983, 160 p. (Roman)
À voix basse… C'est-à-dire sur un ton et dans une région du coeur où les propos sont murmurés, où tout s'est déjà déroulé irrémédiablement. On vit en sursis. Ne parviennent plus que les images floues d'une vie qui a été.
1984
ARCHAMBAULT, Gilles, Le Regard oblique, Montréal, Boréal (Boréal Express/Papiers collés), 1984, 180 p. (Nouvelles ?)
Les billets que réunit ce volume composent une sorte de roman satirique sur le monde des écrivains, leurs vanités, leurs illusions et désillusions, leur inépuisable innocence. G. Archambault nous donne ici sa meilleure prose.
LABERGE, Marie, Le Poids des ombres, Montréal, Boréal, 1994, 460 p. (Roman) LABERGE, Marie, Le Poids des ombres, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1999, 464 p. (Roman)
«Dès les premières lignes, Le Poids des ombres nous impose une lecture quasi compulsive tant est solide l'intrigue, maîtrisé le style de la narration et cohérente la stature des personnages. » R. Bélanger, Nuit blanche
1985
BRAULT, Jacques, Agonie, Montréal, Boréal (Boréal Express), 1985, 80 p. (Roman)
PRIX DU GOUVERNEUR GÉNÉRAL 1984
Un vieil homme abandonne, sur le banc de parc où il repose immobile, un pauvre carnet rempli de notes et de souvenirs; un autre homme, plus jeune, le ramasse et l'emporte chez lui pour le lire. Sa lecture va durer toute la nuit.
Si l'auteur avait voulu nous démontrer que la poésie et l'existence partagent les mêmes enjeux, il n'aurait pas écrit autrement. Agonie est une très belle explication de texte : par la vie même. Gilles Marcotte, L’actualité
Dans Agonie, l'émotion – une braise sous des cendres grises – reste captive. C’est la manière qu’a choisie Brault pour nous faire pénétrer l'intensité du drame qui se joue sous l'apparence des choses. Avec une concision qui frôle l’ellipse ; par pudeur, mais aussi par respect. Ivanhoé Beaulieu, Le Devoir
Prix du Gouverneur général 1984 (Agonie)
RICARD, François, La littérature contre elle-même, préface de Milan Kundera, Montréal, Boréal Express (Papiers collés), 1985, 196 p. (Essai) RICARD, François, La littérature contre elle-même, préface de Milan Kundera, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2002, 228 p. (Essai)
“Voilà ce que j’admire chez François Ricard: il habite non pas la littérature québécoise, non pas la littérature française, il habite la littérature mondiale. Et comme il s’occupe presque exclusivement du roman, je peux dire qu’il habite le roman mondial comme on habite une maison. C’est rare.” Milan Kundera
1986
RIVARD, Yvon, Les Silences du corbeau, Montréal, Boréal, 1986, 268 p. (Roman) RIVARD, Yvon, Les Silences du corbeau, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1999, 272 p. (Roman)
Laissant derrière lui deux femmes qu'il aime également, réfugié à Pondichéry, au bord de la mer où il se mêle à un groupe bigarré d'Occidentaux, le narrateur nous entraîne peu à peu dans un monde fascinant de paradis perdus et de quêtes individuelles.
Prix du Gouverneur général 1986 (Les Silences du corbeau )
1987
ARCHAMBAULT, Gilles, L’Obsédante obèse et autres agressions, Montréal, Boréal, 1987, 148 p. (Nouvelles)
ARCHAMBAULT, Gilles, L’Obsédante obèse et autres agressions, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1996, 150 p. (Nouvelles) Éclairs, visions, instants de conscience, comment appelle-t-on ces lueurs qui parfois, au détour d'une plage, d'une pensée, d'un visage entrevu, nous saisissent brusquement et nous donnent le sentiment de l'évidence?
1988
NEPVEU, Pierre, L’écologie du réel : Mort et naissance de la littérature québécoise, Montréal, Boréal, 1988, 248 p. (Essai) / NEPVEU, Pierre, L’écologie du réel : Mort et naissance de la littérature québécoise, Montréal, Boréal (Compact), 1999, 256 p. (Essai)
Peut-on encore parler de littérature québécoise? Que signifie le nouvel environnement culturel où cette littérature s'élabore, dominé par le cataclysme, le sens de la précarité, et le mélange sans fin des discours et des signes?
Prix Canada-Suisse 1993 (L'Écologie du réel ) Prix Victor-Barbeau de l'Académie des lettres du Québec 1989 (L'Écologie du réel )
1989
ARCHAMBAULT, Gilles, Chroniques matinales, Montréal, Boréal, 1989, 178 p. (Essai)
D'une anecdote, d'une rencontre fortuite, d'une conversation de hasard, d'un visage entrevu, de la banalité même qui compose l'ordinaire de nos existences, G. Archambault sait tirer tantôt de la tendresse, tantôt de la dérision.
BRAULT, Jacques, La Poussière du chemin, Montréal, Boréal, 1989, 208 p. (Essai)
Poète, romancier, dramaturge et essayiste, Jacques Brault rassemble dans ce livre ses articles méditations des 15 dernières années.
CARON, Louis, Le canard des bois, Montréal, Boréal, 1989, 336 p.
Nous sommes vers 1835, sur les rives du Saint-Laurent. Les « Canadiens » n’en finissent pas de payer le prix de la défaite. La nature s’en mêle : mauvaises récoltes, hivers rigoureux, inondations, épidémies. La révolte éclatera en 1837, portée et canalisée par le parti des Patriotes. Elle sera vite et très violemment réprimée. Plus frappé que d’autres par le malheur, Hyacinthe Bellerose se redresse pourtant et ose se battre quand d’autres capitulent.
Louis Caron a réussi ce que peu de ses prédécesseurs ont su faire : exploiter avec beaucoup d’habileté un sujet historique, pour en tirer un ouvrage remarquable à tous points de vue. Armand B. Chartier, Reviews
C’est dans la durée que s’inscrit d’emblée ce très beau livre du tendre bourru de Nicolet. Réginald Martel, La Presse
LABERGE, Marie, Juillet, Montréal, Boréal, 1989, 224 p. (Roman) LABERGE, Marie, Juillet, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1993, 224 p. (Roman) Une fête familiale, intime, toute simple. Une célébration orchestrée par Simon, aidé de son fils, de sa belle-fille et un peu de son petit-fils, Julien. Une sorte d’harmonie qui craque pourtant sous l’élan irrépressible du désir. Le désir dérangeant, inopportun, sauvage. Le désir et l’amour de Simon. Et ce n’est pas pour sa femme qu’en ce jour de juillet Simon brûle…
Avec cette histoire d’amour condamné, Marie Laberge saisit à bras-le-corps tous les tabous. Son livre est envoûté et envoûtant.
Odile Tremblay, La Gazette des femmes
Années 1990-1999
1990
DESROCHES, Lyse, La vie privée, Montréal, Boréal, 1990, 198 p.
Un roman tendre, marqué d'une double blessure, écrit par une femme qui a vécu et qui entreprend d'écrire pour mieux vivre encore. La Vie privée fait entendre une musique qu'il est impossible d'oublier
PETROWSKI, Nathalie, Il restera toujours le Nebraska, Montréal, Boréal/Seuil, 1990, 336 p. (Roman)
La réalité, on le sait, n'est pas chose dont on s'accomode toujours facilement. Les personnages de ce roman, chacun à sa façon, cherchent à y échapper. Mais est-ce une raison suffisante pour s'envoler vers Lincoln, au Nebraska?
ROY, Alain, Quoi mettre dans sa valise ? Montréal, Boréal, 1990, 176 p. (Nouvelles)
Ironie douce, tendresse mêlée d'humour, extrême justesse du ton et du regard, ce premier livre d'Alain Roy nous révèle la sensibilité des jeunes urbains d'aujourd'hui et, plus largement, celle de la «modernité», à la fois banale et troublante.
1991
ARCHAMBAULT, Gilles, Les Choses d’un jour, Montréal, Boréal, 1991, 180 p. (Roman)
Sur le ton intimiste qui le caractérise, G. Archambault donne ici une oeuvre de maturité, remplie de gravité et de douceur.
BEAUDOIN, Réjean, Le Roman québécois, Montréal, Boréal (Boréal Express), 1991, 128 p. (Essai)
C'est à partir du corpus des romans «vivants» - ceux qu'on lit encore aujourd'hui quel que soit leur âge - que ce livre brosse un tableau de la création romanesque au Québec.
BRAULT, Jacques, Ô Saisons, Ô châteaux, Montréal, Boréal (Papiers collés), 1991, 152 p. (Essai) Illustrant par excellence l'art à la fois intime et amical de la «chronique», ces textes s'adressent au lecteur comme à un confident de toujours.
MAJOR, André, Histoires de déserteurs, Montréal, Boréal, 1991, 464 p. (Roman) Cet ouvrage regroupe les 3 romans du cycle des déserteurs, L'Épouvantail, L'Épidémie et Les Rescapés, qui brossent la saga saisissante d'un village mais où on peut lire le destin de tout un peuple.
POUPART, Jean-Marie, L’Accident du rang Saint-Roch, Montréal, Boréal, 1991, 96 p. (Roman) Un accident est si vite arrivé! Un petit chat gît, éventré, sur le bord du chemin, et nous voilà en présence de l'éternité.
1992
ARCHAMBAULT, Gilles, Enfances lointaines, Montréal, Boréal, 1992, 102 p. (Nouvelles)
Les 13 nouvelles rassemblées dans ce recueil ont beau aborder une grande variété de thèmes, elles ne sont qu'autant de manières d'approcher ce qui seul importe: l'existence.
BOUGÉ, Réjane, L’Amour cannibale, Montréal, Boréal, 1992, 192 p. (Roman)
Marqué au sceau d'un humour noir, corrosif, ce premier roman propose une vision insolite du Québec des années 60.
ESCOMEL, Gloria, Pièges, Montréal, Boréal, 1992, 376 p. (Roman)
Une vaste fresque où se retrouvent les grands thèmes de l'engagement. Un portrait sans manichéisme des luttes pour la démocratie en Amérique latine, un roman qui propose une prenante réflexion sur la valeur de l'action.
LABERGE, Marie, Quelques Adieux, Montréal, Boréal, 1992, 400 p. (Roman) LABERGE, Marie, Quelques Adieux, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1997, 400 p. (Roman)
Dans un monde qui veut encadrer l'amour dans des règles bien précises, la passion s'inscrit toujours comme une transgression, un éclatement, une rupture. Un roman où M. Laberge rend un hommage à sa ville natale, Québec.
Grand Prix des lectrices de Elle Québec 1993 (Quelques Adieux)
LEFEBVRE, Louis, Guanahani, Montréal, Boréal, 1992, 192 p. (Roman)
Au retour de son premier voyage en Amérique, Christophe Colomb a ramené en Espagne des hommes sauvages. S'appuyant sur cette vérité historique, L. Lefebvre a créé une étonnante fiction qui fait revivre l'un de ces «découvreurs» de l'Europe.
MORENCY, Pierre, Lumière des oiseaux. Histoire naturelles du Nouveau Monde, Préface d'Yves Berger et Illustrations de Pierre Lussier, Montréal, Boréal/Seuil, 1992, p. 336 p. (Essai)
Après L'Œil américain, Pierre Morency nous offre de nouvelles histoires naturelles, où, cette fois, les oiseaux tiennent le premier rôle. Le héron se transforme en poète; les livres eux-mêmes déploient leurs ailes et prennent leur envol.
NEPVEU, Pierre, Des mondes peu habités, Montréal, Boréal, 1992, 200 p. (Roman) Un roman poignant qui trace le portrait d'un homme emmuré dans son incapacité de communiquer avec les êtres. Une méditation grave sur la condition masculine.
1993
BÉLANGER, Denis, Les jardins de Méru, Montréal, Boréal, 1993, 144 p. (Récit)
Le besoin d'aller à l'essentiel amène l'auteur à transcender les artifices habituels de la littérature. C'est pourquoi nous avons l'impression d'entendre dans ce livre une voix qui, de l'autre côté de la mort, cherche à percer le secret d'un destin.
JACOB, Suzanne, L’Obéissance, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1993, 258 p. (Roman)
Le couple serait le point de départ de ce pacte monstrueux qui autorise la pire cruauté à se nourrir de la soumission silencieuse. À l'échelle de la planète: extorsion, torture, mise à mort.
Comment des enfants se laissent-ils assassiner en souriant ? Comment une mère et une fille peuvent-elles à la fois se haïr et s’aimer ? De ces thèmes si souvent occultés, Suzanne Jacob tire un roman puissant, habilement construit, à l’ écriture généreuse et miséricordieuse. Ce livre est un manifeste amoureux contre la mort… Yann Plougastel, L’Événement du jeudi
Un livre fort, troublant, un des plus convaincants que Suzanne Jacob ait écrits. Gilles Marcotte, L’actualité
Dans ce roman riche de formes et de contenus […] on redécouvre avec émotion que l’art et la morale ne sont pas des valeurs incompatibles. Réginald Martel, La Presse
LABERGE, Marie, Deux tangos pour une vie, Montréal, Boréal (« Théâtre »), 1993, 184 p. (Théâtre)
«L'ultime but de la vie, au fond, c'est de la vivre. La vivre le cœur prêt à éclater, la peau douce de désir, comme on danse un tango, avec force et abandon.» M. L.
POUPART, Jean-Marie, Bon à tirer, Montréal, Boréal, 1993, 168 p.
Les écrivains sont des gens ombrageux, chacun le sait. On comprend alors la colère de Thomas Charbonneau quand il découvre que Vincent Mauger lui a volé une scène et l'a mise dans son dernier roman.
RIVARD, Yvon, Le Bout cassé de tous les chemins, Montréal, Boréal (Papiers collés), 1993, 216 p. (Essai)
Ces textes, qu'ils portent sur l'écriture, sur des écrivains (Rilke ou Vadeboncoeur, Castaneda ou Saint-Denys Garneau), sur le Québec ou sur l'Amérique, révèlent un essayiste au style limpide, à la pensée acérée.
Prix Gabrielle-Roy 1994 (Le Bout cassé de tous les chemins )
TREMBLAY, Carole, Musique dans le sang, Montréal, Boréal, 1993, 296 p.
Musique dans le sang propose de surprenantes variations sur les thèmes connus de la vie, de la mort, de la justice et du remords. Une musique étonnante chante dans ce polar mené comme un astucieux contrepoint.
1994
ARCHAMBAULT, Gilles, Le Tendre Matin, Montréal, Boréal, 1994, 156 p. (Roman)
Publié pour la première fois en 1969, Le Tendre Matin était le troisième roman de G. Archambault. Un ton, une voix s'y laissaient percevoir, qui gardent aujourd'hui toute leur douceur et leur force.
ARCHAMBAULT, Gilles, Les plaisirs de la mélancolie. Petites proses presque noires, Montréal, Boréal (Papiers collés), 1994, 120 p. (Proses brèves qui figurent dans la rubrique Nouvelles)
Voici la nouvelle édition d’un ouvrage publié pour la première fois en 1980 et qui inaugurait, dans l’œuvre de Gilles Archambault, un genre nouveau, celui du recueil de proses brèves, que devaient illustrer par la suite des titres comme Le Regard oblique, Chroniques matinales et Nouvelles Chroniques matinales, tous parus dans la collection « Papiers collés ». Il était donc normal que Les Plaisirs de la mélancolie vienne les y retrouver.
Les « petites proses presque noires » qui composent ce recueil se répartissent en trois groupes : « Humeurs », où s’expriment toute l’ironie du chroniqueur et son sens de la comédie sociale ; « Justifications », où il évoque sa vision toute personnelle du métier d’écrivain ; et « Murmures », qui rassemble des pensées et des émotions notées au hasard des événements et des rencontres.
Ces textes ont beau avoir été écrits il y a quinze ou même vingt ans, ils n’ont nullement vieilli. C’est qu’il n’y est pas question d’idées et d’idéologies, mais de cela seul qui ne passe jamais : les silences, les paroles, les instants de stupeur ou de joie furtive qui sont le lot de la conscience nue, de l’être qui ne prétend à rien d’autre qu’à vivre humainement et lucidement parmi ses semblables. Intacts, ces textes le sont aussi par la qualité de leur écriture, par la voix unique et donc toujours actuelle qui s’y fait entendre.
ARCHAMBAULT, Gilles, Nouvelles chroniques matinales, Montréal, Boréal (Papiers collés), 1994, 176 p. (Essai)
Voici un recueil des meilleurs billets de Gilles Archambault que l'on a pu entendre à CBF Bonjour.
ARCHAMBAULT, Gilles, Un après-midi de septembre, Montréal, Boréal, 1994, 114 p.
« Quand une personne meurt, elle emporte avec elle tant de secrets qu'elle apparaît avec le temps comme de plus en plus impénétrable. Ma mère est morte, l'automne dernier. Elle s'en est allée avec une partie de ma mémoire.
« C'est un peu pour chercher à voir clair en moi que j'entreprends la rédaction de ce petit livre. Depuis l'enfance, je n'ai cessé de me poser des questions sur les raisons de mon existence. Les réponses, je ne les trouverai jamais. Ma mère toutefois m'était un rempart contre l'absurde. C'était d'elle que j'étais né un après-midi de septembre. »
BLOUIN, Claude R., Petite géométrie du cœur, Montréal, Boréal, 1994, 174 p.
C. R. Blouin a écrit des nouvelles dans lesquelles les vies parallèles de ses personnages se fuient ou se croisent pour former d'étonnantes figures
BOUGÉ, Réjeanne, La voix de la sirène, Montréal, Boréal, 1994, 200 p.
R. Bougé fait la chronique intime d'une adolescence se déroulant sous l'influence de Réjean Ducharme. «Je suis une alchimiste rendue folle par les vapeurs de mercure.»
D’AMOUR, Francine, Écrire comme un chat, Montréal, Boréal, 1994, 134 p. (Nouvelles)
Ces textes disent sur un ton tantôt grave, tantôt moqueur, la vanité de la création, les frayeurs de l'enfance et tant d'autres mystères encore que l'on peut lire aussi au fond des prunelles vert océan des chats.
ESCOMEL, Gloria, Les eaux de la mémoire, Montréal, Boréal, 1994, 150 p. (Nouvelles)
Les brefs récits et les contes réunis dans Les Eaux de la mémoire fascinent par leur étrangeté, leur caractère onirique et par l'abolition des frontières de l'individu et du temps.
LABERGE, Marie, Le Poids des ombres, Montréal, Boréal, 1994, 460 p. (Roman) / LABERGE, Marie, Le Poids des ombres, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1999, 464 p. (Roman)
«Dès les premières lignes, Le Poids des ombres nous impose une lecture quasi compulsive tant est solide l'intrigue, maîtrisé le style de la narration et cohérente la stature des personnages. » R. Bélanger, Nuit blanche
SIMON, Sherry, Le trafic des langues, traduction et culture dans la littérature québécoise, Montréal, Boréal, 1994, 226 p. (Essai)
Cette étude porte sur la traduction dans la littérature québécoise. Il y est question des «effets de traduction» qui se manifestent dans les œuvres littéraires.
1995
BLAIS, Marie-Claire, Soifs, Montréal, Boréal, 1995, 320 p. (Roman) BLAIS, Marie-Claire, Soifs, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1997, 320 p. (Roman)
Soifs est une fresque baroque, une cantate pour la fin d'un siècle où M.-C. Blais réussit à capter notre âge apocalyptique et à le rendre dans une prose au fabuleux pouvoir d'évocation. Prix du Gouverneur général 1996 (Soifs)
BOUCHER, Jean-Pierre, La vie n’est pas une sinécure, Montréal, Boréal, 1995, 194 p. (Nouvelles)
Usant de la même maîtrise de toutes les formes de narration, Jean-Pierre Boucher nous conduit par divers chemins vers cela seul qui importe: l'existence toujours latente en nous de la douleur.
LARUE, Monique, La Démarche du crabe, Montréal, Boréal, 1995, 224 p. (Roman)
«…Une écriture capable d'exprimer avec subtilité, et de façon convaincante, des sentiments qui ont pourtant été débusqués dans les régions de l'âme, troubles, où règne l'inavouable.» Réginald Martel, La Presse
Grand Prix du Journal de Montréal 1996 (La Démarche du crabe )
LECLERC, Rachel, Noces de sable, Montréal, Boréal, 1995, 224 p. (Roman) ; Boréal compact, 2011, 222 p. (Roman)
Baie des Chaleurs, 1835. Gabriel Foucault va mourir dans sa belle demeure anglo-normande. Il dévoile à son fils, Victor, sa jeunesse dans ce village de pêcheurs où la dette envers les maîtres se transmet d’une génération à l’autre. Mais il y a surtout le souvenir de Catherine, la fille de Richard Thomas, le riche marchand dont l’esprit et la loi règnent sur le village. Venue là pour un été, elle a lié son destin au jeune Gabriel, le plus insoumis des garçons de la place.
« L’écrivain a su, dès son premier roman, faire naître et vivre un monde issu de sa vision singulière de la condition humaine. Les ‘‘noces de sable’’ sont celles qui unissent les humains et la mort. Elles ont leur terrible beauté. » Réginald Martel, La Presse
« Excellente, l’histoire ; riches, les personnages et le rythme narratif : envoûtant. » Jacques Allard, Le Devoir
MAJOR, André, La vie provisoire, Montréal, Boréal, 1995, 240 p
Un homme a laissé sa femme, son métier de journaliste, son pays. Sous un ciel clément, il vit une vie provisoire, ne se laissant porter que par le désir et la douce musique du désespoir qui l'habite
MONETTE, Hélène, Unless, Montréal, Boréal, 1995, 190 p. (Roman) MONETTE, Hélène, Unless, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2004, 202 p. (Roman)
Dans le monde en marche, dans la ferveur sans motif, autour du sourire de la misère, dans l’auréole des colères, au bord de l’inacceptable, il y a Unless. Une fleur aux mains coupées. Deux pétales, un cœur pompier, un cerveau carreauté. Involontaire pour empiler les cadavres, mais mobilisée. Une enchaînée. Dans le jardin des clowns grimaçants. Dans la constellation du Faux. Sur la terre de Caïn. Ce n’est pas Maybe, ce n’est pas Perhaps, c’est Unless
1996
ARCHAMBAULT, Gilles, Dernières chroniques matinales, Montréal, Boréal (Papiers collés),1996, 174 p. (Essai)
Après les Chroniques matinales (Boréal, 1989) et les Nouvelles Chroniques matinales (Boréal, 1994), voici que Gilles Archambault nous offre un troisième recueil des petits textes qu'il a pris l'habitude de venir lire, le matin, à l'émission CBF-Bonjour de Radio-Canada. Nous les avons écoutés, et nous les relisons ici, avec une sorte de ferveur et d'amitié. II n'y est question, nous semble-t-il, que de choses tout à fait ordinaires : une rencontre, une scène de rue, un être étrange aperçu par hasard, une impression, un souvenir. Et pourtant, nous nous sentons concernés, touchés au plus intime de nous-même. Car, parlant de lui, de sa famille, des hasards de sa vie et de ses pensées, l'homme parle en même temps de nous.
Dans son ironie et sa tendresse, dans l'amusement et la douleur que lui inspire l'existence, nous reconnaissons aussitôt une parole fraternelle, proche de notre conscience la plus simple et la plus lucide, celle qu'il nous arrive d'avoir lorsque nous regardons en nous-même honnêtement, sans complaisance ni fausse modestie, sans révolte et sans orgueil, en tâchant tout simplement,comme lui, de voir ce que nous sommes, à la fois anges et bêtes, risibles et touchants.
ARCHAMBAULT, Gilles, Un homme plein d’enfance, Montréal, Boréal, 1996, 128 p.
Un regard doux-amer sur l'existence, le dialogue à la fois douloureux et amical des générations; les lecteurs retrouveront ici cette qualité d'émotion qui fait la beauté et le prix de l'œuvre de Gilles Archambault.
D’AMOUR, Francine, Presque rien, Montréal, Boréal, 1996, 276 p. (Roman)
Dans Presque rien, France D'Amour construit son roman avec une grande maîtrise. Surtout, une fine ironie cimente le récit de toutes ces vies, ironie qui débusque impitoyablement le secret qui se cache derrière chaque visage, derrière chaque existence.
Prix Québec-Paris 1996 (Presque rien)
DUBÉ, Joseph Jean Roland, Gloire, Montréal, Boréal, 1996, 132 p.
Parce qu'il est laid, un abîme sépare Monsieur Reposant du reste de l'humanité. Emballeur à l'épicerie, il est la cible des moqueries et de la condescendance de tout le village. Une nuit, il fait la connaissance de Gloire
HAMELIN, Louis, Le Soleil des gouffres, Montréal, Boréal, 1996, 380 p.
Louis Hamelin nous convie ici à une traversée du continent. Il nous offre un roman prophétique qui tente de réconcilier la nuit du millénaire qui s'achève avec le soleil des gouffres, ce principe de vie qui éclaire le temps du cœur humain
LALONDE, Robert, Où vont les sizerins flambés en été?, Montréal, Boréal, 1996, 168 p. (Nouvelles)
Ces récits hantés par le désir, la souffrance, l'éblouissement permanent devant la nature, permettent d'embrasser d'un coup tout le territoire imaginaire - d'une rare richesse - de l'écrivain.
MORENCY, Pierre, La vie entière. Histoire naturelles du Nouveau Monde, Montréal, Boréal, 1996, 254 p. (Essai)
Dans ce troisième volet de ses «Histoires naturelles du Nouveau Monde», le poète prend son envol plus librement que jamais. Certes, la nature est omniprésente, mais c'est la vie de l'homme que célèbre Pierre Morency.
Bourse Thyde Monnier de la Commission des Prix de la Société des Gens de Lettres de France 1996 (La Vie entière )
RICARD, François, Gabrielle Roy. Une vie, Montréal, Boréal, version reliée ; cahiers, photos, 1996, 648 p. (Biographie) / RICARD, François, Gabrielle Roy. Une vie, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2000, 680 p. (Biographie)
«Tout écrivain devrait avoir la chance de trouver un François Ricard pour raconter sa vie, et pour la raconter avec un tel sens de la dignité et de l'ultime mystère de son sujet.» John Lennox, The Literary Review of Canada
Prix Drainie-Taylor 1999 (Gabrielle Roy. Une vie)
Prix Jean-Éthier Blais de critique littéraire 1997 (Gabrielle Roy. Une vie)
Prix Maxime-Raymond 1999 (Gabrielle Roy. Une vie)
RIVARD, Yvon, L’Ombre et le Double, Montréal, Boréal, 1996, 240 p. (Roman)
Deuxième roman d'Y. Rivard, paru originalement en 1979, L'Ombre et le Double est l'invitation à un fascinant voyage intérieur, où le lecteur sera invité à réfléchir sur la question des origines.
TOUSSAINT, Élisabeth, Mon œil gauche est plus fort que le droit, Montréal, Boréal, 1996, 200 p.
Voici un récit intelligent, ludique et original qui s'adresse aux petites personnes (et on sait que les grandes personnes n'existent pas).
1997
ARCHAMBAULT, Gilles, Parlons de moi. Récit complaisant, itératif, contradictoire et pathétique d’une auto-destruction, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1997, 168 p. (Roman)
«G. Archambault est un écrivain délicat dont l'humour n'est jamais vulgaire. Il sait rendre le pathétique d'une vie de raté sans pour autant réduire l'homme au rang de la triste bête.» Jean Éthier-Blais, Le Devoir
BERGERON, Michel, Siou song, Montréal, Boréal, 1997, 168 p.
Une prose colorée, rythmée, syncopée, où les phrases fusent comme autant de riffs de guitare. Une œuvre qui conjugue ivresse, solitude et désespoir, comme les meilleures complaintes rock.
HÉBERT, Bruno, C’est pas moi, je le jure! Montréal, Boréal, 1997, 198 p. (Roman) HÉBERT, Bruno, C’est pas moi, je le jure! Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2000, 200 p. (Roman)
C’est pas moi, je le jure ! étonne par sa fraîcheur et sa verve, par sa vision du monde de l’enfance, par son imaginaire débridé. À trente-neuf ans, soit l’âge qu’aurait aujourd’hui son petit héros, l’auteur est manifestement resté très près de ses premières années. Marie-Claude Fortin, Voir
On a peine à croire que C’est pas moi, je le jure ! est un premier roman, tant la langue est sûre, agile, l’action bien conduite, les personnages convaincants. Bruno Hébert ne l’a pas écrit à la sortie du cégep. Il a lu, il a vécu. C’est pas moi, je le jure ! n’est pas seulement un remarquable premier roman ; c’est l’un des meilleurs romans de la saison. Gilles Marcotte, L’actualité
Prix des libraires du Québec 1998 (C'est pas moi, je le jure!) Prix littéraire Association France-Québec Philippe-Rossillon 1998 (C'est pas moi, je le jure!)
LALONDE, Robert, Le Monde sur le flanc de la truite. Notes sur l’art de voir, de lire et d’écrire, Montréal, Boréal, 1997, 198 p. (Notes, classifiée sous la rubrique Roman et récits) LALONDE, Robert, Le Monde sur le flanc de la truite. Notes sur l’art de voir, de lire et d’écrire, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1999, 198 p. (Notes, classifiée sur la rubrique Roman et récits)
R. Lalonde accomplit devant nos yeux la subtile opération alchimique par laquelle le paysage extérieur se transforme en paysage intérieur, la vie donne naissance à la littérature.
MAJOR, André, La Folle d’Elvis, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1997, 128 p. (Nouvelles) [Québec Amérique 1981]
Les personnages d'A. Major sont des héros de la vie quotidienne, même ceux de l'extraordinaire nouvelle inspirée par les patriotes de 1837, «le récit le plus juste que j'aie jamais lu sur la révolte de 1837», écrivait Jacques Ferron.
PROULX, Monique, Les aurores montréales, Montréal, Boréal, 1997, 248p.
Ce sont des nouvelles, textes courts et incisifs, tous soigneusement taillés dans l’insupportable bana¬lité des drames et des lieux. Le livre se compare à une petite mosaïque de pierres multicolores. Chacune conserve sa couleur rare et la forme unique de sa froide minéralité. L’ensemble n’en constitue pas moins un vivant portrait de Montréal, une effrayan¬te collection de spécimens humains, un tableau prodigieux de cacophonie et de tristesse nordique […].
Il faut lire sans hésiter Les Aurores montréales. Pour apprivoiser l’atrocité. Pour attiser la fureur. Pour savourer le bonheur d’une écriture souveraine aux portes de la barbarie. Enfin parce que ces nou¬velles s’ajustent de manière à former un livre, ce qui n’est pas toujours évident quand on rassemble des ¬histoires dont chacune soutient si facilement sa propre unité. Réjean Beaudoin, Liberté
HÉBERT, Bruno, C’est pas moi, je le jure ! Montréal, Boréal, 1997, 198 p. (Roman) HÉBERT, Bruno, C’est pas moi, je le jure ! Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2008, 200 p. (Roman) C’est pas moi, je le jure ! étonne par sa fraîcheur et sa verve, par sa vision du monde de l’enfance, par son imaginaire débridé. À trente-neuf ans, soit l’âge qu’aurait aujourd’hui son petit héros, l’auteur est manifestement resté très près de ses premières années. Marie-Claude Fortin, Voir
On a peine à croire que C’est pas moi, je le jure ! est un premier roman, tant la langue est sûre, agile, l’action bien conduite, les personnages convaincants. Bruno Hébert ne l’a pas écrit à la sortie du cégep. Il a lu, il a vécu. C’est pas moi, je le jure ! n’est pas seulement un remarquable premier roman ; c’est l’un des meilleurs romans de la saison. Gilles Marcotte, L’actualité
Prix des libraires du Québec 1998 (C'est pas moi, je le jure!) Prix littéraire Association France-Québec Philippe-Rossillon 1998 (C'est pas moi, je le jure!)
1998
ARCHAMBAULT, Gilles, Les maladresses du cœur, Montréal, Boréal, 1998, 228 p.
Voici l'un des plus beaux romans de G. Archambault, où se retrouvent les grands thèmes de toute son œuvre - nostalgie, solitude, tendresse teintée de dérision.
CARON, Louis, Le Coup de poing, Le Fils de la liberté III, Montréal, Boréal, 1998, 368 p.
Tout en nous faisant partager le destin prenant de ses personnages, L. Caron recrée de façon saisissante les événements d'Octobre et les annexes à son projet de raconter la légende d'un peuple, amorcé dans Le Canard de bois et La Corne de brume.
CHAPERON, Danielle, Emma et le dieu-qui-rit, Montréal, Boréal, 1998, 160 p.
Danielle Chaperon nous offre un premier roman rafraîchissant. Elle a le goût des mots et la formule heureuse. «Danielle Chaperon écrit avec justesse et humour le passage difficile de l'enfance à l'âge adulte.» Lise Lachance, Le Soleil
CHEN, Ying, Immobile, Montréal, Boréal, 1998, 158 p. (Roman) CHEN, Ying, Immobile, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2004, 158 p. (Roman)
Une jeune femme épouse un archéologue pour former un couple en apparence semblable aux autres du milieu intellectuel bourgeois dans lequel ils évoluent. Mais voilà qu’elle est de plus en plus happée par le souvenir de l’une de ses vies antérieures où, chanteuse d’opéra renommée, elle était la quatrième épouse d’un prince sans royaume. Ying Chen nous offre une histoire en apparence toute simple, dans une prose placide qui cultive les sous-entendus, mais au milieu de laquelle s’ouvrent des abîmes. «Cette romancière est une ensorceleuse. Immobile est à couper le souffle.» Élisabeth Benoit, La Presse «C’est une œuvre qui en appelle d’autres qui seront sans doute des chefs-d’œuvre.» Robert Lévesque, Radio-Canada - Prix Alfred-DesRochers de l'Association des auteurs des Cantons-de-l'Est 1999 (Immobile)
JACOB, Suzanne, Ah…! Montréal, Boréal (Papiers collés), 1996, 180 p. (Nouvelles)
Dans ces nouvelles, le rire est le propre de la pensée, un acte de penser au plus près de sa source, une capacité de s'étonner, de ne pas subir. Le rire de S. Jacob nous respecte jusqu'à nous rendre intelligents.
JACOB, Suzanne, Parlez-moi d’amour, Montréal, Boréal, 1998, 120 p. (Nouvelles)
Les nouvelles de S. Jacob nous portent aux sources de la parole amoureuse, jusqu'à ce lieu originel où elle nous est transmise pour que nous puissions à notre tour la transmettre.
LALONDE, Robert, Le fou du père, Montréal, Boréal, 1988 (Boréal Compact, 2010).
«L'enfant vit dans l'ombre de son père jusqu'à ce qu'un jour il projette sa propre ombre», dit un proverbe amérindien. C'est dans ce mystère que nous entraîne R. Lalonde avec un récit obsessionnel de l'initiation masculine.»
LARUE, Monique, Copies conformes, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1998, 192 p. (Roman) [Denoël, 1989]
MAJOR, André, Le Vent du diable, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1998, 136 p. (Roman) [Stanké 1982]
NEPVEU, Pierre, Intérieurs du Nouveau Monde, Montréal, Boréal (Papiers collés), 1998, 384 p. (Essai)
À la vision convenue et rassurante, P. Nepveu oppose ici une lecture toute différente de l'expérience américaine, telle qu'elle se révèle dans les textes de quelques-uns des meilleurs écrivains des deux Amériques.
POLIQUIN, Daniel, L’homme de paille, Montréal, Boréal, 1998, 256 p.
Une troupe de comédiens sillonne la Nouvelle France au milieu du XVIIIe siècle. L'Homme de paille offre un portrait d'époque fascinant, tracé avec une plume caustique, impertinente, tout acquise au plaisir du texte.
SEGURA, Mauricio, Côte-des-Nègres, Montréal, Boréal, 1998, 304 p. (Roman) SEGURA, Mauricio, Côte-des-Nègres, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2003, 304 p. (Roman)
Leurs parents sont nés en Haïti, au Chili, au Vietnam. Eux sont nés ici, portés par des rêves qui ne sont pas les leurs. Ils parlent français avec un accent du Québec, mais leur vie n’est pas celle des autres enfants de Montréal. Ce premier roman de Mauricio Segura va au-delà de l’aspect documentaire pour rendre la musique de la langue de ces jeunes, pour exprimer la détresse de ces adolescents, qui cherchent un point d’appui, un coin de terre ferme afin d’ancrer un destin qui n’a été jusque-là que mouvement
1999
BISMUTH, Nadine, Les gens fidèles ne font pas les nouvelles, Montréal, Boréal, 1999, 236 p. (Nouvelles) BISMUTH, Nadine, Les gens fidèles ne font pas les nouvelles, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2001, 240 p. (Nouvelles) Y a-t-il des gens fidèles? Qui n’a jamais trahi de sa vie? Qu’il s’agisse de nos premières amours ou de nos plus grandes passions, de l’amour que l’on doit à ses parents ou d’une aventure d’une nuit, on a tous un jour oublié, cessé d’aimer, menti. On a tous vécu cet instant impondérable où l’amour s’éclipse ou s’évanouit à jamais. Ces nouvelles sont autant d’instantanés qui captent le moment précis où le conte de fée dérape, où la belle histoire se met à fausser, où la réalité tourne en dérision nos illusions et nos idéaux. Nadine Bismuth donne ici une première œuvre qui révèle un étonnant tempérament d’écrivain, c’est-à-dire un ton, un regard, un coup de plume qui lui permet, au détour d’une phrase, sans jamais appuyer, de croquer un personnage, de saisir le ridicule d’une situation, de révéler le pathétique du quotidien. Elle s’y affirme déjà comme une virtuose de l’ironie et de l’humour, humour qui fait de la lecture de ces nouvelles une expérience infiniment réjouissante.
« Une réussite spectaculaire. Nadine Bismuth a un talent fou. On ne peut que saluer l’arrivée d’une jeune écrivaine qui a une telle richesse d’écriture, une telle richesse d’observation et une telle justesse du dialogue. » Robert Lévesque, Radio-Canada
Prix Adrienne-Choquette 2000 (Les gens fidèles ne font pas les nouvelles ) Prix des libraires du Québec 2000 (Les gens fidèles ne font pas les nouvelles )
CARPENTIER, André, Gésu Retard, Montréal, Boréal, 1999, 256 p. (Roman)
Abandonné enfant dans les poubelles des sœurs de la Charité de Québec par une fille à marins, Gésu Retard, né un 26 décembre, autrefois professeur de géographie au secondaire et maître ès canulars, vit aujourd’hui sur le Plateau Mont-Royal, sous son casque et ses lunettes d’aviateur de la Première Guerre mondiale, en original un peu détraqué qui n’aime rien tant qu’agir en critique de tout et de rien. Gésu est membre du réseau Spek, mouvement poétique international dont la vocation consiste à épier la banalité coutumière, autour de soi et en soi, et d’en témoigner par des haïkus diffusés anonymement auprès de membres locaux du Réseau. Or, un jour, Gésu accueille chez lui un célèbre mathématicien antillais, Washington Desnombres, membre bostonien du mouvement Spek, dont il ne sait guère rien et qui disparaît aussitôt arrivé. Séduit et intrigué par cet homme venu lui imposer le mystère de sa disparition, Gésu part à sa recherche sur le Plateau, qu’il sillonne à bicyclette, car pour lui il n’est rien de tel que ces flâneries sur deux roues.
HAMELIN, Louis, Le voyage en pot. Chroniques 1998-1999, Montréal, Boréal, 1999, 234 p. (Nouvelles)
Voyager en emportant ses racines, quel beau rêve… Quel cauchemar. On voudrait devenir un autre, mais les racines sont là, elles nous suivent, leur terreau nous colle aux talons: rêves, souvenirs, images des absents, et jusqu’à l’avenir lui-même. Un seul besoin: la lumière. Assis sur mon petit bout de sol natal, je suis une forme qui fluctue.
Ce sont les fluctuations de cette entité parfois floue que j’ai essayé de fixer, sans toujours m’en rendre compte, et parce qu’il faut bien écrire, quand on a fait la gaffe de se déclarer d’entrée de jeu écrivain. Comme une plante en pot, j’ai exposé mes feuilles à un soleil de douze mois. Les textes réunis ici se promènent entre la Gaspésie et la Mauricie, lieux des souvenirs d’enfance et de la vérité première, et entre Montréal et Paris, là où, parfois brutalement, j’ai été éjecté dans l’univers. Si mon identité, en tant que représentation d’une créature distincte, existe, elle ne se définit jamais mieux que par ma relation avec mon chat, ne se trouve pas ailleurs que dans ce lac encore sauvage de la Mauricie où, par une chaude fin d’après-midi qui laisse le monde inchangé, je m’immerge jusqu’aux narines et commets quelques brasses, pendant qu’un couple de huards qui refait périodiquement surface me crie après.
Voilà. Se fondre dans le monde et, perpétuellement, naître. C’est la seule aventure dont il sera question ici.
JACOB, Suzanne, Laura Laur, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1999, 190 p. (Roman) [Seuil, 1983]
LALONDE, Robert, Des nouvelles d’amis très chers, Montréal, Boréal, 1999, 164 p. (Nouvelles)
Ni pastiches, ni exercices de style, ces histoires sont écrites « sous l’influence » d’autres écrivains : Jean Giono, Colette, Flannery O’Connor, Francis Scott Fitzgerald, Gabriel García Márquez, Anton Tchekhov, Guy de Maupassant, Gabrielle Roy, Michel Tremblay. Participant de l’œuvre de fiction de Robert Lalonde, tout en poursuivant la voie inaugurée dans Le Monde sur le flanc de la truite et Le Vacarmeur, ces neuf textes constituent autant d’hommages à des auteurs admirés, du « piratage par amour ».
LALONDE, Robert, Le Diable en personne, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1999, 192 p. (Roman) [Seuil, 1989]
LALONDE, Robert, Le vacarmeur. Notes sur l’art de voir, de lire et d’écrire, Montréal, Boréal, 1999, 174 p. (Roman) / LALONDE, Robert, Le vacarmeur. Notes sur l’art de voir, de lire et d’écrire, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 174 p. (Roman)
Je suis d’une famille de chasseurs, d’embusqués, de poseurs de pièges. On me faisait marcher en avant, à grandes enjambées briseuses de souches et de silence, pour faire sortir le lièvre de sa cachette, s’envoler la perdrix du bouleau, se rapprocher le gibier des fusils. Je n’étais pas tireur, mais «vacarmeur», celui qui n’aperçoit pas la bête qu’il traque, mais la cherche, la devine dans les limbes de la fardoche.
Je n’ai pas choisi : traqueur je fus, traqueur je suis resté. Je marche sans cesse sur des sentiers de traverse, à l’affût, attentif, inquiet et espérant. Éternel «vacarmeur», je fais toujours lever un gibier que je ne vois pas. Écrire, c’est cela : faire lever le gibier, écouter tirer les autres, dans un lointain très proche.
Avec Le Vacarmeur, Robert Lalonde donne la suite du Monde sur le flanc de la truite. Dans une prose qui cerne le mystère avec une extraordinaire précision, il nous conduit au plus près du cœur ardent de l’acte créateur.
Encore une fois, nos guides se nomment Rick Bass, Michel de Montaigne, Annie Dillard, Flannery O’Connor, Jean Giono ou Gabrielle Roy. Encore une fois, l’auteur fait participer la littérature à une célébration en même temps païenne et sacrée du monde et de la nature.
MEUNIER, Stéfani, Au bout du chemin, Montréal, Boréal, 1999, 156 p. (Nouvelles)
Ces nouvelles révèlent une écriture à la fois retenue et sensuelle. Affichant une prédilection pour les Laurentides, Stéfani Meunier en fait un véritable personnage qui baigne de nostalgie la plupart de ses histoires.
POLIQUIN, Daniel, L’écureuil noir, Montréal, Boréal (Compact) 1999, 204 p.
La morale de cette histoire serait celle-ci: «Le bonheur est dans l'oubli.» L'oubli du passé, de ses vieilles blessures (…) » Marie-Claude Fortin, Voir
ROY, Alain, Le Grand Respir, Montréal, Boréal, 1999, 208 p. (Nouvelles)
Par le «classicisme» qui marque son écriture, Alain Roy prend place parmi les écrivains les plus originaux et les plus solides de la nouvelle génération.
SOUCY, Gaétan, L’Immaculée Conception, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 1999, 352 p. (Roman) [Laterna Magica, 1994]
«Soucy est sans doute un romancier à ne pas rater, parce que son écriture, apparemment lisse, est profondèment déroutante et parce que sont trop rares ceux qui savent donner à la fiction une telle séduction.» Marie-Gabrielle Slama, Les Inrockuptibles
Années 2000-2005
2000
ARCHAMBAULT, Gilles, Courir à sa perte, Montréal, Boréal, 2000, 204 p. (Roman)
Jacques a soixante-cinq ans, bientôt soixante-dix. Il est garçon de restaurant, métier qu’il a choisi faute d’ambition mais auquel il s’accroche à présent comme au seul moyen qui lui reste d’oublier ce qui vient. Et d’oublier un peu ce qui a été, cette unique passion pour une femme maintenant disparue. Mais qu’il se trouve au milieu de ses clients et de ses collègues ou aux côtés des êtres qui l’entourent de leur jeunesse ou de leur affection, il n’oublie rien. Ni la mort qui s’approche. Ni l’amour qui s’éloigne.
Roman de l’âge inexorable et de la nostalgie, empreint d’une lucidité que seul l’attachement à l’ultime amour préserve du désespoir, voici un livre grave et tendre à la fois, écrit sur ce ton d’intimité, d’émotion retenue et d’ironie mêlée de compassion qui donne à la voix et à l’univers de Gilles Archambault leur caractère si unique, si personnel, et cependant si proche de chacun d’entre nous.
ARCHAMBAULT, Gilles, La Fuite immobile, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2000, 176 p. (Roman)
Dans La Fuite immobile, par le plus heureux des tours de force, le personnage central est chacun de nous. Sa réflexion, fût-ce la plus singulière, ne cesse pas de nous concerner. […] C’est un livre étonnant, d’une imprégnante sincérité. Alain Pontaut, Le Jour
La Fuite immobile est un roman grave et beau, où le je domine totalement. Un roman qui, du même souffle, fait réfléchir et émeut. Un roman qui, à un autre niveau, est aussi une tentative de réhabilitation de l’individu, autrement dit : un coup bien porté au gauchisme petit-bourgeois. Réginald Martel, La Presse
COURTEMANCHE, Gil, Un dimanche à la piscine à Kigali, Montréal, Boréal, 2000, 288 p. Boréal Compact, 2002, 288 pages. (Roman)
Bernard Valcourt est journaliste. Il a été témoin de la famine en Éthiopie. Il a vu la guerre au Liban. Il n’a plus rien à apprendre au sujet de l’horreur dont les hommes sont capables. Et c’est par désœuvrement qu’il accepte, au début des années 90, de se rendre au Rwanda pour mettre sur pied un service de télévision. Un dimanche à la piscine à Kigali retrace de façon saisissante l’histoire récente du Rwanda et parvient à faire comprendre les mécanismes du génocide mieux que tous les bulletins de nouvelles.
Prix de la Cadière d'Azur 2004 (Un dimanche à la piscine à Kigali) Prix des libraires du Québec 2001 (Un dimanche à la piscine à Kigali) Prix Hommage du public du Prix des libraires du Québec 2008 (Un dimanche à la piscine à Kigali)
FRENETTE, Christiane, La terre ferme, Montréal, Boréal, 2000, 152 p.
«Un thème délicat, difficile, risqué, qui ainsi traité fait un roman tout en violences et en douceurs, un tableau vibrant et hurlant où la moindre nuance trouve pourtant à s'exprimer.» Réginald Martel, La Presse
FRENETTE, Christiane, La nuit entière, Montréal, Boréal, 2000, 192 p.
Au sortir de l’adolescence, Jeanne vit un coup de foudre. Non pas pour un homme, non pas une de ces banales histoires de cœur, mais un éblouissement, un embrasement au contact d’un être radieux, Marianne.
C’est pourtant bien loin d’elle, dans un univers de creux, de bois et de hauteurs, que Jeanne choisira de passer sa vie. Entre le village et la montagne, entre l’amour de Victor et la colère de Paul, entre la souffrance de Gabrielle et la vitalité inépuisable de la forêt. Et c’est le souvenir de Marianne qui, comme un mystérieux flambeau, lui permettra d’éclairer le chemin de ceux qui partagent sa vie, qui lui donnera la force de mettre un baume sur leurs blessures, malgré l’infinie capacité du monde à inventer des façons de nous atteindre droit au cœur, comme autant de balles perdues.
À la fois œuvre de poète et de romancière accomplie, La Nuit entière offre des personnages admirablement dessinés, un récit étonnant. Enfin, surtout, une extraordinaire intelligence du cœur et du verbe.
LABERGE, Marie, Gabrielle, Le Goût du bonheur I, Montréal, Boréal, 2000, 614 p. Boréal Compact, 2006, 616 p. (Roman)
Québec, 1930. Gabrielle est mariée avec Edward depuis bientôt dix ans. Entre la maison de l’île d’Orléans et celle de la Grande-Allée, elle mène une vie bien remplie, entourée de ses cinq enfants.
De toute évidence, il s’agit d’un mariage heureux. Mais cette chose qui devrait être si simple fait pourtant froncer bien des sourcils dans l’entourage de Gabrielle. Décidément, le bonheur est suspect en cette époque où notre sainte mère l’Église nous dit que nous ne sommes pas sur terre pour être heureux, mais pour accomplir notre devoir.
Dans le premier volet de cette grande trilogie romanesque, qui a connu un succès sans précédent au Québec, Marie Laberge brosse une large fresque de la société d’avant-guerre. Elle nous fait partager le destin de personnages si vrais qu’ils semblent bondir de la page. Grâce à son art de traduire les mouvements du coeur les plus subtils ou les plus inavouables, elle éclaire de l’intérieur une époque où, sous la gangue des conventions sociales et de la religion, les passions ne brûlaient pas avec moins de force qu’aujourd'hui.
Prix du public Le Nouvelliste/Salon du livre de Trois-Rivières 2000 (Gabrielle)
MARCOTTE, Gilles, Le lecteur de poèmes, Montréal, Boréal, 2000, 216 p.
Précédées d'une magnifique «Autobiographie d'un non-poète» où l'auteur retrace son expérience d'un demi-siècle comme lecteur de poèmes, les dix études réunies ici portent sur quelques-unes des plus grandes oeuvres poétiques de notre époque.
POLIQUIN, Daniel, Le Roman colonial, Montréal, Boréal, 2000, 258 p. (Essai)
Mordant, provocateur, Le Roman colonial s'attache à démonter la psyché du nationalisme québécois avec une profonde connaissance de la société et de l'histoire du Québec et avec ce don - propre au romancier - de débusquer les motivations inavouées et de dynamiter les poses et les discours.
The Writers' Trust of Canada's Shaughnessy Cohen Prize for Political Writing 2002 (Le Roman colonial )
ROBITAILLE, Louis-Bernard, Le Zoo de Berlin, Montréal, Boréal, 2000, 290 p.
Une virée cauchemardesque dans Berlin, où l'alcool et les femmes se disputent le premier rôle
ROY, Gabrielle, Le temps qui m’a manqué, Montréal, Boréal, 2000, 112 p.
Dans La Détresse et L’Enchantement, sa grande autobiographie publiée un an après sa mort, Gabrielle Roy raconte seulement la première partie de sa vie, depuis son enfance au Manitoba jusqu'à son retour d’Europe en 1939, la maladie de ses dernières années l’ayant empêchée de conduire plus avant le fil de son récit. Mais elle a eu le temps, avant de mourir, d’écrire ce qui, dans son esprit, devait constituer le début de la suite de son autobiographie, et c’est ce récit, retrouvé parmi ses manuscrits, qui a pu être publié depuis sous le titre Le temps qui m’a manqué. L’action fait donc suite à celle de La Détresse et L’Enchantement. Elle couvre les années au cours desquelles Gabrielle, installée à Montréal, exerce le métier plus ou moins obscur de journaliste à la pige et commence à écrire son premier roman, qui deviendra Bonheur d’occasion. Centrée sur la mort de Mélina, la mère, le récit se déroule tout entier sous le signe du deuil, à travers lequel la jeune femme tente de saisir sa propre identité et le sens de son destin. On retrouvera donc dans ces pages, les dernières qu’elle a écrites, toute la force d’évocation et cet art incomparable de la narration émue qui font la singularité et le génie de Gabrielle Roy.
L’édition de ce texte, accompagné d’une chronologie et d’une bibliographie, a été préparée par François Ricard, Dominique Fortier et Jane Everett
ROY, Gabrielle, Le pays de Bonheur d’occasion, Montréal, Boréal, 2000, 160 p. (Essai)
Ce nouveau volume des «Cahiers Gabrielle Roy» reprend plusieurs textes, dont quelques inédits, de la grande romancière. Il s'agit d'essais ou de textes journalistiques, dont celui qui trace un portrait de la vie à Saint-Henri.
SOUCY, Gaétan, L’Acquittement, Montréal, Boréal, 1997, 128 p. (Roman)
Son second roman, L’Acquittement, poursuit le patient travail entrepris par Gaétan Soucy : celui de nous plonger, loin de tout fantastique ou merveilleux, dans une atmosphère d’étrangeté, et de nous faire passer, entre gravité et sobriété, de l’autre côté du miroir. Pour ce faire, l’auteur dispose d’atouts de poids, notamment son style, impeccable, qui sait par petites touches créer un espace où les questions sont plus importantes que les réponses. Blandine Campion, Lettres québécoises
Grand Prix du livre de Montréal 1998 (L'Acquittement )
VIGNEAULT, Guillaume, Carnets de naufrage, Montréal, Boréal, 2000, 270 p. (Boréal Compact), 2001, 272 p. (Roman) Quand Marlène le quitte, Alex sombre. Sans doute aurait-il préféré y rester. Mais, au lendemain du naufrage, il refait surface, parmi les êtres et les choses, dans un océan dont il ne reconnaît plus la houle étrange.
Ni en fuite ni en quête, Alex est à la dérive; douce dérive qui l’emportera vers le Sud, vers un pays baigné par l’océan. C’est là que, arc-bouté à son orgueil, s’entêtant à affronter des vagues indomptables, Alex devra réapprendre à nager.
2001
BLAIS, Maarie-Claire, Dans la foudre et la lumière, Montréal, Boréal, 2001, 256 p. (Roman)
Depuis Soifs, paru en 1995, Marie-Claire Blais est engagée dans un projet romanesque d’une envergure unique dans la littérature contemporaine. Ce monumental triptyque, lorsqu’il sera achevé, constituera un microcosme, le portrait d’une île, d’une société, d’un monde, de notre monde, où les ténèbres et la lumière se livrent une lutte à finir. Il y a longtemps que la littérature ne s’était pas donné pour objet d’embrasser le monde de manière aussi totale, ambitieuse, et il est fascinant de voir Marie-Claire Blais construire peu à peu ce superbe édifice avec une audace et une constance admirables, avec un talent plus éblouissant que jamais.
Pour ce faire, Marie-Claire Blais s’est forgé un langage d’une infinie liberté qui lui permet de rapprocher les extrêmes, de réconcilier dans le même souffle toutes les contradictions de notre monde, de traverser la conscience des êtres pour célébrer la fibre d’humanité qui les réunit tous, qu’ils soient victimes ou bourreaux, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, quelle qu’ait été l’époque ou le lieu où ils ont vécu, sans mièvrerie aucune, mais dans une vision hallucinée et apocalyptique.
Dans ce deuxième volet, intitulé Dans la foudre et la lumière, le lecteur retrouvera de nombreux personnages de Soifs, Renata, Carlos, Samuel, Mélanie, Mère, Daniel, Mama, Vénus, mais il fera aussi connaissance avec toute une galerie d’êtres inoubliables: Jessica, jeune aviatrice sacrifiée à l’ambition de ses parents, la Vierge aux sacs, Jeanne-d’Arc des temps modernes que ses voix visitent tandis qu’elle arpente le pavé de Manhattan, Caroline et Jean-Matthieu, ce couple d’artistes vieillissants que le temps semble vouloir séparer irrémédiablement, ainsi que toute une bouillante jeunesse, parfois meurtrière, parfois seulement ivre de sensualité.
Dans la foudre et la lumière nous offre la vision d’un immense écrivain sur notre temps, un hymne à la fragile splendeur de la terre et à la force rédemptrice de l’art.
« Marie-Claire Blais déroule une fresque si hallucinante dans son fouillis sombre qu’on reste éberlué […]. Vaste musique et respiration magnifique d’une phrase inépuisable. » Jacques-Pierre Amette, Le Point.
BOUCHER, Jean-Pierre, Les vieux ne courent pas les rues, Montréal, Boréal, 2001, 210 p.
Ce roman est tout à la fois un chant d'hommage aux vieux, une dénonciation de l'oubli où ils sont confinés et un miroir impitoyable offert à notre propre existence
DAIGLE, France, Un fin passage, Montréal, Boréal, 2001, 132 p. (Roman)
C'est avec sensibilité et douce ironie que France Daigle trace cette histoire où le lecteur reconnaîtra les figures subtiles du hasard, du désir et du destin.
DESJARDINS, Louise, Cœurs braisés, Montréal, Boréal, 2001, 132 p. (Nouvelles)
La table est déjà mise pour deux personnes. Au fond, le lit est défait. Les draps léopard se mêlent à une couverture de fourrure. On dirait Le Gibier de Courbet, les mêmes couleurs fauves, le même éclairage trouble. Une atmosphère de chasse à courre. Je veux dire le festin, après, quand les hôtes mangent les faisans plumés de toutes les couleurs. Avec galanterie, Hugo tire une chaise et me prie de m’asseoir. Il me sert un vin corsé et met des mazurkas de Chopin jouées par Arturo Michelangeli. Ça change tout et j’oublie le reste de la basse-cour. Au fil de rencontres étonnantes, Adèle, la narratrice de chacune de ces nouvelles, nous livre ses observations acidulées sur l’amour, la solitude, la déception. Sujets graves abordés avec une ironie pleine de tendresse. Le grain de sel de la lucidité, peut-être.
« Louise Desjardins sait manier la drôlerie avec doigté et prendre la vie avec un grain de sel. » Sranley Péan - La Presse
« Sous la plume de Louise Desjardins [les] personnages ne sont plus pathétiques, ils sont humains, trop humains, et par là, sinon attachants, à tout le moins fascinants. » Marie-Claude Fortin - Voir
« Étonnant et délicieux, à savourer d'un seul trait, Coeurs braisés, le nouveau livre de Louise Desjardins, permet à l'auteur d'éviter les carcans. » Renée Labonne - Écho
HAMELIN, Louis, Le Joueur de flûte, Montréal, Boréal, 2001, 228 p. (Boréal Compact), 2006, 228 p. (Roman)
Si Ti-Luc Blouin est si pressé de se rendre sur la côte ouest, c’est qu’il est à la recherche de son père, un écrivain américain mythique qui vit reclus dans l’île de Mere, au large de Vancouver. Mais il trouvera là bien plus que ce qu’il avait escompté. Hier encore le royaume de la forêt vierge, l’île est aujourd’hui le théâtre de vifs affrontements entre la multinationale qui détient les droits d’exploitation de la forêt et tout ce que l’Amérique compte d’écologistes et de militants.
« Un roman résolument américain, qui s’inscrit dans la lignée des Annie Proulx ou Russell Banks, ces auteurs du Nord états-unien pour qui la nature et le climat prédominent et forgent les caractères. Une pièce maîtresse. » Marie-Claude Fortin, Voir
« Le Joueur de flûte est un livre formidablement intelligent, drôle, émouvant, un des meilleurs qui aient paru au Québec ces dernières années. » Gilles Marcotte, L’actualité
JACOB, Suzanne, La Bulle d’encre, Montréal, Boréal, 2001, 150 p. (Essai)
À partir d’une question — de quoi est fait le discernement de l’auteur? —, Suzanne Jacob nous offre une réflexion sur le monde contemporain et les mythologies qui le gouvernent. Cet essai plonge dans les fondements mêmes de l’acte d’écrire.
C’est tout à fait un livre de Suzanne Jacob: d’une pensée exigeante, voire têtue, délicieusement compliquée à l’occasion, usant de tous les moyens, fiction aussi bien que réflexion, pour faire passer des convictions profondément senties. Elle plaide passionnément pour l’autre, pour l’autrement — contre ce qu’elle appelle le «vécu», le «terminé» —, pour ce qui permet d’échapper à la «fiction dominante». C’est dire qu’il y a de la polémique dans l’air, de la protestation. Mais l’ouvrage est porté, avant tout, par la passion de créer, d’inventer. Gilles Marcotte, L’actualité
LABERGE, Marie, Annabelle, Montréal, Boréal, 2001, 486 p.
Annabelle a treize ans. Pianiste prodige depuis l'âge de cinq ans, elle abandonne brutalement la musique. Peu après, ses parents, Luc et Christianne, se séparent. Alors commence pour Annabelle une sorte d'enfer. Elle cherche son issue, petite bulle d'air pur, dans l'atmosphère délétère du divorce.
Marie Laberge aborde ici le monde de l'adolescence, âge obscur et délicat, où il faut départager ce qu'on doit aux autres et ce qu'on se doit à soi-même. C'est aussi l'âge où se dessine un destin d'artiste. Annabelle offre une superbe réflexion sur l'art et la création.
LABERGE, Marie, Adelaïde, Le Goût du bonheur II, Montréal, Boréal, 2001, 656 p. Boréal Compact, 2006, 656 p. (Roman)
Avril 1942. Où seront-ils tous quand cette guerre prendra fin ? Où seront les enfants de Gabrielle et d’Edward : Adélaïde, la sauvage attachante, Fabien, Béatrice, Rose et Guillaume ? Qu’est-ce qui restera de ce monde à jamais bouleversé ? Qui aura gagné ou perdu ? Hitler semble si fort et les combats si vains…
La fureur qui parcourt ce deuxième volet de la grande trilogie du Goût du bonheur n’est pas seulement celle des nations qui se lancent l’une contre l’autre, c’est aussi celle du désir. Et Marie Laberge sait comme personne trouver les mots pour décrire ce désir, impérieux, complexe, contradictoire. Avec une audace et une lucidité qui n’appartiennent qu’à elle, elle nous fait pénétrer, les yeux grands ouverts, dans ces abîmes qui s’ouvrent au cœur de ses personnages.
LABERGE, Marie, Florent, Le Goût du bonheur III, Montréal, Boréal, 2001, 768 p. Boréal Compact, 2006, 768 p. (Roman) Avec Florent, Marie Laberge réussit à boucler chaque destin amorcé dans Gabrielle. Elle ne néglige aucun de ses personnages. Elle donne à chacun leur pleine mesure de vie, grâce à cette écriture reconnaissable entre toutes, qui fait entendre, avec une justesse éblouissante, la parole de toute une société.
C’est sur la toile de fond du Québec des années 50 et 60, un Québec en pleine mutation, que la saga s’épanouit. La romancière reprend ici avec force son sujet majeur, le courage des êtres humains bousculés, maltraités par la vie, écartelés, et qui, sans faiblir, avec détermination, cherchent à atteindre le bonheur malgré les épreuves et les préjugés de l’époque. Si le désir, la passion, la sensualité ont conduit Gabrielle et Adélaïde, ces thèmes prennent leur pleine densité dans Florent. Apprendre qui on est, qui on désire et de quelle concupiscence on est habité est essentiel à la conquête du bonheur. Florent est, à ce titre, un hymne au courage.
LECLERC, Rachel, Ruelle Océan, Montréal, Boréal, 2001, 180 p. (Roman)
Atteignant l’extrême sud de la ville où j’apercevais des gens solitaires assis devant leur téléviseur en train de regarder la guerre dans un pays lointain, et interrogeant tout cela pour en tirer une parcelle de sens, je me disais que mon père et moi n’étions pas faits pour durer, que tout ce que nous avions construit et construisions encore s’effondrait à mesure, tout n’était que surface avec du vide en dessous. Nous n’étions pas meilleurs ni pires que les autres, nous n’avions pas le sens du temps, de sa continuité, encore moins de sa profondeur; nous allions mourir et c’était très bien, il n’y aurait plus qu’à devenir poussière d’or, humus, qu’à nourrir la terre, et ainsi nous serions plus utiles morts que vivants.
Un père et sa fille vivent dans le Montréal des laissés-pourcompte, tentant d’accéder à la liberté, mais chacun à sa manière et en dépit du passé trouble qui les lie.
Rachel Leclerc nous offre un second roman d’une grande sensibilité, porté par une écriture sobre et limpide, traversé d’élans poétiques. Un roman où la détresse urbaine — celle des exilés dans leur pays — prend tout son sens.
MONETTE, Hélène Un jardin dans la nuit, Montréal, Boréal, 2001, 192 p.
Odes à l'enfance ou élégies? Ce ne sont pas des histoires pour les enfants. C'est un livre destiné aux adultes, justement parce qu'il a été écrit POUR les enfants
MONETTE, Hélène, Le Goudron et les Plumes, Montréal, Boréal, 2001, 168 p.
Deux filles des années quatre-vingt jusqu'à nos jours. Deux amies qui ne se voient presque jamais. Délicates et salopes. L'une dynamite le mur du silence, l'autre déterre un passé explosif.
PROULX, Monique, Homme invisible à la fenêtre, Montréal, Boréal, 2001, 248 p.
Max, peintre et paraplégique, ouvre son atelier à tous les éclopés de la planète. Mais tout à coup surgit dans la fenêtre d'en face une femme qu'il a connue, qu'il a aimée, et qui l'entraîne là où il ne veut surtout pas retourner…
ROY, Gabrielle, Mon cher grand fou. Lettres à Marcel Carbotte 1947-1979, Montréal, Boréal, 2001, 826 p. (Essai)
Ce volume rassemble les quatre cent quatre-vingt-cinq lettres que la romancière a adressées à Marcel Carbotte entre 1947, l'année de leur rencontre et de leur mariage, et 1979, l'année où elle a subi son premier accident cardiaque.
2002
BOUCHARD, Gérard, Mistouk, Montréal, Boréal, 2002, 520 p.
Il y a plusieurs façons de faire revivre l’histoire. Gérard Bouchard s’est acquis une réputation internationale pour ses travaux savants sur la société québécoise et les collectivités neuves. Fondateur du projet Balsac, ce vaste fichier de la population du Québec, il recevait il y deux ans le Prix du Gouverneur général pour Genèse des nations et cultures du Nouveau Monde. Aujourd’hui, Gérard Bouchard a voulu incarner la société qui fait l’objet de ses études depuis de nombreuses années dans un grand roman historique. À partir de l’arrivée au Saguenay des premiers colons originaires de Charlevoix jusqu’à la Grande Guerre, Gérard Bouchard nous raconte l’histoire des Tremblay de Mistouk, et surtout celle du fils aîné, Méo, le géant, celui qui incarnait tous leurs espoirs, toutes leurs forces vives. Mêlant légende et vérité historique, c’est toute une société que Gérard Bouchard fait revivre: sa parole, ses humeurs, ses craintes, ses rêves, son courage. Il nous donne, contrairement à ce qu’on en a dit, l’image non pas d’une société étouffée sous le poids du souvenir et du clergé, mais bien celle d’une société en ébullition, passionnée par son avenir, à qui tout semblait possible et qui était chez elle partout en Amérique. Mais, surtout, Mistouk est une rencontre avec des personnages inoubliables que l’on voit évoluer dans une succession d’épisodes tour à tour drôles, émouvants et tragiques.
CARON, Louis, Il n’y a plus d’Amérique, Montréal, Boréal, 2002, 432 p. (Roman)
Bonne chère, confort douillet, maison de banlieue, amour familial, prospérité, réalisation de soi, voilà de quoi est faite la vie de Suzanne et d’Hubert, dans ce Québec de Presque-Amérique, où rien ne semble pouvoir leur arriver. Jusqu’à ce jour de juillet 2001 où le destin les frappe dans ce qu’ils ont de plus cher, François, leur seul enfant, celui qui est la clé de voûte de leur bonheur. Il n’y a plus d’Amérique raconte un long voyage de guérison tout en traçant le portrait prophétique et saisissant d’une Amérique qui éclate, déchirée sous l’action des forces centrifuges qui couvent en elle depuis toujours. En coédition avec l'Archipel.
CARPENTIER, André, Mendiant de l’infini. Fragments nomades, Montréal, Boréal, 2002, 248 p.
En territoire tibétain, sur un plateau de 4500 mètres d’altitude, se dresse le mont Kailash, chaos de caillasse, de sable et de moraine. En faisant le récit de son voyage au Kailash, André Carpentier « déplie l’aventure », fût-elle tout intérieure.
CHASSAY, Jean-François, L’angle mort, Montréal, Boréal, 2002, 334 p.
C’est une histoire de famille qui se perd dans un dédale, un labyrinthe de miroirs, souvent déformants. Nous sommes le 19 janvier 2001. Stéphane, Camille et Dominique parlent. L’une au téléphone, l’autre à une interlocutrice, le troisième à lui-même. Il est beaucoup question dans ces conversations d’architecture, de cuisine, de neurologie et de l’Histoire. Mais aussi de la passion pour l’enfance et pour les morts. Malgré l’aspect déroutant ou anecdotique de ces monologues, rien n’apparaît gratuit. On peut le comprendre : après tout, d’une certaine manière, c’est leur vie qui est en jeu.
L’important consiste à ne pas perdre le fil. Parce que le jour où on perd le fil, non seulement on ne raconte plus d’histoire, mais en plus on devient fou. Plus rien derrière nous pour nous tenir. On passe sa vie à se raconter l’histoire de sa vie, chaque individu suit le fil de sa vie, et puis il y aura mes tantes, mes grands-tantes, peut-être un peu mes arrière-grands-tantes et qui sait quelques hommes et puis Charles, Richard, Dominique, mon père, ma mère, quelques amants de passage parce que ma vie sans mes amants devient une autre vie, même s’il y en a eu beaucoup moins que ce que certains m’accordent.
CHEN, Ying, Le Champ dans la mer, Montréal, Boréal, 2002, 120 p. (Roman)
Une jeune femme franchit sans cesse la frontière entre la vie et la mort, entre le présent et le passé. C’est ainsi que la vaste étendue qui jouxte l’auberge où elle dort est parfois la mer, parfois un champ de maïs. Elle vit parfois au milieu du monde moderne, de notre «société des loisirs», parfois dans le village où elle a un jour, dans une autre vie, été une enfant solitaire. Ying Chen poursuit ici son exploration du temps et de la mémoire. Cette fois, c’est le monde de l’enfance qu’elle évoque dans une prose dépouillée à l’irrésistible pouvoir d’envoûtement. Publié en coédition avec le Seuil.
DAIGLE, France, Pas pire, Montréal, Boréal, 2002, 210 p.
Partant ici d’un tableau de Bruegel, là d’une médaille de saint Christophe ou des entrelacs de la langue acadienne, Pas pire raconte les égarements drolatiques d’une agoraphobe coincée entre la rivière de son enfance et les méandres de la vie d’artiste.
DAIGLE, France, Petites difficultés d’existence, Montréal, Boréal, 2002, 192 p. (Roman)
«J’ai décidé de t’aimer à mort.» Voilà ce que Carmen lit sur le billet que Terry lui a écrit (mais est-il possible de décider d’aimer quelqu’un?). Depuis leur retour d’Europe et la naissance de leur fils, Étienne, Carmen travaille comme serveuse chez Dooly’s, tandis que Terry s’occupe du petit. Il a lu tous les livres qu’il a pu trouver sur le Yi-king, même les plus épais (est-ce cela, un intellectuel?), et il interroge chaque jour l’oracle (quel est le meilleur système de divination : les seize billes de couleur? les cinquante tiges d’achillée?)
DIONNE, Germaine, Le fils de Jimi, Montréal, Boréal, 2002, 144 p.
Quand, à dix-sept ans, Nastassia accouche de son fils, Jimi, l’expression « politiquement correct » n’existe pas encore. Et il ne faudra pas compter sur eux pour l’inventer. Portrait d’une femme, de son fils et des liens indénouables qui les unissent, ce roman en coup de poing dégage une émotion qui n’a d’égale que sa concision.
« Une initiation singulière, drôle, chaotique à travers laquelle Germaine Dionne ne craint pas de prendre à rebrousse-poil quelques idées reçues sur l’instinct et l’amour maternels. Et offrir, avec ce premier roman où l’humour gouailleur le dispute à la tendresse, une très émouvante histoire d’amour. » Christine Rousseau, Le Monde
FRENETTE, Christiane, Celle qui marche sur du verre, Montréal, Boréal, 2002 (Boréal Compact, 2005, 152p.) (Nouvelles)
Une femme, un écrivain, en séjour au bord du fleuve, entre le clocher du village, qui sonne l’angélus à contretemps, et sa table de travail. Elle arpente la plage pour cueillir des tessons de verre multicolores que la marée a rendus aussi doux que des galets. Elle en a toute une collection. Il y en a des bruns, des verts, des blancs, et plus rarement des bleus, le bleu «Noxema», les plus précieux. Chaque fois qu’elle en découvre un, son cœur bat plus fort. Chacun est unique, un petit miracle, le fruit d’un long et patient travail des éléments, du hasard, du destin peut-être.
LABRÈCHE, Marie-Sissi, La Brèche, Montréal, Boréal, 2002, 168p. / LABRÈCHE, Marie-Sissi, La Brèche, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2008, 168 p.
Je ne suis pas de son monde, un maestro de la poésie et sa ritournelle, un prof de littérature et son étudiante, un homme coincé devant un petit pétard blond, deux univers défigurés par la présence de l’autre, non, je ne suis pas de son univers et il passe son temps à me le rappeler aussi. Oui, je viens d’un univers très différent du tien, me répond-il tout le temps comme pour me signifier que je suis une extraterrestre dans sa vie et qu’être ensemble pour vrai relève de la fiction. Quand il me dit ça, j’aurais envie de m’arracher un œil et de l’avaler, qu’il me laisse donc me raconter une belle histoire, la belle histoire de deux mondes qui s’effondrent ensemble. Plus nos plaies seront profondes, plus on s’infiltrera l’un dans l’autre.
Émilie-Kiki a vingt-six ans et aime Tchéky K., cinquante-six ans, son professeur de littérature, marié «jusqu’aux oreilles». S’engage alors un rapport de force qui oppose jeunesse et savoir, une lutte à finir entre deux clowns tristes dont la piste prend souvent l’allure de chambres d’hôtel minables et où tous les coups sont permis.
LALONDE, Robert, Un jardin entouré de murailles, Montréal, Boréal, 2002, 198 p. (Roman)
Automne 1957. Accompagnée de Grace Frick, Marguerite Yourcenar quitte Petite Plaisance pour effectuer à Montréal une tournée de conférences. Il arrivait alors à celle qui commençait à peine à goûter à la gloire, avec le succès tout récent des Mémoires d’Hadrien, d’accepter de tels engagements. Est-ce l’éclat de l’été indien? la rupture de la routine du couple? le feu qui se dégage des êtres qui croisent leur chemin? Survient un moment où les deux femmes se résignent à rentrer chez elles, chacune de son côté. À partir de cet épisode tiré de la vie d’un des écrivains les plus étonnants du siècle, Robert Lalonde construit un roman où s’entrecroisent les thèmes majeurs de toute son œuvre : la réconciliation du désir et de la vie, le destin des êtres d’exception, l’écrivain dans le monde. Mais il s’agit surtout d'un roman qui met en scène un couple, couple unique et impossible, comme le sont tous les couples, et qui ne finit jamais par livrer son mystère, puisque «tout grand amour est un jardin entouré de murailles».
MORENCY, Pierre, À l’heure du loup, Montréal, Boréal, 2002, 240 p. (Roman)
En relisant La Chèvre de Monsieur Seguin, je me suis souvenu du grand loup de l’enclos. Un épisode du conte me parlait particulièrement, celui où Daudet écrit : «Tout à coup le vent fraîchit. La montagne devint violette: c’était le soir. – Déjà! dit la petite chèvre et elle s’arrêta fort étonnée.» Un mot vibre dans cette phrase : le mot déjà. Dans toute existence arrive le moment où un être se dit: déjà!? Cela arrive à l’âge où l’on se rend compte que le temps subitement fraîchit, que la montagne de sa propre vie se peuple d’ombres. Déjà? Oui, déjà. Comme si une grande part de notre temps avait été dévorée. Par quels crocs de quelle gueule? Par quelle gueule de quelle bête? Dans À l’heure du loup, Pierre Morency met en scène toute une galerie de personnages. Le poète Lauréat Pick, le biologiste Scotteen, le cinéaste Duve, et surtout un homme qui porte le nom sonore et étonnant de Trom. Trom, où s’inscrit, à rebours, la destination ultime de chacune de nos existences. Trom observe, écoute, dessine, voyage. Il parle de l’éblouissement toujours renouvelé que provoque l’apparition d’un oiseau, de la lumière de la terre de Baffin, de la sensation sous le pied de l’argile qui n’a jamais été foulée. Ce qui distingue la parole de Trom, c’est l’art de cerner à l’aide des mots les plus simples ce qui fait l’essence même de notre vie.
PROULX, Monique, Le cœur est un muscle involontaire, Montréal, Boréal, 2002, 408 p. (Boréal Compact), 2004, 408 p. (Roman)
Florence n’aime pas les écrivains, ces êtres névrosés, et encore moins leurs livres, ces choses corpulentes qui ne sont même pas vraies. Florence, par contre, aime Zéno, et Zéno, lui, aime Pierre Laliberté, ce romancier mythique dont personne n’a jamais aperçu le visage. Et c’est à cause de Zéno que Florence découvre un jour que Pierre Laliberté lui a volé la phrase la plus précieuse qu’on lui ait jamais dite. La voilà donc sur une piste pouvant la mener à cet imposteur qui pille la vie des autres pour construire ses livres. Dans ce roman mené à la manière d’un polar, Monique Proulx rend un superbe hommage à la littérature et à ceux qui la font. « Il y a cette ardeur aérienne dans l’écriture de Monique Proulx, comme si l’ironie était le sentiment le plus bouleversant qui soit ». Mathieu Lindon, Libération « Un livre époustouflant, peuplé de personnages haut en couleur qui tient autant de l’hommage à Ducharme que du « polar existentiel » de Paul Auster ». Stanley Péan, La Presse
RACINE, Rober, L’Ombre de la Terre, Montréal, Boréal, 2002, 276 p. (Roman)
Une œuvre déroutante, obsessionnelle, incantatoire, qui nous amène radicalement ailleurs. À Orvita, petit village d’Italie, un homme qui s’appelle Giotto raconte à son petit-fils, Matéo, sa passion pour les voyages lunaires et les pierres qu’on en a rapportées. Une jeune fille avale des lucioles avant de se coucher dans l’herbe pour regarder les étoiles. On projette des classiques du cinéma muet sur les voiles des navires amarrés dans le port. Un paon blanc, appelé Dieu, est assassiné d’un coup de diapason en plein cœur. Poursuivant par les moyens du roman son exploration poétique de la thématique des voyages lunaires, qu’il mène en parallèle dans le domaine des arts visuels, Rober Racine crée avec L’Ombre de la terre une œuvre envoûtante. Après avoir trouvé le matériau de son travail dans la langue française, ce sont désormais les missions Apollo et les cartes et images de l'aventure spatiale qui servent de support à son invention si personnelle. Rappelant Raymond Roussel, par la faculté de faire naître la poésie des objets les plus inattendus, ou Henri Michaux, par la capacité de créer des mondes étonnants, Rober Racine évoque avec force la terrible angoisse qui ne peut manquer de nous étreindre quand nous mesurons les espaces infinis au milieu desquels nous vivons.
Prix Ringuet 2003 (L'Ombre de la Terre )
SAINT-MARTIN, Lori, La voyageuse et la prisonnière. Gabrielle Roy et la question des femmes, Montréal, Boréal, 2002, 396 p. [essai]
Lori Saint-Martin s’adonne ici à une relecture de l’œuvre de Gabrielle Roy, y compris le très important corpus des inédits, dans la perspective de la critique au féminin. Elle oriente cette relecture selon trois axes liés au féminisme de Gabrielle Roy: ses dénonciations et ses revendications en faveur des femmes; sa remise en cause des valeurs symboliques qui sous-tendent leur oppression; enfin, ses liens avec l’écriture au féminin.
SOUCY, Gaétan, Music Hall, Montréal, Boréal, 2002, 396 p.
Le retour attendu de Gaétan Soucy au roman, après le succès de La petite fille qui aimait trop les allumettes. Une œuvre magistrale, un très grand roman. Le nouveau roman de Gaétan Soucy, très attendu au Québec et en France, est un éblouissement. Œuvre aussi forte que vaste, Music Hall! reprend les grands thèmes que l’auteur explorait dans ses romans précédents – le mystère des origines et de la filiation, l’irréparable solitude des êtres –, mais en leur donnant leur incarnation la plus achevée. Dans Music Hall!, Gaétan Soucy a construit un monde crépusculaire et envoûtant et il donne, en Xavier X. Mortanse, un personnage qui comptera désormais parmi les figures inoubliables de notre littérature.
Œuvre à la fois savante et bouleversante, ce roman baroque, foisonnant, grinçant, captive le lecteur par la parfaite maîtrise de la forme qu’y déploie Gaétan Soucy. L’auteur ordonne son riche matériau en de courts chapitres, avec la rigueur d’un jardin à la française.
Nous sommes à New York, dans les années 20. Des équipes de démolisseurs transforment peu à peu la ville en un champ de ruine, jetant des centaines de gens à la rue. Xavier X. Mortanse, apprenti-démolisseur, qui n’a pour toute possession que quelques morceaux de chocolat dans sa poche, est fermement convaincu d’être un immigrant hongrois de fraîche date, et il n’a d’autre pensée que de retrouver sa sœur qui l’attend à Budapest. La découverte de ses origines – beaucoup plus proches qu’il ne le croyait – sera aussi une longue descente dans la nuit.
2003
BILLON, François, L’Ogre de Barbarie, Montréal, Boréal, 2003, 208 p.
Sur fond de carte postale : un village suisse perché sur un coteau ensoleillé. Au loin, le lac Léman ; alentour, les montagnes. Derrière les montagnes, la France occupée. Dans le village, un cimetière trop grand, un hospice pour vieillards, une école silencieuse, une maison vide. Et Catherine et François : une fillette qui n’a pas d’âge et un réfugié qui se demande ce qu’elle pensera de lui plus tard.
Un roman qui ne se prend pas pour un autre, un humour qui se pique de tendresse, un mouvement d’horlogerie qui remonte le temps, un son de cloche qu’on n’a pas souvent entendu.
CHASSAY, Jean-François [dir.], Anthologie de l’essai au Québec depuis la Révolution tranquille, Montréal, Boréal, 2003, 272 p. (Essai)
Cette anthologie de l’essai québécois propose des textes contemporains, plus précisément des textes publiés à partir du début des années 1960. Il ne s’agit pas d’une anthologie d’essais sur le Québec, mais du Québec. Cela dit, il va de soi que certains sujets importants qui ont marqué la vie québécoise depuis trente ou quarante ans y sont abordés. Le choix a reposé à la fois sur l’importance des auteurs comme essayistes, sur la qualité des textes, évidemment, mais aussi sur la pertinence des sujets soulevés. Au total, des textes de vingt-trois écrivains, nés entre 1920 et 1958, ont été retenus. Les textes ont été regroupés en sept sections : « Europe, Amérique », « Grande histoire, petite histoire », « Politique », « Culture, société », « Féminisme », « Langue » « Écrire, lire, peindre ». Cette anthologie est publiée simultanément au Mexique, traduite en espagnol, par le Fondo de Cultura Económica, à Mexico.
CHEN, Ying, Querelle d’un squelette avec son double, Montréal, Boréal, 2003, 168 p. (Roman)
Une jeune femme mène une vie qu’elle voudrait normale entre son mari et l’enfant qu’elle lui a donné. Tandis qu’elle devrait vaquer tranquillement à ses tâches quotidiennes, elle est harcelée par une voix qui semble émaner du sol, la voix d’une femme – qui lui ressemble étrangement – qui a été victime d’un tremblement de terre et dont le corps retourne peu à peu au règne minéral. Avec un art de l’ellipse plus convaincant que jamais, Ying Chen donne ici un roman qui est un déchirant cri contre les limites du temps et du corps, un véritable défi à notre condition de mortels. Publié en coédition avec le Seuil.
CHUNG, Ook, L’expérience interdite, en coédition avec Le serpent à plumes Montréal, Boréal, 2003, 198 p.(Roman)
S’inspirant des techniques mises au point au début du XXe siècle pour produire des perles de culture toujours plus proches de la perfection, un homme au fond d’une jungle a inventé une méthode lui permettant d’exploiter les écrivains pour en obtenir, à partir de l’humeur noire que sécrète leur foie, cette chose aussi rare qu’une perle parfaite : un manuscrit génial. Mais la révolte gronde, car qui pourrait accepter de telles conditions de vie, quel que soit son amour de l’art ? Œuvre noire, grinçante, ironique, qui donne naissance à un monde imaginaire inoubliable, L’Expérience interdite propose une fascinante métaphore de la création.
CÔTÉ, Jacques, Wilfrid Derome, Expert en homicides, Montréal, Boréal, 2003, 448 p. Boréal (Boréal Compact), 2013, 448 p. (Biographie)
Dans le Montréal des années folles, Wilfrid Derome fonde un laboratoire de recherches médicolégales ultramoderne, le premier du genre en Amérique. À la fois toxicologue, balisticien, biologiste, graphologue, photographe judiciaire et médecin légiste, Derome se bat pour faire reconnaître l’expertise médicolégale devant les tribunaux. Le romancier Jacques Côté réhabilite ici cette grande figure de l’histoire des sciences et de la criminalité au Québec.
SEGURA, Mauricio, Bouche-à-bouche, Montréal, Boréal, 2003, 180 p. (Roman) Nayla et Johnny ont à peine trente ans. Mais ils sont déjà vieux, dépassés, dans le monde qui est le leur, celui des grandes agences de mode. Maintenant qu’ils ne tiennent plus le haut du pavé, l’agence qui les paie leur confie des missions d’un autre genre. Ils sont désormais chargés de recruter des êtres plus jeunes, de nouveaux visages, de nouveaux corps, qui seront les top models de demain. Tous les moyens sont bons pour s’attacher ces êtres : le sexe, la drogue, la comédie des amours. Entre Montréal, Londres et Milan, avec le plaisir comme seule boussole, ils s’inventent des jeux cruels, dans lesquels on ne sait plus où commence le fantasme et où s’arrête la réalité. Dans ce deuxième roman, Mauricio Segura adopte une manière tout à fait différente de celle qui était la sienne dans le premier. Tandis que Côte-des-Nègres était une vaste fresque réaliste et sociologique, qui racontait la vie des adolescents dans les communautés immigrantes de Montréal, Bouche-à-bouche est un récit intimiste, elliptique, onirique, porté par un érotisme trouble.
JACOB, Suzanne, Wells, Montréal, Boréal, 2003, 88 p. (Roman) Suzanne Jacob reprend ici Plages du Maine, texte paru à l’origine en 1989, en y ajoutant une importante suite inédite. Un frère et une sœur se donnent rendez-vous sur une plage du Maine. La première fois, c’était après la mort de leur mère. La seconde, vingt ans plus tard, c’est leur père qui vient de mourir.
LABRÈCHE, Marie-Sissi, Bordeline, Montréal, Boréal, 2003, 170p. (Roman)
“Je suis borderline. J’ai un problème de limites. Je ne fais pas de différence entre l’extérieur et l’intérieur. C’est à cause de ma peau qui est à l’envers. C’est à cause de mes nerfs qui sont à fleur de peau. Tout le monde peut voir à l’intérieur de moi, j’ai l'impression. Je suis transparente. D’ailleurs, tellement transparente qu’il faut que je crie pour qu’on me voie.” Borderline est un premier roman qui scrute le monde de l’enfance. Non pas l’enfance bénie, mais celle qui crée des monstres. Et les monstres de l’enfance ne nous quittent pas avec elle.
2004
ARCHAMBAULT, Gilles, De l’autre côté du pont, Montréal, Boréal, 2004, 198 p. (Roman)
Louis Audry a été romancier, mais il a cessé d'écrire depuis vingt ans. Sans être célèbres, ses livres ont connu jadis un certain succès, si bien que l'on s'apprête à republier en un volume ses œuvres complètes. Louis Audry, en un mot, est un homme qui a plus de passé que d'avenir, plus de souvenirs que d'espérance, et qui a commencé à s'éloigner du monde comme de sa propre existence. Une existence bien remplie, de travail, de lectures, d'amours, et qui lui apparaît maintenant sous un jour à la fois plus net et plus triste, comme si elle se détachait peu à peu de lui et devenait celle d'un autre, ou plutôt de celui que lui-même ne savait pas qu'il était. Comme si elle devenait, en somme, son roman le plus vrai, et le plus beau peut-être. Vous pouvez lire, sur le site de Radio Canada, son entrevue avec Florence Meney et/ou la critique du guide culturel.
ARCHAMBAULT, Gilles, La vie à trois, Montréal, Boréal, 2004, 196 p. (Roman)
Les trois, ce sont : Henri, petit professeur au lycée français, Anne, sa femme, noctambule et alcoolique, et leur fille, Dominique, dont la vie sera marquée par la mésentente radicale qui oppose ses parents. Mais pourquoi ce conflit entre Anne et Henri ? Pourquoi cette incapacité de s’entendre, ces rancunes, cette douleur ? Roman de la tendresse et de la cruauté, récit de la difficulté de vivre et d’aimer, La Vie à trois a été publié pour la première fois en 1965.
BRAULT, Emmanuelle, Le Tigre et le Loup, Montréal, Boréal, 2004, 256 p. (Roman)
Dans le quartier chinois d’une ville qui ressemble à Montréal, une jeune femme occidentale au passé mystérieux est choisie par un étranger parce qu’il a reconnu en elle l’incarnation du Loup. Il l’introduit dans un réseau secret d’Asiatiques qui cherchent à sauver leur Terre détruite par la guerre. Après une première formation qui lui fait découvrir ses pouvoirs paranormaux, la jeune femme part pour un pays qui ressemble au Cambodge où elle s’engage corps et âme dans l’entreprise à la fois morale et politique de reconstruction de la Terre Vénérée, entreprise qu’elle mène à son terme à travers les tribulations et les obstacles de toutes sortes, jusqu’à ce que l’alliance du Tigre et du Loup soit enfin consommée. Conjuguant avec un rare bonheur le fantastique et le réalisme, la fable et le récit d’aventures, l’énigme et l’humour, la réflexion morale et un érotisme discret, ce captivant roman entraîne son lecteur dans un univers à la fois magique et familier.
CARON, Katerine, Vous devez être heureuse, Montréal, Boréal, 2004, 292 p. (Roman)
Une jeune femme vit avec son enfant et son mari, souvent absent, au bord d’une rivière près de laquelle elle fait des promenades quotidiennes ou qu’elle regarde depuis la fenêtre de sa vieille maison entourée d’arbres fruitiers. Les jours s’écoulent sans histoires : cette femme « doit être heureuse », elle a tout pour ça. Mais attention, ce calme, cette absence de remous, cachent un mouvement d’une grande violence. Quel est ce mouvement, quel est ce repos auxquels l’héroïne se livre corps et âme à l’abri de tous, qui ne voient qu’une jeune femme qui fait des promenades, des confitures, ou qui ne défait son sapin de Noël qu’en février ? Qu’est-ce qui se passe quand il ne se passe rien ? Il se passe que le temps passe et ne passe pas. Chaque instant dont nous sommes conscients nous enracine dans la réalité inextricable de la vie et de la mort. Le roman de Katerine Caron est un roman d’amour, si on entend par amour non pas le désir qui nous porte vers un être dans l’espoir de s’y reposer, mais bien au contraire ce désir qui dit oui au pardon et à l’instant présent, ce désir en nous qui dit oui à ce mouvement qui nous donne à la fois la vie et la mort. La rivière, les arbres, les maisons, les êtres.
CHEN, Ying, Quatre mille marches, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2004, 128 p. (Essai)
Romancière avant tout, Ying Chen a tout de même rédigé, au fil des ans, des textes dans lesquels elle tente de réfléchir simplement, modestement, en adoptant le mode de l’interrogation, du souvenir et de la lettre familière plutôt que celui de l’analyse ou de la théorie, à ce que sont pour elle — et peut-être pour ses lecteurs — la portée et la signification de son art, le sens de son itinéraire personnel de femme, d’exilée et d’écrivain, ou la place de la littérature dans le monde éclaté d’aujourd’hui. Il en résulte une série d’essais brefs, écrits dans une prose aussi sobre que directe, qui constituent d’une certaine manière l’accompagnement ou l’écho méditatif de cette parole qui se fait entendre dans ses romans et à travers la voix des personnages auxquels elle a donné vie. Publié en coédition avec Le Seuil.
D’AMOUR, Francine, Le Retour d’Afrique, Montréal, Boréal, 2004, 234 p. (Roman)
Charlotte n’accompagnera pas Julien dans le voyage en Afrique qu’ils avaient pourtant depuis longtemps planifié. Elle préfère se réfugier dans une petite maison au bord d’une rivière, où personne, ni sa famille ni ses amis, qui la croient partie pour plusieurs mois, ne risque de la tirer de son isolement. Mais Charlotte vit difficilement en l’absence de Julien dont elle n'a reçu aucune nouvelle. Commence alors pour elle une descente aux enfers, son délire éthylique l'amenant à imaginer le pire et à se mettre elle-même dans des situations délicates. Ce roman se lit comme un véritable suspense. L’écriture éblouissante de Francine D’Amour atteint ici un sommet, et les monologues de Charlotte sont empreints d’une angoisse qui n’exclut pas l’autodérision. Lire l'article de La Presse.
LECLERC, Rachel, Visions volées, Montréal, Boréal, 2004, 288 p. (Roman)
Frank possède un don, celui de pénétrer l’esprit des autres et d’en visiter les zones les plus secrètes, y lire le passé ou l’avenir, y voir la laideur comme la splendeur, y débusquer autant de complots que de rêves. Tout commence à Montréal, où Frank vit et travaille, alors qu’une étrangère, venue pour rechercher son frère disparu, bouleverse une existence trop tranquille. Entre le Québec et la côte normande, entre l’amour d’Erika et la déréliction à laquelle son excès de mémoire conduira finalement Frank, le cœur de ce roman est la ville de Prague, où le héros choisira de vivre pendant quelques mois une expérience limite, celle du dénuement total et du besoin des autres. Prague, lieu magique pour la rencontre d’une mendiante et de son petit garçon, où Frank finira par accepter sa propre déchéance. « C’est un livre magnifique, peut-être sans faille, qui emporte ailleurs comme au plus profond de soi. Construit avec un savoir-faire d’orfèvre du langage, où la poésie éclate au détour de chaque phrase, subtile ou éclatante, limpide, généreuse et retenue. » Christian Desmeules, Le Devoir
LEFEBVRE, Louis, Table rase, Montréal, Boréal, 2004, 186 p. (Roman)
Une fille fait du pouce sur le bord d’une route déserte de l’île d’Orléans. Une voiture s’arrête. Le chauffeur, Marc-André Nadeau, se promène à la recherche d’idées pour un roman sur ses ancêtres. Au fil des heures, la fille prend de plus en plus de place dans la vie de Marc-André, et son roman de moins en moins, au point où il se demande s’il ne devra pas choisir. Qui l’emportera et qui disparaîtra de sa vie, la fille ou l’histoire ? Voici un road novel où le cheminement intérieur des personnages n’a rien à voir avec la distance parcourue. Entre l’île d’Orléans et un bar de la rue Saint-Jean, chacun des deux protagonistes de ce roman verra sa vie transformée beaucoup plus profondément que ce qu’il aurait jamais cru. Ce «chemin de Compostelle» les amènera tous deux au seuil d’une nouvelle vie, où plus rien de ce qui les gouvernait jusque-là ne leur semblera important.
Louis Lefebvre donne ici un troisième roman qui se distingue par un art consommé de la narration, par la capacité de faire naître l’inattendu de la réalité la plus quotidienne.
NEPVEU, Pierre, Lectures des lieux, Montréal, Boréal (Papiers collés), 272 p. (Essai)
«La force de la littérature, de la poésie, écrit Pierre Nepveu, consiste à faire apparaître la constellation d’expériences, de désirs, de réminiscences contenue dans tout lieu, si petit et humble soit-il.» Les lieux ne parlent que s’ils sont lus, d’une lecture entendue ici à la fois comme ouverture du lieu sur le monde et comme appropriation du monde dans le lieu. C’est donc à de telles «lectures des lieux» que s’emploient la vingtaine d’essais réunis dans ce volume, qui se penchent tantôt sur des paysages réels et aimés — certain quartier de Montréal, certaine lumière de la région de Mirabel —, tantôt sur des œuvres littéraires d’ici et d’ailleurs. Mais quel que soit son terrain, qu’elle se passe dans les livres ou dans la vie, dans l’œuvre de Jacques Ferron, d’Élise Turcotte, de Pierre Morency ou de Peter Handke, cette expérience reste toujours hantée par la même question : comment habiter, vraiment habiter le monde, ce monde-ci, celui qui nous renvoie sans cesse « à notre présence la plus intime et aussi à notre lente, très lente disparition » ?
OLLIVIER, Émile, La brûlerie, Montréal, Boréal, 2004, 256 p. (Roman)
À la terrasse de La Brûlerie, dans la Côte-des-Neiges, une jeune inconnue s’approche de Jonas Lazard et se présente : « Je suis Cynthia, la fille de Virgile. Vous êtes le seul à pouvoir me dire qui était mon père. » Pour Jonas Lazard, le souvenir de son ami Virgile, ex-militant d’extrême gauche qui avait choisi l’exil pour fuir la dictature, évoque tout un monde dont l’artère vitale se nommait Côte-des-neiges et dont les principaux temples s’appelaient Chez Vito, Chez Paesano, Le Bouvillon, la Brioche dorée, temples de la parole où viennent s’échouer les rêves de tous les déracinés, où naissent des passions qui mènent jusqu’à la mort. Dans son dernier roman, Émile Ollivier trace une géographie mythique de l’errance et livre un témoignage irremplaçable de la diaspora haïtienne à Montréal, « cette ville qu’on croyait au début n’être qu’une terre de passage avant le grand retour, mais qui nous entre dans la peau, dans le cerveau comme des clous chauffés à blanc. »
ROY, Alain, Gabrielle Roy : l’idylle et le désir phantome, Montréal, Boréal (Cahiers Gabrielle Roy), 2004, 276 p. (Essai)
Dans la vie et dans l’œuvre de Gabrielle Roy, les années 1947-1950 marquent un véritable tournant. Après le succès sans précédent de Bonheur d’occasion, qui apporte richesse et célébrité à la jeune romancière, celle-ci traverse une « crise » artistique qui l’amène à concevoir un second livre radicalement différent du premier. La Petite Poule d’Eau incarne en effet le rêve de recommencer le monde, de retrouver un monde intact et pur, vierge de tout conflit, à l’opposé de l’univers déchiré qu’elle vient de mettre en scène. Alain Roy avance ici l’hypothèse que cette expérience, loin de représenter un simple changement de manière, constitue l’une des préoccupations majeures de l’œuvre et peut-être même sa loi profonde : l’étonnante rupture entre les deux premiers livres de la romancière, plutôt que de s’accomplir une fois pour toutes, serait en fait sans cesse rejouée par la suite, comme si résidait en elle le principal moteur de l’écriture chez Gabrielle Roy, la source du conflit créateur ayant présidé à l’élaboration de son oeuvre. Cette superbe étude illustre les manifestations de ces enjeux existentiels et esthétiques tout en proposant une vision plus complexe, parfois même inattendue, de l’œuvre de Gabrielle Roy. Le lecteur pourra voir s’y dessiner, dans une sorte d’autobiographie en plusieurs tableaux, l’histoire d’une jeune amoureuse qui, au fil de ses affrontements avec la vie, finit un jour par se vouer tout entière à la littérature.
THÉORÊT, France, Les Apparatchiks vont à la mer noire, Montréal, Boréal, 2004, 250 p. (Roman)
La rencontre de Mathieu Lord et de Louise Aubert annonce l’époque où les femmes pensent que leurs espoirs et leurs désirs sont permis. L’ascension de Mathieu dans le milieu universitaire a été fulgurante. À trente ans, il promet de devenir le maître à penser de la prochaine génération d’étudiants. Professeur d’histoire de l’art, il s’attribue les fonctions de théoricien, d’essayiste, de chercheur et de plasticien en devenir. Au milieu des années 70, le parti stalinien de Montréal atteint son apogée. Mathieu y adhère, il vise à former la prochaine avant-garde culturelle et picturale. Quand les années triomphalistes du parti prennent fin, Mathieu et Louise, séparés depuis de nombreuses années, divorcent devant le juge et les avocats. Le conservatisme misogyne et le machisme n’ont jamais cessé de régir les codes entre les hommes et les femmes. Mathieu se venge de Louise qui a décidé du divorce. L’histoire racontée lève les tabous, confronte la censure liée au silence qu’on garde jalousement sur cette période qui rendit les intellectuels complices du système totalitaire qui sévissait en URSS. Ce roman sur l’extrême gauche stalinienne présente une tentative d’élucidation du passé dont les anciens militants cèlent encore la mémoire.
Années 2005-2010
2005
BLAIS, Marie-Claire, Augustino et le cœur de la destruction, Montréal, Boréal, 2005, 304 p. (Roman)
Marie-Claire Blais donne ici le troisième volet de la grande trilogie romanesque inaugurée par Soifs, en 1995, et qui comprend également Dans la foudre et la lumière (2001). Cet ensemble constitue sans conteste le plus important projet littéraire du Québec contemporain. Dans une île du golfe du Mexique vit une galerie de personnages qui résument l’humanité entière : riches, pauvres, humbles ou puissants, artistes, criminels. Toutes ces destinées s’entrecroisent pour former une enivrante polyphonie. Dans ce troisième volet, la spirale ascendante de ces voix atteint son sommet. Bien peu d’écrivains auront, dans quelque littérature que ce soit, réussi à ce point à traduire la complexité du monde et des liens qui unissent les êtres. Portée par le souffle d’une phrase inépuisable, Marie-Claire Blais emporte dans la même fulgurance hommes et femmes, victimes et bourreaux, enfants kamikazes et petits voleurs de la rue Bahama, Marie Curie qui sacrifie sa vie à sa passion pour le savoir et la Vierge aux sacs, qui annonce la fin du monde en errant dans Manhattan, Charles, le grand poète fauché par le sida, et Petites Cendres, le travesti qui se vend à un client du Saloon Porte du baiser, Caroline, l’artiste et photographe qui a vu toutes les merveilles de l’art que le monde recèle, et Augustino, l’enfant écrivain qui pressent les forces de la destruction au cœur même de son quotidien…
BOUCHARD, Gérard, Pikauba, Montréal, Boréal, 2005, 576 p. (Roman)
Les lecteurs de Mistouk se rappelleront que Senelle, l’amie indienne de Méo Tremblay, avait accouché d’un fils qu’on avait baptisé Léopaul. C’est le destin de ce fils qui est au coeur de Pikauba, le deuxième roman de Gérard Bouchard. Dès l’enfance, Léo sent en lui des forces contradictoires. Son attachement à ses origines indiennes, à sa mère et à ses oncles lui inspire une profonde fidélité, tandis que la vie parmi les Blancs lui donne des envies de bataille et de conquête, suivant l’exemple de son père, dont les êtres et les paysages ne cessent de lui rappeler le souvenir. Pendant toute sa vie, ce Métis cherchera à réconcilier en lui l’Indien et le Blanc. Grâce à son intelligence et à sa détermination, Léo réussira à mettre sur pied une grosse entreprise forestière. Très vite cependant, le succès de Léo lui attire l’hostilité de la bonne société de Chicoutimi, d’autant plus que Pikauba, le village peu orthodoxe que notre héros érige au coeur de la forêt, échappe à son emprise. En effet, loin de l’hégémonie de l’Église et des notables, les gens de Pikauba ont tout le loisir de créer un mode de vie à leur (dé)mesure et à leur image. Cela procure l’occasion à Gérard Bouchard d’élaborer une délicieuse utopie de ce que le Québec de cette époque aurait pu devenir si l’esprit pionnier avait pu s’y exprimer en toute liberté, ainsi qu’il le racontait si bien dans Mistouk. Sur le mode de la tendresse, de l’humour et de la fantaisie, en même temps que sur un grand fond de vérité, Pikauba se veut donc une réplique à quelques autres utopies auxquelles la littérature québécoise a donné naissance au siècle dernier. Mais ce sont les dons de conteur de Gérard Bouchard qui frappent et séduisent d’abord le lecteur dès les premières pages du livre. Grâce à son art inimitable du dialogue, au plaisir communicatif avec lequel il reproduit la langue populaire, à l’intensité émotive dont il investit ses personnages, Gérard Bouchard signe ici un deuxième roman d’une liberté et d’un charme extraordinaires. Et comme dans Mistouk aussi, derrière le pittoresque, la drôlerie et même la folie des personnages et des situations, se profile une émouvante quête d’absolu qui connaît ici un dénouement des plus inattendus
BROUILLET, Chrystine, Rouge secret, Montréal, Boréal (Polar), 2005, 504 p. (Roman policier)
Les années 1970. Un vent de liberté souffle sur le Québec. Les vieilles contraintes s’écroulent. On découvre une nouvelle façon de vivre, où chacun a l’impression qu’il est permis de chercher le bonheur et de l’atteindre. Pourtant, cela n’est pas vrai pour Irène Pouliot. Issue d’un milieu modeste, Irène a appris à aimer les livres et les arts. Elle se découvre même d’indéniables dons de peintre. Mais, peu à peu, sans jamais s’en douter, elle tombe sous le pouvoir d’un homme jaloux, abusif. Il tissera une toile pour y enfermer Irène. Il lui tendra un piège que seul un monstre pouvait imaginer. Il réussira à la faire enfermer en prison. Il lui aura volé sa vie. Dans sa solitude, Irène n’aura pour s’accrocher à l’existence que l’image de sa fille et le souvenir de son travail de peintre. Et aussi Frédéric Fontaine, cet enquêteur qui ne peut se résoudre à croire à la culpabilité d’Irène. En tentant l’impossible pour lui rendre sa liberté, c’est également sa propre enfance marquée par la honte qu’il tente de racheter. Tableau d’une époque minutieusement reconstituée, prenante étude psychologique qui explore les liens qui unissent un bourreau et sa victime, Rouge secret propose également un fascinant portrait des milieux carcéraux féminins. Avec un irrésistible pouvoir d’évocation, Chrystine Brouillet réussit à nous faire partager la vie de ces femmes, pour qui le temps passe comme un fleuve de plomb, tandis que, dehors, leurs hommes et leurs enfants leur échappent. Avec Rouge secret, les Éditions du Boréal accueillent une nouvelle série romanesque de Chrystine Brouillet, où la romancière conjugue avec brio psychologie et suspense.
CARON, Louis, Tête heureuse, Montréal, Boréal, 2005, 368 p. (Récit)
Bérénice, surnommée Tête heureuse, n’a jamais rien fait comme tout le monde. Elle s’est mariée avec l’homme qu’elle aimait, en dépit de la désapprobation de sa famille. Si elle a été une épouse et une mère dévouée, conformément au modèle qui régissait le comportement des femmes à son époque, c’est sans jamais se défaire de la fantaisie qui marque chacun de ses gestes d’une poésie bien personnelle. Depuis que son mari est mort, elle révèle de plus en plus sa nature originale, excentrique. Elle s’est construit une maison tout droit sortie d’un conte de fée, elle s’est mise à se promener toute seule, la nuit, sous la lune. Elle a même appris à manier Internet et envoie des courriels sans majuscules ni ponctuation à ses enfants médusés.
Le jour où elle disparaît tout à fait, son fils aîné commence à trouver qu’elle pousse un peu loin l’originalité. Faut-il s’inquiéter? Ou faut-il n’y voir qu’une autre manifestation de la liberté qu’elle s’octroie désormais? Heureusement, les courriels recommencent à arriver, mais cette fois-ci ils invitent le fils à se lancer dans un mystérieux jeu de pistes, qui l’amène à remonter le cours de son enfance. Ce qu’elle lui promet, en bout de course, c’est de lui révéler un secret qui transformera irrémédiablement l’image qu’il se faisait de sa famille.
CARPENTIER, André, Ruelles, jours ouvrables. Flâneries et ruelles montréalaises, Montréal, Boréal, 2005, 372 p. (Récit)
Aux premiers jours du printemps 2000, André Carpentier entreprend ce qu’il appelle ses « flâneries en ruelles montréalaises ». Loin d’être un guide touristique, ce livre mêle littérature et réflexion d’admirable manière. Second volet des Fragments nomades – le premier racontait un voyage au Tibet (Mendiant de l’infini, Boréal, 2002) –, ces fragments ont été écrits durant trois ans et en toutes saisons. André Carpentier nous transmet magnifiquement sa fascination pour ces ruelles, son « promenoir », lieu de spontanéité et d’improvisation. Montréal en dissimulerait quelque 475 kilomètres ! Enfant élevé à la très montréalaise formule du « va donc jouer dans la ruelle ! », Carpentier nous entraîne dans ses errances, celles des pas et celles de l’esprit. Les fragments proposés ici peuvent se lire par bribes et par secousses, laissant le lecteur libre de son parcours, ébloui le plus souvent par la grâce de l’écriture. Et peut-être dorénavant déambulerez-vous à votre tour plutôt côté ruelle.
DESJARDINS, Louise, So long, Montréal, Boréal, 2005, 168p. (Roman)
C’est l’anniversaire de Katie McLeod. Elle a cinquante-cinq ans et ses filles lui préparent une fête de familles reconstituées… Avant, pendant et après le brunch, Katie fait le bilan de sa vie et de ses amours. Donnera-t-elle sa chance à François, son correspondant internaute, de la rencontrer en chair et en os à la fin de cette journée particulière? Voudra-t-elle se laisser étreindre par cet amour virtuel ? Dans la prose sobre qu’elle nous propose depuis La Love, son tout premier roman, Louise Desjardins poursuit son observation des rapports humains. De la petite ville d’Arntfield, où la narratrice a passé son enfance, nous retiendrons ce mythique Look-out, lieu de tous les péchés, où le père jouait du violon, et le McLeod Music Store, aussi, tenu par cette famille d’origine écossaise bien loin d’Aberdeen. En ce 8 janvier, au début du second millénaire, Katie déambule dans les rues de Montréal. Quant à la romancière, elle nous chuchote à l’oreille un petit air de musique. On souhaiterait qu’elle ne s’arrête jamais.
FRENETTE, Christiane, Après la nuit rouge, Montréal, Boréal, 2005, 176 p. (Roman)
1955. Thomas revient chez lui. Thomas n’est pas un jeune homme comme les autres. Il ne sort que pour promener son chien. Trois jours après l’incendie qui dévaste son quartier, des hommes l’emmèneront loin, dans un hôpital dont il ne sortira que cinq ans plus tard. Il retrouvera alors Romain, son ami d’enfance, devenu médecin, sa femme, Marie, et leurs enfants. Et son chien. La terre promise, la mémoire des chiens. Avec ce couple, le fragile Thomas constituera une étrange cellule aux sentiments ambigus. 2002. Lou, fille de Marie, revient sur les lieux de son enfance, désertés depuis ses seize ans, après une fugue qui a duré trente ans. « Je ne voulais pas que la vie me brûle comme elle avait brûlé ma mère. » Tout ce temps, elle l’a passé à Chicago, en compagnie de Joe, qui aimait le vacarme du monde. Mais voilà qu’un accident emprisonne Joe à l’intérieur de son propre corps. Et Marie ne peut que lui proposer une nouvelle fugue, avec tout ce que cela entraîne d’aventures et de recommencements. Dans ce roman, où l’art de Christiane Frenette atteint un sommet, celle-ci nous offre deux histoires enchevêtrées, histoires de familles et de fuite. Avec une économie de moyens dont elle seule a le secret, elle sait nous faire pressentir les tempêtes qui font rage au plus profond des êtres
JACOB, Suzanne, Rouge, mère et fils, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2005, 288 p. (Roman) [Seuil 2001 pour l’original]
Montréal. An 2000. Quelques mois dans la vie de Delphine. Delphine et son fils, Luc. Son fils et les autres. Car ils sont nombreux à entrelacer leurs vies dans ce livre qui s’apparente à un tissage, à une mosaïque remplie de va-et-vient, de rencontres, de hasards, de non-dits et de malentendus, placée sous le signe de la couleur rouge. Autour de Delphine, la mère, gravitent Félix, le père de Luc, qui vit maintenant avec Armelle; Lorne, un homme riche et amoureux ; Lenny, le plus jeune de ses amants, l’âge de son fils pratiquement, qui va mourir du sida; et Simon. Il faudra une mort, celle de Lenny, et l’arrivée d’un étranger, le Trickster, pour que Luc trouve sa place en ce monde et que Delphine consente enfin à rendre les armes.
« Suzanne Jacob nous livre ici un récit polyphonique, un oratorio grave et lyrique pour une époque en deuil de sens. Du grand art, vraiment. » Stanley Péan, La Presse
LEFEBVRE, Louis, Le Troisième ange à gauche, Montréal, Boréal, 2005, 280 p. (Roman)
Jean-François est généticien et se rend à Bologne pour participer à un congrès. Mais il s’en lasse vite et prend le train pour une destination inconnue. Il s’arrête à Sienne et y passe quelques jours. Cela lui permet de partir à la recherche d’un femme mystérieuse dont l’existence lui a été révélée par des lettres qu’elle a écrites à son père mais qu’il n’a découvertes qu’après la mort de celui-ci. Jean-François fait également la connaissance de Nathalie et Sébastien, jeune couple de Québécois. Imperceptiblement, cette errance et ces rencontres le transformeront en profondeur, l’amèneront à franchir un pas crucial dans sa vie et dans la relation qu’il entretient avec la femme qui l’attend à Montréal.
Avec cet art unique du récit qui est le sien, tout en finesse, Louis Lefebvre nous entraîne dans l’Italie des années 80, celle des Brigades rouges, manifestations, des grèves, des attentats. Mais aussi dans l’Italie de toujours, celle des après-midis langoureux, des fresques de la Renaissance et des villages bucoliques.
MARCOTTE, Gilles, Le manuscrit Phaneuf, Montréal, Boréal, 2005, 224 p.
Il peut arriver, dans une maison d’édition, qu’un manuscrit se perde, même s’il a été déposé par un auteur de quelque importance. Mais que cet auteur soit retrouvé mort peu après, et que cette mort paraisse un peu suspecte, cela suffit à donner au manuscrit perdu une aura toute particulière et à mettre en branle, autour de sa disparition, une enquête – ou une quête – dont nul ne sait où elle va conduire celui qui l’entreprend, surtout lorsque l’enquêteur en question n’est nul autre que l’éditeur et que les pistes qui se découvrent à lui se multiplient et s’embrouillent au point de compromettre d’une manière ou d’une autre pratiquement toutes les personnes de son entourage et, peut-être, lui-même. Qu’est-il arrivé au manuscrit d’Arcade Phaneuf ? Pourquoi a-t-il disparu ? Que s’est-il passé au bord du lac des Laurentides dans lequel a été repêché le cadavre du même Phaneuf? Voilà quelques-unes des questions que tente de résoudre l’éditeur montréalais Julien Brossard, au fil d’une enquête dont il est moins le maître que le jouet, ou peut-être la victime, et qui, plutôt que de lui apporter les réponses qu’il cherche, lui fait sans cesse découvrir de nouvelles questions, comme si l’univers simple dans lequel il croyait vivre devenait tout à coup, autour du manuscrit absent, un immense labyrinthe dans lequel il ne soupçonnait pas que sa vie et son activité d’éditeur étaient prises. Roman policier, au sens le plus exact et le plus passionnant du terme, ce livre est aussi une méditation à la fois sérieuse et ironique sur l’identité des êtres et les surprises de l’existence
MEUNIER, Stéfani, L’Étrangère, Montréal, Boréal, 2005, 160 p. (Roman)
Je croyais que je n’avais plus de coeur quand j’ai rencontré le vieil artiste. Peut-être qu’en effet je n’en avais plus. Ou bien que j’avais voulu l’endormir, que je ne le savais pas mais qu’il était là, presque intact. C’était un vieil homme. C’est peut-être ce qui explique que je ne l’ai présenté à personne. Je n’aurais pas su comment le présenter. Je n’aurais pas su comment définir notre relation. C’était de l’amitié, et c’était peut-être autre chose. Mais je n’aurais pas voulu avoir à expliquer ce que c’était.
Elle est jeune. Elle aime être seule. Elle aime les bars. Elle se croit incapable d’aimer. Parfois, elle se sent habitée par une chanteuse, la chanteuse qu’elle aurait voulu être. Il est vieux. Dans ses yeux, il y a une douceur, un peu comme une résignation. La peau de ses mains est parsemée de marques de vieillesse. Il est chanteur. Il a déjà eu du succès.
Dans ce premier roman, Stéfani Meunier trace avec une extrême délicatesse la rencontre improbable de deux êtres que tout semble séparer. Roman d’apprentissage, L’Étrangère raconte le parcours d’une jeune femme qui apprend à vaincre la peur, à habiter le monde. « Ma maison est imparfaite, mais chaque jour qui passe fait que cette maison est un peu plus mienne. »
MONETTE, Pierre, Dernier automne, Montréal, Boréal, 2005, 216 p.
En septembre, Diane apprend qu’elle est atteinte d’un cancer incurable : elle a de deux à trois à mois devant elle. Elle décide d’affronter la réalité et de préparer sa mort. Son courage, sa lucidité, son refus du drame étonneront ses proches et ses médecins. Et quand il s’agira de faire ses adieux à la mer – à Martha’s Vineyard -, rien ne pourra arrêter Diane.
«Touchant aux larmes, et pourtant magnifique, frémissant (…), Dernier automne est aussi une réflexion sur la mort et sur l’humilité à laquelle elle nous contraint.» Marie-Claude Fortin, La Presse
«Avec ce livre sur la mort, Pierre Monette signe probablement les plus belles pages qu’il m’ait été donné de lire sur l’amour.» Michel Vézina, Ici
PETROVSKI, Nathalie, Maman last call, Montréal, Boréal, 2005, 144 p. (Roman)
Pour souligner la sortie du film Maman Last Call, le Boréal lance une nouvelle édition du désopilant récit de Nathalie Petrowski. On y suit les tribulations d’une femme, issue du baby-boom, de celles qui ont tant contesté l’esclavage de la maternité. Cette femme raconte qu’elle a conçu – malgré elle – un enfant et dit pourquoi elle l’a gardé – malgré Oriana Falacci. Mettant en vedette Anne-Marie Cadieux, Stéphane Demers, Patrick Huard et Sophie Lorain. Réalisation : François Bouvier Production : Christian Larouche et Pierre Gendron
RICARD, François, Chroniques d’un temps loufoque, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2005, 186 p. (Chroniques cataloguées sous la rubrique « Essai »)
Art mineur, la chronique mise sur la spontanéité. Il s’agit d’un exercice d’improvisation, propice aux divagations et aux humeurs. « De l’écriture de circonstance », pour reprendre les mots mêmes de François Ricard. Pourtant, ceux qui liront les chroniques rassemblées ici (et parues à l’origine dans la revue parisienne L’Atelier du roman) retrouveront, derrière la variété des thèmes et des prétextes dictés par l’actualité ou par le hasard des lectures et des rencontres, une remarquable constance. François Ricard est un chroniqueur qui pense en toute liberté, c’est-à-dire que sa pensée, quel que soit le sujet qui l’occupe, retrouve tout naturellement son lit, son sillon, celui de l’incroyance et du rire devant la splendide bêtise qu’apporte avec lui ce « temps loufoque » qui est à présent le nôtre.
C’est ainsi que Ricard s’attaque tranquillement, selon l’inspiration du jour, aux festivals de toutes sortes qui nous tiennent lieu de vie culturelle, à la théorie littéraire et à la façon dont, dans les facultés de lettres, entre autres lieux, on cherche à se convaincre que la littérature n’est rien de plus qu’une imposture. L’histoire des gouverneurs généraux, le silence qui règne dans les forêts du mont Tremblant, le mariage gay, la niaiserie des médias ou le déferlement des « Néo-Retraités », tout lui est occasion de se moquer de l’époque, de dégonfler l’orgueil dont elle se pare et de jeter sa fausse note dans le concert d’approbation béate dont elle s’accompagne à peu près partout.
RIVARD, Yvon, Le milieu du jour, Montréal, Boréal, 2005, 334 p.
Écrite avec une sincérité impitoyable, dans une prose aussi simple que lumineuse, cette nouvelle version de l'éternel triangle amoureux donne un livre d'une vérité qui n'a d'égale que sa beauté.
ROY, Gabrielle, Femmes de lettres. Lettres de Gabrielle Roy à ses amies (1945-1978), Montréal, Boréal, 2005, 256 p.
Ce recueil rassemble les lettres que la grande romancière à adressées à huit de ses amies qui toutes, à un titre ou à un autre, étaient des femmes de lettres : Simone Routhier, Jeanne Lapointe, Cécile Chabot, Simone Bussières, Michelle Le Normand, Adrienne Choquette, Claire Martin et Alice Lemieux-Lévesque. S’échelonnant entre 1945 et 1978, cette correspondance brosse ainsi, autour de Gabrielle Roy, le portrait d’une petite communauté littéraire féminine, centrée sur Québec et sa région. Dans cette correspondance, l’auteur de Bonheur d’occasion cherche surtout à partager ce qui nourrit l’écriture littéraire, mais c’est également là que son amitié trouve son principal véhicule. Plus que le lieu d’expression d’une reconnaissance sincère, maintes fois renouvelée, la lettre et le fait même d’écrire constituent pour elle un geste amical, une manière de don. Édition préparée par Ariane Léger et François Ricard, avec la collaboration de Sophie Montreuil et Jane Everett
ROY, Gabrielle, Rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy 1947-1979, Montréal, Boréal (Les cahiers Gabrielle Roy), 2005, 272 p. (Essai)
À la différence de bien des écrivains de son époque ou de la nôtre, Gabrielle Roy ne s’est guère livrée au jeu de la publicité et des entrevues journalistiques. Sauf au tout début, lorsque l’immense succès local et international de Bonheur d’occasion l’a précipitée dans le tourbillon de la célébration médiatique, elle a tenu pendant tout le reste de sa carrière à préserver farouchement son indépendance et sa tranquillité, vivant à l’écart des mondanités, refusant les assauts de la presse et n’acceptant de se confier publiquement qu’à de rares occasions. Aussi n’existe-t-il d’elle, malgré la grande célébrité dont elle a joui, que peu d’entrevues, dont quelques-unes, toutefois, offrent un intérêt tel qu’elles méritent d’être relues et conservées, servant ainsi de document d’accompagnement à l’œuvre de la grande romancière.
Ce volume rassemble seize de ces rencontres et entretiens avec Gabrielle Roy, qui s’échelonnent de 1947 à 1979. Ces entrevues ont été réalisées par Dorothy Duncan, Rex Desmarchais, Henri Girard, Francis Ambrière, Paul Guth, Ringuet, Judith Jasmin, Lily Tasso, Gérard Bessette, Alice Parizeau, Pauline Beaudry, Silver Donald Cameron, Céline Légaré, Jacques Godbout, Gilles Dorion et Maurice Émond.
Ces textes ne sont donc pas à proprement parler des textes de Gabrielle Roy, puisqu’ils n’ont pas été écrits ni même, sauf exception, revus par elle. Ils ont tout de même le mérite d’éclairer, sinon son oeuvre, du moins sa vie, ses idées, ses préoccupations, sa culture, ses méthodes de travail et l’accueil que ses livres ont reçu. Mais la qualité principale des textes ici réunis est sans doute de donner la parole à Gabrielle Roy. Au fil des pages, malgré l’aspect morcelé et pluriel de l’ensemble, on entend s’élever sa voix à elle, une voix unique qui nous dit qui elle a été et nous la rend ainsi proche à nouveau.
2006
ARCHAMBAULT, Gilles, L’ombre legère, Montréal, Boréal, 2006, 184 p. (Nouvelles)
Telle que la pratique Gilles Archambault, la nouvelle est l’art de faire tenir, en l’espace de quelques pages, l’essentiel d’une existence. Il faut donc trouver, de cette existence, le moment le plus révélateur, celui qui, si banal ou fugitif qu’il paraisse, contient la signification la plus dense, la plus profonde, la plus irrévocable. Et cette signification, l’exprimer — par le récit, le dialogue, l’allusion — de la manière à la fois la plus forte et la plus discrète qui soit. Les vingt-trois nouvelles contenues dans ce recueil sont ainsi comme autant d’aperçus, tantôt poignants, tantôt ironiques, qui cherchent à saisir, chez les êtres les plus ordinaires (un jeune athlète, un amoureux éconduit, un fils vieillissant, un quadragénaire désabusé, un passager d’autobus) et à travers des situations apparemment anodines (une conversation, une visite, une rencontre au hasard, un chagrin d’amour), l’intensité d’une émotion, d’une pensée, d’une détresse par lesquelles, tout à coup, toute la vie est illuminée, révélée, anéantie peut-être. Car d’une vraie nouvelle, écrite avec économie et justesse comme le sont celles-ci, le personnage ne sort jamais indemne. Non plus que le lecteur. L’on retrouvera ici la voix, l’univers, les grands thèmes qui composent l’œuvre singulière de Gilles Archambault. Il y est question du temps qui passe inexorablement, du passé qui s’enfuit et ne s’enfuit pas, de la tendresse, des chassés-croisés de l’amour, des désillusions et de l’espoir sans cesse renaissant qui, entremêlés, forment la trame de toute vie. « L'ombre légère, procède de la finesse habituelle de Gilles Archambault et de sa pudeur proverbiale tout en cristallisant en quelques pages, rarement plus de 10, la quintessence de personnages à qui il vole de fugaces, mais précieuses vérités. » Mario Cloutier - La Presse Lire la critique de Radio-Canada
BISMUTH, Nadine, Scrapbook, Montréal, Boréal, 2006, 400 p.
Aux éditions Duffroy, qui publient son premier roman, Annie Brière fait la connaissance de Laurent Viau, correcteur d’épreuves de son métier. Laurent Viau n’est pas insensible au charme d’Annie Brière, et une idylle se noue. Mais, après une nuit de passion, Annie apprend que Laurent Viau, s’il ne porte pas d’anneau à la main gauche, n’est pas pour autant célibataire. Elle devra donc trouver de façon urgente ce que signifie, pour elle, l’engagement amoureux. Devenue joueuse compulsive de Tetris, convertie aux vertus curatives de Leonard Cohen, du lac Champlain jusqu’à Paris, en passant par les cocktails littéraires de la maison Duffroy au Ritz-Carlton, y arrivera-t-elle ?
CHASSAY, Jean-François, Les Taches solaires, Montréal, Boréal, 2006, 276 p. (Roman)
Entre astrophysique et littérature, entre ciel et eau, entre objectivité (scientifique) et subjectivité (humaine, trop humaine), Charles Bodry affirme des choix, mais hésite parfois. Ses hésitations sont largement liées aux chocs qu’il va subir en découvrant un passé qui est beaucoup le sien. L’histoire qu’il raconte (qu’il se raconte) lui fait remonter le cours du temps, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle en France. Sa quête du passé le conduira de Montréal à la Louisiane, puis de la Louisiane à Montréal. En réfléchissant le passé dans son présent, de nombreuses questions modifient sa perception des choses : Qu’est-ce qu’une mémoire « vraie » ? Est-il possible de raconter les faits objectivement ? Jusqu’à quel point une interprétation peut-elle modifier la réalité ? Et surtout, surtout : Comment la volonté de construire un canal, sur le modèle du canal du Midi, a-t-elle pu conduire à autant d’événements aussi burlesques que tragiques ?
Jean-François Chassay réussit le tour de force de donner à ce roman la précision d’une mécanique parfaitement huilée tout en emportant le lecteur grâce à une écriture qui fuse avec une vitalité irrésistible.
CHEN, Ying, Le mangeur, Montréal, Boréal, 2006, 140 p. (Roman)
Ying Chen poursuit ici le cycle entrepris avec l’Ingratitude et nous offre un splendide roman de la pérennité des origines, de la mémoire qui ne veut pas mourir. Si, dans l’Ingratitude, Ying Chen se penchait sur la figure maternelle, c’est le père ici qui est au centre du Mangeur, où une jeune femme hésite entre les bras de son ami, l’homme qui pourrait peut-être l’arracher à son père, et le ventre de celui-ci, toujours avide de chair fraîche.
« Cependant, au moment où je fus brusquement soulevée et vite transportée jusque dans la gorge de mon père, en regardant sans tristesse ni frayeur l’intérieur de mon père où bougeaient les veines et la chair rouge, je ne pus m’empêcher d’éprouver un dégoût envers cette bourdonnante vie interne que mon père considérait comme l’essence de la peinture. Je ressentis un bref regret du rendez-vous manqué, me reprochai de ne pas aimer assez mon ami, de manquer de courage pour me lancer dans un avenir qui m’était maintenant à jamais fermé, suspendu dans l’air frais du dehors, loin de toute vibration corporelle — mon ami et moi nous n’avions pas encore eu de contact physique. Je glissai la tête en bas dans un des tubes paternels, au bout duquel je serai, selon mon père, doucement dissoute et assimilée. Au cours de ma descente vers l’intérieur d’un corps si vibrant et si vrai, que je n’avais pas pu imaginer, devant cette révélation, je commençai à me blâmer de la sécheresse de mon corps et de mon esprit du temps où je vivais encore. J’attribuais cela à un excès d’amour propre, à la plus grande avarice qui consistait à ne pas donner l’amour, à ne pas se donner à un autre. Supposons que mon ami arrivait à temps et commençait sans tarder à me sauver, à ouvrir le ventre de mon père, en ce moment affaibli par le volume du repas, ressemblant à une femme enceinte, que pourrait-il bien se passer? Serais-je vraiment capable d’en sortir intacte et de vivre désormais tel un nouveau-né, loin de mon père, sans mémoire?»
CORBEIL, Normand, Ma reine, Montréal, Boréal, 2006, 168 p.
Des romans, déjà classiques, racontaient l’histoire un homme d’âge mûr perdant la raison pour une jeune beauté. On songe à La Femme et le Pantin, de Pierre Louÿs, ou à Lolita, de Nabokov. Mais ces dernières années, féminines et autofictionnelles, nous ont plutôt présenté l’autre point de vue de l’affaire. C’étaient souvent les jeunes beautés en question qui racontaient comment elles essayaient d’échapper aux entreprises de séduction. Champ-contrechamp. Avec Ma reine, Normand Corbeil brode sur le motif et raconte au « je » l’histoire de Simon LeBris qui se trouve incapable de rompre avec la beauté obsédante de Stella. Désir ou amour, sensations ou sentiments, impressions, imagination, il ne les distingue plus très bien, évoluant sous le charme capricieux d’une majesté dont il veut, à ce qu’il dit, se libérer. L’auteur nous invite donc à une piquante relecture du mythe, qui prend une coloration singulière à une époque où règnent l’argent, le téléphone cellulaire, les sorties entre copines, le Living et le Stéréo, les strings, la chirurgie plastique et le look.Écrit d’une plume légère, acérée, Ma reine nous propose un fascinant tableau de notre époque. « À dix-neuf ans, je voulais mourir à trente-sept ans, j’aimais trop la Beauté.Aujourd’hui c’est à cent ans que je veux mourir, j’aime trop sa beauté. Des fois, je me mets à calculer : quand elle aura trente-cinq ans, j’aurai… Et puis non, je saute à l’extrême, dans quarante ans, elle aura…, donc elle sera vieille aussi ! Aucun chiffre ne me décourage, ma folie annule tous les décalages. À quatre-vingt-dix-neuf ans, je serai encore beau, à cause d’elle. Je serai la meilleure affaire emphytéotique du globe, à cause d’elle. Time is on my side. J’ai acheté hier mon premier Mick Jagger. Quant à être convaincu…
HAMELIN, Louis, Sauvages, Montréal, Boréal, 2006. Boréal Compact, 2013, 296 p. (Nouvelles)
Poètes qui se meurent de désir, débroussailleurs qui ont vu l’ours, informaticien pris entre deux feux : qu’ils soient indiens cris ou écrivains, les personnages qui traversent ces dix histoires sont aux prises avec la complexité du monde. Ils ont des désirs simples ou compliqués, de l’amour à revendre, l’art de se mettre les pieds dans les plats. Sans cesse, leur tristesse s’alimente à leur joie. Ils sont, en d’autres mots, des vivants bien ordinaires et terribles.
HÉBERT, Bruno, Alice court avec René, Montréal, Boréal, 2006, 184 p. Septembre 1969, Léon Doré entre en cinquième année à l’école Saint-Matthieu. Il a de bonnes raisons d’être un brin déprimé. L’école, ce n’est vraiment pas fait pour lui. Et, en plus, il y a Thibault, Lefebvre et Raton, le trio infernal qui s’est juré de lui casser la gueule.
Prix du public Le Nouvelliste/Salon du livre de Trois-Rivières 2002 (Adélaïde)
LABRÈCHE, Marie-Sissi, La lune dans un HLM, Montréal, Boréal, 2006, 256 p.
Léa a vingt-trois ans et veut devenir la «plus grande peintre que la terre ait portée ». Mais la vie ne la laisse pas tranquille, et la mort de sa grand-mère viendra chambouler ses idées de grandeur. En guise d’héritage, elle reçoit la garde de sa mère, qui ne peut habiter seule, hantée par la folie et ses mille visages. Léa devra veiller sur elle jusqu’à la fin de ses jours, quitte à voir ses beaux rêves lui glisser entre les pinceaux.
Marie-Sissi Labrèche nous offre un roman porté par la figure maternelle, où l’histoire de Léa est entrecoupée par une suite de lettres à la mère. Étrange et heureux mélange de haine, de tendresse et d’amour, ce roman ne laissera personne indifférent.
La romancière de Borderline et de La Brèche se révèle encore une fois une fine observatrice des états limites.
Léa se réfugiait dans un autre monde pour ne pas que les monstres dans la tête de sa mère sautent dans la sienne.Parce qu'il faut se méfier de la folie, elle vous guette et sans crier gare elle se jette sur vous pour vous projeter des films d’horreur à longueur d'année en dessous de la casquette. Léa doit encore plus se surveiller, car dans sa famille, on est abonnées de mère en fille, mais elle, elle a bien décidé de sauter en bas de son arbre gynécologique pour aller jouer dans le pré où se trouve le bonheur, comme elle dit, et c'est avec sa future carrière de reine de la toile qu’elle se protège.
« Aiguisée comme un scalpel, la plume de Marie-Sissi Labrèche pique au cœur de la douleur… » Elsa Pépin – Ici
« Marie-Sissi Labrèche a les pieds bien ancrés dans la réalité, réalité qu’elle ose questionner brillamment par une écriture littéraire. » Stéphane Despatie – Voir
« Très inspiré, très imagé, très personnel, très audacieux. » Pascale Navarro – Radio-Canada/Ouvert le samedi
« Voici quelqu’un de vrai, qui fait entendre une vraie voix. Quelqu’un qui nous secoue. Nous émeut, aussi. Et nous fascine. » Danielle Laurin – Le Devoir
« D'un chapitre à l'autre, ces deux voix alternent. L'histoire de Léa est entrecoupée de ces lettres qui nous laissent l'impression vive d'entrer dans le secret de l'auteure, dans la fabrication intime du roman qu'elle est en train d'écrire sous nos yeux. Et c'est beau, douloureusement beau, tellement beau que ça fait mal au coeur. Alors que l'on nage en pleine détresse, en pleine tragédie humaine, on se sent portés par la grâce de cette écriture qui joue avec les maux avec une inventivité et un bonheur rare. » Marie-Claude Fortin — La Presse
« Marie-Sissi Labrèche met sans cesse de la drôlerie dans son tragique : ses mots tranchants transportent des images saisissantes, décalées, avec ces expressions propres au français du Québec, ces « maudits » et ces « calvaires », jurons qui sonnent ironiquement si poétique. » Véronique Rossignol – Livre Hebdo
LAFERRIÈRE, Dany, Pays sans chapeau, Montréal, Boréal, 2006, 280 p.
Après vingt ans passés à l’étranger, un homme rentre chez lui, à Port-au-Prince. Le pays, en apparence, n’a pas changé. L’odeur du café est la même, la pauvreté aussi, crue et violente, jusqu’aux amis qui sont restés fidèles à leur jeunesse.
Mais au fil des jours, des silences de ses proches, des mots chuchotés dans la rue, c’est à une enquête sur les morts que cet homme se livre, zombis et fantômes installés dans le quotidien de chaleur et de bruit de la ville.
Un recensement en Haïti, tu parles… Les gens disent n’importe quoi. « Combien d’enfants avez-vous, madame? Seize. – Où sont-ils ? – Tous les neuf à l’école. – Et les autres ? – Quels autres ? – Les autres sept enfants. – Mais, monsieur, ils sont morts. – Madame, on ne compte pas les morts. – Et pourquoi ? Ce sont mes enfants. Pour moi ils sont vivants à jamais.»
LAFERRIÈRE, Dany, Vers le sud, Montréal, Boréal, 2006, 256 p.
Le Sud. Haïti. Lumineux. Sensuel. Séduisant. Tous les personnages de ce roman en subissent l’attrait. Ils en rêvent, ils s’y rendent. Les voici, Occidentaux prisonniers de valeurs utilitaires, charmés par la chaleur, la lumière, les couleurs, les corps. Propriétaires de bar ou femmes d’affaires de Montréal ou de New York, ils quittent les illusions de la réussite pour dériver doucement vers une nouvelle vie. Ils y feront de troublantes découvertes. Corps blancs, corps noirs…
Dany Laferrière élabore depuis une vingtaine d’années une oeuvre unique et personnelle, d’une remarquable cohérence, qui trace son «autobiographie américaine». Vers le sud est une magnifique célébration de cet Haïti où s’affrontent librement la richesse et la misère, le soleil et le vaudou, le sexe et la mort.
LEVESQUE, Robert, Récits bariolés, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2006, 240 p. (Essai)
Récits bariolés, c’est-à-dire aussi colorés que variés, débordants de personnages et de scènes inoubliables, tantôt drôles, tantôt émouvants, toujours inattendus, les textes que Robert Lévesque a réunis ici se lisent comme autant de petites conversations amicales, dans lesquelles un lecteur passionné, pour qui l’art et la littérature sont la nourriture et le décor privilégié de sa vie et de sa pensée, rapporte ses découvertes et exprime ses ravissements comme ses déconvenues, ses sympathies comme ses antipathies. Qu’elles proviennent du XVIIe siècle ou du présent le plus proche, d’Europe ou du Québec, ces découvertes donnent lieu chaque fois à un récit vif, enlevé, porté par une prose souple et chatoyante où fusent les bons mots, les formules heureuses, les traits qui font mouche et les idées surprenantes. Du potin à l’analyse, de l’anecdote à la réflexion, de Molière à Michael Moore, de Stendhal à Pierre Bourgault, Robert Lévesque, accompagné de ses chats amis, se promène dans l’histoire artistique et intellectuelle comme dans un jardin familier, qu’il fréquente depuis toujours mais où chaque sortie, chaque lecture lui fait trouver du nouveau, de l’inédit, du merveilleux.
Publiées d’abord dans le journal montréalais Ici, cette soixantaine de chroniques, quel qu’en soit le sujet ou le prétexte, portent toujours la même marque, celle d’un esprit auquel sa culture apporte une liberté et une aisance parfaites.
MONTPETIT, Caroline, Tomber du ciel, Montréal, Boréal, 2006, 128 p. (Nouvelles)
Attendre. La mort, la libération, l’amour, la vérité, un enfant, une visite… Ces nouvelles traduisent une fascination pour la vie des gens ordinaires et posent une question fondamentale : connaissons-nous bien ceux que nous aimons ? Réflexion sur la mémoire et sur l’oubli, les nouvelles de Caroline Montpetit nous entraînent du côté de drames privés qui révèlent la fragilité des êtres. Elle y fait vivre des couples sortis de la vie quotidienne : une jeune femme qui reçoit les confidences d’un vieil homme dont elle achète la maison ; un prisonnier et sa visiteuse ; des amants qui vivent dans le rêve, l’oubli ou le mensonge. Autant de personnages décrits avec une justesse de sentiment qui en fait des êtres émouvants. Pour rendre la moindre nuance de tous ces événements inscrits au plus secret du quotidien, Caroline Montpetit recourt à une écriture d’un dépouillement extrême. Chaque geste, chaque parole, chaque sentiment prend ainsi l’aspect neuf, intact, éclatant, d’un geste, d’une parole, d’un sentiment vécus pour la première fois.
POLIQUIN, Daniel, La Kermesse, Montréal, Boréal, 2006, 336 p. POLIQUIN, Daniel, La Kermesse, Montréal, Boréal (Compact), 2008, 336 p. En automne de 1914, alors qu’il défile avec le régiment Princess Pat qui va défendre l’Empire, Lusignan ne se doute pas que les choses sont sur le point de changer à tout jamais. Il reviendra de la guerre sain et sauf, mais on ne peut en dire autant du monde dans lequel il a vécu jusque-là.
Sur la terre française, labourée par les tranchées et par les bombes, il verra sa vie transformée. Non pas à cause de la mort de ses camarades, non plus à cause de son devoir, à titre d’interprète du régiment, d’annoncer cette mort aux familles éplorées. Ce qui bouleversera sa vie, ce sera de découvrir qu’il y a sur cette terre un homme qui exerce un tel ascendant sur lui qu’il sera prêt à s’agenouiller devant lui et à remettre sa vie entre ses mains.
De retour à Ottawa, la figure de cet homme, Essiambre d’Argenteuil, ne cessera de croiser son chemin. Que ce soit à travers miss Amalia Driscoll, la fausse fiancée éplorée, que Lusignan voudra à tout prix séduire, ou auprès de Concorde, la petite bonne du Flatte, dans les bras de qui il trouvera son destin.
Dans la même veine picaresque qui avait nourri, L’Homme de paille, le précédent roman de Daniel Poliquin, l’auteur s’attache ici encore à saisir l’esprit d’une époque charnière dans l’histoire de ce pays. Cette Kermesse fait revivre toute une société et nous montre comment elle se transforme de la manière la plus étonnante qui soit. C’est également, et surtout, un romancier au sommet de sa forme qui nous entraîne à la suite de personnages inoubliables.
« Composé autour de personnages en quête d’un accomplissement malgré les brûlures de la vie et celles de l’Histoire, le roman de Daniel Poliquin demeure captivant du début à la fin. L’auteur a un talent fou pour créer des personnages complexes et nous révéler ce qu’ils dissimulent. La plume enjouée, le jeu des flash-back, l’alternance des voix et des registres relèvent de la prouesse littéraire. Mais c’est sans doute l’émotion constante et l’humour pétillant qui font le principal attrait de ce roman. » Suzanne Gigère — Le Devoir
RIVARD, Yvon, Personne n’est une île, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2006, 264 p. (Essais)
Par sa manière, ses thèmes, la variété de ses formes, la patiente recherche esthétique et morale dont elle est à la fois le lieu et la manifestation, l’œuvre du romancier Yvon Rivard occupe une place tout à fait singulière et précieuse dans la littérature québécoise contemporaine. Mais, parallèlement à cette œuvre, ou dans les pauses que l’élaboration de cette œuvre lui ménage, Yvon Rivard ne cesse d’écrire aussi des essais, textes de réflexion, d’admiration ou d’évocation dans lesquels se continue, sur un autre mode mais dans le même espace mental, la grande interrogation, la grande quête de lumière et de signification qui fait à ses yeux tout le prix et le seul but non seulement de l’entreprise littéraire, mais de la vie humaine elle-même, l’une et l’autre n’étant rien d’autre, en définitive, qu’un lent apprentissage de l’« art de mourir ». Ces essais ne sont donc pas simplement, pour le romancier, une manière de meubler les temps morts de la création. Ils lui fournissent surtout une occasion de « sortir de chez soi » et de découvrir à quel point « personne n’est une île » dans le monde.
C’est dans l’attention aux choses et aux êtres, c’est dans l’exploration des grandes oeuvres qui le sollicitent (Jacques Brault, Gaston Miron, Virginia Woolf, Peter Handke, Rilke), c’est dans la perte ou l’agrandissement de soi, en somme, que l’écrivain finit par trouver sa propre forme et la voix unique qui lui appartient.
Après Le Bout cassé de tous les chemins (Boréal, 1993, collection « Papiers collés »), ce nouveau recueil illustre non seulement le trajet d’une aventure littéraire et spirituelle unique, mais aussi la beauté et l’efficacité d’une prose qui, sans jamais s’alourdir, aborde avec la même aisance les données les plus paradoxales de la pensée et les réalités les plus « pauvres » de l’existence, soucieuse toujours d’une seule chose : découvrir, comprendre, aimer.
THÉORET, France, Une belle éducation, Montréal, Boréal, 2006, 152 p. (Roman) Saint-Henri, 1956. Évelyne, la jeune narratrice, habite avec sa famille dans ce quartier ouvrier de Montréal. Le père est épicier, obsédé par l’argent qu’il fera peut-être. En attendant, le quotidien est glauque et infesté de rats. Saint-Colomban, 1958. À défaut de bien gagner sa vie comme épicier, le père se porte acquéreur d’un hôtel de campagne. Toute la famille devra mettre la main à la pâte, y compris la narratrice, qui peine à concilier ce qui l’intéresse le plus – les études – avec cette vie d’hôtel minable. France Théoret peint ici une certaine réalité du Québec des années 50. Elle dénonce l’ignorance et le dénuement extrême, tant matériel qu’intellectuel, qui étaient le lot de nombreuses familles de Canadiens français. La petite misère au quotidien, mais surtout l’impuissance dans laquelle se trouvaient bien des jeunes filles pour qui le savoir ne représentait pas un luxe, mais une manière de s’en sortir. Avec une grande économie de moyens, ce roman nous montre une vie confisquée par la famille à une époque où le silence était la règle d’or.
« Une belle éducation de France Théoret est un roman triste et beau, tout simplement magnifique. » Pierre Monette – Entre les lignes
« Roman intimiste, dur et émouvant. […] France Théoret use d’une langue sobre, magnifiquement maîtrisée, où des tragédies se jouent entre les lignes. » Marie-Claude Fortin – La Presse Pour lire la critique
« Un portrait on ne peut plus fidèle d’une réalité pas si révolue. » Nuit Blanche
Prix Athanase-David pour l'ensemble de son oeuvre 2012 (Une belle éducation)
2007
ARCHAMBAULT, Gilles, Les rives prochaines, Montréal, Boréal, 2007, 192 p. (Roman) ARCHAMBAULT, Gilles, Les rives prochaines, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 192 p. (Roman)
Jeunesse et vieillesse, amour et abandon, joie et souffrance, souvenir et oubli. Entre ces rives de l’existence, des êtres se croisent, se cherchent, parfois se rapprochent, parfois se perdent, découvrant toujours, au bout du compte, ce qu’ils savaient confusément mais n’osaient se dire : qu’ils ont besoin à la fois de s’aimer et de se fuir pour que la vie, en eux, continue de palpiter encore, et que le temps qui les emporte ne leur soit pas trop inhospitalier.
Marcel a soixante-neuf ans. Il a tout connu de l’amour et se sait parvenu au-delà de toute aventure. Pourtant, il retrouve Marie-Ange, l’amie d’autrefois, qui l’accueille en ami. Près d’eux, Marin, le fils de Marcel autrefois délaissé, a du mal à trouver sa place dans le monde. Entre ces trois êtres va se tisser une étrange conversation, à travers laquelle il ne s’agit pas tant de tout se dire que de retrouver, pour chacun, le chemin de sa propre vérité, qui est aussi le chemin de la compassion et de l’acceptation de l’autre. Jusqu’à l’ultime réunion, jusqu’à l’ultime séparation.
On aura reconnu, dans cette thématique, l’univers si particulier de Gilles Archambault, qui explore de nouveau ici, avec un art parfaitement maîtrisé, ces zones incertaines de la conscience où l’individu, placé face à soi-même et aux êtres qui l’entourent, aperçoit peu à peu, comme à travers une lumière mêlée de brouillard, la matière à la fois irremplaçable et infiniment fragile de ce qu’il est, avec, en filigrane, toujours, le sentiment de l’échec inexorable qui le guette. Tendresse et ironie, espérance et regret, temps qui passe et temps qui a passé, telles sont les rives entre lesquelles il erre, entre lesquelles nous errons tous
BIRON, Michel, DUMONT, François et NARDOUT-LAFARGE, Élisabeth, Histoire de la littérature québécoise, Montréal, Boréal, édition réliée, 2007, 700 p. (Essai) (Boréal Compact), 2010, 688 p. (Essai)
La première grande histoire de la littérature québécoise depuis plus de quarante ans. Une synthèse de près de cinq cents ans de littérature, qui va de Jacques Cartier à Nicolas Dickner. Préparé par une équipe de spécialistes, un document essentiel qui s’adresse aussi bien aux lecteurs d’ici qu’à tous ceux qui, dans le monde, veulent connaître notre littérature.
Prix Gabrielle-Roy 2007 (Histoire de la littérature québécoise) Prix Jean-Éthier-Blais 2008 (Histoire de la littérature québécoise)
BROUILLET, Chrystine, Zone grise, Montréal, Boréal, 2007, 400 p.
En 1982, Montréal est témoin d’une série d’enlèvements étranges. Des hommes, des femmes sont kidnappés puis relâchés quelques jours plus tard, inconscients mais indemnes, sauf pour quelques entailles au cou. Chaque fois, à côté d’eux, une pile de vieilles chaussures. Pourquoi enlever des gens, si ce n’est pas pour les faire disparaître ou demander une rançon ? Qu’est-ce qui peut pousser quelqu’un à commettre de tels méfaits, à la fois criminels et innocents ?
Le bien, le mal. Chacun sait les distinguer, ou croit le savoir. Il y a des êtres qui se placent résolument de l’un ou de l’autre côté. Des êtres animés par une pulsion de mort, ou bien d’autres passionnément attachés à la vie. Mais n’est-ce pas là l’exception ? N’y a-t-il pas beaucoup plus d’êtres torturés par leur conscience, qui n’arrivent pas à démêler la part d’ombre ou de lumière en eux ? C’est le cas du peintre Dan Diamond, qui voit soudain son succès si chèrement acquis menacé par des révélations surgies de son passé.
Dans cette deuxième enquête de Frédéric Fontaine, Chrystine Brouillet se fait encore une fois fine psychologue pour passer au crible la conscience de ses personnages. Tout en déroulant avec brio une intrigue complexe qui distille le mystère, elle nous donne de fascinants portraits de personnages, parfois attachants, parfois odieux. Encore une fois, la romancière porte une attention toute particulière au travail de policier enquêteur, qui sert ici de révélateur de la nature humaine, toujours étonnante, toujours insondable.
« Un polar de haute voltige. […] Je vous conseille ce roman. Des atmosphères formidables. Quelle réussite et quel travail ! » Raymond Cloutier - Radio-Canada/Vous m’en lirez tant Pour écouter l’entrevue à 6:40 min
« Chrystine Brouillet nous invite sur les sentiers très fréquentés du mensonge… parce que tout le monde ment, à commencer par l’écrivaine ! » Jade Bérubé - La Presse
CHASSAY, Jean-François, Laisse, Montréal, Boréal, 2007, 192 p.
Deux décembre, huit heures le matin, dans un parc de Montréal. Des maîtres promènent leur chien. Neuf maîtres, dix chiens.
À sa manière, le parc urbain joue souvent de nos jours le rôle de l’agora grecque. Lieu de débats, d’échanges, le parc permet des rencontres qui ne pourraient se produire autrement. Surtout si l’humain qui y circule est accompagné d’un chien. Si les chiens ne bavardent pas à l’instar des humains, ils provoquent un flot de paroles ininterrompues. Et ils réfléchissent, à leur manière, pendant que l’autre, au bout de la laisse, parle et parle, donnant souvent de l’existence une représentation d’une splendide vacuité. Mais l’humain, grâce à son chien, s’adressant à lui, trouve parfois le moyen de prouver son intelligence par quelques paroles bien senties. Le chien, s’il ne répond pas, n’en pense pas moins.
Pour Jean-François Chassay, tout est prétexte à la réflexion, aux questions, sur le temps, sur le passé, sur la filiation, qu’elles soient sérieuses ou saugrenues. Depuis Obsèques jusqu’aux Taches solaires, il se fait l’implacable commentateur de la condition humaine. Mais, dans Laisse, le point de vue est parfois celui du chien.
GAGNON, Robert, La mère morte, Montréal, Boréal, 2007, 272 p.
Paillard, rabelaisien, parfaitement irrévérencieux, La Mère morte est une irrésistible satire de la vie universitaire. Le lecteur y perdra peut-être quelques illusions, mais il y trouvera la preuve irréfutable que les plaisirs de la chair sont la panacée contre les maux de l’esprit.
Tout a commencé par les atomes du Christ, quand la querelle qui a opposé au xviie siècle Galilée à un obscur jésuite au sujet de la véritable nature du Fils de Dieu s’est soudain mise à obséder François Cournoyer, professeur d’histoire des religions, au moment même où il honorait, à sa manière, les charmes de la sulfureuse Simone Grenier, sa collègue au Département des sciences, au fond, pas si religieuses.
Ensuite ce sont les atomes de l’alliance que porte sa mère, six pieds sous terre dans le cimetière de la paroisse Saint-Elzéar, à Vimont, qui semblent s’être dégradés pour se rematérialiser dans la boîte à souvenirs de François, à Outremont. Enfin, c’est Simone elle-même qui se matérialise inopinément à Bergen, tandis qu’en compagnie de ses collègues Richard Phaneuf et Bernard Babin, François s’offre quelques jours de tourisme avant que ne commence le Congrès international de sciences historiques d’Oslo. (Quoique la présence de ladite Simone s’explique peut-être davantage par la dextérité de celle-ci à jongler avec les subventions de voyage qu’avec les mystères de la transsubstantiation.).
Toujours est-il que, convaincu de la réalité de phénomènes absolument irréconciliables avec la raison, après avoir reçu la visite d’une secte millénariste, les Derniers Frères esséniens de Jésus, François s’enferme chez lui pour attendre son départ vers un monde meilleur. Un professeur qui perd la foi en la science, il y a déjà péril en la demeure. Mais s’il promet de se suicider, l’amitié ordonne qu’on lui vienne en aide. Ses collègues Phaneuf et Babin, en compagnie de sa voisine, Marcella Persico, spécialiste de la curie romaine aux XVIe et XVIIe siècles, se liguent donc pour ramener François dans le droit chemin.
« Vous cherchiez un livre rigolo comme premier livre de vacances? Ou mieux un roman qui vous donne envie de ne pas encore complètement fermer la porte sur votre dernière session universitaire? Ne cherchez plus. La Mère morte de Robert Gagnon devrait répondre à vos attentes, pour peu que vous ayez l’esprit le moindrement ouvert et non point fermé à la paillardise! »André Magny – Le Droit Pour lire la critique en entier, cliquez ici
« Un roman foisonnant de pensées originales, parfois cru mais surtout toujours débordant d'amour pour la vie. Cette satyre du monde universitaire des plus caustique vous réjouira, tout en vous inquiétant un tant soit peu. » Florence Meney - Radio-Canada/Arts et spectacles
GIRARD, Simon, Dawson Kid, Montréal, Boréal, 2007, 192 p.
Si je mourais d’un accident, tantôt, en sortant du gymnase, ce serait dommage. Franchement. Je me fâche juste à y penser. N’importe qui dans sa voiture, passant dans la rue à quelques mètres de moi, aura cette possibilité. Tous des petits Dawson en puissance. Il y a peut-être juste deux classes de personne : celles qui se reproduisent, et celles qui se tuent.
Elle s’appelle Rose Bourassa. Elle a vingt ans. Il y a deux choses qui ne la quittent jamais. L’idée de la mort, sa propre mort, et une sourde envie de cogner. Que ce soit au Gold, où elle danse autour des poteaux et aux tables, ou dans les couloirs du métro. Jusqu’au jour où elle commence son entraînement à la boxe et où elle fait la connaissance de Coach. Coach qui lui enfonce ses gants comme une mère met sa tuque à son enfant, en la brassant un peu, parce qu’elle est dans la lune, au paradis, entre des mains aimantes. Elle se dit alors qu’elle a peut-être réussi à faire reculer sa mort
Simon Girard donne ici un premier roman audacieux. En s’attachant à rendre la moindre sensation avec une précision obsessionnelle, il nous fait entrer dans la peau d’une jeune femme dont la vie peut basculer à chaque instant. On s’immisce dans le quotidien de Rose Bourassa comme on monte à bord d’un manège. On n’a pas d’autre choix que de s’abandonner au vertige.
GORROZ, Anne-Rose, L’Homme ligoté, Montréal, Boréal, 2007, 176 p.
J’ai poussé fort la porte et je l’ai refermée derrière moi. Il faisait sombre chez toi. Dans l’entrée, j’ai commencé à me déshabiller. Le plancher craquait pendant que je descendais ma jupe, mes talons heurtaient l’un après l’autre le bois avec un petit bruit sec s’amplifiant étrangement dans cette obscurité et ce silence alors que je savais que tu étais là, quelque part dans l’appartement. Matité de l’ombre, de l’air. J’entendis à côté, dans la chambre, une sorte de cliquetis léger. Quelque chose de cristallin et de ferrailleux à la fois.
À chaque rencontre, elle ne sait jamais comment exactement elle retrouvera son nouvel amant. Que portera-t-il ? Bas résille, porte-jarretelles, corset, masque de cuir, oreilles de chien, menottes et chaînes ? Comment sera-t-il ligoté, contraint, féminisé, bestialisé, dénaturé, chosifié, rendu presque inhumain ? Partagée entre l’horreur et la curiosité, elle a le choix : fuir ou jouer le jeu.
Elle joue le jeu. Son jeu à lui, qui devient aussi son jeu à elle. Lui, maître de la mise en scène ; elle, actrice fascinée par le pouvoir qui lui est accordé. Jusqu’où iront-ils dans cette folie à deux ? Qui aura peur le premier ?
Ni description clinique de conduites extrêmes, ni œuvre de moraliste, L’Homme ligoté est l’exploration mesurée et sensible d’états limites. Sans fermer la porte à l’émotion, tout en gardant la tête froide, Anne-Rose Gorroz, dans une suite de tableaux saisissants, nous fait entrer dans un étrange laboratoire où s’opère l’étonnante alchimie des rapports entre les sexes.
LABERGE, Marie, Sans rien ni personne, Montréal, Boréal, 2007, 444 p.
Qu’y a-t-il de plus déchirant à vivre pour les proches d’une victime qu’un meurtre demeuré non résolu, la mort violente restée inexpliquée et impunie ? Trente-cinq ans après le meurtre d’une jeune Française à Montréal, le père de la victime réussit à convaincre le commissaire Durand de Paris de rouvrir l’enquête sur la mort de sa fille, Isabelle Deschamps. C’est donc un Patrice Durand déterminé à connaître le fin mot de l’affaire qui débarque à Montréal. Mais trente-cinq ans séparent les faits de l’enquête, et Vicky Barbeau, chargée du cas à la Sûreté du Québec, n’est pas follement enthousiaste à l’idée de reprendre une chasse aux témoins des plus ardues. D’autant plus que, de Saint-Pierre et Miquelon à Montréal, en passant par les Îles-de-la-Madeleine et le Bas-du-Fleuve, l’affaire se révèle beaucoup plus compliquée qu’il n’y paraissait. Et le Québec, ce n’est pas la France…
Mettre au jour la face cachée d’une vie, découvrir les secrets que des personnages avaient, croyait-on, emportés avec eux dans la tombe, voilà des thèmes qui parcourent toute l’oeuvre de Marie Laberge. Que l’on songe, par exemple, à Quelques Adieux ou au Poids des ombres. Mais le polar permet à la romancière de les aborder selon un angle tout neuf. D’une part, le lecteur se retrouve emporté par un suspense irrésistible. D’autre part, le travail des policiers, ce tandem parfois grinçant formé d’un français et d’une québécoise, lui permet de laisser libre cours à son humour, comme elle ne l’a jamais fait dans ses romans jusqu’à maintenant. Cela nous vaut des dialogues qui claquent et une délicieuse étude comparée des façons de faire – et de dire – en France et au Québec.
Avec Sans rien ni personne, Marie Laberge nous revient au sommet de sa forme, en renouvelant sa manière, mais plus que jamais fidèle à elle-même.
LARUE, Monique, De fil en aiguille, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2007, 232 p.
Même si ses romans occupent le centre de son œuvre, Monique LaRue se consacre aussi, depuis de nombreuses années, à cet autre art de la prose qu’est l’essai, occasion pour elle de méditer sur son travail de romancière, de réfléchir sur le monde qui l’entoure, d’approfondir ses expériences de lectrice et ses découvertes de voyageuse, bref, de garder en éveil cette attention au monde et cette conscience critique qui, à ses yeux, sont indissociables de la pratique littéraire et en font tout le prix.
Écrits « de fil en aiguille » au cours des dix ou douze dernières années, les essais rassemblés ici composent le portrait d’une romancière profondément attachée à son art, aux grandes valeurs qui le définissent (les mots, la langue, la liberté, le privilège de la distance et du doute, la compassion), aux œuvres et aux auteurs qui l’illustrent de manière exemplaire, et aux défis inédits que lui pose le temps présent. Car ces textes sont aussi un tableau du monde où nous vivons et dans lequel chacun, à commencer par l’écrivain, doit trouver sa juste place et le moyen de demeurer humain, ne serait-ce qu’en refusant d’éluder les difficultés nouvelles qui se présentent à lui sous diverses formes, tantôt sociales ou politiques (la question de l’engagement de l’écrivain, la littérature dite migrante), tantôt culturelles (les transformations de l’enseignement, la marginalisation de la littérature), tantôt technologiques (l’informatique, le Web). Or, devant toutes ces situations, comme au milieu des pays étrangers qu’elle visite (Japon, Flandre, Égypte), Monique LaRue cherche constamment un regard et une pensée où se font équilibre l’accueil et la réserve, l’ouverture et la lucidité, la curiosité avide du navigateur et la sage prudence de l’arpenteur.
Ainsi, entre la romancière, qui invente des mondes fictifs pour saisir ce qui du monde réel ne se laisse saisir que par la fiction, et l’essayiste, qui réfléchit au monde réel pour en éprouver les résistances et le mystère, la collaboration est parfaite. C’est que toutes deux jouent du même instrument : cette prose déliée, rigoureuse et souple à la fois, saturée de pensée et de sensibilité, qui est la voix propre de Monique LaRue.
MAJOR, André, L’esprit vagabond, Montréal, Boréal, 2007, 328 p. (Carnets)
Au confluent du journal intime, de l’autobiographie et de l’essai, les carnets d’écrivain, tels que les conçoit André Major et tels qu’il s’y adonne depuis une trentaine d’années, forment un genre littéraire qu’on pourrait qualifier de « minimal », dans la mesure où l’écriture s’y exerce en dehors de tout souci de composition. Le « carnetiste », en ce sens, est l’écrivain le plus libre et le plus spontané qui soit, et en même temps celui qui, renonçant (au moins provisoirement) au projet de construire une œuvre ordonnée, accepte de se soumettre entièrement au monde qui l’entoure et de se laisser façonner par lui. Dans le cas d’André Major, ce monde est fait surtout de deux choses : l’inépuisable variété de la nature, source d’émerveillement, maîtresse de beauté et d’humilité, et la non moins inépuisable richesse des lectures, nouvelles ou anciennes, à travers lesquelles l’écrivain ne cesse de découvrir sa propre singularité et les exigences de son art.Écrits dans les années 1994 et 1995, alors que l’auteur travaillait à la rédaction de son roman intitulé La Vie provisoire, et révisés en vue de leur présente publication, les carnets contenus dans L’Esprit vagabond font suite à ceux qu’André Major a déjà rassemblés dans Le Sourire d’Anton ou l’adieu au roman (carnets 1975-1992), ouvrage qui lui a valu en 2001 le Prix de la revue Études françaises. Les lecteurs y retrouveront non seulement un esprit lucide et fraternel, attentif à son temps et à son milieu, dont il se sent à la fois proche et détaché, mais aussi et surtout un écrivain pour qui la connaissance du monde et de soi demeure une aventure interminable que seules l’expérience du langage et la recherche de l’expression juste peuvent guider et relancer sans fin
MEUNIER, Stéfani, Ce n’est pas une façon de dire adieu, Montréal, Boréal, 2007, 216 p.
New York, les années 1970. Une ville qui est encore le centre du monde, mais qui commence à douter d’elle-même. La guerre du Vietnam s’enlise, et si l’engouement pour le rock’n roll ne se dément pas, il vient maintenant d’Angleterre, où l’ombre des Beatles plane encore sur le monde de la musique.
Sean est musicien. Pour le plaisir de faire de la musique, pour cette merveilleuse camaraderie de la scène, pour l’amour de cette vie d’errance entre Montréal, sa ville natale, et les innombrables bleds où il doit jouer. Quand il revient à New York, il vit chez son ami Ralf, qui a un appartement à Brooklyn et un chien qui s’appelle Lennon. Les seules attaches qui donnent à Sean le sentiment d’être chez lui quelque part.
Pendant que Sean est en tournée, Ralf fait la connaissance d’Héloïse. C’est le bonheur, tout de suite, un voyage en Bretagne, des soupers où se conjuguent amour et amitié. Et, tout à coup, le précaire équilibre ne tient plus.
Dans ce second roman, Stéfani Meunier se révèle plus que jamais une magicienne des atmosphères. En quelques traits aussi sûrs que retenus, elle sait donner un relief extraordinaire au quotidien de ses personnages. Un regard capté en passant, quelques accords de musique, les paroles d’une chanson aimée qui nous montent aux lèvres, et voilà que notre cœur chavire en même temps que celui des personnages.
MISTRAL, Christian, Sylvia au bout du rouleau ivre, Montréal, Boréal, 2007, 132 p.
Max Cockrell vit à New York, dans un coquet appartement de Greenwich Village. Il a troqué le français pour l’anglais. Il écrit des articles. Il en vit bien. Pourquoi revient-il à Montréal ? Bien sûr, pour faire un dernier adieu à son père, mais surtout pour s’expliquer avec Sylvia. Max n’a pas oublié Sylvia. Elle lui a fait un enfant qu’il ne voulait pas. Il a beau s’éclater, draguer, boire, enfiler les filles, il sait bien que tout cela n’est que fuite en avant. Et puis, comment ne pas figer en entendant le « Bonsoir, mon grand» de Sylvia. Jouer le jeu cependant. Faire comme si rien ne s’était passé. Souffrir pendant que Sylvia est partie se poudrer le nez. Puis écouter sa propre voix affirmer qu’il est vain de tenter de rappeler le passé. Répondre oui quand elle dit qu’il vaut mieux suivre son destin…
MISTRAL, Christian, Léon, Coco et Mulligan, Montréal, Boréal, 2007, 152 p.
« Entre la rue Sherbrooke et l’avenue des Pins, entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Saint-Denis s’étend un quartier, un quartier de fruit trop mûr, à l’écorce appétissante, au jus rance, à la chair puante, un bout de ville insomniaque dont les frontières, comme celles qui circonscrivent le territoire des chiens sauvages, sont délimitées par de subtiles odeurs que l’étranger ne renifle jamais sans inquiétude. C’est le carré Saint-Louis et son appendice, la rue Prince-Arthur. Si le centre-ville est l’organe génital de Montréal, par où la ville copule tristement et sans illusions avec le reste des civilisations, le carré Saint-Louis se situe quelque part entre le sein et le nombril, comme un mamelon supplémentaire, et bien que la fontaine qui gicle tout l’été en son centre évoque une bitte de béton qui n’en finit plus de dégorger son amour. Ce n’est pas un carré comme les autres, parce que son aire s’étend bien au-delà de ses angles, un problème à faire bander les poètes géomètres.»
Léon est un écrivain qui n’a jamais publié. Coco est un vieux schizo qui récite de la poésie, surtout des vers de Mulligan, ce poète mythique. Ils vivent ensemble depuis des années, itinérants. Léon protège son vieux pote en attendant de se trouver un endroit où il sera enfin capable d’écrire. Ils s’installent pour un été au carré Saint-Louis et font la connaissance de la faune qui y gravite. Jusqu’à la tragédie…
Léon, Coco et Mulligan s’inscrit dans la lignée des grands romans de Mistral, avec cette écriture lyrique dont l’auteur a fait sa marque. On y retrouve, rendu avec une acuité fabuleuse, le Montréal jubilatoire des années 80, bariolé, traversé d’originaux et de détraqués, de rêveurs et de banlieusards en quête d’émotions faciles. On y retrouve surtout ce plaisir d’écrire, cette fête du style comme seul peut en donner un écrivain d’exception.
ROY, Gabrielle, Heureux les nomades et autres reportages 1940-1945, Montréal, Boréal, 2007, 448 p. (Essai)
Au printemps 1939, l’esprit encore habité par son séjour de dix-huit mois en Europe, Gabrielle Roy, qui vient juste d’avoir trente ans, loge dans une chambre du centre de Montréal — « la plus misérable petite chambre qui se puisse trouver en dehors des prisons », se souviendra-t-elle une quarantaine d’années plus tard. Elle a choisi de ne pas retourner au Manitoba, où l’attend pourtant un poste d’institutrice, mais de rester dans la métropole et de gagner sa vie en écrivant. Puis voilà qu’un beau jour du printemps 1940, « une grâce toute spéciale de la Providence » la conduit au bureau de René Soulard, le rédacteur en chef du Bulletin des agriculteurs, magazine montréalais auquel le nom et la plume de Gabrielle Roy vont dès lors demeurer associés pendant plus de cinq ans.
Plus qu’un simple gagne-pain, la collaboration au Bulletin peut être envisagée comme le point de départ du parcours littéraire de Gabrielle Roy, c’est-à-dire à la fois comme un apprentissage décisif et comme une « première consécration […] qui l’oriente définitivement vers l’écriture ». Ayant reçu le mandat de rédiger des reportages sur différentes régions du Québec, elle va s’y consacrer avec beaucoup d’application et mettre au point durant ces cinq années, une vision du monde, une sensibilité et un ensemble de valeurs qui seront par la suite indissociables de son oeuvre : la compassion, l’intérêt pour les minorités culturelles et les colonies, mais aussi la fascination pour le nomadisme et les personnages solitaires ainsi que le goût des paysages et de la géographie. Du point de vue de l’écriture, c’est également en rédigeant ces articles qu’elle va se faire la main et, peu à peu, acquérir un style personnel.
Il n’y a guère d’autre exemple, dans le Québec et le Canada de cette époque, d’une femme pratiquant avec autant de détermination et d’audace l’exigeant métier de reporter, que ses conditions d’exercice réservaient généralement aux journalistes hommes.
En tout, Gabrielle Roy a rédigé, entre 1940 et 1945, quarante reportages pour le Bulletin des agriculteurs, six pour le quotidien montréalais Le Canada et un pour la Revue moderne. Ce livre reprend vingt-huit de ces reportages, choisis pour leurs qualités littéraires, pour leur intérêt historique et documentaire et pour l’éclairage qu’ils jettent sur l’art et la pensée de Gabrielle Roy au moment où elle préparait Bonheur d’occasion.
2008
BLAIS, Marie-Claire, Naisssance de Rebecca à l’ère des torments, Montréal, Boréal, 2008, 304 p. (Roman)
Marie-Claire Blais s’inscrit dans la grande tradition de Virginia Woolf et de William Faulkner, poussant à leurs extrêmes limites les innovations qui avaient fait éclater la forme romanesque au siècle dernier. Le monologue intérieur, chez elle, ne sert plus seulement à traduire chaque nuance, si infime soit-elle, de la conscience des personnages. Il franchit ici les limites des individualités pour se transformer en un vaste concert de l’humanité en proie au plaisir ou à la souffrance. La tragédie humaine, comme elle peut l’être vécue dans le Sud des États-Unis, avec ses tensions raciales et son désir d’échapper aux malédictions de l’histoire, devient ici emblématique de la société de demain, des espoirs et des conflits qui rythment la vie des humains partout sur la planète.
Nous retrouvons ici les personnages que Marie-Claire Blais nous a fait connaître dans ses plus récents romans de la série inaugurée avec Soifs (Boréal, 1995). À la différence des précédents titres, où le monde était une vaste arène où s’affrontaient le bien et le mal, ce combat maintenant se déroule au plus intime de chacun des êtres. Comme seuls les très grands artistes arrivent à le faire, Marie-Claire Blais montre comment l’ombre est indissociable de la lumière, la vie de la mort. Comment, à chaque naissance, c’est le sort du monde qui se joue encore une fois.
L’écriture acquiert également un rythme nouveau, bondissant, électrisant. Tout est musique, tout est danse, pour traduire l’inépuisable jaillissement de la vie. Un rythme irrésistible, comme un coeur qui bat, le coeur du monde.
Par son audace formelle, par son intransigeance, par son emprise sur la réalité la plus contemporaine, cette romancière discrète, qui poursuit avec entêtement une oeuvre sans compromis depuis un demi-siècle, est peut-être, au fond, la plus jeune parmi les écrivains québécois.
Prix du Gouverneur général 2008 (Naissance de Rebecca à l'ère des tourments)
CHEN, Ying, Un enfant à ma porte, Montréal, Boréal, 2008, 160 p.
« La peur de perdre cet enfant me hantait. C’était une peur de moi-même, de mon manque de mérite en tant que mère, du manque d’instinct maternel en moi, je suppose, qui, ordinairement, tire les parents par les cheveux et leur fait jouer ce rôle jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus, jusqu’à leur mort. »
Une femme trouve un enfant sur le pas de sa porte. Recroquevillé, muet. Elle décide de l’adopter et se retrouve soudain investie du rôle de mère. Son mari, ses voisins, ses amis ne la considèrent plus de la même façon. Elle, la première, se sent menacée au plus profond de son être. Ne doit-elle pas désormais consacrer sa vie à combler les besoins de sa progéniture ? N’est-elle pas tout à coup engagée dans une vaste entreprise, sa descendance, qui s’étendra bien au-delà de sa mort, de celle de son fils, mais qui ne peut que provoquer son propre anéantissement ?
Ne se trouve-t-elle pas condamnée, comme la femelle du ver à soie, à mourir, épuisée, après avoir assuré la survie de l’espèce ?
Renversant la perspective qui était celle de son troisième roman, L’Ingratitude, Ying Chen donne ici un livre dérangeant, choquant, scandaleux. Avec une dévorante ironie, elle dynamite les bons sentiments qui encombrent immanquablement les discours au sujet de la maternité.
En montrant l’impossibilité d’être mère, elle révèle au grand jour la tragédie qui se cache au creux de chacun de nos gestes, même les plus banals. En démontrant, au fond, l’impossibilité de vivre, elle nous permet paradoxalement de cerner au plus près ce qu’est cette chose révoltante, insaisissable : la vie
CHUNG, Ook, Contes butô, Montréal, Boréal, 2008, 160 p. (Nouvelles)
Chacun des personnages de ces nouvelles est irrémédiablement unique, irrémédiablement seul, un «monstre de solitude». Cette solitude est parfaitement symbolisée par une image qui couronne tout le recueil, celle de ces stragglers, ces soldats japonais qu’on a retrouvés dans les îles du Pacifique et qui ne savaient toujours pas que la Seconde Guerre mondiale était terminée vingt-cinq ans après l’armistice.Ces personnages sont donc condamnés à occuper tant bien que mal le centre du monde qu’ils ont construit autour d’eux, mais n’est-ce pas là le sort de chacun d’entre nous? «L’écriture acerbe de Ook Chung se nourrit de multiples influences sans pour autant s’égarer sur les chemins de l’hommage ou de l’hermétisme grandiloquent. Voilà peut-être ce qui le distingue de tant d’œuvres publiées au Québec et ailleurs depuis les vingt dernières années et qui, en outre, confirme son effroyable nécessité.» Antoine Tanguay, Le Soleil «… un virtuose de la fabrication littéraire.» Jules Nadeau, La Presse
DAUNAIS, Isabelle, Des ponts dans la brume, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2008, 184 p. (Essai)
Ce livre réunit plusieurs essais, à mi-chemin entre le littéraire et le sociologique, qui posent un regard attentif sur le monde contemporain. Isabelle Daunais s’amuse ici à faire osciller la frontière entre réel et fiction en examinant l’influence que peut avoir la littérature sur notre compréhension du monde. Ainsi, Cervantès, Virginia Woolf et les autres, qui pourtant ont vécu dans un univers qui nous paraît lointain, apportent un point de vue unique sur les enjeux de notre temps. Le Château de Kafka devient un roman de science-fiction dans lequel l’auteur s’est efforcé d’imaginer un monde alternatif : le nôtre. Proust, quant à lui, voit son oeuvre interprétée non plus simplement comme un roman introspectif et intimiste, mais comme une lutte sans relâche contre un «monde sans mémoire ». L’art du roman, tel que présenté ici, devient le moteur d’une réflexion approfondie sur le monde moderne. Au fil des méditations de l’auteur, un portrait de notre époque se dessine. « L’essai tente comme il peut de relier des points épars et de voir, dans les figures qui en découlent, si quelque chemin n’apparaît pas qui permet d’avancer. »
DESJARDINS, Louise, Le fils du Che, Montréal, Boréal, 2008, 176 p.
Alex a presque quatorze ans. Il n’a jamais rencontré son père, ne sait même pas qui il est. Il a été élevé par ses grands-parents, Raoul et Anita, militants de gauche et intellectuels bourgeois. Sa mère Angèle, éternelle étudiante et rêveuse, ne sait trop comment s’occuper d’un ado, surtout depuis qu’elle habite seule avec lui. Il est de plus en plus replié sur lui-même, ne communique avec personne, si ce n’est Lola, une camarade de classe avec qui il entretient une correspondance électronique. Pourquoi son père l’a-t-il abandonné ? Le mouvement Retrouvailles peut-il quelque chose pour lui ?
Comme dans ses romans précédents, Louise Desjardins creuse ici l’univers des relations parents-enfants. C’est, plus particulièrement, un regard doux-amer porté sur ce qu’a légué à ses enfants une génération qui a voulu réinventer la vie. Au-delà du drame familial, on y trouve un regard lucide sur le militantisme des années 70-80 et certains de ses paradoxes. Avec l’économie de moyens qu’on lui connaît, l’auteur de So Long et de La Love poursuit une œuvre forte et personelle.
DOMPIERRE, Frédéric, Presque 39 ans, bientôt 100, Montréal, Boréal, 2008, 272 p. (Récit)
« C’est mon anniversaire demain au milieu des écueils naissants de ma nouvelle vie amoureuse. Assis dans mon salon, au beau milieu de cette vague d’optimisme et en attendant l’inévitable asphyxie, je suis à la veille d’avoir trente-neuf ans, et, ce soir, j’ai eu une manière d’épiphanie de début de fin de vie.
« Je suis d’une génération qui n’a pas su prendre sa place, et qui laisse la sienne quand il en a une. Pas à dire, pour ceux et celles qui sont nés après la mort de Kennedy et avant la première crise du pétrole, on ne peut pas parler d’un groupe qui passera à l’histoire. Ma génération. La X.
Celle qui a aussi fabriqué les pires enfants du monde. »
Ce premier récit de Fred Dompierre est marqué au sceau de la lucidité contagieuse. Faut-il en rejeter la faute au syndrome de la Tourette, dont, paraît-il, souffre le protagoniste ? Toujours est-il qu’il a une extraordinaire propension à appeler un chat un chat.
Portrait d’une génération, portrait, surtout, d’une conscience tourmentée, ballottée entre les affres de la dépression et la révolte bruyante, ne pouvant résister aux sirènes du sexe et de l’alcool, bercée parfois par les mirages de l’amour, Presque 39 ans, bientôt 100, nous fait sourire, nous émeut, nous charme irrésistiblement.
DORAIS, David, Marie-Êve Mathieu, Plus loin, Montréal, Boréal, 2008, 312 p.
Un livre écrit à quatre mains, roman drôle autant que drôle de roman. David et Marie quittent un jour leur maison et partent sur le pouce. Qui sont-ils, quelle relation les lie, quelle raison les incite à partir, que cherchent-ils, quelle destination veulent-ils atteindre, on ne le sait pas. Tout ce qu’on sait, c’est qu’ils sont jeunes, qu’il est clown de son métier, qu’elle fabrique des sent-bon, qu’ils se querellent autant qu’ils s’aiment, et surtout qu’ils sont prêts à attendre des heures au bord des routes qu’un automobiliste veuille bien les prendre à son bord et les conduire un peu plus loin, là où un autre automobiliste inconnu leur fera faire un autre bout de chemin, découvrir un autre morceau du monde, un autre visage de l’humanité et, peut-être, une autre portion d’eux-mêmes. Et c’est ainsi, d’un lift à l’autre, c’est-à-dire au fil du hasard le plus pur, que passent les saisons, que se déroulent les paysages, que se multiplient sans logique apparente les aventures les plus cocasses, mettant en scène des personnages tantôt loufoques, tantôt touchants, et que David et Marie, comme deux modernes chevaliers errants, poursuivent leur quête dont ils ignorent l’origine et la fin, mais à laquelle ils ne sauraient renoncer sans trahir ce qu’ils ont en eux de plus précieux.
Mais qu’est-ce donc qui les pousse ainsi, chaque matin, à se mettre au bord de la route, à lever le pouce, et à se livrer corps et âme au premier venu, dans un monde qui tout ensemble les fascine et les remplit d’effroi ? Qu’espèrent-ils, qu’espérons-nous tous trouver « plus loin » sur la route ? Nul ne le sait, et pourtant le voyage continue.
Don Quichotte, Jacques le Fataliste, Sur la route, Volkswagen blues : les meilleurs romans ne racontent souvent rien d’autre que des voyages sans but, entrepris sans raison précise, par des personnages dont on ne sait ni d’où ils viennent ni où ils vont, ni qui ils sont, ni pourquoi ils ont pris la route. Leur errance les conduit à travers un monde rempli de péripéties et de rencontres inattendues, où les épisodes succèdent aux épisodes sans lien apparent, où tout paraît à la fois gratuit et chargé de sens. Et c’est pourquoi ces romans, si simples ou si échevelés qu’ils paraissent, ressemblent tant à la vie elle-même, au désordre, aux surprises et à l’énigmatique beauté de la vie.
FOLCH, Ribas, Jacques, Les pélicans de Géorgie, Montréal, Boréal, 2008, 152 p.
Savannah, la plus belle ville des États-Unis. Le secret le mieux gardé du Deep South. On se croirait au temps jadis : vérandas fleuries, palmiers couverts de lierre et de fleurs, magnolias géants, grands chênes coulants de mousse jusqu’au sol.
Le protagoniste de ce roman y a rendez-vous avec un client important, un puro, un véritable amateur, un amoureux, un collectionneur, l’homme atteint par le virus de la rareté, voire de l’exclusivité. Au point où l’authenticité des tableaux qu’on lui propose ne le préoccupe guère, pourvu qu’il soit le seul à posséder l’objet qu’il convoite. Exactement le genre de client qu’on ne laisse pas passer quand on est un artiste assez doué pour reproduire le coup de pinceau d’un Matisse ou d’un Chirico.
Il y retrouve aussi Marie, connue ici sous le nom de Maary. Il a rencontré Marie à la fac d’architecture, à Paris, juste après la guerre. Puis il l’a perdue. C’est dans un club miteux de Savannah qu’il l’a retrouvée ; elle est tenancière d’une maison où de jeunes femmes se dénudent pour le plaisir de la clientèle masculine. Autour de Maary gravitent une poignée d’hommes prêts à lui sacrifier leur vie, tout comme le pélican, l’emblème de la Géorgie, est prêt à labourer ses propres chairs de son bec pour nourrir ses petits.
Celle avec qui il n’avait pas rendez-vous, c’est Ada. La chauffeuse de taxi, l’odalisque noire qui va au temple tous les dimanches chanter le gospel. C’est néanmoins devant elle qu’il passe des heures, fasciné, cherchant lui aussi à posséder cet objet unique, à dessiner la courbe toujours changeante de son cou, à rendre l’éclat de sa peau. Sans jamais y parvenir. Jacques Folch-Ribas donne ici un roman d’atmosphère. Un récit qui a la nonchalance entêtante d’un air de jazz, la couleur mordorée d’un vieux bourbon. À travers les méandres d’une réflexion sur l’art, le mensonge, l’insondable mystère des êtres
JACOB, Suzanne, Histoires de s’entendre, Montréal, Boréal, 2008, 148 p. (Essai)
«Être est une activité de fiction, ça veut dire qu’on ne peut penser et parler, penser et transmettre, penser et agir que grâce à la puissance fictionnelle de la langue elle-même et qu’on invente sa vie avec la fiction de la langue. Si nous pouvions, comme espèce humaine, intégrer cette petite chose si simple, nous ne verrions plus jamais ce que nous pensons ni ce que nous croyons de la même manière. Mais l’appareil narratif qui nous sert à créer nos histoires ne veut pas de cette petite chose très simple. C’est une idée qui l’empêche de fonctionner comme il sait devoir le faire pour la survie et le maintien de l’espèce. Nous ne pouvons pas reconnaître la nécessité de croire à nos propres histoires et nous tombons toujours des nues lorsque nous entendons parler des croyances des autres. Nous nous voyons comme des êtres affranchis de toute croyance à un moment où notre foi à l’imminence d’une réponse technologique définitive à la souffrance, à la maladie et à la mort est plus forte que jamais. Chaque individu, puis chaque groupe d’individus, ne peut survivre sans les fictions qui le constituent, qui lui permettent d’entreprendre de génération en génération ses versions du monde.»
D’où viennent les histoires? Comment naissent-elles? Que faut-il faire pour que nous les entendions résonner en nous? À ces questions à la fois très simples et infiniment complexes, Suzanne Jacob propose des réponses à sa manière : subtiles, émouvantes, écrites dans une langue dont la sensibilité et l’amitié convainquent.
“Un livre brillantissime! Un hybride entre essai et récit absolument passionnant. C'est une démarche très cérébrale, très intellectuelle, mais en même temps c'est très sensuel et très drôle. Ce livre est un appel, ou un rappel, qu'il faut être présent à tout ce qui est en nous et en-dehors de nous.” Christine Brouillet - Radio-Canada/Vous m'en lirez tant
« Suzanne Jacob, tout au cours de cet essai, fait ressortir la force inconnue de cette capacité à s’enrichir d’histoires. Les exemples sont nombreux, personnels, à décrire des interprétations tout à fait différentes d’événements similaires. » Manon Guilbert - Journal de Montréal
LALONDE, Robert, Que vais-je devenir jusqu’à ce que je meure ?, Montréal, Boréal, 2008, 160 p.
« Si Robert Lalonde ouvre un peu les portes du collège de son adolescence, c’est pour ouvrir grandes celles de la zone fragile qui sépare l’enfance de l’âge adulte […]. Il signe l’un de ses meilleurs titres, qui remue le lecteur dans les profondeurs de ce qu’il est.»
Tristan Malavoy-Racine, Voir
« Robert Lalonde, avec une écriture volontairement malaisée qui traduit bien la difficulté de vivre, a écrit les pages qui fondent l’histoire de tous ses personnages. Voici donc la pierre angulaire, tard venue, de son œuvre romanesque. »
Réginald Martel, La Presse
KATTAN, Emmanuel, Nous seuls, Montréal, Boréal, 2008, 232 p.
Les femmes qu’il avait connues, celles dont il aurait voulu être aimé, lui paraissaient maintenant sans vie, sans saveur. Il se demandait comment il avait pu les trouver belles, comment il avait pu les croire si séduisantes. Il tentait de se rappeler leurs visages et se rendait compte maintenant à quel point ils étaient fades, figés dans l’anticipation du plaisir. Le visage de Judith, au contraire, était toujours changeant, il ne se laissait pas absorber par le regard. Antoine l’observait, assise par terre, le dos contre le canapé, plongée dans un roman policier. Calme, son visage semblait sans cesse sur le point de se muer en une nouvelle expression, comme si, inaccessible au désir, il produisait à chaque instant l’instant de sa présence. Même immobile, il contenait une mer de mouvement, comme une plante dont un film en accéléré révélerait toutes les infimes évolutions. Antoine n’avait pas envie de l’embrasser ni de la toucher, il se laissait aller à la contempler, comme hypnotisé. Il avait le sentiment que ce visage sur lequel glissait son regard contenait tout son avenir.Judith et Antoine, ont connu, un bref moment, l’amour. Puis, tout bêtement, sans trop savoir ni pourquoi ni comment, ils se sont perdus. Neuf ans plus tard, ils se retrouvent et tentent de revivre comme avant.Ils rêvent de réécrire leur histoire, de brûler les souvenirs qui les déchirent. Mais chacun est obsédé par le passé de l’autre. Le beau rêve se transforme peu à peu en une prison, en une folie à deux, où le lecteur lui-même se trouve irrésistiblement entraîné. Leur délire devient le nôtre, leur jalousie nous taraude. Leur folie meurtrière sert de fil conducteur à ce roman noir, mené de main de maître par un auteur qui sait trouver les mots justes pour décrire aussi bien les intermittences du coeur que le caractère absolu, létal, de la passion.
LAFERRIÈRE, Dany, Je suis un écrivain japonais, Montréal, Boréal, 2008, 272 p.
Il vit à Montréal, il lit Mishima et Basho, il drague des japonaises, il passe sa journée au café, il projette d’écrire un roman ou de faire un film, mais plus particulièrement un roman ou un film à la manière des maîtres japonais.
C’est ce qu’il raconte à une journaliste japonaise en tournée dans la métropole québécoise, et c’est ainsi que le scandale éclate à Tokyo. Comment peut-on, quand on vit à Montréal, se prendre pour un écrivain et un cinéaste japonais ? Jusqu’à son éditeur, qui l’appelle pour lui dire son mécontentement de ne pas avoir reçu ce roman qui l’a déjà rendu célèbre sur les rives du Pacifique.
Dany Laferrière est ici plus que jamais fidèle à lui-même. Fête de l’intelligence et des sens, Je suis un écrivain japonais est une célébration de la littérature et du plaisir, des femmes et des écrivains, dans l’ordre et dans le désordre.
LEPAGE, François, Le Dilemme du prisonnier, Montréal, Boréal, 2008, 160 p.
Comment saisir le mystère des trajectoires humaines? Comment régler notre conduite dans un monde désormais si complexe?
Il y a des réponses faciles à ces questions, comme la religion, qu’embrasse aveuglément Ahmed Morghad, ou l’écologie, cette nouvelle religion, qui séduit Laetitia, ou bien encore la criminalité la plus abjecte, qui sacrifie tout à l’intérêt personnel, comme la pratique Pierre Maurice.
Martin Benoît, jeune et brillant universitaire a, pour sa part, choisi une voie plus complexe. Après avoir découvert la puissance de la théorie des jeux et le fascinant «dilemme du prisonnier», il croit pouvoir répondre à cette interrogation cruciale : quels comportements individuels font des sociétés harmonieuses et stables ? Sa réputation intellectuelle l’amène à parcourir le monde et tout va bien jusqu’au jour où aux frontières du Canada, une douanière, qui porte des pantoufles Snoopy, l'arrête au poste de Lacolle.
Mais pour comprendre le comportement humain, il y a aussi l’art romanesque, que François Lepage pratique ici avec un plaisir communicatif, en donnant à son intrigue rocambolesque toute l’élégance d’une démonstration mathématique. Se plaçant sous l’égide de Philippe Muray, il nous offre un roman mordant, grinçant, qui nous tient en haleine du début à la fin et tord le cou, en passant, à tout ce qui peut ressembler à de la rectitude politique.
Quant à savoir comment il est possible qu’une représentante officielle de Douanes Canada soit chaussée de telle manière pendant l'exercice de ses fonctions, il vous faudra lire le roman pour l’apprendre.
MEUNIER, Stéphani, Et je te demanderai la mer, Montréal, Boréal, 2008, 184 p.
Depuis Au bout du chemin (Boréal, 1999), Stéfani Meunier construit une œuvre dont chaque livre marque un approfondissement de son art. En 2007, Ce n’est pas une façon de dire adieu, retenu parmi les finalistes du Prix des collégiens, est venu confirmer non seulement son talent, mais aussi le fait qu’elle se gagnait peu à peu un lectorat fidèle.
Après avoir quitté sa femme et son fils, Dan fait l’acquisition d’un motel. Il voit arriver un jour deux êtres étonnants : une femme marquée par la vie et manifestement sous l’emprise de l’alcool, et son fils, à peine un adolescent, pour qui Dan se prend d’une soudaine affection. Entre l’homme et le garçon se tisse une profonde complicité au fil d’étonnantes conversations sur les monstres marins : mégalodons, requins pèlerins et autres créatures étranges qui hantent la zone crépusculaire de nos océans. Bientôt, toutefois, ces nouveaux clients apporteront beaucoup plus à Dan que le lot de malheur qu’il avait d’abord pris pour leur seul bagage.
Avec ce nouveau roman, Stéfani Meunier franchit une étape majeure dans sa carrière d’écrivain. Jamais encore n’avait-elle été si à l’aise dans le développement d’un récit. Jamais n’avait-elle réussi, avec l’économie de moyens qui caractérise son écriture, à donner vie à des personnages si nuancés, si vrais. Des personnages qu’elle ne juge jamais, mais qui déploient tranquillement sous nos yeux toute leur humanité. Malgré la retenue de son style, on ne peut véritablement parler de minimalisme au sujet de Stéfani Meunier, car elle n’a jamais peur de faire appel à l’émotion. Mais il s’agit d’une émotion qui n’est jamais facile, toujours dosée avec une extraordinaire maîtrise.
Dans Et je te demanderai la mer, elle se permet même quelques digressions, luxe suprême du romancier. Si elle semble parfois s’éloigner du fil de son récit, nous la suivons quand même, enchantés par le pur art de la narration, par le charme irrésistible de ses personnages.
PAPINEAU, Véronique, Petites histoires avec un chat dedans (sauf une), Montréal, Boréal, 2008, 184 p. (Nouvelles)
Ils s’étaient rencontrés de la manière la plus dangereuse qui soit. Ils s’étaient rencontrés à 120 km/h sur l'autoroute. Ils s'étaient rencontrés en excès de vitesse. Elle transportait une grosse mouche dans sa voiture depuis Ottawa, lui venait tout juste de syntoniser une chanson des Stones à la radio. Elle avait dépassé sa Mazda rouge et avait jeté un coup d’oeil à l’homme qui conduisait, comme elle se trouvait à sa hauteur. Il l’avait vue le regarder. Il l’avait trouvée jolie et avait décidé de la redépasser. Cette fois-là, elle avait pris le temps de lui glisser un sourire. Elle l’avait suivi de près pendant quelques minutes, attendant la suite. Puis, il s’était mis à ralentir, à descendre sous les 110 km/h. Elle avait enclenché son clignotant et s’était rangée sur la voie de gauche. Avec un gros marqueur noir, il avait inscrit un numéro de téléphone sur une feuille qu’il étampait maintenant dans sa vitre. Elle avait farfouillé dans son sac à la recherche de son cellulaire, avait composé le numéro.
L’art de la légèreté. Le coup de griffe qu’on n’a pas vu venir, la caresse qui déchire, le don de toujours retomber sur ses pattes. Un écrivain qui écrit des nouvelles se doit de partager de nombreuses qualités avec le chat.
Dans ce premier livre, Véronique Papineau révèle une maîtrise hors pair. Qu’elle raconte l’histoire d’amants qui rompent par la poste, la solitude de la vie de bureau, la fugue de deux adolescents dans la grande ville, chacune de ces scènes de la vie contemporaine prend un relief inattendu. Rien ici de banal : tout comportement est soumis au regard de cette fine observatrice et raconté avec un ton unique qui fait les vrais écrivains
PROULX, Monique, Champagne, Montréal, Boréal, 2008, 400 p.
Dans Les Aurores montréales, Monique Proulx nous a en quelque sorte donné le livre définitif sur la ville. Elle a su y rendre, de façon inégalée, le paysage urbain et toute la faune qui s’y agite. Ce nouveau roman pourrait bien être le livre définitif sur la campagne – sur la « champagne », ainsi qu’on désignait au Moyen Âge tout territoire s’étendant hors de la ville.
Avec cette écriture ferme, exacte, chatoyante qu’on lui connaît, Monique Proulx fait éclater sous nos yeux la magie d’un royaume épargné par le développement. Autour d’un lac mythique, au coeur d’une forêt inaltérée, les chevreuils, des écureuils, des insectes et des chanterelles sont les personnages réels de cette histoire sur la vie qui s’échappe, sur l’impermanence de toute possession. Les personnages humains n’en sont pas moins fascinants, réfugiés dans la célébration de la beauté, rejoints malgré eux par la tourmente.
Il y a Lila Szach, venue d’un autre âge et d’un autre continent, qui possède la quasi-totalité du territoire et la défend farouchement contre les prédateurs. Il y a Claire, qui tente de tenir en équilibre la réalité et l’imaginaire. Il y a Simon, résolu à aimer tout ce qui est vivant. Il y a le petit Jérémie, sur qui plane les menaces, et d’autres qui viendront joindre leur pas à cette chorégraphie cosmique – la jeune Violette, qui fuit l’horreur suprême, les Clémont, prédateurs de père en fils, Marianne, la citadine irréductible, Marco, le père-enfant.
La beauté réussira-t-elle à sauver le monde ? Voilà la question, pressante, qui résonne à travers tout ce roman. Quelle qu’en soit la réponse, la sagesse ne nous ordonne-t-elle pas de goûter sans tarder la salutaire ivresse que procure cette beauté, comme le font les personnages de ce roman et comme Monique Proulx sait si bien nous la faire partager ?
QUIVIGER, Pascale, La maison des temps rompus, Montréal, Boréal, 2008, 240 p.
«Ma maison est aussi proche de la mer qu’une maison peut l’être avant de devenir un bateau. »
Par un lumineux jour de printemps, une jeune femme trouve la maison de ses rêves. Entourée d’un petit jardin luxuriant d’une effarante beauté, la maison regarde la mer de son unique fenêtre semblable à un œil écarquillé.
Elle décide d’y emménager. Mais comment se fait-il que le paysage se transforme et que ses proches n’arrivent pas à trouver le sentier qui y mène ?
Dans sa solitude, la jeune femme se remémore une histoire d’amitié intense unissant deux êtres aux noms de lumière : Lucie et Claire. Entremêlant la vie quotidienne à l’imaginaire, elle dessine toute une galerie de visages de femmes : mère, fille, sœur, aide, confidente. Chacune est reliée aux autres par des liens complexes. Chacune est une incarnation singulière des raisons que nous avons de désespérer et de combattre, d’aimer et de rêver, d’accueillir et de porter secours.
ROY, Alain, L’impudeur, Montréal, Boréal, 2008, 272 p.
Qu’est-ce que l’impudeur? Chose certaine, elle est liée à la beauté. Ici, la beauté sublime du corps de Vanessa, autour de qui s’allument les désirs de tous. À tous, cependant, Vanessa échappe immanquablement, sauf à Antoine, qui seul réussit à la posséder. Mais la possède-t-il vraiment ? Quelqu’un peut-il posséder Vanessa ? Car Vanessa écrit, et pour cela garde farouchement son secret. Comme le gardent aussi, l’un pour l’autre, l’ami d’Antoine, Xavier, et la dame mystérieuse avec qui il poursuit sur le Web un entretien plein de jolies phrases et de sous-entendus. Qu’est-ce que l’impudeur?
Chose certaine, elle prend à notre époque, dans le petit milieu que fréquentent et dont se moquent allégrement les amis Antoine et Xavier, des couleurs particulières, inattendues, qui donnent à leur existence un tour à la fois burlesque et pathétique, né de cet aveuglement que suppose le simple fait de vivre, de penser, d’aimer.
Dans une prose élégante et limpide, Alain Roy compose un roman plein de surprises et de rebondissements, où l’analyse psychologique et les considérations philosophiques, l’humour et la poésie, la satire sociale et le récit amoureux s’entremêlent avec un rare bonheur, offrant au lecteur un tableau à la fois attentif et ironique des conditions dans lesquelles quelques jeunes gens, encore à la recherche d’eux-mêmes, essaient tant bien que mal de réaliser leurs désirs sans se laisser emporter par l’impudeur universelle.
2009
ARCHAMBAULT, Gilles, Nous étions jeunes encore, Montréal, Boréal, 2009, 168 p.
Un homme. Une femme. Un défunt. Leur jeunesse est loin derrière eux. L’homme s’appelle Pierre-André; il a publié des romans pour happy few mais n’entretient aucune illusion sur la pérennité de son œuvre. Sa femme, Marthe, avec qui il ne vit plus depuis des années, a été journaliste politique; elle aussi a passé l’âge des vanités et des désirs. Entre eux se tient Maxime, qui vient de mourir; il a été depuis toujours l’ami de Pierre-André, pendant dix ans l’amant de Marthe. Un peu à l’écart, pour faire contrepoint, deux jeunes gens : Éloïse, la fille de Marthe et Pierre-André, et Philippe, romancier en herbe, confident et admirateur de ce dernier. La matière centrale du roman tient en un seul jour (celui de la mort de Maxime), en un seul lieu (l’appartement de Marthe) et en une seule « action », qui à vrai dire n’en est pas une. C’est plutôt la longue, l’inépuisable remémoration, à travers les paroles, les silences et les petits gestes d’affection que s’échangent Marthe et Pierre-André, de tout ce qui dans leur passé – et dans leur lien avec le défunt – les a unis et éloignés, meurtris et ravis, et a fait d’eux ces êtres à la fois vibrants et désenchantés pour qui la vie maintenant s’achève, leur laissant un sentiment mêlé de victoire et d’échec, d’inutilité et d’inoubliable beauté.
AWUMEY, Edem, Les pieds sales, Montréal, Boréal, 2009, 160 p.
Askia erre dans les rues de Paris au volant de son taxi. Une nuit, il cueille une jeune femme, Olia, qui croit reconnaître sur son visage les traits d’un homme qu’elle a photographié autrefois. Et si c’était Sidi Ben Sylla, son père ? Ce père qui a précédé Askia dans le Nord, il y a si longtemps. Ce père à qui il rêvait toutes les nuits, enfant, et dont il voudrait tant faire la connaissance. Askia continue, même à Paris, de subir la malédiction, celle qui a toujours plané sur sa famille condamnée à l’errance. De Nioro, au Sahel, chassés par la sécheresse, par la faim, parcourant les routes sous l’œil méfiant de villageois qui ne voulaient surtout pas voir ces pieds sales s’arrêter trop longtemps. Le voyage trouvera un terme pour Askia, mais pas avant de l’avoir ramené au dépotoir des Trois-Collines, dans la ville tropicale où il s’était arrêté avec sa mère, et où il s’amusait à torturer, avec ses compagnons enfants, ces chiens qu’il n’aimait pas, surtout celui du père Lem, nommé Pontos.
BISMUTH, Nadine, Êtes-vous mariée à un psychopathe?, Montréal, Boréal, 2009, 232 p. (Nouvelles)
« Nous sommes partout. Au bureau, à l’épicerie, dans l’ascenseur, sur les ponts, dans nos voitures, dans le métro, sur nos balcons, à vélo, à la banque, à l’aéroport. Que nous soyons diplômées, autodidactes, brunes, rousses, minces, grosses, bijoutières, fonctionnaires, avocates ou animatrices à la radio, ça ne change rien à l’affaire : nous sommes célibataires.« Déesses, nous rendions les dieux de l’Olympe complètement fous ; sirènes, nous faisions perdre le nord aux héros de la mer. Mais ça s’est détraqué : nous sommes devenues des vierges, des sorcières, des nonnes, des courtisanes, des gouvernantes, des tuberculeuses, des filles mères et des vieilles filles à chats. Aujourd’hui, nous inspirons des romans à l’eau de rose et d’autres à saveur comique (haha), des films aux décors urbains, des séries télé diffusées à heure de grande écoute, des ouvrages de croissance personnelle, des blogues, des noms de martinis, mais par-dessus tout, nous inspirons de la pitié : nous sommes douces et gentilles, ma foi souvent même jolies, nous sommes drôles et intelligentes, alors, bon sang, qu’est-ce qui cloche ? Pourquoi sommes-nous seules ? Si vous trouvez la réponse, de grâce, dites-le-nous, car notre psy commence à nous coûter cher. »Dix ans après avoir publié Les gens fidèles ne font pas les nouvelles, Nadine Bismuth revient au genre qui l’a fait connaître, sans avoir rien perdu de son punch, au contraire. Elle nous donne dans ce nouveau recueil une série de tableaux de la vie contemporaine où la finesse de l’analyse n’a d’égale que le plaisir communicatif qu’elle prend à croquer ses modèles
BOUCHARD, Gérard, Uashat, Montréal, Boréal, 2009, 328p
Étudiant d’origine modeste, sans le sou, Florent Moisan a accepté une offre de stage parmi les Indiens de Uashat, tout près de Sept-Îles. Il s’y retrouve un jour d’avril 1954, avec le mandat de dresser un tableau des familles de la Réserve. Il s’attend à un été studieux et paisible qui convient à sa nature fragile et timide. Mais dès son arrivée, c’est le choc. Quel étrange milieu ! Qui sont donc ces gens ? Ils ne ressemblent en rien aux « Sauvages » dont on lui a parlé à la petite école, et encore moins aux Blancs qui viennent peupler la ville industrielle voisine alors en plein essor.
Chaque porte que Florent réussit à ouvrir dévoile une réalité insoupçonnée, déroutante. Alors qu’il se voyait en observateur détaché, il devient malgré lui un acteur important et maladroit dans un enchaînement d’épisodes qu’il comprend mal. Rien ne se déroule comme il l’avait prévu.
À travers le regard attentif et innocent de Florent, Gérard Bouchard met en scène dans ce roman la rencontre tragique de deux sociétés. Celle du Québec des années 1950, aux prises avec des tensions qui l’obligeront à se réinventer. Et celle de Uashat, menacée de disparition, animée elle aussi par une sourde révolte, mais qui, celle-là, n’aura rien de tranquille.
CHARRETTE, Nicolas, Jour de chance, Montréal, Boréal, 2009, 232 p. (Nouvelles)
La vie n’est pas tendre pour les protagonistes de ces nouvelles. On dirait qu’il y a toujours quelque chose qui leur glisse entre les doigts. C’est pourquoi ils rêvent tous de leur jour de chance. Ce jour, c’est celui où les bonnes cartes tomberont entre les mains du joueur de poker, ou sur la table de la diseuse de bonne aventure, c’est le jour où on pourra dire adieu à celui ou à celle qui nous a quitté, le jour où on se fera faire le tatouage dont on rêve depuis si longtemps, où on verra la mer pour la première fois, le jour où on cessera de prendre des résolutions, où on commencera à vivre vraiment.Dans ce premier recueil de nouvelles, Nicolas Charette se révèle un subtil observateur de la condition humaine. Chaque nouvelle est une fenêtre ouverte sur l’envers du décor, une traversée de l’autre côté des apparences. Et chaque fois, au moment exact où les protagonistes ont la révélation de ce qu’ils pourraient être, nous nous disons, nous aussi, que la vie, c’est peut-être au fond tout autre chose que ce que nous vivons.
COURTEMANCHE, Gil, Le monde, le lézard et moi, Montréal, Boréal, 2009, 232 p.
Il s’appelle Claude. Il est né à Montréal, pas très longtemps après la crise d’Octobre. Il a grandi loin de la grande rumeur du monde, soucieux seulement de répondre aux attentes de ses parents qui voulaient son bien. Pourtant, le monde a réussi à l’atteindre. À la télé, à l’école, il a entrevu l’injustice, l’horreur, là-bas, loin des barbecues estivaux et de la décoration Ikea.
Et Claude est devenu juriste, analyste à la Cour pénale internationale de La Haye. Il contribue par son travail à instruire un procès criminel contre un chef de guerre congolais qui embrigade des enfants pour en faire des tueurs, des violeurs. Jusqu’au jour où ce Kabanga, à cause d’un vice de procédure, est relâché et renvoyé dans son pays.
Claude démissionne et entreprend de traquer l’homme, dont il sait la culpabilité. Ce rêve de justice qui l’obsède depuis l’enfance, il a décidé de le réaliser dans l’action. Mais une fois qu’il aura rencontré ces êtres de chair et de sang, bourreaux ou enfants soldats, que restera-t-il de ses idéaux?
Dans ce troisième roman, Gil Courtemanche montre plus que jamais un styliste hors pair, trouvant toujours le mot, le rythme, la couleur exacte, cet équilibre entre détachement et compassion qui nous permettent de partager avec ses personnages leurs moindres émotions. Un roman bouleversant.
D’AMOUR, Francine, Pour de vrai, pour de faux, Montréal, Boréal, 2009, 192 p. (Nouvelles)
« Démêler le réel de la fiction » : tel est, entre autres, le propos de ces nouvelles, toutes précédées ou suivies de préambules ou d’apostilles qui tentent de raconter pourquoi et comment elles ont été écrites, « si tant est que faire se peut », bien entendu. Une reconstitution de la genèse de l’écriture, ponctuée de clins d’œil aux œuvres précédentes, un making of littéraire en quelque sorte.
Dix nouvelles qui interpellent six personnages, au point où certains prennent à leur tour la plume ou la parole. Ainsi en va-t-il du « Bouchon », dont le héros, un ado persifleur, prisonnier de la Caravan familiale, est témoin d’une violente querelle conjugale. Ou de la narratrice de « La Chapelle », qui donnera des nouvelles de son cancer à Madame la Marquise, sa psy, dont la théorie du « lâcher prise » (c’est-à-dire envisager le pire et l’accepter) a contribué à alimenter sa peur.
Peur de l’abandon. Des attentats terroristes. De la souffrance. De la mort. Grosses peurs. Et petites peurs. Peur des chiens. Des chauffards. Des trottoirs verglacés. Peurs et combats. Contre la maladie, les fous d’Allah, les matous envahissants
HAMELIN, Louis, Betsi Larousse ou l’ineffable eccéité de la loutre, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2009, 316 p. (Roman) [XYZ, 1994]
Il suffit d'un rien pour que notre vie soit changée. Par exemple, qu'un orignal atterrisse sur la banquette avant de notre auto après avoir fracassé le pare-brise. Imaginez que, la fois suivante, ce soit Betsi Larousse, la starlette du clip, l'idole de l'heure, qui se retrouve assise à la même place. Betsi Larousse ou l'ineffable eccéité de la loutre est un roman résolument américain par le ton, la démesure et surtout par cette pureté, cette naïveté, cette grandeur qui sont les marques les plus profondes et les plus visibles de cette flambante Amérique.
HAMELIN, Louis, Cowboy, Montréal, Boréal, 2009, 480 p.
Quand Gilles a quitté Montréal pour les régions nordiques du Québec, c’était la tête pleine de clichés et de paysages baignant dans l’innocence originelle. Mais Grande-Ourse, ce village au bout de la voie ferrée où il échoue, pue la bière, la crasse et la haine. C’est Cowboy, un Amérindien, qui va initier Gilles aux patientes rancœurs entre races, aux violences taciturnes. Jusqu’à l’entraîner dans la tourmente.
« Avec cet authentique roman d’action, ce trépidant western made in Québec, on ne peut plus en douter : la carrière de Louis Hamelin est partie au galop. Et bien malin qui saura l’arrêter. » Marie Claude Fortin, Clin d’œil
« Cowboy est une œuvre puissante, comme il en paraît peu. M. Hamelin […] s’affirme encore une fois comme romancier de premier plan, capable de soutenir un rythme et un style percutants, capable aussi d’absorber des réalités ethnographiques complexes et de leur donner un sens.» Réginald Martel, La Presse
LALONDE, Robert, Iotékha, Montréal, Boréal, 2009, 168 p. (Carnets)
Dans ces carnets, Robert Lalonde saisit un souvenir d’enfance, un moment de son travail d’acteur ou d’écrivain, une phrase lue, une image, pour faire une plongée vertigineuse dans le temps qui passe et qui transforme tout. Il se livre ici à une méditation intimiste, à la fois grave et lumineuse, où il conjugue tout ce à quoi il est passionnément attaché : les livres, le théâtre, la vie sauvage, le geste d’allumer une cigarette.Un livre d’auteur, d’écriture, des pages d’une beauté incroyable, tellement bouleversantes […] C’est extraordinaire, quel livre magnifique ! Chantal Jolis, Radio-Canada
Tout au long des pages d’Iotékha’, l’auteur effectue d’innombrables et fascinants allers-retours, entre l’intime et l’universel, entre son passé d’enfant seul […] et son présent d’aspirant sage pris de passion « pour l’art de voir et pour les humains qui voient ». […] Des pages éclairantes. Marie-Claude Fortin, La Presse
LALONDE, Robert, Un cœur rouge dans la glace, Montréal, Boréal, 2009, 248 p. (Nouvelles)
Avec le merveilleux Espèces en voie de disparition, Robert Lalonde nous avait donné un recueil de nouvelles d’une très forte cohérence, agencées pour former un tout qui se distingue aussi bien par la matière que par la manière. Dans Un cœur rouge dans la glace, il poursuit cette exploration des formes narratives, en nous proposant cette fois trois courts romans – ou trois longues nouvelles – réunis dans un seul livre. Trois histoires indépendantes, complètes en elles-mêmes, mais toutes les trois traversées par les mêmes échos. Chacun de ces brefs road novels raconte une errance, une quête, un chemin que parcourent les personnages à la recherche d’un fantôme, d’un être désiré, perdu. Chacun raconte le combat contre le malentendu, contre le temps, contre tout ce qui nous sépare de ceux qu’on aime, de ce qu’on aime, qui brille comme un cœur rouge dans la glace.Trois histoires que réunit l’écriture souveraine de Robert Lalonde.
«Un cœur rouge dans la glace regorge de petits bijoux d’écriture. J’ai été totalement hypnotisée. J’ai retrouvé le Robert Lalonde que j’aime depuis longtemps. Je suis ravie. C’est une nécessité de lecture !» Lorraine Pintal, Radio-Canada/Vous m’en lirez tant
«Robert Lalonde explore les chemins sinueux de la quête à travers trois novelles. Outre la déviation des trajectoires propre aux personnages de Lalonde, la poésie se fraie ici une place de choix, laissant au lecteur le soin de découvrir une nouvelle et jouissive facette de l’écrivain.» Jade Bérubé, La Presse
En 2009, il nous offrait deux novellas réunies dans Un cœur rouge dans la glace
LARUE, Monique, L’œil de Marquise, Montréal, Boréal, 2009, 384 p.
Voici le roman de Marquise Simon, née Cardinal. Sa naissance entre deux frères ennemis, envers qui elle se sent également liée et étrangère, sa jeunesse dans le Montréal des années 1960, son expérience de l’amitié et de l’amour, ses rencontres et ses réflexions ont fait d’elle une femme à l’identité partagée, un être de la lucidité et de l’interrogation, de la distance et de l’empathie.
Voici, également, le roman du monde où nous vivons : situé au Québec, à Montréal, dans les années qui vont de ce que Marquise appelle le DRIPQ (Deuxième référendum sur l’indépendance politique du Québec) à aujourd’hui. Voici le tableau le plus précis, le plus coloré et le plus juste de l’extraordinaire métamorphose par laquelle une société jadis si tranquille et si homogène s’est transformée en cette vaste tour de Babel où les langues, les cultures, les moeurs, les valeurs se mêlent, se heurtent, se défont et se refont pour composer cette humanité nouvelle, pleine de surprises, de conflits et de synthèses inattendues.
Voici, en somme, un roman d’amour qui est en même temps un roman familial, un roman d’aventures qui est en même temps un roman social, un roman de l’existence qui est en même temps un roman de l’époque. Bref, voici un roman d’une richesse, d’une diversité et d’une beauté telles qu’il ne s’en écrit que quelques-uns au cours d’une décennie.
LAFERRIÈRE, Dany, L’énigme du retour, Montréal, Boréal, 2009, 296 p.
Un jeune homme de vingt-trois ans a quitté son pays de façon précipitée. Un homme épuisé y retourne, trente-trois ans plus tard. Le jeune homme est passé de l’étouffante chaleur de Port-au-Prince à l’interminable hiver de Montréal. Du Sud au Nord. De la jeunesse à l’âge mûr. Entre ces deux pôles se trouve coincé le temps pourri de l’exil.
MARCOTTE, Gilles, La littérature est inutile, Montréal, Boréal, 2009,240 p.
« Les œuvres dont il sera question dans ce livre font partie de la littérature québécoise. Il ne s’agit ici ni d’une “deffense et illustration”, selon la formule célèbre de du Bellay, ni d’un essai de caractère historique, où les œuvres seraient mises en relation avec le développement d’une nation, d’une société. Mon propos est différent, même si la réunion d’œuvres parues dans le même espace géographique ne peut que suggérer des perspectives historiques, des relations entre texte et société. J’ai voulu plutôt que les œuvres, les écrivains que je présente ici le soient pour eux-mêmes, en eux-mêmes, sans être conscrits par une sorte de développement collectif. Ce n’est donc pas une thèse qu’on lira, bien que les petites idées que j’entretiens sur la littérature s’y frayent forcément un chemin. Je n’ai pu me retenir, aussi bien, pour aérer un peu l’ensemble, de constituer des ensembles flous, suscités par des rencontres de diverses sortes, amicales si l’on veut, et de m’évader parfois dans quelques images de la vie littéraire. » - Extrait de la préface
MONTPETIT, Caroline, L’enfant, Montréal, Boréal, 2009, 136 p. (Nouvelles)
L’enfant nous bouleverse toujours. Qu’il soit à nous ou à quelqu’un d’autre. Qu’il soit entouré des soins inquiets de ses parents ou qu’il soit abandonné. Qu’il nous arrive ou qu’il nous soit arraché. Dans tous les cas, l’enfant nous bouleverse.
Dans ces nouvelles, Caroline Montpetit nous parle des enfants d’ici et d’ailleurs, riches ou pauvres. Des histoires finement ciselées, concises, qui nous vont droit au cœur. Ce n’était pas la première fois que Leila abordait l’épineuse question de l’identité de son père avec Hélène. En fait, cette interrogation avait surgi entre elles dès que Leila avait eu l’âge de raison, et qu’elle avait compris, en discutant avec ses amies d’école, que le fait de ne pas connaître son père était une situation d’exception. Hélène, de son côté, avait préparé le terrain depuis longtemps. Année après année, elle lui avait expliqué qu’à la fin de la trentaine, elle n’avait toujours pas d’âme sœur en vue, et que son désir d’enfant avait alors pris une telle ampleur qu’elle avait décidé d’en faire un seule. Et Leila était née, petit paquet de chair et de sang, de la rencontre d’un ovule d’Hélène et d’une flaque de sperme d’un donneur inconnu, sous les hospices d’un gynécologue obstétricien de garde ce jour-là, d’ailleurs pas trop mal de sa personne.
TREMBLAY, Lise, La sœur de Judith, Montréal, Boréal, 2009, 180 p. Lise Tremblay brosse un tableau du Québec rural d’après la Révolution tranquille, un Québec en pleine effervescence, où de nouvelles valeurs font leur chemin mais où la tradition s’accroche encore. Fine observatrice de l’humain, l’auteur de La Héronnière fait revivre ces années à travers le regard d’une fillette qui sera une adolescente avant la fin de l’été.
C’est du grand art […]. Jamais l’écriture de Lise Tremblay ne nous a paru aussi sobre, minimaliste, épurée. Et concrète. Jamais le regard lucide, et ironique, qu’elle pose sur le monde de livre en livre ne nous a paru aussi authentique […]. On en vient à penser que La Sœur de Judith pourrait être le livre fondateur de Lise Tremblay. Danielle Laurin, Le Devoir
2010
BEAULIEU, Victor-Lévy, James Joyce, l’Irlande, le Québec, les mots, Montréal, Boréal, 2010, 1096 p. (Essai hilare) Victor-Lévy Beaulieu raconte l’histoire de l’Irlande, analyse ses luxuriantes sagas, rend compte de la vie et de l’œuvre de James Joyce, celui qui, notamment dans Ulysse et Finnegans Wake, a, selon ses mots mêmes, envoyé coucher la langue anglaise. Véritable épopée se racontant dans une écriture somptueuse, James Joyce, l’Irlande, le Québec, les mots est sans conteste l’ouvrage majeur de Victor-Lévy Beaulieu.
Biographie, leçon de traduction, livre d’images, dialogues schizophrènes ou mise en scène de lui-même : James Joyce, l’Irlande, le Québec, les mots est tout cela et quelque chose de plus encore. Un livre construit comme une île, d’un seul bloc imposant, mais qui peut être abordé par de multiples rivages. Christian Desmeules, Le Devoir
BEAULIEU, Victor-Lévy, [Rééditions en Boréal Compact de nombreuses œuvres « de jeunesse »] - Mémoires d’outre-tonneau, Montréal, Boréal Compact, 2010, 152 p. – Monsieur de Voltaire, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2010, 240 p. (Romancerie) — Blanche forcée, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2010, 198 p. (Récit)
BIRON, Michel, La conscience du désert, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2010, 216 p. (Essai)
Si la littérature québécoise des années 1960 et 1970 a pu accompagner l’esprit de renouveau et de fondation ayant marqué la Révolution tranquille et l’entrée du Québec dans une modernité si longtemps attendue, que nous disent de notre société et de nous-mêmes les œuvres qui s’écrivent et se publient aujourd’hui ? Et inversement, qu’est-ce que les conditions nouvelles dans lesquelles nous fait vivre la société contemporaine nous permettent de comprendre aux œuvres du passé ?
Prix Victor-Barbeau de l'Académie des lettres du Québec 2011 (La Conscience du désert)
BLAIS, Marie-Claire, Mai au bal des prédateurs, Montréal, Boréal, 2010, 328 p.
Tous les soirs, au Saloon, quand la nuit tombe, une bande de garçons se métamorphosent en créatures de rêve. Ils se parent de robes colorées, de perruques invraisemblables, montent sur scène pour chanter et pour danser. Tous les soirs, c’est le carnaval, la liberté, la transgression. Ils ouvrent leurs bras à tous, aux exclus, aux rejetés. Ils prennent sur eux toutes les blessures pour les tourner en dérision.
À la fois hommes et femmes, triomphants et menacés, à la fois libres et enchaînés, ne semblent-ils pas incarner l’humanité tout entière ?
Dans ce nouveau roman au lyrisme bouleversant, Marie-Claire Blais trace le portrait inoubliable d’êtres chimériques qui, chaque soir, rejouent à la perfection le drame de la joie, la tragédie du bonheur.
CHASSAY, Jean-François, Sous pression, tragédie potentielle annoncée en neuf tableaux, un prélude et une fin de journée, Montréal, Boréal, 2010, 232 p.
Un ami se présente à vous en déclarant qu’il a pris la décision de se suicider à minuit, le jour-même. Voilà votre ultime chance d’aller au bout. De l’amitié et des devoirs qu’elle vous impose. Au bout des raisons qui font que vous avez choisi de ne pas vous tuer et de continuer à vivre. Au bout de ce que la parole est capable d’exprimer. À partir de cette prémisse extrême, Jean-François Chassay compose un roman à la fois ludique et désespéré. « Et le voilà maintenant de nouveau seul. « A-t-il appris quelque chose ? « Que le temps passe aux yeux des humains parfois trop vite et parfois trop lentement. Il le savait déjà. Aussi bien qu’il a conscience que la pluie mouille. Et qu’on n’a pas à être croyant pour sentir l’Apocalypse. Il ne peut garantir cependant ce qui se déroule entre le tic et le tac d’une seconde. Si on peut se glisser entre les deux, s’y lover et attendre, éternellement au besoin. Une solitude qui irait jusqu’ à la perte de conscience. Tic et Tac. À minuit, le changement surviendra, nous serons après le tac. »
CARPENTIER, André, Extraits de cafés, flâneries en cafés montréalais, Montréal, Boréal, 2010, 344 p. (Récit)
Après ses flâneries dans les ruelles montréalaises (Ruelles, jours ouvrables, 2005), André Carpentier s’est plongé quelques années dans l’ordinaire quotidien des cafés, carnet à la main, y consignant ses observations, impressions et intuitions, y ouvrant sa « géographie affective ». Il invite ici le lecteur à sortir flâner dans ses propres cafés, puis à revenir à une lecture par bribes de ce livre, s’il le veut bien, pour dialoguer avec lui.
« Ces notes ont été prises à l’ombre de l’Amérique, à Montréal, où l’histoire des cafés est trop récente pour s’être constituée en tradition ; elles ont été tirées du paysage mutant des cafés d’ici et d’aujourd’hui, qui, j’en ai bien peur, tombent lentement dans le décours des modes. Les cafés de Montréal ne sont pas des centres incontestés de la vie sociale, comme autrefois ceux de Constantinople ou de Vienne, ni même des laboratoires d’idées, comme dans le Paris postrévolutionnaire, mais ils demeurent des lieux publics ouverts à tous. On y croisera, à la suite et sans surprise, une chemise indienne, un tailleur Chanel, un jeans troué, une veste Armani, des sandales bibliques… Il s’agit d’un lieu où le fondement de l’activité est de n’en avoir pas trop ni de très importantes, un lieu où chacun s’autorise de lui-même à garder le silence ou à jaser tout son soûl. » A. C.
CHEN, Ying, Espèces, Montréal, Boréal, 2010, 216 p.
Quel soulagement de n’avoir plus rien à faire que de jouer, de contempler, de paresser, de faire une sieste à midi, de vivre comme au commencement de la vie et aussi comme à la fin du monde, sans projet d’aucune sorte, sans jamais de hâte, l’air clochard, dans l’abandon, dans le présent uniquement. Je suis convaincue que je suis en train de vivre la meilleure de toutes mes existences.
Votre mari s’intéresse à une jeune femme qu’il voit tous les jours au bureau. L’enfant qui était apparu inopinément à votre porte est disparu aussi rapidement et inexplicablement. Maintenant que les rôles d’épouse et de mère n’ont plus aucun sens pour vous, pourquoi ne pas vous la couler douce ? Pourquoi ne pas passer vos après-midi dans un fauteuil, à surveiller la lumière qui poudroie à la fenêtre, le tremblement des feuilles dans les arbres ? Pourquoi ne pas occuper vos nuits à vous balader en toute liberté pendant que tout le monde dort ? Pourquoi ne pas éprouver la plus grande indifférence devant le passé comme devant l’avenir ? Pourquoi donc ne pas tout simplement mener la vie d’une chatte qui partage la maison de son maître sans être troublée par tout ce qui inquiète habituellement les humains ?
C’est littéralement ce qui se produit chez la protagoniste de ce roman, soudain métamorphosée en chatte sans que cela suscite trop d’émoi autour d’elle. Avec une ironie mordante, en poussant jusqu’à l’absurde les règles qui régissent nos vies, Ying Chen réussit à nous faire toucher ce qui se trouve au cœur de toute vie.
COURTEMANCHE, Gil, Je ne veux pas mourir seul, Montréal, Boréal, 2010, 168 p. (Autofiction) / COURTEMANCHE, Gil, Je ne veux pas mourir seul, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 168 p. (Autofiction)
Un homme apprend la même semaine que sa femme le quitte et qu’il est atteint d’un cancer. Laquelle de ces deux morts annoncées est la plus redoutable ? Quelles raisons aurait-il désormais de se battre pour sa vie ? Ce livre, le plus personnel que Gil Courtemanche nous ait donné, nous montre un homme seul devant la mort, seul devant la vie, qui lance un bouleversant cri de douleur, un pressant appel à ne pas laisser échapper cette vie. C’est aussi, surtout, une fabuleuse déclaration d’amour.
Ce n’est jamais la première, la première femme, c’est souvent la dernière. Elle est la première dans le sens de naissance, de découverte, d’abandon. C’est Ève, mère et compagne de tout. Un bateau aussi sur une mer démontée, la musique que l’âme imaginait et que l’on entend soudain. Le bruit de ses pas n’est pas le son de souliers sur le trottoir ou dans le couloir, le bruit de ses pas annonce la vie qui revient, le bruit de ses pas fredonne une chanson heureuse et langoureuse. Les yeux de la première femme ne sont pas des yeux, ils inventent un regard tout comme sa parole dicte un monde dans lequel l’homme se fond avec délice et respect. La première femme est la mère de l’homme, cette mère qui l’enfante une deuxième fois. Voilà ce que fut et est encore Violaine pour moi.
COURTEMANCHE, Gil, Une belle mort, Montréal, Boréal, 2010, 216 p. Noël. Le repas du réveillon. Toute la famille est réunie autour du père et de la mère. Hier encore figure imposante qui terrorisait ses enfants, le père, victime du parkinson rigide, est aujourd’hui prisonnier de son corps. Les paroles qui résonnent dans sa tête n’arrivent plus à franchir ses lèvres. Les mouvements qu’il veut faire le trahissent. André, l’aîné de la famille, approche la soixantaine. Il n’a jamais aimé son père, celui-ci ayant trop abusé de son pouvoir, trop menti, trop manipulé ses proches pour sauvegarder son image de toute puissance. Pourtant, il ne peut s’empêcher d’être profondément touché en étant le témoin de la déchéance de cet homme. Que faire quand on est en présence de quelqu’un à qui désormais tous les plaisirs sont interdits ? Faut-il prolonger sa vie, ou plutôt l’aider à l’abréger ? Autour de la table, les avis sont partagés. Gil Courtemanche nous fait vivre encore une fois une expérience humaine bouleversante. En mettant merveilleusement en scène ce drame qui interpelle chacun de nous, il pose de façon nouvelle mais tout aussi magistrale la question qui était au coeur de son premier roman : Pourquoi vivre ? Pourquoi mourir ?
DELISLE, Michael, Tiroir no 24, Montréal, Boréal, 2010, 132 p.
Pourquoi l’ont-ils choisi, lui ? Peut-être parce qu’il aime chanter, mais certainement pas à cause de sa tignasse rousse, qui brille comme du cuivre quand sœur Dionne l’enduit de lotion. Il était le « Tiroir numéro 24 » de l’Orphelinat catholique. Il sera désormais le gars des Cyr. Il a six ans. C’est juste avant l’Expo 67.
Pendant douze ans, il travaille à la Boulange, l’entreprise familiale, où on vend du pain et des gâteaux.
Mais les temps changent et la Boulange ferme ses portes. Les bourgeois du quartier délaissent les mokas, les pains Weston et les pâtés au saumon et préfèrent désormais le lapin aux pruneaux, le céleri rémoulade et les nouilles d’Alsace. Il va travailler pour l’Européen qui vient d’ouvrir boutique de l’autre côté de la rue. Pour les Cyr, c’est une trahison. Mais pouvait-on attendre autre chose d’une engeance comme lui. Après tout, ce n’est pas leur sang qui coule dans ses veines.
Michael Delisle sait évoquer toute la part de mystère qui se cache dans chaque destin. À travers l’errance du gars des Cyr, c’est une étape charnière de la conscience québécoise qu’il nous fait revivre. Le passage de la tradition à la modernité, qui cache bien des périls.
HAMELIN, Louis, Ces spectres agités, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2010, 312 p. (Roman) [roman de 1991 XYZ]
Voilà donc Montréal transformée en phytophage corps callipyge grâce à Dorianne sortie tout droit d’un roman de Marcel Proust : fugitive égérie que le vin fait halluciner, tous les moteurs de la ville — vrombissantes voitures phalliques — se lançant à sa poursuite pour l’écraser définitivement sur l’asphalte chaud de la nuit.
Un temps, la triade que forment Pierre, Vincent et Pietr la sauvera de la mécanique nocturne mais, dès les premières pages du roman, la chose était déjà entendue : bien que s’agitant dans le labour et le débours de la nuit, les spectres, pareils aux vampires si chers à Pietr, ne sauraient résister à la remontée inéluctable du jour, Montréal redevenant l’infamie de la misère sociale, sa luminosité fourbe s’étalant comme une énorme main sale sur les choses et le monde.
Dans Ces spectres agités, on est dans l’univers atomisé du Grand Morial où les affinités électives demandent encore à venir vraiment — ce choix nouveau de sa véritable parentèle, et dont le roman de Louis Hamelin pose un jalon essentiel dans notre littérature.
HAMELIN, Louis, La Constellation du lynx, Montréal, Boréal, 2010, 600 p.
Des fois, Sam, j’ai l’impression que la lumière des faits nous parvient de très loin, comme celle des étoiles mortes. Et que nous nageons en plein arbitraire quand nous essayons de relier les points pour obtenir une figure plausible… Peut-être que les explications que nous cherchons ne sont jamais que des approximations, des esquisses chargées de sens, comme les constellations : nous dessinons des chiens et des chaudrons là ou règne la glace éternelle des soleils éteints.
En 2001, à la mort de son ancien professeur, l’éditeur-poète Chevalier Branlequeue (un nom de plume !), l’écrivain Samuel Nihilo décide de poursuivre les recherches de ce dernier sur la crise d’octobre 1970. Chevalier y a toujours vu l’aboutissement d’une conspiration politique. De Montréal, où commence son enquête, jusqu’au village mexicain de Zopilote, où les chemins de Nihilo et d’un ex-felquiste se croiseront, en passant par l’Abitibi des grands espaces – si somptueusement décrits –, les recherches de Samuel vont rapidement se concentrer sur le rôle joué en 70 par les services secrets, l’escouade antiterroriste et toute une panoplie de personnages pas nets, dont le spectre quasi shakespearien du ministre assassiné ! Dans cette extraordinaire fresque, premier grand roman sur la crise d’Octobre, Louis Hamelin réinvente l’histoire du terrorisme au Québec et fait le portrait, souvent très drôle, d’une société entre deux époques. Roman historique ? Polar ? Thriller politique ? Tout cela et bien plus encore !
JACOB, Suzanne, Un dé en bois de chêne, Montréal, Boréal, 2010, 184 p. (Nouvelles)
C’était une femme et un homme qui avaient cultivé l’habitude de s’entendre. Le jour pouvait tomber, la neige, puis le vent, et enfin la nuit, l’entente entre la femme et l’homme ne tombait pas. Quand ils avaient un différend sur la direction à emprunter, ils faisaient appel à un dé en bois de chêne qu’ils avaient trouvé au bord du fleuve, un matin de leur premier voyage le long du fleuve. Quel drôle de dé que ce dé qu’ils avaient trouvé par hasard, un dé qui avait six côtés mais une seule face, celle du trois, avec deux yeux tout ronds et la bouche qui faisait « oh ! ». On gagnait si le dé tombait face contre ciel, on perdait si le dé tombait face contre terre. C’était l’usage et la règle que l’homme et la femme avaient décidés. Suzanne Jacob écrit comme d’autres pratiquent la divination. Ses textes sont des sortes d’oracles. Ce sont des énigmes qu’elle nous propose, mais des énigmes qui ouvrent le réel et nous donnent accès à son sens le plus profond.
LAFERRIÈRE, Dany, Le charme des après-midi sans fin, Montréal, Boréal, 2010, 248 p. Ce manifeste d’amour adressé par l’auteur à sa grand-mère raconte une jeunesse haïtienne en une succession de brefs tableaux. Un roman initiatique de l’adolescence sur fond de crise politique. Dany Laferrière fait de la joie de vivre une épine plantée dans le pied des dictatures. Le Magazine littéraire
Les paradoxes décapants pullulent dans la dérive mythologique de Laferrière, car il se garderait bien d’établir une frontière entre réalité et imagination. L’écrivain invente le réel ! Quelle leçon en ces temps où un roman respectable doit reposer sur une documentation lourde et méticuleuse à l’américaine ! Laferrière n’a rien à voir avec ces tâcherons mégalos, il lit, il flâne, il flotte, c’est le bon moyen de se glisser partout, de démasquer les parades des uns et des autres. Patrick Grainville, Le Figaro
LANGELIER, Nicolas, Réussir son hypermodernité et sauver le reste de sa vie en 25 étapes faciles, Montréal, Boréal, 2010, 232 p.
Ce n’est pas ainsi que les choses devaient se passer, n’est-ce pas? La modernité nous a laissés tomber. Vous a laissé tomber.
Et un jour, sans doute, vous en aurez assez. Ce sera l’aube, peut-être au printemps. Votre père sera mort, la fille de votre vie sera partie, vos rêves se seront effilochés les uns après les autres. S’il vous en reste la force, avant qu’il ne soit trop tard, vous déciderez alors de sauver ce qui reste de votre vie.
En suivant les 25 étapes faciles décrites dans ce livre, vous trouverez réponse à des questions comme :
• Comment survivre à ce début de XXIe siècle, à ses impasses, ses mirages? • Avec qui la fille de votre vie a-t-elle dormi la nuit dernière? • Que faire contre la peur continuelle de manquer quelque chose, de ne pas vivre assez fort? • Comment réagir en apprenant que votre père est atteint du cancer? • Quel sera l’héritage de votre génération? • Passez-vous trop de temps sur les réseaux sociaux d’internet? • Comment espérer devenir véritablement adulte, à une époque où tout contribue à vous maintenir dans une adolescence prolongée? • Et bien plus encore!
Prêt pour le changement? PARTEZ! Justification : Porosité formelle. Utilisation d’icônes donc porosité qui relève de la culture numérique. Cohabitation avec de dessins qui renvoient à une porosité des savoirs artistiques, notamment picturaux. Le livre se propose de son titre comme un manuel : cohabitation de savoirs pratiques. « Calque les manuels de croissance personnelle » « On y trouve des questionnaires, des jeux, des exercices » ( source http://www.lapresse.ca/arts/livres/201009/11/01-4314756-nicolas-langelier-le-blues-du-hipster.php) Il introduit le terme d’« hypermodernité » voulant dire par là les excès, l'hyperindividualisme, l'hyperconsommation, l'hypermédiatisation. Dans une interview paru sur le site officiel de l’auteur, Langelier parle de références culturelles, populaires. Il ne porte pas de marque générique quoique Boréal le classifie parmi la catégorie « Roman et récits ». La critique le classifie comme « roman-essai » (http://www.lapresse.ca/arts/livres/201009/11/01-4314756-nicolas-langelier-le-blues-du-hipster.php) L’auteur est lui-même qualifié de « hipster ».
LABERGE, Marie, Revenir de loin, Montréal, Boréal, 2010, 624 p.
RICARD, François et al., Gabrielle Roy et l’art du roman, suivi de Les Vacances texte inédit de Gabrielle Roy, Isabelle Daunais, Sophie Marcotte et François Ricard [dir.], Montréal, Boréal (Les Cahiers Gabrielle Roy), 2010, 334 p. (Essai)
Les vingt textes réunis dans ce volume ont été écrits à l’occasion d’un colloque tenu à Montréal en octobre 2009 pour marquer le centenaire de la naissance de Gabrielle Roy.
Rassemblant les contributions de critiques et de chercheurs venus de pays et d’horizons divers, spécialistes de Gabrielle Roy ou, plus simplement, lecteurs de son œuvre, ce volume vise d’abord à favoriser l’ouverture de nouvelles pistes de lecture, d’interprétation et de recherche dans l’œuvre de la grande romancière. Mais, de manière plus précise, il vise aussi à mettre en lumière la poétique romanesque de Gabrielle Roy et ce qu’on pourrait appeler sa « conscience du roman », c’est-à-dire sa manière de concevoir et de pratiquer le roman, dans ses dimensions aussi bien formelles et stylistiques que thématiques et philosophiques, afin de mieux comprendre son art et de le situer dans le contexte de la littérature québécoise et canadienne comme dans celui, plus large, du roman moderne.
En ce sens, ces études sont une invitation à lire l’œuvre de Gabrielle Roy dans un cadre plus vaste que celui où on l’inscrit généralement, un cadre qui n’est pas seulement celui du milieu qui l’a vue naître ou de la société qu’elle décrit, mais aussi celui de cette forme singulière – et proprement irremplaçable – de pensée, de connaissance et de sensibilité que constitue l’art du roman.
À titre de document complémentaire, le volume reproduit un texte inédit de Gabrielle Roy intitulé Les Vacances, qui constitue l’une des premières esquisses du roman Alexandre Chenevert.
Ont participé à cet ouvrage : Mathieu Bélisle, Michel Biron, Antoine Boisclair, Isabelle Daunais, François Dumont, Madeleine Frédéric, Lambros Kampéridis, Yvon Le Bras, Sophie Marcotte, Élisabeth Nardout-Lafarge, Lakis Proguidis, François Ricard, Massimo Rizzante, Christine Robinson, Yannick Roy, Tiphaine Samoyault, Sherry Simon, Maïté Snauwaert, Anca Mitroi Sprenger, Sonia S. Théberge et Marjolein van Tooren.
RIVARD, Yvon, Une idée simple, Montéal, Boréal (Papiers collés), 2010, 246 p. (Essai)
« Depuis des années, j’entends qu’il faut se méfier des idées simples, du rêve, du bonheur, car le réel est complexe (aucune idée ne peut y être un chemin sûr), opaque (aucun rêve ne peut l’éclairer ou l’élargir) et fatal (aucun bonheur ne peut résister à la mort). Il est difficile de s’opposer à cette prudence lorsqu’on sait à quelles aberrations religieuses, sociales et politiques s’expose quiconque entreprend de changer la vie et le monde sans accepter ses limites. Si on oublie que nous ne savons rien et que nous sommes mortels, la vie et la culture qui s’en fait l’écho ne manquent jamais de nous le rappeler : je sais que je ne sais pas, le mieux est l’ennemi du bien, l’homme est un loup pour l’homme, etc. Si en écrivant ce livre j’ai été amené à prendre le contre-pied de cette sagesse, c’est que j’ai essayé d’obéir à cette idée simple, énoncée par Hermann Broch, que le premier devoir de l’intellectuel, dans l’exercice de son métier, est de porter assistance à autrui. » Y. R.
QUIVIGER, Pascale, Pages à brûler, Montéal, Boréal, 2010, 264 p.
Une jeune femme, Clara Chablis, est portée disparue. L’inspecteur Bernard Lincoln est responsable de l’enquête. Il ne trouve aucun antécédent à cette disparition, ni intention suicidaire, ni comportement douteux, pas de casier judiciaire. Les proches de Clara Chablis, au premier chef son compagnon, Daniel Kieffer, ne semblent aucunement inquiets. Toutefois, quelques jours plus tard, un cadavre est retrouvé dans une décharge publique, affreusement mutilé, qui correspond au signalement de Clara Chablis. Il serait tentant de soupçonner le petit ami, mais un problème surgit. Le code génétique du corps qui a été trouvé est absolument identique à celui du principal suspect.
Pascale Quiviger semble avoir donné naissance à un genre nouveau, celui du « thriller poétique », juste pour raconter cette histoire au charme incantatoire
RIVARD, Yvon, Le siècle de Jeanne, Montréal, Boréal, 2010, 408 p.
Alexandre est écrivain. Il a cinquante ans et, derrière lui, un passé jonché d’amours tumultueuses. Le voici seul à Paris, à attendre Clara, son amante qui ne viendra pas, et à habiter par la pensée le monde de Jeanne, sa petite-fille, à travers qui se révèle à lui ce qu’il sait mais a oublié depuis toujours : que l’enfance est notre seule, notre plus vraie patrie. Rentré au pays, il retrouve et perd Clara, comme il perdra bientôt — mais pour mieux les retrouver autrement — Françoise, Alice, et jusqu’à Jeanne elle-même, à qui il devra cependant d’avoir pu entrer dans un nouveau siècle de sa vie, apaisé, délivré de ses ombres par sa lumière à elle, réconcilié. Comme tout vrai roman, celui-ci est l’histoire d’une lutte. Lutte tendre et déchirante entre des êtres qui s’aiment, lutte d’un homme avec lui-même et avec le temps qui l’emporte, lutte contre la mort qui menace. Mais cette lutte se livre paradoxalement par le refus de la lutte, et la victoire, si elle est possible, n’arrive que lorsque le héros, ses armes déposées, comprend que sa seule issue réside dans l’abandon total à ce qui tout ensemble lui résiste et le porte, le détruit et le sauve. Et qu’il mesure enfin sa place exacte dans le monde et la place exacte du monde en lui. Histoire d’une découverte à la fois existentielle, morale et esthétique, écrit dans une prose admirable, ce roman est aussi, d’une certaine manière, une lutte avec l’art du roman, porté ici à une sorte de point limite où le récit ne se distingue plus ni de l’essai ni de la poésie, mais où seule importe la nécessité de trouver un langage capable de saisir d’aussi près que possible cette énigme, cette beauté et cette douleur inextricablement mêlées dans le simple fait d’être là, au milieu du monde, et, comme Jeanne, de naître et de mourir à chaque instant.
SEGURA, Mauricio, Eucalyptus, Montréal, Boréal, 2010, 176 p.
Après avoir passé toute sa vie à Montréal, un homme rentre au Chili. Son père est mort. Il vient lui rendre les derniers hommages. Très vite, il se rend compte que ceux qui ont fait le choix de partir ne sont pas nécessairement les bienvenus quand ils rentrent au pays des ancêtres. Entre les enracinés et les déracinés plane un malentendu qui rend le retour impossible. Surtout dans cette famille juive qui, d’Andalousie en passant par Thessalonique, est venue enfin s’échouer dans ce finistère qu’est le sud du Chili, terre à la fois d’une folle générosité et d’une indicible cruauté. Terre ancestrale des Indiens mapuches, que domine la cime neigeuse du volcan Llaima et qui est recouverte du vert intense des eucalyptus, cet arbre venu de l’autre côté du monde qui pousse à une vitesse phénoménale et qui menace de tout engloutir. Dans ce roman bref, construit comme un polar, Mauricio Segura propose une réflexion à la fois grave et profondément émouvante sur les liens, insaisissables, indénouables, qui unissent les hommes à la terre. Le profond pessimisme qui hante son récit donne un relief remarquable au destin de ses personnages, écartelés entre plusieurs cultures, plusieurs âges et plusieurs continents.
Années 2011-2015
2011
ARCHAMBAULT, Gilles, Un promeneur en novembre, Montréal, Boréal, 2011, 240 p. (Nouvelles) / ARCHAMBAULT, Gilles, Un promeneur en novembre, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 240 p. (Nouvelles)
« Je sais que je suis détruit », se dit un vieil homme qui se promène dans les rues de Montréal un jour de novembre. « Détruit, on le devient peu à peu. Pour cela, il suffit de vivre. »
Les dix-sept nouvelles qui composent ce recueil sont autant de variations sur cet unique thème, cette unique vérité que l’auteur emprunte à Miguel Torga : « Exister, c’est perdre, petit à petit. » Et perdre, c’est être seul, de plus en plus. Pourtant, nul désespoir dans ces pages, pas même de révolte ni de cynisme. Plutôt, l’acceptation lucide et modeste de l’inévitable, forme ultime de la dignité et de la beauté. Car chaque personnage a beau éprouver pour lui-même le sentiment (la certitude) de sa propre défaite et de la solitude grandissante où l’existence l’a jeté, cette défaite et cette solitude n’empêchent pas que subsiste toujours, quelque part, une dernière lueur, une dernière tendresse, un dernier souvenir de bonheur. La destruction est inéluctable, certes, l’ironie de la vie est tantôt cruelle, tantôt risible, mais il arrive aussi que le naufrage ne soit pas sans douceur…
ARCHAMBAULT, Gilles, Qui de nous deux ?, Montréal, Boréal, 2011, 128 p. (Récit) / ARCHAMBAULT, Gilles, Qui de nous deux ?, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 128 p. (récit)
Vingt ans après le très touchant Un après-midi de septembre, où Gilles Archambault évoquait la disparition de sa mère, le romancier renoue avec le genre autobiographique pour tracer cette fois-ci une bouleversante chronique de la mort de sa compagne, celle qui a partagé sa vie pendant plus de cinquante ans.
Ce bref récit, qui prend la forme d’un journal tenu l’espace de quelques mois, nous parle du couple et de la solitude, de la vie et de la mort. Avec la pudeur qu’on lui connaît, Gilles Archambault arrive, comme dans ses oeuvres de fiction, à nous faire toucher l’essence même de la vie, de l’amour, à travers le quotidien le plus attentivement traduit.
AWUMEY, Edem, Rose déluge, Montréal, Boréal, 2011, 216 p.
Rose est morte après un interminable combat — contre son corps qui se désagrège, contre ses cauchemars qui ont envahi son esprit dévasté, contre l’eau qui monte et qui ronge les rivages de Lomé, ville qu’elle n’a jamais quittée, même si elle a toujours vécu au rythme des saisons de l’Amérique. Pour Sambo, il faut donc accomplir les derniers rituels, répondre à la dernière demande de sa tante Rose, ramener ses restes, c’est-à-dire les cheveux et les ongles de la défunte, pour les ensevelir dans la cité dont celle-ci rêvait sans cesse: La Nouvelle Orléans, en Louisiane.
Mais pour arriver jusque-là, Sambo devra emprunter l’identité d’un ami d’enfance qui vit au Canada et faire en autocar le long périple à travers les États-Unis. Dans la petite gare routière de Hull, entre les poètes vaticinateurs et les bourgeois méfiants, il fait la rencontre de Louise, qui ne rêve aussi que d’ailleurs et de départs, et pendant la longue attente pour ce car qui refuse de se pointer, peu à peu, leurs deux mondes se rencontreront, se fondront l’un en l’autre.
Après Les Pieds sales (Boréal et Seuil), finaliste du prix Goncourt 2009, Edem Awumey nous revient avec un troisième roman où souffle un lyrisme puissant. Roman des êtres en transhumance, de l’Afrique à l’Amérique, du Sud au Nord, Rose déluge célèbre notre humanité commune au milieu de l’effrayante fragilité du monde.
BEAULIEU, Victor-Lévy, rééditions de plusieurs œuvres.
La Grande Tribu, c’est la faute à Papineau, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 880 p. (Grotesquerie) ; La Nuit de Malcomm Hudd, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 222 p. (Roman); Monsieur Melville, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 576 p. (Lecture fiction)
CHASSAY, Jean-François, La littérature à l’éprouvette, Montréal, Boréal (Collection Liberté grande), 2011, 144 p. (Essai)
Professeur de littérature québécoise, spécialiste de littérature américaine, romancier et essayiste, le quinquagénaire à tous crins qu’est Jean-François Chassay n’avait pas quitté l’incubateur qu’il projetait déjà, si l’on en croit l’infirmière de service, de faire se croiser dans l’espace immatériel de ses futures lectures tubes et cubes, narrateurs et respirateurs, science pure et littérature altérante. Ce Cosinus prématuré était né pour porter le sarrau de prof ou de médecin, d’ingénieur ou d’inventeur; bref, tel Sartre qui voulait être Stendhal et Spinoza, il entendait devenir Ferron et Vian, ou alors Marcel Aymé et Kurt Vonnegut. Il n’aura pas connu de guerre, sinon celle des nerfs devant la bêtise, il n’aura pas inventé la bombe, sinon celle glacée des soupers de fête, mais en grand artificier, comme sa Littérature à l’éprouvette le prouve, il est devenu spécialiste en amorçages et désamorçages dans les interactions quasiment insaisissables et pourtant réelles entre les cultures scientifique et littéraire.
COURTEMANCHE, Gilles, Le camp des justes, Montréal, Boréal, 2011, 296 p. (Boréal Compact), 2013, 296 p. (Essai)
C’est à Camus que Gil Courtemanche emprunte cette idée du « juste » pour décrire la position qu’il veut être la sienne quand il aborde l’actualité politique. Le « juste », c’est celui qui fait passer l’humanité avant les idées, les personnes avant les dogmes, politiques ou autres. C’est la position la plus pénible, la plus complexe, la plus vulnérable. Car le « juste » se retrouve avec de curieux compagnons qu’il n’aime pas nécessairement. Puis il est confronté à la douloureuse question de la responsabilité, de l’intention criminelle des États ou des acteurs. Après avoir fait une grande carrière de reporter international et connu un succès mondial avec son roman Un dimanche à la piscine à Kigali, Gil Courtemanche a tenu une chronique, de 2002 à 2011, dans les pages du quotidien Le Devoir. Il y traitait de politique québécoise et canadienne, mais surtout de politique internationale, sujet qui l’a toujours fasciné. En plus d’un long fragment d’un essai sur lequel Gil Courtemanche travaillait au moment de sa mort, ce livre reprend les meilleurs de ces textes, où le chroniqueur se révèle un extraordinaire éveilleur de consciences et où il donne l’exemple d’une pensée libre, qui pourfend tous les discours avec lesquels les riches et les puissants justifient les inégalités scandaleuses qui existent encore parmi les habitants de notre planète.
DAIGLE, France, Pour sûr, Montréal, Boréal, 2011, 752 p. (Roman) / DAIGLE, France, Pour sûr, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 752 p. (Roman)
Pour sûr est, entre autres choses, une somme encyclopédique, un labyrinthe, une exploration de la folie des nombres, un précis de typographie, un reliquaire, une défense et illustration de la langue chiac, une réflexion sur les cultures minoritaires et leur obsession linguistique, un jeu de pistes, le roman d’un coin de pays. C’est une entreprise aux dimensions surhumaines que France Daigle mène à son terme avec une éblouissante virtuosité.
C’est aussi l’histoire de personnages attachants, Terry et Carmen, que l’on a connus dans les précédents romans de l’auteur, leurs enfants Étienne et Marianne, et toute cette humanité qui gravite autour du bar Le Babar, à Moncton – les Zablonski, Zed, Pomme –, artistes, gens ordinaires, qui, tout en vaquant à leurs activités quotidiennes, s’interrogent sans cesse sur leur place dans le monde, d’un point de vue géographique, historique, politique ou culturel.
Devant la savante architecture du roman, suite de fragments agencés selon une implacable structure mathématique, on ne peut s’empêcher de penser à l’Oulipo et à La Vie mode d’emploi. Mais la rigueur de la forme offre ici un contraste saisissant avec le caractère insaisissable et imprévisible du chiac, avec l’infini pouvoir d’émotion rattaché aux mots de l’enfance, aux mots des ancêtres.
FOLCH-RIBAS, Jacques, Paco, Montréal, Boréal, 2011, 152 p. (Roman)
Paco vit dans la Grande Maison au milieu d’un village qui ressemble au chaos. S’y mêlent ouvriers et paysans, pêcheurs et commerçants. Les mots de la langue du pays y résonnent, et aussi ceux d’une autre, brutale, sèche, que l’on enseigne du bout des lèvres à l’école. Heureusement qu’il y a les gros dictionnaires de Grand-Père où on peut découvrir ce que les mots veulent dire.
Quand la famille quitte le village pour la ville, c’est un chaos encore plus grand que Paco découvre. C’est un bouillonnement continu duquel fusent les cris « Vive la République! » et « Proletaris Unitat! » Une chance qu’il y a Concha, pour lui expliquer la politique, et lui révéler quelques autres mystères aussi. Et quand le chaos de la guerre emporte même ce chaos-là, Paco se retrouve jeté sur la route qui monte vers le nord, vers la montagne. Où l’attendent l’âme et le corps de Margarita.
Jacques Folch-Ribas donne ici un roman de guerre, qui est également un roman d’apprentissage, dont se dégage une infinie et déchirante nostalgie. Il y évoque une terre et une enfance, toutes deux irrémédiablement perdues, toutes deux inoubliables.
GAGNON, Katia, La réparation, Montréal, Boréal, 2011, 216 p. GAGNON, Katia, La réparation, Montréal, Boréal, (Boréal Compact), 2012, 216 p. (Roman)
La journaliste Marie Dumais apprend dans les actualités le suicide d’une élève du secondaire, Sarah Michaud. Il semble que l’enfant était victime d’intimidation. On lui confie une série de papiers sur l’affaire.
Elle interroge les professeurs et les autres élèves. Elle rend visite aux parents. Ce sont de pauvres gens qui n’ont pas su défendre leur fille perdue parmi les petits bourgeois fréquentant le collège privé où Sarah n’a été acceptée que grâce à ses dons exceptionnels pour les mathématiques. Tout le monde voudrait tant qu’on cesse de parler de cette affaire, mais Marie veut savoir la vérité. Pourquoi Sarah Michaud est-elle morte ?
Dans ce premier roman mené comme un suspense, Katia Gagnon nous tient en haleine jusqu’au bout. Elle nous fait partager le destin d’êtres marqués, mais elle célèbre aussi tout le bien que peut apporter un regard qui réchauffe, une main tendue, l’amour et la compassion d’inconnus que la vie place sur notre chemin.
La Réparation est un hommage à ceux qui survivent et à ceux qui leur permettent de le faire.
GRUDA, Agnès, Onze petites trahisons, Montréal, Boréal, 2011, 296 p. (Nouvelles)
Peut-on vivre sans commettre de trahison ? Sans se trahir soi-même ou ceux qui partagent notre vie ? N’est-ce pas inévitable, n’est-ce pas un mouvement aussi naturel que de respirer, que de tomber amoureux ? La trahison, c’est la clé dont se sert Agnès Gruda pour avoir accès au plus secret de l’âme des personnages qu’elle met en scène dans ces nouvelles.
LAFERRIÈRE, Dany, L’art presque perdu de ne rien faire, Montréal, Boréal, 2011, 392 p. (Roman) / (Boréal Compact), 2013, 392 p. (Roman)
Je ne sais pas trop comment qualifier ce livre. J’hésite entre un roman des idées et un essai lyrique. En tout cas, j’essaie de brasser ensemble mes réflexions, mes émotions, mes sensations comme mes rires et mes délires, car je n’ai pas l’impression qu’on arrête de vivre parce qu’on est en train de penser.
Si mes romans sont une autobiographie de mes émotions, ce livre, dans la même veine, est une autobiographie de mes idées. Ce que je pense n’est jamais loin de ce que je sens. Comme si toute cette philosophie me venait de la petite galerie de ma grand-mère, du fond de mon enfance. D. L.
En mettant en scène ses idées, Dany Laferrière nous invite à regarder le monde comme lui, c’est-à-dire avec la naïveté de l’enfant et la roublardise de l’écrivain. Mais cet art de penser est aussi, et surtout, un art de vivre : l’art de rester immobile, l’art de ne pas oublier, l’art de capturer l’instant, l’art de manger une mangue…
LALONDE, Robert, Le Seul Instant, Montréal, Boréal, 2011, 120 p. Boréal Compact, 2013, 120 p. (Roman)
« On peut comprendre une chose en un seul instant, mais on la perd dans les longues heures qui suivent avec leurs semelles de plomb », écrit Oscar Wilde, enfermé dans sa prison. C’est de ce « seul instant » qu’il sera question dans ces pages. Pour ce qui est des « semelles de plomb » — la prison —, chacun sait à quoi s’en tenir. Mais qu’en est-il de cet instant qui oblige à sortir de soi, de cette courte illumination qui fait s’ouvrir l’œil , frissonner la nuque, trembler nos certitudes et nous amène à douter de notre âge ? On a de nouveau sept ans et le monde redevient une énigme merveilleuse. » R.L. Robert Lalonde nous entraîne dans sa campagne l’espace de tout un été. Il nous ouvre les portes du laboratoire de l’écriture, nous fait témoins de l’opération alchimique qui se déroule entre l’œil et le cœur de l’écrivain, entre la nature et les livres se répondant sans cesse.
LECLERC, Rachel, La patience des fantômes, Montréal, Boréal, 2011, 264 p.
Nous sommes une chaîne interminable dans laquelle, devant comme derrière, se trouvent des maillons plus faibles et d’autres bien plus forts que nous. Tantôt la chaîne est menacée de se rompre par la faute d’un seul, et tantôt elle contient une suite de maillons tout à fait sains, propices aux bonds de géant. Alors, sois celui qui consolide son bout de chaîne.
C’est dans une misère en bardeaux gris, du côté nord de la péninsule gaspésienne, que Joachim Levasseur est né à la fin du XIXe siècle. Au milieu du siècle suivant, il est mort au Ritz-Carlton, où il n’était ni plongeur, ni chasseur, ni même chef concierge, mais un client qui profitait comme d’autres de ce que lui avaient rapporté son ambition et son audace.
Si Émilie, son arrière-petite-fille, fait partie des serviteurs de ce monde, c’est parce qu’évidemment quelque chose n’a pas fonctionné après la mort de Joachim. Il y a pour elle, comme pour chacun des descendants de Joachim, un temps normal et parfois un autre temps, qui est anormal au point de ressembler à un châtiment — d’où, peut-être, sa croyance en un mauvais sort jeté sur la famille.
Rachel Leclerc nous donne ici beaucoup plus qu’une grande saga familiale sur cinq générations. Elle nous propose une lumineuse méditation sur la tragédie qui se cache au milieu de toute vie. Pouvons-nous nous libérer du passé sans renoncer à notre héritage ?
LEVESQUE, Robert, Déraillements, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2011, 176 p. (Essai)
« C’est la nuit, dans mon enfance, entre veille et sommeil, que m’est venu l’attrait des trains. À chaque nuit, au passage du train venant des provinces maritimes, le charme agissait toujours autant à mes oreilles, comme à celles d’Ulysse le chant des sirènes. Je l’écoutais naître au loin, et mourir au loin, cette grande plainte sifflante qui m’était une invitation au voyage, la séduction extatique d’un train traversant une ville en perçant l’air de la nuit, une cavatine, le médianoche du dormeur éveillé. »
Robert Lévesque ne savait pas, lorsqu’il écoutait siffler les trains de son enfance, à quelles aventures cet appel le conduirait plus tard : appel du lointain, de l’étranger, aussi attirant qu’une patrie perdue ; mais appel, aussi, du monde grand ouvert devant lui, là, tout près, dans les livres qu’il lirait.
L’univers ferroviaire – rails, locomotives, gares – sert de thème ou d’amorce à tous les textes de ce recueil, mi-essais mi-poèmes en prose, enlevés, frémissants, vifs comme le mouvement d’un rapide dans la nuit. C’est un univers inépuisable où se croisent des passagers inattendus qui ont pour noms Franz Kafka et Jack London, la Bolduc et Fats Waller, Arthur Buies et Oscar Wilde. Et non loin, un peu à l’écart, lové dans un coin du compartiment ou dissimulé derrière un pilier du quai, un compagnon discret observe leurs gestes, écoute leurs propos, et n’attend que de monter à bord avec eux, de partir, de vivre enfin ! Magistrale leçon de lecture et d'écriture, dont devrait prendre note ce qui nous reste d'intelligentsia. » Gilles Dupuis - Spirale, numéro 140, Printemps 2012
« Déraillements se révèle une lecture riche, érudite, qui comblera les amoureux des mots, de l'Histoire et des voyages.» Élizabeth Marineau - Revue Art Le Sabord, numéro 91, Mars 2012
« Depuis son enfance à Rimouski, Robert Lévesque aime les trains et les gares. Le critique dramatique et chroniqueur littéraire a fait de l'univers ferroviaire le thème d'un éblouissant recueil de courts textes consacrés aux écrivains qu'il apprécie. » Pierre Cayouette – L’actualité
« Brillant trompeur, le critique fait mine de ressasser des anecdotes quand il illumine, en fait, certaines des œuvres les plus importantes des derniers siècles. » Dominic Tardif – Voir
« Robert Lévesque écrit très bien. C’est très intéressant. C’est un très beau voyage dans la littérature de partout au monde. C’est foisonnant. Il élève l’anecdote au rang d’art. C’est vraiment fascinant. Une fois qu’on referme ce livre, on a envie d’aller lire plein d’autres choses. » Matthieu Dugal – Radio-Canada / Ça me dit de prendre le temps Pour écouter l'entrevue et la critique, cliquer ici.
« Toute l'érudition et tout l'amour de la littérature, et plus, dans ce livre, Déraillements, aux Éditions du Boréal. » Christiane Charette – Radio-Canada / Christiane Charette Pour écouter Robert Lévesque discuter de son livre avec Christiane Charette, cliquer ici.
« Le voyage. C’est le thème central de ce recueil de textes du plus doué des chroniqueurs québécois. Pas de doute, Robert Lévesque est bel et bien l’héritier d’Arthur Buies. Dans ce recueil, on croise des gens comme Jack London, Michel Butor, Paul Léautaud, Jacques Ferron… On jurerait que Robert Lévesque était l’un de leurs plus proches intimes. Brillantissime ! » Didier Fessou – Le Soleil
MOUAWAD, Wajdi, Le Poisson soi, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2011, 112 p. (Essai)
Wajdi Mouawad signe, avec Le Poisson soi, un texte à la fois fantomatique et intime, allusif et intense sur la recherche des origines. Il renoue ainsi avec les thèmes qui ont marqué son théâtre, et plus particulièrement le cycle « Le Sang des promesses » (Incendies, Littoral, Forêts, Ciels). Enfant du Liban, vieillard en devenir, il s’inquiète de la route à poursuivre et plonge le lecteur dans les notions, par lui subtilement embrouillées, de temps, d’avancée, de passage, de marche et de la recherche d’un temps passé et d’un temps futur à ressouder pour, peut-être, arriver à les réconcilier.
« Un récit intime où prose et poésie s'entremêlent avec délicatesse. » Sympatico.ca
NEPVEU, Pierre, Gaston Miron, La vie d’un homme, Montréal, Boréal, 2011, 904 p. (Biographie); Boréal Compact, 2012, 904 p.
Le 21 décembre 1996, dans la modeste église de Sainte-Agathe, avaient lieu les funérailles nationales d’un poète. Avant Gaston Miron, aucun écrivain n’avait reçu des autorités politiques québécoises un honneur pareil. Comment une telle chose pouvait-elle se produire dans une société qui avait jusque-là si mal traité ses poètes, de Nelligan à Saint-Denys Garneau?
C’est tout simplement que Gaston Miron incarne mieux que quiconque le Québec moderne. Miron est notre «contemporain capital». Écrire la biographie de Gaston Miron, c’est faire davantage que retracer la vie d’un homme, c’est raconter le Québec de la Grande Noirceur et des communautés religieuses, la Révolution tranquille, la renaissance du nationalisme et les mouvements de gauche, la crise d’Octobre, les deux référendums, c’est raconter l’histoire de l’édition au Québec et la naissance d’une institution littéraire semblable à celle dont sont dotées les autres nations.
À l’étranger aussi, le Québec, c’était Gaston Miron, tant parmi la confrérie des poètes que sur les plateaux de la télévision française.
Après de nombreuses années de recherche qui l’ont amené à rencontrer les proches de Miron et à traverser d’abondantes archives, le poète, romancier et essayiste Pierre Nepveu arrive à embrasser l’empan de cette vie hors du commun. Il sait bien sûr faire ressortir toute l’envergure du poète, mais il réussit également comme nul autre à peindre l’homme, sa rudesse, sa fragilité, son grand rire franc, ses coups de gueule, sa misère natale qu’il portait comme un stigmate, son espoir indomptable.
2012
ARCHAMBAULT, Gilles et al., dans François Richard et Isabelle Daunais [dir.], La Pratique du Roman, Montréal, Boréal, 2012, 144 p. (Essai)
Il existe, dans les domaines français et anglo-saxon, une longue tradition de réflexion sur ce qu’on peut appeler l’art du roman. Curieusement, cette réflexion est rare au Québec. Les romanciers parlent volontiers de leur oeuvre ou de leurs projets, ou encore de la littérature en général, mais peu de l’art précis qu’ils pratiquent (les poètes, en cela, sont beaucoup plus prolixes).
Pourtant, le roman constitue ici comme ailleurs une forme artistique majeure et il n’échappe en rien aux grandes questions – sur sa spécificité, son rôle, ses limites – qui partout se posent à lui. Mieux encore : à ces grandes questions s’ajoutent celles qui sont propres au contexte littéraire québécois comme aux conditions dans lesquelles s’exerce ici l’imaginaire romanesque.
C’est pour répondre à cette lacune que l’équipe de recherche TSAR («Travaux sur les arts du roman») de l’Université McGill a tenu, en mars 2011, une journée consacrée à la « La pratique du roman ». Ont participé à cette journée Nadine Bismuth, Trevor Ferguson, Dominique Fortier, Louis Hamelin, Suzanne Jacob et Robert Lalonde. S’ajoutent dans ce volume les contributions de Gilles Archambault et de Monique LaRue. Il était entendu que la réflexion des romanciers invités à cette journée serait la plus libre possible et qu’elle pouvait porter sur n’importe quel aspect de l’art romanesque, du plus singulier au plus général, la seule condition étant que cette réflexion soit celle non d’un critique, mais d’un praticien.
BEAULIEU, Victor-Lévy, rééditions en Boréal Compact : L’Héritage, 2012, 842 p. (Roman) ; Manuel de la petite littérature au Québec, Montréal, Boréal, (Boréal Compact), 2012, 520 p. (Essai)
BIRON, Michel, Le Roman québécois, Montréal, Boréal (Boréal Express), 2012, 128 p. (Essai)
Dans cette synthèse, qui remplace celle parue dans la même collection il y a plus de vingt ans, Michel Biron embrasse du regard la production romanesque québécoise depuis 1837 jusqu’à aujourd’hui. L’auteur se penche également sur le rôle joué par la critique et sur le dialogue qu’elle a établi avec les romanciers.
BLAIS, Marie-Claire, Le Jeune Homme sans avenir, Montréal, Boréal, 2012, 304 p. (Roman)
Un homme, un écrivain, dans un aéroport d’une île du Sud dont les fenêtres laissent voir la mer, est retenu captif à cause du retard de son vol. Un adolescent musicien, ancien enfant prodige, vivant dans la rue en compagnie de son chien, se demande de quoi sera fait son repas du soir. Petites Cendres, qui ne danse plus et ne chante plus avec les autres travestis comme autrefois, refuse de sortir de son lit pour assister au couronnement de la reine des nuits.
En superposant ces trois univers, Marie-Claire Blais poursuit son ambitieux projet de déchiffrement du monde que constitue la suite romanesque intitulée Soifs.
À mesure que l’immense fresque s’approche de son achèvement, la romancière cerne de plus en plus près ses personnages, nous faisant partager leur palpitante humanité.
BLAIS, Marie-Claire, Passages américains, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2012, 104 p. (Essai)
Grand écrivain de l’américanité, Marie-Claire Blais signe un essai portant sur les justes luttes menées par la jeunesse contre l’autoritarisme politique et toutes formes de ségrégation. Ces Passages américains saisissent trois événements, l’assassinat de Robert Kennedy le 5 juin 1968, la Marche de la paix du Canada à Guantanamo entreprise à Québec le 26 mai 1963, la mort sous les balles de la Garde nationale de quatre étudiants sur le campus de l’université Kent en Ohio le 4 mai 1970. Porté par le souffle qui mène son œuvre romanesque, cet arrêt sur images constitue une trace littéraire de ces années de révolte, d’illuminations et de souffrances.
BOUCHARD, Serge, C’était au temps des mammouths laineaux, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 232 p. (Essai) (Boréal Compact), 2013, 232 p.
« Je suis un grand-père du temps des mammouths laineux, je suis d’une race lourde et lente, éteinte depuis longtemps. Et c’est miracle que je puisse encore parler la même langue que vous, apercevoir vos beaux yeux écarquillés et vos minois surpris, votre étonnement devant pareilles révélations. Cela a existé, un temps passé où rien ne se passait. Nous avons cheminé quand même à travers nos propres miroirs. Dans notre monde où l’imagerie était faible, l’imaginaire était puissant. Je me revois jeune, je revois le grand ciel bleu au-delà des réservoirs d’essence de la Shell, je me souviens de mon amour des orages et du vent, de mon amour des chiens, de la vie et de l’hiver. Et nous pensions alors que nos mains étaient faites pour prendre, que nos jambes étaient faites pour courir, que nos bouches étaient faites pour parler. Nous ne pouvions pas savoir que nous faisions fausse route et que l’avenir allait tout redresser. Sur les genoux de mon père, quand il prenait deux secondes pour se rassurer et s’assurer de notre existence, je regardais les volutes de fumée de sa cigarette lui sortir de la bouche, par nuages compacts et ourlés. Cela sentait bon. Il nous contait un ou deux mensonges merveilleux, des mensonges dont je me rappelle encore les tenants et ficelles. Puis il reprenait la route, avec sa gueule d’acteur américain, en nous disant que nous étions forts, que nous étions neufs, et qu’il ne fallait croire qu’en nous-mêmes. »
Avec sa manière inimitable, sur le ton de la confidence, Serge Bouchard jette un regard sensible et nostalgique sur le chemin parcouru. Son enfance, son métier d’anthropologue, sa fascination pour les cultures autochtones, pour celle des truckers, son amour de l’écriture.
BRAULT, Jacques, Chemins perdus, chemins trouvés, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 304 p. (Essai)
L’essai, chez Jacques Brault, a toujours accompagné l’écriture poétique, comme en ont déjà témoigné superbement Chemin faisant (1975) et La Poussière du chemin (1989), parus tous deux dans la collection « Papiers collés », et comme en témoigne de nouveau le livre que voici, ultime volet de ce qui se découvre aujourd’hui comme une longue méditation ininterrompue dans laquelle un praticien réfléchit à son propre métier et s’efforce, comme il le dit, de « pousser l’énigme qu’est la poésie dans ses derniers retranchements ». Mais existe-t-il une telle chose que les « derniers retranchements » de la poésie ? Est-il possible de voir son visage, de saisir sa présence directement et une fois pour toutes ? Non, bien sûr, car la poésie est toujours ailleurs, toujours plus loin, toujours autre que ce que nos raisonnements croient découvrir. Et pourtant, il est impossible d’abandonner la recherche, de ne pas continuer à cheminer vers elle, inlassablement, vers son secret qui noue l’un à l’autre, l’un dans l’autre, l’incertaine et splendide évidence du monde et le sens fuyant de notre existence. Secret que chaque poème lu ou écrit trouve et perd à la fois, sans cesse et à jamais. « Est-ce clair ? » demande l’essayiste, et il répond : « Oui, comme la nuit ».
Écrits au cours des deux dernières décennies, les vingt-huit essais qui composent ce recueil se présentent comme autant d’explorations à travers lesquelles peu à peu se forme et s’approfondit une pensée, ou mieux : une conscience de la poésie, comme art, certes, mais aussi, et surtout, comme l’expérience à la fois obscure et lumineuse à la source et au terme de cet art. Ces explorations se font tantôt par le souvenir, l’autoportrait en « bricoleur » ou en professeur de poésie, tantôt par la réflexion philosophique, tantôt encore, bien sûr, par la (re)lecture de quelques œuvres toutes marquées à leur manière par l’avènement de la poésie. À la fois précises et « rêveuses », ces lectures abordent aussi bien des romanciers (Gabrielle Roy, Gilles Archambault, Yvon Rivard) que des poètes d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui, de Laforgue à Char, de Grandbois et Saint-Denys Garneau à Roland Giguère et Miron, de Robert Melançon à Marie Uguay, de Robert Marteau à Jean-Pierre Issenhuth. Mais dans tout cela, point de lourdeurs ni de démonstrations savantes, car « l’art de l’essai, dit Jacques Brault, chemine, à la fois écolier et vagabond, naïf et rusé, moqueur, mélancolique, perdu de finitude, éperdu d’infini, espérant toujours que plus tard, peut-être…»
« Ses propos, toujours intéressants, toujours pertinents, sur ses lectures, réflexions et souvenirs sont un baume assuré. » Le Libraire
« [Jacques Brault] renoue avec le souvenir de son frère Gilles, mort au champ d’honneur lors de la Deuxième Guerre mondiale. Dans un style somptueux, il imagine maintenant Gilles, “ ce grand sauvage blond et plus taciturne que les pierres ”, encore avec lui. […] Les textes de Saint-Denys Garneau, de Roland Giguère ou de Gaston Miron, Brault les interroge avec une telle intensité que le seul fait de les remuer dépasse l’exégèse. » Michel Lapierre – Le Devoir
CARPENTIER, André, Dylanne et moi, Montréal, Boréal, 2012, 140 p. (Roman)
« J’étais sans faim ni autre soif que d’ajouter de l’inédit à ma vie, ou de la réorienter. N’était-ce pas, inconsciemment bien sûr, pour cette raison que j’avais accepté cette aventure artistique à deux ? Pour me retrouver, moi, dans une nouvelle expérience de vie, comme on se retrouve soi et soi seul en voyage, en relation de front à front avec la multitude. Mais cela je le dis avec le recul. Sur le coup, je pensais à fuir. »
Après ses flâneries dans les ruelles montréalaises (Ruelles, jours ouvrables, 2005) et dans les cafés (Extraits de cafés, 2010), André Carpentier revient au roman avec une l’histoire envoûtante d’une improbable rencontre.
Un homme répond à une petite annonce parue dans un hebdo culturel. Il est médecin et il est en convalescence à la suite d’un cancer. Ladite annonce propose « une expérience artistique à deux – galants s’abstenir ». Après quelques échanges de courriels, il se rend à l’atelier d’artiste de Dylanne, et il est déconcerté devant l’originalité du projet qu’on lui propose. L’homme de raison se plie néanmoins aux directives de l’artiste et accepte de la suivre, même s’il ne comprend dans quelle voie elle l’engage.
Quelques mois plus tard, au retour d’une mission humanitaire, il revoit Dylanne lors d’une séance de signatures pour son livre intitulé Derniers regards. Il comprendra alors la nature du lien qui unit le modèle et l’artiste.
André Carpentier propose ici une réflexion sur l’intériorité, la beauté, la complicité entre deux êtres, mais aussi sur l’imprévu qui peut survenir et auquel parfois on tente de se dérober.
« Quel beau texte et quelle belle leçon ! » Aurélien Boivin - Québec français
« Regards et jeux dans l'espace, roman sur “ la force de récupération de l'art ”, Dylanne et moi est un récit métaphorique aux multiples couches, où l'on peut s'amuser longtemps à décrypter les codes, le sens, les images. L'amateur de rebondissements s'y ennuiera peut-être. Mais on se régalera de l'écriture sobre et riche de Carpentier. » Marie-Claude Fortin – La Presse
« C'est avec sensibilité qu'il [André Carpentier] nous raconte l’histoire d’une improbable rencontre. À travers cette rencontre, il nous invite à une réflexion sur l’intériorité, la beauté, la complicité entre deux êtres, avec ce qu'il y a d'imprévu, ce genre d'imprévu qui peut parfois survenir et auquel on tente de se soustraire. » Carole Payer – Journal de Montréal
CHARETTE, Nicolas, Chambres noires, Montréal, Boréal, 2012, 160 p. (Roman)
Photographe de son métier, Victor préfère considérer le monde à travers l’objectif d’un de ses Leica. Il arrive parfois que la soif le force à sortir de chez lui. Dans la rue, il trouve d’autres êtres qui semblent partager cette soif qui le taraude, mais il ne reconnaît plus le visage que lui renvoient les vitrines des magasins. Et, de plus en plus, il est fasciné par ce fusil que lui a donné un de ses amis et dont il rêve de tronquer le canon.
Dans ce premier roman, Nicolas Charette traduit dans une langue d’une prenante sobriété l’envers du réel, l’horreur qui se cache derrière les décors les plus familiers. Qu’il soit provoqué par l’alcool ou la drogue, ou simplement par les faux-semblants du monde qui nous entoure, le malaise qu’il décrit nous saisit à la gorge pour ne plus nous quitter.
CHUNG, Ook, La Trilogie coréenne, Montréal, Boréal, 2012, 448 p. (Roman)
Le français est ma langue d’adoption, mais n’est-il pas plus juste de dire que c’est elle qui m’a adopté, comme des parents adoptent un orphelin sans son consentement ?
Si j’écris en français, ce n’est pas tant parce que je trouve la langue française belle que parce que j’ai « quelque chose à dire ». Et, paradoxalement, ce que j’ai à dire est ma condition d’exilé. Je parle, je pense, j’existe dans une langue « accidentelle » et si je suis devenu écrivain, c’est encore par accident. Le métier de conteur est l’héritage que j’ai reçu de ma condition d’être-en-exil.
Le Japon, la Corée, le Canada, les trois lieux, les trois temps de la vie d’Ook Chung font l’objet des trois volets de cette trilogie. Le romantisme sombre d’un Japon encore en proie aux fantômes de la guerre, l’optimisme d’une Corée, pays du matin calme, à l’orée d’une ère nouvelle, le patchwork multiculturel des ruelles de Montréal, où retentit l’écho de tant d’accents. Ils sont le théâtre chaque fois d’un retour sans cesse ajourné, tandis que peu à peu s’érige le seul lieu habitable qui est, au fond, le plaisir de raconter, la magie du récit héritée des ancêtres.
« À l’aube de la cinquantaine, il revisite l’enfant qu’il a été et l’homme qu’il est devenu, les lieux qui l’ont vu naître et grandir, qui ont façonné son parcours avant même sa naissance. Fascinant voyage en trois temps. Magnétique, Ook Chung. Magnifique traversée des appartenances, que La trilogie coréenne. Et troublante quête, dans les ruines du passé, au-delà des apparences. » Danielle Laurin – Le Devoir
« En refusant de tomber dans les ornières du passé, La Trilogie coréenne marque le triomphe de la littérature sur la tentation de la nostalgie. » Martine Desjardins – L’Actualité
DESJARDINS, Louise, Rapide-Danseur, Montréal, Boréal, 2012, 168 0p. (Roman)
Après une rupture définitive avec sa famille, mère et fils, Angèle s’est exilée au Nord, Chisasibi d’abord, puis Rapide-Danseur, en Abitibi. Depuis deux ans, elle tente de se reprendre en main avec l’aide de Ray, son bel amoureux du fond des bois. Mais voilà que le passé la rattrape avec la mort accidentelle de sa mère, Anita. Elle devrait se rendre à Montréal, revoir son fils Alex, dire adieu à sa mère, mais elle ne fait que plonger dans ses souvenirs, incapable même de se confier à Ray. Elle sait que tout peut basculer en cette journée de tempête qui semblera une vie pour elle.
Après Le Fils du Che, dont l’action se déroulait à Montréal, Louise Desjardins poursuit son exploration des relations mère-enfant sur fond de paysage nordique. L’univers si particulier de Louise Desjardins trouve toute sa force dans son regard sur la nature, où l’humain est si petit.
« On ressort de cette lecture, le cœur et l’âme brassés, heureux de ce dur voyage qui révèle nos peurs les plus secrètes. Un récit démontrant avec poésie que nos faiblesses sont une part entière de notre humanité. » Tania Massault - Cousins de personne
« D'un côté, cette légèreté de ton. Et ces petits riens du quotidien, ces petits gestes d'amour qui en disent long. De l'autre cette profondeur. Et ce grand trouble intérieur, cette angoisse qui monte. Tout cela entremêlé, en fait. » Danielle Laurin - Le Devoir
GRAVEL Soublière, Alexandre, Charlotte before Christ, Montréal, Boréal, 2012, Boréal Compact), 2013, 224 p. (Roman)
acha et Charlotte sont amoureux. Amoureux fous. Il perd son temps à l’université. Elle étudie la danse. Lui est fils de riches et souffre de la maladie de Still, sorte d’arthrite qui l’empêche parfois de bouger tant la douleur est grande. Elle a des cicatrices sur le coeur : jamais connu son père, pas un sou, une fille brisée.
Dans leurs temps libres, ils squattent des maisons, font du vandalisme, écoutent beaucoup de musique, écrivent sur Facebook. Ils ne passent jamais plus de douze heures sans se texter Je t’aime. Mais surtout, ils partagent un journal intime, le Black Book:
« Choses à essayer ensemble : Faire une overdose, faire des photos porno, partir sur le pouce (pas dans l’Ouest), avoir juste des amis chats (de race), des bengales surtout, tuer quelqu’un, vivre un an dans un chalet, avoir chacun notre psychologue, ne pas se survivre l’un l’autre. BB — Entrée 18. »
« Son livre est important. Je le comparerai à Vamp de Mistral. Une langue surprenante. Très contemporain. C'est très bien écrit. Un livre important qui gagne à être lu. » Biz - Radio-Canada / Plus on est de fous, plus on lit
ISSENHUTH, Jean-Pierre, La Géométrie des ombres, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2012, 184 p. (Essai)
Poète, professeur, critique, petit-fils d’un charpentier alsacien, Québécois depuis des lustres, plus paysan qu’homme de lettres, Jean-Pierre Issenhuth a publié des carnets (Chemins de sable, Le Cinquième Monde) qui rassemblent ses réflexions de jardinier et de promeneur, débusquant dans la littérature et la physique contemporaine les voix qui ouvrent des pistes, lisant le monde tel qu’il va, ruminant ses humeurs humanistes et misanthropes dans une cabane construite de ses mains. L’auteur est paradoxalement un ennemi de la littérature se nourrissant de littérature, « un ermite activement préoccupé de communauté », pour qui « la contradiction est le fond des choses, leur beauté, leur vérité possible et leur moteur ». Disparu en juin 2011, il laisse avec La Géométrie des ombres son testament de journalier du verbe. De la curiosité la plus hétéroclite aux méditations philosophiques et mystiques, son écriture nous fait pénétrer, non sans pudeur, dans les occupations d’un esprit exceptionnel d’humilité et de sagesse. Luba Markovskaia -
KATTAN, Emmanuel, Les Lignes de désir, Montréal, Boréal, 2012, 256 p. (Roman)
C’est à Jérusalem que Sara décide de poursuivre ses études d’archéologie. Elle quitte Montréal pour s’installer dans un pays à l’histoire complexe qui l’amène sans cesse à s’interroger sur ses origines et sa propre identité. Née d’une mère musulmane et d’un père juif, comment peut-elle réconcilier les deux visages si opposés de ses racines familiales ? Comment peut-elle vivre, aimer, dans un pays où les questions de foi et de religion sont inextricablement mêlées à la politique, instaurent des frontières invisibles au cœur même des êtres ?
Elle se lie d’amitié aussi bien avec des étudiants juifs à l’Université hébraïque qu’avec sa colocataire musulmane, Samira. Elle rencontre Avner, un amant de passage, puis tombe amoureuse d’Ibrahim.
Quelques mois après son arrivée, Sara disparaît brusquement. Inquiet, Daniel, son père, débarque à Jérusalem pour tenter de la retrouver. Entre les amis de Sara, ses professeurs et le commissaire chargé de l’enquête s’installe une angoissante attente. Daniel essaie de retracer les faits et gestes de sa fille au cours des semaines qui ont précédé sa disparition.
LAFERRIÈRE, Dany, Chronique de la dérive douce, Montréal, Boréal, 2012, 216 p. (Roman)
Sorte de « compagnon » à L’Énigme du retour, ce roman, dont la première édition est parue à Montréal en 1994, raconte l’arrivée d’un jeune Haïtien dans la métropole québécoise au milieu des années 1970. Poursuivant son projet de réécrire son oeuvre en l’approfondissant, l’auteur nous donne ici une nouvelle version, entièrement remaniée et augmentée, de ce qui aurait pu s’appeler L’Énigme de l’arrivée, si ce titre n’avait été rendu célèbre par V.S. Naipaul.
Quand il s’est installé à Montréal, Dany Laferrière n’allait pas tant au devant de nouveaux horizons qu’il fuyait sa patrie où sa vie était en danger. Cette contrainte colore violemment la manière dont il voit le monde, et c’est cette vision chaotique qu’il partage ici avec nous. Le roman est composé de 360 fragments — qui prennent la forme de proses ou de vers libres, un peu à la manière de L’Énigme du retour —, à partir desquels le lecteur peut se former un portrait de la première année que le romancier a passée au Québec. Chacune des pièces de ce puzzle s’ajuste parfaitement aux autres pour souligner l’incertitude et la crainte qui taraude ceux qui ont quitté une terre bien-aimée pour sauver leur peau.
Chronique de la dérive douce est le premier « roman du Québec » de Dany Laferrière, et il inaugure un dialogue entre l’enfant du Sud et la terre du Nord qui dure encore aujourd’hui.
LALONDE, Robert, Un jour le vieux hangar sera empôrté par la débacle, Montréal, Boréal, 2012, 192 p. (Roman)
Il y a d’abord, bien sûr, Stanley, l’Indien, le visage à deux faces, qui attire le narrateur comme un soleil noir. Il y a Serge, le fils de bourgeois, le bouc émissaire de toutes ses incertitudes et de toutes ses faiblesses. Éloi, l’ivrogne, l’épouvantail, qui l’attrape en plein vol durant ses nuits de somnambulisme. Claire, sa cousine, l’enfant sauvage, qui le force à sortir de son mutisme. Delphine, qui lui donne la clé des livres et de la chair. Le père Arcos, qui lui apprend la souffrance du monde. Il y a encore l’inséparable, le jumeau, le double aérien, qui vole et marche, apparaît et disparaît, prononce son amour et ses frousses aux comètes filantes et aux étourneaux qui passent.
Et puis il y a Clément, l’ami vrai enfin trouvé, qui permet au narrateur de retourner dans le vieux hangar, où peut-être le pardon l’attend.
Le périlleux passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte se trouve au cœur de toute l’œuvre de Robert Lalonde. Le sourd travail du désir, l’élan vers la lumière, la fascination des ténèbres, la passion pour les êtres et les mots, la terrible sagesse de la nature, tous ces thèmes sont ici transfigurés par une manière nouvelle chez Lalonde de tisser plusieurs histoires, de les heurter les unes contre les autres pour en faire retentir toutes les harmoniques.
MAJOR, André, Prendre le large. Carnets 1995-2000, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 232 p. (Essai)
« Comme tout un chacun, je ne suis pas un homme comme les autres », écrit André Major en présentant ce nouveau volume composé à partir des carnets personnels qu’il a tenus entre 1995 et 2000. Ne pas être tout à fait comme les autres et ressembler à tout un chacun : si paradoxale qu’elle paraisse, n’est-ce pas là, au fond, la définition la plus exacte de l’écrivain, individu absolument et radicalement singulier, mais qui se sait porteur de la condition la plus commune, celle de l’humanité vivant, souffrant, jouissant et mourant au milieu d’un monde qui est à la fois sa patrie et son exil ?
Chez André Major, c’est avant tout aux lectures (des romanciers nordiques, en particulier), aux paysages (collines, forêts et lacs des Laurentides) et aux êtres proches (ses vieux parents, notamment) qu’appartient le privilège d’ordonner la suite des jours et d’en faire cette œuvre la plus humble et la plus belle qui soit : une simple vie humaine.
Au début de ces carnets, l’auteur arrive au milieu de la cinquantaine. C’est l’âge du détachement et de l’ouverture. Détachement de soi-même et des ambitions de jadis ; retraite à l’écart de la comédie sociale; repli sur l’essentiel; conscience de la fin qui approche. Mais ouverture, en même temps, à la beauté préservée de la nature, des êtres et des livres, d’autant plus proche et précieuse qu’elle représente tout ce qui importe désormais pour celui qui s’est éloigné, pour le déserteur qui ne demande plus qu’à « prendre le large ».
Écrit dans une prose aussi limpide que dépouillée, d’une modestie et d’une justesse incomparables, cette chronique d’un homme « pas comme les autres » est en même temps le roman de « tout un chacun » d’entre nous, ses semblables, ses frères.
« Je vous ai déjà dit tout le plaisir que je prenais aux Carnets d'André Major, je vous le redis avec plus d'enthousiasme encore: il vient d'en réunir d'autres sous le titre Prendre le large, qui couvrent les années 1995-2000 et qui distillent la même prose économe et précise que les premiers. … pour la justesse et la clarté à l'arrivée, on ne trouvera pas, dans toute la littérature québécoise d'aujourd'hui, de petites proses plus claires, mieux tirées au cordeau que celles de ces carnets. »
Pierre Foglia, La Presse
PAPINEAU, Véronique, Les Bonnes Personnes, Montréal, Boréal, 2012, 224 p. (Roman)
Montréal. Les années 2010. À la suite de leur rupture, Charlotte et Paul tentent de continuer leur vie. Charlotte espère trouver l’amour et le bonheur auprès de Lecoq, un collègue de travail. Paul essaie de reprendre sa vie conjugale et familiale là où il l’avait laissée. Cependant, la réalité les rattrape.
Véronique Papineau renoue ici avec le ton incisif de ses nouvelles, et nous retrouvons son regard lucide et parfois amusé sur l’amour et la trahison. Surtout, elle nous donne accès autant au point de vue de Charlotte qu’à celui de Paul, qui n’ont pas toujours la même version de leur histoire…
POLIQUIN, Daniel, L’Histoire de rien, Montréal, Boréal, 2012, 184 p. (Roman)
Au tournant du xxe siècle, une jeune institutrice quitte son village pour voir enfin l’Europe à laquelle elle rêve depuis si longtemps, elle qui n’est jamais allée plus loin que le bout de la terre familiale. Au début des années 60, trois garçons au seuil de l’adolescence visitent clandestinement l’« ex » d’Ottawa et en gardent un souvenir plus ébloui que s’ils avaient accompagné Sinbad au cours de ses voyages fabuleux. De nos jours, un ci-devant avocat travaille comme vendeur dans une grande quincaillerie, sous le nom d’emprunt de Rocky. Malgré l’échec de sa carrière et de son mariage, il se retrouve avec l’intime conviction que sa vie est aussi riche de promesses qu’au premier jour.
S’il vous est arrivé de douter que l’Ontario francophone est un pays de magie et de merveilles, il vous faut lire L’Historien de rien. Roman en trois « époques », il apporte la preuve que la vie n’est jamais aussi riche que lorsqu’elle échappe aux grands bouleversements de l’Histoire. Que reste-t-il à raconter alors à l’« historien de rien » ? Il lui reste à faire l’inventaire des milliers de petites choses essentielles que contient ce rien.
RACINE, Robert, Les Vautours de Barcelone, Montréal, Boréal, 2012, 304 p. (Roman)
Parce qu’elle était sensible à l’effondrement des êtres, Gabriella sentit le besoin d’aller se recueillir devant la cage des vautours du zoo de Barcelone. Quelques mois plus tôt, son père Giotto s’y était écrasé à bord de l’avion Spica. Les charognards, ces beaux chéris, avaient observé la scène, stoïques et ravis. Le premier, Sasko, avait demandé à son voisin : « Rhamp, tu aimes les anthrax ? » Immobile sur son perchoir de bambou, il répondit : « Cela dépend du coryphée. » Kalino, Dur LaSoie, Eschyle, OEil de Mouche et Karma LeCoran veillaient.
Quel que soit le médium auquel il s’intéresse, Rober Racine le réinvente pour en tirer quelque chose qui brille avec tout l’éclat de ce qui est radicalement neuf.
Les Vautours de Barcelone, sans doute son œuvre littéraire la plus accomplie à ce jour, est une étonnante méditation sur la création, le tragique, la place de l’homme dans le cosmos. C’est surtout une célébration de l’art sous toutes ses formes, et un hommage poignant à l’œuvre du compositeur Claude Vivier, dont la musique et le destin hantent le roman.
« Les Vautours de Barcelone compose une mécanique romanesque, sinon parfaitement huilée, à tout le moins étonnante et ample comme une immense caisse de résonance. Une histoire de création et de destruction. » Christian Desmeules – Le Devoir
RIVARD, Yvon, Aimer, enseigner, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2012, 208 p. (Essai)
Après trente-cinq ans d’enseignement de la littérature, Yvon Rivard réfléchit sur ce métier, qui est idéalement un métier de partage et d’éveil du désir. Si l’enseignement est une histoire d’amour, c’est que la connaissance et l’amour obéissent au même désir inconscient d’échapper à la mort en laissant le mystère du monde, la beauté et l’étrangeté des êtres et des choses, élargir le regard et la pensée : « Plus le professeur éveille ce désir, plus il s’expose à être pris et à se prendre pour Dieu. » L’auteur aborde ici la question risquée de l’éros pédagogique en s’appuyant sur des œuvres qui, toutes, se posent, au fond, la question du bien et du mal.
VÉZINA, France, Osther, le chat criblé d’étoiles, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2012, 360 p. (Roman) (édition originale : Québec/Amérique 1990)
2013
ARCHAMBAULT, Gilles, Lorsque le cœur est sombre, Montréal, Boréal, 2013, 232 p. (Roman)
Vient un temps dans la vie où le présent n’a presque plus de poids et où l’être ne possède rien de plus précieux ni de plus sûr que le souvenir de ce qu’il a été, de ce qu’il a vécu et de ce qu’il a perdu. Ghislain, un vieux comédien solitaire et à peu près oublié, a décidé de réunir quelques-uns de ses amis de longue date pour un repas au restaurant. Il y aura là Marie-Paule, l’ancienne maîtresse restée proche de lui, Yves, le romancier, Luc, le marginal, la jeune Annie, fille d’un ami disparu. Et bien des fantômes. Qu’attend Ghislain de ces témoins de son passé, que veut-il leur annoncer, qu’espère-t-il revivre en leur compagnie, personne ne le sait. Mais tous, sous le coup de cette invitation, sont amenés à penser à lui, à reparcourir eux aussi leur propre existence et à éprouver pour eux-mêmes la fuite du temps, l’approche inexorable de la fin.
Cinq personnages différents qui prennent tour à tour la parole ; huit séquences échelonnées sur une seule journée, de dix heures du matin à minuit ; une attente qui se met progressivement en place : ce roman est construit avec la rigueur et la simplicité d’une pièce de théâtre.
AWUMEY, Édem, Explication de la nuit, Montréal, Boréal, 2013.
Ito Baraka va mourir. À Gatineau, loin du soleil, dans l’obscurité humide de ce minable appartement qu’il partage avec sa compagne, Kimi, autochtone et junkie. Mais, avant de mourir, il a ce livre à finir. Ce roman où il raconte des événements qui se déroulent dans un pays où le soleil brûle, brûle la peau, brûle le cerveau, brûle la rétine de ceux qu’on oblige à le regarder sans ciller. Dans un pays où brille également un autre soleil, celui d’un dictateur en proie à la peur. Et quand un dictateur a peur, il ratisse large. D’abord, il y a ces jeunes, à l’université, qui affichent leur liberté en montant Beckett sur des scènes de fortune et en distribuant des tracts où la parole de l’auteur de Fin de partie prend une résonnance insoupçonnée. Ensuite, il y a les vieux, qui sont, on le sait bien, devins, mages, charlatans et surtout ensorceleurs et mangeurs d’âmes, et qui, une fois la nuit venue, sur leur couche, ferment les yeux, ordonnent à leur esprit de quitter leur corps et partent vers des contrées lointaines, êtres étranges aux bras déployés au-dessus des cases endormies, leurs ailes de feu tendues dans le vent. La magie n’est-elle pas la plus dangereuse forme de sédition? C’est ainsi que Ito, dans sa cellule, fera la connaissance de Koli Lem, l’aveugle qui ne se sépare jamais de ses livres. Au milieu de la nuit la plus noire, dans les paroles échangées, dans leur chair, ils seront l’un pour l’autre l’unique lumière. Dans ce quatrième roman, Edem Awumey propose une œuvre d’une force inouïe, qui explore impitoyablement cette obscurité que l’humanité porte en elle.
BOCK, Raymond, Atavismes, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 234 p. (Histoires) [édition originale : quartanier, 2011]
Réalistes, fantastiques ou spéculatives, les histoires d’Atavismes, reliant les voix contemporaines à celles du passé, redessinent la carte d’une Amérique où la sauvagerie des forêts millénaires se mêle aux vertiges isolés de la grande ville.
Dans ce recueil d’histoires, Raymond Bock s’intéresse à l’Histoire, notre histoire. À une filiation tragique depuis les origines sanglantes de la colonie jusqu’à son abandon devant la télévision, c’est à la fois épique et pathétique, et le regard, lui, est impitoyable.
BOUCHARD, Hervé, Parents et amis sont invites à y assister. Drame en quatre tableaux avec six récits au centre, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 234 p. (Roman) [edition originale: Le Quartanier, 2006]
BOURQUE, Guillaume, Jérôme Borromée, Montréal, Boréal, 2013.
Dans la paisible banlieue de Boucherville, pendant que sa mère explore le monde des voyants et des esprits, Jérôme Borromée, qui traverse l’adolescence, se retrouve mêlé à d’étranges rituels. Rituels où sont engagés son père, son grand frère, son meilleur ami, ses camarades d’école, plus ou moins fortunés, et qui visent à définir la place de chacun dans la hiérarchie de l’existence.
Toutes les manières sont bonnes de marquer sa supériorité, l’argent, l’intelligence, la sexualité, assignant à chacun le rôle qui lui revient, victime ou bourreau. Au nombre des victimes, il faudra enfin compter les rêves et les ambitions de Jérôme Borromée.
Cette première œuvre de fiction de Guillaume Bourque propose une variation étonnante sur le thème du roman d’apprentissage.
CHEN, Ying, La Rive est loin, Montréal, Boréal, 2013, 144 p. (Roman)
Un couple fait vie commune depuis de nombreuses années. Ils sont presque devenus étrangers l’un à l’autre. Elle est une femme mystérieuse, qui ne semble à son aise que dans les imaginations fantastiques qu’elle entretient au sujet de ses vies antérieures. Lui est un scientifique, bien ancré dans la réalité, occupé à répertorier et à classer des objets.
On découvre un cancer à l’homme. Il va mourir. La femme, soudain, vit cette mort comme la fin du monde et découvre combien elle tenait à cet homme, à cet amour.
Dans La rive est loin, Ying Chen rattache ses œuvres précédentes dans un ensemble parfaitement cohérent. Pour la première fois, on entend la voix de A., le mari, dans ce cycle romanesque qui donnait jusqu’ici toute la place à la voix féminine. Ce roman, admirable dans son ampleur apocalyptique en même temps que par le côté si intimiste et si humain de la tragédie que vit ce couple, est une réaffirmation de la vie, de son caractère irréductible, de son pouvoir d’éternité.
COURTEMANCHE, Gil, Je ne veux pas mourir seul, Montréal, Boréal. (autofiction)
Un homme apprend la même semaine que sa femme le quitte et qu’il est atteint d’un cancer. Laquelle de ces deux morts annoncées est la plus redoutable ? Quelles raisons aurait-il désormais de se battre pour sa vie ? Ce livre, le plus personnel que Gil Courtemanche nous ait donné, nous montre un homme seul devant la mort, seul devant la vie, qui lance un bouleversant cri de douleur, un pressant appel à ne pas laisser échapper cette vie. C’est aussi, surtout, une fabuleuse déclaration d’amour.
DUCHESNE, Christiane, Mensonges, Montréal, Boréal, 2013.
Violette et Parmélie. La plus jeune dépasse la plus vieille d’une bonne tête. Violette a douze ans et Parmélie quatre-vingt-deux. Violette a perdu ses parents, Parmélie perd tous les siens, ils s’effacent les uns après les autres. Il lui reste Violette, son arrière-petite-fille qui n’a plus qu’elle au monde.
Le temps presse pour que Parmélie résolve l’énigme que renfermait le testament de son père, le boucher de Sainte-Marie. Que veut donc dire cette phrase codée que contenait son ultime clause : « Et pour le reste, IOEL FR ZNCCHH » ? Et si ce « reste » était une fortune qui permettrait à Parmélie de savoir que Violette sera à l’abri du besoin, au moins jusqu’à ce qu’elle soit assez vieille pour gagner sa vie ?
Mais il arrive que les trésors que nous lèguent nos parents aient leur part d’inavouable. Et il est des choses qu’on ne peut révéler, même à nos arrière-petits-enfants.
C’est ainsi que, à quatre-vingt-deux ans, on se met à raconter des mensonges.
GAGNON, Madeleine, Depuis toujours, Montréal, Boréal, 2013, 432 p. (Récit autobiographique)
Née à Amqui, Madeleine Gagnon se souvient avec enchantement de son enfance entourée d’une nature rayonnante, au sein d’une vaste famille qui œuvre dans la forêt et sur la terre, gens droits et fiers, mais sur l’esprit desquels règne encore indûment tout ce qui porte soutane.
L’entrée au pensionnat marque le début des grandes aventures intellectuelles et la naissance d’un profond refus qui commence à creuser ses sillons. Refus qui tranquillement remontera à la surface pendant les études en Europe, pour éclater quand la jeune femme rentrera dans un Québec méconnaissable. Marx a remplacé Claudel. La psychanalyse accompagne et favorise la venue à l’écriture, et l’œuvre surgit sous forme d’un torrent. En même temps que la femme connaît la douleur et l’éblouissement de l’enfantement, l’exaltation amoureuse et les tourments du désamour.
Madeleine Gagnon raconte aussi les amitiés, primordiales, avec Annie Leclerc, Christiane Rochefort, entre autres. Les luttes féministes, avec tous les rêves et toutes les déchirures qu’elles portent. Le temps qui transforme tout, la disparition des parents. Les nouvelles passions, qui seules nous permettent de continuer la route, comme celle de comprendre le lien cruel et mystérieux qui unit les femmes et la guerre.
Prix Arthur-Buies du Salon du livre de Rimouski pour l'ensemble de son œuvre 1990 (Depuis toujours)
Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre 2002 (Depuis toujours)
GRUDA, Joanna, L’enfant qui savait parler la langue des chiens, Montréal, Boréal, 2013, 264 p. (Roman)
Il y a des vies qui sont si étonnantes qu’on n’aurait pu les inventer. C’est le cas de celle de Julian Gruda, alias Jules Kryda, alias Roger Binet. Comment, à quatorze ans, un garçon peut-il déjà avoir emprunté autant d’identités ? Avoir vécu avec autant de familles différentes sans se faire démasquer ? Avoir servi d’agent secret de la Résistance ? Comment peut-il avoir grandi à l’orphelinat même s’il a deux mères, au moins ? Et surtout, où a-t-il appris à parler la langue des chiens, ce qui fait tant l’admiration de ses camarades ?
En nous racontant sous forme romanesque l’histoire véridique de son père, Joanna Gruda dépeint une enfance hors du commun, qui commence à Varsovie à l’orée de la guerre et qui s’achève dans Paris libéré. À travers les yeux de Julek, ce sont les heures les plus sombres du siècle dernier qu’on voit défiler, mais rendues avec une vérité et une vivacité hors du commun. C’est la guerre – inhumaine, trop humaine –, comme si nous y étions.
La nécessité, pour les Juifs d’Europe, de fuir et de se cacher, les délices de l’école buissonnière, l’occupation allemande, les amourettes heureuses ou malheureuses, les bombardements qui ont accompagné l’offensive alliée, la joie de retrouver les êtres aimés qu’on croyait perdus, l’abîme dans les yeux de ceux qui sont revenus des camps, tout cela est raconté sans la moindre sentimentalité, rendant plus palpable encore le tragique qui imprègne ces années sombres.
Mais ce récit captivant est d’abord l’histoire d’un enfant qui garde sa capacité d’étonnement devant les tours et les détours du destin. Animé d’un espoir inextinguible, il nous donne une extraordinaire leçon de survie.
KATTAN, Emmanuel, Le portrait de la reine, Montréal, Boréal, 2013.
Lorsqu’un inconnu vous aborde dans la rue, d’emblée, vous vous méfiez. C’est naturel. Mais Rick Boisvert, ce travailleur new-yorkais qui fait la même promenade toutes les fins de semaine et prend son petit-déjeuner au Nations Diner sur la 1re Avenue, n’est pas du genre à voler les sacs à main des vieilles dames. Il a besoin de compagnie et a parfois des « sursauts d’imagination » qui viennent rompre la monotonie de son quotidien. Alors, lorsqu’il aperçoit une femme vêtue d’un imperméable jaune canari qui ressemble vaguement à la reine d’Angleterre, il n’y a rien pour freiner le rêve. Et elle, la dame de Sutton Place, pourquoi ne jouerait-elle pas le jeu? Pourquoi ne pas lui accorder ce qu’il désire?
Ainsi s’amorce une étrange et invraisemblable relation dans un New York magnifiquement rendu.
LALONDE, Robert, C’est le coeur qui meure en dernier, Montréal, Boréal, 2013.
Robert Lalonde évoque de façon bouleversante celle qui fut sa mère, femme piégée par le destin et qui d’outre-tombe continue d’entretenir avec son fils un rapport de tendresse et de bataille.
LEBLANC, Perrine, L’homme blanc, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 180 p. (Roman) [edition originale: Quartanier, 2010]
L’homme blanc, c’est Kolia, né dans les monts K. en Sibérie orientale, élevé dans les prisons de Staline. Là-bas, enfant encore illettré s’habituant à la faim et au froid, il fait la rencontre de Iossif, un prisonnier originaire d’Europe de l’Ouest qui le prend en charge et lui donnera le goût de l’art, du français, du monde libre.
Gagnant du Combat des livres 2011 (L'homme blanc) Grand Prix du livre de Montréal 2010 (L'homme blanc) Prix du Gouverneur général 2011 (L'homme blanc)
LECLERC, Rachel, Le chien d’ombre, Montréal, Boréal, 2013.
Richard Levasseur, le narrateur de La Patience des fantômes, roman paru en 2011, nous revient dans ce nouveau livre de Rachel Leclerc. Diminué par un accident vasculaire cérébral, il croit encore user de son libre arbitre quand il sort de sa maison un soir d’automne pour assister à la migration des oies sauvages, dont les cris ne cessent de l’appeler. Prisonnier du dehors, il passera une nuit envoûtante et initiatique avec le fantôme de son grand-père, Joachim Levasseur, figure emblématique de la famille. Pour ce petit-fils venu à sa rencontre, Joachim deviendra lui-même le narrateur d’une autre histoire, celle de Georges, son enfant adultérin et inconnu de tous, dont le destin ne doit pas tomber dans l’oubli. Au fil des pages, on retrouve Bianca, l’amoureuse de Richard, ainsi que Joseph, leur fils adoptif. Surtout, on s’attache à Georges et à la vie qu’il s’est inventée dans un village au bord du Saint-Laurent. Au sujet de l’homme discret et tourmenté qu’est Richard Levasseur, on se dit qu’il a enfin trouvé le repos de l’esprit et du cœur. Puis on s’aperçoit qu’on ne sait presque rien et qu’on n’est pas grand-chose… Avec l’écriture envoûtante qu’on lui connaît, alimentée par les paysages grandioses du Bas-du-Fleuve, Rachel Leclerc poursuit l’exploration d’une histoire familiale pleine de secrets et de mensonges, mais aussi de liens indéfectibles.
LÉVESQUE, Robert, Digressions, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2013, 184 p. (Essai)
Digression : « développement écrit qui s’écarte du sujet » (Robert) ; « développement étranger au sujet » (Larousse) ; bref : hasard et liberté, bifurcations, détours, intuitions subites, comme il arrive à un promeneur qui n’a pas de destination et qui se laisse porter par l’inspiration du moment, les rencontres inopinées et, surtout, le plaisir de la vraie découverte.
Dans la prose pétillante qu’on lui connaît, Robert Lévesque nous fait entrer ici dans le laboratoire intime de sa pensée et de son écriture. Une pensée qui, à la ligne droite et sévère, préfère les méandres, les allusions, l’imprévu, en un mot : l’aventure. Dans la vingtaine de textes qui composent ce volume, l’auteur évoque ses amours littéraires ou cinématographiques (Louis-Ferdinand Céline, Samuel Beckett, Giorgio Bassani, Gabrielle Roy, Rimbaud, Buñuel, Truffaut), ses rencontres parfois anciennes (avec Geneviève Bujold, avec le village d’Angoisse au Périgord, avec un portrait de sa mère avant sa naissance), à l’occasion quelques-unes de ses têtes de turc montréalaises. Mais partout, il le fait sans s’appesantir, comme en passant, avec la sincérité et l’extrême partialité de celui qui n’a rien à prêcher et qui ne parle au nom de personne d’autre que soi-même.
Qu’est-ce que la littérature, au fond, qu’est-ce en particulier que l’essai, tel que nous l’a enseigné Montaigne, le maître ès « sauts et gambades », sinon l’art de se rendre disponible à toutes les surprises, c’est-à-dire le besoin, le délice de la digression ?
MAJOR, André, À quoi ça rime ? Montréal, Boréal, 2013, 192, p. (Roman)
Que peut-il arriver à un homme une fois qu’il est parvenu au bout de son aventure, qu’il a quitté la route de son destin et qu’il ne se reconnaît plus d’autre patrie que l’humilité du monde tel qu’il est, plus d’autre souci que la simple possession de l’instant présent ? À quoi rime alors son existence et que peut-elle encore lui réserver ?
Veuf depuis quelques années, Antoine vient en outre de perdre le vieil oncle à qui tout son passé l’attachait. Il part vivre son deuil au bord du Tage, à Lisbonne, avec pour seuls compagnons ses souvenirs et l’ombre toujours vivante de Pessoa. De retour au pays, il entreprend de déserter pour de bon en se construisant un ermitage au milieu des bois, où il pourra tout recommencer à neuf, se dépouiller de ses vieux désirs et réapprendre l’amitié des choses, la beauté de la nature, la lenteur du temps qui passe, le repos de la solitude et du silence. Mais ce qu’il ignore, c’est que la vie n’en a pas fini avec lui… À quoi tout cela rime-t-il exactement ?
Depuis La Vie provisoire (1995), André Major avait délaissé la fiction pour se concentrer sur l’écriture (et la réécriture) de ses carnets. Fort de cette expérience, qui a été pour lui celle d’un regard à la fois plus exigeant et comme désabusé sur le monde et sur soi, il revient ici au roman, renouant avec le personnage de L’Hiver au cœur (1987) et retrouvant ses thèmes et ses paysages de prédilection, mais pour les traiter sur un ton nouveau, comme épuré, avec un art de la prose et un sens du récit plus mûrs et mieux maîtrisés que jamais.
MAZIERRI, Julie, Le Discours sur la tombe de l’idiot, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 258 p. (Roman) [édition originale : Josée Corti, 2008]
Scandalisés par l’idiot du village, le maire de Chester et son adjoint conspirent sa mort. Un matin de printemps, les deux hommes l’enlèvent et vont le jeter dans un puits. Or, au bout de trois jours, l’idiot se met à crier au fond de sa fosse.
Si le récit possède une « essence policière » incontestable, il s’agit d’abord et avant tout d’un roman de la culpabilité.
Rarement la figure de l’idiot a été aussi bien saisie que dans cette incarnation de la candeur. Mazzieri prouve qu’elle est une lectrice profonde de Dostoïevski et de Faulkner. Jean-Philippe Rossignol, Le Monde
Prix du Gouverneur général 2009 (Le Discours sur la tombe de l'idiot)
MEUNIER, Stéfani, On ne rentre jamais à la maison, Montréal, Boréal, 2013, 160 p. (Roman)
Oublie-t-on jamais la maison qui a abrité notre enfance ? Ses odeurs, sa lumière, le vieil érable qui se dresse devant la porte, le bout de rue qu’on aperçoit de la fenêtre ?
La maison de notre enfance est un lieu magique, où rêves et cauchemars sont autant de pièces secrètes qu’on ne se lasse pas de revisiter. Chaque marche de l’escalier, chaque latte du plancher nous semble familière, aussi familière que le grain de notre peau, que la paume de notre main.
Pour Pierre-Paul, quitter la maison de son enfance, avenue Lorne, à Montréal, est d’autant plus déchirant que c’est là qu’il a vécu des moments inoubliables avec Charlie, sa meilleure amie. Charlie qui avait des passions, intenses, fulgurantes, fugaces. Charlie qui était fascinée par tout ce qui est mystérieux, inexplicable : les ovnis, la lévitation, les tueurs en série, le yéti, la disparition des dinosaures, les fantômes, la sensation de déjà-vu et, bien sûr, l’Atlantide, le triangle des Bermudes et les vagues scélérates. Faut-il voir dans ces passions, les trois dernières surtout, une prémonition de la façon dont elle allait disparaître ?
Avec ce don inimitable pour évoquer les atmosphères qui est le sien, Stéfani Meunier nous amène à revivre les abandons qui marquent la fin de l’enfance pour chacun de nous. Son écriture est un instrument d’une extraordinaire sensibilité qui révèle, sous la surface lisse de nos vies, les gouffres ouverts en nous par les lieux et les êtres que nous avons perdus.
SAINT-MARTIN, Lori, Les portes closes, Montréal, Boréal, 2013, 232 p. (Roman) Philippe et Catherine. Ils sont peintres tous les deux. Il fait de grandes toiles, elle des petits formats. Il est riche, célèbre. Elle est connue d’une poignée d’admirateurs et de connaisseurs.
Il s’enferme tout le jour dans son atelier pour travailler. La porte close, elle ne la franchit jamais. C’est une convention tacite entre eux. Elle fait marcher la maison. C’est elle qui a élevé leurs trois filles. Il reçoit les modèles qu’il peint. Des jeunes femmes qu’il ne revoit plus jamais ensuite.
Quel est ce mystère qui fait que deux personnes traversent la vie ensemble ? Est-ce que cela s’appelle toujours l’amour ? Malgré les trahisons, les rapports de force, les jeux de séduction, la manipulation, la jalousie, la haine, l’envie de tout détruire. Malgré les enfants qui emportent chacun un morceau de notre chair. Malgré le fantôme des parents qui ne cesse de nous hanter. À quel prix un couple réussit-il à durer jusqu’à la fin ? Faut-il nécessairement qu’il y ait une victime ?
Avec une lucidité impitoyable, servie par une écriture d’une rare maîtrise, Lori Saint-Martin explore cette folie à deux qu’est un couple. Couche après couche, elle élimine tous les mensonges, toutes les illusions, tous les simulacres, pour arriver à dessiner ce mystère, le plus grand qui soit, peut-être.
« J’ai regardé sa main sur la table, une main longue et fine mais aujourd’hui tavelée, parcheminée, aux doigts légèrement déformés par l’âge et le travail. Des mains que j’ai vues peindre, bien sûr, et manipuler les couverts, et tenir le volant pour nous guider dans les tempêtes, et me caresser sans qu’alors je regarde. Et je me suis dit : oui, on restera sans doute toujours ensemble même si, par moments, je rêve de franchir le seuil pour la dernière fois. Et encore, qui sait ? Je regarde vers la porte, vers le vaste monde, mesure la distance qui m’en sépare, un chat prêt à bondir. »
TREMBLAY, Emmanuelle, Je suis un thriller sentimental, Montréal, Boréal, 2013.
Anthony est un poète de réputation internationale ; Amy enseigne la littérature à Miami ; Caroline est traductrice en Ontario. Les trois sont emportés dans un tango qui met la raison à rude épreuve sur le territoire commun de leurs désirs.
Cuisinier mais aussi philosophe à ses heures, George est le témoin du désarroi amoureux et des hasards de l’existence dont il cherche à trouver la clé.
Quant à l’inspecteur Wallerstein, il s’acharne à résoudre l’énigme entourant la disparition d’une jeune fille comme s’il y allait de l’avenir de l’humanité.
Tous éprouvent des vertiges sur la corde raide des sentiments. Entre les conversations menées dans un sushi bar de Toronto et le drame se déroulant dans un appartement de Hamilton, comment le mensonge étend-il son empire ? De quelle violence l’amour est-il le frisson ?