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ranx:une_vie_inutile_-_ancienne_fiche

Notice bibliographique : PAQUET, Simon, Une vie inutile, Montréal, Héliotrope, 2010, 185 pages.

1. Résumé de l’œuvre :

Véritable festival du négativisme et de la déprime, Une vie inutile est en fait le journal personnel de Normand, un individu dans la quarantaine qui vit dans un minuscule demi-sous-sol qui fut jadis un débarras. Il travaille sur appel dans une usine de cyanure et, à part ça, ne fait pas grand-chose. Il se met donc à l’écriture d’un journal de bord pour s’occuper et tenter de reprendre sa vie en main. Or, malgré ses efforts pour améliorer sa situation, Normand ne fait que s’enfoncer dans sa propre fange… S’il s’achète un gâteau, il l’échappe et on marche dessus. S’il invite un ami à sortir, celui-ci sera d’un ennui mortel ou lui aura fait manquer le seul appel intéressant lui étant destiné depuis des mois.

Depuis que le camion d’une compagnie de recouvreurs s’est stationné devant chez lui, Normand est privé de lumière et envahi par une odeur de goudron. La situation le pousse à quitter son trou à rats pour un meilleur appartement. Or (bien sûr), le jour du déménagement, sous la pluie avec toutes ses affaires, Normand découvre que l’appartement de ses rêves a été loué en double. Le voilà forcé de prendre le hangar de son ami Povilas reparti dans sa Lituanie natale, non sans l’inviter à venir le voir. En août, après maintes mésaventures administratives, Normand part pour la Lituanie, pour un voyage (on s’en doute) désastreux. Ce n’est qu’à son retour que certaines choses semblent s’arranger pour le protagoniste : malgré une jambe cassée et sa famille qui le renie, il trouve un emploi de fleuriste, des amis lui louent leur bel appartement et le maudit camion de goudron qui le suivait depuis des mois ne répand plus son odeur atroce. Dommage que Normand, au moment où le dit camion passait dans cette rue, n’ait pas regardé de chaque côté… Cela lui aurait évité de finir en purée (quoiqu'on ne pouvait pas raisonnablement attendre une fin heureuse).

2. Narration : Autodiégétique

Explication : le roman est en fait le journal de Normand, dans lequel il consigne ses pensées et le récit de ses (mauvaises) journées.

3. Personnage(s) en rupture : Normand

A) Nature de la rupture : actionnelle

Explication : Toutes les actions de Normand sont marquées par l’échec : elles produisent le contraire de l’effet recherché ou sont systématiquement empêchées par des facteurs hors du contrôle du protagoniste (comme dans le cas de l’appartement loué à deux locataires).

B) Origine de la rupture : actorielle

Explication : Le personnage est un antihéros dans toute son absence de gloire. Son défaitisme contamine tous les gestes qu’il pose. On peut toutefois se demander si ce défaitisme découle des expériences désastreuses de Normand ou s’il les cause : de brefs sursauts d’optimisme et de volonté de la part du personnage lui donnent un air d’éternelle victime des circonstances.

C) Manifestations : volitives et postures passives.

Explication : Les bonnes intentions du personnage, toute sa volonté de changer sa vie et son attitude pour le mieux, mènent immanquablement à des échecs cuisants. Normand est absolument incapable de réaliser ses désirs. Comme il présente lui-même cette incapacité comme fondamentale chez lui, il adopte une attitude généralement passive, convaincu de l’inutilité de la vie en général, et encore plus de la sienne en particulier.

D) Objets : Projets qui n’aboutissent jamais.

E) Manifestations spatiales:

Lieux représentés : l’appartement minuscule, le hangar sans fenêtre, l’usine de cyanure, la Lituanie, des quartiers mal famés.

Explication : La misère et l’exiguïté des lieux illustrent un peu le repli du personnage sur lui-même, et soulignent sa solitude.

F) Citations pertinentes :

p. 15 : « J'ai entamé l'écriture de ce journal pour tenter de me remonter le moral, de mettre un peu de gaieté dans ma vie. Si tant est qu'on peut exalter en écrivant. Alphonse Daudet a-t-il véritablement exulté avec son Petit Chose ? Si oui, il est bien le seul.

Romain Gary, lui, a-t-il exulté en écrivant son oeuvre ? Si tel est le cas, il ne se serait probablement pas tiré une balle dans la tête. »

p. 133 : « En revenant à la maison, je me suis demandé si je ne devrais pas passer mes vacances sur la Côte d'Azur. Mais j'ai la forte impression que si j'y allais, moi, à Saint-Tropez, ce ne serait pas rigolo du tout, je me morfondrais, et il pleuvrait. »

p. 145 : « J'ignore encore comment la chose est possible. Des forces divines, ou plutôt maléfiques, sont intervenues, à n'en point douter. Me revoilà au même point qu'avant. Mais en pire. Un malheur n'arrive évidemment jamais seul. Car en plus de l'odeur, le bruit. Tous les voisins que j'ai eu étaient pareils. Toujours eu l'impression que si j'allais jeter un coup d'oeil chez eux, tout ce que je verrais, c'est un marteau, des clous et un cadre. »

ranx/une_vie_inutile_-_ancienne_fiche.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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