I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : Claire Castillon
Titre : Eux
Éditeur : Éditions de l'Olivier
Collection :
Année : 2014
Éditions ultérieures :
Désignation générique : Roman
Cote : 1
Quatrième de couverture :
« C’est elle qui veut me tenir, me garder, me posséder. La famille. Mais prononcer le mot est déjà me salir. La généalogie, la grande feuille de papier, l’arbre entier dessiné, avec les noms des gens. Ils me parlent d’en haut. Alors je les entends, puisque je suis descendante et que j’attends un enfant. »
Elle est enceinte, elle passe la plupart de son temps seule chez elle. Et elle entend – ou croit entendre – des voix. Ce sont les héréditaires. Ils veulent prendre le pouvoir, s’emparer du bébé. Sa mère lui prodigue des conseils inutiles, tandis que son père tente en vain de la rassurer. Son « gars », lui, ne se doute de rien. À moins qu’il ne fasse partie du même complot. Cauchemar ? Règlement de comptes ? Allégorie de la maternité ?»
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre :
La protagoniste est enceinte mais cela lui cause certaines perturbations mentales. Elle ne veut pas s'inscrire dans la lignée héréditaire en tant que mère, mais semble plutôt vouloir se tenir loin de tout ce qui est familial. Elle entend des voix provenant de ceux qu'elle nomme « les héréditaires ». Elle doit tenir tête à ces voix qui tentent de lui implanter toutes sortes d'idées noires, en particulier sur son homme et sur sa capacité à élever son futur enfant. Le lecteur est aussi témoin de la relation entre la protagoniste et ses parents. La mère se montre extrêmement déplaisante et n'est pas du tout affectueuse avec sa fille qu'elle ne cesse de critiquer. La protagoniste fait tout pour lui arracher des bons mots à son égard, mais n'y parvient pas.
Thèmes :
La famille, l'enfantement
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :
Dès le début du récit, il est clair que le lecteur ne pourra s'identifier au personnage principal. En effet, la protagoniste semble très troublée, car elle entend des voix : « Je vis, à trente-sept ans, entourée d'une peuplade. Ils sont peut-être invisibles, mais ils me parlent tout le temps.» (p.45) Pour tenter d'enterrer les voix, elle s'achète un appareil pour brouiller les ondes qu'elle porte autour du cou, mais il ne fonctionne pas. Elle est très solitaire et passe son temps à broder. Sa seule véritable compagnie est donc celle des héréditaires. Assistant aux querelles intérieures de la personnage-narratrice, le lecteur ne peut que mettre en doute les propos de celle-ci, ainsi que sa capacité à percevoir et à interpréter le monde correctement.
Appréciation globale :
Je n'apprécie pas vraiment ce roman. Le langage est beaucoup trop français (de France) et les personnages sont antipathiques. Cela dit, la protagoniste est déconnectée, sans aucun doute.
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture :
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.
a) Rien de significatif à déclarer concernant l'action du personnage. Elle semble peu active, brode beaucoup.
b) Chez ce personnage, la rupture se trouve sur le plan de l'interprétation, puisque le lecteur ne peut absolument pas se fier à ses propos. Non seulement le discours des héréditaires font douter le lecteur qui ne sait plus qui d'elle ou d'eux il doit croire, mais de surcroît, la narratrice se laisse aller à plusieurs contradictions au sein de son propre discours. Impossible de savoir quelles perceptions et quelles interprétations se trouvent plus près de la vérité. Sur l'homme par exemple, le père de l'enfant à naître, le lecteur ne peut se faire aucune opinion, car il est dépeint autant comme un héros attentionné que comme un bon à rien inconséquent et irrespectueux. La fin du récit elle-même n'est pas certaine : la narratrice affirme ne plus vouloir accoucher et prétend se coudre pour garder l'enfant à l'intérieur. Mais dans les circonstances, le lecteur ne peut être certain qu'elle se coud réellement ou qu'elle ne fait que le dire en mots…
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)
Narration autodiégétique non fiable, au point que le lecteur ne sait pas vraiment comment se termine le récit. On pourrait même parler d'un roman polyphonique puisque la personnage-narratrice entend des voix qui tendent à enterrer sa propre voix et à prendre le relais à plusieurs moments du récit. Enfin, il s'agit d'un roman faiblement configuré.