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I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Emmanuelle Pagano

Titre : Un renard à mains nues

Éditeur : P.O.L.

Année : 2012

Désignation générique : Recueil de nouvelles

Quatrième de couverture : «Les personnages de ces nouvelles ne se trouvent pas au milieu du récit, ils restent dans les marges, ils se tiennent au bord de leurs vies, de leur maison, de leur pays, ils marchent au bord des routes, à côté de leur mémoire, à la lisière de l’ordinaire et de la raison, comme il leur arrive de faire du stop : au cas où on s’arrêterait pour les prendre. Je les ai pris dans mon livre.»

II- CONTENU GÉNÉRAL

Les mots des gorges, résumé de l’œuvre : Une jeune femme est seule au bord de la mer. Elle regarde les baigneurs et repense à une rupture récente. Un écureuil la mord.

Thème(s) : Solitude, peine d’amour, plage.

Nos angles morts, résumé de l’œuvre : Un homme embarque en stop avec une femme. Ce dernier lui parle pendant la totalité du trajet. Il lui dit qu’il se place dans l’angle mort des voitures pour que le conducteur ait peur de l’avoir frappé et l’embarque. C’est sa technique. La femme ne parle pas et progressivement, l’homme découvre qu’elle voulait se suicider et que pour cette raison, elle n’a pas eu peur de le frapper.

Thème(s) : suicide, auto-stop.

Tomber d’elle, résumé de l’œuvre : Un trieur de déchets raconte qu’il a « tombé » et est devenu « biffeur » (sans-abris fouillant dans les déchets) après la rupture avec sa femme.

Thème(s) : rupture, poubelles, vie de sans-abri.

Vigile, résumé de l’œuvre : Une femme est gardienne de sécurité dans un supermarché. Elle entend des voix de femmes qui ressemblent à des sirènes, mais ne sait pas d’où elles proviennent. Elle s’occupe d’un jeune adolescent qu’elle a pris en flagrant délit de vol : ses parents le battent et ne le nourrissent pas assez. Il finit à l’hosto où elle lui rend visite. Finalement, impossible pour elle de s’évader du supermarché : les chants de sirènes n’était que le son du frigo des crèmes fraîches.

Thème(s) : Travail de gardien, vol, pauvreté.

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : La quatrième de couverture est prometteuse. De plus, les protagonistes principaux des deux premières nouvelles sont des jeunes filles à l’écart du monde. La deuxième nouvelle fonctionne assez bien pour ce qui est du personnage déconnecté.

Appréciation globale : Je n’ai pas aimé le style d’Emmanuelle Pagano, mais certaines nouvelles sont captivantes, intéressantes.

Note : je ne ferai le portrait que des nouvelles les plus pertinentes pour le projet.

IV – TYPE DE RUPTURE

Les mots des gorges

A) Rupture actionnelle : La narratrice est isolée (ou s’est-elle volontairement isolée?) du monde depuis une récente rupture. Il semble qu’elle n’ait plus d’emprise sur celui-ci et n’ait plus envie de participer au déroulement des choses. La vie se déroule devant elle, mais elle ne pense qu’à sa peine.

« [J]e suis sortie de sa vie, de notre vie, de la vie tout court peut-être, je suis entrée dans une enluminure du Moyen Âge, tout est si minutieusement là, tout est si attentivement précisé, je n’ai pas l’impression d’exister.» (p.15)

B) Rupture interprétative : Les perceptions de la jeune femme, ainsi que sa compréhension du monde, sont floués. Elle est incapable de vivre le moment présent, ni même de le comprendre, car c’est l’homme qui l’a quittée qui accapare ses pensées.

«Je n’arrive pas à voir qui ils sont. De qui ils parlent. Peut-être de lui. Peut-être est-il là, parmi ceux du bord. Je pense si souvent à lui qu’il a le droit inouï de se trouver au centre de chaque conversation, parmi tous les riverains. » (p.17)

Nos angles morts

A) et B) Rupture interprétative et un peu actionnelle : Plusieurs passages du monologue de l’auto-stoppeur sont révélateurs d’une certaine incapacité de voir clairement le monde de la part de ses conducteurs, plus particulièrement de la femme avec qui il parle et de qui il est question. Par son envie de mourir, elle ne voit rien d’autre que la mort et est mue par cette seule mort.

« Vous êtes anesthésiée par l’envie de mourir, plus rien ne vous touche. Vous êtes dans votre tunnel, votre vision est limitée, étriquée par l’idée absolue, une idée têtue jusqu’à l’obscène, inconsolable, cette idée irremplaçable de mourir, coûte que coûte. Mourir, vouloir mourir, je sais que c’est une idée fixe. Elle vous plie à sa volonté, elle vous cloue. » (p.105)

Tomber d’elle

A) Rupture actionnelle : Depuis sa rupture, le narrateur est incapable de recommencer une nouvelle vie et passe son temps à fouiller dans les poubelles, parfois pour vivre, mais souvent pour chercher des objets ayant appartenu à son ex-femme. Malgré ses études en lettres, il erre dans cet état désastreux. Lorsqu’il dit avoir fini de «tomber», il travaille dans une usine de tri des déchets. Le narrateur ne semble pas avoir de prise sur sa vie, mais surtout, ne semble pas vouloir faire autre chose qu’être parmi les déchets. Il est complètement démotivé et se sent incapable.

«Je fais ce que personne ne veut faire, parce que je ne sais pas quoi faire d’autre. Je n’ai envie de rien. J’ai envie de ce que personne ne veut. […] J’ai toujours su merveilleusement écrire, c’est ce qu’elle disait, mais dès que j’ouvrais la bouche je gâchais tout, ça tombait à plat, ça tombait n’importe comment et même l’embrasser je n’ai jamais su.» (p.118)

B) Rupture interprétative : Le narrateur ne sait pas pourquoi il fait ce qu’il fait. Il cherche des objets ayant appartenu à son ex-femme (comme un trésor, peut-être), mais rien de tout cela n’est clair. Il cherche pour chercher et ne comprend pas ses agissements.

«On ne sait même pas ce qu’on voudrait trouver comme trésor. On ne sait pas ce qu’on met dans ce mot, trésor, moi je ne sais plus ce que j’y mettais, non, je ne sais plus.» (p.113)

Vigile

A) Rupture actionnelle : La gardienne se rend compte qu’elle est prisonnière de son emploi : « Comme si j’avais pu m’évader, juste en son, de l’hyper.» (p.240)

B) Rupture interprétative : La gardienne croit qu’elle entend des voix de femme. Mais surtout, elle est aussi désorientée que le voleur qu’elle a attrapé et dont elle s’est occupé lorsqu’elle va le voir à l’hosto. Il est un peu niais et ne semble rien comprendre de la situation dans lequel il se trouve.

« J’entre sans frapper et il est là, mais sans être là, ses yeux n’ont pas de fond, il est encore plus perdu qu’au rayon des jus. Il tourne la tête vers moi et ne me regarde pas. Je ne sais pas quoi dire, je lui demande s’il me reconnaît, il ne me répond pas, alors je lui raconte ma petite histoire du matin, mon histoire juste avant lui, ma méprise des voix.» (p.239)

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

Les mots des gorges : À plusieurs occasions, de courts passages poétiques sont glissés entre les paragraphes. Cela permet à la narratrice d’exprimer lyriquement la sensation qu’elle a du monde et du temps.

Nos angles morts : Le texte est un long monologue narré au « vous » que l’on devine rapidement adressé à la conductrice.

Tomber d’elle : Le narrateur raconte sa vie et son drame de façon autodiégétique. Ce monologue donne une certaine impression d’errance (ex : répétition du mot «pourquoi» lors de plusieurs affirmations qui ne débouchent sur aucune réponse et qui sont dénués de points d’interrogation, dans tout un paragraphe à la page 118).

Vigile : Il s’agit d’une narratrice autodiégétique. Le personnage le plus déconnecté (le jeune garçon) est perçu par sa narration. Nous ne connaissons pas les pensées du personnage le plus intéressant pour ce projet.

ranx/un_renard_a_mains_nues.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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