1. Propriétés du personnage
Leurs caractéristiques physiques, psychologiques, relationnelles
Physiques:
La plupart des caractéristiques des deux personnages, Tess et Jude, sont fournies par un questionnaire de revue (“Aidez vos amis à mieux vous connaître en cinquante questions”) qu'ils remplissent. On apprend alors que Tess a trente-deux ans, qu'elle mesure à peu près cinq pieds et 4 pouces, qu'elle a les yeux et les cheveux bruns, que son signe astrologique est le verseau (p. 28-30). Plus loin, on apprend également qu'elle n'a “pas de seins” (46), qu'elle est “plutôt anguleuse” et qu'elle a “l'air bête”, bref, “un look qui plaît aux intellos et aux artistes” (54). Pour les inconnus, comme le voisin, elle « a toujours l'air en criss…» (p. 122)
Quant à Jude, il a trente-deux ans, les yeux et les cheveux bruns, mesure six pieds, est capricorne et son style vestimentaire fait « Armée du Salut » (115-118).
Psychologiques:
Tess et Jude, bien qu'ils se trouvent trop insignifiants pour même mériter des qualificatifs (« les adjectifs qualificatifs n'auraient été crées que pour désigner une poignée de personnes, les cas extrêmes. On les emploie par commodité, ou par paresse, mais si on se donne la peine d'y réfléchir, on se rend vite compte que la grande majorité des gens à qui on les applique ne les méritent pas. » (p. 10), sont malheureux, du moins selon Tess. Jude, lui, pense qu'ils ont bien des croûtes à manger pour pouvoir prétendre au malheur.
Inactifs: jamais ni un ni l'autre n'a eu l'intention de faire quoi que ce soit : « Velléitaire, ça veut dire que tu as l'intention de faire quelque chose, mais que tu branles dans le manche; eh bien je peux te jurer qu'on a jamais eu la moindre velléité. » (p. 37) et leur simple survie suffit à épuiser leur énergie et à dépasser leur quota de prises de décisions quotidienne (p. 25). Le moindre imprévu est pour eux une énorme source de drame.
À part ça: Tess considère que sa plus grande qualité est d'être silencieuse et son plus grand défaut, d'être désagréable. Elle a “beaucoup de temps libre et un faible pour les informations inutiles” (34). Elle est paresseuse (40-41 et 59: “si paresseuse que c'en est invraisemblable”), ce qui l'empêche, littéralement, de travailler davantage: « je me connais assez pour savoir qu'avec mes vingt-cinq heures je suis à l'extrême limite de ce que je peux supporter. […] Je sais, je suis une petite nature et au moment où on se parle il y a des Chinois en Chine qui bossent dix-huit heures par jour à cinquante cennes de l'heure pour qu'on ait des belles cochonneries dans nos dollorama, mais c'est complètement hors sujet. » (p. 41). Enfin, pour elle, sortir pour aller acheter de la bière, c'est faire preuve de “courage” (179).
On en sait pas mal moins sur Jude, mais on constate tout de même son flagrant manque d'ambition et son besoin de routine.
Leur façon de gérer les problèmes: ils les ignorent “en espérant qu'ils finissent par se régler d'eux-mêmes. Ça fonctionne dans environ deux ou trois pour cent des cas” (173).
Dans leurs questionnaires, Tess et Jude avouent que dans dix ans, ils ne se voient pas ailleurs de l'endroit où ils se trouvent actuellement (Grand-Mère) et que leur seul but dans la vie, c'est d'aller à Bird-in-Hand. Bref, avant ça, ils n'en avaient aucun, de but.
Relationnelles:
Tess n'éprouve aucun désir (physique, sexuel) pour qui que ce soit: « Moi, même ronde comme une barrique, je ne passe jamais proche de trouver qui que ce soit excitant. » (10)
Quant à Jude, il ne s'exprime pas beaucoup par rapport à ses relations. La majorité de celles-ci se font à distance. Il a des connaissances à travers son jeu en réseau, ce qui finit par lui faire rencontrer son voisin, (épique: p. 119-122), et il tombe amoureux d'une nouvelle fille tous les quinze jours (115). Au moment du récit, il est secrètement amoureux d'une fille au manteau blanc (qu'il ne voit que de loin) (p. 115).
Tess travaille au Subway, une profession qu'elle trouve minable. Elle a une soeur qui la considère comme la pire des paresseuses.
Peu d'amis: Tess et Jude ont moins de cinq amis, ce qui les empêche notamment de monter une organisation de vente pyramidale. De temps à autre, ils côtoient tout de même leur voisin insignifiant et Sébastien Daoust, ex-écrivain, docteur en littérature, amoureux de Tess qui l'exploite plus ou moins afin d'obtenir l'argent nécessaire pour aller à Bird-in-Hand avec Jude. Tess exprime d'ailleurs un assez grand détachement à son égard. Par exemple, elle avoue ressentir parfois de la culpabilité par rapport à Sébastien Daoust, mais cela ne dure pas : « J'ai affirmé plus haut que je ne me tenais pas pour la dernière des salopes, mais à ce moment précis j'avais de sérieux doutes à ce sujet. De manière tout à fait irrationnelle, j'ai pensé que je me sentirais un peu moins minable face à Sébastien si je donnais une autre chance à son oeuvre. […] Oh! Et puis zut! Je n'y arrive pas. Il semble bien, après out, que je vais demeurer la dernière des salopes. » (p. 108-109)
La relation fusionnelle que Jude entretient avec Tess est floue. Celle-ci affirme que Jude “fait partie [d'elle] autant que [s]on oreille droite, que [s]on nez et que [s]es cinq-six gallons d'eau” (74).
À un moment, Tess fait d'ailleurs l'inventaire des personnage de son récit, qui “ne compte que trois personnages: 1. Jude et moi [Tess] ; 2. Sébastien Daoust ; 3. le voisin (et encore là, c'est plutôt un figurant).” En plus de souligner la maigreur de la distribution, ce passage montre bien qu'aux yeux de Tess, elle et Jude ne font qu'un seul personnage.
Il n'y aucune raison de faire les choses en personne s'ils peuvent les faire sur internet (128-129).
Le cadre dans lequel ils évoluent
Tess et Jude vivent dans un appartement à Grand-Mère, juste à côté de l'école Laflèche, qui leur coûte 425$ par mois. Normalement, ils ne sortent jamais de leur ville, ne vont que du dépanneur au bar, en passant par le Subway où travaille Tess à temps partiel. Tout ce qui compose leur univers est précisément nommé (les noms des lieux, des marques, des gens, etc.).
Au début, ce cadre est extrêmement restreint dans le cas de Jude, qui ne travaille pas et reste dans son appartement de Grand-Mère toute la journée. Pour Tess, le cadre s'étend jusqu'au Subway.
L'ordinateur leur offre une illusion d'ouverture sur le monde, grâce à Google. « Faire du tourisme en pantoufles convenait parfaitement à notre nature. » (p. 24) À partir du moment où ils achètent une voiture, ils vont de plus en plus loin et voient leurs déplacements comme des aventures audacieuses: « On en revenait tout simplement pas de se trouver en train de boire dans un établissement dont on ignorait l'existence en se levant le matin. On n'avait pas tout à fait ajouté cent kilomètres au compteur de la Monte Carlo, et pourtant cela nous étonnait presque que les gens parlent notre langue et acceptent notre argent. En tous cas, on se trouvait audacieux quelque chose de rare. » (p. 137)
Tess (tout comme le Normand de Simon Paquet) a une dette au Ministère de l'Éducation pour des études qui, visiblement, ne lui servent pas.
Leur rôle dans l'action
Tess s'affirme clairement comme auteure et elle le précise à plusieurs reprises. Jude, lui, a un rôle moins assumé. Il écrit un texte de 4 pages parce que le mandat lui en a été donné. Il suit plutôt Tess et fait ce qu'elle lui dit de faire. C'est elle qui trouve de l'argent et qui le dépense. Malgré sa lâcheté, elle est la plus active des deux protagonistes.
Tess admet d'emblée le peu de pouvoir et le peu d'ambition qu'ont Jude et elle :“Tout ce qu'on veut, c'est aller passer un mois à Bird-in-Hand. […] Tout ce qu'on est, on l'est juste un petit peu.” (9)
Ils sont lucides concernant leur apathie (du moins celle qui prévaut avant qu'ils aient décidé de partir pour Bird-in-Hand) et affirment sans complexe “faire du tourisme en pantoufles”, c'est-à-dire errer sur Google Map à la recherche d'endroits bizarres.
Leur discours
Tess tutoie le lecteur sans complexe. Par moment, elle s'adresse à lui comme si elle lui parlait de vive voix ou bien comme s'il lisait par-dessus son épaule pendant qu'elle écrit.
Leurs discours est empreint de cynisme (lucidité?) et est ponctué de plusieurs parenthèses contenant des commentaires plus ou moins pertinents, des digressions souvent ironiques ou sarcastiques.
En tant que narratrice, Tess emploie un registre familier, mais parsemé de tournures littéraires ou archaïques (sur un ton humoristique, « diantre », « que nenni », etc.), de marques d'oralité et d'expressions anglaises comme « anyways » (p. 114), à l'instar de nombreux personnages de François Blais.
Pour la partie de Jude, Tess donne des indications sur le ton de discours à employer « j'ai pris l'habitude de dire “on” à la place de nous, ce qui est limite fautif et me cause toutes sortes de problèmes d'accord, mais enfin ça m'est venu naturellement, alors continue comme ça, pour le meilleur et pour le pire. » (p. 113)
Constante dans leur comportement
Leur échec indique qu'ils sont toujours, globalement, des incapables. Cependant, le roman est un peu l'histoire de leur tentative de faire quelque chose, ce qui est déjà beaucoup. Ils se sont donc, tant bien que mal, pris en main. Temporairement.
En vrac, voici quelques phrases qui illustrent bien leur paresse assumée et leur tendance à abandonner au moindre obstacle rencontré:
« moi, qui suis si paresseuse que c'en est invraisemblable.» (p. 59)
« On est trop lâches pour donner un coup de collier, on est trop impatients pour économiser, on est trop pleutres pour dévaliser une banques et on est trop cons pour monter une arnaque, ça fait qu'on a décidé de se tourner vers l'État…» (p. 75)
« (au mot “effort” j'ai vu son visage se décomposer, mais je ne me suis pas laissé attendrir) » (p. 78)
« Voilà qui ne m'aide pas beaucoup, mais de toute façon je n'ai jamais aimé qu'on me mâche le travail. (Je n'oserais jamais répéter cette dernière phrase branchée à un polygraphe.) » (p. 99)
« pour du monde comme nous autres qui n'a pas coutume de se projeter dans le futur (à quoi bon ? notre vie est aussi répétitive que les motifs d'un papier peint)… » (p. 104)
« On a toujours géré les problèmes comme ça : on les ignore en espérant qu'ils finissent par se régler d'eux-mêmes. » (p. 173)
« Je pense qu'elle [Steve]commence à nous connaître : elle sait qu'on ne fera jamais rien. » (p. 180)
Identité et désignations
Tess se présente, mais à contrecœur, uniquement pour suivre les conseils de Marc Fisher: “Je m'appelle Tess, j'ai trente-deux ans et j'habite à Grand-Mère avec Jude, à qui je laisse le soin de se présenter lui-même quand ça sera son tour d'écrire.” Et ça se poursuit.
Tout au long du roman, ils ne sont désignés que par leurs prénoms.
Passé/hérédité
Tess a déjà fait des études (en tout cas, elle avait une dette envers le ministère de l'Éducation), mais elle ne précise pas en quoi. Elle a une famille qu'on rencontre à peine et une soeur mentionnée une fois et à laquelle elle parle une autre fois.
Jude, lui, a un frère (dont on connaît l'existence uniquement grâce au questionnaire) et un père, qui n'était pas fier de ses résultats scolaires quand il était jeune.
Situation, classe sociale, métier
Tess travaille au Subway vingt-cinq heures par semaine (elle ne supporterait pas d'en faire plus) pour 9,90$ de l'heure, tandis que Jude bénéficie de l'aide sociale et ne fait pas grand-chose de ses journées.
Ils ont peu d'argent et surtout sont peu habitués d'en avoir: “Je sais bien que pour toi, lecteur, cela ne représente pas grand-chose, [6234,89$,] que ça ressemble à une de tes payes, mais à mon échelle cela constitue une véritable fortune.” (164)
Façon dont les autres personnages les perçoivent
La soeur de Tess ne se fait aucune illusion sur leur départ possible: “Vous partirez pas. […] Vous ferez pas de voyage en Pennsylvanie, ni ailleurs, et vous ferez rien d’autre non plus. Comment je dirais ça ?… Jude pis toi, pris individuellement, vous seriez un boulet pour n’importe qui, mais ensemble vous êtes comme deux boulets attachés l’un à l’autre, tu comprends ?” (p. 155)
La même soeur les qualifie aussi de “vellétaires” (37), ce que Tess réfute : “Velléitaire, ça veut dire que tu as l’intention de faire quelque chose, mais que tu branles dans le manche ; eh bien je peux jurer qu'on n'a jamais eu la moindre velléité. Et si tu penses que notre expédition en Pennsylvanie entre dans cette catégorie, il sera toujours temps de ravaler tes paroles quand tu recevras notre carte postale. » (p. 37) Comme de fait, ils n’iront jamais en Pennsylvanie, donc pas de carte postale…
Psychologie fixe ou évolutive
Tess : psychologie évolutive : elle passe de la complète indifférence à la détermination de mener le projet de roman à terme : « comme tous les gens sans colonne vertébrale, je ne prends quasiment jamais de décision, mais les rares fois où ça m'arrive, je m'y cramponne contre vents et marées, et même contre le gros bon sens. » (p. 78)
Jude : tout de même, il se porte volontaire pour travailler afin de ramasser plus vite de l'argent pour le voyage (p. 104) (même s'il n'en fera rien) et accepte de prendre des responsabilités pour adopter Steve.
Au début du roman, on comprend que tous leurs projets se muent en échec à cause de leur inaptitude à penser à long terme et prévoir ce qui arrivera, à prendre des décisions intelligentes en fonction d'un objectif déterminé au préalable. En plus, selon Tess : “On ne se refera pas, il est trop tard rendus à nos âges, même que ça devrait aller en empirant.” (25) Toutefois, elle a tort. Tout au long du roman, même s'ils demeurent foncièrement lâches, Jude et elle prennent de plus de décisions et se retrouvent avec davantage de responsabilités. En fait, la psychologie des personnages change considérablement quand Steve le chien entre en scène : ils prennent alors des responsabilités, pensent aux besoins d'«autrui». Ainsi: “c'est toujours dans l'urgence de la dernière minute qu'on règle nos problèmes. - Ouais, sauf que d'habitude nos problèmes ne concernent que nous. Si on agit comme des morons, on est les seuls à en pâtir. Là, ça implique Steve et ça fait partie de nos responsabilités de maîtres de prendre les bonne décisions concernant son bien-être.” (153)
Malgré que ce soit ce changement qui mène à l'échec de leur projet de voyage, on peut probablement parler d'évolution. (Notons ici le rôle décisif dans l'intrigue du camion qui frappe le chien; il rappelle de manière frappante le camion de goudron qui aplatit le narrateur de Une vie inutile…)
Mais, même s'ils évoluent quelque peu, ça ne se fait pas manière cohérente et aisée. Lorsque vient le temps de se procurer une voiture, ils en achètent une qui ne colle pas du tout à leur personnalité. Ils disent aussi s'aimer un peu moins puisqu'ils sont pris “en flagrant délit d'engouement pour un char” (130). Quant à l'argent qu'ils possèdent, il s'évapore dans le temps de le dire à cause de leurs dépenses stupides et de leur distraction.
Ceci dit, n'oublions pas que leur projet de voyage, à l'origine du roman, est un échec cuisant. Ainsi, même si leur psychologie a - temporairement peut-être - évolué, le résultat demeure le même: ils ne feront rien, comme l'avait prédit la soeur de Tess: « Vous ferez pas de voyage en Pennsylvanie, ni ailleurs, et vous ferez rien d'autre non plus. Comment je te dirait ça?… Jude pis toi, pris individuellement, vous seriez un boulet pour n'importe qui, mais ensemble vous êtes comme deux boulets attachés l'un à l'autre, tu comprends? » (p. 155)
2. Textualisation des procédés de caractérisation
Focalisation
Interne. Point de vue de Tess et, brièvement, de Jude.
Narration
Autodiégétique. Tess raconte pendant la majorité du roman et Jude pendant quelques pages seulement.
Caractéristiques de la narration
Tess est parfaitement conscience du peu d'action dans son récit et de la linéarité problématique de celui-ci. Elle avertit d'ailleurs le lecteur: “Si tu veux lire des récits qui filent du point A au point B à toute vapeur, des histoires haletantes avec un tas d'unités narratives, […] si tu veux un bouquin où il se passe quelque chose, donc, va acheter ceux de John Grisham ou de Mary Higgins Clark et laisse-moi digresser en paix.” (48)
Jude aussi, admet que l'organisation de leur récit est difficile à suivre et arbitraire: “Bon, je sais que ça s'insère mal ici, mais il n'y a rien de nouveau à signaler pour le moment et ça ne s'insérerait pas mieux ailleurs de toute façon, alors je vais te raconter, puisque le mandat m'en a été confié, l'histoire de notre rencontre avec le quasi-mongolien qui habite au rez-de-chaussée. C'est un récit assez étonnant, tu vas voir.” (119)
Notons également la présence de périples hypothétiques, l'un d'eux étant raconté au conditionnel (p. 141-144).
Discours
Direct
Niveaux de langue
Le texte est parsemé de régionalismes et d'expressions anglaises, le ton est souvent familier. Néanmoins, la syntaxe est à peu près impeccable et plusieurs expressions purement littéraires ou même surannées sont présentes, ce qui donne des bijoux du genre: “On le prit un peu raide, mais on ne se laissa point décourager. On brainstorma derechef et ou soumit un troisième nom qui, pas plus que les deux premiers, n'eut l'heur de plaire aux fonctionnaires des postes.” (22)
Tess suggère à Jude d'imiter le ton qu'elle a pris dans la première moitié du roman: “j'ai pris l'habitude de dire “on” à la place de nous, ce qui est limite fautif et me cause toutes sortes de problèmes d'accord, mais enfin ça m'est venu naturellement, alors continue comme ça, pour le meilleur et pour le pire.” (113)
Identification
Directe: Tess et Jude se présentent grâce à un questionnaire, grâce auquel le lecteur les connaîtra comme s'il les avait tricotés (30). Tess ne fournit d'abord que les réponses qui la concernent (28-30), puis Jude fournit les questions et les réponses (115-118).
Introduction (première occurrence)
Dans l'incipit: “Ce n'est pas pour faire mon intéressante, mais je pense que Jude et moi on est malheureux.”
La première fois que le nom de Tess est mentionné, c'est ici, lorsqu'elle se met à suivre les conseils de Marc Fisher et se présente (ce qu'elle considère comme une “corvée”) : « Je m'appelle Tess, j'ai trente-deux ans et j'habite à Grand-Mère avec Jude, à qui je laisse le soin de se présenter lui-même quand ce sera son tour d'écrire. Là, il faudrait que je dise ce que je fais dans la vie. » (27)
Scène de révélation/dissimulation/travestissement, qui mène à une identification normale, fausse, empêchée, différée
À une occasion, la frontière entre Tess et Jude semble un peu floue: Tess affirme que Jude “fait partie [d'elle] autant que [s]on oreille droite, que [s]on nez et que [s]es cinq-six gallons d'eau” (74).
De plus, les questionnaires « Aidez vos amis à mieux vous connaître en cinquante questions » sont particulièrement révélateurs au sujet de Tess et de Jude. Par contre, celui de Tess ne comprend pas les questions. La compréhension du questionnaire est alors rendue plus hasardeuse, puisque les questions ne sont données que 90 pages plus tard.
Derniers mots du roman
“on ne fera jamais rien”