I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : Chloé Schmitt
Titre : Les affreux
Éditeur : Albin Michel
Collection :
Année : 2012
Éditions ultérieures :
Désignation générique : Roman
Cote : 2
Quatrième de couverture :
« Grandir et crever. Même avec plein de choses au milieu, c’est pas une vie. »
D’un jour à l’autre, un homme perd l’usage de son corps. Pas tout à fait mort, plus réellement vivant, il assiste, impuissant, au spectacle d’un monde sur lequel il n’a plus prise. Lâche, cruel, vulgaire. Le monde tel qu’il est ou tel qu’il le voit ? Dans un souffle furieux, porté par une langue heurtée et sans cesse réinventée, ce roman raconte la déchéance d’un homme et, au-delà, l’impossible communication dans une société qui court à sa perte. À seulement vingt et un ans, Chloé Schmitt fait preuve d’une grande maîtrise et révèle, à travers ce texte sombre et corrosif, une impressionnante puissance d’écriture.
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre :
À la suite d'un AVC, le personnage-narrateur se retrouve paralysé. Perdant tout usage de son propre corps, il devient malgré lui simple observateur de ceux qui l'entourent. Tous ses proches, mal à l'aise, l'abandonnent graduellement, parlant de lui strictement au passé, à l'exception de Sa femme qui demeure pour s'occuper de lui, cela, jusqu'à ce qu'elle découvre qu'il avait une maîtresse dont il est toujours amoureux (sans son accident, il comptait d'ailleurs divorcer). Il se retrouve donc en cohabitation avec son frère, alcoolique et violent, heureusement pris en charge par Annabelle, la copine de ce dernier. Annabelle finit par s'enfuir en emportant le personnage-narrateur avec elle. Toutefois, elle se remet rapidement en couple avec un autre homme qui, jaloux, tente de ramener le personnage-narrateur à son frère. Faisant subitement demi-tour, il cause cependant un accident et par le fait même, la mort du personnage-narrateur.
Thème(s) :
Perte d'autonomie physique, relations humaines
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :
Par son AVC, le personnage se voit entièrement privé de son pouvoir d'agir. IL ne peut dès lors qu'observer le comportement des autres, penser et ressentir. Il ne peux plus s'imaginer transformer le monde. Tous ses projets ou ses désirs ne peuvent désormais être réalisés. Non seulement il n'a plus aucune autonomie, mais il ne parvient même plus à parler, ne pouvant qu'émettre différents grognements pour tenter de s'exprimer et de se faire comprendre, ce qui est extrêmement difficile, voire impossible.
Appréciation globale :
Malgré le sujet assez lourd de ce roman, la lecture n'en est pas pénible. L'histoire est dure, mais l'écriture la rend digeste. J'hésite beaucoup cependant quant à la cote que je devrais attribuer à ce roman. Le personnage est déconnecté sur le plan actionnel, mais cela est strictement dû à son accident; il y a donc une explication tout à fait rationnelle à cette déconnexion. De plus, le personnage meurt à la fin du roman, ce qui met fin à son histoire, plutôt que de laisser le lecteur en pleine irrésolution. Reste qu'il est très loin du héros traditionnel, et c'est notamment pour cette raison que je l'ai classé 2.
IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture :
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.
a) rupture actionnelle : Comme déjà mentionné, le personnage perd toute prise de contrôle sur le monde, toute autonomie, tout pouvoir de s'exprimer. Sa situation est irrémédiable. Il se retrouve complètement à la merci de ceux qui l'entourent. Pensées vivantes dans un corps presque mort.
b) rupture interprétative : Rien de spécifique à signaler.
V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)
Narration autodiégétique. Récit linéaire, avec élipses. Rien de spécifique à signaler.