Quatrième de couverture: Elle s’appelait Madeleine, elle aurait eu 100 ans en 2015. Je m’appelle Clara, j’ai 31 ans. Nous ne nous sommes jamais connues pourtant nous partageons le même appartement, ou du moins l’avons-nous partagé à différentes époques. Madeleine y avait vécu vingt ans. Elle est morte un an avant que je ne m’y installe, l’appartement avait été entre-temps refait à neuf. Interstice préservé de l’oubli, la cave avait été abandonnée en l’état. J’y ai découvert, après en avoir scié le verrou, rangée, empaquetée dans des cartons, la vie de Madeleine, objets, photographies, lettres. Je m’y suis plongée. En novembre dernier, pendant plusieurs jours, depuis la cave n°16, sur Twitter, j’ai décidé d’en faire l’inventaire, de me perdre dans ce fascinant puzzle de souvenirs, de voyager de petites boîtes en valises emplies de documents, de confondre un temps ma vie et la sienne. A la recherche (non du temps perdu) mais d’un peu de temps vécu, de fragments d’une mémoire traversée par l’Histoire. S’agissait-il de se lancer dans une bataille contre l’oubli ? Pourquoi désormais imprimer tous ces tweets, coucher sur papier l’immatériel ? Pour garder la mémoire de ta mémoire Madeleine ? Pour garder une trace ? Mais que restera-t-il de nous deux ? Voilà plus de deux ans que je veux raconter cette histoire. Alors je vais tenter de le faire ici.
Justification: Il s'agit d'une tentative de se remémorer d'une femme que l'auteure n'a pas connue, mais qui a déjà habité le même appartement qu'elle. Sur Twitter, Clara Beaudoux donne des informations (images, textes) sous le hashtag #Madeleineproject. Il s'agit d'un tweet-documentaire de trois saisons qui voit ensuite le jour sous forme de livre. Il ne s'agit pas d'une oeuvre de fiction, mais le récit d'une vie qui était vouée à l'oubli par le biais d'une subjectivité contemporaine (la journaliste Clara Beaudoux). « Ce reportage documentaire est né dans les univers numériques, des lieux qui bouleversent notre rapport aux archives. Avec le papier, je voulais donner à cette mémoire exposée un caractère plus tangible pour lui permettre de persister un peu plus dans le temps», dit la journaliste (Fabien Deglise, La petite histoire qui raconte la grande, Le Devoir, Livres, 10 juillet 2016). Plusieurs lecteurs se sont reconnu dans l'histoire de Madeleine qui raconte aussi, d'une certaine façon, la France du XXe siècle.
https://storify.com/clarabdx/madeleineproject-saison-3
http://www.ledevoir.com/culture/livres/475034/la-petite-histoire-qui-raconte-la-grande