Ce personnage se caractérise par une consommation excessive de drogues, de médicaments ou d’alcool doublés de relations tendues avec un ou des membres de sa famille. Si cette dépendance ne contribue pas à une vie sans remous, l’origine des problèmes familiaux – on parle ici de relation malsaine, de domination, d’affrontement ou encore de rejet – ne se trouve pas nécessairement liée à la consommation du personnage. Ces deux composantes sont toutefois généralement complémentaires dans son mal-être et dans la trajectoire malheureuse que prend souvent son histoire. Il est aussi à noter que quelques-uns des personnages qui correspondent au type du Consommateur à problèmes familiaux considèrent leurs difficultés inévitables étant donné la filiation dans laquelle ils s’inscrivent.
Des exemples notables :
Paradis clé en main – Nelly Arcan ;
Antoinette devient paraplégique, à la suite d’un échec lamentable de la compagnie en laquelle cette dernière avait fondé ses espoirs suicidaires. Le personnage consomme alcool (vodka) et des médicaments. Sa consommation relèvet d’un état de santé grave (paraplégie) : « Mon Triangle des Bermudes où je m'enfonce joyeusement en me perdant de vue. C'est ça, être saoule. C'est ça, la drogue en général : échapper à soi-même en essorant son propre corps, faire voler en éclats sa barque alors même que l'on reste couché sur le dos, immobile, au fond du néant. » (p.36) De plus, la mère du personnage accepte mal l’attitude de celle-ci. Les relations sont tendues et la communication difficile. Antoinette refuse constamment son aide.
Trépanés – Patrick Brisebois ;
Morvan Trépanier est un être anormal. Trépané dans sa jeunesse à la suite d'un accident de moto, il a l'impression d'appartenir à un monde de noirceur et de déperdition. Le personnage souffre de délires provoqués par la drogue, ce qui occasionne un récit décousu. On peut assister à un triangle amoureux incluant le personnage principal, sa fiancé, et la sœur de celle-ci, qui affirme que Morvan l’a violé. Le roman s'achève avec un combat entre Morvan et Fabia qui meurt, un marteau dans le crâne, illustrant avec évidence et violence les problèmes familiaux qu’entraine le triangle amoureux.
Du mercure sous la langue – Sylvain Trudel ;
Frédéric Langlois est hospitalisé et sa mort est imminente, ce qui occasionne une probable prise de médicaments. Le personnage a la prétention de tout connaitre. Il perçoit la compassion des gens qui l’aiment comme de la pitié : « Ça parait peut-être pas aux yeux crevés qui m'entourent, mais je suis plus humble, plus généreux et plus humain que jamais, mais ma façon d'être humain leur est si étrangère qu'ils n'y voient que de l'inhumanité. » (p. 92).
Poids léger – Olivier Adam ;
Antoine n'a aucun véritable projet de vie. En dehors de son ring de boxe, il se montre peu actif. Son travail ne lui plaît pas vraiment. Il consomme de l’alcool, ce qui a un effet néfaste pour le sport qu’il pratique. Lorsqu’il ne boxe pas, il fuit dans l’alcool. Sa sœur va se marier avec un homme que le personnage connait à peine, mais qu’il désapprouve. La famille de la femme qu’il a mise enceinte le rejette complètement. De plus, il quitte le mariage de sa soeur en colère. Ce sont là autant d’exemples des problèmes familiaux du personnage.
Un soir au club – Christian Gailly ;
Simon Nardis prend de la vodka, une fois, ce qui entrainera la retombée du personnage dans le jazz et l’alcool, lors d’un voyage qui ne devait pas durer. Sa femme l’attend, mais Simon s’éternise au loin, à boire et à jouer de la musique. Cette épouse se tuera dans une tentative de venir le retrouver.
Tarmac (mère) – Nicolas Dickner ;
Le roman retrace l’histoire de Michel Bauermann, seize ans, qui fait la rencontre de Hope Randall, nouvellement arrivée à Rivière-du-Loup, un après-midi de canicule de 1989, en compagnie de sa mère. Cette dernière, prénommée Ann, lorsqu’elle n’est pas affectée par sa maladie mentale, s’enivre. Occupé par sa maladie et sa consommation, elle reste complètement indifférente à sa fille.
Charlotte before Christ (Sacha & Charlotte) – Alexandre Soublière.
Les deux personnages, Charlotte (jeune danseuse contemporaine qui vient d’une famille modeste) et Sacha (jeune adulte universitaire souffrant d‘arthrite douloureux et venant d’un milieu aisé), sont habités par une rage et un mal-être. Les personnages fuient dans la drogue et l’alcool pour évacuer ce mal-être et vivre de fortes expériences. De plus, ils sont dégoutés par leurs familles respectives, et s’en coupent complètement.
Chambres noires - Nicolas Charette
Victor est alcoolique et se drogue régulièrement. Il s'ennuie de Nina, à qui il s'adresse en écrivant. La relation, en dehors de cette correspondance, est inexistante. Sa rechute dans l'alcool le pousse à délaisser son travail de photographe et lui fait perdre le contrôle de ses actes. L'alcool et la drogue occasionnent une rupture entre le protagoniste et le monde.
Dée - Michaël Delisle
Dans les années 50, dans les campagnes de la rive sud de Montréal, une jeune femme, Dée, tombe enceinte d'un homme, Sarto, et ses parents s'entendent pour qu'elle l'épouse. La maison fin prête, le couple s'installe, et Dée se retrouve seule avec un ménage à entretenir et un bébé à élever. La solitude l'écrase : elle épie les voisins sans oser les aborder et trompe l'ennui en ayant une brève aventure avec le livreur de journaux. Quand Sarto l'apprend, il entre dans une colère noire et informe la mère de Dée du comportement de sa fille. Tous la poussent à consulter un docteur, qui la gave de pilules. Cette consommation de médicaments l'engluera dans le sommeil. Les problèmes avec sa famille découlent du fait qu'elle entretient peu de rapports affectifs avec les autres, malgré leur proximité géographique. Sa relation avec Sarto semble reposer plus sur un désir d'avoir de l'attention que sur de l'amour. Sa relation avec son bébé est marquée par l'irritation, même une sorte de haine. Par exemple, elle pensera « Meurs… Meurs… Meurs donc…» (p.107)