ranx:le_roman_francais_au_xxe_siecle

L'ouvrage décrit les les enjeux, les choix esthétiques et les problématiques de l'écriture qui ont influencé le genre romanesque au XXe siècle. Il ne contient aucune section consacrée au personnage, mais cela s'explique par la structure de l'ouvrage qui est conçu comme une traversée à peu près chronologique des mouvements et des courants romanesques ayant marqué le siècle.

Je reproduis tout de même ici les quelques rares et brefs passages qui traitent du personnage et qui pourraient potentiellement être pertinents pour en décrire l'évolution ou cerner les ancêtres du personnage déconnecté.

C'est peut-être en parlant des oeuvres d'Albert Camus que Viart insiste le plus sur le personnage (en tout cas dans la perspective qui nous intéresse): “Meursault est comme hors du monde. Sa solitude est aussi radicale qu'indifférente.” […] Aucune analyse psychologique ne tente de rendre compte de cette étrangeté au monde: elle est seulement donnée dans son imparable facticité.“ Selon Viart (et Camus dans Le mythe de Sisyphe), un tel traitement du personnage est directement hérité de Kafka, qui “semble avoir prédit le heurt de l'homme avec un univers devenu labyrinthique, inconnaissable et sans âme que l'Histoire s'est chargée d'actualiser sous les régimes dictatoriaux. […]
Meursault n'est que sensations, pur présent sans relief, avant de s'ouvrir enfin à la colère dans la seconde partie du livre et de se trouver comme délivré de son apathie silencieuse: il partage avec le monde cette indifférence que la société lui reproche.” (87-88)

Plus loin, Viart rappelle la formule de Céline placée en tête de La nausée de Sartre: “C'est un garçon sans importance collective, c'est tout juste un individu.”

Dans sa conclusion, Viart précise que le personnage fait partie des éléments qu'on a tenté de retirer du roman au XXe siècle (la manifestation la plus flamboyante étant le refus du personnage réaliste traditionnel chez les Sarraute, Simon, Pinget et compagnie): “L'histoire du roman au cours du XXe siècle témoigne de l'inventivité qui se déploie dans le cadre d'une forme littéraire toujours en mouvement. Rebelle à toute définition, le roman a vu la plupart de ses éléments âprement discutés. On lui refuse tantôt la description, tantôt le personnage, on veut limiter l'importance de l'intrigue, on récuse sa linéarité narrative, on conteste sa vocation à dire le réel, on le tire du côté de la poésie ou du théâtre, quand ce n'est pas vers l'autobiographie ou l'essai… Mais le roman résiste: sans doute correspond-il à un besoin , à la fois individuel et social.” (209)

ranx/le_roman_francais_au_xxe_siecle.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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