Bilan de l'été :
Finalement, alors que nous placions l'action comme trait premier de la déconnexion, le décalage (ou l'inadéquation) entre le personnage et le monde (l'univers de sens), ne vient pas de l'action. Le rapport à l'action serait en fait une espèce de conséquence/caractéristique de leur déconnexion. En fait, tout ce par quoi on identifie et comprend un être humain s'applique peu ou différemment chez les personnages déconnectés, que l'on pense à l'action, la cognition, les désirs, les affects, la mémoire, l'identité, etc. Chez les personnages déconnectés (qui présentent une certaine illisibilité), il faut penser différemment ce que peut être l'intériorité. Les liens que font ces personnages ne sont plus nécessairement les mêmes que le lecteur, tout comme les choses qui pour eux sont signifiantes ne sont plus les mêmes également.
Ainsi, contrairement aux personnages de Ravel et des Algues, les personnages de Document 1 et d'Une vie inutile ne présentent pas d'anthropologie renouvelée; on voit chez eux une sorte de déconnexion ou plutôt, de marginalité, mais ils sont des humains comme on l'entend normalement. En d'autres mots, bien qu'ils agissent peu ou mal, nous n'avons pas de difficulté à saisir leur intériorité.
Considérant nos observations, nous avons retenu ces trois critères pour identifier une déconnexion :
1- Le personnage semble-t-il en inadéquation avec le monde?
2- Est-il difficile de comprendre son intériorité?
3- Le personnage a-t-il des intentions? S'imagine-t-il capable de transformer le monde?