I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE
Auteur : Nicolas Dickner
Titre : L’encyclopédie du petit cercle
Éditeur : L’instant même
Collection : -
Année : 2000
Éditions ultérieures : L’instant même (poche), 2006.
Désignation générique : nouvelles
Quatrième de couverture : « Ils allèrent prendre le thé et discutèrent de départ. Monsieur Gorde sortit de son portefeuille les gravures sur papyrus de son frère, tandis que monsieur Gotop étalait ses cartes en peau de chèvre sur la table, bousculant la théière et les petits sablés. Ils parlèrent du frère exilé, d’Alexandrie la Grande, des nuits dans le désert et des wadis boueux. Ils s’empressèrent de louer les services d’un chamelier, achetèrent des chameaux, des provisions et de l’eau, et le lendemain à l’aube ils partaient pour Alexandrie. »
L'encyclopédie embrasse, prétend le dictionnaire (un proche parent que l'on consulte pour ces questions), elle embrasse le cercle du savoir, s'intéresse au pergélisol du Nunatak, aux souvenirs malgaches et aux paysages nilotiques, s'en remet au puisatier comme au chamelier – il faudra boire en cours de route –, inventorie les catalogues des grands magasins montréalais aussi bien que les stèles anciennes et les cartes du ciel. Le savoir est parfois le chemin le plus long entre deux points. L'encyclopédie du petit cercle est un livre réjouissant, la première lettre dans la carrière de Nicolas Dickner. En attendant Gorde et Gotop à une terrasse alexandrine, inventons-lui une famille : Swift, Borges.
II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre : Encyclopédie du petit cercle regroupe différentes nouvelles, où, pour la plupart, on trouve Karyne Stern et son entourage à différents âges. On passe d’un achat impulsif d’un voilier, à une expédition dans le Nord ou au Proche-Orient, une exposition de papillon, un souvenir d’enfance (de coup de foudre littéraire) et une étrange nouvelle fantastique où les dessins sur les murs deviennent vivants. Karyne Stern rêve d’aventure et de liberté et ces désirs marquent les récits.
Thème(s) : Liberté, Voyage, Famille, Identité, Imaginaire
III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Cote : 3
Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Je ne crois pas qu’il corresponde à ce que l’on cherche. Malgré le titre et le format qu’empruntent les épigraphes, la porosité aux savoirs encyclopédiques n’est que très négligeable dans ce recueil.
Appréciation globale :
IV – CONSTRUCTION GÉNÉRALE DE L'OEUVRE :
Dix nouvelles (et un avant-propos) qui s’ouvrent sur une entrée d’une encyclopédie fictive, souvent développée autour d’un mot d’auteur quelconque.
V – ENCYCLOPÉDISME :
Contenu (Types de données imbriquées, à quoi servent-elles dans l'économie générale du roman, dans la construction des personnages, etc.):
Les données offertes ne sont pas à proprement parler des savoirs encyclopédiques définis. Le texte est plutôt poreux au vocabulaire lié au champ d’intérêt du personnage dont il est plus particulièrement question dans la nouvelle et il est intégré à la narration. En fait, on entre simplement en contact avec le vocabulaire de quelques domaines comme l’archéologie, la navigation, l’entomologie, etc.
Par exemple:
Dans « L’Ancien Monde », lorsque Pierre et Simon creusent un puits jusqu’aux couches fossilisées de la Terre et ils croisent alors sur leur chemin des « restes de plésiosaures et d’ichtyosaures » puis, plus tard, arrivent « en plein Dévonien, les sauriens laissant la place à des bas-reliefs de coelacanthes, de brachiopodes primitifs et d’ammonites » (p.24)
Dans « Printemps », Orville explique la conservation des papillons : « Dès qu’ils sortent de la chrysalide et que leurs ailes sont sèches, crac ! : acétate d’éthyle et épinglage. Personnellement, je préfère les bandelettes de papier aux épingles : les ailes gardent une meilleure position et ça bousille moins les insectes. Au fait : il va falloir les garder au froid en permanence, question de conservation » (p. 59) (Ce qui est intéressant dans cet exemple, c’est qu’on espère que le lecteur ne s’y connait pas en entomologie non plus, car la question du froid concerne surtout le fait que les papillons sont en hibernation (donc, pas morts !) et qu’ils s’envoleront à l’exposition.)
Forme (narration, comment elles sont intégrées):
Tel qu’indiqué plus haut, le vocabulaire (et donc la majeure partie de l’encyclopédisme) est intégré dans la narration omnisciente ou dans le discours des personnages eux-mêmes. La structure du livre présente toutefois de façon plus frappante la porosité à l’Encyclopédie, puisque chaque nouvelle s’ouvre sur une entrée du premier tome de l’Encyclopédie du petit cercle qui, bien que fictive, emprunte tout à fait la structure et l’apparence de ce type d’écrit. On y trouve le type de mot (n.f. par exemple), la première occurrence, la définition, l’origine et la référence dans l’encyclopédie. Autre cas digne de mention : dans « À la dérive », un dialogue entre le journal de bord d’une précision scientifique de Karyne et le premier tome de l’Encyclopédie des étoiles met en scène l’opposition des langages dans un renvoi de longitude-latitude-heure à histoire mythologique.