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FICHE DE LECTURE

I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Reza, Yasmina

Titre : Adam Haberberg

Éditeur : Albin Michel

Collection : -

Année : 2003

Éditions ultérieures : en 2004 au Livre de Poche et en 2009 chez Albin Michel sous le titre Hommes qui ne savent pas être aimés

Désignation générique : roman

Quatrième de couverture :

Adam Haberberg est assis au Jardin des Plantes à ruminer sa vie devant l'enclos aux autruches. Il vient de voir son ophtalmo pour un oedème à l'oeil dont il craint le pire (thrombose, glaucome, perte de la vue), son dernier roman est un fiasco, sa vie conjugale bat de l'aile. Il est donc au plus bas quand sort de la ménagerie Marie-Thérèse Lyoc, qu'il n'a pas vue depuis trente ans. Sa condisciple au lycée, le genre de fille dont on n'a aucun souvenir, ni désir d'en avoir. Et parce qu'il est au plus bas, il accepte son invitation à dîner chez elle à Viry-Châtillon. Expédition absurde : elle à pérorer sur sa vie de représentante en produits dérivés, à lui rappeler un passé qui ne le concerne pas, lui à faire semblant de l'écouter tout en ressassant ses échecs, ses velléités, son impossibilité à assumer ses choix et sa différence. Adam Haberberg ou une journée dans la vie d'un homme. Une parenthèse aussi, prétexte à dérouler toutes les contradictions, ambiguïtés, fragilités, insatisfactions, refus qu'il entretient avec lui-même. Un écrivain qui revendique une exigence, et écrit sous pseudonyme des feuilletons. Un père de famille qui n'assume pas. Un homme qui se voit au bord du gouffre, à quarante-sept ans, bientôt aveugle. Et cependant persuadé de sa supériorité. Une tragi-comédie du quotidien : entre Une désolation, pour le parcours existentiel, Trois versions de la vie, pour le milieu social, les interrogations et l'âge du narrateur et L'homme du hasard, pour la structure en dialogues-monologues.

II- CONTENU GÉNÉRAL

Résumé de l’œuvre :

À l'approche de la cinquantaine, Adam Haberberg vit avec deux enfants et sa femme qui ne l'aime plus et le méprise ouvertement. De plus, on lui apprend qu'il souffre d'un grave trouble oculaire qui pourrait lui faire perdre la vue. Écrivain en panne d'inspiration et de succès critique autant que commercial, seulement capable d'écrire un roman SF “de gare”, son dernier roman a en plus été un flop commercial et critique. Il rencontre, un jour ou il s'apitoie sur son sort dans un parc, Marie-Thérèse, ancienne camarade de lycée qu'il n'est pas vraiment content de retrouver, mais qu'il accepte tout de même de suivre chez elle pour partager un souper. La soirée sera le prétexte pour revisiter le passé, faire une tournée des copains perdus de vue, au grand dam d'Adam (!) qui ne pense qu'à ses problèmes oculaires en maudissant mentalement Marie-Thérèse et sa femme.

Thème(s) : couple, écriture.

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION

Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Contrairement à des personnages d'autres romans, dont les pensées et les actions sont caractérisées par une certaine indifférence, Adam demeure en pensée très critique de ce et ceux qui l'entourent. Sauf que ses actions ne suivent pas, c'est pourquoi il se retrouve dans des situations de moins en moins agréables, qui le font se plaindre de plus en plus, etc.

Appréciation globale : Même si le personnage est antipathique, on compatit à certaines de ses misères, dont la compagnie de Marie-Thérèse est une des principales.

IV – TYPE DE RUPTURE

Validation du cas au point de vue de la rupture

a) actionnelle :

Adam vient de se planter royalement avec son dernier roman et est parfaitement conscient de son incapacité à raconter des histoires, autant dans ses livres qu'à ses propres enfants. Mais écrire pour lui n'est pas une finalité; c'est plutôt un moyen pour accéder à la reconnaissance: « tout le monde fabrique des livres qui restent la formule la moins risquée pour passer du néant à la lumière. La renommée via la littérature est aujourd'hui l'aspiration la mieux partagée, un nouveau réflexe social, comprends-tu. Certains réussissent, d'autres ratent, personnellement j'ai raté. Je suis un raté. » (42). « J’ai conservé le rêve naïf de devenir un écrivain, c’est-à-dire un homme qui tente de se sauver de lui-même. Un homme qui pour conserver un peu d’élan vers l’avenir, s’efforce d’échanger sa propre existence contre celle des mots.»

Quant à son épouse, elle le traite avec une indifférence fortement teintée de mépris, sans doute lasse d'avoir marié un écrivain qui s'est avéré aussi minable. Pour couronner le tout, la maladie oculaire dont Adam souffre le plonge dans le désarroi, ce qui ne semble cependant pas affecter sa femme qui, elle, réagit sans la moindre compassion à cette nouvelle: “Il avait masqué son oeil droit avec sa main et dit à sa femme : je vois trouble. Ça nous manquait, fut son commentaire.” En fait de soutien moral, on repassera…

Comme il le dit lui-même, Adam est tout simplement un raté: rien de ce qu'il entreprend ne fonctionne. On pourrait tout de même dire que son glaucome ou sa thrombose constitue la “cerise sur le sundae”, c'est-à-dire que ce trouble oculaire concrétise l'échec de sa vie. Désormais, ça ne vaut même plus la peine d'essayer, il vaut mieux s'apitoyer sur son sort. De plus, lorsqu'il se trouve chez Marie-Thérèse et que celle-ci lui parle, Adam part souvent dans ses pensées, n'écoutant plus du tout Marie-Thérèse (de toute façon, il se fiche complètement de ce qu'elle peut lui dire) et s'apitoie mentalement sur sa maladie à l'oeil, comme si cela constituait une sorte de jardin secret où il pouvait se plaindre en paix, sans avoir à supporter les autres.

Posture passive: Déjà englué dans ses échecs professionnels et personnels, Adam est excessivement passif à ce qui se produit autour de lui. Lorsque Marie-Thérèse le trouve au parc, il accepte de la suivre même s'il n'en a aucune envie et qu'il la trouve désagréable. En général, plutôt que d’acquiescer aux propositions qui lui sont faites ou aux insultes de sa femme, il choisit de ne pas répondre et de se plaindre de ce qui s'ensuivra.

Je ne suis pas certain que ça concerne spécifiquement la rupture d'Adam, mais je trouvais ça intéressant (et drôle): à plusieurs reprises, une lutte intérieure se déroule à l'intérieur d'Adam. Une part de lui semble vouloir à tout prix se détacher, demeurer indifférente, tandis qu'une autre, comme par un réflexe social, essaie de s'intéresser à la discussion :

« - Et Alice Canella ? dit Adam. Il n'aurait jamais voulu dire, et Alice Canella. C'est même la dernière chose qu'il aurait voulu dire. Heureusement le portable sonne. […] Ne répète pas ta question pense-t-il, ne dis pas, et Alice Canella tu l'as revue ? - Et Alice Canella tu l'as revue ? » (33-34)

« [Adam pense :] je devrais lui retourner la question, mais je me fous éperdument de ses parents comme je me fous de sa vie entière. - Et toi, tes parents ? Dit-il. » (83)

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES

ranx/adam_haberberg.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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