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ranx:des_eclairs

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-Notice bibliographique :+[[Ancienne fiche (Geneviève Dufour)]]
  
-Jean Echenoz, //Des éclairs//, Paris, Minuit, 2010, 175 p.+=====FICHE DE LECTURE===== 
 +==== I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE ====
  
-== Résumé de l’œuvre : == 
  
 +**Auteur :** Jean Echenoz
  
-== Narration hétérodiégétique ==+**Titre :** Des éclairs
  
-Explication Il s'agit d'un récit omniscient raconté de manière assez rapide, calquant en cela la vitesse avec laquelle Gregor accumule les inventions et les projets. À noter également le ton ironique et l'humour du narrateur qui ne se gêne pas pour commenter les agissements de son personnage et à le ridiculiser même.+**Éditeur :** Minuit
  
 +**Collection :** --
  
-== Personnage(s) en rupture Gregor == +**Année :** 2010
  
-== A) Nature de la rupture rapport à la réalité == +**Éditions ultérieures :** --
  
-Explication Ses capacités d'abstraction sont telles que parfois elles parviennent à le dominer et à lui faire confondre sa pensée et la réalité : «ce qu'il imagine étant immédiatement considéré comme vrai, le seul risque auquel il s'expose, et peut-être s'exposera toujours, est de confondre le réel avec ce qu'il projette.» (p. 13-14) Autre exemple : «Mais de telles aptitudes, et surtout cette excessive intrusion de la réalité dans l'imagination, l'envahissement de l'idée se prenant pour la matière, risquent aussi de vous couper un peu du monde, en tout cas des personnes s'occupant de cette matière.» (p. 43) En effet, Gregor est tellement préoccupée par ses inventions qu'il oublie souvent le côté humain derrière. En fait, il lui arrive souvent d'être escroqué par les hommes d'affaire qui appuient ses projets. Il ne réfléchit qu'aux objets qu'il crée et prend peu en considération les conséquences et implications qui accompagnent ses inventions. Il est plutôt solitaire : «Il apparaît aussi d'ailleurs qu'il aime mieux être seul et vivre seul en général, et se considérer dans les miroirs plutôt que regarder les autres, et se passer des femmes bien qu'il leur plaise [...]. Mais ce fait tient aussi à certains points spéciaux de son caractère. [...] D'abord son extrême préoccupation des microbes, bacilles et toute espèce de germes, qui le contraint à nettoyer sans cesses toute chose autour de lui, démesurément et sans jamais confier cette tâche à quiconque, se lavant les mains avant, se lavant les mains après. Puis sa manie de tout compter, perpétuellement, qui est une absorbante besogne, contraignante à l'égal d'une loi.» (p. 44-45)+**Désignation générique :** Roman (page couverture)
  
-Ses manies l'occupent à un point tel, qu'elles font l'objet d'émotions précises: «cette activité de dénombrement lui prend d'autant plus de temps que, pas seulement mécaniques, elle envahit aussi la sphère des émotions dans la foule infinie des chiffres qui occupent son esprit, chacun de ceux-ci inspire à Gregor un sentiment spécial, un goût particulier, une couleur bien à lui, rien n'égalant son affection majeur pour les nombres divisibles par trois, beau nombre, on le sait, qui marche à toute occasion. Tout ce qui se divise par trois, aux yeux de Gregor, c'est mieux. Rien n'est plus beau pour lui qu'un multiple de trois.» (p. 45-46) De telles obsessions couplées au fait qu'il peine en situation sociale et interpersonnelle, rappellent le syndrome d'asperger.+**Quatrième de couverture :** 
  
-Il existe un décalage entre lui-même et la vie concrète. Il se désintéresse de l'argent plus précisément et de son profit personnel : «On vonvient donc d'un arrangement selon quoi la Western Union va verser à Gregor une somme forfaitaire de centre quatre-vingt-dix-huit mille dollars pour l'achat complet de tous ses droitsC'est un montant dérisoire au regard de ce qui aurait dû lui revenirmais on dirait qu'il ne s'en rend pas compte. Désagréable et sûr de lui comme il est, habité par une idée de sa personne aussi haute que son dédain pour autrui, on s'attendrait à ce qu'il négocie durement ses mérites mais non, il paraît ne pas tirer les conséquences de son estime de soi dans la vie matérielle.» (p78)+« Gregor a inventé tout ce qui va être utile aux siècles à venir. Il est hélas moins habile à veiller sur ses affaires, la science l’intéresse plus que le profit. Tirant parti de ce trait de caractère, d’autres vont tout lui voler. Pour le distraire et l’occuper, ne lui resteront que la compagnie des éclairs et le théâtre des oiseaux.
  
-En vieillissantson équilibre mental diminue et il commence à présenter des comportements anormaux. Il avait toujours été envisagé comme un excentrique, mais son cas s'aggrave : «Or, outre qu'il est de moins en moins aimable, que son caractère tend à s'aigrir, on dirait qu'il perd un peu de son équilibre aussi car des signes suspects se manifestent. Même s'il a toujours parlé seul, monologuant sans cesse au cours de ses travaux, les assistantes s'inquiètes peuvent l'entendre à travers la porte, pourtant capitonnée, pérorer plus que jamais dans ces moments d'orageIl semble alors s'adresser aux éclairs eux-mêmes comme à des employésdes enfants, des élèves ou des pairs [...]. Pire, même après l'orage et quelle que soit l'humeur du cielGregor se met bientôt à tenir toute circonstance des propos de plus en plus dénués de mesure, exprimant des idées de grandeur à ce point immodérées et fréquentes que ses amis, ou le peu qui commence à lui en rester, tentent de le protéger contre ses propres déclarations.» (p. 126-127)+Fiction sans scrupules biographiquesce roman utilise cependant la destinée de l'ingénieur Nikola Tesla (1856-1943) et les récits qui en ont été faitsAvec lui s’achève, après Ravel et Courirune suite de trois vies. »
  
-Il se lie d'amitié avec les pigeons qu'il accueille en grand nombre dans sa chambre d'hôtel : «Puis naturellement l'idée lui vient, tant que nous y sommes, de passer du traitement ambulatoire à la prise en charge institutionnelle, et de monter une clinique pour pigeons.» (p. 149)+==== II- CONTENU GÉNÉRAL ====
  
-Il tombe amoureux d'une piegonne également, seul objet de son amour qu'il a connu dans toute sa vie. +**Résumé de l’œuvre :** 
- +
  
-== BOrigine de la rupture : naissance hors du commun / déterminisme ==+Gregor est né un soir d'orage (impossible de dire lequel, puisqu'il est né quelque part entre 23h et 1h du matindans un petit village d'Europe de l'Est. Surdoué dès son plus jeune âge, mais pas très assidu à l'école, il part en Amérique à vingt-huit ans pour travailler pour Thomas Edison. Celui-ci possède une société qui distribue de l'électricité à quelques privilégiés. Gregor  y développe l'idée du courant alternatif, qui réglerait les nombreux problèmes de la société, mais Edison, voyant la menace que constitue cette idée, refuse de payer Gregor pour sa solution, et ce dernier claque la porte. Il convainc des hommes d'affaires de financer sa propre compagnie; or, dès que sa nouvelle invention, la lampe à arc, est brevetée, ses actionnaires le renvoient et Gregor devient manœuvre dans la bâtiment. Grâce aux relations d'un de ses patrons, Gregor est présenté à Georges Westinghouse, propriétaire de la compagnie rivale d'Edison. Celui-c lui fournit les ressources pour implanter le courant alternatif; une longue rivalité s'installe entre Edison et Westinghouse ,qui donnera notamment naissance à la chaise électrique, inventée pour montrer le danger du courant alternatif pour l'homme. 
  
-1) Explication : Le personnage ne connaît pas la date exacte à laquelle il est né parce qu'il a vu le jour entre vingt-trois heures et une heure du matin pendant un orage. Cela semble intimer au personnage une destinée chaotiqueà l'image de sa naissance : «Naissance hors du temps, donc, et hors de la lumière car on ne s'éclaire qu'ainsi à cette époqueà la cire et à l'huileon ne connaît pas encore le courant électrique. Celui-citel qu'aujourd'hui nous en possédons l'usage, tarde encore à s'imposer dans les moeurs, il serait pas trop tôt qu'on s'en occupeComme s'il s'agissait de régler cette autre affaire personnellec'est Gregor qui va s'en charger, c'est à lui qu'il reviendra de le mettre au point.» (p9-10)+Le succès monte un peu à la tête de Gregor - déjà qu'il est un homme suffisantpeu avenant quoique persuasifobsédé par les bactéries et les germesmaisparadoxalementpassionné par les pigeonsIl est emporté par le tourbillon de la vie mondainemais reste solitaire (la seule femme qui lui inspire un peu de sympathie est la femme de son principal mécène, et seul ami, MrAxelrod).
  
-Sa naissance lui imprime aussi un caractère plutôt difficile, à l'image de l'orage pendant lequel il est né : «De telles venues au monde risquant de vous rendre un peu nerveux, son caractère se dessine vite : ombrageux, méprisant, susceptible, cassant, Gregor se révèle précocement antipathique. Il se fait tôt remarquer par des caprices, des colèresdes mutismes, des fugues et des initiatives intempestivesdestructionsbris d'objets, sabotages et autres dégâts.» (p. 11)+Enivré par sa richesse - à crédit, à cause de sa notoriété - Gregor passe dix ans à ébaucher des dizaines d'inventions. Il néglige pourtant tellement les brevets et ses finances (il déchire un contrat qui le liait avec Westinghousequi lui devait des millionspour plutôt lui vendre ses droits pour une somme dérisoire) que ses inventions ne lui appartiennent plus et qu'il est rapidement sans le sou. L'idée à laquelle il tient le plusl'énergie universellegratuite, lui vaut d'être honni par tous les magnats de l'énergie
  
-Il développe aussi une grande sensibilité aux bruits : «il se montre aussi fort impressionnable, nerveux, fragile et notamment sensible de façon peu normaletroublé à l'excès par toute sorte de bruitsrumeurs ou vibrations, échos : même si ceux-ci sont extrêmement lointainsperceptibles par nul autreils peuvent plonger dans d'inquiétantes fureurs.» (p12)+Ses expérimentations ayant passé près de détruire le centre-ville de New-YorkGregor est exilé hors de la villemais ces expérimentations démesurées sème la panique. L'ennui le gagne et il retourne à New-York. Un banquiertoutefoisfinance un projet de tour d'information universelle. La construction de la tour est tellement longue qu'un Italien, inspiré par un ancien brevet de Gregor, le devance et invente la radio...
  
-Il souffre aussi de moments de cécité qui rappelle les éclairs dans l'orage, ceux de sa naissance. Il devient une sorte de curiosité médicale : «Il est aussi sujet à de sérieuses crises au cours desquelles, revoyant et revivant même sous un ciel serein l'éclair de sa naissance, il présente des accès d'éblouissement jusqu'à paraître aveugleprovoquant l'affolement de sa famille et les hochements perplexes des docteurs aussitôt convoqués.» (p. 12)+Faute de mécène, Gregor s'appauvrit et se replie sur lui-même. Il commence à soigner des pigeons dans les chambres d'hôtel (de plus en plus petites et bas de gamme) qu'il occupe. Il continue à proposer des inventions (notamment le missile, durant la guerre)mais sa réputation de savant fou le précède et elles sont refusées
  
-== CManifestations : cognitive et sensorielle ==+Alors que Gregor s'entiche sérieusement d'une pigeonne, les Axelrod s'éloignent de lui. Dix ans plus tard, il ne lui reste que les pigeons (la pigeonne, elle, est morte de tuberculosequ'il soigne et qu'il mange Ethel vient parfois le voir. 
  
-Explication : Il grandit et devient rapidement d'une taille démesurée : «Sur ce fond désordonnésa croissance s'effectue sur un train anormalement rapide: très vite il devient très grandplus vite encore plus grand que tout le monde.» (p12)+Un jour, alors qu'il se rend au square, des pigeons envahissent le pare-brise d'une voiture; le conducteurivre, renverse Gregor. Il refuse d'aller à l'hôpitalpréférant une longue convalescence à l'hôtelIl demande un jour à une femme de chambre de mettre un vignette « Ne pas déranger » sur sa porte. On attendra trois jours avant de braver l'interdit; on soupçonne que Gregor est mort seul 
  
-Il possède une ouïe hors du commun qui lui fait penser qu'il entend les Martiens «Une autre nuit qu'il s'affaire sur son puissant récepteur de radioGregor croit percevoir de drôles de bruits paraissant venir d'extrêmement loinnettement mélodiques et régulièrement rythmés. Trente ans plus tard on établira qu'il s'agit d'ondes mécaniques provenant en effet des étoiles mais Gregortoujours prompt à s'exalterles attribue gravement et sans hésiter à des êtres pensants très éloignésautochtones d'autres planètes -- Vénus ou Mars au bas mot -- dotés d'intelligence voire scientifiquement plus avancés que nous autres et qui tentent de communiquer avec lui.» (p. 104)+**Thème(s) :** ambitionfolieinventiongénieincompréhensionsolitude
  
-Sur le plan intellectuel, il possède une aisance marquée pour l'absorption de connaissances. Il apprend à une vitesse folle et possède une mémoire et une capacité d'abstraction hors du commun: «Ayant ainsi appris en cinq minutes une bonne demi-douzaine de langues, distraitement expédié son parcours scolaire en sautant d'une classe sur deux, et surtout réglé une fois pour toutes cette question des pendules -- qu'il parvient bientôt à désosser puis rassembler en un instant, les yeux bandés, après quoi toutes délivrent à jamais une heure exacte à la nanoseconde près --, il se fait une première place dans la première école polytechnique venue, loin de son village et où il absorbe en un clin d'oeil mathématiques, physique, mécanique, chimie, connaissances lui permettant d'entreprendre dès lors la conception d'objets originaux en tout genre, manifestant un singulier talent pour cet exercice. Sa mémoire est en effet aussi précise que la photographie récemment découverte et, surtout, Gregor manifeste le don de se représenter intérieurement les choses comme si elles existaient avant leur existence, les voir avec une telle précision tridimensionnelle que, dans le mouvement de son invention, jamais il n'a besoin de croquis, de schéma, de maquette ni d'expérience préalables.» (p. 13)+==== III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION ====
  
-== DObjets : ... ==+**Explication (intuitive mais argumentéedu choix :** Le roman figurait, il me semble, dans la bibliographie du projetDe plus, comme nous avons utilisé //Ravel// pour faire un exercice sur la poétique du perosnnage contemporain, le choix de ce roman semblait logique (et, en effet, le personnage (plus « romanesque » que celui de Ravel puisque Tesla est rebaptisé Gregor) me semble plus déphasé).
  
-Explication :+**Appréciation globale :** J'ai beaucoup apprécié le roman, malgré la multitude d'évènements qui s'y produit (ce qui est assez rare dans le reste du corpus de ce projet...), comme en témoigne la longueur du résumé.
  
 +==== IV – TYPE DE RUPTURE ====
  
-== E) Manifestations spatiales : ... ==+=== Validation du cas au point de vue de la rupture ===
  
-Lieux représentés :  +** a) actionnelle :**  
-Explication :+ 
 +L'intelligence exceptionnelle et la personnalité de Gregor (désagréable, imbu de lui-même,hautain) influencent sa façon d'entrer en contact avec le reste du monde.Contrairement à beaucoup de personnages contemporains qui se cantonnent dans l'inertie, Gregor, lui, crée trop vite pour son monde; fébrile, expéditif, il finit par dérailler.  
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 +Ses capacités d'abstraction sont telles que parfois elles parviennent à le dominer et à lui faire confondre sa pensée et la réalité : «ce qu'il imagine étant immédiatement considéré comme vrai, le seul risque auquel il s'expose, et peut-être s'exposera toujours, est de confondre le réel avec ce qu'il projette.» (p. 13-14) Autre exemple : «Mais de telles aptitudes, et surtout cette excessive intrusion de la réalité dans l'imagination, l'envahissement de l'idée se prenant pour la matière, risquent aussi de vous couper un peu du monde, en tout cas des personnes s'occupant de cette matière.» (p. 43) En effet, Gregor est tellement préoccupé par ses inventions qu'il oublie souvent les humains qui en feront usage; il imagine et propose ainsi des armes épouvantables en pensant qu'elles aideraient à instaurer la paix universelle. Son retranchement dans le monde intellectuel fait q'il lui arrive souvent d'être escroqué par les hommes d'affaire qui appuient ses projets, ce qui fait en sorte que malgré ses aptitudes exceptionnelles, sa situation se détériore rapidement vers la fin du roman.  
 +Ses manies trahissent sa constante opposition au reste du monde : «Il apparaît aussi d'ailleurs qu'il aime mieux être seul et vivre seul en général, et se considérer dans les miroirs plutôt que regarder les autres, et se passer des femmes bien qu'il leur plaise […]. Mais ce fait tient aussi à certains points spéciaux de son caractère. […] D'abord son extrême préoccupation des microbes, bacilles et toute espèce de germes, qui le contraint à nettoyer sans cesses toute chose autour de lui, démesurément et sans jamais confier cette tâche à quiconque, se lavant les mains avant, se lavant les mains après. Puis sa manie de tout compter, perpétuellement, qui est une absorbante besogne, contraignante à l'égal d'une loi.» (p. 44-45)Elles l'occupent à un point tel, qu'elles font l'objet d'émotions précises: «cette activité de dénombrement lui prend d'autant plus de temps que, pas seulement mécaniques, elle envahit aussi la sphère des émotions : dans la foule infinie des chiffres qui occupent son esprit, chacun de ceux-ci inspire à Gregor un sentiment spécial, un goût particulier, une couleur bien à lui, rien n'égalant son affection majeur pour les nombres divisibles par trois, beau nombre, on le sait, qui marche à toute occasion. Tout ce qui se divise par trois, aux yeux de Gregor, c'est mieux. Rien n'est plus beau pour lui qu'un multiple de trois.» (p. 45-46) De telles obsessions couplées au fait qu'il peine en situation sociale et interpersonnelle, rappellent le syndrome d'asperger. 
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 +En vieillissant, son équilibre mental diminue et il commence à présenter des comportements anormaux. Il avait toujours été envisagé comme un excentrique, mais son cas s'aggrave : «Or, outre qu'il est de moins en moins aimable, que son caractère tend à s'aigrir, on dirait qu'il perd un peu de son équilibre aussi car des signes suspects se manifestent. Même s'il a toujours parlé seul, monologuant sans cesse au cours de ses travaux, les assistantes s'inquiètes peuvent l'entendre à travers la porte, pourtant capitonnée, pérorer plus que jamais dans ces moments d'orage. Il semble alors s'adresser aux éclairs eux-mêmes comme à des employés, des enfants, des élèves ou des pairs […]. Pire, même après l'orage et quelle que soit l'humeur du ciel, Gregor se met bientôt à tenir toute circonstance des propos de plus en plus dénués de mesure, exprimant des idées de grandeur à ce point immodérées et fréquentes que ses amis, ou le peu qui commence à lui en rester, tentent de le protéger contre ses propres déclarations.» (p. 126-127) 
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 +==== V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES ==== 
 +La forme du roman est très traditionnelle; il n'y a que la voix du narrateur qui pourrait être retenue comme une spécificité poétique en effet, on a affaire à un narrateur intradiégétique qui ne prend pas part à l'action mais qui semble suivre de très près le personnage. Il se manifeste par l'emploi généralisé du pronom « on » pour décrire l'époque, la société, mais aussi par quelques « nous », quand il désigne de petits groupes auxquels se joint Gregor. Toutefois, la narration est rétrospective et non en temps réel. La narration présente de soudaines accélérations (notamment lors du récit d'évènements qui nuisent le plus à Gregor) et des ellipses assez importantes (de dix ans environ pour la plus longue).
ranx/des_eclairs.1343932414.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)

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