ranx:coup_de_tete
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+ | **I - MÉTADONNÉES** | ||
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+ | Titre : Coup de tête | ||
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+ | Auteur(s) : Guillaume Vissac | ||
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+ | Date de mise en ligne :2 mars 2013 | ||
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+ | Adresse : http:// | ||
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+ | Présentation ou résumé : | ||
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+ | « « C’est pas important de savoir d’où c’est venu ni quelle silhouette j’ai vue, sur quel bitume, et à quelle date, quel âge, et quelle ombre fouettait quelle autre, et dans quel sens, pourquoi. J’étais étudiant et puis je l’étais plus. J’ai écrit ça le long. Le long de moi-même et le long de tous les autres petits trucs que j’ai aussi écrits. Un premier roman, je tiens fort à la formule, qui aurait pu s’appeler, | ||
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+ | « D’abord un corps, l’adolescence sur la peau. Ca non plus, c’est pas très important. L’important, | ||
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+ | « J’ai pas compté le nombre de fois où le narrateur dit : « ma main droite », la manquante. Je suis rentré par là, dans sa gorge, pour comprendre quelle voix l’animait et comment elle disait les choses et quel était son timbre. Et parce que c’était un récit adolescent, il fallait que ce soit oral. Qu’on l’entende, | ||
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+ | « Quand on me demande, comme ça, ce que j’écris, voilà ce que je réponds le plus souvent : c’est l’histoire d’un mec qui a perdu sa main et qui veut la retrouver. J’ai rien à dire de plus. On me répond pas non plus. | ||
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+ | Ainsi parle Guillaume Vissac, un de nos principaux expérimentateurs tous azimuts des nouvelles formes web et littérature (voir son site Fuir est une pulsion), de sa première tentative de roman – entendre : ce qu'on demande à un roman, personnages, | ||
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+ | NB : le carnet d' | ||
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+ | **II- CONTENU GÉNÉRAL** | ||
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+ | Résumé de l’œuvre : Honnêtement, | ||
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+ | Le narrateur va visiblement très mal : il est incapable de manger sans vomir, est confronté à la violence et au dédain des passants, et, surtout, il est accablé par des douleurs fantômes. Il semble raconter rétrospectivement son histoire à quelqu' | ||
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+ | Thème(s) : fugue, itinérance, | ||
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+ | ** III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION** | ||
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+ | Explication (intuitive mais argumentée) du choix : Le roman est mentionné dans une autre oeuvre de Vissac. Le rapport au corps du personnage est particulier et semble très intéressant. De plus, la forme fragmentée du texte et le traitement des phrases sont des éléments poétiques intéressants. | ||
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+ | Appréciation globale : Le texte est long et m' | ||
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+ | **IV – TYPE DE RUPTURE** | ||
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+ | Validation du cas au point de vue de la rupture | ||
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+ | a) actionnelle : Remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); | ||
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+ | D' | ||
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+ | Le personnage ne contrôle pas bien son propre corps (douleurs fantômes, vomissements, | ||
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« **Au fond je sais pas pourquoi je suis là à faire ce que je fais et à fixer ce que je fixe**. Quand je laisse mon corps bouger sans moi c’est ma main, main droite, qui plonge dans le bordel de mon bras pour remuer du vide. Autour : vacarme ambiant, les pelleteuses raclent au sol, éventrent aussi béton. Une benne bleue décharge des tonnes de merde par terre. Et des barrières qu’on traîne et des grillages qu’on plante. Voilà ce que je fixe. Voilà le panorama qui m’empêche de penser à ce que j’ai pas envie de savoir. Voilà mon divertissement. » | « **Au fond je sais pas pourquoi je suis là à faire ce que je fais et à fixer ce que je fixe**. Quand je laisse mon corps bouger sans moi c’est ma main, main droite, qui plonge dans le bordel de mon bras pour remuer du vide. Autour : vacarme ambiant, les pelleteuses raclent au sol, éventrent aussi béton. Une benne bleue décharge des tonnes de merde par terre. Et des barrières qu’on traîne et des grillages qu’on plante. Voilà ce que je fixe. Voilà le panorama qui m’empêche de penser à ce que j’ai pas envie de savoir. Voilà mon divertissement. » | ||
- | « Partir sans penser, Ajay, c’est tourner en rond. Tu marches et tu regardes le sol et puis tu lèves la tête et tu te rends compte que t’as pas bougé. » | ||
« Je regarde mes pieds buter contre les marches d’escalier, | « Je regarde mes pieds buter contre les marches d’escalier, | ||
+ | Finalement, côté intrigue, il n'y a ni noeud réel ni résolution satisfaisante; | ||
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+ | **V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES** | ||
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+ | - Nombreuses phrases coupées nettes par une barre verticale, suspendues, parfois en plein milieu d'un mot. | ||
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+ | - Le texte est entrecoupé de paragraphes en italique, comme en aparté, dans lesquels le narrateur semble s' | ||
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+ | **VI - AUTRES REMARQUES** | ||
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+ | Extraits : | ||
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+ | « Je comprenais plus. L’écran disait suis les rails, Nil gueulait pareil mais plus fort... Mais pas un pour pour me pointer la direction, pas un pour me dire où aller, et quand je tapais Envers du décor et Bout du bout dans les bornes SNCF, l’écran derrière me disait d’aller me faire foutre parce qu’il comprenait rien.» | ||
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+ | « Et tant pis si un jour, je me dis, une nuit, je me souviens, ce corps-là que je file en transe était capable de me fondre sous la peau, de me briser les nerfs en sang et de prendre contrôle de mon corps. Devenir moi. Tant pis pour ces merdes. Si c’est le prix à payer pour ressentir mon corps, je me dis, le ressentir vraiment, je me dis, alors je prends le risque. » | ||
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+ | « il a pas dû regarder beaucoup de films d’action dans sa vie, je me dis, parce que sinon, sinon, il saurait qu’on peut pas retenir un type en le serrant d’une main par le col. Une main c’est juste pas assez. Du coup, il me voit pas m’arracher vers l’arrière pour le déséquilibrer, | ||
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+ | « Qu’est-ce qu’on peut faire, je me demande, quand on est comme moi perdu chez un autre et qu’on sait pas comment changer de peau ? | ||
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+ | Qu’est-ce qu’on peut faire ici perdu dans la maison d’un type qui voudrait juste qu’on crève ? | ||
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+ | Qu’est-ce qu’on peut faire devant ces photos, visages, qui pourraient être des reflets sans en être, qui se contentent juste de ressembler ? | ||
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+ | Réponse : que dalle. » | ||
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+ | « Mon sac au pied de la porte, le plancher claque. J’entends encore ses talons battre les marches, il descend les escaliers. Depuis l’autre côté, porte close, je lui gueule : ton père il était cool, c’était pas un connard. Les mots sortent sans moi, ma voix c’est pas vraiment la mienne et je comprends au bruit du bois qui grince que son poids d’abord s’arrête et qu’ensuite c’est son talon qui repart. Je lui dis eh, je lui dis oh, je lui dis : t’es toujours là ? | ||
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+ | Mais rien qui vient, rien qui sort, je crois qu’il s’est tiré et qu’il reviendra plus. Maintenant je sais plus ce qu’il croit, je sais plus ce qu’il pense, mais au moins j’aurais essayé, je me dis, et le fait est | ||
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+ | Tu crois vraiment, Ajay, que ça suffit une phrase pour devenir quelqu’un d’autre ?» | ||
ranx/coup_de_tete.1391196832.txt.gz · Dernière modification : 2018/02/15 13:56 (modification externe)