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Max Férandon, Monsieur Ho, Québec, Alto, 2008, 170 p.

1. Degré d’intérêt général

Pour le projet de quête et enquête : Fort

Pour le projet de diffraction : Faible

En général : Écriture poétique, toute en images, narration teintée d’ironie. Histoire et personnages cocasses.

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Max Férandon

2.2 Titre : Monsieur Ho

2.3 Lieu d’édition : Québec

2.4 Édition : Alto

2.5 Collection : -

2.6 (Année [copyright]) : 2008

2.7 Nombre de pages : 170 p.

2.8 Varia : -

3. Résumé du roman

Fourni sur le site de l’éditeur :

« Nom : Monsieur Ho

Occupation : Fonctionnaire

Signe particulier : Discret de nature

Tâche : Recenser 1,3 milliard de Chinois

Dans un pays où être vivant signifie être plusieurs, Monsieur Ho mène une existence tranquille de menu fonctionnaire invisible. Pourtant, quelque part dans le Très-Haut, on a d’autres projets pour lui, et il se retrouve bientôt à la tête d’une entreprise aussi vaste qu’insensée : un recensement de tous les habitants de la Chine.

Monsieur Ho voyagera en train à travers un pays pluriel, obsédé par l’avenir et oublieux de son passé, où l’opulence et la corruption côtoient la misère des campagnes. Humain avant d’être fonctionnaire, ce fils d’un paria de la Révolution culturelle qui voue en silence un amour interdit aux mots ne pourra échapper au doute et ses états d’âme prendront peu à peu le pas sur son devoir. Il faudra une panne à la fois mécanique et existentielle en Mongolie intérieure où, quarante ans auparavant, son propre père a disparu, pour que ce comptable apprenne à compter véritablement jusqu’à un.

À la fois reportage surréaliste et fable grinçante sur la face cachée de l’Empire de tous les secrets, Monsieur Ho érige un rempart contre la bêtise en y opposant une lucidité douce-amère parfumée d’une subtile poésie. »

Résumé pour le projet (remarques)

Il s’agit d’un beau cas de quête interrompue. Monsieur Ho, amené par son travail à faire le recensement des habitants de la Chine en voyageant à bord d’un train qui lui est réservé, se voit obligé de mettre un terme à son projet lorsque le train tombe en panne au milieu de nulle part, près d’une gare tenue par un ermite. Déjà, tout au long de son périple, la quête de Monsieur Ho dévie peu à peu, à mesure qu’il fait la rencontre d’habitants dans le besoin, qui ont des requêtes qu’il voudrait exaucer. Délaissant au fil du voyage le rôle de commissaire qui lui est attribué, il se fait l’observateur d’un pays « pluriel » où règnent des misères individuelles. Le train en panne l’amène à se questionner sur ce qu’il y a au-delà, plus loin sur les rails, là où son père serait mort lorsqu’il était enfant, le pays des nomades, et Monsieur Ho finit par s’y rendre pour constater que les rails ne mènent nulle part, un chemin de fer interrompu. Il doit faire demi-tour. Ainsi, l’on comprend que la mission première qu’on attribue au personnage est malmenée, ensevelie sous une quête personnelle qui s’impose, mais tout s’effondre, l’espoir de Monsieur Ho aussi :

« « Attends-moi. Un jour je reviendrai te chercher, mon fils. » Monsieur Ho savait. Mais il savait. Comme ces arbres qui attendent patiemment, comme ces orphelins silencieux, comme tous ces malheureux aspirés de l’intérieur, il savait, entre mémoire intime et ciel prometteur, entre le sort des uns et le sort de tous, que personne, jamais personne ne reviendrait nous chercher. » (p. 170)

4. Singularité formelle

Aucune.

5. Caractéristiques du récit et de la narration

Simplement s’insère, à quelques reprises dans la narration à la troisième personne, des bribes d’un journal de bord que tient Monsieur Ho tout au long de son voyage. Il y consigne ses réflexions sur ses observations et aussi les résonances avec son propre passé.

6. Narrativité (Typologie de Ryan) : Simple

7. Rapport avec la fiction

Aucune.

8. Intertextualité

Aucune.

9. Extraits significatifs

« C’est connu, Pékin cultivait l’ambiguïté, parfois de façon très grossière. Un recensement, certes, mais quel genre de recensement ? Au fond, Ho savait bien que l’exercice de comptabilité démographique n’était qu’une façade généreusement exposée, un exercice important, mais en principe seulement. Sa mission visait essentiellement à rédiger selon les règles de l’art un rapport flou et précis à la fois. Au-delà du bête inventaire des âmes, la Chine ressentait un besoin pressant de dessiner son propre portrait. » (p. 27)

« Après un coup de sifflet autoritaire, le train quitta la gare. Il fallut un certain temps au jeune Ho pour admettre qu’un paysage pouvait reculer dans son champ visuel et que ces champs et ces arbres puissent courir à l’envers. Bonheur de train, du spectacle de ces villages qui allaient à reculons, joie de regarder la campagne par la vitre et de manger des petits pains fourrés. Qu’il était bon de manger dans le train devant cette toile fuyante. » (p. 48)

« La vérité ici, c’est le nombre, le groupe et le règlement ! Une fois, j’ai voulu moi-même croire que cette vérité prenait d’autres formes. J’étais alors au bureau militaire du Parti. Vous savez, je siégeais entre dix grosses têtes à gauche, dix grosses têtes à droite. Mais, un jour, j’ai abordé une question que je n’aurais jamais dû soulever. Un micro est parfois bien plus dangereux qu’un pistolet chargé et je n’avais pas mis de cran de sécurité à mon discours. Alors la vérité, vous savez… Bien, alors, si vous croyez que ce triste endroit peut apporter un peu à votre quête, je me ferai plaisir de vous aider, et ce, même si j’ignore absolument à quoi elle peut bien ressembler, cette vérité-là. » (p. 60)

« Moteurs à l’agonie, motrice au désarroi, dans un tumulte d’huile et de souffrances mécaniques, la vieille dame de fer expira, épuisée, en face de la gare. Elle ne carburait plus à rien. Les chants du diesel s’étaient tus. Par la même occasion, le chant des sirènes appelant Jin Chung depuis sa retraite s’était lui aussi tari. Le train du commissaire au recensement était bel et bien en panne. L’incident aurait pu être banal, n’eut été du lieu où était venu mourir le train. Un nulle-part, isolé aux confins du néant, une gare abandonnée dans une steppe désertique. Drôle d’endroit pour rendre son dernier souffle. » (p. 103)

« Un choc sourd mit fin à leur cabotinage de touristes évadés et les rappela à l’ordre. Le temps de regarder sous eux et il était déjà trop tard, l’engin ne roulait plus sur aucun rail. Ni l’un ni l’autre n’avait aperçu la brusque cassure sur la voie. Le chemin de fer s’arrêtait là, malgré tout en douceur, sans bris, sur un matelas d’herbe. Un déraillement feutré. » (p. 136)

« La nuit promettait encore des révélations. Derrière Monsieur Ho et Orgo, un immense brasier rougit le ciel. Plusieurs cris déchirèrent la pénombre. Le train de Deng Xiaoping brûlait ! La vieille dame avait le feu au dernier de ses wagons. À l’intérieur, une vingtaine de tonnes de cartons, des millions d’identités rangées et compactées fournissaient un puissant combustible. » (p. 161)

« Malgré mon désir de tout laisser tomber, je ne peux oublier la déclinaison interminable des gens dont le sort dépend, peut-être, de mon travail. Je ne peux abandonner cette constellation de fermiers, d’orphelins, de prisonniers. Ces minorités en nombre majoritaire, cette Chine irrationnelle qui embrasse tous les dieux de l’argent et de l’urbanisation. » (p. 165)

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