Fiche de lecture
1. Degré d’intérêt général
Intérêt pour le projet diffraction : moyen
Intérêt pour le projet enquête : nul
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Benoît Roberge
2.2 Titre : Éparpillé
2.3 Lieu d’édition : Montréal
2.4 Édition : Les Malins
2.5 Collection :–
2.6 (Année [copyright]) :(2010)
2.7 Nombre de pages :196 pages.
2.8 Varia :
Exergues :
« -Que faites-vous du matin au soir? -Je me subis. » Cioran
« Il y a l'amour. Et puis il y a la vie, son ennemie. » Jean Anouilh
3. Résumé du roman
C'est l'été et Louis de Gonzague, notre ironique écrivain-narrateur, est plein de bonnes résolutions : s'acheter un chien, louer un chalet, jouer au tennis, écrire son livre. Or, son premier arrêt estival sur une terrasse gâche ses belles aspirations. Il a un coup de foudre instantané pour Marie-Charles, la jolie serveuse qui rit de son imitation de Fabrice Luchini. Il laisse son adresse courriel sur une « napkin » en partant, espérant revoir la belle aux grosses lunettes. Le courriel ne se fait pas trop attendre, mais la rencontre anticipée par Louis ne se déroule pas aussi bien qu'il l'aurait voulu : c'est un autre serveur qui lui avait écrit et qui lui apprend, de surcroît, que Marie-Charles est partie travailler en France.
Incapable d'écrire, Louis erre d'un café « hipster » à l'autre, pimentant ses soirées de Jack Daniels et de « one night stands », jusqu'au jour où il prend l'avion vers Aix-en-Provence pour essayer de trouver sa belle. Finalement, c'est dans un Jean Coutu, au retour, qu'il la revoit. Ils partent ensemble à la plage, aux États-Unis. Marie-Charles apprend à Louis de Gonzague qu'elle a peut-être un cancer. Le roman se clôt sur un baiser et l'imagination de Louis qui s'emballe : mariage, maladie, bonheur et best-seller ? Quel sera leur futur?
Le tout est abondamment saupoudré de clins d’œil ironiques à la faune branchée des bars et des terrasses et aux angoisses existentielles du narrateur.
4. Singularité formelle
Comme le signale le titre, le narrateur s'éparpille dans une série de courts chapitres (47 dans la première partie, 9 dans la deuxième). Surtout anecdotiques, ses segments s'accumulent pour dresser le portrait du personnage et faire progresser le récit, qui est somme tout assez linéaire.
Une des chapitres ( « Jour de première », p. 108-117)est rédigé sous forme de pièce de théâtre
5. Caractéristiques du récit et de la narration
Le roman est plein de digressions sur divers sujets (allant d'une gênante infection intime en forêt à la critique désillusionnée du travail de scénariste du narrateur), mais le récit évolue de façon assez conventionnelle.
La narration autodiégétique est aussi plutôt traditionnelle. Toutefois, le narrateur est hanté par un narrateur interne qui, lorsqu'il dort, lui raconte son histoire d'amour avec Marie-Charles, mais en version un peu sirupeuse : « Il est revenu me hanter. Ce pelé, ce galeux, ce maudit narrateur. Il me manipule. Il tire avec effronterie les ficelles de mon romantisme mal assumé. » (p. 141)
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple
7. Rapport avec la fiction
Au début du roman, le narrateur nous avise de sa manie de tout maquiller : « Permettez-moi de mettre tout de suite un chose au clair : cet après-midi de juin n'a rien de particulier et je suis loin d'être béat et sans malice. Cet après-midi est des plus ordinaires et je me sens tout aussi tourmenté qu'hésitant. En fait tout se joue dans ma tête de rêveur qui refuse le réel et essaye tant bien que mal de le maquiller. […] Voilà, je tenais à vous mettre en garde sur les maquilleurs de mon espèce, et à vous demander malgré tout, à partir de maintenant. de bien vouloir accepter tout ce que je vous raconte. » (p. 12-13)
Le lecteur est placé d'emblée devant la présence d'un narrateur non fiable, qui peut nous raconter tout ce qu'il veut. L'avertissement est renouvelé à la fin du roman, après la scène ultra-clichée du baiser dans la grande-roue, les deux amoureux tournés vers le merveilleux avenir qui les attend… L'avertissement donne un caractère décidément très ironique au dénouement.
8. Intertextualité
Plusieurs références à la culture contemporaine, mais rien de particulièrement significatif, si ce n'est l'adoration du narrateur pour Luchini.
9. Élément marquant à retenir
L'humour de l'auteur, le regard un peu désabusé sur la mode et le rythme de vie effréné des semi-vedettes, les crises d'angoisses du narrateur.