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=== Élisabeth NARDOUT-LAFARGE, « La valeur ‘‘modernité’’ en littérature québécoise : notes pour un bilan critique », p. 285-301. === | === Élisabeth NARDOUT-LAFARGE, « La valeur ‘‘modernité’’ en littérature québécoise : notes pour un bilan critique », p. 285-301. === |
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| Article complet: {{:fq-equipe:e.nardout-lafarge_2004_.pdf|}} |
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Nardout-Lafarge souligne d’entrée de jeu que la modernité a été pour les textes littéraires québécois à partir de la Révolution tranquille un critère de légitimité et une garantie de légitimité, jusqu’à ce que survienne dans les années 1980 le concept de postmodernité. L’auteure cite un texte de François Ricard, qui écrivait en 1988 que la littérature québécoise, à partir des années 1980, cesse d’être « à la fois petite, unifiée, et moderne » (2004 : 285). L’évocation de cette fin de la modernité littéraire québécoise pousse l’auteure à s’interroger sur l’utilisation du concept de modernité dans la critique au Québec entre 1977 et 2001. Nardout-Lafarge souligne d’abord que le concept de modernité n’a jamais été tout à fait défini, car la théorie littéraire est peu pratiquée au Québec, où on lui préfère largement la forme plus libre de l’essai. De même, la postmodernité québécoise est un concept moins évident qu’il ne semble, car, malgré un certain consensus par rapport à ses traits esthétiques, une incertitude persiste dans sa définition car elle renvoie soit à l’incertaine modernité québécoise, soit à des visions européennes ou américaines du concept. | Nardout-Lafarge souligne d’entrée de jeu que la modernité a été pour les textes littéraires québécois à partir de la Révolution tranquille un critère de légitimité et une garantie de légitimité, jusqu’à ce que survienne dans les années 1980 le concept de postmodernité. L’auteure cite un texte de François Ricard, qui écrivait en 1988 que la littérature québécoise, à partir des années 1980, cesse d’être « à la fois petite, unifiée, et moderne » (2004 : 285). L’évocation de cette fin de la modernité littéraire québécoise pousse l’auteure à s’interroger sur l’utilisation du concept de modernité dans la critique au Québec entre 1977 et 2001. Nardout-Lafarge souligne d’abord que le concept de modernité n’a jamais été tout à fait défini, car la théorie littéraire est peu pratiquée au Québec, où on lui préfère largement la forme plus libre de l’essai. De même, la postmodernité québécoise est un concept moins évident qu’il ne semble, car, malgré un certain consensus par rapport à ses traits esthétiques, une incertitude persiste dans sa définition car elle renvoie soit à l’incertaine modernité québécoise, soit à des visions européennes ou américaines du concept. |
=== Janet M. PATERSON, « Le postmodernisme et la ‘‘pensée migrante’’ au Québec », p. 319-331. === | === Janet M. PATERSON, « Le postmodernisme et la ‘‘pensée migrante’’ au Québec », p. 319-331. === |
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Paterson débute son texte en évoquant la difficulté de parler de postmodernité dans un colloque consacré à la modernité puisque celle-ci n’est pas circonscrite dans un temps défini. Paterson se propose néanmoins d’interroger la relation du postmodernisme à la pensée migrante au Québec. | Paterson débute son texte en évoquant la difficulté de parler de postmodernité dans un colloque consacré à la modernité puisque celle-ci n’est pas circonscrite dans un temps défini. Paterson se propose néanmoins d’interroger la relation du postmodernisme à la pensée migrante au Québec. |
=== Frances FORTIER et Francis LANGEVIN, « De la modernité à la postmodernité ? Le trajet de Nicole Brossard ou l’expérience du lieu commun », p. 332-349. === | === Frances FORTIER et Francis LANGEVIN, « De la modernité à la postmodernité ? Le trajet de Nicole Brossard ou l’expérience du lieu commun », p. 332-349. === |
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Le texte de Fortier et Langevin vise à observer le passage de la modernité à la postmodernité à travers trois moments dans l’œuvre de Nicole Brossard. Les auteurs posent en outre l’hypothèse que Brossard subit l’influence du paradigme interprétatif de sa propre œuvre. Le premier texte à l’étude, //Un livre//, paru en 1970, raconte l’histoire de sa propre genèse ; il marque moins l’émergence d’une modernité que l’appropriation des codes de la modernité. Bien que ce concept reste essentiellement imprécis et hétérogène, c’est d’une certaine modernité que s’inspire Brossard. //Le Désert mauve//, publié en 1987 et présenté comme le premier roman postmoderne québécois, introduit le féminisme comme piste interprétative. Les auteurs expliquent : « La réorganisation épistémique engagée par les théories de l’énonciation, en réintroduisant la subjectivité au cœur du langage, redessine autrement le clivage, à première vue irréconciliable, entre la modernité et le féminisme. » (2004 : 338) À travers le jeu qu’on retrouve dans le texte entre référentialité et fiction, les auteurs perçoivent la tension entre le moderne et le postmoderne : alors que le modernisme se caractérise par le refus de l’illusion référentielle, le postmodernisme revendique les procédés de l’illusion et cherche à pousser l’illusion à un paroxysme de manière à ce que ce soit la réalité qui apparaisse comme une illusion. Évoquant une analyse de la question de la traduction fictive dans Le //Désert mauve// par Robert Dion, les auteurs notent que Dion inscrit Brossard parmi une série d’auteurs postmodernes : Jacques Brault, Monique LaRue, Normand Chaurette, Victor-Lévy Beaulieu, Gérard Bessette et Rober Racine (2004 : 342). Enfin, Hier (2001) joue également sur la frontière entre la référentialité et la fiction. L’espace-temps y est traité de manière postmoderne, par l’abolition de toute distance qu’on y trouve. Empruntant ce concept à Marc Augé, les auteurs qualifient //Hier// d’œuvre « surmoderne », se déroulant dans des « non-lieux ». Les auteurs citent Augé explicitant sa vision des non-lieux : « Si un lieu peut se définir comme identitaire, relationnel et historique, un espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni comme relationnel, ni comme historique définira un non-lieu. L’hypothèse ici défendue est que la surmodernité est productrice de non-lieux, c’est-à-dire d’espaces qui ne sont pas eux-mêmes des lieux anthropologiques et qui, contrairement à la modernité baudelairienne, n’intègrent pas les lieux anciens […]. » (2004 : 347) Enfin, Fortier et Langevin résument le parcours de Nicole Brossard, dont ils rappellent que la pratique est en dialogue avec les discours qui l’interprètent : d’abord moderne par la revendication d’un identitaire collectif ; ensuite postmoderne, par sa facture autoréférentielle et par son appel à la participation du lecteur ; enfin surmoderne, par sa prédilection pour les non-lieux. | Le texte de Fortier et Langevin vise à observer le passage de la modernité à la postmodernité à travers trois moments dans l’œuvre de Nicole Brossard. Les auteurs posent en outre l’hypothèse que Brossard subit l’influence du paradigme interprétatif de sa propre œuvre. Le premier texte à l’étude, //Un livre//, paru en 1970, raconte l’histoire de sa propre genèse ; il marque moins l’émergence d’une modernité que l’appropriation des codes de la modernité. Bien que ce concept reste essentiellement imprécis et hétérogène, c’est d’une certaine modernité que s’inspire Brossard. //Le Désert mauve//, publié en 1987 et présenté comme le premier roman postmoderne québécois, introduit le féminisme comme piste interprétative. Les auteurs expliquent : « La réorganisation épistémique engagée par les théories de l’énonciation, en réintroduisant la subjectivité au cœur du langage, redessine autrement le clivage, à première vue irréconciliable, entre la modernité et le féminisme. » (2004 : 338) À travers le jeu qu’on retrouve dans le texte entre référentialité et fiction, les auteurs perçoivent la tension entre le moderne et le postmoderne : alors que le modernisme se caractérise par le refus de l’illusion référentielle, le postmodernisme revendique les procédés de l’illusion et cherche à pousser l’illusion à un paroxysme de manière à ce que ce soit la réalité qui apparaisse comme une illusion. Évoquant une analyse de la question de la traduction fictive dans Le //Désert mauve// par Robert Dion, les auteurs notent que Dion inscrit Brossard parmi une série d’auteurs postmodernes : Jacques Brault, Monique LaRue, Normand Chaurette, Victor-Lévy Beaulieu, Gérard Bessette et Rober Racine (2004 : 342). Enfin, Hier (2001) joue également sur la frontière entre la référentialité et la fiction. L’espace-temps y est traité de manière postmoderne, par l’abolition de toute distance qu’on y trouve. Empruntant ce concept à Marc Augé, les auteurs qualifient //Hier// d’œuvre « surmoderne », se déroulant dans des « non-lieux ». Les auteurs citent Augé explicitant sa vision des non-lieux : « Si un lieu peut se définir comme identitaire, relationnel et historique, un espace qui ne peut se définir ni comme identitaire, ni comme relationnel, ni comme historique définira un non-lieu. L’hypothèse ici défendue est que la surmodernité est productrice de non-lieux, c’est-à-dire d’espaces qui ne sont pas eux-mêmes des lieux anthropologiques et qui, contrairement à la modernité baudelairienne, n’intègrent pas les lieux anciens […]. » (2004 : 347) Enfin, Fortier et Langevin résument le parcours de Nicole Brossard, dont ils rappellent que la pratique est en dialogue avec les discours qui l’interprètent : d’abord moderne par la revendication d’un identitaire collectif ; ensuite postmoderne, par sa facture autoréférentielle et par son appel à la participation du lecteur ; enfin surmoderne, par sa prédilection pour les non-lieux. |