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fq-equipe:editions_du_boreal

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 ===== Années 2011-2015 ===== ===== Années 2011-2015 =====
  
 +==== 2011 ====
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 +ARCHAMBAULT, Gilles, Un promeneur en novembre, Montréal, Boréal, 2011, 240 p. (Nouvelles) / ARCHAMBAULT, Gilles, Un promeneur en novembre, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 240 p. (Nouvelles)
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 +« Je sais que je suis détruit », se dit un vieil homme qui se promène dans les rues de Montréal un jour de novembre. « Détruit, on le devient peu à peu. Pour cela, il suffit de vivre. »
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 +Les dix-sept nouvelles qui composent ce recueil sont autant de variations sur cet unique thème, cette unique vérité que l’auteur emprunte à Miguel Torga : « Exister, c’est perdre, petit à petit. » Et perdre, c’est être seul, de plus en plus. Pourtant, nul désespoir dans ces pages, pas même de révolte ni de cynisme. Plutôt, l’acceptation lucide et modeste de l’inévitable, forme ultime de la dignité et de la beauté. Car chaque personnage a beau éprouver pour  lui-même le sentiment (la certitude) de sa propre défaite et de la solitude grandissante où l’existence l’a jeté, cette défaite et cette solitude n’empêchent pas que subsiste toujours, quelque part, une dernière lueur, une dernière tendresse, un dernier souvenir de bonheur. La destruction est inéluctable, certes, l’ironie de la vie est tantôt cruelle, tantôt risible, mais il arrive aussi que le naufrage ne soit pas sans douceur... 
 +
 +ARCHAMBAULT, Gilles, Qui de nous deux ?, Montréal, Boréal, 2011, 128 p. (Récit) / ARCHAMBAULT, Gilles, Qui de nous deux ?, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 128 p. (récit)
 +
 +Vingt ans après le très touchant Un après-midi de septembre, où Gilles Archambault évoquait la disparition de sa mère, le romancier renoue avec le genre autobiographique pour tracer cette fois-ci une bouleversante chronique de la mort de sa compagne, celle qui a partagé sa vie pendant plus de cinquante ans.
 +
 +Ce bref récit, qui prend la forme d’un journal tenu l’espace de quelques mois, nous parle du couple et de la solitude, de la vie et de la mort. Avec la pudeur qu’on lui connaît, Gilles Archambault arrive, comme dans ses oeuvres de fiction, à nous faire toucher l’essence même de la vie, de l’amour, à travers le quotidien le plus attentivement traduit. 
 +
 +AWUMEY, Edem, Rose déluge, Montréal, Boréal, 2011, 216 p.
 +
 +Rose est morte après un interminable combat — contre son corps qui se désagrège, contre ses cauchemars qui ont envahi son esprit dévasté, contre l’eau qui monte et qui ronge les rivages de Lomé, ville qu’elle n’a jamais quittée, même si elle a toujours vécu au rythme des saisons de l’Amérique. Pour Sambo, il faut donc accomplir les derniers rituels, répondre à la dernière demande de sa tante Rose, ramener ses restes, c’est-à-dire les cheveux et les ongles de la défunte, pour les ensevelir dans la cité dont celle-ci rêvait sans cesse: La Nouvelle Orléans, en Louisiane.
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 +Mais pour arriver jusque-là, Sambo devra emprunter l’identité d’un ami d’enfance qui vit au Canada et faire en autocar le long périple à travers les États-Unis. Dans la petite gare routière de Hull, entre les poètes vaticinateurs et les bourgeois méfiants, il fait la rencontre de Louise, qui ne rêve aussi que d’ailleurs et de départs, et pendant la longue attente pour ce car qui refuse de se pointer, peu à peu, leurs deux mondes se rencontreront, se fondront l’un en l’autre.
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 +Après Les Pieds sales (Boréal et Seuil), finaliste du prix Goncourt 2009, Edem Awumey nous revient avec un troisième roman où souffle un lyrisme puissant. Roman des êtres en transhumance, de l’Afrique à l’Amérique, du Sud au Nord, Rose déluge célèbre notre humanité commune au milieu de l’effrayante fragilité du monde. 
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 +BEAULIEU, Victor-Lévy, rééditions de plusieurs œuvres. 
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 + La Grande Tribu, c’est la faute à Papineau, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 880 p. (Grotesquerie) ; La Nuit de Malcomm Hudd, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 222 p. (Roman); Monsieur Melville, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2011, 576 p.  (Lecture fiction)
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 +CHASSAY, Jean-François, La littérature à l’éprouvette, Montréal, Boréal (Collection Liberté grande), 2011, 144 p. (Essai)
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 +Professeur de littérature québécoise, spécialiste de littérature américaine, romancier et essayiste, le quinquagénaire à tous crins qu’est Jean-François Chassay n’avait pas quitté l’incubateur qu’il projetait déjà, si l’on en croit l’infirmière de service, de faire se croiser dans l’espace immatériel de ses futures lectures tubes et cubes, narrateurs et respirateurs, science pure et littérature altérante. Ce Cosinus prématuré était né pour porter le sarrau de prof ou de médecin, d’ingénieur ou d’inventeur; bref, tel Sartre qui voulait être Stendhal et Spinoza, il entendait devenir Ferron et Vian, ou alors Marcel Aymé et Kurt Vonnegut. Il n’aura pas connu de guerre, sinon celle des nerfs devant la bêtise, il n’aura pas inventé la bombe, sinon celle glacée des soupers de fête, mais en grand artificier, comme sa Littérature à l’éprouvette le prouve, il est devenu spécialiste en amorçages et désamorçages dans les interactions quasiment insaisissables et pourtant réelles entre les cultures scientifique et littéraire. 
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 +COURTEMANCHE, Gilles, Le camp des justes, Montréal, Boréal, 2011, 296 p. (Boréal Compact), 2013, 296 p.  (Essai) 
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 +C’est à Camus que Gil Courtemanche emprunte cette idée du « juste » pour décrire la position qu’il veut être la sienne quand il aborde l’actualité politique. Le « juste », c’est celui qui fait passer l’humanité avant les idées, les personnes avant les dogmes, politiques ou autres.
 +C’est la position la plus pénible, la plus complexe, la plus vulnérable. Car le « juste » se retrouve avec de curieux compagnons qu’il n’aime pas nécessairement. Puis il est confronté à la douloureuse question de la responsabilité, de l’intention criminelle des États ou des acteurs. Après avoir fait une grande carrière de reporter international et connu un succès mondial avec son roman Un dimanche à la piscine à Kigali, Gil Courtemanche a tenu une chronique, de 2002 à 2011, dans les pages du quotidien Le Devoir. Il y traitait de politique québécoise et canadienne, mais surtout de politique internationale, sujet qui l’a toujours fasciné. En plus d’un long fragment d’un essai sur lequel Gil Courtemanche travaillait au moment de sa mort, ce livre reprend les meilleurs de ces textes, où le chroniqueur se révèle un extraordinaire éveilleur de consciences et où il donne l’exemple d’une pensée libre, qui pourfend tous les discours avec lesquels les riches et les puissants justifient les inégalités scandaleuses qui existent encore parmi les habitants de notre planète.
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 +DAIGLE, France, Pour sûr, Montréal, Boréal, 2011, 752 p. (Roman) / DAIGLE, France, Pour sûr, Montréal, Boréal (Boréal Compact),  2013, 752 p. (Roman) 
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 +Pour sûr est, entre autres choses, une somme encyclopédique, un labyrinthe, une exploration de la folie des nombres, un précis de typographie, un reliquaire, une défense et illustration de la langue chiac, une réflexion sur les cultures minoritaires et leur obsession linguistique, un jeu de pistes, le roman d’un coin de pays. C’est une entreprise aux dimensions surhumaines que France Daigle mène à son terme avec une éblouissante virtuosité.
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 +C’est aussi l’histoire de personnages attachants, Terry et Carmen, que l’on a connus dans les précédents romans de l’auteur, leurs enfants Étienne et Marianne, et toute cette humanité qui gravite autour du bar Le Babar, à Moncton – les Zablonski, Zed, Pomme –, artistes, gens ordinaires, qui, tout en vaquant à leurs activités quotidiennes, s’interrogent sans cesse sur leur place dans le monde, d’un point de vue géographique, historique, politique ou culturel.
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 +Devant la savante architecture du roman, suite de fragments agencés selon une implacable structure mathématique, on ne peut s’empêcher de penser à l’Oulipo et à La Vie mode d’emploi. Mais la rigueur de la forme offre ici un contraste saisissant avec le caractère insaisissable et imprévisible du chiac, avec l’infini pouvoir d’émotion rattaché aux mots de l’enfance, aux mots des ancêtres. 
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 +FOLCH-RIBAS, Jacques, Paco, Montréal, Boréal, 2011, 152 p. (Roman)
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 +Paco vit dans la Grande Maison au milieu d’un village qui ressemble au chaos. S’y mêlent ouvriers et paysans, pêcheurs et commerçants. Les mots de la langue du pays y résonnent, et aussi ceux d’une autre, brutale, sèche, que l’on enseigne du bout des lèvres à l’école. Heureusement qu’il y a les gros dictionnaires de Grand-Père où on peut découvrir ce que les mots veulent dire. 
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 +Quand la famille quitte le village pour la ville, c’est un chaos encore plus grand que Paco découvre. C’est un bouillonnement continu duquel fusent les cris « Vive la République! » et « Proletaris Unitat! » Une chance qu’il y a Concha, pour lui expliquer la politique, et lui révéler quelques autres mystères aussi. Et quand le chaos de la guerre emporte même ce chaos-là, Paco se retrouve jeté sur la route qui monte vers le nord, vers la montagne. Où l’attendent l’âme et le corps de Margarita. 
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 +Jacques Folch-Ribas donne ici un roman de guerre, qui est également un roman d’apprentissage, dont se dégage une infinie et déchirante nostalgie. Il y évoque une terre et une enfance, toutes deux irrémédiablement perdues, toutes deux inoubliables.
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 +GAGNON, Katia, La réparation, Montréal, Boréal, 2011, 216 p.
 +GAGNON, Katia, La réparation, Montréal, Boréal, (Boréal Compact), 2012, 216 p. (Roman)
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 +La journaliste Marie Dumais apprend dans les actualités le suicide d’une élève du secondaire, Sarah Michaud. Il semble que l’enfant était victime d’intimidation. On lui confie une série de papiers sur l’affaire. 
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 +Elle interroge les professeurs et les autres élèves. Elle rend visite aux parents. Ce sont de pauvres gens qui n’ont pas su défendre leur fille perdue parmi les petits bourgeois fréquentant le collège privé où Sarah n’a été acceptée que grâce à ses dons exceptionnels pour les mathématiques. Tout le monde voudrait tant qu’on cesse de parler de cette affaire, mais Marie veut savoir la vérité. Pourquoi Sarah Michaud est-elle morte ?
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 +Dans ce premier roman mené comme un suspense, Katia Gagnon nous tient en haleine jusqu’au bout. Elle nous fait partager le destin d’êtres marqués, mais elle célèbre aussi tout le bien que peut apporter un regard qui réchauffe, une main tendue, l’amour et la compassion d’inconnus que la vie place sur notre chemin.
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 +La Réparation est un hommage à ceux qui survivent et à ceux qui leur permettent de le faire. 
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 +GRUDA, Agnès, Onze petites trahisons, Montréal, Boréal, 2011, 296 p. (Nouvelles)
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 +Peut-on vivre sans commettre de trahison ? Sans se trahir soi-même ou ceux qui partagent notre vie ? N’est-ce pas inévitable, n’est-ce pas un mouvement aussi naturel que de respirer, que de tomber amoureux ? La trahison, c’est la clé dont se sert Agnès Gruda pour avoir accès au plus secret de l’âme des personnages qu’elle met en scène dans ces nouvelles.
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 +LAFERRIÈRE, Dany, L’art presque perdu de ne rien faire, Montréal, Boréal, 2011, 392 p. (Roman) / (Boréal Compact), 2013, 392 p. (Roman)
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 +Je ne sais pas trop comment qualifier ce livre. J’hésite entre un roman des idées et un essai lyrique. En tout cas, j’essaie de brasser ensemble mes réflexions, mes émotions, mes sensations comme mes rires et mes délires, car je n’ai pas l’impression qu’on arrête de vivre parce qu’on est en train de penser.
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 +Si mes romans sont une autobiographie de mes émotions, ce livre, dans la même veine, est une autobiographie de mes idées. Ce que je pense n’est jamais loin de ce que je sens. Comme si toute cette philosophie me venait de la petite galerie de ma grand-mère, du fond de mon enfance.  D. L.
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 +En mettant en scène ses idées, Dany Laferrière nous invite à regarder le monde comme lui, c’est-à-dire avec la naïveté de l’enfant et la roublardise de l’écrivain. Mais cet art de penser est aussi, et surtout, un art de vivre : l’art de rester immobile, l’art de ne pas oublier, l’art de capturer l’instant, l’art de manger une mangue… 
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 +LALONDE, Robert, Le Seul Instant, Montréal, Boréal, 2011, 120 p. Boréal Compact, 2013, 120 p. (Roman)
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 +« On peut comprendre une chose en un seul instant, mais on la perd dans les longues heures qui suivent avec leurs semelles de plomb », écrit Oscar Wilde, enfermé dans sa prison. C’est de ce « seul instant » qu’il sera question dans ces pages. Pour ce qui est des « semelles de plomb » — la prison —, chacun sait à quoi s’en tenir. Mais qu’en est-il de cet instant qui oblige à sortir de soi, de cette courte illumination qui fait s’ouvrir l’œil , frissonner la nuque, trembler nos certitudes et nous amène à douter de notre âge ? On a de nouveau sept ans et le monde redevient une énigme merveilleuse. »
 +R.L.
 +Robert Lalonde nous entraîne dans sa campagne l’espace de tout un été. Il nous ouvre les portes du laboratoire de l’écriture, nous fait témoins de l’opération alchimique qui se déroule entre l’œil et le cœur de l’écrivain, entre la nature et les livres se répondant sans cesse.
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 +LECLERC, Rachel, La patience des fantômes, Montréal, Boréal, 2011, 264 p.
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 +Nous sommes une chaîne interminable dans laquelle, devant comme derrière, se trouvent des maillons plus faibles et d’autres bien plus forts que nous. Tantôt la chaîne est menacée de se rompre par la faute d’un seul, et tantôt elle contient une suite de maillons tout à fait sains, propices aux bonds de géant. Alors, sois celui qui consolide son bout de chaîne.
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 +C’est dans une misère en bardeaux gris, du côté nord de la péninsule gaspésienne, que Joachim Levasseur est né à la fin du XIXe siècle. Au milieu du siècle suivant, il est mort au Ritz-Carlton, où il n’était ni plongeur, ni chasseur, ni même chef concierge, mais un client qui profitait comme d’autres de ce que lui avaient rapporté son ambition et son audace.
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 +Si Émilie, son arrière-petite-fille, fait partie des serviteurs de ce monde, c’est parce qu’évidemment quelque chose n’a pas fonctionné après la mort de Joachim. Il y a pour elle, comme pour chacun des descendants de Joachim, un temps normal et parfois un autre temps, qui est anormal au point de ressembler à un châtiment — d’où, peut-être, sa croyance en un mauvais sort jeté sur la famille.
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 +Rachel Leclerc nous donne ici beaucoup plus qu’une grande saga familiale sur cinq générations. Elle nous propose une lumineuse méditation sur la tragédie qui se cache au milieu de toute vie. Pouvons-nous nous libérer du passé sans renoncer à notre héritage ? 
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 +LEVESQUE, Robert, Déraillements, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2011, 176 p. (Essai)
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 +« C’est la nuit, dans mon enfance, entre veille et sommeil, que m’est venu l’attrait des trains. À chaque nuit, au passage du train venant des provinces maritimes, le charme agissait toujours autant à mes oreilles, comme à celles d’Ulysse le chant des sirènes. Je l’écoutais naître au loin, et mourir au loin, cette grande plainte sifflante qui m’était une invitation au voyage, la séduction extatique d’un train traversant une ville en perçant l’air de la nuit, une cavatine, le médianoche du dormeur éveillé. »
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 +Robert Lévesque ne savait pas, lorsqu’il écoutait siffler les trains de son enfance, à quelles aventures cet appel le conduirait plus tard : appel du lointain, de l’étranger, aussi attirant qu’une patrie perdue ; mais appel, aussi, du monde grand ouvert devant lui, là, tout près, dans les livres qu’il lirait.
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 +L’univers ferroviaire – rails, locomotives, gares – sert de thème ou d’amorce à tous les textes de ce recueil, mi-essais mi-poèmes en prose, enlevés, frémissants, vifs comme le mouvement d’un rapide dans la nuit. C’est un univers inépuisable où se croisent des passagers inattendus qui ont pour noms Franz Kafka et Jack London, la Bolduc et Fats Waller, Arthur Buies et Oscar Wilde. Et non loin, un peu à l’écart, lové dans un coin du compartiment ou dissimulé derrière un pilier du quai, un compagnon discret observe leurs gestes, écoute leurs propos, et n’attend que de monter à bord avec eux, de partir, de vivre enfin !
 +Magistrale leçon de lecture et d'écriture, dont devrait prendre note ce qui nous reste d'intelligentsia. »
 +Gilles Dupuis - Spirale, numéro 140, Printemps 2012
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 +« Déraillements se révèle une lecture riche, érudite, qui comblera les amoureux des mots, de l'Histoire et des voyages.»
 +Élizabeth Marineau - Revue Art Le Sabord, numéro 91, Mars 2012
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 +« Depuis son enfance à Rimouski, Robert Lévesque aime les trains et les gares. Le critique dramatique et chroniqueur littéraire a fait de l'univers ferroviaire le thème d'un éblouissant recueil de courts textes consacrés aux écrivains qu'il apprécie. »
 +Pierre Cayouette – L’actualité 
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 +« Brillant trompeur, le critique fait mine de ressasser des anecdotes quand il illumine, en fait, certaines des œuvres les plus importantes des derniers siècles. »
 +Dominic Tardif – Voir
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 +« Robert Lévesque écrit très bien. C’est très intéressant. C’est un très beau voyage dans la littérature de partout au monde. C’est foisonnant. Il élève l’anecdote au rang d’art. C’est vraiment fascinant. Une fois qu’on referme ce livre, on a envie d’aller lire plein d’autres choses. »
 +Matthieu Dugal – Radio-Canada / Ça me dit de prendre le temps
 +Pour écouter l'entrevue et la critique, cliquer ici.
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 +« Toute l'érudition et tout l'amour de la littérature, et plus, dans ce livre, Déraillements, aux Éditions du Boréal. »
 +Christiane Charette – Radio-Canada / Christiane Charette
 +Pour écouter Robert Lévesque discuter de son livre avec Christiane Charette, cliquer ici.
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 +« Le voyage. C’est le thème central de ce recueil de textes du plus doué des chroniqueurs québécois. Pas de doute, Robert Lévesque est bel et bien l’héritier d’Arthur Buies. Dans ce recueil, on croise des gens comme Jack London, Michel Butor, Paul Léautaud, Jacques Ferron... On jurerait que Robert Lévesque était l’un de leurs plus proches intimes. Brillantissime ! »
 +Didier Fessou – Le Soleil 
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 +MOUAWAD, Wajdi, Le Poisson soi, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2011, 112 p. (Essai)
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 +Wajdi Mouawad signe, avec Le Poisson soi, un texte à la fois fantomatique et intime, allusif et intense sur la recherche des origines. Il renoue ainsi avec les thèmes qui ont marqué son théâtre, et plus particulièrement le cycle « Le Sang des promesses » (Incendies, Littoral, Forêts, Ciels). Enfant du Liban, vieillard en devenir, il s’inquiète de la route à poursuivre et plonge le lecteur dans les notions, par lui subtilement embrouillées, de temps, d’avancée, de passage, de marche et de la recherche d’un temps passé et d’un temps futur à ressouder pour, peut-être, arriver à les réconcilier.
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 +« Un récit intime où prose et poésie s'entremêlent avec délicatesse. »
 +Sympatico.ca
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 +NEPVEU, Pierre, Gaston Miron, La vie d’un homme, Montréal, Boréal, 2011, 904 p. (Biographie); Boréal Compact, 2012, 904 p. 
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 +Le 21 décembre 1996, dans la modeste église de Sainte-Agathe, avaient lieu les funérailles nationales d’un poète. Avant Gaston Miron, aucun écrivain n’avait reçu des autorités politiques québécoises un honneur pareil. Comment une telle chose pouvait-elle se produire dans une société qui avait jusque-là si mal traité ses poètes, de Nelligan à Saint-Denys Garneau?
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 +C’est tout simplement que Gaston Miron incarne mieux que quiconque le Québec moderne. Miron est notre «contemporain capital». Écrire la biographie de Gaston Miron, c’est faire davantage que retracer la vie d’un homme, c’est raconter le Québec de la Grande Noirceur et des communautés religieuses, la Révolution tranquille, la renaissance du nationalisme et les mouvements de gauche, la crise d’Octobre, les deux référendums, c’est raconter l’histoire de l’édition au Québec et la naissance d’une institution littéraire semblable à celle dont sont dotées les autres nations.
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 +À l’étranger aussi, le Québec, c’était Gaston Miron, tant parmi la confrérie des poètes que sur les plateaux de la télévision française. 
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 +Après de nombreuses années de recherche qui l’ont amené à rencontrer les proches de Miron et à traverser d’abondantes archives, le poète, romancier et essayiste Pierre Nepveu arrive à embrasser l’empan de cette vie hors du commun. Il sait bien sûr faire ressortir toute l’envergure du poète, mais il réussit également comme nul autre à peindre l’homme, sa rudesse, sa fragilité, son grand rire franc, ses coups de gueule, sa misère natale qu’il portait comme un stigmate, son espoir indomptable. 
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 +==== 2012 ====
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 +ARCHAMBAULT, Gilles et al., dans François Richard et Isabelle Daunais [dir.], La Pratique du Roman, Montréal, Boréal, 2012, 144 p. (Essai)
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 +Il existe, dans les domaines français et anglo-saxon, une longue tradition de réflexion sur ce qu’on peut appeler l’art du roman. Curieusement, cette réflexion est rare au Québec. Les romanciers parlent volontiers de leur oeuvre ou de leurs projets, ou encore de la littérature en général, mais peu de l’art précis qu’ils pratiquent (les poètes, en cela, sont beaucoup plus prolixes).
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 +Pourtant, le roman constitue ici comme ailleurs une forme artistique majeure et il n’échappe en rien aux grandes questions – sur sa spécificité, son rôle, ses limites – qui partout se posent à lui. Mieux encore : à ces grandes questions s’ajoutent celles qui sont propres au contexte littéraire québécois comme aux conditions dans lesquelles s’exerce ici l’imaginaire romanesque.
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 +C’est pour répondre à cette lacune que l’équipe de recherche TSAR («Travaux sur les arts du roman») de l’Université McGill a tenu, en mars 2011, une journée consacrée à la « La pratique du roman ». Ont participé à cette journée Nadine Bismuth, Trevor Ferguson, Dominique Fortier, Louis Hamelin, Suzanne Jacob et Robert Lalonde. S’ajoutent dans ce volume les contributions de Gilles Archambault et de Monique LaRue. Il était entendu que la réflexion des romanciers invités à cette journée serait la plus libre possible et qu’elle pouvait porter sur n’importe quel aspect de l’art romanesque, du plus singulier au plus général, la seule condition étant que cette réflexion soit celle non d’un critique, mais d’un praticien.
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 +BEAULIEU, Victor-Lévy, rééditions en Boréal Compact : L’Héritage, 2012, 842 p. (Roman) ; Manuel de la petite littérature au Québec, Montréal, Boréal, (Boréal Compact), 2012, 520 p. (Essai) 
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 +BIRON, Michel, Le Roman québécois, Montréal, Boréal (Boréal Express), 2012, 128 p. (Essai)
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 +Dans cette synthèse, qui remplace celle parue dans la même collection il y a plus de vingt ans, Michel Biron embrasse du regard la production romanesque québécoise depuis 1837 jusqu’à aujourd’hui. L’auteur se penche également sur le rôle joué par la critique et sur le dialogue qu’elle a établi avec les romanciers.
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 +BLAIS, Marie-Claire, Le Jeune Homme sans avenir, Montréal, Boréal, 2012, 304 p. (Roman)
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 +Un homme, un écrivain, dans un aéroport d’une île du Sud dont les fenêtres laissent voir la mer, est retenu captif à cause du retard de son vol. Un adolescent musicien, ancien enfant prodige, vivant dans la rue en compagnie de son chien, se demande de quoi sera fait son repas du soir. Petites Cendres, qui ne danse plus et ne chante plus avec les autres travestis comme autrefois, refuse de sortir de son lit pour assister au couronnement de la reine des nuits.
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 +En superposant ces trois univers, Marie-Claire Blais poursuit son ambitieux projet de déchiffrement du monde que constitue la suite romanesque intitulée Soifs. 
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 +À mesure que l’immense fresque s’approche de son achèvement, la romancière cerne de plus en plus près ses personnages, nous faisant partager leur palpitante humanité.
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 +BLAIS, Marie-Claire, Passages américains, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2012, 104 p. (Essai)
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 +Grand écrivain de l’américanité, Marie-Claire Blais signe un essai portant sur les justes luttes menées par la jeunesse contre l’autoritarisme politique et toutes formes de ségrégation. Ces Passages américains saisissent trois événements, l’assassinat de Robert Kennedy le 5 juin 1968, la Marche de la paix du Canada à Guantanamo entreprise à Québec le 26 mai 1963, la mort sous les balles de la Garde nationale de quatre étudiants sur le campus de l’université Kent en Ohio le 4 mai 1970. Porté par le souffle qui mène son œuvre romanesque, cet arrêt sur images constitue une trace littéraire de ces années de révolte, d’illuminations et de souffrances.
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 +BOUCHARD, Serge, C’était au temps des mammouths laineaux, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 232 p. (Essai) (Boréal Compact), 2013, 232 p. 
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 +« Je suis un grand-père du temps des mammouths laineux, je suis d’une race lourde et lente, éteinte depuis longtemps. Et c’est miracle que je puisse encore parler la même langue que vous, apercevoir vos beaux yeux écarquillés et vos minois surpris, votre étonnement devant pareilles révélations. Cela a existé, un temps passé où rien ne se passait. Nous avons cheminé quand même à travers nos propres miroirs. Dans notre monde où l’imagerie était faible, l’imaginaire était puissant. Je me revois jeune, je revois le grand ciel bleu au-delà des réservoirs d’essence de la Shell, je me souviens de mon amour des orages et du vent, de mon amour des chiens, de la vie et de l’hiver. Et nous pensions alors que nos mains étaient faites pour prendre, que nos jambes étaient faites pour courir, que nos bouches étaient faites pour parler. Nous ne pouvions pas savoir que nous faisions fausse route et que l’avenir allait tout redresser. Sur les genoux de mon père, quand il prenait deux secondes pour se rassurer et s’assurer de notre existence, je regardais les volutes de fumée de sa cigarette lui sortir de la bouche, par nuages compacts et ourlés. Cela sentait bon. Il nous contait un ou deux mensonges merveilleux, des mensonges dont je me rappelle encore les tenants et ficelles. Puis il reprenait la route, avec sa gueule d’acteur américain, en nous disant que nous étions forts, que nous étions neufs, et qu’il ne fallait croire qu’en nous-mêmes. »
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 +Avec sa manière inimitable, sur le ton de la confidence, Serge Bouchard jette un regard sensible et nostalgique sur le chemin parcouru. Son enfance, son métier d’anthropologue, sa fascination pour les cultures autochtones, pour celle des truckers, son amour de l’écriture.
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 +BRAULT, Jacques, Chemins perdus, chemins trouvés, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 304 p. (Essai)
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 +L’essai, chez Jacques Brault, a toujours accompagné l’écriture poétique, comme en ont déjà témoigné superbement Chemin faisant (1975) et La Poussière du chemin (1989), parus tous deux dans la collection « Papiers collés », et comme en témoigne de nouveau le livre que voici, ultime volet de ce qui se découvre aujourd’hui comme une longue méditation ininterrompue dans laquelle un praticien réfléchit à son propre métier et s’efforce, comme il le dit, de « pousser l’énigme qu’est la poésie dans ses derniers retranchements ». Mais existe-t-il une telle chose que les « derniers retranchements » de la poésie ? Est-il possible de voir son visage, de saisir sa présence directement et une fois pour toutes ? Non, bien sûr, car la poésie est toujours ailleurs, toujours plus loin, toujours autre que ce que nos raisonnements croient découvrir. Et pourtant, il est impossible d’abandonner la recherche, de ne pas continuer à cheminer vers elle, inlassablement, vers son secret qui noue l’un à l’autre, l’un dans l’autre, l’incertaine et splendide évidence du monde et le sens fuyant de notre existence. Secret que chaque poème lu ou écrit trouve et perd à la fois, sans cesse et à jamais. « Est-ce clair ? » demande l’essayiste, et il répond : « Oui, comme la nuit ». 
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 +Écrits au cours des deux dernières décennies, les vingt-huit essais qui composent ce recueil se présentent comme autant d’explorations à travers lesquelles peu à peu se forme et s’approfondit une pensée, ou mieux : une conscience de la poésie, comme art, certes, mais aussi, et surtout, comme l’expérience à la fois obscure et lumineuse à la source et au terme de cet art. Ces explorations se font tantôt par le souvenir, l’autoportrait en « bricoleur » ou en professeur de poésie, tantôt par la réflexion philosophique, tantôt encore, bien sûr, par la (re)lecture de quelques œuvres toutes marquées à leur manière par l’avènement de la poésie. À la fois précises et « rêveuses », ces lectures abordent aussi bien des romanciers (Gabrielle Roy, Gilles Archambault, Yvon Rivard) que des poètes d’ici ou d’ailleurs, d’hier ou d’aujourd’hui, de Laforgue à Char, de Grandbois et Saint-Denys Garneau à Roland Giguère et Miron, de Robert Melançon à Marie Uguay, de Robert Marteau à Jean-Pierre Issenhuth. Mais dans tout cela, point de lourdeurs ni de démonstrations savantes, car « l’art de l’essai, dit Jacques Brault, chemine, à la fois écolier et vagabond, naïf et rusé, moqueur, mélancolique, perdu de finitude, éperdu d’infini, espérant toujours que plus tard, peut-être…»
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 +« Ses propos, toujours intéressants, toujours pertinents, sur ses lectures, réflexions et souvenirs sont un baume assuré. »
 +Le Libraire
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 +« [Jacques Brault] renoue avec le souvenir de son frère Gilles, mort au champ d’honneur lors de la Deuxième Guerre mondiale. Dans un style somptueux, il imagine maintenant Gilles, " ce grand sauvage blond et plus taciturne que les pierres ", encore avec lui. […] Les textes de Saint-Denys Garneau, de Roland Giguère ou de Gaston Miron, Brault les interroge avec une telle intensité que le seul fait de les remuer dépasse l’exégèse. »
 +Michel Lapierre – Le Devoir
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 +CARPENTIER, André, Dylanne et moi, Montréal, Boréal, 2012, 140 p. (Roman)
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 +« J’étais sans faim ni autre soif que d’ajouter de l’inédit à ma vie, ou de la réorienter. N’était-ce pas, inconsciemment bien sûr, pour cette raison que j’avais accepté cette aventure artistique à deux ?
 +Pour me retrouver, moi, dans une nouvelle expérience de vie, comme on se retrouve soi et soi seul en voyage, en relation de front à front avec la multitude. Mais cela je le dis avec le recul. Sur le coup, je pensais à fuir. »
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 +Après ses flâneries dans les ruelles montréalaises (Ruelles, jours ouvrables, 2005) et dans les cafés (Extraits de cafés, 2010), André Carpentier revient au roman avec une l’histoire envoûtante d’une improbable rencontre.
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 +Un homme répond à une petite annonce parue dans un hebdo culturel. Il est médecin et il est en convalescence à la suite d’un cancer. Ladite annonce propose « une expérience artistique à deux – galants s’abstenir ». Après quelques échanges de courriels, il se rend à l’atelier d’artiste de Dylanne, et il est déconcerté devant l’originalité du projet qu’on lui propose. L’homme de raison se plie néanmoins aux directives de l’artiste et accepte de la suivre, même s’il ne comprend dans quelle voie elle l’engage.
 +
 +Quelques mois plus tard, au retour d’une mission humanitaire, il revoit Dylanne lors d’une séance de signatures pour son livre intitulé Derniers regards. Il comprendra alors la nature du lien qui unit le modèle et l’artiste.
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 +André Carpentier propose ici une réflexion sur l’intériorité, la beauté, la complicité entre deux êtres, mais aussi sur l’imprévu qui peut survenir et auquel parfois on tente de se dérober.
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 +« Quel beau texte et quelle belle leçon ! »
 +Aurélien Boivin - Québec français 
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 +« Regards et jeux dans l'espace, roman sur " la force de récupération de l'art ", Dylanne et moi est un récit métaphorique aux multiples couches, où l'on peut s'amuser longtemps à décrypter les codes, le sens, les images. L'amateur de rebondissements s'y ennuiera peut-être. Mais on se régalera de l'écriture sobre et riche de Carpentier. »
 +Marie-Claude Fortin – La Presse
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 +« C'est avec sensibilité qu'il [André Carpentier] nous raconte l’histoire d’une improbable rencontre. À travers cette rencontre, il nous invite à une réflexion sur l’intériorité, la beauté, la complicité entre deux êtres, avec ce qu'il y a d'imprévu, ce genre d'imprévu qui peut parfois survenir et auquel on tente de se soustraire. »
 +Carole Payer – Journal de Montréal
 + 
 +CHARETTE, Nicolas, Chambres noires, Montréal, Boréal, 2012, 160 p. (Roman)
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 +Photographe de son métier, Victor préfère considérer le monde à travers l’objectif d’un de ses Leica. Il arrive parfois que la soif le force à sortir de chez lui. Dans la rue, il trouve d’autres êtres qui semblent partager cette soif qui le taraude, mais il ne reconnaît plus le visage que lui renvoient les vitrines des magasins. Et, de plus en plus, il est fasciné par ce fusil que lui a donné un de ses amis et dont il rêve de tronquer le canon.
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 +Dans ce premier roman, Nicolas Charette traduit dans une langue d’une prenante sobriété l’envers du réel, l’horreur qui se cache derrière les décors les plus familiers. Qu’il soit provoqué par l’alcool ou la drogue, ou simplement par les faux-semblants du monde qui nous entoure, le malaise qu’il décrit nous saisit à la gorge pour ne plus nous quitter.
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 +CHUNG, Ook, La Trilogie coréenne, Montréal, Boréal, 2012, 448 p. (Roman)
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 +Le français est ma langue d’adoption, mais n’est-il pas plus juste de dire que c’est elle qui m’a adopté, comme des parents adoptent un orphelin sans son consentement ? 
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 +Si j’écris en français, ce n’est pas tant parce que je trouve la langue française belle que parce que j’ai « quelque chose à dire ». Et, paradoxalement, ce que j’ai à dire est ma condition d’exilé. Je parle, je pense, j’existe dans une langue « accidentelle » et si je suis devenu écrivain, c’est encore par accident. Le métier de conteur est l’héritage que j’ai reçu de ma condition d’être-en-exil. 
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 +Le Japon, la Corée, le Canada, les trois lieux, les trois temps de la vie d’Ook Chung font l’objet des trois volets de cette trilogie. Le romantisme sombre d’un Japon encore en proie aux fantômes de la guerre, l’optimisme d’une Corée, pays du matin calme, à l’orée d’une ère nouvelle, le patchwork multiculturel des ruelles de Montréal, où retentit l’écho de tant d’accents. Ils sont le théâtre chaque fois d’un retour sans cesse ajourné, tandis que peu à peu s’érige le seul lieu habitable qui est, au fond, le plaisir de raconter, la magie du récit héritée des ancêtres.
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 +« À l’aube de la cinquantaine, il revisite l’enfant qu’il a été et l’homme qu’il est devenu, les lieux qui l’ont vu naître et grandir, qui ont façonné son parcours avant même sa naissance. Fascinant voyage en trois temps. Magnétique, Ook Chung. Magnifique traversée des appartenances, que La trilogie coréenne. Et troublante quête, dans les ruines du passé, au-delà des apparences. »
 +Danielle Laurin – Le Devoir
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 +« En refusant de tomber dans les ornières du passé, La Trilogie coréenne marque le triomphe de la littérature sur la tentation de la nostalgie. »
 +Martine Desjardins – L’Actualité
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 +DESJARDINS, Louise, Rapide-Danseur, Montréal, Boréal, 2012, 168 0p. (Roman)
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 +Après une rupture définitive avec sa famille, mère et fils, Angèle s’est exilée au Nord, Chisasibi d’abord, puis Rapide-Danseur, en Abitibi. Depuis deux ans, elle tente de se reprendre en main avec l’aide de Ray, son bel amoureux du fond des bois. Mais voilà que le passé la rattrape avec la mort accidentelle de sa mère, Anita. Elle devrait se rendre à Montréal, revoir son fils Alex, dire adieu à sa mère, mais elle ne fait que plonger dans ses souvenirs, incapable même de se confier à Ray. Elle sait que tout peut basculer en cette journée de tempête qui semblera une vie pour elle. 
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 +Après Le Fils du Che, dont l’action se déroulait à Montréal, Louise Desjardins poursuit son exploration des relations mère-enfant sur fond de paysage nordique. L’univers si particulier de Louise Desjardins trouve toute sa force dans son regard sur la nature, où l’humain est si petit.
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 +« On ressort de cette lecture, le cœur et l’âme brassés, heureux de ce dur voyage qui révèle nos peurs les plus secrètes. Un récit démontrant avec poésie que nos faiblesses sont une part entière de notre humanité. »
 +Tania Massault - Cousins de personne
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 +« D'un côté, cette légèreté de ton. Et ces petits riens du quotidien, ces petits gestes d'amour qui en disent long. De l'autre cette profondeur. Et ce grand trouble intérieur, cette angoisse qui monte. Tout cela entremêlé, en fait. »
 +Danielle Laurin - Le Devoir
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 +GRAVEL Soublière, Alexandre, Charlotte before Christ, Montréal, Boréal, 2012, Boréal Compact), 2013, 224 p. (Roman)
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 +acha et Charlotte sont amoureux. Amoureux fous. Il perd son temps à l’université. Elle étudie la danse. Lui est fils de riches et souffre de la maladie de Still, sorte d’arthrite qui l’empêche parfois de bouger tant la douleur est grande. Elle a des cicatrices sur le coeur : jamais connu son père, pas un sou, une fille brisée.
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 +Dans leurs temps libres, ils squattent des maisons, font du vandalisme, écoutent beaucoup de musique, écrivent sur Facebook. Ils ne passent jamais plus de douze heures sans se texter Je t’aime. Mais surtout, ils partagent un journal intime, le Black Book:
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 +« Choses à essayer ensemble :
 +Faire une overdose, faire des photos porno, partir sur le pouce (pas dans l’Ouest), avoir juste des amis chats (de race), des bengales surtout, tuer quelqu’un, vivre un an dans un chalet, avoir chacun notre psychologue, ne pas se survivre l’un l’autre.
 +BB — Entrée 18. »
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 +« Son livre est important. Je le comparerai à Vamp de Mistral. Une langue surprenante. Très contemporain. C'est très bien écrit. Un livre important qui gagne à être lu.  »
 +Biz - Radio-Canada / Plus on est de fous, plus on lit 
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 +ISSENHUTH, Jean-Pierre, La Géométrie des ombres, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2012, 184 p. (Essai)
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 +Poète, professeur, critique, petit-fils d’un charpentier alsacien, Québécois depuis des lustres, plus paysan qu’homme de lettres, Jean-Pierre Issenhuth a publié des carnets (Chemins de sable, Le Cinquième Monde) qui rassemblent ses réflexions de jardinier et de promeneur, débusquant dans la littérature et la physique contemporaine les voix qui ouvrent des pistes, lisant le monde tel qu’il va, ruminant ses humeurs humanistes et misanthropes dans une cabane construite de ses mains. L’auteur est paradoxalement un ennemi de la littérature se nourrissant de littérature, « un ermite activement préoccupé de communauté », pour qui « la contradiction est le fond des choses, leur beauté, leur vérité possible et leur moteur ». Disparu en juin 2011, il laisse avec La Géométrie des ombres son testament de journalier du verbe.
 +De la curiosité la plus hétéroclite aux méditations philosophiques et mystiques, son écriture nous fait pénétrer, non sans pudeur, dans les occupations d’un esprit exceptionnel d’humilité et de sagesse.
 +Luba Markovskaia - 
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 +KATTAN, Emmanuel, Les Lignes de désir, Montréal, Boréal, 2012, 256 p. (Roman)
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 +C’est à Jérusalem que Sara décide de poursuivre ses études d’archéologie. Elle quitte Montréal pour s’installer dans un pays à l’histoire complexe qui l’amène sans cesse à s’interroger sur ses origines et sa propre identité. Née d’une mère musulmane et d’un père juif, comment peut-elle réconcilier les deux visages si opposés de ses racines familiales ? Comment peut-elle vivre, aimer, dans un pays où les questions de foi et de religion sont inextricablement mêlées à la politique, instaurent des frontières invisibles au cœur même des êtres ?
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 +Elle se lie d’amitié aussi bien avec des étudiants juifs à l’Université hébraïque qu’avec sa colocataire musulmane, Samira. Elle rencontre Avner, un amant de passage, puis tombe amoureuse d’Ibrahim.
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 +Quelques mois après son arrivée, Sara disparaît brusquement. Inquiet, Daniel, son père, débarque à Jérusalem pour tenter de la retrouver. Entre les amis de Sara, ses professeurs et le commissaire chargé de l’enquête s’installe une angoissante attente. Daniel essaie de retracer les faits et gestes de sa fille au cours des semaines qui ont précédé sa disparition.
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 +LAFERRIÈRE, Dany, Chronique de la dérive douce, Montréal, Boréal, 2012, 216 p. (Roman)
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 +Sorte de « compagnon » à L’Énigme du retour, ce roman, dont la première édition est parue à Montréal en 1994, raconte l’arrivée d’un jeune Haïtien dans la métropole québécoise au milieu des années 1970. Poursuivant son projet de réécrire son oeuvre en l’approfondissant, l’auteur nous donne ici une nouvelle version, entièrement remaniée et augmentée, de ce qui aurait pu s’appeler L’Énigme de l’arrivée, si ce titre n’avait été rendu célèbre par V.S. Naipaul. 
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 +Quand il s’est installé à Montréal, Dany Laferrière n’allait pas tant au devant de nouveaux horizons qu’il fuyait sa patrie où sa vie était en danger. Cette contrainte colore violemment la manière dont il voit le monde, et c’est cette vision chaotique qu’il partage ici avec nous. Le roman est composé de 360 fragments — qui prennent la forme de proses ou de vers libres, un peu à la manière de L’Énigme du retour —, à partir desquels le lecteur peut se former un portrait de la première année que le romancier a passée au Québec. Chacune des pièces de ce puzzle s’ajuste parfaitement aux autres pour souligner l’incertitude et la crainte qui taraude ceux qui ont quitté une terre bien-aimée pour sauver leur peau.
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 +Chronique de la dérive douce est le premier « roman du Québec » de Dany Laferrière, et il inaugure un dialogue entre l’enfant du Sud et la terre du Nord qui dure encore aujourd’hui.
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 +LALONDE, Robert, Un jour le vieux hangar sera empôrté par la débacle, Montréal, Boréal, 2012, 192 p. (Roman)
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 +Il y a d’abord, bien sûr, Stanley, l’Indien, le visage à deux faces, qui attire le narrateur comme un soleil noir. Il y a Serge, le fils de bourgeois, le bouc émissaire de toutes ses incertitudes et de toutes ses faiblesses. Éloi, l’ivrogne, l’épouvantail, qui l’attrape en plein vol durant ses nuits de somnambulisme. Claire, sa cousine, l’enfant sauvage, qui le force à sortir de son mutisme. Delphine, qui lui donne la clé des livres et de la chair. Le père Arcos, qui lui apprend la souffrance du monde. Il y a encore l’inséparable, le jumeau, le double aérien, qui vole et marche, apparaît et disparaît, prononce son amour et ses frousses aux comètes filantes et aux étourneaux qui passent. 
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 +Et puis il y a Clément, l’ami vrai enfin trouvé, qui permet au narrateur de retourner dans le vieux hangar, où peut-être le pardon l’attend. 
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 +Le périlleux passage de l’enfance à l’adolescence puis à l’âge adulte se trouve au cœur de toute l’œuvre de Robert Lalonde. Le sourd travail du désir, l’élan vers la lumière, la fascination des ténèbres, la passion pour les êtres et les mots, la terrible sagesse de la nature, tous ces thèmes sont ici transfigurés par une manière nouvelle chez Lalonde de tisser plusieurs histoires, de les heurter les unes contre les autres pour en faire retentir toutes les harmoniques.
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 +MAJOR, André, Prendre le large. Carnets 1995-2000, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2012, 232 p. (Essai)
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 +« Comme tout un chacun, je ne suis pas un homme comme les autres », écrit André Major en présentant ce nouveau volume composé à partir des carnets personnels qu’il a tenus entre 1995 et 2000. Ne pas être tout à fait comme les autres et ressembler à tout un chacun : si paradoxale qu’elle paraisse, n’est-ce pas là, au fond, la définition la plus exacte de l’écrivain, individu absolument et radicalement singulier, mais qui se sait porteur de la condition la plus commune, celle de l’humanité vivant, souffrant, jouissant et mourant au milieu d’un monde qui est à la fois sa patrie et son exil ?
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 +Chez André Major, c’est avant tout aux lectures (des romanciers nordiques, en particulier), aux paysages (collines, forêts et lacs des Laurentides) et aux êtres proches (ses vieux parents, notamment) qu’appartient le privilège d’ordonner la suite des jours et d’en faire cette œuvre la plus humble et la plus belle qui soit : une simple vie humaine.
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 +Au début de ces carnets, l’auteur arrive au milieu de la cinquantaine. C’est l’âge du détachement et de l’ouverture. Détachement de soi-même et des ambitions de jadis ; retraite à l’écart de la comédie sociale; repli sur l’essentiel; conscience de la fin qui approche. Mais ouverture, en même temps, à la beauté préservée de la nature, des êtres et des livres, d’autant plus proche et précieuse qu’elle représente tout ce qui importe désormais pour celui qui s’est éloigné, pour le déserteur qui ne demande plus qu’à « prendre le large ».
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 +Écrit dans une prose aussi limpide que dépouillée, d’une modestie et d’une justesse incomparables, cette chronique d’un homme « pas comme les autres » est en même temps le roman de « tout un chacun » d’entre nous, ses semblables, ses frères.
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 +« Je vous ai déjà dit tout le plaisir que je prenais aux Carnets d'André Major, je vous le redis avec plus d'enthousiasme encore: il vient d'en réunir d'autres sous le titre Prendre le large, qui couvrent les années 1995-2000 et qui distillent la même prose économe et précise que les premiers. … pour la justesse et la clarté à l'arrivée, on ne trouvera pas, dans toute la littérature québécoise d'aujourd'hui, de petites proses plus claires, mieux tirées au cordeau que celles de ces carnets. »
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 +Pierre Foglia, La Presse
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 +PAPINEAU, Véronique, Les Bonnes Personnes, Montréal, Boréal, 2012, 224 p. (Roman)
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 +Montréal. Les années 2010. À la suite de leur rupture, Charlotte et Paul tentent de continuer leur vie. Charlotte espère trouver l’amour et le bonheur auprès de Lecoq, un collègue de travail. Paul essaie de reprendre sa vie conjugale et familiale là où il l’avait laissée. Cependant, la réalité les rattrape.
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 +Véronique Papineau renoue ici avec le ton incisif de ses nouvelles, et nous retrouvons son regard lucide et parfois amusé sur l’amour et la trahison. Surtout, elle nous donne accès autant au point de vue de Charlotte qu’à celui de Paul, qui n’ont pas toujours la même version de leur histoire...
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 +POLIQUIN, Daniel, L’Histoire de rien, Montréal, Boréal, 2012, 184 p. (Roman)
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 +Au tournant du xxe siècle, une jeune institutrice quitte son village pour voir enfin l’Europe à laquelle elle rêve depuis si longtemps, elle qui n’est jamais allée plus loin que le bout de la terre familiale. Au début des années 60, trois garçons au seuil de l’adolescence visitent clandestinement l’« ex » d’Ottawa et en gardent un souvenir plus ébloui que s’ils avaient accompagné Sinbad au cours de ses voyages fabuleux. De nos jours, un ci-devant avocat travaille comme vendeur dans une grande quincaillerie, sous le nom d’emprunt de Rocky. Malgré l’échec de sa carrière et de son mariage, il se retrouve avec l’intime conviction que sa vie est aussi riche de promesses qu’au premier jour.
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 +S’il vous est arrivé de douter que l’Ontario francophone est un pays de magie et de merveilles, il vous faut lire L’Historien de rien. Roman en trois « époques », il apporte la preuve que la vie n’est jamais aussi riche que lorsqu’elle échappe aux grands bouleversements de l’Histoire. Que reste-t-il à raconter alors à l’« historien de rien » ? Il lui reste à faire l’inventaire des milliers de petites choses essentielles que contient ce rien.
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 +RACINE, Robert, Les Vautours de Barcelone, Montréal, Boréal, 2012, 304 p. (Roman)
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 +Parce qu’elle était sensible à l’effondrement des êtres, Gabriella sentit le besoin d’aller se recueillir devant la cage des vautours du zoo de Barcelone. Quelques mois plus tôt, son père Giotto s’y était écrasé à bord de l’avion Spica. Les charognards, ces beaux chéris, avaient observé la scène, stoïques et ravis. Le premier, Sasko, avait demandé à son voisin : « Rhamp, tu aimes les anthrax ? » Immobile sur son perchoir de bambou, il répondit : « Cela dépend du coryphée. » Kalino, Dur LaSoie, Eschyle, OEil de Mouche et Karma LeCoran veillaient.
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 +Quel que soit le médium auquel il s’intéresse, Rober Racine le réinvente pour en tirer quelque chose qui brille avec tout l’éclat de ce qui est radicalement neuf. 
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 +Les Vautours de Barcelone, sans doute son œuvre littéraire la plus accomplie à ce jour, est une étonnante méditation sur la création, le tragique, la place de l’homme dans le cosmos. C’est surtout une célébration de l’art sous toutes ses formes, et un hommage poignant à l’œuvre du compositeur Claude Vivier, dont la musique et le destin hantent le roman.
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 +« Les Vautours de Barcelone compose une mécanique romanesque, sinon parfaitement huilée, à tout le moins étonnante et ample comme une immense caisse de résonance. Une histoire de création et de destruction. »
 +Christian Desmeules – Le Devoir
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 +RIVARD, Yvon, Aimer, enseigner, Montréal, Boréal (Liberté grande), 2012, 208 p. (Essai) 
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 +Après trente-cinq ans d’enseignement de la littérature, Yvon Rivard réfléchit sur ce métier, qui est idéalement un métier de partage et d’éveil du désir. Si l’enseignement est une histoire d’amour, c’est que la connaissance et l’amour obéissent au même désir inconscient d’échapper à la mort en laissant le mystère du monde, la beauté et l’étrangeté des êtres et des choses, élargir le regard et la pensée : « Plus le professeur éveille ce désir, plus il s’expose à être pris et à se prendre pour Dieu. » L’auteur aborde ici la question risquée de l’éros pédagogique en s’appuyant sur des œuvres qui, toutes, se posent, au fond, la question du bien et du mal.
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 +VÉZINA, France, Osther, le chat criblé d’étoiles, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2012, 360 p. (Roman) (édition originale : Québec/Amérique 1990)
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 +==== 2013 ====
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 +ARCHAMBAULT, Gilles,  Lorsque le cœur est sombre, Montréal, Boréal, 2013, 232 p. (Roman)
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 +Vient un temps dans la vie où le présent n’a presque plus de poids et où l’être ne possède rien de plus précieux ni de plus sûr que le souvenir de ce qu’il a été, de ce qu’il a vécu et de ce qu’il a perdu. Ghislain, un vieux comédien solitaire et à peu près oublié, a décidé de réunir quelques-uns de ses amis de longue date pour un repas au restaurant. Il y aura là Marie-Paule, l’ancienne maîtresse restée proche de lui, Yves, le romancier, Luc, le marginal, la jeune Annie, fille d’un ami disparu. Et bien des fantômes. Qu’attend Ghislain de ces témoins de son passé, que veut-il leur annoncer, qu’espère-t-il revivre en leur compagnie, personne ne le sait. Mais tous, sous le coup de cette invitation, sont amenés à penser à lui, à reparcourir eux aussi leur propre existence et à éprouver pour eux-mêmes la fuite du temps, l’approche inexorable de la fin.
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 +Cinq personnages différents qui prennent tour à tour la parole ; huit séquences échelonnées sur une seule journée, de dix heures du matin à minuit ; une attente qui se met progressivement en place : ce roman est construit avec la rigueur et la simplicité d’une pièce de théâtre.
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 +AWUMEY, Édem, Explication de la nuit, Montréal, Boréal, 2013.
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 +Ito Baraka va mourir. À Gatineau, loin du soleil, dans l’obscurité humide de ce minable appartement qu’il partage avec sa compagne, Kimi, autochtone et junkie. 
 +Mais, avant de mourir, il a ce livre à finir. Ce roman où il raconte des événements qui se déroulent dans un pays où le soleil brûle, brûle la peau, brûle le cerveau, brûle la rétine de ceux qu’on oblige à le regarder sans ciller. Dans un pays où brille également un autre soleil, celui d’un dictateur en proie à la peur. 
 +Et quand un dictateur a peur, il ratisse large. D’abord, il y a ces jeunes, à l’université, qui affichent leur liberté en montant Beckett sur des scènes de fortune et en distribuant des tracts où la parole de l’auteur de Fin de partie prend une résonnance insoupçonnée. Ensuite, il y a les vieux, qui sont, on le sait bien, devins, mages, charlatans et surtout ensorceleurs et mangeurs d’âmes, et qui, une fois la nuit venue, sur leur couche, ferment les yeux, ordonnent à leur esprit de quitter leur corps et partent vers des contrées lointaines, êtres étranges aux bras déployés au-dessus des cases endormies, leurs ailes de feu tendues dans le vent. 
 +La magie n’est-elle pas la plus dangereuse forme de sédition? 
 +C’est ainsi que Ito, dans sa cellule, fera la connaissance de Koli Lem, l’aveugle qui ne se sépare jamais de ses livres. Au milieu de la nuit la plus noire, dans les paroles échangées, dans leur chair, ils seront l’un pour l’autre l’unique lumière. 
 +Dans ce quatrième roman, Edem Awumey propose une œuvre d’une force inouïe, qui explore impitoyablement cette obscurité que l’humanité porte en elle. 
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 +BOCK, Raymond, Atavismes, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 234 p.  (Histoires) [édition originale : quartanier, 2011]
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 +Réalistes, fantastiques ou spéculatives, les histoires d’Atavismes, reliant les voix contemporaines à celles du passé, redessinent la carte d’une Amérique où la sauvagerie des forêts millénaires se mêle aux vertiges isolés de la grande ville.
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 +Dans ce recueil d’histoires, Raymond Bock s’intéresse à l’Histoire, notre histoire. À une filiation tragique depuis les origines sanglantes de la colonie jusqu’à son abandon devant la télévision, c’est à la fois épique et pathétique, et le regard, lui, est impitoyable.
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 +BOUCHARD, Hervé, Parents et amis sont invites à y assister. Drame en quatre tableaux avec six récits au centre, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 234 p.  (Roman) [edition originale: Le Quartanier, 2006]
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 +BOURQUE, Guillaume, Jérôme Borromée, Montréal, Boréal, 2013.
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 +Dans la paisible banlieue de Boucherville, pendant que sa mère explore le monde des voyants et des esprits, Jérôme Borromée, qui traverse l’adolescence, se retrouve mêlé à d’étranges rituels. Rituels où sont engagés son père, son grand frère, son meilleur ami, ses camarades d’école, plus ou moins fortunés, et qui visent à définir la place de chacun dans la hiérarchie de l’existence.
 +
 +Toutes les manières sont bonnes de marquer sa supériorité, l’argent, l’intelligence, la sexualité, assignant à chacun le rôle qui lui revient, victime ou bourreau. Au nombre des victimes, il faudra enfin compter les rêves et les ambitions de Jérôme Borromée.
 +
 +Cette première œuvre de fiction de Guillaume Bourque propose une variation étonnante sur le thème du roman d’apprentissage.
 +
 +
 +CHEN, Ying, La Rive est loin, Montréal, Boréal, 2013, 144 p. (Roman)
 +
 +Un couple fait vie commune depuis de nombreuses années. Ils sont presque devenus étrangers l’un à l’autre. Elle est une femme mystérieuse, qui ne semble à son aise que dans les imaginations fantastiques qu’elle entretient au sujet de ses vies antérieures. Lui est un scientifique, bien ancré dans la réalité, occupé à répertorier et à classer des objets.
 +
 +On découvre un cancer à l’homme. Il va mourir. La femme, soudain, vit cette mort comme la fin du monde et découvre combien elle tenait à cet homme, à cet amour.
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 +Dans La rive est loin, Ying Chen rattache ses œuvres précédentes dans un ensemble parfaitement cohérent. Pour la première fois, on entend la voix de A., le mari, dans ce cycle romanesque qui donnait jusqu’ici toute la place à la voix féminine. Ce roman, admirable dans son ampleur apocalyptique en même temps que par le côté si intimiste et si humain de la tragédie que vit ce couple, est une réaffirmation de la vie, de son caractère irréductible, de son pouvoir d’éternité.
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 +COURTEMANCHE, Gil, Je ne veux pas mourir seul, Montréal, Boréal. (autofiction)
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 +Un homme apprend la même semaine que sa femme le quitte et qu’il est atteint d’un cancer. Laquelle de ces deux morts annoncées est la plus redoutable ? Quelles raisons aurait-il désormais de se battre pour sa vie ? Ce livre, le plus personnel que Gil Courtemanche nous ait donné, nous montre un homme seul devant la mort, seul devant la vie, qui lance un bouleversant cri de douleur, un pressant appel à ne pas laisser échapper cette vie. C’est aussi, surtout, une fabuleuse déclaration d’amour.
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 +DUCHESNE, Christiane, Mensonges, Montréal, Boréal, 2013.
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 +Violette et Parmélie. La plus jeune dépasse la plus vieille d’une bonne tête. Violette a douze ans et Parmélie quatre-vingt-deux. Violette a perdu ses parents, Parmélie perd tous les siens, ils s’effacent les uns après les autres. Il lui reste Violette, son arrière-petite-fille qui n’a plus qu’elle au monde.
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 +Le temps presse pour que Parmélie résolve l’énigme que renfermait le testament de son père, le boucher de Sainte-Marie. Que veut donc dire cette phrase codée que contenait son ultime clause : « Et pour le reste, IOEL FR ZNCCHH » ? Et si ce « reste » était une fortune qui permettrait à Parmélie de savoir que Violette sera à l’abri du besoin, au moins jusqu’à ce qu’elle soit assez vieille pour gagner sa vie ? 
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 +Mais il arrive que les trésors que nous lèguent nos parents aient leur part d’inavouable. Et il est des choses qu’on ne peut révéler, même à nos arrière-petits-enfants. 
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 +C’est ainsi que, à quatre-vingt-deux ans, on se met à raconter des mensonges.
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 +GAGNON, Madeleine, Depuis toujours, Montréal, Boréal, 2013, 432 p. (Récit autobiographique)
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 +Née à Amqui, Madeleine Gagnon se souvient avec enchantement de son enfance entourée d’une nature rayonnante, au sein d’une vaste famille qui œuvre dans la forêt et sur la terre, gens droits et fiers, mais sur l’esprit desquels règne encore indûment tout ce qui porte soutane.
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 +L’entrée au pensionnat marque le début des grandes aventures intellectuelles et la naissance d’un profond refus qui commence à creuser ses sillons. Refus qui tranquillement remontera à la surface pendant les études en Europe, pour éclater quand la jeune femme rentrera dans un Québec méconnaissable. Marx a remplacé Claudel. La psychanalyse accompagne et favorise la venue à l’écriture, et l’œuvre surgit sous forme d’un torrent. En même temps que la femme connaît la douleur et l’éblouissement de l’enfantement, l’exaltation amoureuse et les tourments du désamour.
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 +Madeleine Gagnon raconte aussi les amitiés, primordiales, avec Annie Leclerc, Christiane Rochefort, entre autres. Les luttes féministes, avec tous les rêves et toutes les déchirures qu’elles portent. Le temps qui transforme tout, la disparition des parents. Les nouvelles passions, qui seules nous permettent de continuer la route, comme celle de comprendre le lien cruel et mystérieux qui unit les femmes et la guerre.
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 +Prix Arthur-Buies du Salon du livre de Rimouski pour l'ensemble de son œuvre 1990 (Depuis toujours)
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 +Prix Athanase-David pour l'ensemble de son œuvre 2002 (Depuis toujours)
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 +GRUDA, Joanna, L’enfant qui savait parler la langue des chiens, Montréal, Boréal, 2013, 264 p. (Roman)
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 +Il y a des vies qui sont si étonnantes qu’on n’aurait pu les inventer. C’est le cas de celle de Julian Gruda, alias Jules Kryda, alias Roger Binet. Comment, à quatorze ans, un garçon peut-il déjà avoir emprunté autant d’identités ? Avoir vécu avec autant de familles différentes sans se faire démasquer ? Avoir servi d’agent secret de la Résistance ? Comment peut-il avoir grandi à l’orphelinat même s’il a deux mères, au moins ? Et surtout, où a-t-il appris à parler la langue des chiens, ce qui fait tant l’admiration de ses camarades ?
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 +En nous racontant sous forme romanesque l’histoire véridique de son père, Joanna Gruda dépeint une enfance hors du commun, qui commence à Varsovie à l’orée de la guerre et qui s’achève dans Paris libéré. À travers les yeux de Julek, ce sont les heures les plus sombres du siècle dernier qu’on voit défiler, mais rendues avec une vérité et une vivacité hors du commun. C’est la guerre – inhumaine, trop humaine –, comme si nous y étions. 
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 +La nécessité, pour les Juifs d’Europe, de fuir et de se cacher, les délices de l’école buissonnière, l’occupation allemande, les amourettes heureuses ou malheureuses, les bombardements qui ont accompagné l’offensive alliée, la joie de retrouver les êtres aimés qu’on croyait perdus, l’abîme dans les yeux de ceux qui sont revenus des camps, tout cela est raconté sans la moindre sentimentalité, rendant plus palpable encore le tragique qui imprègne ces années sombres.
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 +Mais ce récit captivant est d’abord l’histoire d’un enfant qui garde sa capacité d’étonnement devant les tours et les détours du destin. Animé d’un espoir inextinguible, il nous donne une extraordinaire leçon de survie.
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 +KATTAN, Emmanuel, Le portrait de la reine, Montréal, Boréal, 2013.
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 +Lorsqu’un inconnu vous aborde dans la rue, d’emblée, vous vous méfiez. C’est naturel. Mais Rick Boisvert, ce travailleur new-yorkais qui fait la même promenade toutes les fins de semaine et prend son petit-déjeuner au Nations Diner sur la 1re Avenue, n’est pas du genre à voler les sacs à main des vieilles dames. Il a besoin de compagnie et a parfois des « sursauts d’imagination » qui viennent rompre la monotonie de son quotidien. Alors, lorsqu’il aperçoit une femme vêtue d’un imperméable jaune canari qui ressemble vaguement à la reine d’Angleterre, il n’y a rien pour freiner le rêve. Et elle, la dame de Sutton Place, pourquoi ne jouerait-elle pas le jeu? Pourquoi ne pas lui accorder ce qu’il désire? 
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 +Ainsi s’amorce une étrange et invraisemblable relation dans un New York magnifiquement rendu.
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 +LALONDE, Robert, C’est le coeur qui meure en dernier, Montréal, Boréal, 2013.
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 +Robert Lalonde évoque de façon bouleversante celle qui fut sa mère, femme piégée par le destin et qui d’outre-tombe continue d’entretenir avec son fils un rapport de tendresse et de bataille.
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 +LEBLANC, Perrine, L’homme blanc, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 180 p. (Roman) [edition originale: Quartanier, 2010]
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 +L’homme blanc, c’est Kolia, né dans les monts K. en Sibérie orientale, élevé dans les prisons de Staline. Là-bas, enfant encore illettré s’habituant à la faim et au froid, il fait la rencontre de Iossif, un prisonnier originaire d’Europe de l’Ouest qui le prend en charge et lui donnera le goût de l’art, du français, du monde libre.
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 +Gagnant du Combat des livres 2011 (L'homme blanc)
 +Grand Prix du livre de Montréal 2010 (L'homme blanc)
 +Prix du Gouverneur général 2011 (L'homme blanc)
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 +LECLERC, Rachel, Le chien d’ombre, Montréal, Boréal, 2013.
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 +Richard Levasseur, le narrateur de La Patience des fantômes, roman paru en 2011, nous revient dans ce nouveau livre de Rachel Leclerc. Diminué par un accident vasculaire cérébral, il croit encore user de son libre arbitre quand il sort de sa maison un soir d’automne pour assister à la migration des oies sauvages, dont les cris ne cessent de l’appeler. Prisonnier du dehors, il passera une nuit envoûtante et initiatique avec le fantôme de son grand-père, Joachim Levasseur, figure emblématique de la famille. Pour ce petit-fils venu à sa rencontre, Joachim deviendra lui-même le narrateur d’une autre histoire, celle de Georges, son enfant adultérin et inconnu de tous, dont le destin ne doit pas tomber dans l’oubli. 
 +Au fil des pages, on retrouve Bianca, l’amoureuse de Richard, ainsi que Joseph, leur fils adoptif. Surtout, on s’attache à Georges et à la vie qu’il s’est inventée dans un village au bord du Saint-Laurent. Au sujet de l’homme discret et tourmenté qu’est Richard Levasseur, on se dit qu’il a enfin trouvé le repos de l’esprit et du cœur. Puis on s’aperçoit qu’on ne sait presque rien et qu’on n’est pas grand-chose… 
 +Avec l’écriture envoûtante qu’on lui connaît, alimentée par les paysages grandioses du Bas-du-Fleuve, Rachel Leclerc poursuit l’exploration d’une histoire familiale pleine de secrets et de mensonges, mais aussi de liens indéfectibles. 
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 +LÉVESQUE, Robert, Digressions, Montréal, Boréal (Papiers collés), 2013, 184 p. (Essai)
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 +Digression : « développement écrit qui s’écarte du sujet » (Robert) ; « développement étranger au sujet » (Larousse) ; bref : hasard et liberté, bifurcations, détours, intuitions subites, comme il arrive à un promeneur qui n’a pas de destination et qui se laisse porter par l’inspiration du moment, les rencontres inopinées et, surtout, le plaisir de la vraie découverte.
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 +Dans la prose pétillante qu’on lui connaît, Robert Lévesque nous fait entrer ici dans le laboratoire intime de sa pensée et de son écriture. Une pensée qui, à la ligne droite et sévère, préfère les méandres, les allusions, l’imprévu, en un mot : l’aventure. Dans la vingtaine de textes qui composent ce volume, l’auteur évoque ses amours littéraires ou cinématographiques (Louis-Ferdinand Céline, Samuel Beckett, Giorgio Bassani, Gabrielle Roy, Rimbaud, Buñuel, Truffaut), ses rencontres parfois anciennes (avec Geneviève Bujold, avec le village d’Angoisse au Périgord, avec un portrait de sa mère avant sa naissance), à l’occasion quelques-unes de ses têtes de turc montréalaises. Mais partout, il le fait sans s’appesantir, comme en passant, avec la sincérité et l’extrême partialité de celui qui n’a rien à prêcher et qui ne parle au nom de personne d’autre que soi-même. 
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 +Qu’est-ce que la littérature, au fond, qu’est-ce en particulier que l’essai, tel que nous l’a enseigné Montaigne, le maître ès « sauts et gambades », sinon l’art de se rendre disponible à toutes les surprises, c’est-à-dire le besoin, le délice de la digression ?
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 +MAJOR, André, À quoi ça rime ? Montréal, Boréal, 2013, 192, p. (Roman)
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 +Que peut-il arriver à un homme une fois qu’il est parvenu au bout de son aventure, qu’il a quitté la route de son destin et qu’il ne se reconnaît plus d’autre patrie que l’humilité du monde tel qu’il est, plus d’autre souci que la simple possession de l’instant présent ? À quoi rime alors son existence et que peut-elle encore lui réserver ? 
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 +Veuf depuis quelques années, Antoine vient en outre de perdre le vieil oncle à qui tout son passé l’attachait. Il part vivre son deuil au bord du Tage, à Lisbonne, avec pour seuls compagnons ses souvenirs et l’ombre toujours vivante de Pessoa. De retour au pays, il entreprend de déserter pour de bon en se construisant un ermitage au milieu des bois, où il pourra tout recommencer à neuf, se dépouiller de ses vieux désirs et réapprendre l’amitié des choses, la beauté de la nature, la lenteur du temps qui passe, le repos de la solitude et du silence. Mais ce qu’il ignore, c’est que la vie n’en a pas fini avec lui… À quoi tout cela rime-t-il exactement ?
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 +Depuis La Vie provisoire (1995), André Major avait délaissé la fiction pour se concentrer sur l’écriture (et la réécriture) de ses carnets. Fort de cette expérience, qui a été pour lui celle d’un regard à la fois plus exigeant et comme désabusé sur le monde et sur soi, il revient ici au roman, renouant avec le personnage de L’Hiver au cœur (1987) et retrouvant ses thèmes et ses paysages de prédilection, mais pour les traiter sur un ton nouveau, comme épuré, avec un art de la prose et un sens du récit plus mûrs et mieux maîtrisés que jamais.
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 +MAZIERRI, Julie, Le Discours sur la tombe de l’idiot, Montréal, Boréal (Boréal Compact), 2013, 258 p. (Roman) [édition originale : Josée Corti, 2008]
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 +Scandalisés par l’idiot du village, le maire de Chester et son adjoint conspirent sa mort. Un matin de printemps, les deux hommes l’enlèvent et vont le jeter dans un puits. Or, au bout de trois jours, l’idiot se met à crier au fond de sa fosse.
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 +Si le récit possède une « essence policière » incontestable, il s’agit d’abord et avant tout d’un roman de la culpabilité. 
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 +Rarement la figure de l’idiot a été aussi bien saisie que dans cette incarnation de la candeur. Mazzieri prouve qu’elle est une lectrice profonde de Dostoïevski et de Faulkner.
 +Jean-Philippe Rossignol, Le Monde
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 +Prix du Gouverneur général 2009 (Le Discours sur la tombe de l'idiot)
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 +MEUNIER, Stéfani, On ne rentre jamais à la maison, Montréal, Boréal, 2013, 160 p. (Roman)
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 +Oublie-t-on jamais la maison qui a abrité notre enfance ? Ses odeurs, sa lumière, le vieil érable qui se dresse devant la porte, le bout de rue qu’on aperçoit de la fenêtre ?
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 +La maison de notre enfance est un lieu magique, où rêves et cauchemars sont autant de pièces secrètes qu’on ne se lasse pas de revisiter. Chaque marche de l’escalier, chaque latte du plancher nous semble familière, aussi familière que le grain de notre peau, que la paume de notre main.
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 +Pour Pierre-Paul, quitter la maison de son enfance, avenue Lorne, à Montréal, est d’autant plus déchirant que c’est là qu’il a vécu des moments inoubliables avec Charlie, sa meilleure amie. Charlie qui avait des passions, intenses, fulgurantes, fugaces. Charlie qui était fascinée par tout ce qui est mystérieux, inexplicable : les ovnis, la lévitation, les tueurs en série, le yéti, la disparition des dinosaures, les fantômes, la sensation de déjà-vu et, bien sûr, l’Atlantide, le triangle des Bermudes et les vagues scélérates. Faut-il voir dans ces passions, les trois dernières surtout, une prémonition de la façon dont elle allait disparaître ? 
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 +Avec ce don inimitable pour évoquer les atmosphères qui est le sien, Stéfani Meunier nous amène à revivre les abandons qui marquent la fin de l’enfance pour chacun de nous. Son écriture est un instrument d’une extraordinaire sensibilité qui révèle, sous la surface lisse de nos vies, les gouffres ouverts en nous par les lieux et les êtres que nous avons perdus.
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 +SAINT-MARTIN, Lori, Les portes closes, Montréal, Boréal, 2013, 232 p. (Roman)
 +Philippe et Catherine. Ils sont peintres tous les deux. Il fait de grandes toiles, elle des petits formats. Il est riche, célèbre. Elle est connue d’une poignée d’admirateurs et de connaisseurs.
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 +Il s’enferme tout le jour dans son atelier pour travailler. La porte close, elle ne la franchit jamais. C’est une convention tacite entre eux. Elle fait marcher la maison. C’est elle qui a élevé leurs trois filles. Il reçoit les modèles qu’il peint. Des jeunes femmes qu’il ne revoit plus jamais ensuite.
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 +Quel est ce mystère qui fait que deux personnes traversent la vie ensemble ? Est-ce que cela s’appelle toujours l’amour ? Malgré les trahisons, les rapports de force, les jeux de séduction, la manipulation, la jalousie, la haine, l’envie de tout détruire. Malgré les enfants qui emportent chacun un morceau de notre chair. Malgré le fantôme des parents qui ne cesse de nous hanter. À quel prix un couple réussit-il à durer jusqu’à la fin ? Faut-il nécessairement qu’il y ait une victime ?
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 +Avec une lucidité impitoyable, servie par une écriture d’une rare maîtrise, Lori Saint-Martin explore cette folie à deux qu’est un couple. Couche après couche, elle élimine tous les mensonges, toutes les illusions, tous les simulacres, pour arriver à dessiner ce mystère, le plus grand qui soit, peut-être.
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 +« J’ai regardé sa main sur la table, une main longue et fine mais aujourd’hui tavelée, parcheminée, aux doigts légèrement déformés par l’âge et le travail. Des mains que j’ai vues peindre, bien sûr, et manipuler les couverts, et tenir le volant pour nous guider dans les tempêtes, et me caresser sans qu’alors je regarde. Et je me suis dit : oui, on restera sans doute toujours ensemble même si, par moments, je rêve de franchir le seuil pour la dernière fois.
 +Et encore, qui sait ? Je regarde vers la porte, vers le vaste monde, mesure la distance qui m’en sépare, un chat prêt à bondir. »
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 +TREMBLAY, Emmanuelle, Je suis un thriller sentimental, Montréal, Boréal, 2013.
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 +Anthony est un poète de réputation internationale ; Amy enseigne la littérature à Miami ; Caroline est traductrice en Ontario. Les trois sont emportés dans un tango qui met la raison à rude épreuve sur le territoire commun de leurs désirs. 
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 +Cuisinier mais aussi philosophe à ses heures, George est le témoin du désarroi amoureux et des hasards de l’existence dont il cherche à trouver la clé. 
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 +Quant à l’inspecteur Wallerstein, il s’acharne à résoudre l’énigme entourant la disparition d’une jeune fille comme s’il y allait de l’avenir de l’humanité. 
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 +Tous éprouvent des vertiges sur la corde raide des sentiments. Entre les conversations menées dans un sushi bar de Toronto et le drame se déroulant dans un appartement de Hamilton, comment le mensonge étend-il son empire ? De quelle violence l’amour est-il le frisson ?
  
  
  
  
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