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I- MÉTADONNÉES ET PARATEXTE

Auteur : Patrick Drolet

Titre : Pour une dernière fois je m'abaisserai dans tes recoins

Éditeur : Druide

Collection :

Année : 2013

Éditions ultérieures :

Désignation générique : Roman

Cote : 1

Quatrième de couverture :

“Pour se fabriquer, il faut avoir un passé, un port d'attache qui résonne. Il faut avoir une mémoire qu'on traîne de jour en jour. Ce qu'on oublie, elle ne l'a pas oublié. On croyait que la fuite nous détacherait d'elle, hélas non. Il faut attendre son prochain déplacement seul, pour la suivre. Mais ses directions sont aléatoires. Elle veut peut-être quitter notre existence en s'amusant. Si elle nous abandonne, sur qui donc pourrons-nous compter pour nous redresser ? Ce roman aurait tout aussi bien pu s'intituler La pleutrerie de l'oubli. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : la peur d'oublier, la peur d'avoir peur d'oublier. La mémoire des objets et des êtres humains est un terrain fertile qu'il nous faut sans cesse prospecter. Un roman d'une forte et sévère poésie, pour le lecteur qui risquera de s'y aventurer.”

II- CONTENU GÉNÉRAL
Résumé de l’œuvre :

Un homme se voit victime de sa propre mémoire. La peur d'oublier tout comme la peur de se souvenir le ronge. IL veut fuir sa mémoire et même l'abattre. Se trouvant dans une église, il enferme le vicaire dans le confessionnal. Celui-ci, tout comme le lecteur, est témoin de la crise d'angoisse du personnage-narrateur, mais ne comprend rien à son délire.

Thèmes :

Mémoire et folie (schizophrénie)

III – JUSTIFICATION DE LA SÉLECTION
Explication (intuitive mais argumentée) du choix :

Patrick Drolet semble avoir un faible pour les personnages à tendances psychotiques. Si le personnage de son premier roman souffrait de paranoïa, dans Pour une dernière fois…, le personnage semble carrément schizophrène. Le lecteur parvient mal à le suivre dans sa narration et à comprendre son délire.

Appréciation globale :

J'aime bien le style de Patrick Drolet, mais ce dernier roman ne figure pas parmi mes préférés de notre liste. Un personnage trop bizarre, ce n'est pas mieux qu'un personnage pas assez bizarre… Surtout quand il est également le narrateur du roman! En tant que lecteur, on est témoin de son angoisse délirante, mais toute compréhension de son monde intérieur nous est inaccessible.

IV – TYPE DE RUPTURE
Validation du cas au point de vue de la rupture :
a) actionnelle : remise en question de l’intention (et éventuellement de la motivation); logiques cognitives/rationnelles ou sensibles; présence ou absence d’un nœud d’intrigue et d’une résolution; difficulté/incapacité à s’imaginer transformer le monde (à s’imaginer le monde transformable), etc.
b) interprétative : difficulté/incapacité à donner sens au monde (à une partie du monde) de façon cohérente et/ou conforme à certaines normes interprétatives; énigmaticité et/ou illisibilité du monde; caducité ou excentricité interprétative; etc.

a) L'intention du personnage-narrateur est clair : il veut abattre sa mémoire. Cependant, on ne connaît pas ses motivations et, bien sûr, ce projet n'est pas du tout rationnel. D'ailleurs, le roman ne présente aucune résolution. Sur le plan de l'agir, le personnage ne semble nullement en contrôle de son action. IL semble réagir de façon impulsive et irrationnelle, et demeure totalement imprévisible aux yeux du lecteur. On ne comprend pas vraiment pourquoi il enferme le vicaire dans le confessionnal, ni pourquoi il a détruit un matelas à coups de couteaux, ce qu'il raconte par bribes. Plus encore, il s'exprime comme s'il n'était pas vraiment à l'origine de ses propres actions, mais plutôt comme si celles-ci lui étaient dictées par une puissance extérieure à lui :

“Il y a quelques nuits… Ma nausée me dirigeait… ou ma mémoire… Il y avait quelqu'un qui me dictait mes actions… Je me souviens des gestes, mais pas de la personne qui les déclenchaient…” (p. 66)

“j'avais un acouphène qui dictait mes pas […]. Je ne sentais plus mes jambes, je n'avais aucun contrôle sur celles-ci.” (p. 95).

Ainsi, le personnage se pose toujours comme un victime de quelque chose qui, en réalité, fait partie de lui, mais qu'il ressent comme quelque chose d'étranger à lui, quelque chose qui a le contrôle sur lui. Dans cette perspective, il est condamné à la passivité, comme en témoigne tous les états qu'il énumère sur plus d'une page : être usé, être oublié, être vieilli, être soufflé, être chanté, être abaissé, être mortel, être dirigé durement, être silencieux, etc. (p. 113-114).

b) Le personnage a une vision complètement faussée de la réalité; sur le plan interprétatif, il est complètement déconnecté. Tout d'abord, il se perçoit comme un être morcelé. Son ennemie est sa mémoire : il s'adresse à elle à la deuxième personne et parle d'elle comme si elle était un être à part entière, doté d'intentions et d'un pouvoir-faire :

“Elle détourne la situation, ma mémoire détourne tout. C'est elle… c'est elle qui m'humilie… C'est à elle de demander pardon… Elle doit cesser de… Elle s'amuse à me réanimer des passages oubliés… […] je ne suis pas certain, mais elle, ELLE le sait… VOUS COMPRENEZ…” (p. 53).

Ainsi, dans son délire, il raconte des choses qui pour le lecteur n'ont absolument aucun sens, comme par exemple le passage où il se trouve avec une femme dans l'église : “avant qu'elle ne puisse agir, ma mémoire l'avait soulevée et entrelacée contre sa poitrine. La dame n'avait aucune chance, elle avalait son dernier souffle dans les bras coupants d'une meurtrière. […] J'assistais à ce carnage avec faiblesse et regret.” (p. 120). Pour le lecteur, impossible de savoir réellement ce qui se passe; il ne peut nullement se fier à la perception et à l'interprétation du personnage-narrateur.

D'ailleurs, la narration est parfois dure à suivre, car on ne comprend pas toujours ce que nous raconte le personnage, et pourquoi il nous le raconte. Des bribes entrecoupées et inexplicables se mêlent à la narration du moment présent où le personnage est dans l'église. Bref, impossible pour le lecteur de trouver du sens chez ce personnage puisque lui-même, en tant que narrateur, en est incapable : “J'étais épuisé d'essayer de me donner sens” (p. 66).

V – SPÉCIFICITÉS POÉTIQUES
Validation du cas au point de vue narratif/poétique (voix, fiabilité du narrateur, registres fictionnels, temporels, type de configuration narrative, etc.)

Aucune fiabilité du narrateur, roman faiblement configuré puisque sans résolution, narration plutôt chaotique et énigmatique.

ranx/pour_une_derniere_fois_je_m_abaisserai_dans_tes_recoins.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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