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Informations paratextuelles

Auteur : LÉVY, Bernard-Henri Titre : Les derniers jours de Charles Baudelaire Lieux: Paris Éditions : Grasset Collection : - Année : 1988 Appellation générique : roman

Biographie de : Charles Baudelaire

Bibliographie de l’auteur : penseur et romancier, vient de produire un essai sur Sartre.

Quatrième de couverture : Il est dit là aussi qu’il s’agit d’un roman mêlant vérité et fiction : « Ici, Charles Baudelaire sera le héros bien réel d’un roman aussi fidèle aux exigences de la vérité qu’à celles de l’imagination. » et d’un roman « sur un mode presque policier »

Épigraphe : citation de La Mort de Virgile de Hermann Broch, œuvre qui mêle également personne réelle et fiction romanesque. De plus, ces deux œuvres mettent en scène des personnages à l’agonie, thème récurrent semble-t-il dans le corpus des biographies imaginaires (voir Cohn).

Pacte de lecture

Lecture romanesque recommandée au lecteur dans l’indication générique et la quatrième de couverture où on y précise : « mode presque policier », « enquête dont les témoins sont méthodiquement convoqués ». Cependant, par-delà les péripéties, c’est « un roman qui revendique toutes les libertés – et où il s’agit aussi, dans l’ombre immense de Baudelaire, d’interroger la littérature et son destin. » Donc, le lecteur doit accueillir Lévy romancier et Lévy penseur-essayiste.

Relations et mode de présence auteur/ narrateur/ biographe/ biographé personnages, sujet d’énonciation/ sujet d’énoncé

- L’auteur n’est pas le narrateur de cette histoire. En fait, il y a plusieurs narrateurs, mais le narrateur principal est le biographe de Baudelaire.

- Ce biographe est un personnage fictif qui tarde à révéler son identité (Partie 5, p. 227) et ne se présentera que sous son pseudonyme : »J’ai écrit sous le pseudonyme de Georges Marcy, signé Dix Petites Gloses pour servir l’idée de modernité qui n’ont pas manqué de produire leur effet dans les cercles plus avancés. » (228).

- La narration est (ou semble) d’abord hétérodiégétique dans les parties 1 à 4, puis elle est homodiégétique dans les parties 5 et 6. De plus, on y retrouve « journal de », « lettres de », « monologue de », « récits de » intercalés et donnant la parole à d’autres narrateurs. Ces témoignages de personnes réelles dans certains cas (Jeanne Duval, Madame Aupick, l’éditeur Poulet-Malassis) font office de documents fictifs(?) tout comme le biographe est fictif.

- dans la narration hétérodiégétique, le lecteur peut penser qu’il s’agit d’un narrateur omniscient (en mode « biographie », on parlerait de psycho-narration et psycho-récit). À la 5e partie, le lecteur apprend que le narrateur est un personnage : « Je crois que l’heure est venue de dire qui je suis, quel fut exactement mon rôle dans l’aventure – et comment j’ai été conduit, surtout, à écrire et publier ce livre. » (227)

- la biographie de Baudelaire n’est pas le projet premier, elle est enchâssée dans « l’histoire du biographe de Baudelaire qui a tenté de lui voler ses écrits… » C’est donc un roman avec le personnage du biographe où est développée une longue réflexion sur l’œuvre, sur la littérature et sur les derniers jours de la vie de Baudelaire.

Ancrage référentiel

- le récit s’appuie sur un canevas réel, le voyage de Baudelaire en Belgique, sa maladie, le nom des lieux (l’hôtel du Grand-Miroir, etc.), des personnages (Jeanne Duval, Hugo, Poulet-Malassis, etc.), les écrits de Baudelaire, titres des œuvres, etc. Mais, après une recherche, je n’ai pas trouvé les œuvres du biographe ; fictives, comme son nom? À revérifier si nécessaire.

- Peu de citations des écrits de Baudelaire. Certaines citations écrites sans guillemets (par exemple, p. 13, le vent de l’aile de l’imbécillité)

Indices de fiction

- le biographe est un personnage de fiction et donc sa relation avec Baudelaire, le vol de ses écrits et les nombreuses péripéties qui en découlent sont des fictions.

Thématisation de l’écriture

- en de nombreux endroits, réflexions sur le littéraire sous divers aspects :réflexions de Baudelaire sur son œuvre (46)

sur les vies d’écrivains, celles qui se racontent et dont on peut tirer une biographie, celles qui se sont sacrifiées à l’œuvre (dont celle de Baudelaire) (174-175) 

sur le dédoublement écrivain/ autre (176)

- réflexion « générique » : livre des souvenirs (107) livre de guerre, le premier du genre (110) livre de masques et non de mensonges (111), livre contre le temps (112)

sur le journal (151)
projet de palimpseste (152)

- ne pas se fier aux biographes (109)

- réflexions sur vérité/ fausseté de l’œuvre :

sur l’art de mentir (78)
ce récit ne dira pas la vérité (109)
Jeanne Duval, croyant dire la vérité, ment comme jamais (mots médiocres qui appauvrissent, rétrécissent) (151)
mots sous les mots (152)
narrateur qui veut voler et signer des écrits de Baudelaire (dans la diégèse)

- œuvre comme événement majeur :

repli sur l’œuvre (204)
renversement : de l’auteur qui fait un livre à un livre qui fait l’homme. Baudelaire se disant :  « il a si fort le sentiment de n’être rien de plus que la voix qui dit "je" tout au long de leurs pages, qu’il a envie de renverser la formule et de dire : il y a un livre, Les Fleurs du Mal, qui est l’auteur d’un homme, Charles Baudelaire. »(183)
renversement : de l’art qui copie le réel au réel copiant l’art : Baudelaire cherchant dans la réalité la confirmation de ses poèmes : « Tantôt quand la coïncidence est trop flagrante, il ne cherche plus rien mais trouve – et c’est la merveilleuse sensation, non pas qu’il a rejoint la réalité, mais que c’est la réalité qui, à l’inverse, l’a rattrapé. » (192)
projet autobiographie traditionnelle vs « le livre de l’œuvre » comme projet (204-206)
le livre recteur : « Tous les écrivains, me dit-il, ont un livre "recteur". Pour certains c’est le premier. Pour d’autres le dernier. » (238)

Attitude de lecture

lecture romanesque de style polar doublement « déroutée » : déviée de la fiction par la présence d’un Baudelaire ayant vraiment fait ce voyage en Belgique, par tous les personnages et faits réels ; déviée de l’action en tant que tel par la présence d’une réflexion sur le livre, l’œuvre, etc.

Hybridation, Différenciation, Transposition

Autre

Lecteur/lectrice : Anne-Marie Clément

fq-equipe/baudelaire_par_levy_1.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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