fq-equipe:courtot_claude_2000_les_menines_paris_cherche_midi_213_p._sebastien_hogue

Fiche de lecture

1. Degré d’intérêt général

Bon exemple de la manière dont les procédés “diffractants” peuvent aussi s'appliquer à des récits (comprendre: moins fictionnels) autant qu'à des romans ou des recueils de nouvelles. La quatrième de couverture parle même d'une autofiction. Le débat reste ouvert…

2. Informations paratextuelles

2.1 Auteur : Claude Courtot

2.2 Titre : Les Ménines

2.3 Lieu d’édition : Paris

2.4 Édition : le cherche midi

2.5 Collection : -

2.6 (Année [copyright]) : 2000

2.7 Nombre de pages : 213

2.8 Varia : -

3. Résumé du roman

L'objectif de Claude Courtot dans ce récit autobiographique/autofictionnel est de “fixer sur le papier sensible l’image fugitive des chimères et des fantômes qui [le] hantent”. Pour ce faire, il utilise autant des fragments de journal intime que des récits de voyage, des critiques littéraires, des portraits de personnalités qui l'ont marqué, des poèmes (d'ailleurs très moyens, à mon humble avis de pas poète), diverses réflexions polémiques sur l'histoire, la politique et l'art, des reprises de conférences, des rêves, etc. On en apprendra tour à tour sur la vie au café surréaliste, que Courtot a fréquenté pendant quelques années, sur sa passion de l'Amérique latine et sa haine des États-Unis, ses convictions politiques, sa profession d'enseignant, le tout parsemé de plusieurs anecdotes (qui insèrent du narratif entre les passages plus réflexifs), comme lorsqu'il raconte la relation passionnée entre un de ses collègues professeur et une élève.

4. Singularité formelle

L'ouvrage est divisé en vingt chapitres. Certains sont plus autonomes que d'autres et sont donc des textes à proprement parler (je pense ici notamment aux anciennes communications de colloque entrecoupées de pensées du temps de l'écriture (p. 56)).

5. Caractéristiques du récit et de la narration

Autodiégétique. Pour le reste, voir point suivant.

6. Narrativité (Typologie de Ryan)

6.1- Simple

6.2- Multiple

6.3- Complexe

6.4- Proliférante

6.5- Tramée

6.6- Diluée

6.7- Embryonnaire

6.8- Implicite

6.9- Figurale

6.10- Anti-narrativité

6.11- Instrumentale

6.12- Suspendue

Justifiez :

Difficile à dire puisqu'il ne s'agit pas vraiment d'une oeuvre “narrative”. Le but de l'oeuvre ne me semble pas tant de raconter une histoire que de rassembler plusieurs éléments (eux-mêmes pas nécessairement narratifs non plus) afin que le tout ait un sens, un sens hétérogène créé par la cohésion d'éléments divers mais représentatifs. Courtot écrit d'ailleurs : « Je termine dans l’urgence cette suite de textes apparemment disparates mais qui en réalité ne sont pas placés dans un ordre indifférent ni sans rapports les uns avec les autres. J’ai tenu à brouiller la chronologie, plus exactement à suspendre le temps d’aventures fictives ou réelles et de réflexions qu’il faut lire comme une partition suivie : harmonie et contrepoint. » (114) Ce n'est donc pas une quelconque mise en intrigue qui structure Les Ménines, mais plutôt les chocs, les frottements, les échos entre les différentes parties de l'oeuvre. Bref, il me semble qu'on est ici plus proche d'un essai que d'un récit.

7. Rapport avec la fiction

Probablement une des seules raisons qui autorisent le qualificatif d'autofiction à cet ouvrage, au dernier chapitre “La revanche des chimères”, Courtot raconte la visite d'une de ses anciennes élèves sortie de prison après quinze années (Florence Rey, coupable de spectaculaires meurtres, voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Rey-Maupin). Or, j'ignore s'il est vrai que Florence Rey a été l'élève de Courtot, mais, une chose est sûre, leur rencontre à sa sortie de prison est tout bonnement impossible pour la simple raison que Rey est toujours, encore aujourd'hui, en prison et qu'elle n'en est jamais sortie depuis 1998.

8. Intertextualité

Courtot parle beaucoup de ses contacts avec les surréalistes à partir des années soixante et insiste plus précisément sur André Breton, Benjamin Péret, Joyce Mansour, Jean Schuster, Jean-Louis Bédouin et Philippe Audouin ainsi que sur les accomplissements de Che Guevara et l'érudition de Michel Leiris.

Selon Courtot, Les Ménines en entier constitue une sorte d'oeuvre intertextuelle faite d'un assemblage non seulement de textes mais aussi de pensées qui constitue en somme la synthèse de sa vie :« Mon dernier texte est une sorte d’œuvre testamentaire truffée d’allusions plus ou moins explicites à tous les précédents […] ainsi la boucle sera bouclée. Mon œuvre, du premier au dernier titre, est complètement close sur elle-même : des thèmes obsessionnels se répondent, évoluent, s’opposent en écho. » (13)

9. Élément marquant à retenir

Mélange des genres: cette fiche parle des Ménines autant comme d'un rassemblement d'essais, de récits ou même de textes fondu en un ouvrage que comme un seul récit (comme l'indique la page couverture) ou bien une autofiction (quatrième de couverture). Bref, mélange des genres, comme si un seul d'entre eux ne suffisait pas à rendre compte de toute la complexité de la réalité, en l'occurrence la vie d'un homme.

La diffraction appliquée à l'essai ou au récit.

fq-equipe/courtot_claude_2000_les_menines_paris_cherche_midi_213_p._sebastien_hogue.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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