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fq-equipe:asselin_rapport_de_recherche_1_-_juillet_2010

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 ===== Axe théorique : l’effet des nouvelles pratiques sur la théorie du récit ou encore les problématiques théoriques associées aux pratiques narratives actuelles. ===== ===== Axe théorique : l’effet des nouvelles pratiques sur la théorie du récit ou encore les problématiques théoriques associées aux pratiques narratives actuelles. =====
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 +* Il semble que ce qui marque essentiellement les années 1990 dans le domaine critique, c’est l’héritage de Pierre Nepveu et de l’Écologie du réel et qui se traduit notamment par une posture plus universelle [Note : Accompagnant, par le fait même, le mouvement d’ouverture du roman québécois.]. Manon note à propos du collectif d’Audet et Mercier (2004) que le contemporain est défini en fonction de ses apports sur le plan formel (ici la narrativité) ; on ne compare pas les œuvres actuelles avec des œuvres antérieures pour voir en quoi elles sont innovantes, mais bien comment elles jouent d’un concept applicable à l’ensemble de la littérature. On pourrait en dire autant de l’ouvrage de Paterson (1990 [1993]), lequel tente d’inscrire le postmoderne québécois dans l’ensemble de la littérature postmoderne – en ayant recours, par le fait même, aux théories postmodernes générales. La littérature québécoise se penserait donc de moins en moins en termes de « national » qu’en termes de « contemporain » ; à ce titre, elle atteint un certain degré d’universalité.
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 +* Je ne saurais prétendre qu’il s’agit là d’une conséquence directe, mais on notera qu’à la même époque où le genre romanesque domine massivement, le discours critique tend à se narrativiser (comme il a déjà été dit). Si Audet et Bissonnette parle d’une « tendance narrativisante » dans les années 1990 à propos d’un recueil qui tend de plus en plus vers le roman (Audet et Bissonnette, 2004 : 26), on pourrait donner entre autres comme raison à l’esthétisation de la parole dont parlent Dion et Fortier cette même tentation pour un genre qui s’impose.
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 +* Dans un article sur la critique littéraire, Robert Dion tente d’en dresser l’historique et les moments forts, dont ceux de la décennie 1990 :
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 +- Il remarque que la sociocritique connaît d’importants développements, notamment avec l’essor de la sociologie de l’institution littéraire : « Au moment même où elle s’institutionnalise elle-même, la critique se met à s’interroger sur l’institution » (Dion, 2002 : 412). On note ainsi une prolifération des bilans de la critique à la charnière des décennies 1980 et 1990.
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 +- Au fil des années, la critique perd de son prestige devant l’essor de la recherche. Pourtant, la position dominante de celle-ci est mise en péril dès le début des années 1990, « alors que les difficultés économiques que connaissent le Québec et le Canada entraînent une réduction du soutien financier aux grandes équipes. Le ‘retour du sujet’ et la réintroduction du contexte social […] ajoutent un bémol à l’euphorie positiviste, questionnant la pertinence du modèle de la recherche scientifique appliqué à un domaine aussi divers et imprévisible que la littérature » (413).
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 +- Il apparaît que la critique des années 1990 se distingue par une liberté de pratique, dont l’esthétisation de la parole est un exemple. « Sceptique et syncrétique, caractérisée davantage par une accumulation des strates théoriques et méthodologiques que par un souci de classer et de distinguer, éclectique sans complexes, la critique de la décennie 1990 permet toutes les pratiques et tous les amalgames, toutes les postures et toutes les poses. En conséquence la période ne présente pas de profil critique bien distinct : one ne peut affirmer que les années 1990 ont été ceci ou cela [1960 : thématique ; 1970 : structuraliste] » (414).
 +[Note, à propos de la phrase « En conséquence la période ne présente pas de profil critique bien distinct » : Un constat qui s’applique aussi à la production littéraire contemporaine, au dire de la critique. Je me demande : d’ordinaire, la critique explique la difficulté d’aborder la littérature contemporaine du fait de son hétérogénéité, qui gêne le geste d’étiqueter. Peut-on envisager l’inverse ? Que ce serait l’hétérogénéité des postures critiques qui influenceraient la perception de la production littéraire ?]
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 +- Enfin, Dion postule que l’originalité de la décennie 1990 (bien qu’il s’agisse d’un mouvement amorcé dans les années 1980) résiderait dans l’ « apparition de nouveaux objets d’étude, objets au sein desquels la spécificité du littéraire […] paraît parfois se dissoudre » (414-415). Parmi ces objets d’étude qui débordent du littéraire, il nomme les gay et les cultural studies, le discours social, l’imaginaire urbain, les écritures migrantes, l’américanité. Cela dit, tous ces objets d’étude ont en commun de converger vers la problématique de l’identitaire, laquelle s’ouvre, dans les années 1990, à l’altérité – linguistique, sexuelle, ethnique, culturelle.
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 +* Signe d’une posture plus universelle par rapport à la littérature québécoise, Sylvie Bérard fait le point sur la narratologie à l’ère contemporaine, ne distinguant pas le corpus québécois parmi l’ensemble d’une littérature qui pose problème aux théories structuralistes : « Le structuralisme, la narratologie donnaient aux analystes le sentiment d’avoir réussi à cerner le roman, mais il semble bien que chaque nouvelle percée théorique soit vouée à être absorbée par les pratiques d’écriture ou récupérée dans des formes limites telles que l’autofiction ou la métafiction » (Bérard, 2004 : 46). Elle précise que la narratologie est devenue de moins en moins populaire après 1985, sous le coup d’œuvres peu narratives, peu linéaires. On assiste alors au développement de travaux qui prennent en compte la nature discursive du récit, notamment à la faveur des travaux de Genette.
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 +* Richard Dubois (1997) s’en prend aux étiquettes inventées par d’autres pour catégoriser certaines pratiques contemporaines, dont celles des « romanciers de la désespérance » (Boivin) et de « jeune littérature québécoise ». Il remet en question tout qualificatif à prétention universelle et globalisante. 
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 +On peut ainsi se demander si cette hétérogénéité jugée irréductible par plusieurs dans la littérature québécoise contemporaine n’est pas la « faute » d’une critique qui refuse ou qui craint de tracer des ensembles cohérents – en cela représentatif de ce rejet des récits totalisants qui, semble-t-il, caractérise la période contemporaine.
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 +* Pour les problématiques théoriques associées aux pratiques narratives actuelles, il faudrait consulter la bibliographie des ouvrages dépouillés qui figure sur le wiki. Je ne la reproduis pas ici : d’une part par manque de temps ; d’autre part par crainte de n’en tirer du reste aucune conclusion solide, Dion ayant postulé qu’aucune posture critique ne semblait dominer la critique des années 1990. Puisque c’est le seul point qu’il me reste à explorer davantage pour la demande de subvention, je pourrais le faire d’ici la fin de l’été si on le souhaite.
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 +==== Sources : ====
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 +René Audet et Thierry Bissonnette (2004), « Le recueil littéraire, une variante formelle de la péripétie », dans René Audet et Andrée Mercier [dir.], La narrativité contemporaine au Québec. La littérature et ses enjeux narratifs, Québec, PUL, p. 15-43.
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 +Sylvie Bérard, « Des romans gigognes en expansion vers leur point de fuite : une narrativité québécoise au féminin », dans René Audet et Andrée Mercier [dir.], La narrativité contemporaine au Québec. La littérature et ses enjeux narratifs, Québec, PUL, p. 45-84.
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 +Robert Dion (2002), « La critique littéraire », dans Denise Lemieux [dir.], Traité de la culture, Québec, Presses de l’Université Laval / éditions de l’IQRC, p. 403-421.
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 +Richard Dubois (1997), « Témoins ou prophètes ? Les jeunes romanciers québécois », Québec français, 105 (printemps), p. 70-73.
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 +Janet Paterson (1990 [1993]), Moments postmodernes dans le roman québécois, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa.
  
  
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