(Fiche hybride, pour les besoins du projet sur la vraisemblance et l'autorité narrative. Qu'on ne pardonne d'avoir été lâche et de n'avoir fait qu'une fiche plutôt que deux !)
Fiche de lecture / Mirror Lake, Andrée A. Michaud
1. Degré d’intérêt général
Roman énormément intéressant, pour tout le monde. À garder au corpus, moi je dis !
2. Informations paratextuelles
2.1 Auteur : Andrée A. Michaud
2.2 Titre : Mirror Lake
2.3 Lieu d’édition : Montréal
2.4 Édition : Québec Amérique
2.5 Collection : Littératures d’Amérique
2.6 (Année [copyright]) : 2006
2.7 Nombre de pages : 335
2.8 Varia : -
3. Résumé du roman
Robert Moreau quitte le Québec dans l’espoir de se retirer du monde pour avoir enfin la paix. Il échoue dans un chalet au bord du Mirror Lake, dans le Maine, avec son chien Jeff. Il fait la connaissance de son unique voisin, Bob Winslow, une tache qui habite en face de lui, de l’autre côté du lac. Winslow veut à tout prix devenir son ami, il s’achète même un petit chien de la même race que Jeff, qu’il nomme Bill. Les deux hommes se ressemblent étrangement, à tous les points, mais Robert Moreau ne veut pas vraiment se lier d’amitié avec l’autre. La force des choses fera en sorte qu’ils seront amis, malgré tout. Robert Moreau rencontre Jeanne Picard, une prostituée qu’il surnomme Anita Swanson. Ils couchent ensemble quelque fois, dans un motel au village, jusqu’à ce que Robert la prenne sous son aile et l’emmène au chalet avec lui, parce que son pimp la frappe, ainsi que son chum. Entre temps, Winslow voit quelqu’un emprunter la chaloupe de Robert et se noyer. Les policiers enquêtent et Tim Robbins, le shérif, se révèle être le copain d’Anita. Un brouillage entre la réalité et la fiction s’installe. Les personnages lisent un livre (qui n’existe pas, dans notre monde comme dans le leur) de Victor Morgan, The Maine Attraction, et les événements du roman sont identiques aux événements de leur vie. Jack Picard, un truand évadé de prison, prend Winslow en otage dans le chalet de Robert, Anita se sauve – enceinte – pour retourner avec Robbins, Robert doit aller trouver du fric et un Magnum pour Picard dans un bar tenu par Artie, un plouc, et trois Jack qui ressemblent aux frères Dalton, la prise d’otage dégénère, Robbins rapplique, il s’en retourne, John Doe, le cadavre potentiel du fond du lac, s’avère être un vrai noyé et refait surface. Sa découverte entraîne un vaudeville intense, un 18 août (comme dans le roman de Morgan), coups de fusil, on apprend que Robert doit assassiner Bob avec un piquet de clôture, selon le roman, alors Robert tente de protéger Bob et tombe tête première sur une roche et puis entre dans un coma de 342 jours.
Robert Moreau se réveille à l’hôpital. Sa famille vient le visiter. Il retombe dans le coma en tombant en bas du lit. Quand il se réveille, il est Bob Winslow, mais il ne se considère pas comme tel, il se pense Robert Moreau encore. Il s’enfuit de l’hôpital avec Anita parce qu’il est drogué par les infirmières qui le croient fou. Il n’y a que Jeff qui le reconnaît, tout le monde croit qu’il est Winslow. Il pense qu’il y aurait eu transmigration lors de l’accident. Winslow s’est réincarné dans la peau d’une ourse selon lui. Il communique avec les animaux, devient ami avec un raton laveur, mais est troublé par son dédoublement de personnalité. Ils apprennent que Morgan n’est pas réel, que le roman n’existe pas. Malheureusement, Robert a brûlé son exemplaire et l’ours a volé celui de Winslow. Le raton laveur déterre les pages 216 à 221 pour Winslow (ou Moreau, on ne sait pas trop qui il est…). Le 18 août revient, le cadavre de John Doe aussi, Winslow redevient Moreau, mais tombe sur une roche et retombe dans le coma.
342 jours plus tard, il se réveille et est Robert Moreau. Puis le 18 août revient, il retombe dans le coma, se réveille 342 jours plus tard et est Artie. Puis Albert le raton laveur, puis Jeff et tous les personnages l’un après l’autre, sans aucune logique, sans jamais être Anita. Et le roman se termine.
4. Singularité formelle
3 chapitres, avec un court prologue et un épilogue. Aucune singularité à ce niveau.
5 Narration
Nombre et type de narrateur Un seul narrateur, extradiégétique, autodiégétique, représenté. Son identité est flou. Est-il fou, sain d’esprit, dans le coma ? On ne sait pas. La situation de transmission narrative est étrange, parce qu’il raconte l’histoire, il semble l’écrire, mais dans quel contexte ? Puis, son dédoublement de personnalité, ses personnalités multiples suites à ses comas successifs… enfin, on ne s’y retrouve pas vraiment.
Gestion du savoir (focalisation)
Aucune manipulation à ce niveau… le personnage livre ce qu’il sait et ce qu’il croit comprendre de sa situation problématique.
Temps de narration (antérieur, simultané, postérieur)
Probablement postérieur, puisque le personne raconte les événements après qu’ils se soient déroulés. Mais cette scénographie énonciatrice n’est pas claire.
6. Narrativité (Typologie de Ryan)
6.1- Simple
Justifiez : Un seul narrateur (même s’il est flou).
7. Rapport avec la fiction
Le rapport avec la fiction est important dans le roman. The Maine Attraction semble être un roman qui raconte la même chose. Les personnages ne s’en rendent pas compte au début, mais comme les événements évoluent, ils réalisent qu’ils vivent la même chose que les personnages de Morgan. Ils paniquent un peu, puis le 18 août vient chambouler leur vie. Après, ils apprennent que Morgan n’existe pas, que le roman n’a jamais existé, et ils ne possèdent plus leurs copies. Mais le raton laveur rapporte à Moreau-Winslow certaines pages importantes (qui racontent les événements du 18 août), et la boucle recommence. C’est en quelque sorte un Jour de la marmotte déchaîné qui pose des milliers de questions sur le brouillage fiction/réalité, et aussi fiction/cauchemar, rêve/cauchemar, rêve/réalité. L’obsession de Moreau pour Humpty Dumpty se transmet à tous les personnages, envahi leurs rêves et aussi le monde fictif du roman. Je ne sais pas comment démêler tout ça pour le rendre intelligible.
8. Intertextualité
Le narrateur nourrit sa narration de références au cinéma, à la littérature et à la musique. Il se sert de son savoir encyclopédique assez important pour mettre en place les éléments du monde dans lequel il évolue. Les noms de plusieurs personnages sont d’ailleurs empruntés à d’autres fictions (films et/ou livres).
9 Infractions aux codes de vraisemblance (accrocs majeurs et significatifs)
9.1 Pragmatique : La situation de transmission narrative n’étant pas claire, je ne sais pas si on doit parler d’invraisemblances à ce niveau. Une chose est sûre, le narrateur est ambigu. Fou ? Sain d’esprit ? Dans le coma ?
9.2 Diégétique : La mise en récit a du sens. Une seule invraisemblance à note, mais je crois que c’est plutôt une erreur : une phrase parle de juillet alors que l’action est en août…
9.3 Empirique : Là oui. La fin, surtout, avec les animaux qui parlent et les transmigrations…
9.4 Ruptures ou hybridité génériques : Non, à ce niveau je ne vois pas d’infractions.
10 Modalités de l’instauration de l’autorité narrative
10.1 Scénographie énonciative :
Le narrateur raconte son histoire de façon postérieure. Il est animé d’un désir de raconter les vrais événements. Mais on ne sait pas trop quel est son support, à qui il s’adresse.
10.2 Thématisation et figuration de l’autorité
L’autorité n’est pas thématisée.
10.3 Fiabilité, crédibilité du narrateur
Je remets fortement en question sa fiabilité et sa crédibilité. Pour toutes les raisons énoncées plus tôt.
10.4 Manifestations, lieux de l’autorité
À part l’intertextualité, je n’en vois pas.
11. Élément marquant à retenir
Ce livre est à retenir. Je ne peux me résoudre à choisir un élément.