Vous devez être heureuse
Présentation de l'éditeur
Une jeune femme vit avec son enfant et son mari, souvent absent, au bord d’une rivière près de laquelle elle fait des promenades quotidiennes ou qu’elle regarde depuis la fenêtre de sa vieille maison entourée d’arbres fruitiers. Les jours s’écoulent sans histoires : cette femme « doit être heureuse », elle a tout pour ça. Mais attention, ce calme, cette absence de remous, cachent un mouvement d’une grande violence. Quel est ce mouvement, quel est ce repos auxquels l’héroïne se livre corps et âme à l’abri de tous, qui ne voient qu’une jeune femme qui fait des promenades, des confitures, ou qui ne défait son sapin de Noël qu’en février ? Qu’est-ce qui se passe quand il ne se passe rien ? Il se passe que le temps passe et ne passe pas. Chaque instant dont nous sommes conscients nous enracine dans la réalité inextricable de la vie et de la mort. Le roman de Katerine Caron est un roman d’amour, si on entend par amour non pas le désir qui nous porte vers un être dans l’espoir de s’y reposer, mais bien au contraire ce désir qui dit oui au pardon et à l’instant présent, ce désir en nous qui dit oui à ce mouvement qui nous donne à la fois la vie et la mort. La rivière, les arbres, les maisons, les êtres.
Justification
La protagoniste, Claire, remet en question son identité en tant que mère, mais aussi en tant qu'épouse et que femme. C'est que, en apparence, elle a tout pour être heureuse (mari, enfant, maison, etc.) et tous ne cessent de lui répéter: « Vous devez être heureuse », d'où le titre du roman. Pourtant, les choses ne sont jamais aussi simples et ce roman nous permet de suivre une héroïne qui se cherche, qui remet en question son identité, ses relations avec les autres.
« [S]es rapports avec son fils illustrent la quête de son identité de mère. Cela passe par des retours sur son enfance et sur le rôle que sa propre mère a joué dans son éducation et celle de sa sœur.
Parfois aussi, l'attitude de Claire remet en cause ses relations avec les hommes. D'abord avec Philippe, son époux. Leur vie de couple s'est imposée presque spontanément, deux amis d'adolescence s'étant retrouvés par hasard et ayant découvert l'amour qui dormait sous le boisseau. Claire s'engage dans cette relation sans trop y penser et devient mère d'un garçon de la même façon. Souvent appelé à voyager pour son travail, Philippe lui laisse tout le loisir de vivre sa vie, et de prendre soin de leur fils. Alors qu'elle a tout pour être heureuse, Claire ne cesse de s'interroger sur le sens de la vie et de ses rapports avec les autres, comme avec elle-même.
Les autres, ce sont autant Philippe que Nicolas, sa sœur que son père, ou même Etienne, un jeune pianiste habitant le voisinage. Elle-même, c'est son enfance, la maturité qu'on lui a imposée trop tôt trop vite, et toutes ces responsabilités qui la tiennent en otage au jour le jour. » (Lettres québécoises, n° 116 (2004), http://id.erudit.org/iderudit/36990ac)