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Notice bibliographique : RODA-GIL, Étienne, Terminé, Paris, Verticales.

Résumé de l’œuvre :

Fonctionnaire dans les télécommunications, Bart, marié, deux enfants, voit un jour sa femme Lucile le quitter pour un ministre. Cette rupture à première vue personnelle en engendre une de plus grande ampleur et Bart, dans un élan de lucidité, commence à remettre en question de larges pans de son existence. Autrefois pétri d'ambitions socialistes et révolutionnaires, il réalise avoir trahi ses idéaux de jeunesse et été corrompu par la société à laquelle il a adhéré par attrait pour l'abondance et le confort. Il s'enfonce alors dans le labyrinthe de la déchéance et de la nostalgie pour s'y complaire, se bourrant d'alcool et de pilules, refusant d'écouter ses amis Adrien et Guy qui l'encouragent à remonter à la surface (“Regagne la berge, conseille Adrien. Bart désespère ses amis. Il se sait.” (p. 144). Finalement, Bart se suicide en se jetant du haut de son immeuble.

Narration : Hétérodiégétique

Explication : La narration à la troisième personne est focalisée sur Bart, mais ne dévoile pas ses sentiments, préférant s'attacher à faire remonter des souvenirs au jour. De plus, elle est fréquemment entrecoupée de fragments de chansons et comporte de nombreux dialogues (très embryonnaires et difficiles à suivre) entre Bart, Guy et Adrien et entre Bart et Mary, une jeune femme qui s'efforce de combler le vide laissé par Lucile. Il n'y a pas (ou très peu et je ne les ai pas relevées) de descriptions.

Personnage(s) en rupture : Bart
A) Nature de la rupture : Actionnelle et interprétative (nostalgie et lucidité critique, donc ses actes et la manière dont il les interprète)

Explication : Avec le départ de Lucile, Bart réalise qu'il n'est pas celui qu'il aurait voulu être quand il était jeune: “ami d'une intelligentsia compromise jusqu'à l'os, il s'est éloigné des idéaux de sa classe, a trahi une enfance bercée par les hymnes des luttes qu'il n'a pas connues. Élégant et speedé, il fait son autocritique ironique et nostalgique pour en tirer les conséquences jusqu'au bout.” (Isabelle Rüf, “Étienne Roda-Gil - Terminé”, dans Le temps, no. 781 (12 août 2000)). Sa fonction sociale a donc fait de Bart un autre homme que celui qu'il aurait dû être. “La révolution s'est transformée en Club Méditerranée”, disait à ce propos Roda-Gil dans une entrevue, et Bart n'a rien fait pour contrer cela, tout comme il n'a plus l'impression de pouvoir changer le monde aujourd'hui. Il a donc un peu la sensation de s'être prostitué au service de la réussite sociale et politique plutôt que d'avoir été fidèle à lui-même et à son passé, c'est pourquoi le monde actuel lui semble insupportable et que la conduite de Bart devient de moins en moins cohérente.

B) Origine de la rupture : actorielle

Explication : Bart a pris conscience de son conformisme. Plutôt que de vivre ou d'avoir vécu en idéaliste et oeuvré au bien commun, il constate qu'il a plutôt vécu de façon très pragmatique, adhérant ainsi à l'idéologie qu'il se jurait jadis de combattre. “- Tu pousse pas un peu sur ce que tu voudrais voir ? [demande Guy. ] - Je vois trop ce que je ne veux pas voir. Grâce à ça, je dors de moins en moins, j'y pense de plus en plus.” (p. 66). L'abandon de Lucile est le déclencheur mais ne suffirait pas à lui seul à pousser Bart au suicide. C'est l'extension de cette rupture à différents aspects de sa vie qui devient insoutenable: sa profession et les moyens qu'il doit employer pour s'y maintenir lui semblent désormais injuste, la société fonctionne selon un ordre inique qu'il se sent impuissant à modifier et même les conseils de ses amis lui semblent insipides et inapplicables à sa situation, car eux aussi préconisent la voie de la facilité.

C) Manifestations : langagières, notamment

Explication : Voir aussi point suivant. Un incohérence généralisée marque la narration (les souvenirs jaillissent souvent inopinément et repartent aussi vite qu'ils sont arrivés, on passe du coq à l'âne, du passé au présent sans aviser, du récit à la chanson, etc.) de même que les dialogues. J'insère un extrait pour en rendre compte:

- Le tocsin de vos petites idées, insiste Guy. C'est le chiffre nu, le vainqueur, le seul qui change le monde. Vous êtes de pauvres possibilistes même pas résignés. Sale génération.

- Je sais que je vais mal mais je me demande lequel de nous est le plus déprimé, dit Bart.

- A priori, c'est toi, tranche Guy. Tu préfères parler de Lucile ?

- Non.

- Tu vois, toi aussi, tu commences à dire non.

Adrien conclut, au nom d'une vieille blessure, plus vieille que lui:

- Remarquable Suzie… Tu nous faisais des choses, tu nous faisais des prix.

Pour les trois hommes, Suzie c'est Marianne. Le nom de la première pierre du programme minimum de leur entente commune. “All and all, it's just a brick in the wall…

D) Objets : ni affect ni percept

Explication : Jamais les sentiments et rarement les perceptions de Bart sont mises de l'avant. Le plus souvent, ce sont les souvenirs de Bart qui viennent interférer avec la narration au présent. Même qu'à certains moments, les souvenirs sont tellement nombreux que la narration se dilue dans la nostalgie et l'ensemble devient peu cohérent: “Allez, jump, up, up, up, vers le ciel. souvenir de T.S. Eliot et de ses chats. Du Russell Hôtel à Londres aussi. Punir Lucile ? non. “Libérez Sacco et Vanzetti” avait scandé la cour dans la Sorbonne, un certain mardi de mai. La main dans la main, mariés depuis peu, Lucile et Bart avaient souri ensemble. Complices. Terminé.” (p. 147).

E) Manifestations spatiales : -

Lieux représentés : Explication :

F) Réception
ranx/termine_-_ancienne_fiche.txt · Dernière modification : 2018/02/15 13:57 de 127.0.0.1

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